Fabrication de Gargousses à Poudre Noire à Culot Inflammable

Fabrication de Gargousses à Poudre Noire
à
Culot Inflammable
Dans un univers où il devient de plus en plus difficile de tirer au revolver sans passer pour un
dangereux maniaque, on en est venu à interdire la poire à poudre dans de nombreux clubs de tir. Sans
commenter cette nouvelle classification de la poire à poudre dans la catégorie des grenades à mains, j’ai
adopté la solution de préparer des charges de poudre noire comportant la dose de poudre noire que j’ai
pour habitude d’utiliser au stand de tir. Comme j’apprécie particulièrement la souplesse que donne le
chargement séparé de la poudre et de la balle, je ne fabrique que rarement des coups complets, balle,
bourre, poudre parce que je préfère l’emploi des gargousses. Sans doute un héritage de mon temps
d’officier d’artillerie. J’en fabrique dans plusieurs calibres, essentiellement .31, .36 et .44.
Je n’utilise jamais de semoule ou autre poudre inerte, considérant que cela ne sert strictement à
rien qu’à ajouter une manipulation aux opérations de chargement.
Dans ce reportage en images, je présente le mode opération que j’ai adopté.
1) Le matériel :
1 : Papier flash ; 2 : Papier pointe ; 3 : Cartonnette pour Bourres Sèches ; 4 Martyrs
5 : Emporte-pièce de différentes tailles, 6 : Mandrin de formage ; 7 : Godet de chargement
8 : Poire à poudre et becs doseurs ; 9 : Boîtes de Gargousses 44 ; 10 : Gargousses 36 ; 11 Gargousses 31
12 : 2 gargousses de 36 et 2 cartouches complètes de calibre 36
Ayant exhibé le matériel général nous allons ranger ce qui ne concerne pas notre calibre de ce jour :
le 31, et passer aux opérations proprement dites.
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2) La préparation :
On va utiliser pour la fabrication des gargousses du papier pointe destiné normalement aux
coiffeurs mais qui présente l’intérêt d’être très fin tout en étant résistant et de ne pas laisser d’imbrûlés au tir.
Il s’agit d’un intissé qui est très bon marché. Le culot combustible est constitué de papier flash qui est un
produit destiné aux magiciens et prestidigitateurs. Il a la particularité de s’enflammer en donnant une
flamme vive et de brûler sans cendres. Pour les opercules avant des gargousses, qui servent de bourres
sèches, j’utilise du carton fin que l’on appelle de la cartonnette. Mais au lieu d’en acheter, je récupère des
boîtes en carton et dans certains cas j’utilise des briques de lait vides après avoir bien lavé l’intérieur. Je
charge à la poire à poudre, parce qu’à vingt-cinq mètres il n’est pas utile de chercher le centigramme.
Pour cette fois, je fabrique cinq gargousses pour calibre 31 avec 0,5 g de poudre. On commence par
reporter sur une feuille de papier pointe le gabarit qui permet de découper la feuille en morceaux à peu près
identiques à la forme adéquate. Dans une feuille de celui dont je me sers, entrent cinq corps de gargousses.
Une feuille me suffit donc.
Ceci fait on va pouvoir les enrouler autour d’un mandrin dont la forme permet à la gargousse
d’entrer à frottement doux dans les chambres du calibre. Ensuite, il faut découper les culots combustibles et
les bourres sèches pour réunir enfin tous les composants qui deviendront les gargousses.
Nota : On trouve le papier pointe dans les magasins de fournitures pour coiffeurs et le papier flash dans
les magasins de fournitures pour les spectacles de magie et certains de farces et attrapes.
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Voici les cinq corps de papier pointe, les cinq culots, rouges en papier flash, et les cinq bourres,
blanches en carton fin de récupération.
Pour éviter l’encombrement de la table, il faut évacuer les ciseaux et la chute de papier pointe.
3) Préparer les corps de gargousses.
On enroule une feuille découpée de papier pointe autour du mandrin et on le colle.
Sur le mandrin appuyé sur les ciseaux, on distingue le cylindre qui sera le corps de gargousse.
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Une fois les cylindres constitué, on les laisse sécher.
Il faut maintenant préparer les cylindres à recevoir les culots inflammables. Pour ce faire, on mate
le bout du cylindre en pliant le papier pointe sur le mandrin comme montré ci-dessous.
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Sur la photo ci-dessous, on voit le rebord de papier qui va recevoir la colle pour y fixer le culot inflammable.
Auparavant, il a fallu préparer les culots et les bourres sèches.
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4) Préparation des bourres sèches et des culots.
On taille les bourres dans le carton fin à l’emporte-pièce d’une taille légèrement inférieure au calibre de la
chambre pour que la gargousse entre à frottement doux dans la chambre. L’emporte-pièce est de 7 mm, ici,
pour une chambre de 31.
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Il faut procéder de la même manière pour les culots inflammables en papier flash. Je taille les bourres et les
culots manuellement en appuyant le papier sur un martyr en bois de sapin.
5) Collage des culots.
Sur le rebord du cylindre de papier pointe, on dépose de la colle.
Ensuite, on va aller prendre un culot inflammable sur le martyr avec l’embout encollé du corps de gargousse
comme le montre la photo suivante.
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On approche l’embout encollé…
… et on l’appuie en pressant assez fort contre la plaque martyr pour obtenir le collage.
Ceci fait, on retire doucement le corps de gargousse et son culot du mandrin en faisant bien
attention de ne pas écraser le cylindre de papier.
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Ensuite, on met le corps de gargousse à l’écart pour le laisser sécher.
6) Le chargement :
Lorsqu’on a préparé les corps de gargousses, on peut enfin procéder au chargement.
C’est là que le godet de chargement présente son utilité. On y pose sur le culot les corps de gargousses un
par un, pour les remplir avec le système de dosage. En poudre noire, j’utilise la poire à poudre après avoir
vérifié, bien sûr, que c’est le bon bec doseur qui est monté.
Notez, sur le martyr, les cinq bourres sèches prêtes à être ramassées pour encollage.
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Le corps de gargousse est empli avec la dose pour le calibre, ici 0,5 gramme de PNF 2.
Il arrive que quelques grains de poudre tombent et le godet est là pour les recueillir. Une fois la poudre
versée, il faut mettre en place l’opercule qui sera la bourre sèche.
Avec le bout de l’allumette qui sert à encoller, on ramasse l’opercule sur lequel on va mettre la colle en la
tartinant grâce à l’allumette. C’est parce qu’il reste de la colle sur le bout de l’allumette qu’elle est pratique
pour ramasser les opercules. Il faut noter qu’avant de poser l’opercule-bourre, je tasse la poudre en la
pressant doucement avec un pressoir. Pour ces cartouches-là, je me sers du bout non taillé d’un crayon Ikea.
Pour d’autres calibres j’ai des pressoirs en bois taillés dans de la baguette ronde.
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Pose de l’opercule :
Après avoir bien encollé la face avant de l’opercule, on le présente à l’entrée de la gargousse. Compte tenu
de l’angle de prise de vue, l’opercule semble trop grand pour la gargousse mais c’est un effet de parallaxe.
Je pousse la bourre sèche contre la poudre et je l’y appuie doucement pour pouvoir rabattre ce haut du sac de
gargousse sur la colle qui couvre la face supérieure de la bourre.
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Je pince en triangle le papier qui se trouve au-dessus de l’opercule et je sors la gargousse du godet pour la
poser sur le martyr afin d’enlever l’allumette de son trou. Ensuite, avec un doigt, je finis de coller le papier
pour aplatir la petite pointe qui reste.
Voici, posées sur le martyr, l’allumette encolleuse et la gargousse finie. Il ne reste plus qu’à la ranger dans la
boîte de munitions.
Ensuite, il reste une dernière opération : récupérer les quelques grains de poudre tombés dans le godet et les
verser dans le flacon de poudre noire.
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Voici le godet de chargement avant reversement de la poudre dans le flacon de poudre noire.
Quelques précisions :
Le papier flash est abordable et le papier pointe carrément « donné ». J’ai acheté pour moins de
vingt euros trois feuilles de papier chez un marchand pour magiciens. J’en ai pour environ quatre cents
gargousses, en fonction de mes calibres. Le papier pointe est présenté dans cette boîte rouge qui contient
assez de papier, malgré les inévitables chutes, pour confectionner près de mille gargousses. J’ai payé cette
boîte deux euros.
Les bourres : à la différence d’une vraie bourre, l’opercule de carton entre sans frottement dans le
sac de papier pointe. Pour un sac de huit millimètres de diamètre, mes opercules sont taillés à sept
millimètres. Mais la gargousse entre à frottement doux dans la chambre.
Ensuite, au chargement du revolver, il faut tasser fermement la balle sur la poudre avec le bourroir
comme pour le chargement sans gargousse. Cela permet une combustion plus complète de la poudre noire.
Une fois le tir effectué, avant de recharger, il faut tout de même vérifier qu’il ne reste pas de papier au fond
de la chambre, près de la lumière de cheminée. Car si on met trop de colle, ce qui peut arriver, cela peut
gêner la combustion d’un peu de papier pointe et même de papier flash.
Cela ne présente aucun danger car s’ils ne se sont pas allumés les rares résidus ne présentent jamais
de braise, sinon ils auraient brûlé. En outre, ils n’obstruent jamais la lumière de cheminée, sinon le coup ne
serait pas parti. Si vous omettez d’enlever les très rares résidus, de toute façon, ils brûlent au coup suivant
tiré de la chambre où ils sont restés.
Ce système est plus rapide que les dosettes. Les dosettes qui me servent sont en verre et de
récupération. Elles ont des bouchons en caoutchouc et sont parfaitement étanches. Mais les gargousses
prennent moins de place et sont moins lourdes.
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