Séminaire des doctorants du CERHIO

Séance 7
29 avril 2015
Séminaire des doctorants du CERHIO
« Identités, communautés, réseaux »
Sommaire
- La place des sociabilités associatives dans la communauté villageoise et leur rôle dans
l’identité locale. Le cas de la
Mayenne entre la fin du XIXe
siècle et les années 1930.
- Les réseaux aristocratiques
du Glamorgan aux XIIe-XIIIe
siècles : réseaux personnels et
syncrétisme culturel
- S'approprier un territoire :
une rue, Gleimstrasse, et une
communauté (Treptow) dans
le Berlin divisé (1961-1971).
- L’analyse socio-spatiale du
réseau administratif des sub-
La place des sociabilités associatives dans la communauté villageoise et leur rôle dans
l’identité locale. Le cas de la Mayenne entre la fin du XIXe siècle et les années 1930
Christophe Tropeau, doctorant à l’Université de Bretagne-Sud (Lorient), sous la direction de François Ploux
La communication partira de la situation de conflit observée, au printemps 1882, à Renazé, au
sud-ouest de la Mayenne, entre les deux sociétés de musique du village.
Dans un premier temps, ce cas permettra d’évoquer le contexte général d’émergence du phénomène associatif au village entre le milieu du XIXe siècle et les années 1930. Jusqu’à la fin des années
1870, il y a une simple captation d’activités préexistantes dans la communauté villageoise. Des années
1880 aux années 1900, les activités sont toujours captées, mais le cadre associatif permet de les amplifier. Enfin, à partir des années 1910, il y a une véritable diversification associative au village ; les activités déjà captées se développent et on voit l’émergence de nouveaux objets associatifs.
Dans un deuxième temps, le cas de Renazé permettra de montrer que la sociabilité associative
est soumise à des rapports de force au sein de la communauté villageoise. Au début de la période, les
notables locaux sont souvent à l’origine des créations associatives. Ces dernières leur permettent de
raviver les activités de la communauté et de les contrôler. La jeunesse est une cible privilégiée. La sociabilité associative fait également émerger un nouveau type de notables ; tout du moins, il renforce
leur place au sein de la communauté villageoise.
Enfin, dans un troisième temps, le cas de Renazé permettra de voir que les associations jouent
un rôle dans l’identité villageoise vis-à-vis de l’extérieur. La participation des fanfares aux concours
départementaux, régionaux, voire nationaux, ou la mise en place progressive de compétitions sportives entre associations de village conduisent à la constitution d’une identité locale, dont les acteurs
ont conscience et dont ils jouent, pour se faire valoir auprès des autorités locales ou préfectorales.
Les réseaux aristocratiques du Glamorgan aux XII e-XIIIe siècles : réseaux personnels et
syncrétisme culturel
délégués de l’intendance bretonne au XVIIIe siècle
- De la complexité d’un objet
historique anodin : un régiment d’infanterie pendant la
Première Guerre mondiale
- Jacques Doriot ou le revirement d'identité politique.
Elodie Papin, doctorante à l’Université d’Angers – Swansea University, sous la direction de Thomas
Deswarte
À la suite de la conquête du pays de Galles par les Normands à la fin du XI e siècle, les interactions entre les élites aristocratiques galloise et anglo-normande favorisèrent les processus de syncrétisme culturel à travers la Marche galloise. Pour autant, les deux groupes aristocratiques demeurèrent
distincts politiquement et culturellement au cours des XII e et XIIIe siècles, se rapprochant et s’éloignant en fonction de leurs alliances et de leurs rivalités. Leurs membres, se définissant ou perçus
comme gallois ou anglo-normands, étaient intégrés aux différents réseaux sociaux qui structuraient
cette société de marche.
En appliquant une « analyse égocentrée » de ces réseaux aristocratiques, il s’agira de restituer
l’ensemble des relations sociales de trois individus – Morgan ap Caradog (v.1147-v.1208), seigneur gallois d’Afan, et son fils Morgan Gam (v.1217-v.1241), et Gilbert (II) de Turberville, seigneur anglonormand de Coity (1207-v.1260) – pour les réinsérer dans les réseaux aristocratiques du Glamorgan
entre le dernier quart du XIIe siècle et la première moitié du XIIIe siècle. Morgan Gam ayant hérité du
« capital social » construit par son père, l’exemple des seigneurs d’Afan permettra de mettre en
exergue les continuités et les ruptures des liens dans la constitution de leur réseau personnel. La mise
en perspective des réseaux de Morgan Gam et de Gilbert de Turberville, alliés par un mariage mixte,
permettra d’appréhender l’hybridité culturelle des réseaux aristocratiques. Toutefois, un autre acteur
social sera à prendre en considération. L’abbaye cistercienne de Margam, régulateur politique et culturel entre les deux groupes aristocratiques, influença en effet la redéfinition de leurs relations créant
alors de nouvelles interactions entre eux.
L’étude des réseaux aristocratiques offre donc un outil d’analyse pertinent pour appréhender
la structuration, le fonctionnement, et les mutations des élites aristocratiques du Glamorgan aux XII e
et XIIIe siècles, et pour en saisir l’influence sur les processus de syncrétisme culturel.
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S'approprier un territoire : une rue, Gleimstrasse, et une communauté (Treptow) dans le Berlin divisé (1961-1971).
Caroline Garrido, doctorante à l’Université de Rennes 2, sous la direction de Jacqueline Sainclivier
La construction du Mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 marque une rupture à plusieurs échelles : celle des politiques (discours sur la ville), celle des aménageurs (infrastructures), mais surtout celle des pratiques du territoire. Dans le cas de Berlin,
la frontière est une rupture politique mais surtout physique, et pourtant cette dimension territoriale n'a pas fait jusqu'ici l'objet d'études
approfondies. Nous avons choisi, dans notre projet, de redonner au territoire une place centrale et d'associer à la recherche historique
– en nous appuyant sur un corpus important et diversifié d'archives et sur des témoignages – des logiques géographiques – mobilités,
agencement, réseaux, centralité, marginalité. Il s'agit d'étudier dans quelle mesure la société est-allemande se réapproprie le nouveau
territoire délimité, imposé et d'observer comment elle intègre ou surmonte la rupture territoriale et affective. De nombreuses études
reviennent sur l'état de surprise et d'effroi propre à la construction du Mur. Nous entendons travailler au dépassement de cet effroi,
qui appartient à l'histoire collective, et souhaitons sonder une pluralité d'émotions à travers le rapport affectif que les individus entretiennent avec leur territoire. Dans ce cadre, les identités sont questionnées à plusieurs titres. L'étude se penche en effet sur la définition
des identités allemandes avant et après la construction du Mur en fonction du territoire pratiqué. Pour cela, nous travaillons sur différents quartiers et micro-quartiers et nous aimerions profiter de l'échange dans le cadre du séminaire pour présenter l'articulation entre
la construction de l'identité et l'appropriation du territoire à partir de deux études de cas : une rue coupée par le Mur dans un quartier
central (définition d'une identité de part et d'autre du Mur), et une communauté dans un quartier périphérique (l'identité sera questionnée à travers les interactions, les relations de voisinage).
L’analyse socio-spatiale du réseau administratif des subdélégués de l’intendance bretonne au XVIIIe siècle
Sébastien Didier, doctorant à l’Université de Rennes 2, sous la direction de Yann Lagadec (Rennes 2) et Thomas Wien (Université de
Montréal)
Au XVIIIe siècle le roi est représenté en Bretagne par un intendant, lui-même se fait représenter localement par des subdélégués. Ces
derniers sont les administrateurs royaux les plus proches du peuple. Ils servent d’interface entre le roi et ses sujets au niveau local.
Pour bien comprendre l’administration française du XVIII e siècle, il convient de se détacher de la simple étude des procédures et tâches
administratives dont ils sont chargés, pour proposer une analyse du réseau des subdélégués. La richesse des fonds d’archives bretons le
permet. Cette analyse tient compte de leur répartition spatiale à travers la province par l’intendant. Elle s’intéresse aussi aux choix de
recrutement de ce dernier et donc à la position sociale des subdélégués dans la société locale. Qui sont-ils ? A quels points sont-ils intégrés dans les lieux de pouvoirs locaux et provinciaux que sont les communautés de ville, les sénéchaussées et les Etats de Bretagne ? Et
surtout quelles sont les différences de recrutement d’une subdélégation à l’autre ? Cette communication présentera des résultats partiels puisque mes recherches commencent tout juste.
De la complexité d’un objet historique anodin : un régiment d’infanterie pendant la Première Guerre mondiale
Erwan Le Gall, doctorant à l’Université de Rennes 2, sous la direction de Luc Capdevila
Quoi de plus anodin pour quiconque s’intéresse à la Première Guerre mondiale qu’un régiment d’infanterie ? Pas grand-chose
sans doute tant les forces mobilisées par les différents belligérants sont impressionnantes. Pour ne citer que le cas de la France, ce ne
sont pas moins de 174 régiments d’infanterie qui sont mis sur le pied de guerre en août 1914, chiffre qui ne prend en compte ni les unités de la réserve ni celles de la territoriale, composées en principe de soldats plus âgés.
Pourtant, c’est bien dans l’immensité des ressources humaines mobilisées lors de ce conflit qu’il faut chercher la complexité de
cet objet historique. En effet, au-delà de son apparente banalité, le régiment d’infanterie n’en est pas moins une communauté structurée
regroupant plus de 3 300 individus sous son uniforme. C’est d’ailleurs bien dans cette réalité que réside l’intérêt de la perspective monographique, enquête entendue ici comme une démarche indiciaire permettant in fine de sonder l’Armée française de 1914-1918 dans
son ensemble. Mais un régiment d’infanterie ne saurait être considéré uniquement du point de vue d’un échelon hiérarchique subalterne
et, par conséquent, quasi interchangeable. En effet, chaque unité développe ses propres références, de même que chacun des soldats qui
composent ses propres rangs érigent leurs repères pour s’insérer dans cette microsociété. La situation est telle qu’il n’est pas rare de
déceler de grandes souffrances sous la plume de combattants narrant dans leur correspondance ou leurs carnets un changement d’affectation.
Dès lors, à partir de l’exemple que constitue le 47e régiment d’infanterie de Saint-Malo, c’est sous l’angle de l’affirmation d’une
identité forgée au nom de l’esprit de corps que nous souhaitons examiner cet objet historique, étant entendu que derrière le singulier
de cette formulation se cache en réalité une pluralité de communautés traversées par de nombreux jeux de réseaux.
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Jacques Doriot ou le revirement d'identité politique.
Antoine Godet, doctorant à l’Université d'Angers, sous la direction de Yves Denéchère
Il s’agira d’évoquer le passage progressif de Jacques Doriot d’une communauté politique à une autre, d’une identité communiste à
une identité fasciste. En effet, pendant près de quinze ans, Jacques Doriot fut une personnalité phare de la ‘communauté politique’ que
constituait le Parti communiste français. Militant actif, il se dévoua et se voua entièrement pour son parti. Avec d’autres, il s’immergea
profondément dans l’idéologie communiste et s’engagea corps et âme dans cette communauté politique qui réclamait un investissement
total et une forte dépendance, une acculturation, un état affectif puissant.
C’est pourquoi Doriot ressentit cruellement son exclusion du PCF, lui, Doriot, qui fut à la fois l’étoile montante et l’enfant terrible du Parti. Ce qui le heurta encore plus profondément fut la reprise, par les dirigeants communistes, de la ligne politique qu’il défendait et qui lui valut – officiellement – cette exclusion (la fin de la tactique du ‘classe contre classe’ et le rassemblement avec les socialistes
contre le fascisme).
A partir de ce moment, de ce déchirement personnel à la hauteur de son investissement passé, on assista à une métamorphose
identitaire et communautaire radicale – une conversion, selon les termes du politiste et historien Laurent Kestel –, de Doriot, mais aussi
des anciens communistes (soit des militants pareillement atteints dans leur vocation) avec qui il fonda le Parti Populaire Français en juin
1936. L’ancienne communauté politique, celle qui avait transformé leur manière d’être, de faire et de voir, celle pour laquelle ils s’étaient
complètement investis, devint alors le mal absolu, « l’ennemi n° 1 », celle qu’il fallait abattre coûte que coûte, selon les termes de Doriot.
Qui plus est, chassés de l’espace des gauches, affublés d’assignations identitaires dès le moment où ils s’écartèrent de la ligne officielle du
PCF (‘renégats’, ‘de droite’, ‘fascistes’, ‘hitlériens’), Doriot et ceux qui le suivirent en vinrent à faire de ces étiquettes qu’on leur assignait
une identité revendiquée – notamment par le biais de la symbolique du PPF.
Il s’en suivit une fuite en avant du chef du PPF et de son mouvement, à l’origine mouvement politique à l’identité floue (ni droite
ni gauche) ; un glissement vers les communautés politiques anticommuniste, nationaliste, puis fasciste, et enfin nationale-socialiste. L’élément clé de ce basculement fut la marginalisation/radicalisation du PPF à partir de la mi-1937.
Séminaire des Doctorants du CERHIO
L’équipe organisatrice du séminaire des doctorants du CERHIO :
CERHIO CNRS UMR 6258
Solenn Mabo (Université Rennes 2), Tauana Gomes Silva
(Université Rennes 2), Julien Guerro (Université Rennes
2), Hugo Melchior (Université Rennes 2).
Université Rennes 2
Maison de la Recherche en Sciences Sociales
Place du Recteur Henri Le Moal
CS 24 307
35 043 Rennes cedex
Téléphone : 02 99 14 18 91
Télécopie : 02 99 14 18 95
http://www.sites.univ-rennes2.fr/cerhio/
Nous recherchons des doctorants qui seraient désireux
de s’engager dans la préparation des prochains séminaires des doctorants du CERHIO.
Si vous souhaitez vous joindre à l’équipe organisatrice,
n’hésitez pas à nous écrire à l’adresse suivante :
[email protected]