Les Nouvelles Directeur de publication : Victor NDOKI - Réc. n° 203/RDDJ/C19/BAPP - n° 226 du 16 avril 2015 - Prix : 400 FCFA Garoua Des enfants torturés au Hebdomadaire d’analyses et d’enquêtes DU PAYS nom d’Allah P. 2 Marafa défie lerouleau compresseur 16 avril 2012 - 16 avril 2015 3 ans déjà de prison politique... Rapprochement Cmc/Socam Sam Mbende et Ndedi Eyango coincent Ama Tutu Muna Pp. 11 & 12 Malversations au Groupe 2M Kamga Nenkam reconnaît avoir corrompu les juges P. 3 Même si depuis trois ans, c’est Marafa Hamidou Yaya qui croupit dans un culde-sac au Secrétariat d’Etat à la Défense, on a bien l’impression aujourd’hui que c’est Etoudi qui est dans un cul de basse fosse. L’affaire Marafa a conduit le régime qui l’a orchestrée droit dans une l’impasse. Lire notre dossier spécial en Pp. 5-10 Minsanté Lutte contre les incendies à Douala Détournement Le dispositif sécuritaire de 200 millions contre le feu en faillite destinés au Samu Le Service d’aide médicale manque de tout. Pendant ce temps, une structure fictive a reçu de l’argent qui a pris une direction inconnue. La Conac interpellée. P. 12 Bouches d’incendie défectueuses, citernes vides, pression d’eau faible, absence d’escabeau approprié... Les éléments des sapeurs pompiers étalent au quotidien toutes leurs misères, leurs frustractions et leur impuissance face aux incendies répétés qui ravagent Douala. Page 4 Une publication de LEADER ENTERPRISE - RC/DLA/2001/B/026153 - N° Cont. M020100011522D - B.P. 15579 Douala - Tél.: (237) 74.77.97.97 N° 226 du 16 avril 2015 ZOOM Maltraitance Les Nouvelles DU PAYS Des enfants torturés au nom d’Allah à Garoua A leur jeune âge, ils ne demandaient qu’à apprendre le Coran, livre sacré des musulmans et à entretenir leur foi islamique. Ils ont plutôt été enchainés, attachés ou violés dans des écoles coraniques de la capitale du Nord Cameroun par des guides spirituels véreux et sont aujourd’hui abandonnés avec des plaies handicapantes et des traumatismes. e vous fiez pas à son regard doux, ses cheveux courts et sa chemise vert anglais taillée sur mesure pour clamer son bon état de santé. Du haut de son mètre quatrevingt-deux, Ousmanou Mamadou, 22 ans, est un géant aux pieds pourris ! Sur chaque pied, une plaie aiguë mal soignée ronge les métatarses imbibés de pus et de sang. Les ongles ont sauté de ce qui reste des orteils coincés les uns contre les autres. La peau séchée par endroits fait penser à un lépreux avant la lettre. Avant toute apparition publique, le jeune homme prend soin de cacher l’horreur avec de vielles bandes blanches et du compresse. «Lorsque quelqu’un me donne un peu d’argent, je vais acheter le produit (la Bétadine, Ndlr) pour faire le pansement»,dit-t-il d’une voix soufflée.«Ça fait sept ans que je me débrouille au quotidien avec ces pieds». Un matin de 2008. Ousmanou est brusquement tiré du sommeil par un frère ainé qui le conduit de force dans une école coranique à Souari, un coin populeux de Garoua au Nord Cameroun. La décision surprend l’adolescent ; mais, il ne peut s’opposer. Dès que le frère ainé est reparti, le guide spirituel de l’école appelé marabout ligote les pieds d’Ousmanou avec des cordes de 6h à 17 h. Aucun proche de l’enfant n’est au courant. Alertée plus tard, la maman d’Ousmanou envoie en toute hâte des enfants pour libérer son fils. Trop tard. «Ses pieds avaient gonflé et le sang qui y jaillissait avait sali le salon de la maison familiale», se souvient Adja Djenabou, marâtre d’Ousmanou. Elle ajoute, attristée : «comme il était très têtu, on a demandé au marabout de le garder, le conseiller et l’aider à lire le Coran, pas de l’attacher. Tu ne peux pas demander qu’on fasse du mal à ton enfant». Ousmanou Mamadou a été opéré à l’hôpital central de Garoua où il a passé cinq mois. Faute de moyens financiers, il est précipitamment retourné dans le domicile familial où, quand il peut, il se soigne depuis lors à l’aide de médicaments de la rue. Avant le drame, Ousmanou fréquentait une école primaire du quartier. Aujourd’hui, il a le cœur et l’esprit à ses plaies. Sa maman étouffe de peine. Elle voulait donner une éducation religieuse à son fils. Mal Aminou, marabout et promoteur de l’école coranique, en a fait un handicapé improductif. «On ne peut rien faire car il n y a plus d’argent pour acheter les médicaments. On peine à manger tous les jours», dit Adja Djenabou ; avant de conclure, impuissante : «Maintenant, on craint le cancer». N «C’est un accident de travail !» L’entourage d’Ousmanou redou- 2 te une gangrène. Aboubakary Isiakou, lui, est déjà fixé sur son sort. «Quelqu’un a eu pitié de moi et m’a conduit récemment chez un médecin. On a demandé au docteur de prescrire un bon médicament pour soigner mon pied ; il m’a examiné et a dit qu’on ne peut plus rien faire. Il faut encore couper mon pied», explique-t-il en chassant de la main une mouche posée sur sa plaie. Bouba, comme l’appellent sympathiquement les copains, était attaché par le marabout tortionnaire une semaine avant l’arrivée d’Ousmanou. Il a été libéré le même jour que son compagnon d’infortune. Avec son lot de dégâts. «Une partie de son pied d’où coulaient du sang et du pus était morte. Sa jambe gauche a été amputée à l’hôpital central de Garoua où Il a passé huit mois», raconte Aliyou, un frère de Bouba. Bouba avait été confié au marabout par son géniteur avec la consigne d’aider l’adolescent à abandonner la consommation de l’alcool. «Le marabout a dit avoir attaché Bouba pour que l’esprit entre bien dans son corps et que ce qui est arrivé n’est pas de sa faute, c’est un accident de travail !», dit Aliyou. Agé aujourd’hui de 25 ans, Bouba s’appuie sur des béquilles rouillées pour se déplacer. La seconde amputation de sa jambe gangrénée n’est pas encore programmée. Ses proches peinent à réunir la somme de 120.000 f CFA nécessaire pour l’opération. En attendant, il vadrouille avec sa plaie puante à la recherche d’âmes généreuses. Son bourreau, Mal Aminou, a aussitôt repris ses activités dans un quartier périphérique à la ville après un bref séjour en prison pour maltraitance. L’encre, un instrument de viol Cette sanction est une exception. A Garoua, les écoles coraniques poussent comme des champignons et attirent des foules d’enfants originaires du Cameroun, du Nigeria et du Tchad. Elles sont destinées à l’apprentissage du Coran, le livre sacré des musulmans, mais ne dépendent pour la plupart pas des structures confessionnelles ; elles échappent même au contrôle de l’administration publique. Certains guides spirituels appelés marabouts en profitent pour enchainer, attacher ou violer les enfants. En toute impunité. «Nous avons approché les marabouts et leur avons dit qu’en tant que gardiens de la tradition, ils devraient mettre l’accent sur la protection des enfants. Être dans une école coranique signifie-t-il être mal entretenu ou aller mendier», s’interroge Nsenga Lydie, chef service de la protection de l’enfance à la délégation des affaires sociales du Nord. Les pouvoirs publics hésitent à agir. Les partenaires au développe- Le pied d’Ousmanou : pourri ! Ousmanou et Bouba : unis par le pire Les captifs de Mal Saidou ment aussi. Pour un responsable de la branche locale de l’Unicef, les écoles coraniques sont informelles ; elles ne peuvent par conséquent pas bénéficier de l’attention de l’agence des Nations Unies. «Il faut plus de clairvoyance sur les actions menées dans ces écoles », indique Nsenga Lydie. «Sur le plan juridique, il faut que ces marabouts aient des autorisations de l’administration pour pouvoir garder les enfants. Ainsi, on saura le nombre d’enfants qu’ils détiennent, comment ils sont logés, nourris et sécurisés». Même si l’aspect juridique était réglé à l’immédiat, le fonctionnaire souligne que les pouvoirs publics disposent de ressources limitées pour encadrer L’info au coeur du pays ces enfants exposés à la pédophilie et au trafic humain. Le mode de recrutement dans ces écoles est douteux. Certains enfants sont accompagnés et suivis au quotidien par leurs parents. D’autres sont le fruit d’un intense trafic humain entre le Cameroun et ses voisins. Ces derniers parlent uniquement des langues étrangères, pratiquent la mendicité et dorment chez le marabout. En 2013, Mal Saidou, un marabout du quartier Katarko à Garoua avait enchainé pendant quarante-cinq jours une dizaine d’enfants mineurs de nationalités diverses accusés d’être indisciplinés. Les captifs, découverts par le reporter, ont été libérés la veille de la fête du Ramadan. Mais, le mara- bout a renvoyé quelques jours plus tard les enfants en haillons dans la rue pour chercher à manger. Et ce n’est pas tout. L’encre noirâtre utilisée dans les écoles coraniques ne sert pas qu’à écrire. Associée aux incantations, elle devient un puissant instrument de viol des mineurs. Aliyou dévoile le mode d’emploi : «Le marabout demande à une fille d’aller laver les assiettes de son épouse. Il a le temps d’apprécier la fille qu’il charme par la suite en lui faisant boire une quantité d’encre. Ensuite, il viole la fille». C’est ce qui est arrivé à la jeune Hapsatou. A l’âge de 13 ans, elle a été violée un après-midi par le marabout de l’école où elle prenait les cours de Coran. Elle fait à présent du commerce ambulant de dattes pour pouvoir tourner la page sombre. Le mal ne touche pas que les filles «Nous souffrons du problème de viol dans les écoles coraniques», regrette Aliyou. Mais, comme Hapsatou, les victimes redoutent que la dénonciation se retourne contre elles. La peur des représailles Bouba l’a appris à ses dépens. Après avoir été torturé, il a trainé le marabout au tribunal contre la volonté de son père. Plus grave, le jeune homme a demandé la réparation du préjudice subi. Il n’en fallait pas davantage. Bouba a été vomi depuis lors par son géniteur qui ne lui pardonnera peut être jamais ce «crime». Et pourtant, «la loi oblige de dénoncer les crimes et les délits et interdit de révéler l’identité des personnes qui ont dénoncé», explique Maitre Antoine Pangue, avocat au barreau du Cameroun et défenseur des Droits de l’homme. En son article 4, la loi sur le trafic et la traite des enfants punit d’un emprisonnement de 10 à 20 ans et d’une amende de cinquante mille à un million de FCFA, «toute personne qui se livre, même occasionnellement, au trafic ou à la traite des enfants». Mais, cet arsenal juridique ne convainc pas tout le monde. Selon un rapport récent du département d’Etat américain sur la traite des êtres humains, les écoles coraniques sont des centres actifs d’abus contre les enfants au Cameroun. Les rapporteurs suggèrent au gouvernement de renforcer les sanctions infligées aux coupables et d’assurer la protection des personnes abusées. «Les victimes ne se plaignent pas parce qu’elles ont peur des représailles de leurs bourreaux», constate Maitre Antoine Pangue. Les voisins de Mal Saidou, par exemple, ont préféré garder secret le sort des enfants enchainés dans l’école coranique. Ils craignaient que le marabout leur lance une infirmité par vengeance. Christian LOCKA Les Nouvelles du Pays Les Nouvelles DU PAYS PREMIÈRE LIG NE N° 226 du 16 avril 2015 Détournement de fonds au Groupe 2M Kamga Nenkam reconnaît avoir corrompu les juges Certains ne considèrent la justice comme telle que quand ils gagnent leur procès. Dès que les faits sont contre eux, ils n’hésitent pas à tenter de l’apprivoiser, de l’influencer, en mettant toutes sortes de pressions sur les magistrats. C’est la posture qu’a adoptée Jean Paul Kamga Nenkam dans le procès intenté contre lui pour détournements par le Groupe 2M. ourant 2012, les administrateurs, constatant des irrégularités graves dans la gestion de Jean Paul Kamga Nenkam, Directeur général du Groupe 2M, entreprennent de mener une enquête pour y voir clair. A l’issue de cette investigation, ils se rendent compte que l’entreprise confiée à M. Kamga Nenkam est déficitaire et court vers la faillite si rien n’est fait. Poussant plus loin, ils découvrent que le Dg entretient un compte bancaire largement plus fourni que ceux de l’entreprise. Même en travaillant pendant 50 ans, M. Kamga Nenkam ne parviendrait pas à économiser les sommes contenues dans son compte. C’est ainsi que les administrateurs convoquent un conseil d’administration à l’issue duquel le Dg indélicat est débarqué. L’affaire se serait limitée au licenciement de l’ancien Dg si celui-ci, non content d’avoir pillé la structure qu’on lui avait confiée, n’avait entrepris de multiplier des actions de sabotage pour la mettre définitivement en ruines. Ainsi en est-il de sa revendication indue du brevet de H2B2, qu’il avait protégé en sa qualité de Dg de 2M et avec les fonds de 2M. Une fois déchu, M. Kamga Nenkam décide donc de gêner son ancien employeur jusqu’au bout. C’est en réaction de cet entêtement aussi stupide qu’ingrat que les administrateurs décident de porter l’affaire devant les tribunaux afin que ce dernier rende compte de sa gestion. Le juge d’instruction conclut à une insuffisance de charges contre M. Kamga Nenkam qui jubile et croit C Les Nouvelles DU PAYS B.P. 15.579 Douala Tél. : (237) 674.77.97.97 (237) 699.39.10.37 Fax : (237) 233.42.81.40 e-mail : [email protected] Directeur de la Publication Victor NDOKI e-mail : [email protected] Assisté de Sylviane EPOSSI Conseillers à la Direction Dominik FOPOUSSI BOUNYA LOTTIN Rédacteur-en-chef Etienne PENDA Grand Reporter Christian LOCKA (Cell. 696.78.12.99) Les Nouvelles du Pays l’affaire close. Mais 2M n’entend pas laisser son fossoyeur impuni et fait appel. En appel, le premier jugement a été infirmé. Convoqué à comparaître au pénal devant le Tribunal de Grande Instance du Wouri avec sa fille, tous deux accusés de détournement, il a entrepris de battre le rappel des troupes de certains dignitaires de son entourage pour que ceux-ci volent à son secours. Car, pour Jean Paul Kamga Nenkam, les magistrats n’ont pas bien fait leur travail. Il y aurait un acharnement contre lui. Pourtant, c’est bien lui qui dit dans un mail adressé à ses soutiens : «En vérité, il se passe que la veille, suspectant un de ses Vices, le Président de la Cour d’Appel lui avait demandé que mon dossier lui soit retourné pour diligence. Il est donc tout à fait curieux que le lendemain, une décision soit prise en un temps record par un autre Vice, Beng Ngueng, qui n’était du tout pas partie prenante auparavant.» Ainsi donc, le président de la Cour d’Appel n’a pas le droit de dessaisir un collaborateur d’un dossier sans que cela relève d’une pratique téléguidée. Est-ce à dire que le précédent vice-président qui gérait le dossier était compromis par Jean Paul Kamga Nenkam ? C’est en tout cas ce qu’il laisse sous-entendre. Puisqu’il précise bien que le président ayant suspecté son vice, il lui a retiré le dossier pour le confier à un autre. L’ancien Dg du Groupe 2M montre par là qu’il avait intérêt que son dossier continue d’être traité par celui qui Chef Desk Yaoundé Mohamadou ADAMOU (Cell. 699.52.51.86) Relations publiques Arlette Messina Mvondo Caricature/Culture Charles Fils ELANGUE (Cell. 694.95.45.07) Rédaction Flaubert KAMGA Henri Donatien AYANG Sylvie FONKOU Jean-Jacques ONANA Alex BEMA Huguette NANA Reportage / Infographie Roudolphe EYAMBE Archives et Documentation Jacques TIATY Impression ROTOJOURNAL Distribution Messapresse Jean Paul Kamga Nenkam, rattrappé par ses frasques a été dessaisi. C’est pour cela qu’il peut jeter le doute sur la moralité du nouveau titulaire du dossier, et le jeter en pâture sous prétexte qu’il aurait traité le dossier avec une célérité suspecte. Kamga Nenkam avait-il tout mis en œuvre pour que la procédure s’éteigne au niveau du juge d’instruction ? On est tenté de le croire puisqu’il entre dans une colère sourde dès que le président de la Cour d’Appel fait bouger les choses. Sa relation des faits montre pourtant que le président de la Cour d’Appel agissait justement dans le sens de la célérité du traitement de ce dossier. Mis à part ceux qui y ont intérêt, l’un des griefs majeurs qu’on porte à la justice camerounaise, c’est la lenteur dans le traitement des dossiers. Or, reprocher à un président de Cour d’Appel d’accélérer les choses ne peut pas être innocent. D’autant plus que M. Kamga Nenkam poursuit dans son mail : «Il est aujourd’hui clair que mes adversaires dont la férocité est désormais établie, ont décidé de ne reculer devant rien pour accomplir leur mission d’envoyer ma fille et moi en prison puisqu’aussitôt, ils ont entrepris les démarches au Tribunal de Grande Instance pour que le dossier soit confié à un certain Kamdem préparé pour la sale besogne !» Ce justiciable ne jouet-il pas la carte de la victimisation pour tenter de se soustraire à la justice ? En quoi interjeter appel pour une affaire parce ce qu’on n’a pas été satisfait en première instance est-il une manœuvre ? De plus, M. Kamga Nenkam dénonce un certain Kamdem qui aurait été préparé pour le jeter en prison. Il nous revient qu’au moment de son mail, l’affaire 2M n’était encore confiée à personne. Serait-il alors dans le secret des dieux pour savoir d’avance que le Président de la Cour d’Appel confierait l’affaire à un magistrat que ses adversaires auraient conditionné ? Comment peut-on aussi allègrement jeter le discrédit sur un juge sans l’avoir vu à l’œuvre ? N’est-ce pas une tentative d’embrigader les juges et les amener à distordre la justice ? C’est ce genre de situation qui rend la justice si délicate à Douala, capitale économique. Si tout magistrat rêve d’officier à Douala, c’est pour connaître des grandes affaires. Mais le revers n’est pas souvent enviable. Parce que quand des gros intérêts se manifestent, la pression devient énorme sur leurs épaules. Des pressions qui, bien souvent, les poussent à la faute, à jouer contre le droit. Plus d’une fois, la chancellerie a eu à sévir contre ce genre de pratique qui n’honore ni la justice ni le Cameroun. Mais peutêtre devrait-on désormais se pencher aussi sur le cas de celui qui pousse les juges à la faute ! Question de les protéger contre certaines puissances d’argent sans foi ni loi. Henri Donatien AYANG Dix ans après... Le programme EDD Cameroun s’ouvre à la population active Après le succès de la phase pilote avec des établissements scolaires, le projet sur l’Education au Développement Durable (EDD) compte sensibiliser tous les citoyens sur la notion de durabilité. e 15 avril 2015, la salle des fêtes d’Akwa à Douala était en mode environnement. C’était à l’occasion du lancement du programme d’action EDD Cameroun et de la fin de la décennie sur l’éducation au développement durable. Un projet des équipes agendas 21 scolaire qui a drainé du beau monde : les représentants du Gouverneur de la Région du Littoral, du Bureau Régional de l’Unesco, de la Présidente de la Commission Nationale de l’Unesco, du Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Douala et le corps enseignant. Les objectifs de cette conférence locale placée sous le thème «Bilan et perspectives de la décennie de l’éducation au développement durable dans la ville de Douala au Cameroun» étaient clairs : promouvoir et améliorer l’Education de base, réorienter les programmes d’éducation existants dans l’optique de développement, informer et sensibiliser le public à la notion de durabilité et former l’ensemble de la population active. Selon Koona Lucien Blaise, Chef de projet des équipes agendas 21 scolaire de Douala et coordonnateur adjoint du réseau africain de l’éducation pour le développement durable, «la conférence marque la fin de la décennie (2005 – 2014) de l’éducation au développement durable, que célèbre la Communauté urbaine de Douala. Au cours de C L’info au coeur du pays la décennie, la Communauté urbaine avec ses partenaires a implémenté le projet ’’plan d’actions éducatives sur les objectifs du millénaire pour le développement’’ ». Il s’agit de quatre établissements scolaires pilotes de Douala : le collège Saint Michel, les lycées d’Akwa – Nord, de Makèpè et de Logpom. La remise solennelle des agendas 21 scolaires auxdites écoles est, selon les initiateurs, la manifestation d’une collaboration réussie entre la Communauté urbaine de Douala et ces écoles appartenant au ministère des Enseignements secondaires. Il faut rappeler que cette célébration rentre dans le projet des équipes Agendas 21 du Réseau Africain pour l’Education pour le Développement Durable appuyé par la Communauté urbaine de Douala et l’Unesco. Ce projet vise à «sensibiliser, informer, éduquer au développement durable, développer des nouvelles formes de gouvernance, éduquer toutes les générations au développement durable et promouvoir et pérenniser les réseaux de concertation et d’échanges», peut-on lire sur la plaquette de présentation. L’éducation au développement durable est donc une affaire de tous. C’est pourquoi le Pr Esso Elame, universitaire, pense qu’il faut «repenser la didactique, la gouvernance scolaire et déconstruire les mentalités». Aimée Fidèle DJANA TSIMI (Stagiaire) 3 PREMIÈRE LIGNE N° 226 du 16 avril 2015 Incendie à la Communauté Urbaine de Douala Les sapeurs pompiers étalent leurs limites Malgré leur bonne volonté, nos soldats du feu n’ont pas pu sauver l’hôtel de ville de Douala de la furie des flammes. a question était sur toutes les lèvres, devant ce qui reste de l’hôtel de ville de Douala, au lendemain matin de cet incendie. «Comment un incendie a-t-il pu ravager près de la moitié de ce bâtiment situé en plein cœur de Bonanjo, le centre administratif de Douala ?» La réponse est simple, les éléments de la brigade des sapeurs pompiers de la ville de Douala n’y ont vu que du feu, au propre comme au figuré. A en croire le gouverneur de la Région du Littoral, pas moins de quatre équipes de soldats du feu ont été mobilisés autour des flammes. Ils sont venus de l’Asecna et du Port autonome de Douala pour prêter mains fortes à leurs amis de Ngodi et de Bonaberi. Mais ils n’ont pas pu contenir la furie des flammes. La faute à l’inadéquation des moyens avec l’ampleur de la tâche. Face à un immeuble de trois niveaux en flammes, le corps des sapeurs pompiers de la capitale économique camerounaise a donné à penser que la protection civile nationale n’était pas inscrite au rang des priorités de ceux qui L Bâtiment de l’Hôtel de ville, désolation après les flammes nous gouvernent. Bouches importants. Ils avaient une En attendant le résultat des d’incendie défectueuses, cibonne pression d’eau. Mais multiples enquêtes annoncées, ternes vides, pression d’eau quand les citernes se vidaient les habitants de la capitale écoinsuffisante, absence d’escail fallait aller les recharger nomique ne savent plus à quel beau approprié, etc… les élétrès loin. Entretemps, les saint se vouer, face à la mements des sapeurs pompiers flammes continuaient de se nace que constituent les ont étalé toutes leurs misères propager sous le regard imrisques d’incendie. Une bonet leurs frustrations à l’ocpuissants des autres équipes», ne partie de l’histoire de la vilcasion de ce sinistre. raconte Georges S. Pour Jean le de Douala vient de dispaLes témoins présents à G. «il est inadmissible que des raître dans les flammes. Avant l’Hôtel de ville de Douala sapeurs pompiers s’attaquent même les conclusions des endans la nuit du 07 au 08 avril aux flammes, au deuxième niquêtes en cours, un autre inn’ont eu que leurs yeux pour veau de l’immeuble, à partir cendie éclate au marché pleurer. «Si les gars de du sol. Nos soldats du feu ont Congo de Douala. A qui le prol’Asecna n’était pas arrivés, affiché un manque criard d’échain tour ? les dégâts auraient été plus quipements.» Ive TSOPGUE Communauté Urbaine de Douala Un incendie Suspect ? En attendant les résultats des multiples enquêtes ouvertes, l’opinion publique s’interroge sur la virulence des flammes et la destruction des services névralgiques de la Cud. rès tôt ce matin du 08 avril 2015, l’esplanade de l’Hôtel de ville de Bonanjo est prise d’assaut par des curieux qui ont vécu avec stupeur les images qui passaient en boucle, depuis les premières heures de la matinée, sur les chaînes de télévision privée. Ils ont pu mesurer l’ampleur des dégâts. L’état de la plaque signalétique (Hôtel de ville) en dit long sur l’ampleur du sinistre. Quelques bombonnes d’extincteurs étalés à même le sol en l’entrée du couloir qui mène vers le cabinet du Délégué du gouvernement témoignent de l’inefficacité de ces équipements de sécurité, manifestement vétustes, face à la violence des flammes. Au milieu de la foule sous le choc, des agents communaux déambulent en évoquant des effets personnels réduits en cendre ou en scrutant les lendemains qui s’annoncent difficiles. T 4 En début d’après-midi, le gouverneur de la Région du Littoral donne un point de presse dans ses services. Il a, d’entrée de jeu, salué la prompte réaction des éléments du corps des sapeurspompiers. Mais Joseph Beti Assomo, qui a personnellement assisté au désastre, a annoncé que c’est 40 % de l’Hôtel de ville qui a cramé. Une partie des 59 ans de l’histoire de ce bâtiment de souveraineté a ainsi été détruite. A en croire le patron de la Région du Littoral, l’on n’est pas encore fixé sur l’origine des flammes. Le feu s’est déclaré autour de 23 heures, dit-il. Les flammes seraient parties du département financier. Elles auraient ensuite attaqué le département informatique, la direction administrative, puis la direction des ressources humaines, le service du courrier et plusieurs autres bureaux. Le Délégué du gouvernement précise que ce sont près de 150 employés qui n’ont plus de bureaux. Est-ce un accident naturel ? S’agitil d’un incendie criminel ? Ou alors s’agit-il d’une volonté de dissimuler des fichiers ou des dossiers financiers ? Ces questions taraudent aussi bien l’esprit du gouverneur Joseph Beti Assomo que celui d’une opinion publique qui a du mal à comprendre la virulence des flammes et les cibles de celles-ci. Des cibles stratégiques qui constitueraient l’âme de l’institution. Le gouverneur annonce l’ouverture de plusieurs enquêtes, à la fois judiciaire, technique, administrative et financière. Des experts de haut niveau du Minatd et du Ministère des finances sont attendus, ainsi que des ingénieurs informaticiens. «Il ne s’agit pas d’une affaire banale», prévient Joseph Beti Assomo. I.T L’info au coeur du pays Les Nouvelles DU PAYS Dr Fritz Ntone Ntone minimise les dégâts Face aux soupçons de distraction de preuves compromettantes, Fritz Ntone Ntone mise sur la fiabilité du réseau informatique de la Communauté urbaine de Douala. «Il n’y a pas de service plus névralgique que le cabinet du délégué du gouvernement et les bureaux de ses adjoints. On peut déplorer, certes, la perte des documents, mais pas des informations». Au cours du point de presse qu’il a donné ce 07 avril 2015 dans l’un des services encore fonctionnels, le Délégué du gouvernement auprès de la Cud s’est voulu rassurant face à la persistance d’une thèse qui attribuerait l’origine de cet incendie à une main criminelle qui tenterait d’effacer les preuves d’une forfaiture à l’Hôtel de ville de Douala. En attendant que les différentes équipes d’enquêtes livrent leurs résultats, le Dr Fritz Ntone Ntone révèle que le système informatique de la Communauté urbaine étant en réseau, une bonne partie des informations sensibles pourraient être récupérées. Mais le premier magistrat de la ville de Douala a surtout insisté sur la nécessité d’assurer la continuité du service public dans l’importante institution qu’il dirige depuis plus de huit ans. «Les études minutieuses vont être entreprises sur le bâtiment pour évaluer le niveau des dégâts et le coût des réparations en procédure d’urgence pour qu’à court terme le service puisse reprendre», annonce Fritz Ntone Ntone. Mais en attendant, le délégué du gouvernement précise que les personnels victimes du feu seront redéployés dans les divers sites de la Cud disséminés dans la ville. Il s’agit notamment du Cercle municipal, des bureaux d’Akwa et de la base de Youpwe. «Nous voulons rassurer les usagers et leur annoncer que toutes les dispositions sont prises pour la continuité du service», a-t-il martelé. Il s’est par ailleurs réjoui de ce que des symboles comme la salle des actes, le cabinet du délégué et la salle Tobbie Kuoh aient été épargnés par les flammes. Une visite guidée de l’aile du bâtiment précédemment allouée au commissariat central de Douala a permis aux hommes de médias de faire le constat de ce que les bureaux en réfection sont restés intacts. Le redéploiement promis par le patron des lieux pourrait donc être imminent. Mais les nombreux observateurs des dégâts s’interrogent toujours sur la fragilité ou l’absence des mesures de sécurité autour du bâtiment central qui abrite les services d’une institution qui brasse plusieurs milliards de francs par an. Avec ses 52 milliards de budget annoncés pour l’année 2015, en effet, les comptes administratifs des exercices 2013 et 2014 présentent des excédents budgétaires qui ont atteint les 15 milliards l’année. Une sousconsommation du budget qui contraste avec les besoins d’une ville de plus en plus grandissante dont les moindres investissements auraient pu être consacrés à la sécurisation du bâtiment (mis en service en 1956) qui abrite les souvenirs les plus poignants de la cité capitale économique. L’absence ou la désuétude des équipements de sécurité incendie (extincteurs, détecteurs automatiques de flammes), et des bouches d’incendie hors d’usage ont contribué à aggraver le sinistre. Le Dr Fritz Ntone Ntone devrait s’en souvenir au moment d’engager les travaux d’urgence qu’il annonce. I.T. Les Nouvelles du Pays Les Nouvelles DU PAYS Vers la libération de Marafa ? Même si depuis trois ans, c’est Marafa Hamidou Yaya qui croupit dans un cul-desac au Secrétariat d’Etat à la Défense, on a bien l’impression aujourd’hui que c’est Etoudi qui est dans un cul de basse fosse. L’affaire Marafa semble conduire le régime qui l’a orchestrée droit dans une l’impasse. Parce que depuis son arrestation, puis son incarcération suite à un procès marathon dont les observateurs avertis disaient qu’il n’était qu’un prétexte, on a pu voir que de tous les prisonniers de l’opération Epervier, Marafa Hamidou Yaya est le seul à avoir décidé de résister à la grosse machine à broyer du régime. L’ancien collaborateur du président Biya, déchargé de ses engagements, est sorti de la réserve que lui imposaient ses fonctions respectives de personnalités publiques. Après avoir tenté en vain de défendre son honneur bafoué devant une justice aux ordres de l’Exécutif, il va se retrouver à la prison centrale de Kondengui, puis au Sed, selon un chronogramme minutieusement préétabli. Marafa crie au complot tandis que ses persécuteurs le vouent aux gémonies, fouillant les moindres coins et recoins de sa vie publique, même privée, afin de trouver les preuves de sa culpabilité, le procès en détournement ayant tourné en eau de boudin, montrant ses limites et trahissant les intentions inavouables des manœuvriers de l’ombre. Ainsi, les limiers du régime sont repartis sur le terrain chercher la moindre trace de la compromission de Marafa, notamment auprès des gouverneurs de régions qui étaient ses collaborateurs pendant qu’il était en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, en épluchant notamment les comptes de l’organisation de l’élection présidentielle de 2011. Chou blanc ! Pendant ce temps, Marafa résiste à la descente aux enfers à lui a promise. Par ses sorties épistolaires au président de la République et à ses compatriotes, par son livre projet de société, «Le choix de l’action». Mais surtout par des moyens de droit, à savoir son pourvoi en cassation contre sa condamnation. 30 mois après ce recours, la Cour suprême est toujours muette. Alors qu’elle aurait dû se prononcer six mois après. Le pouvoir politique a refilé à la plus haute juridiction du pays un vilain bébé. L’affaire Marafa s’est donc enlisée. Ce faisant, elle a suscité la curiosité de tous les observateurs. Les questionnements des uns et des autres les amènent à conclure à un emprisonnement politique. Du coup, la communauté nationale, une certaine opinion nationale et plusieurs organisations de la société civile réclament de plus en plus sa libération. Quoiqu’il en soit, l’embastillement de Marafa Hamidou Yaya est devenu une grosse épine dans le pied du régime. Prisonnier, il est chaque jour un peu plus un embarras pour le régime de Yaoundé. Et Etoudi ne sera pas au bout de ses peines tant qu’il gardera Marafa prisonnier. Car la mobilisation ne fait que commencer. Etienne PENDA Les Nouvelles du Pays LIGNE DE MIRE Affaire Marafa N° 226 du 16 avril 2015 Le prétexte de l’avion pour écarter un concurrent politique La technique est connue sous nos cieux : quand une personnalité commence à déranger, on lui colle un procès. Afin de le faire taire. L’affaire de l’avion présidentiel qui a permis d’incarcérer Marafa Hamidou Yaya depuis trois ans participe de cette stratégie. l fallait trouver quelque chose pour le mettre au trou. L’affaire de l’avion présidentiel a été un prétexte facile. La justice instrumentalisée et voilà Marafa Hamidou Yaya hors d’état de nuire. Paul Biya peut être tranquille maintenant qu’il a fait incarcérer un redoutable concurrent. Inculpé pour détournement dans l’affaire de l’avion présidentiel, il n’a pas fallu bien longtemps pour que l’opinion se rende compte que «l’affaire Marafa» n’est plus ni moins qu’un règlement de compte politique. Quand il était membre du gouvernement, il avait déjà dénoncé l’opération comme étant un instrument d’épuration politique pour le régime d’Etoudi afin d’éliminer proprement ses adversaires. Marafa Hamidou Yaya confiait ainsi son analyse de la lutte contre la corruption à l’ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun. Le grand public le saura après les révélations de Wikileaks. En effet, alors qu’il était en fonction, au cours d’une de ses rencontres avec Janet Garvey, ancienne ambassadrice des Etats-Unis en poste à Yaoundé, l’ancien Minadt a parlé du régime avec le sang froid et le franc parler que ceux qui le connaissent lui reconnaissent. Les révélations de Wikileaks sur les propos de Marafa sont alors un grand coup de pied dans la termitière. Un coup de pied reçu avec beaucoup de grimaces au sommet de l’Etat qui n’avait plus désormais qu’une confiance limitée à l’égard de ce collaborateur qui refuse obstinément de rallier le camp des flagorneurs qui peuplent les allées du pouvoir de Yaoundé. Marafa était l’un des collaborateurs de Paul Biya à lui avoir déconseillé de se représenter en 2011. Un conseil qui passe mal auprès du président de la République qui y voit une manière hardi de son collaborateur de le pousser à la porte avant de prendre sa place. Marafa se met ainsi dans une posture détestable puisque son conseil arrive dans une période où d’autres collaborateurs de Paul Biya sont soupçonnés de le renverser. Il s’agissait du fameux G11. Marafa serait à n’en point douter un membre du G11 qui ne s’embarrasse pas de fioritures. Dès lors, le processus de sa neutralisation du collaborateur qui dérange est en marche. C’est là qu’intervient l’affaire de l’avion présidentiel. Au moment des transactions, Marafa Hamidou Yaya est Secrétaire général de la présidence de la République. Mais les faits sont constants : il n’a participé en tant que Sgpr, ni de près, ni de loin à l’opération de l’achat de l’avion présidentiel. L’argent destiné à cette transaction étant parti directement des comptes de la Snh à ceux de Gia, la société américaine contactée pour l’opération. En tout cas, le procès marathon orchestré contre l’ancien Sgpr ne démontrera pas son implication dans l’affaire. Mieux, pendant le procès, les droits de la défense sont bafoués et l’accusé Marafa fait l’objet de plusieurs humiliations. Ce qui contribue à montrer aux yeux des Camerounais que l’accusé n’est rien d’autre que la victime du système. Sa côte de popu- I larité prend une courbe ascendante, à un point tel que les audiences deviennent autant d’occasions pour beaucoup d’habitants de Yaoundé d’aller le soutenir au Palais. Ce qui gêne énormément le pouvoir qui n’avait pas prévu une telle mobilisation. La justice, son bras séculier entreprend alors d’accélérer la procédure. Et conclut rapidement, sans en apporter les preuves, à la culpabilité de Marafa qu’elle condamne à 25 ans fermes et à une amende colossale. Mais dans cette condamnation, c’est la durée de la privation de liberté qui est l’élément clé. Il s’agit de mettre Marafa hors-jeu. Puisque la suite montre bien que l’ancien Sgpr n’avait rien à y voir. En effet, l’achat de l’avion présidentiel ayant capoté, l’Etat du Cameroun a immédiatement entrepris de s’attaquer à Gia, la société que le Cameroun avait mandatée pour conduire l’opération. A l’issue du procès, l’Etat d’Oregon aux EtatsUnis où est installée Gia condamne celle-ci à rembourser à l’Etat camerounais le reste de l’argent qui n’était pas encore utilisé et de réparer le dommage subi. Ensuite de quoi, ayant obtenu satisfaction, l’Etat du Cameroun s’engagera à ne pas engager des poursuites ultérieures contre ses citoyens pour la même affaire. C’est bien après ce verdict que Marafa Hamidou Yaya sera inquiété et, après lui, Atangana Mebara, son remplaçant au secrétariat de la présidence de la République. Une incongruité judiciaire que ne peut justifier qu’un acharnement contre des personnalités qu’on ne maîtrise plus, contre des concurrents politiques. Un acharnement que les EtatsUnis ainsi que la France ont dénoncé en leur temps. Au cours d’une conférence de presse à Yaoundé, l’avocat du Cameroun dans cette affaire, Me Akere Muna, a clairement dit que le Cameroun avait été remboursé et même in- L’info au coeur du pays demnisé dans cette affaire. Comment expliquer alors que, connaissant cela, la justice camerounaise n’ait pas fait l’économie d’un procès qui, de tout point de vue, obscurcit un peu plus l’image du Cameroun auprès des chancelleries occidentales ? C’est que les enjeux internes sont plus importants qu’on ne le pense. Le pouvoir de Yaoundé a clairement fait le choix d’avoir mauvaise presse que de laisser prospérer un concurrent politique qui, plus que la plupart des opposants, dispose d’armes plus redoutables pour donner le change au président sortant et, éventuellement, l’évincer au suffrage universel. Qu’importe que Marafa Hamidou Yaya n’ait pas vu la couleur de l’argent de l’avion présidentiel. Pourvu qu’il soit bien au frais, loin des affaires. Et pour longtemps. E.P. 5 LIGNE DE MIRE N° 226 du 16 avril 2015 Les Nouvelles Me Alice Nkom, Avocat au Barreau du Cameroun DU PAYS «L'accusation n'a jamais pu démontrer la culpabilité de Monsieur Marafa» Me Alice Nkom est mieux placée que quiconque pour apprécier la manipulation de la justice dans l’affaire Marafa. Présente dans les dossiers dès le début, elle a été maintes fois témoin des violations des droits de la défense ainsi que des traitements inhumains infligés à Marafa Hamidou Yaya pendant les trois dernières années, depuis son arrestation jusqu’à sa condamnation à 25 ans de prison ferme. Cette spécialiste du droit et des droits humains est, sans équivoque, sur les manquements de notre justice et de la mainmise de l’Exécutif sur le pouvoir judiciaire qu’instrumentalise pour museler son concurrent. Elle réaffirme que Marafa Hamidou Yaya n’est plus ni moins qu’un prisonnier politique. Voilà trois ans qu’a démarré sur les chapeaux de roue ce qui est devenue «L’affaire Marafa», avec une arrestation théâtrale, un procès marathon et une condamnation maximale. La justice camerounaise a-t-elle été équitable tout au long de cette affaire ? Trois ans que le Ministre d’Etat, ancien Secrétaire Général de la Présidence de la République de Monsieur Paul Biya, croupit dans les annexes de la Présidence de la République et plus exactement dans une cellule du Secrétariat d’Etat à la Défense, le Sed où il a été conduit manu militari, après avoir été extirpé de force de la Prison centrale de Kondengui, comme pour bien rappeler à ceux qui en doutaient encore, que Marafa et le procès ainsi organisé à la hâte, sont essentiellement POLITIQUES ! Sans revenir sur les graves manquements aux droits de la défense tout au long de ce procès, je précise simplement que l’accusation n’a jamais pu démontrer la culpabilité de Monsieur Marafa. Bien au contraire, elle a établi qu’il n’a bénéficié d’aucun franc. C’est un procès inéquitable. Une honte pour notre pays, pour l’Afrique. Au Sénégal, sans me prononcer sur le fond, la justice qui semble avoir établi un détournement de fonds, a condamné le fils Wade à 6 ans de prison. Marafa est condamné pour une supposée complicité de détournement à 25 ans d’emprisonnement. Le procès Marafa a eu une très large audience Internationale, et aux yeux de tous en Afrique comme en Occident, ce procès, ce verdict sont la marque criarde d’une instrumentalisation politique de la justice. Depuis qu’il a été condamné, au terme d’un procès qui n’a convaincu personne, à 25 ans de prison ferme comme complice intellectuel, les commanditaires sont tranquilles, les prétendants au trône ont 25 ans pour installer tranquillement l’alternance, la relève, celle que le vice Premier Ministre, selon les révélations de Wikileaks, voyait sans un autre Beti après Biya- oh malheur ! Et telle une équipe de football qui mène son adversaire de 5 bons buts à quelques minutes de la fin du match, on joue tranquillement le temps, forcément votre allié désormais on ralentit son rythme, le rival est au frais et sous contrôle pour longtemps, pourquoi se presser, on contrôle le ballon ! Dans ce contexte de fin de règne essentiellement politique qui fonctionne désormais en mode élimination en vue d’une mise en place d’une équipe de remplacement destinée à la continuité du système et du maintien du pouvoir en mode «statu quo» pour éviter des lendemains de reddition de comptes et pertes de privilèges, le procès de Marafa peut désormais at- 6 dans ses mains la tête et le contrôle total du Pouvoir judiciaire. Les sceptiques n’ont qu’à bien se tenir. La loi ne prévoit aucune sanction contre une juridiction qui ne respecte pas les délais qu’elle prévoit pour statuer, mais il est bon qu’une Cour Suprême donne l’exemple du respect dû à la stricte application de la loi de la République, cela rassure le justiciable et contribue à instaurer un climat de confiance dans le peuple au nom de qui les Tribunaux et Cours rendent la justice. tendre.Attendre le plus longtemps possible, l’essentiel étant que ce temps soit utilisé au nettoyage d’éléments incontrôlables et peu sûrs qui occupent des postes stratégiques dans les différents secteurs des différents pouvoirs supposés être séparés dans la Constitution. Un tel contexte ne laisse aucune place à l’équité, à la justice, au respect des principes, des règles, de l’éthique ou de la déontologie : il est aveugle, sadique et essentiellement cynique, sans état d’âme surtout. Voilà pourquoi ce procès géré, bien loin du palais de justice, peut désormais trainer, l’essentiel ayant été accompli : c’est un tribunal, c’est la justice de son pays, une si belle et noble institution, qui met Marafa hors d’état de nuire à ses rivaux politiques. Il est facile de répondre comme partout : laissez la justice faire SON travail, non ? It makes sense… Assurés désormais qu’en 25 ans, Biya ne sera plus concerné par l’alternance selon une horloge biologique sur laquelle tout le monde peut désormais aisément parier en toute quiétude ! Dans l’affaire Marafa, la justice de notre pays est prise en tenaille, en étau entre les angoisses d’un Chef d’état, Paul Biya, à qui l’on a fait croire que Marafa constituait une menace immédiate, et les ambitions sournoises, lâches parce qu’inavouées de prébendiers du régime qui veulent perpétuer le système Biya après lui. Ils veulent congeler le pays sur les 25 prochaines années, et pour cela il faut éliminer Marafa. Dans ce schéma, Paul Biya est à la fois le seul responsable, mais ce n’est pas à lui que ce crime profite. En résumé, dans cette affaire, il y a un responsable, Paul Biya ; et des coupables à qui profite le crime, ce sont ceux qui ont monté le dossier ; il y a une victime, Marafa, et au-delà de lui, le Cameroun. Après la confirmation de sa condamnation par la Cour d’Appel, Marafa a aussitôt introduit un recours en cassation à la Cour Suprême. 30 mois plus tard, l’institution suprême n’a pas réagi alors même que la loi lui donne six mois pour se prononcer. Comment comprendre cette attitude de la plus haute juridiction de notre pays quand on sait que les autres instances judiciaires n’ont mis que six mois pour enrôler et boucler le dossier? Le principe du double degré de juridiction réservé à une personne condamnée en instance au Tribunal d’exercer le recours qui lui permet de saisir la Cour d’appel pour voir confirmer ou infirmer la décision du premier juge, a été supprimé dans les lois créant le Tribunal Criminel Spécial, seule instance compétente pour juger des détournements dont le montant est supérieur à 50.000.000 F. Ces lois étaient d’application immédiate, de sorte que Marafa ayant été jugé par le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi et s’agissant d’une affaire en cours, seule la voie du pourvoi en cassation lui restait ouverte. Ses conseils, en prévision de cette situation, avaient pris la précaution de former deux recours, l’appel et le pourvoi en cassation. La section spécialisée de la Cour Suprême ne peut connaitre que des recours exercés contre les jugements rendus par le TCS, et en aucun cas par une quelconque Cour d’Appel. Nous sommes au mois d’avril, la Cour Suprême n’a pas tenu une audience depuis le début de l’année. L’info au coeur du pays Vous avez suivi les changements intervenus récemment eu niveau de la Haute Juridiction, le Premier Président Alexis Dipanda Mouelle, le Procureur général près la Cour Suprême, et plusieurs conseillers, avocats généraux, et même certains présidents de section jugés «incontrôlables» et proches des chefs de cette Cour, ayant été purement et simplement écartés, sans forme ni ménagement. Une OPA de l’Exécutif sur le Judiciaire parfaitement réussie et très claire dans ses symboles : la volonté de remplacer le droit et la conscience du juge par des «hautes instructions» est très nettement perceptible dans ce mouvement judiciaire qui cache mal ses intentions interventionnistes aigues. Ceux qui pensent que la longévité de notre Premier Président devait justifier son départ à la retraite, doivent se souvenir que l’inamovibilité est le gage de l’indépendance de la justice. Il n y a qu’à se rappeler que les hauts gestionnaires de notre justice aujourd’hui ne sont autres que des magistrats de même grade, de la même ancienneté que ceux qu’ils ont brutalement et grossièrement jetés à la retraite de la manière la plus choquante qui soit, sans y mettre la moindre forme, sans le moindre égard ou respect pour les fonctions de la plus haute importance qu’ils ont occupée. Car ne l’oublions pas, le Premier Président de la Cour Suprême est le chef du Pouvoir Judiciaire, comme le Président de la République est le Chef du Pouvoir Exécutif. Ils se doivent mutuellement du respect et l’un est le garant constitutionnel de l’INDEPENDANCE de l’autre. Avec le dernier remaniement de la Cour Suprême, l’Exécutif s’est installé aux commandes de la Justice et récupéré Dans l’affaire Marafa, la plupart des observateurs disent que différents juges et juridictions ne sont que les porte-parole du politique. L’affaire Marafa est-elle une affaire politique ? L’affaire Marafa, je l’ai dit, est une affaire politique ; et après les débats publics devant le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi présidé par le Président Gilbert Schlick , l’opinion publique nationale et internationale a conclu que Marafa était un prisonnier politique, et que son arrestation, suivie de son emprisonnement et de sa condamnation à 25 ans de prison, n’avait rien à voir avec un quelconque détournement d’argent public lié à l’acquisition de l’avion BBJET commandé et fabriqué chez Boeing, et dont les suites judiciaires ont été réglées définitivement par les juridictions américaines par un accord signé par le Bâtonnier Akere Muna, avocat du Président de la République dûment mandaté par ce dernier à cette fin. La bataille de l’opinion à laquelle tenait beaucoup le Ministre d’Etat Marafa, aristocrate au sens noble du terme, et homme d’honneur et de grande dignité, lui qui, ayant eu le choix de partir au moment de son arrestation a choisi de rester au Cameroun pour laver son honneur, est aujourd’hui un citoyen à la conscience apaisée, comme hier un certain Mandela. Quelles que soient les condamnations passées et à venir absolument, tout le monde sait que celles-ci n’ont rien à voir avec le détournement des deniers publics destinés à la fabrication et l’acquisition de l’avion présidentiel. Il faudra désormais que ses geôliers gèrent séparément la violation de ses droits fondamentaux à travers ce procès impossible, et sa liberté hors du prétoire où il n’aurait jamais dû se trouver. Il faudra trouver le terrain approprié pour jouer désormais le jeu politique, comme il faut trouver un stade pour un match de football, ou un ring pour celui de boxe. A chaque jeu son terrain, ses règles, ses licenciés, ses arbitres, ses coaches ! Apparemment en face, ils n’ont rien prévu d’autre que le bras séculier de la justice pour régler des problèmes qui ne relèvent pas d’elle, ceci explique le ralentissement que l’on observe aujourd’hui dans la Les Nouvelles du Pays Les Nouvelles DU PAYS conduite de sa procédure. Comment reprendre le match en dehors de la justice dont on maîtrise tout, absolument tout, d’une main ferme et dictatoriale, sans libérer Marafa, sans être sûr qu’il a les mains et pieds liés et qu’il est totalement inopérant et inoffensif. Pour eux, c’est un casse-tête dans lequel ils se débattent parfois avec une violence inouïe, mais toujours avec une étonnante maladresse. Tenez, ils ont mené toutes sortes de démarches pour que le co-inculpé dans l’affaire de l’avion, rembourse la totalité de l’argent que la Snh, sur ordre donné par le Président de la République à travers le Ministre de l’Economie et des Finances, a viré dans le compte de la société américaine GIA – elle en a accusé réception et l’avion a été fabriqué – Le Ministre Marafa a refusé qu’un quelconque paiement pouvant être considéré comme représentant sa quote part dans le montant prétendument détourné soit payé à l’Etat dont il ne se reconnait débiteur de rien du tout – Yves Michel Fotso a remboursé sa part de rançon et n’est toujours pas sorti à ce jour, l’Etat n’étant pas prêt à voir Marafa libre sous aucun prétexte !!! Les adversaires de Marafa et Fotso veulent le beurre et l’argent du beurre, l’argent et la prison, la mise hors d’état de nuire pendant cette période de fin de règne et la volonté vitale de conserver le pouvoir après une issue fatale pour le Président Biya. Ceux qui connaissent bien le dossier disent que Marafa subit depuis son arrestation, et surtout pendant sa détention, des traitements dégradants, allant de l’humiliation aux actes de torture. Qu’en savezvous ? Pourquoi le Cameroun se laisse-t-il encore reprendre sur les droits humains alors qu’il fait des avancées sur d’autres domaines ? Les violations des droits de Marafa sont légions et de tous ordres. Je dois reconnaitre qu’il n’est pas le seul, j‘en dirai autant de Yves Michel Fotso, deux cas que je connais bien pour être leur conseil ! Je leur rends fréquemment visite, mais je n’ai pas le droit d’y apporter le moindre bout de papier, le moindre dossier. J’ai été arrêtée plusieurs fois, entendue sur procès-verbal parce que je tenais le livre «Le choix de l’action» écrit pendant sa détention par Marafa leur prisonnier, livre que je venais d’acheter dans un kiosque à Yaoundé ! On m’a arraché la photocopie d’un article intitulé «Lettre ouverte du ministre Owona Grégoire à son camarade du Rdpc», Membre du Bureau Politique, tirée du journal «Cameroon Tribune», classée dans le dossier que j’ai ouvert dans mon cabinet au nom de Marafa dont je suis toujours l’avocat, confisquée et placée sous scellé après m’avoir entendue sur procès-verbal. Nous sommes dans un pays, où nous partageons d’une manière bien particulière la devise «Paix – Travail – Patrie», où quotidiennement, un auxiliaire de Monsieur le Procureur de la République, le gendarme, peut, fusil en main, empêcher un auxiliaire de justice, l’avocat, de faire son travail. Malheur à celui, naïf comme moi, qui pense que le droit au travail est un droit fondamental sujet à la protection des officiers de police judiciaire que sont les gendarmes, il peut s’exposer à des surprises particulièrement désagréables et même plus !!!! J’ai beau expliquer que c’est en ma qualité d’avocat que je rends visite à Marafa ou Fotso, rien n’y fait, je n’ai aucun droit ni privilège de respect et de protection de ma profession. Quand on sait le violent et tragique sort qui a été réservé à l’infortunée Secrétaire de Marafa, dont on attend justement mais en vain, que les officiers de police judiciaire nous désignent l’auteur, en vue d’un jugement, il y a de quoi se poser des questions et craindre pour les limites que les acteurs du dossier Marafa refusent de se donner dans cette logique d’anéantissement aveugle destiné à éliminer Marafa du pouvoir, peu importe l’immensité et la qualité des dégâts collatéraux et leurs conséquences. Nous craignons aussi beaucoup pour son droit à la santé et nous demandons parfois si ses bourreaux ne seront pas tentés d’utiliser l’arme médicale locale pour en finir. Son dossier médical est connu bien avant son incarcération et l’absence de soin peut conduire à l’aggravation de son état de santé. Les autorités savent bien que Marafa doit bénéficier d’un suivi médical qui doit se poursuivre dans un établissement hospitalier d’un certain niveau inconnu au pays. Si on continue à considérer que ce droit est devenu une faveur laissée à la discrétion des détenteurs du droit de vie et de mort sur les citoyens camerounais libres ou en détention, et qu’il arrive à Marafa le sort qui a été celui de l’Ambassadeur Medouga, ou du Ministre Engoulou et bien d’autres connus ou inconnus, que retiendra l’histoire ? Mais je les entends dire, comme la Créature et avec une insupportable arrogance : «J’ASSUME…» Interview réalisée par Alex BEMA Les Nouvelles du Pays LIGNE DE MIRE N° 226 du 16 avril 2015 Affaire Marafa Hamidou Yaya La justice camerounaise peut-elle se regarder dans un miroir sans rougir ? Déjà trois ans que le ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya, haut commis de l’Etat et – très proche – ex collaborateur de Paul Biya pendant 17 ans, croupit au sous-sol de la «prison» secondaire du Sed à Yaoundé au prétexte d’une accusation non seulement jamais formellement établie au cours de l’instruction et encore moins pendant le procès, mais à tout le moins absurde. Une accusation d’autant plus absurde que la Cour Suprême qui, selon la loi, a six mois pour examiner son pourvoi introduit au lendemain de sa condamnation, éprouve toute la peine du monde à le faire … depuis deux ans et demie ! onvoqué devant un juge d’instruction le 16 avril 2012 et incarcéré le même jour à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, Marafa Hamidou Yaya moisit donc, à ce jour, en prison depuis exactement trois ans. Après sa spectaculaire inculpation suivie d’une incarcération-spectacle le même jour, les choses sont allées très vite. A la vitesse supersonique même : En l’espace de cinq mois – ce qu’on n’avait jamais vu au Cameroun - et qu’on n’a plus enregistré depuis lors – s’est tenu un procès-marathon qui a abouti à un peu glorieux verdict de 25 années d’emprisonnement ferme pour… «délit d’amitié» ! Car comment qualifier autrement le «crime» de «complicité intellectuelle de détournement de deniers publics» attribué par le président Gilbert Schlick à un accusé au départ inculpé de «détournement présumé de deniers publics en coaction», mais qui, au final – faute de l’ombre de la moindre preuve – a été condamné à un quart de siècle de réclusion, alors même - ô surprise ! - que les témoins de l’accusation n’ont cessé d’affirmer à tour de rôle le long des débats que le ministre d’Etat n’a jamais donné la moindre instruction, ni seulement C Marafa Hamidou Yaya, ovationné lors d’une sortie d’audience été informé du décaissement de la somme de 31 millions de dollars. Au cours de ce procès – qui est indubitablement entré dans la légende et qui livrera bien ses vrais dessous un beau jour – la justice camerounaise s’est comportée exactement comme un canard sans tête, ne cessant de battre des ailes et de courir. Par un de ces retournements de sens – dont le Cameroun a le secret depuis l’avènement du Renouveau – qui a estomaqué les plus grands spécialistes internationaux du Droit, la justice camerounaise a gardé de bout en bout du traitement de cette procédure une attitude de froideur tenace et d’arrogance butée qui n’a eu cure, à aucun moment, du «qu’en dirat-on» et encore moins du «qu’en pensera-t-on». Acrobaties judiciaires A l’examen rétrospectif des débats et de leurs stupéfiantes péripéties, le grand public a eu le loisir de réaliser sans effort que dans cette procédure menée tambour battant et au pas de course – pour des raisons évidentes – les acteurs de la justice de notre pays – et c’est le cas de le dire – se sont maintenus loin, très loin, de cette pseudo indépendance qui ne demeure que présumée, et surtout du simple bon sens. En dépit du principe qui interdit de commenter une décision de justice, comment ne pas relever le caractère vertigineux de la décision condamnant Marafa Hamidou Yaya à 25 ans d’emprisonnement ferme sans que la moindre preuve matérielle ait été établie ou brandie, sans même qu’un seul des multiples témoins de l’accusation - et pas L’info au coeur du pays même le ministre des finances de l’époque – Michel Meva’a M’Eboutou – qui a affirmé devant la barre avoir unilatéralement pris la décision d’ordonner le décaissement des fameux 31 millions de dollars - n’ait indexé ou confondu l’accusé Marafa Hamidou Yaya ? Faudrait-il alors se contenter de ce que l’on appelle «l’intime conviction du juge», alors que rien, mais absolument rien, ne permet d’asseoir une aussi grave décision ? Comment ne pas avoir la chair de poule – relativement à cette hypothétique «conviction» du juge – alors que, les débats avaient largement révélé que le prétexte même de l’ouverture et de la conduite de cette procédure de «détournement de deniers publics» n’a pu relever que de la prestidigitation ou de la haute voltige pour la simple, unique et fascinante raison que l’Etat du Cameroun avait été dédommagé par GIA international, cette société qui avait obtenu et détenu les 31 millions de dollars dix ans plus tôt au terme d’une procédure de règlement amiable - devant un tribunal américain ? Comment même comprendre que la Cour Suprême n’ait eu ni le temps – et encore moins le courage, ou même la simple honnêteté - d’examiner le pourvoi de Marafa Hamidou Yaya alors que six mois après le verdict lui ayant infligé 25 ans de taule pour la distraction des 31 millions de dollars, Me Akéré Muna, avocat de l’Etat du Cameroun avait révélé en public – et devant la presse nationale et internationale rassemblée à l’Hôtel Hilton de Yaoundé – qu’il avait bel et bien représenté l’Etat du Cameroun devant le juge des faillites de l’Etat de l’Oregon aux Etats-Unis, et que le Cameroun avait conséquemment été dédommagé au travers d’un avion d’une valeur de 16 millions de dollars et d’une consistante somme en espèces pour solde de tous comptes des 31 millions de dollars virés par la SNH sur instructions du ministre Meva’a M’Eboutou ? Impossible donc, au vu de tout cela, de ne pas être interdit de déduire que la décision finale de 25 ans d’emprisonnement infligée par le Tribunal de grande instance du Mfoundi à un accusé qui n’a ni obtenu, ni détenu la somme querellée n’a pu être légitimée qu’au prix d’acrobaties qui sont à l’éthique ce qu’est la margarine au beurre. On a beau retourner le cas Marafa Hamidou Yaya dans tous les sens, on ne peut ne pas manquer d’être suffoqué par le caractère froid, déterminé et implacable de la machine judiciaire camerounaise qui, sous le couvert d’une procédure juridiquement floue n’a guère eu froid aux yeux de prononcer une lourde condamnation à la base d’une accusation non seulement improbable, mais en réalité juridiquement incorrecte. Ce qui fait penser à cet inoubliable slogan d’une célèbre marque de soda américaine qui avait fait le tour du monde il y a quelques années : «ça a la couleur de l’alcool, l’odeur de l’alcool, le goût de l’alcool, mais ce n’est pas de l’alcool». Remplacez le mot alcool par Justice, et vous aurez le … goût de l’affaire Marafa ! Camille NELLE 7 LIG NE D E MIRE N° 226 du 16 avril 2015 Obsession Les Nouvelles DU PAYS Condamner et maintenir absolument Marafa Hamidou Yaya en prison Au terme des audiences surchauffées de l’affaire « Bbjet 2 » relatives au pseudo «détournement» en coaction de 31 millions de dollars destinés à l’achat d’un avion présidentiel, le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi avait frappé avec une brutalité aveugle, les yeux fermés et les deux index enfoncés dans les oreilles : 25 ans d’emprisonnement ferme infligés à cet ancien très proche collaborateur de Paul Biya qui n’avait ni obtenu, ni détenu ce gros magot. Pourtant dès le lendemain de cet épouvantable verdict, ceux qui avaient instruit l’arrestation et ordonné la lourde condamnation de l’ex-Minatd ont pris la mesure – pour ne pas dire la démesure - du caractère volatile et peu crédible de cette sanction. Il fallait donc trouver d’autres chefs d’accusations par tous les moyens pour définitivement clouer le ministre d’Etat au trou. On aura ainsi monté de toutes pièces une pléthore de minables enquêtes ou de fantasques procédures. Malheureusement toutes ces tentatives se sont muées en de lamentables et dérisoires «flops». e verdict de l’affaire Bbjet 2 prononcé, et le traditionnel coup de marteau sèchement frappé sur la table par le juge Gilbert Schlick, la salle d’audience du Tribunal de Grande Instance du Mfound a commencé à se vider à 4h du matin du 23 septembre 2012. Ce qui est certain est que tous ceux qui sortaient, fatigués et éreintés de cette salle d’audience au petit matin, alors qu’il y étaient entrés la veille en milieu de matinée, ont ressassé dans leurs esprits une foule de questions dans le sens de comprendre l’inculpation ainsi que la condamnation de Marafa Hamidou Yaya à l’aune des différents débats ayant meublé les audiences de ce procès qui s’était déroulé à la vitesse Grand V. Car, en revoyant rétrospectivement dans leurs têtes le déroulement des débats, ils avaient eu du mal à comprendre ce verdict, ne reposant, visiblement, sur aucune certitude. Conséquence, c’est tous et chacun qui se sont posé et se posent encore, trois ans après, des questions simples, mais ô combien pertinentes : «Marafa Hamidou Yaya avait-il pris l’initiative de commander cet avion ?» Réponse : NON. Et cela avait été mille et une fois répété au cours des au- L 8 diences successives par les témoins de l’accusation. La décision d’acheter, et même le choix arrêté sur le modèle Bbjet 2 avaient relevé du Chef de l’Etat en personne, avant d’être traité en premier lieu par Cyrille Etoundi – le prédécesseur d’Yves Michel Fotso à la Camair - avec le soutien constant de l’Etat-major particulier du Président de la République. Deuxième question qui avait tout autant obtenu une réponse incontestable le long des auditions : Marafa Hamidou Yaya avait-il ordonné, instruit - ou même seulement suggéré – de faire virer 31 millions de dollars en espèces par la SNH au bénéfice de la CBC et GIA international ? NON. D’ailleurs l’unique ordonnateur de cette opération – le ministre des finances de l’époque, Michel Meva’a M’Eboutou – comparaissant en qualité de témoin de l’accusation, avait fermement déclaré que c’est de son propre chef qu’il avait personnellement décidé de procéder à un règlement en espèces, et ce, pour la bonne raison qu’il lui avait semblé hors de question d’acquérir un avion présidentiel par le biais d’un crédit documentaire. Surabondamment, le témoin Meva’a M’Eboutou avait en outre précisé qu’il n’en avait même pas informé le Secrétaire Général de la Présidence, Marafa Hamidou Yaya. Autre lancinante question : Marafa Hamidou Yaya avait-il pris l’initiative de commander un deuxième avion présidentiel autre que celui initialement prévu ?NON, et c’est encore le ministre Meva’a M’Eboutou qui a révélé et soutenu que cette option avait été notifiée, en son temps, au constructeur Boeing par Jean Marie Atangana Mebara, successeur de Marafa Hamidou Yaya au Secrétariat Général à la Présidence de la République, au moment où celuici était ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation. Question suivante : Marafa Hamidou Yaya avait-il été associé ou même seulement informé de l’accord amiable conclu entre l’Etat camerounais et la société GIA international au terme duquel le Cameroun avait été indemnisé sur les 29 millions de dollars perçus par la société américaine, avec comme principal support l’engagement ferme pris entre les deux parties de renoncer à toutes poursuites ultérieures ? Une fois de plus la réponse est NON. Et ce qui est fort étonnant est que dans le settleman agreement paraphé par le représentant de l’Etat du Cameroun, la société GIA international et le juge du tribunal des faillites de l’Etat de l’Oregon, il était clairement stipulé que jamais l’une ou l’autre partie ne poursuivra l’autre et encore moins les employés de l’une ou l’autre partie. Il est donc patent que l’Etat du Cameroun a carrément violé cet ac- Marafa Hamidou Yaya, le rouleau compresseur en marche cord signé devant une instance judiciaire américaine en trainant ses propres commis et responsables devant la justice, bien qu’ayant recouvré une partie de la somme débloquée sur ordre du ministre Meva’a M’Eboutou. Il est tout autant difficile de comprendre cette option de la tenue d’une procédure judiciaire de détournement qui, de toute évidence, ne peut relever que de la construction mentale. En dépit de cette criarde absence de preuves matérielles, le Tribunal a néanmoins réussi l’acrobatique exploit de «reconnaitre» Marafa Hamidou Yaya coupable de «complicité intellectuelle» d’un détournement qui ne peut en être un dans la mesure où il est connu – et cela a été affirmé en public par le propre avocat de l’Etat ayant conduit ce dossier – que dix ans plus tôt l’Etat du Cameroun avait conclu un arrangement amiable avec la société qui avait perçu l’argent querellé. Voila la considération centrale qui justifie autant de questions. Des questions en tout cas légitimes à la simple analyse rétrospective de cette procédure de détournement de deniers publics qui ressemble à s’y méprendre à une fiction aussi viciée dans sa construction que vicieuse dans son retournement final. La suite Au lendemain du 22 septembre 2012 – date de la condamnation de Marafa Hamidou Yaya – la presse nationale et internationale avait exprimé à suffisance son scepticisme, de même que l’opinion nationale, dans sa large majorité, a eu du mal à gober la lourde condamnation judiciaire manquant indubitablement de crédibilité. Mais avant cela, le grand public avait eu droit – en guise d’avant goût – quelques mois plus tôt, à une première tentative, orchestrée par l’Etat, de mettre le haut commis Marafa Hamidou Yaya en indélicatesse avec la justice à travers une procédure de diffamation qui est entrée dans le registre du bêtisier judiciaire camerounais, tant elle a été grotesque, mais L’info au coeur du pays néanmoins révélatrice de la volonté forcenée, bête et même méchante du système judiciaire de notre pays que l’on a vu à la manœuvre. En Effet, avant de comparaitre devant le TGI du Mfoundi, Marafa Hamidou Yaya avait été trainé devant le Tribunal de Première Instance de Yaoundé pour répondre de l’accusation du délit de diffamation. Diffamation, avait-on appris, contre Ni John Fru Ndi le leader du Social Democratic Front. Il s’agissait bien d’une vieille procédure datant de 2008, qui avait effectivement été actionnée par le Chairman à la suite des fameuses émeutes du 28 février 2008. Dans la foulée de ces émeutes qui ont laissé de profondes séquelles dans notre pays, Marafa Hamidou Yaya, se fondant sur des informations lui ayant été transmises par ses Sous-préfets, avait publiquement affirmé lors d’une conférence de presse que Ni John Fru Ndi avait été aperçu dans son véhicule flanqué d’un dangereux repris de justice évadé de la prison de New Bell. Réfutant cette allégation, John Fru Ndi avait, dans un premier temps exigé des excuses du ministre. Faute de celles-ci, le leader du SDF avait saisi le tribunal de première instance de Bamenda. Jusqu’en 2010, cette procédure avait connu des péripéties diverses et se noya sans bruit à la suite de la décision de la Cour Suprême de dessaisir le tribunal de première instance de Bamenda. Encore qu’entre temps, le chairman avait laissé tomber l’affaire. Et c’est contre toute attente que trois mois après son incarcération à la prison de Kondengui – et pendant qu’il attendait d’être jugé pour l’affaire du détournement de fonds présumé que Marafa Hamidou Yaya se vit servir une notification d’huissier à comparaitre devant le TPI de Yaoundé pour répondre de la diffamation faite contre John Fru Ndi en 2008 ! Le Ministère Public était allé exhumer une affaire vieille de quatre ans. Personne n’avait été dupe, et encore moins John Fru Ndi - dont il faut saluer ici la dignité et la correction – qui refusa de s’associer à une si basse mas- carade en se désistant publiquement. Gros Jean comme devant, le Ministère public, pas le moins du monde démonté, mais décidé à aller le plus loin possible dans l’absurde, se chargea de susciter une deuxième affaire de diffamation. Mais cette fois intentée par un certain Bessong Georges, un assassin condamné à vie pour avoir assassiné un français à Douala en 2000. C’est son nom que le ministre Marafa avait cité comme ayant été en compagnie de John Fru Ndi. On voyait ainsi pour la première fois dans les annales judiciaires camerounaises, un tueur connu condamné à vie pour assassinat trainer un ministre devant le tribunal de première instance de Yaoundé – soutenu par le Ministère public ! C’était gros, et même grotesque. Heureusement, au-delà de son caractère burlesque et extravagant, cette procédure mourut rapidement de sa belle mort du fait de l’extinction de l’action publique pour cause de prescription. Mais le grand public a pu mesurer jusqu’à quel point le système judiciaire camerounais peut user d’expédients pour noyer à tout prix une de ses victimes désignées. Mais quelques mois après sa condamnation, on avait vu le Contrôle Supérieur de l’Etat s’activer à passer toute la gestion de Marafa Hamidou Yaya au Minatd pendant dix ans, poussant même le zèle à dépêcher des inspecteurs dans les différentes régions du pays pour vérifier si l’argent qui avait été confié au Minatd – destiné aux sous préfets pour l’appui de l’élection présidentielle de 2011- avait effectivement été utilisé comme prescrit. Les inspecteurs sont rentrés bredouilles et confus. Voilà donc comment la machine judiciaire camerounaise, incapable d’établir une accusation probante contre un haut commis de l’Etat - du reste connu jusqu’à son arrestation pour sa rigueur, et dont il fallait absolument déconstruire l’image et la personnalité – se trouve aujourd’hui coincé dans son propre engrenage. Cela fait trois ans que Marafa Hamidou Yaya est en prison, et deux ans et demie que la Cour Suprême s’obstine à ne pas examiner le pourvoi introduit pour son dossier dont il est juste question de savoir si les éléments constitutifs du détournement – ou même de la «complicité intellectuelle» de détournement - de deniers publics ayant fait l’objet d’un arrangement devant la justice américaine dix ans auparavant, sont constitués. Cela fait deux ans et demi que la Cour suprême camerounaise traine les pieds - alors que la loi ne lui octroie qu’un délai de six mois – pour pouvoir offrir aux camerounais le gage de sa crédibilité. Ce qui n’est qu’une exigence minimale pour redonner des couleurs à son image qui, il faut dire la vérité, demeure passablement brouillée. C.N Les Nouvelles du Pays Les Nouvelles DU PAYS LIGNE DE MIRE N° 226 du 16 avril 2015 Cabale Comment on veut présenter Marafa Hamidou Yaya comme un proscrit de la société A en croire les allégations savamment véhiculées par certains canaux de communication plus ou moins enrôlés pour les besoins d’on ne sait quelle cause, Marafa Hamidou Yaya ne serait rien de moins qu’un individu extrêmement dangereux pour le Cameroun. Est-ce pour cela que la machine judiciaire camerounaise l’a sommairement expédié en prison pour 25 ans au motif d’un délit qui n’existe même pas dans son code pénal ? Mais comme si cela ne suffisait pas, il faut qu’aux yeux des Camerounais il ne soit perçu que comme un impitoyable va-t-en guerre dont les deux seules ambitions seraient de faire un coup d’état, de tuer Paul Biya et de s’emparer du pouvoir. Au moment où, après sa sortie du gouvernement en décembre 2011, Marafa Hamidou Yaya avait entrepris une tournée dans les régions septentrionales du pays dans le but affirmé de féliciter les populations de cette partie du pays pour leur vote massif en faveur du candidat Paul Biya lors de l’élection présidentielle, une certaine presse spécialisée dans les invectives contre les hommes du sérail s’en était violemment pris à sa personne de façon répétitive, qualifiant sa tournée de «démonstration de force» (contre Paul Biya), avant de l’accuser sans ambages d’être «à la tête d’une armée de 8000 coupeurs de route» et même de «pactiser avec Boko Haram». De gravissimes accusations à l’encontre de l’un des hommes en lesquels Paul Biya avait confiance, cela n’avait pas manqué d’émouvoir observateurs politiques et spécialistes de politique en Afrique qui voyaient là un mauvais vent commencer à souffler contre l’un des hommes considérés comme les plus puissants du régime. Peu de personnes, à ce moment-là, auraient imaginé que ce n’était là que le début d’une stratégie de mutilation de son image dans la logique de présenter l’ex-proche collaborateur de Paul Biya comme un sinistre quidam qui se préparerait à mettre le Cameroun à feu et à sang. Cette campagne a duré exactement quatre mois avant que le Les Nouvelles du Pays Me Harissou / Aboubakar Sidiki, quand l’amitié avec Marafa devient un crime juge Magnaguemabe ne le jette en prison sans autre forme de procès. Il a, par la suite été cavalièrement condamné pour un détournement improbable de deniers publics. Mais la machine à cracher du venin ne s’est pas pour autant arrêtée. Rien ne sera plus ménagé pour lui tailler un costard de véritable proscrit qui ne penserait qu’à tout brûler ici, rien que pour la conquête du pouvoir…. Ternir l’image de Marafa L’un des plus hystériques pics de la déconstruction de l’image de Marafa Hamidou Yaya sera la fameuse cabale médiatique embouchée par le journal en ligne «Médiapart» avec un article à la gomme écrit à la va-vite par une certaine Mademoiselle Pigeaut qui n’ a pas fait moins que de présenter Marafa Hamidou Yaya – sur la base de recoupements absolument scabreux- comme le chef de file , et même le gourou d’une pseudo rébellion organisée dans la région de l’Extrême nord du Cameroun dans la prétendue logique de déstabiliser le Cameroun. Cette pigiste complètement ignorante des réalités de la sousrégion avait eu, on l’a compris par la suite, de formidables illusions d’optique. Des mirages qui lui avaient fait dire que ce n’est pas Boko Haram qui enlève les touristes au Cameroun et tue les populations. Pour cette apprentie journaliste, ce n’était pas les hommes d’Aboubakar Shekau, mais plutôt les hommes de Marafa Hamidou Yaya pourtant croupissant en prison. Cette thèse complètement tirée par les cheveux avait même fait les choux gras d’une presse locale paresseuse et alimenté de stridents débats dans les télévisions et même les chaumières. Il aura fallu que les incursions des islamistes s’intensifient au point de vouloir transformer les villages frontaliers du Cameroun en self-services pour miliciens de Boko Haram pour que la thèse Pigeaut soit jetée à la poubelle. Jusque-là, l’épouvantail Marafa continuait à faire peur. La preuve, tout a été fait pour créer une loufoque affaire d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat pour les besoins de laquelle les services de renseignements camerounais ont tout simplement arrêté et gardé au secret, Me Abdoulaye Harissou, notaire à Maroua, présenté aussitôt par une presse motivée comme «le notaire de Marafa» dont l’activité serait d’organiser la déstabilisation du Cameroun en partenariat avec les rebelles de la Seleka. Une histoire à donner envie de grimper aux murs, mais pour laquelle jusqu’à ce jour on n’a trouvé aucune preuve ni contre Me Harissou, ni même la plus infime collusion avec Marafa Hamidou Yaya. Malgré cela, le notaire croupit en prison et le temps a manifestement suspendu son vol L’info au coeur du pays pour ce qui le concerne ; car son dossier semble avoir été oublié dans un tiroir. Pourtant, devant les juges d’instruction du Tribunal militaire de Yaoundé, Me Harissou a fait éclater toutes les preuves non seulement de son innocence pour la grave accusation de terrorisme, mais en plus il a établi qu’il n’a jamais téléphoné à quiconque en Centrafrique au moment où on l’accuse de l’avoir fait, et davantage que tout le long de la période où on l’accuse d’avoir procédé à ces échanges téléphoniques, il se trouvait hors du Cameroun. Présenter Me Harissou comme bras séculier de la rébellion Pire, au moment de sa spectaculaire arrestation à Maroua, il était reproché au notaire d’avoir eu des conversations avec des complices n’étant autres que des préfets, souspréfets, et députés originaires du septentrion. Les journaux qui se faisaient fort de relater cette affaire avaient parlé d’une prétendue lettre qui confondait tous ces comploteurs. Un an après l’arrestation et la mise au secret de ce notaire, on n’a toujours pas encore mis la main sur un sous-préfet, un préfet ou un député du septentrion. A la réalité, les cerveaux malades qui ont décidé de procéder à l’arrestation du notaire Harissou avaient tout fait pour convaincre les sécurocrates du régime que les ressortissants du Nord du Cameroun seraient en train de murir une formidable conspiration. Une accusation extrêmement grave qui pourrait aboutir à des préjugés capables de détruire la cohésion nationale. Mis il faut dire que ceux qui tiennent absolument à ne donner de Marafa Hamidou Yaya que l’image d’un proscrit ont multiplié les mensonges les plus saugrenus et les plus absurdes. Après l’avoir présenté comme l’homme que préparaient les Français pour bouter Paul Biya du pouvoir, on n’a pas non plus hésité à le présenter comme le Camerounais soutenu par le Tchad pour atteindre cet objectif. Aujourd’hui, c’est ce même Tchad qui est venu à la rescousse du Cameroun contre Boko Haram, ce qui anéantit toutes les élucubrations inventées et entretenues par des irresponsables qui, certainement dans le but de célébrer indéfiniment Paul Biya comme un Bouddha vivant, font tout pour le persuader de ce que Marafa Hamidou Yaya serait l’antéchrist en personne. Malheureusement jusqu’à ce jour, aucun élément matériel n’est encore venu corroborer cette thèse farfelue. A ce jour, la manipulation permanente pour persuader l’opinion que Marafa Hamidou Yaya ne serait que Belzébuth en personne, a fait chou blanc. Camille NELLE 9 Les Nouvelles LIGNE DE MIRE N° 226 du 16 avril 2015 DU PAYS Affaire Marafa Trois ans de résistance au rouleau compresseur Tout de suite après sa mise sous l’éteignoir, Marafa Hamidou Yaya s’est mis à lutter contre l’oubli et l’anéantissement. De manière inattendue et imprévisible. usqu’ici, les prisonniers politiques et assimilés avaient stoïquement accepté et subi leur peine, fût-elle injuste. Mis à part Titus Edzoa qui, au bout d’une longue période de pénitence forcée, avait fini par commettre un ouvrage, tous, ou presque, ont décidé de souffrir le martyr. Le régime avait trouvé les arrestations spectaculaires et humiliantes et les procès expéditifs une parade pour liquider politiquement ses adversaires. Ainsi en a-t-il été de Marafa Hamidou Yaya, éjecté du gouvernement, poursuivi et précipitamment condamné dans l’affaire de l’avion présidentiel dite «Affaire Bbjet2». Avec cette condamnation, les stratèges du président Paul Biya, se frottent les mains et sabrent du champagne. Ils viennent de faire du bon boulot ! Et leur patron ne sera plus agacé par un collaborateur qui lui assène ses quatre vérités à la première occasion. Manque de pot, le temps d’avaler les premières gorgées de leur nectar, Marafa Hamidou Yaya qu’on croyait anéanti et réduit au silence, la ramène. Sous la forme d’une lettre ouverte au Chef de l’Etat. Il faut préciser que même en étant en prison, Marafa Hamidou Yaya gardait encore sa carte du Rdpc. C’est donc la première fois qu’un militant du Rdpc, fût-il déchu, apostrophe le président du parti et Chef de l’Etat. Jusqu’ici, les adresses publiques au Chef de l’Etat étaient restées l’apanage des leaders d’opposition et d’opinion. Bien sûr, ceux qui connaissent Marafa Hamidou Yaya savent qu’il ne s’est jamais retenu d’adresser une lettre au Chef de l’Etat quand la situation l’exigeait. Ainsi en est-il d’une lettre de mars 2008 alors qu’il était ministre de l’Administration territoriale dans laquelle il dénonçait la campagne de déstabilisation contre sa personne orchestrée par Amadou Ali, alors ministre de la Défense. Cette première lettre ouverte du prisonnier Marafa au Chef de l’Etat est donc un véritable coup de tonnerre dans le landerneau. Dans l’entourage de Paul Biya, on se hâte, on se précipite, on panique même. Le président lui-même ne décolère plus. On traque dans l’entourage du prisonnier Marafa ceux qui ont sorti la lettre de la prison. Un temps, on soupçonne même qu’il a engagé les services d’un scribe pour lui rédiger sa lettre. On décide alors d’un traitement plus rugueux, d’une surveillance plus stricte de l’emmerdeur de dormir en paix. Marafa Hamidou Yaya est même extrait de la prison centrale de Kondengui où se trouvent ses co-accusés et d’autres victimes de l’opération Epervier pour les cellules souterraines du Secrétariat d’Etat à la Défense où rien ne lui est plus toléré. Il lui est interdit toute visite, y compris celle de ses avocats conseils. Marafa comprend tout de suite que s’il ne prend pas le taureau par les cornes, on n’entendra plus parler de lui qu’au passé. Il refuse de se nourrir et menace de faire un scandale si ses conditions de détention ne sont pas améliorées. C’est J 10 ainsi que le rouleau compresseur ralentit sa marche. Ce qui laisse le temps à l’ancien Sgpr de bien peaufiner sa stratégie. Il publie à intervalles réguliers sept autres lettres ouvertes à ses compatriotes et/ou au Chef de l’Etat, en montant chaque fois d’un cran, dévoilant ses ambitions pour le Cameroun. Non sans mettre à nu les limites du Chef de l’Etat à continuer à diriger le Cameroun. C’est lui le premier à parler de manière tout à fait audible de l’après-Biya. Le débat était dans l’opinion depuis au moins 2011, mais était devenu une rengaine, un exutoire pour tous les aigris de la République et les opposants frustrés. Il aborde la question en exhibant son projet de société, «la société de confiance» qu’il appelle de tous ses vœux, qu’il tient à construire. Mieux, il se comporte en homme libre et ambitieux, bien qu’écroué. Yaoundé perd le sommeil, multiplie de vigilance et de coups tortus, mais n’en mène pas large, car, résolument, Marafa prend du volume au fil du temps. Il a désormais la main et le régime de Yaoundé est à la traîne. Il contribue en homme d’Etat à la vie de la nation, donnant son avis avec lucidité sur l’actualité du pays. Par exemple, un mois après l’enlèvement de plus de 200 lycéennes au Nigeria, il signe un article dans le journal français «Le Monde» pour prendre position et mobiliser la Communauté nationale et internationale contre les criminels de Boko Haram, auteurs de ces crimes odieux et de bien d’autres, aussi bien sur le sol nigérian que sur celui du Cameroun : «Aussi, je lance un appel à tous mes compatriotes, à tous les chefs traditionnels, à toutes les populations de l’Afrique en miniature qu’est le Cameroun, et qui par- tage une frontière de 2000 kilomètres avec le Nigeria. Mobilisons-nous contre ces criminels et leur projet de terre brûlée, coopérons avec les pouvoirs publics, cessons de vivre dans la peur et la résignation. Ne nous rendons pas complices par inaction, car nous nous rendrions victimes. Ne nous laissons pas déposséder de notre passé et de notre avenir par des terroristes. Moi le Camerounais, qui suis fier que la grande mosquée de Yaoundé se trouve sur l’avenue JeanPaul-II, je lance aussi un appel aux autorités religieuses et aux lamidos, les chefs des communautés musulmanes d’Afrique de l’Ouest. Dénoncez cette instrumentalisation de la religion à des fins de mort et de violence sans but. Dites que Boko Haram est l’ennemi de l’islam comme des chrétiens. Prêchez que la religion véritable promeut l’harmonie.» Marafa Hamidou Yaya La position de Marafa est de loin la plus mémorable des hommes politiques du Cameroun, si l’on excepte la prise de parole officielle du Chef de l’Etat à différentes occasions sur le sujet. Le renforcement de la garde autour de lui et le durcissement des conditions de sa détention n’ont pas empêché l’ancien Minadt de passer à une autre étape de sa production éditoriale. La publication de «Le choix de l’action» est un pas décisif dans la gestion d’une carrière qui semble commencer maintenant seulement. Il n’est pas exagéré de comparer «Le choix de l’action» à «L’audace de l’espoir» qui lance la campagne qui conduira Barack Obama à la Maison Blanche aux EtatsUnis. La seule différence étant que l’un avait toute sa liberté, l’autre pas. Provisoirement ? Alex BEMA Le leader incontesté du Septentrion Même privé de liberté, Marafa continue à avoir de l’influence dans le Grand nord. Les jeux de chaises musicales du pouvoir n’y change rien. Marafa tient encore le Grand nord et Etoudi a les insomnies. ronie du sort, Paul Biya tient son pouvoir d’Ahmadou Ahidjo, un homme du Nord et 33 ans plus tard, alors qu’on parle de plus en plus de la fin de son règne, c’est un homme du Nord qui lui donne les insomnies. Marafa Hamidou Yaya est aujourd’hui sans conteste la personnalité politique la plus populaire dans la partie septentrionale du Cameroun. Pas seulement parce que dans sa peur panique, Etoudi en a fait un prisonnier politique et donc un martyr, mais aussi et surtout parce que depuis l’avènement du Renouveau en 1982, il n’a jamais existé une personnalité aussi puissante dans cette partie du pays. Etoudi s’en mord les doigts aujourd’hui parce qu’en incarcérant Marafa Hamidou Yaya dans les conditions que l’on sait, il a diminué de manière significative son influence dans le septentrion. Une faute stratégique quand on sait d’où Paul Biya revient après sa cassure avec son parrain et ancien président Ahmadou Ahidjo. L’eau est dans le gaz dès août 83 quand Paul Biya annonce que les forces de sécurité ont déjoué un complot visant à le renverser. Les choses se gâtent définitivement après le 6 avril 84. Il y a eu une tentative maîtrisée de renversement du nouveau régime. Les renseignements généraux et les services spéciaux pointent du doigt les principaux dignitaires de la province du Nord de l’époque, province d’origine d’Ahmadou Ahidjo. Par mesure de répression, Paul Biya engage une chasse aux sorcières. Et tous les piliers du régime d’Ahidjo tombent. Parmi ceux-ci, Ousmane Mey de l’actuel Extrême Nord, Moussa Yaya Sarkifada de l’actuel Nord et Sadou Daoudou de l’actuel Adamaoua. La crise entre Ahidjo et Biya menace de désagréger le septentrion. En tout cas, Biya perd pratiquement le Nord puisque presque tous les fidèles de l’ancien président sont soit incarcérés, soit écartés du pouvoir. Les rescapés luttent pour l’oubli. Ainsi de Bello Bouba qui fuit vers le Nigeria avant de revenir dans les oripeaux d’opposant. Ainsi d’Issa Tchiroma, prisonnier putschiste gracié en 90, ensuite opposant opportuniste et enfin collabo, ou de Dakolé Daïssala, la voix rocailleuse de l’Extrême Nord, lui aussi prisonnier I gracié et opposant de fortune. C’est l’heure de la recomposition. Beaucoup jouent sur la corde de la discorde entre l’ancien et l’actuel président de la République et tentent de faire mousser leur cote. Pris en otage par les ahidjoïstes, Paul Biya entreprend de créer de toute pièce des contrepoids. Ainsi naissent les Amadou Ali ou Cavayé Yéguié dans l’Extrême Nord. D’ailleurs l’éclatement de l’ancienne province du Nord en trois provinces (l’Extrême Nord, le Nord et l’Adamaoua) participe de cette stratégie anti-ahidjohiste. Ayant éclaté le Nord, Paul Biya joue désormais la carte de l’Extrême Nord, la région la plus peuplée du Cameroun.Ainsi pourra-t-il contourner le Nord frondeur et rebelle. Malheureusement, ses nouveaux chevaux sont de pacotille. Ils n’ont pas droit au chapitre à Garoua la ville du premier président du Cameroun que Paul Biya a humilié, jugé, condamné à mort et poussé à l’exil. C’est un antécédent que le chef de l’Etat ne parvient pas à vider. La nomination de Sadou Hayatou, fils de Garoua, de bonne naissance, au poste de Premier ministre atténue à peine le différend. Mais l’arrivée de Marafa aux affaires est une belle réponse à Garoua, alors tenu par l’Undp de Bello Bouba, Issa Tchiroma ouAhmadou Moustapha des ahidjoïstes prostitués. Tout aristocrate qu’il est, il est proche des gens et le reste en dépit de son ascension fulgurante. Il retourne à Garoua et met les militants du parti au travail. Le Rdpc prend racine dans le Nord et reprend vie, notamment en arrachant des sièges de députés à l’Undp. Tout cela est à mettre au crédit de Marafa. Sa chute entraîne inéluctablement un vide qu’il faut combler. Mais comment le combler ? Il faut surtout préserver les acquis. Mais quand le Rdpc fait le point, il n’y a personne à Garoua susceptible de remettre le parti sur pied. Surtout que depuis sa prison, Marafa, par ses activités éditoriales, mène la vie dure au régime de Yaoundé et gagne en popularité, les gens percevant l’image d’un fils du pays sacrifié à l’autel de la real politique. Ils ne cachent pas leur rejet du parti au pouvoir et la situation n’est pas différente de celle de 1984, L’info au coeur du pays après le putsch manqué du 6 avril ? Sauf que cette fois, ce n’est pas Garoua qui est honni et persécuté, mais c’est Garoua qui tourne le dos au parti régnant et manifeste sans fioriture son courroux. De nouveau, les stratèges du Renouveau doivent faire feu de tout bois. Au risque de provoquer une grogne difficile à maîtriser ailleurs dans le pays, ils font relâcher, en grande pompe, Haman Adama de la même région que l’ancien Sgpr, condamnée pour détournement dans son ministère, celui de l’Education de base. Elle a miraculeusement remboursé les sommes supposées détournées et a été libérée à une vitesse supersonique alors que Yves Michel Fotso, par exemple, continue de croupir en prison après avoir remboursé le corps du délit dans l’affaire Bbjet2. Au regard des résultats de cette prouesse stratégique des conseillers du président Paul Biya, Haman Adama pèse comme une plume d’oiseau. Ils se ravisent et sortent, tel un prestidigitateur, un lapin de son chapeau,AminatouAhidjo, la benjamine de l’ancien président. Lui donne-t-on l’élixir du bonheur ? Toujours est-il que la jeune dame lâche le clan familial, dont sa mère qui n’a jamais décoléré du sort réservé à son époux et qui a une dent dure contre Paul Biya qu’elle dit avoir pouponné, pour rallier le camp ennemi. Chez les Peuhls, pour atteindre un tel niveau de trahison, il faut avoir rageusement décapé son âme. Au prix de quoi ? Peu importe, elle a été appelée au secours du régime de Yaoundé pour sauver Garoua, c’est-à-dire le Nord de l’emprise de Marafa Hamidou Yaya. Au bout d’un discours inaudible parce que perçu comme de la traîtrise, et de quelques meetings financés à grands frais par le contribuable, Aminatou Ahidjo va disparaître de la circulation. A-t-elle fini par comprendre l’entourloupe où on l’a entraînée ou a-t-elle compris qu’elle s’engageait dans un combat terriblement inégal ? Toujours est-il que Mademoiselle a débarrassé le plancher sans même attendre que Marafa soit vraiment anéanti. Trois ans après son emprisonnement, Marafa n’a rien perdu de sa popularité dans le Nord. Malgré les efforts du pouvoir. Il en faut un peu plus. A.B. Les Nouvelles du Pays Les Nouvelles AU Q UOTIDIEN DU PAYS Gestion du Droit d’auteur N° 226 du 16 avril 2015 Ama Tutu Muna lâche Romeo Dika L’ex candidat au poste de Pca de la Socam souhaite, vraisemblablement , que la refondation de la gestion du droit d’auteur se fasse à l’abri de ceux qu’il qualifie d’ivrognes, de calomniateurs, de jaloux et de fauteurs de trouble au profil bokoharamique. La position de la Ministre des arts et de la culture est aux antipodes de la stigmatisation et de l’exclusion. La contradiction a été relevée à Douala, à l’occasion de la remise des guitares à 170 artistes musiciens. a Ministre des Arts et de la Culture a presque désavoué Romeo Dika. C’est du moins l’avis de nombreux observateur présents, ce vendredi 03 avril, à l’esplanade de la délégation régionale des Arts et de la Culture du Littoral. La grande famille des artistes musiciens s’y était retrouvée pour recevoir un don de 170 guitares offertes par le Syndicat camerounais des musiciens (Sycamu), en partenariat avec la fédération internationale des musiciens (Fim) et le Ministère des Arts et de la Culture. Pour l’auteur de «Le mari de ma femme», le milieu des artistes musicien est infesté de «vendeurs d’illusions, de manipulateurs, se conduisant à travers des actes bokoharamiques pour déstabiliser la paix sociale». Roméo Dika, qui se considère comme le fils spirituel de Joseph Charles Doumba et le fils tout court de Paul Biya, affirme avoir contribué à l’implantation de la politique culturelle du Président de la République. A ce titre, le challenger de Ndedi Eyango à la dernière élection à la présidence du conseil d’administration de la Socam pense que la réconciliation prônée par la Déclaration de Douala (lue par Esso Essomba), et le plaidoyer pour la création d’une nouvelle société de gestion des droits d’auteurs de l’art musical (soutenu par Salle John et Joe Mboule) ne sauraient intégrer des confrères à la faiblesse intellectuelle établie, ou ceux qui ont «choisi de faire du bruit au lieu d’agir». «Rien ne se fera dans l’ivresse, la calomnie, la jalousie, le non respect de l’autorité de l’Etat», a lancé le militant du Rdpc. De l’avis donc de Roméo Dika, qui annonce au passage avoir été blanchi par le producteur et ami, Moussa Haïssam, des accusations de détournement de plus de 40 millions de francs à la Socam, la déclaration de Douala doit se faire sur des bases de paix, de concorde, du respect des valeurs intrinsèques des uns et de la capacité à manager des autres. Bref, il opte pour le choix des hommes et des femmes qui ont fait comme lui le «choix de la collaboration responsable avec le gouvernement». Le moins qu’on puisse dire est que Roméo Dika était convaincu de ses idées. Il en était même très attaché au point de susciter de l’émotion. Les yeux larmoyants, il saisira même l’occasion pour pardonner, malgré tout, à tous ceux qui l’ont calomnié ou diffamé. Mais madame la ministre n’y a vu que de la stigmatisation et de l’exclusion. «J’aurais souhaité que Sam Mbende, Papillon, Ndedi Eyango, Petit Pays soient ici aujourd’hui», tranchera-t-elle nettement avec les propos de Roméo Dika. «Je vous envoie L Les Nouvelles du Pays Ama Tutu Muna / Roméo Dika, divorce consommé ? en mission pour aller les chercher. Qu’ils viennent et qu’ensemble nous pussions construire votre maison. Vos droits d’auteur vous appartiennent, c’est à vous de décider de la manière par laquelle ils vont être gérés. C’est à vous de décider de ce que vous souhaitez faire de votre maison», lance- ra-t-elle aux artistes avant d’indiquer qu’aucune nouvelle société de gestion des droits d’auteur ne sera mise sur pied dans le contexte actuel miné par les querelles et les divisions. «Il faut que tout le monde revienne dans une seule maison. Je ne donnerai pas d’agrément à un groupe d’artistes. Demandez à tous ceux qui aiment les artistes de se mettre ensemble. Il s’agit d’associer et de préserver vos droits. Allez dire à Sam Mbende que les portes de mon bureau lui sont ouvertes comme d’habitude…», martèlera Ama Tutu Muna. La Ministre ira plus loin en signifiant son souhait de voir de Conciliabule nouveaux visages prendre les rênes de la gestion des droits d’auteurs au Cameroun. A ce propos, elle demandera aux aînés comme Salle John et les autres de devenir des conseillers pour la nouvelle génération. Un véritable camouflet pour les protagonistes qui tiennent les devants de la scène aujourd’hui. Pour montrer sa volonté de tourner la page des intrigues, Madame la ministre remettra personnellement une guitare au très bouillant Joe la Conscience qui, quelques minutes avant, a fortement perturbé la cérémonie en indiquant bruyamment que «la Cour suprême du Cameroun a rétabli la CMC dans ses droits » et que la ministre devait respecter les décisions de justice. Pour son courage et sa témérité, Joe la Conscience décrochera, séance tenante, en plus d’une guitare, une invitation à une rencontre avec la ministre dans ses bureaux à Yaoundé. Certainement pour débattre des questions liées au retour de la sérénité dans le monde des artistes musiciens camerounais. Ive TSOPGUE Sam Mbende et Ndedi Eyango saisissent la perche d’Ama Tutu Muna Ils ont répondu favorablement à l’appel du ministre des arts et de la culture pour ramener la paix dans la maison des artistes musiciens. Les deux leaders ont même déjà formulé les propositions qu’ils vont émettre à la plateforme de concertation. près la sortie d’Ama Tutu Muna du vendredi 03 avril 2015 à Douala, les réactions de Sam Mbende et de Ndedi Eyango étaient très attendues. Ce d’autant plus que les deux artistes sont depuis 2008 au centre des querelles qui perturbent la collecte et la distribution du droit d’auteur du domaine musical au Cameroun. L’un est le Pca de la Cmc dont les résolutions de l’assemblée générale du 10 mai 2008 ont été annulées et l’agrément retiré par la Mincult. L’autre est le Pca de la Socam dont l’élection du 02 novembre 2013 a été invalidée par la tutelle. Ama Tutu Muna avait cependant émis le vœu de voir ces deux leaders se joindre à une large concertation pour juguler la crise qui divise la grande famille des artistes musiciens. Les deux Pca n’ont pas tardé à se manifester. Les deux hommes se sont exprimés au cours d’une A conférence conjointe organisée ce 13 avril 2015 à Douala. D’entrée de jeu, ils ont fait le constat de ce que «l’interventionnisme du Ministère des arts et de la culture et ses décisions querellés n’ont occasionné, à ce jour, que des préjudices irréparables tant aux dirigeants, aux membres de la Cmc et de la Socam qu’à leurs personnels, en ce que leurs droits sont demeurés irrémédiablement compromis». Les deux Pca ont ensuite annoncé la signature d’un protocole d’accord entre leurs deux structures «pour le rétablissement de la normalité dans la gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur du domaine musical ».C’est dans cet optique qu’ils ont choisi de répondre favorablement à l’appel du la Mincult. Il s’agit, indiquent Sam Mbende et Ndedi Eyango, d’une démarche patriotique fondée sur leur engagement à servir le droit d’auL’info au coeur du pays teur et leur «attachement aux normes de la paix, de la solidarité, de l’éthique et de l’équité» qui devrait aboutir «au choix de l’émergence d’un seul organisme de gestion collective de droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur du domaine musical fort, en conformité avec les dispositions réglementaires et législatives en matière de droit d’auteur au Cameroun». Les Pca de la Cmc et de la Socam s’inscrivent donc en faux contre toute idée de création d’une nouvelle société de gestion du droit d’auteur soutenue par un groupe d’artistes qui entendent faire perdurer l’imposture. Ils sont donc favorables à la mise sur pied d’une plateforme de concertation devant aboutir à un large consensus. De l’avis des deux leaders, cette concertation pourrait par exemple se pencher sur «le choix d’une société au final, laquelle serait l’une ou l’autre structure (Cmc ou Socam, ndlr) ; la modification des statuts et règlements de la société choisie ; un conseil d’administration consensuel sans exclusive.» Et au finish, on devrait déboucher sur «l’organisation d’une assemblée générale extraordinaire de refondation qui approuvera ou rejettera les propositions sus-évoquées.» Mais, Sam Mbende et Ndedi Eyango sont conscients de l’existence des goulots d’étranglements. C’est pourquoi ils mettent en garde les artistes épris de paix et de justice contre les risques de désinformation. «Nous en appelons donc à la vigilance encore plus accrue de tous les artistes musiciens face aux manipulations grossières, aux intoxications mensongères, aux machinations grotesques et à une politisation outrancière du droit d’auteur.», clament-ils. Roméo Dika va certainement se sentir piqué. I.T 11 Les Nouvelles AU Q UOTID IEN N° 226 du 16 avril 2015 DU PAYS Rapprochement Cmc/Socam Que cherche Ama Tutu Muna ? La Minarc dit vouloir mettre un terme aux divisions dans la maison des artistes musiciens. Mais quel crédit doit-on accorder à un membre du gouvernement qui a brillé par ses actes de défiance à l’égard du pouvoir judiciaire. n la savait plutôt braquée contre Sam Mbende et Ndedi Eyango. La Minarc a poussé plus loin son animosité contre ces deux artistes de renom du paysage musical camerounais au point de donner l’impression de renier l’autorité du pouvoir judiciaire. Mais le 03 avril dernier, Ama Tutu Muna a surpris plus d’un observateur présent à l’esplanade de la délégation régionale du ministère des arts et de la culture du Littoral. La Minarc a fait la sourde oreille face aux appels à l’octroie d’agrément à une nouvelle société de gestion collective des droits d’auteurs de l’art musical au Cameroun. Les artistes musiciens qui ont formulé cet appel étaient manifestement acquis à la cause de Roméo Dika. Ce dernier est considéré, à tort ou à raison, dans le milieu, comme le protégé de la Ministre. Coup de tonnerre ! Ama Tutu Muna veut désormais voir Sam Mbende et Ndedi Eyango. Elle croit savoir que la maison des artistes ne O Photo de famille après la distribution des guitares aux artistes en annonçant l’ouverture de larges peut se construire en l’absence de consultations pour la refondation de ces deux ténors. Qu’est ce qui a donc la gestion du droit d’auteur de l’art pu se passer dans l’esprit de Madame musical, la Minarc pourrait redorer la ministre ? S’est–elle finalement le blason d’un département ministélassée de six années d’une intermiriel qui aura échoué dans ses misnable guéguerre qu’elle a elle-même sions régaliennes de promotion du occasionnée ? Ou alors a-t-elle reçu patrimoine culturel national. instruction de sa hiérarchie de mettre Mais jusqu’où devrait-on croire fin à la récréation ? Quoiqu’il en soit, Déclaration en la sincérité de la ministre ? En acceptant la main tendue du Minarc, Sam Mbende et Ndedi Eyango n’ont pas manqué de souligner que «d’autres acteurs s’emploient à faire passer dans l’opinion que la Ministre des arts et de la culture, au détour des statuts d’une société de droit d’auteur mise sur pied par le Comité de normalisation des organismes de gestion collective du droit d’auteur, prépare ainsi le lit de la création d’une nouvelle société de droit d’auteur». Si les appréhensions de ceux qui se considèrent encore comme Pca de la Cmc et de la Socam sont fondées, on serait tenté de croire que Madame la ministre aurait imaginé un stratagème qui consisterait à rouler Sam Mbende et Ndedi Eyango dans la farine en les conviant à une rencontre dont les résolutions ont été définies à l’avance. Dans ce cas de figure, les présences de Sam Mbende et Ndedi Eyango devraient crédibiliser une concertation qui viserait à adouber la Minarc ainsi que les nouveaux hommes qu’elle s’ap- prêterait à désigner à la tête de la nouvelle société de gestion du droit d’auteur. Même en refusant la main tendue de la Minarc, les Pca de la Cmc et de la Socam ne sont pas à l’abri du piège. Dans ce deuxième cas de figure, Ils pourraient logiquement «servir de boucs émissaires à certains pour justifier les problèmes de fond à l’origine du blocage actuel…» Sam Mbende et Ndedi Eyango sont donc à la croisée des chemins. Ils ont certes déjà choisi de se présenter à la table des négociations. A l’issue de leur rapprochement, ils ont convenu que l’une de leurs deux entreprises devrait être choisie pour gérer le droit d’auteur. Cette idée pourrait fortement troubler les plans de la Ministre. A condition que la communauté des artistes ait suffisamment de cran pour indiquer au Minarc que son droit de regard, en tant que tutelle, ne saurait se muer en droit d’ingérence. I.T Minsanté : détournement de 200 millions Fcfa destinés au Samu ! L e Service d’aide médicale d’urgence(Samu) créé en 2004 par une circulaire ministérielle pour améliorer la prise en charge des urgences pré-hospitalières au Cameroun court toujours après son autonomie financière. Selon cette circulaire, chaque hôpital de référence de la ville abritant une unité du Samu devait lui verser 500.000 FCFA/mois ; la barre des hôpitaux de district (Hd) était fixée à 100.000 FCFA/mois pendant que les centres médicaux d’arrondissement (Cma) devaient contribuer mensuellement au fonctionnement du Samu à hauteur de 50.000 FCFA. Mais, cet engagement n’a duré que le temps de l’euphorie. Les hôpitaux publics qui devaient, à travers cet acte de générosité, assurer le gros du financement du Samu ont massivement répondu aux abonnés absents dès les premiers mois ; sous prétexte qu’ils sont eux aussi confrontés à des difficultés financières. Ce qui n’est d’ailleurs pas faux. Seulement, face à la débandade inattendue des établissements publics de soins de santé, il ne restait plus que le service aux usagers retenu par la circulaire ministérielle comme seconde source de financement. Le Samu s’est donc tourné vers la rue en intensifiant le transport des accidentés de la voie publique et le transfèrement des patients vers les hôpitaux à 15.000 FCFA en dehors du périmètre urbain et 10.000 FCFA dans le périmètre urbain. Là aussi, des écueils se pointent. Les services jugés onéreux par des usagers intéressent finalement peu de monde. Ils sont même qualifiés d’élitistes. Par conséquent, le Samu affaibli financièrement peine à respecter ses engagements vis-à-vis notamment des personnels d’astreinte et donc à satisfaire la poignée de personnes qui sollicite ses services. Consciente du rôle du Samu dans la sécurité du patient, l’Association «Action pour l’Humanisation des Hôpitaux» (Acthu) tire la 12 sonnette d’alarme en 2009 en interpellant les pouvoirs publics sur la précarité financière de l’ «hôpital hors les murs» camerounais. Parmi ses huit propositions d’urgence contenues dans un communiqué de presse, Acthu demande entre autres aux pouvoirs publics de doter le Samu d’une personnalité juridique et morale autonome et de lui octroyer des crédits de fonctionnement et d’investissement. Ce cri de détresse a reçu un écho favorable auprès de l’Etat qui a aussitôt commencé à appuyer financièrement le Samu. C’est ainsi qu’en 2010, Samu-Douala et Samu-Yaoundé reçoivent, pour chaque structure, un transfert de capital de 50 millions de FCFA dans le cadre du budget d’investissement public (Bip). Mais, le rêve entretemps devenu réalité se transforme vite en cauchemar. Les structures bénéficiaires ne reçoivent pas les fonds décaissés par les pouvoirs publics. En 2011, l’Etat revoit les subventions à la baisse. Il accorde cette fois-là 25 millions de FCFA à Samu-Douala, 25 millions de FCFA à SamuYaoundé et 25 millions de FCFA à SamuGaroua. Comme l’année précédente, les bénéficiaires attendent de toucher la manne de l’Etat, en vain. Plus grave, Samu-Garoua est, à ce jour, une structure fictive. Certains responsables de l’hôpital central de Garoua qui doit loger le Samu disent n’avoir jamais entendu parler de ce service ou d’une quelconque dotation de l’Etat à ce sujet. En 2012, les subventions sont accordées avec des détails en moins. Cette année, le Budget d’investissement public octroie 50 millions de FCFA au Samu sans préciser les structures cibles comme dans les années antérieures. Ce qui ne change rien au fond puisque les différents services du Samu attendent toujours leur part pour accroitre leurs performances. Au total, ce sont quelques 225 millions de FCFA destinés aux caisses des structures béné- ficiaires du Samu qui ont été détournés. Autant on peut se féliciter du geste des pouvoirs publics vis-à-vis d’un service à l’agonie, autant on doit condamner le laxisme des services de contrôle de l’Etat. Il revient au Ministère de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire d’enregistrer les besoins des départements ministériels, de planifier le financement des projets en fonction des priorités et de la disponibilité des fonds et d’assurer le suivi de l’exécution desdits projets. Une vérification rigoureuse aurait permis non seulement de constater que les sommes décaissées pendant trois ans ne sont jamais arrivées à bon port et donc d’arrêter à temps ce détournement de fonds ; mais surtout de se rendre compte que par exemple, Samu-Garoua qui a bénéficié de 25 millions de FCFA en 2011 est une structure fictive étant donné que jusqu’ici, seules les villes de Douala et Yaoundé abritent officiellement des services du Samu. En exerçant leur droit de regard, les services compétents auraient remarqué que les demandes de financement avaient des objectifs autres que le soutien financier du Samu comme le laissait croire le Ministère de la Santé publique. Mais, ce Ministère est coutumier des détournements des fonds destinés à des projets de santé. En 2005, les pouvoirs publics à travers le Bip accordent la somme de 35 millions de FCfa et le matériel médical d’une valeur de 11 millions de FCfa pour la construction et l’équipement du centre de santé intégré de Banya I à Yabassi dans le département du Nkam. L’argent détourné, est partagé entre certains individus sans scrupule et le matériel médical destiné au projet est abandonné dans une pièce de l’hôpital de district de la localité. Quatre ans plus tard, les pouvoirs publics, décaissent à nouveau 15 millions de FCfa pour «le parachèvement de la construction» de ce centre de santé qui, curieusement, n’existe nulle part. L’info au coeur du pays Sous la pression d’Acthu, ce centre a été finalement construit en 2011. Dans la farce des subventions de l’Etat, les différents responsables des démembrements du Samu sont apparemment les seuls dindons. Depuis 2010, ils font état de leurs besoins au Ministère de la santé publique. Mais, à leur grande surprise, le Minsanté indifférent à ces mémoires de dépenses continue d’entretenir le flou sur la gestion des financements du Bip octroyés au Samu. Pourtant, le Samu a cruellement besoin de cet argent voire plus pour sortir de l’agonie où il se trouve ! N’ayant pas de personnel, le Samu doit payer les primes de garde et d’astreinte aux personnels des hôpitaux qu’il utilise au quotidien, assurer leur formation sur les gestes de premiers secours, sensibiliser les populations sur ses activités. En plus, il faut des locaux, des outils de communication modernes, des médicaments de premiers secours et du matériel roulant. Acthu interpelle la Commission Nationale Anti-Corruption (Conac), le Contrôle Supérieur de l’Etat (Consupe) et d’autres structures chargées de veiller à l’assainissement des finances publiques afin que toute la lumière soit faite sur les subventions accordées au Samu par l’Etat de 2010 à 2013. Ce sera justice faite. Fait à Douala, le 15 Avril 2015 Pour le Bureau Exécutif d’ACTHU Locka Eitel Le Fondateur Contact : 696781299 Email: [email protected] www.acthu.jimdo.com Facebook : action pour humanisation des hôpitaux Les Nouvelles du Pays
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