Démarche diagnostique devant un retard statural Dr Frédérique GATELAIS Département de Pédiatrie, CHU Angers Première situation Taille <- 2 DS pour l’âge «circonstance classique» Deuxième situation Infléchissement statural = la courbe staturale quitte sa DS Cassure >>> signe la brutalité du processus sous jacent Tumeur, cause psycho-sociale Infléchissement progressif Toujours anormal entre 3 et 8 ans Peut être physiologique entre 0 et 4 ans : attention si on s’éloigne de la T cible entre 8 ans et la fin de l’adolescence : attention si on Troisième situation La courbe staturale est très inférieure (= 2 DS en dessous) à ce que l’on attend des tailles familiales Taille cible corrigée garçon : (Tmère + Tpère)/2 + 9 cm Taille cible garçon : (Tmère + Tpère + 13)/2 Taille cible corrigée fille : (Tmère + Tpère)/2 -3 cm Taille cible fille : (Tmère + Tpère - 13)/2 Les grands cadres étiologiques - 4 axes pathologiques principaux - 2 variantes de la normale - 1 situation frontière Les quatre cadres pathologiques Nutrition Alimentation (carence, anorexie) Absorption intestinale (maladie coeliaque, maladie de Crohn, mucoviscidose) Entraîne souvent un infléchissement progressif Fonctions hormonales Hormone de croissance (déficit) Hormones thyroïdiennes (hypothyroïdie) Cortisol (hypercorticisme endogène ou iatrogène) Sensibilité à l’hormone de croissance (production d’IGF-I) Entraîne un infléchissement progressif ou brutal (tumeur) Les quatre cadres pathologiques Equilibre énergétique toutes les maladies chroniques peuvent retentir sur la croissance : maladies rénales, asthme, mucoviscidose, cardiopathies, hépatopathies, maladies inflammatoires, déficit immunitaires… Entraîne souvent un infléchissement progressif Squelette réceptif Maladies osseuses constitutionnelles Syndrome de Turner (fille) Entraîne souvent un infléchissement progressif ou une croissance régulière sur une DS faible Ce qui n’est pas pathologique Les extrêmes de la normale Les petites tailles constitutionnelles ou familiales ou idiopathiques (ATCD familiaux de petite taille) Entraîne souvent une croissance régulière sur une DS faible La taille est conforme à la taille cible génétique attention aux MOC, au Turner Le retard simple de croissance et de puberté (ATCD familiaux de retard pubertaire) Entraîne un infléchissement péripubertaire modéré La situation frontière = le RCIU Physiologie ou Pathologie ? Retard de croissance intra utérin TN et/ou PN < - 2 DS / âge gestationnel Courbe Usher et McLean Les RCIU sans rattrapage Naître avec un RCIU entraîne un déficit de taille finale de # 1 DS Entraîne souvent une croissance régulière sur une DS faible RCIU syndromiques : Syndrome de Silver-Russel RCIU squelettiques : MOC, Turner La plupart des enfants nés SGA et qui ne rattraperont pas sont repérables dés 6 mois-1an. Usher 40 SA 47,5 cm Karlberg J, Albertsson-Wikland K. Pediatr Res 1995;38:733–9. Démarche diagnostique FAIRE LA COURBE DE CROISSANCE régulière, infléchissement, cassure RELEVER LES TAILLES FAMILIALES Taille cible RELEVER LES MENSURATIONS DE NAISSANCE RCIU RECHERCHER DES SIGNES FONCTIONNELS Nutrition, digestif (D abdominales, nausées, vomissements, diarrhées) Frilosité, asthénie, nycturie : hypophyse, thyroïde Céphalées, signes visuels : Tumeur de la région hypophysaire EXAMEN PHYSIQUE Général, pression artérielle, stade pubertaire EFFECTUER UN AGE OSSEUX RADIOGRAPHIE DE LA MAIN ET DU POIGNET GAUCHE (attention aux erreurs d’interprétation selon le sexe) En l’absence d’orientation précise On évoque toujours Un déficit nutritionnel (anorexie, malabsorption) Une maladie chronique insidieuse (rein) Un syndrome de Turner chez la fille Un déficit en GH Bilan complémentaire type Si CASSURE : IRM Sinon Age osseux Ac anti endomysium, Ac anti transglutaminase NFS, CRP Iono sang, RA, Ca, Ph, Ph alcalines, urée, créatinine IGF-1 + IGF-BP3 T4, TSH, PRL Test de stimulation de la GH : après élimination des autres Dg Fille : on évoque toujours un Turner (caryotype) Rx squelette (surtout si petites tailles familiales ou RCIU sans rattrapage post natal) à l’enfant et ses parents Tests de stimulation de la GH Interprêter un test de stimulation de la GH : Déficit GH : pic de GH< 20 mUI/L lors de 2 tests de stimulation, l’un simple, l’autre combiné Plusieurs stimuli sont utilisés pour les tests ornithine hypoglycémie insulinique arginine-insuline glucagon-betaxolol Inutiles en cas de maladie chronique, pathologie nutritionnelle, hypothyroïdie. La spécificité des tests pour le diagnostic de déficit GH est mauvaise avant la puberté Dg de GHD Repose sur un faisceau d’arguments élimination des autres causes de retard statural vitesse de croissance faible en période péripubertaire : discuter la répétition des tests après sensibilisation avec 17 bêta oestradiol (fille) ou testostérone (garçon) recherche de déficit antéhypophysaire multiple : thyréotrope, gonadotrope, corticotrope recherche d’une cause organique (tumeur), ou malformative (interruption de tige pituitaire, post hypophyse ectopique) Discuter la mesure de la concentration moyenne de GH sur la période nocturne ou sur la journée Le plus fréquent Le retard simple de croissance et de puberté Diagnostic d’élimination Diagnostic présomptif Retard simple : infléchissement entre 8 et 13 ans - ATCD familiaux de puberté tardive - ATCD familial infertilité = 0 - Infléchissement statural progressif et modéré (< 1 DS) - Pas de cassure de la courbe de taille - VC accordée à AO retardé AO<13 ans - Anosmie = 0 - Signes HTIC ou déficit visuel = 0 - Pas de signe de déficit hormonal multiple - Pas d’obésité - Pas de cryptorchidie ni micropénis PAULINE •12 ans 9 mois •Infléchissement statural •Puberté : A1 P2 S1 R0 Quel diagnostic ? Quels examens complémentaires? IRM HYPOPHYSAIRE Craniopharyngiome de 25 mm de diamètre Exploration de la fonction hypophysaire: IGF1= 71 ng/ml (N=247-396) IGFBP3= 2550 ng/ml (N=689-2370) Pic de GH lors de l’hypoglycémie insulinique= 1,3 ng/ml Déficit somatotrope Réponse du cortisol et de l’ACTH lors de l’hypoglycémie: Cortisol s’élève de 11,5 à 16,8 µg/dl (N>18) ACTH s’élève de 15 à 29 pg/ml Déficit corticotrope partiel T4l= 9,3 pmol/l (N=12-21) TSH= 1,7 mU/l (N=0,10-4,5) Déficit thyréotrope Test à la LH-RH : pic LH= 0,9 U/l pic FSH= 4,2 U/l Déficit gonadotrope Prolactine= 39 ng/ml (1-15) Compression de la tige pituitaire Pas de diabète insipide EVOLUTION •Traitement chirurgical •En post opératoire : Panhypopituitarisme avec diabète insipide •Traitement substitutif : LT4 HOC Minirin GH Estrogènes Florian Exemple Raphaël P 39 SA TN 47 cm PN 2950 g Père 180 cm PC 33 cm Mère 160 cm Vu à 11 ans 6 mois Retard statural T 126 cm (-3 DS) A1P1 G1 Examen clinique normal Bilan IGF-1 271 ng/mL IGFBP3 3093 ng/mL T4L 8,8 pmol/L ( 7,5 – 21,1) TSH 1,91 mUI/L Arginine insuline pic 10,8 µUI/L Iono sang normal Maladie coéliaque négatif 45 X (12%) / 46 XY (88%) Démarche diagnostique devant une grande taille Consultations moins fréquentes que les retards staturaux Enfants rarement gênés, sauf extrêmes… 2 situations: grande taille avec VC régulière, sans accélération grande taille avec accélération staturale Éliminer une endocrinopathie Hyperthyroidie: 1. accélération récente de la VC 2. Dysthyroidie clinique (sueurs, diarrhée, amaigrissement, hyperexcitation, signes oculaires) 3. Bilan thyroïdien anormal: TSH abaissée, T3 et T4 élevées, Ac positifs 4. Écho thyroïdienne Eliminer une endocrinopathie Puberté précoce Accélération récente de la VC Signes pubertaires: cf stade de tanner AO avancé Explorations hormonales /test LHRH Echo pelvienne IRM hypophysaire Eliminer une endocrinopathie Sécrétion excessive de GH Accélération récente de la GH AO avancé Signes cliniques: traits grossiers Explorations hormonales/ HGPO IRM hypophysaire Grande taille constitutionnelle VC régulière, au dessus de la taille cible génétique AO peu avancé Examen clinique normal Explorations hormonales normales Possibilité d’un ttt freinateur si gène psychologique et pronostic >185 cm filles >200 cm garçons
© Copyright 2025