«CE QU`IL EN EST DES HA- BITANTS D`AUTRES PLA

CE QU’IL EN EST DES
HABITANTS D’AUTRES
PLANÈTES ET DE
LEUR NATURE, NOUS
L’IGNORONS
Dans une note de L’Idée d’une histoire
universelle, le philosophe Emmanuel Kant
se demande si la justice universelle ne
serait pas plus simple pour les habitants
des autres planètes.
Se placer du point de vue d’un extraterrestre, ou du point de vue d’un être
humain du futur permet-il de réfléchir à
l’art, la science, la raison, la politique ?
Intervenants:
SYLVIE ALLOUCHE
Ancienne élève de l’École Normale
Supérieure de la rue d’Ulm, Sylvie Allouche
a suivi un parcours à la fois scientifique
et littéraire avant de devenir docteure et
enseignante en philosophie. Elle a enseigné
ou bénéficié de bourses dans diverses
universités européennes. Spécialiste de la
science-fiction, elle a coorganisé le mois
de la SF à l’École Normale Supérieure.
Cherchant à élaborer une méthode
d’exploration systématique des possibles,
ses travaux visent à la fois à philosopher
avec la fiction (en particulier la sciencefiction et les séries télévisées) et à
réfléchir aux enjeux spéculatifs de la
transformation technologique du corps
humain, autrement dit à penser la
posthumanité.
DAMIEN AIRAULT
Sorti de l’Ecole du Magasin de Grenoble
en 2002, Damien Airault est commissaire
d’exposition et critique d’art. Il a co-dirigé
l’association parisienne Le Commissariat
(...) un film de propagande chinois, BUP
devient encore plus vrai… Dans ses
derniers films, il rencontre frontalement
la science-fiction, ou bien elle le rattrape :
Les Dépossédés, empreint de cyberculture,
traverse le transhumanisme, les jeux vidéo,
les ondes géostationnaires, la biologie.
Dans Hillbrow, un quartier postmoderne de
Johannesbourg où il réactive le quotidien
des habitants, la ville devient celle du
monde de l’« après ». Enfin, dans Psaume
(encore inédit), il fictionnalise un monde
futur, ramenant étrangement celui-ci aux
complaintes, à la violence et à la poésie
des psaumes.
ALAIN DELLA NEGRA ET
KAORI KINOSHITA
Formés au Studio National des Arts du
Fresnoy au début des années 2000, Alain
della Negra et Kaori Kinoshita travaillent
ensemble à la réalisation de films entre
documentaire et fiction, d’installations,
de
performances. Passionnés
par
l’anticipation, ils peuvent faire du tournage
d’un film un outil pour faciliter des
rencontres ou faire, avec une méthode
quasi-anthropologique, une observation
participative au sein de communautés qui
tentent, aujourd’hui, de vivre un ailleurs ou
un futur quelque part entre post-humanité,
nouvelles technologies et chamanisme.
Ils préparent un projet en collaboration
avec la communauté des Raéliens selon
qui l’humanité est née de la rencontre
avec des habitants d’autres planètes, et
travaillent parallèlement à un film qui
imagine pour la société japonaise un futur
dans lequel les femmes auraient disparu.
CATHERINE DUFOUR
Ecrivaine et lectrice minutieuse de tous
les genres littéraires, Catherine Dufour
est l’auteure d’une tétralogie de fantasy
exaltée, Quand les dieux buvaient, de
pendant quatre ans et fait partie des
fondateurs de l’espace indépendant Treize.
Est-il possible de reconstituer une des plus
grandes expositions pluri-disciplinaires et
trans-historiques du XXe siècle, quand il
n’en reste pas, ou presque pas, de traces ?
En se plongeant dans les archives de
l’exposition Science-Fiction organisée
par l’influent Harald Szeemann en 1967,
Damien Airault observe la manière dont
le
commissaire
d’exposition-auteur
exposait le fonds d’archives, de pulps,
d’objets et d’images vernaculaires de
Pierre Versins, en les confrontant à des
pratiques d’artistes. La question est
aussi de comprendre ce qu’étaient alors
les rapports entre art et science-fiction,
à travers une exposition emblématique
qui est surtout connue aujourd’hui
par son énigmatique catalogue, prisé
du fandom comme des historiens de l’art.
NICOLAS BOONE
Certains se souviennent des tournages
sans caméra mimés à grand renfort de
figurants et de mégaphone qu’organisait
Nicolas Boone au sortir de l’Ecole des
Beaux-Arts de Paris. De nombreuses villes
ont sans doute encore en mémoire ses
tournages-fêtes où au milieu d’un pré, d’un
stade ou devant un château, majorettes,
membres de clubs sportifs variés,
fanfares, clubs de tuning, pompiers, maire,
et acteurs, participaient à l’élaboration de
films de genre orgiaques et inquiétants,
au milieu des mouvements précipités de
l’équipe technique (qui apparaissait-ellemême dans le film). Nicolas Boone, artiste,
cinéaste, a réalisé plusieurs séries de
films d’anticipation politique, qui décrivent
avec la même énergie des sociétés
tentaculaires, des foules cannibales, des
monologues sur la fin du monde.
Dans sa série d’anticipation BUP, Nicolas
Boone montre l’explosion de la Modernité,
notre présent ; dans Le rêve de Bailu, (...)
plusieurs romans et de nouvelles qui
revisitent avec un humour corrosif aussi
bien la littérature du XIXe siècle que les
contes et romans pour jeunes adultes.
Elle a fait paraître en 2005 Le Goût de
l’immortalité, son premier projet de
science-fiction, dont la genèse emprunte
aux Mémoires d’Hadrien de Marguerite
Yourcenar, au cyberpunk, à Fritz Lang,
Laclos, Blade Runner. On y découvre
l’histoire d’une vieille dame de l’an 2304
qui raconte sa jeunesse, sa mort et les
formules qui l’ont rendue immortelle,
dressant au passage une description
violente et empreinte d’humour noir
d’une humanité occupée à prolonger par
la technologie et le chamanisme des vies
déjà mortes, ou presque.
KAPWANI KIWANGA
Kapwani Kiwanga est artiste, a étudié
l’Anthropologie au Canada, tourné des
documentaires en Ecosse, participé au
programme La Seine des Beaux-arts
de Paris et est passée par le studio
national des arts du Fresnoy. Son intérêt
pour les récits historiques, les archives
et les traditions orales l’ont conduite à
élaborer des films, des installations et des
performances dans lesquelles elle remet
en jeu les narrations dominantes et en
explore les interstices.
Dans son cycle Afrogalactica (2011-2012),
une série de conférences-performances,
elle incarne une chercheuse du futur,
anthropologue de l’an 2278, et mêle analyse
historique, imaginaire afrofuturiste et
anticipation politique, autour de la figure
fondatrice du musicien Sun Ra, auteur du
flamboyant space opera militant Space Is
the Place.
PIERRE LAGRANGE,
Sociologue formé à l’Ecole des Mines et à
l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, enseignant à l’Ecole Supérieure (...)
(...) d’Art d’Avignon et chercheur associé
au LAHIC, Pierre Lagrange s’est spécialisé
dans l’étude des “savoirs rejetés”, à propos
desquels on mobilise souvent des termes
comme ceux de croyance, d’irrationnel, de
pseudoscience, et dont les porte-paroles
aspirent à les rapprocher des sciences légitimes. Sa recherche propose de décrire,
par des enquêtes empruntant à l’ethnographie, comment la distinction entre
pratiques scientifiques acceptées et pratiques scientifiques dites déviantes (parapsychologie, cryptozoologie, occultisme
ou ufologie) se construit et reconstruit
sans cesse.
La science-fiction se heurte parfois aux
para-sciences et leur emprunte autant
qu’elle leur confie certains de ses objets.
Pierre Lagrange excelle à montrer que
certaines des figures les plus connues
d’extraterrestres (les petits hommes
verts, les ET de Roswell, ou les little greys
des récits d’enlèvements américains)
ont aussi une histoire et sans doute une
anthropologie.
MICHÈLE MARTEL ET
BENJAMIN HOCHART
« Faire un travail qui n’est pas le simple
résultat d’un protocole de production mais
une trace résiduelle de l’apparition de la
forme » : Benjamin Hochart est artiste,
et pratique le dessin de manière élargie.
Avec lui, Michèle Martel, docteure en
Histoire de l’art, spécialiste d’Hans Arp et
enseignante à l’ESAM Caen/Cherbourg,
propose une contribution commune, faite
d’allers-retours entre textes de l’écrivain
J.G. Ballard, images issues du mouvement
pop, œuvres spatialistes de Lucio Fontana,
et cinéma de science-fiction mainstream ;
ils observent l’apparition d’images au
prisme de la littérature de science-fiction.
Projection d’un film d’HÉLÈNE MEISEL
Hélène Meisel est historienne de l’art.
Ses recherches l’ont amenée à écrire
des critiques sur de multiples artistes,
à collaborer souvent avec eux, à
expérimenter la conférence-performance
et le film-conférence.
Elle a mené une enquête sur le festival
international de la science-fiction de Metz
(1976-1986) qui recevait tous les grands
noms de la science-fiction à une époque
où elle devenait populaire et grand public
en France. Suivre ce festival ouvert par
une conférence mémorable de Philip K.
Dick, c’est aussi toucher la réception de
la science-fiction en France pendant une
décennie.
Scénographie de FABRICE CROUX avec les
étudiants de l’ESACM
Formé à La Villa Arson à Nice, à l’école
supérieure d’art de Grenoble et à L’ESAA
d’Annecy, Fabrice Croux est artiste et
compose des récits à partir d’objets, de
textures, de décors. C’est aussi un fin
connaisseur du cinéma de science-fiction,
et les ambiances délétères des décors en
carton-pâte éclairés de rose, jaune ou vert,
des films de Mario Bava, ou le monolithe
épuré de 2001 L’odyssée de l’espace sont
pour lui des matériaux d’étude autant que
de travail.
PROGRAMME
1ère journée
SOUVENIRS DU FUTUR1
14h - Introduction de Louise Hervé et Chloé Maillet
14h30 - Damien Airault,
« Archéologie de l’exposition Science-fiction (1967) »
15h30 - Projection : Hélène Meisel,
« 1976-1986, le Festival International de la Science-fiction de Metz »
16h - Kapwani Kiwanga, « Autour d’Afrogalactica »
2ème journée
Matinée :
DES HOMMES, DES DIEUX ET DES EXTRA-TERRESTRES2
9h30 - Pierre Lagrange,
« Les différents modes d’existence des extraterrestres :
des petits hommes verts au paradoxe de Fermi »
10h30 - Alain della Negra et Kaori Kinoshita,
« Du cyborg au mutant »
11h30 - Catherine Dufour,
« Genèse du roman Le Goût de l’immortalité, 2005 »
Après-midi :
LES SCULPTEURS DE NUAGE DE CORAL-D3
14h - Sylvie Allouche,
« Arts de Science fiction »
15h - Michèle Martel et Benjamin Hochart,
« Montages : Atrocités et traces de doigts »
16h - Nicolas Boone,
« Rencontre avec la science-fiction »
après E. von Däniken
après W. Stoczkowski
3
après J.G. Ballard
1
2
«CE QU’IL
EN EST
DES HABITANTS
D’AUTRES
PLANÈTES ET
DE LEUR
NATURE,
NOUS
L’IGNORONS»
E SA
CM
EMMANUEL KANT
E SA
CM
29 ET 30
AVRIL 2015
ESACM
LE GRAND ATELIER
PRÉPARÉ ET PENSÉ PAR
LOUISE HERVÉ ET
CHLOÉ MAILLET
AVEC LES
INTERVENTIONS DE :
DAMIEN AIRAULT
SYLVIE ALLOUCHE
NICOLAS BOONE
ALAIN DELLA NEGRA
ET KAORI KINOSHITA
CATHERINE DUFOUR
BENJAMIN HOCHART
KAPWANI KIWANGA
PIERRE LAGRANGE
MICHÈLE MARTEL
SCÉNOGRAPHIE
FABRICE CROUX
ÉCOLE
SUPÉRIEURE
D’ART
DE CLERMONT
MÉTROPOLE
25 RUE KESSLER
63000 CLERMONT
-FERRAND
T. 04 73 17 36 10
WWW.ESACM.FR
OUVERT AU PUBLIC
SANS INSCRIPTION
29/04 : 14H-17H
30/04 : 9H30-12H30
ET 14H-17H
Langage martien transcrit
par Helène Smith d’après
Théodore Flournoy,
Des Indes à la planète
Mars : étude sur un cas de
somnambulisme avec glossolalie, première édition
Genève et Paris, 1900.