Approche documentaire MP* 14/15 ` EFFET TUNNEL MICROSCOPE A Document 1 : description d’un microscope ` a effet tunnel Le microscope a` effet tunnel, connu sous l’acronyme STM, est la premi`ere des sondes locales `a balayage ` a avoir permis l’observation directe d’atomes ` a la surface d’un solide. Il a ´et´e mis au point en 1981 par G.Binnig et H.Rohrer, chercheurs au laboratoire d’IBM ` a Zurich. Ils re¸curent en r´ecompense de leurs travaux le prix Nobel en 1986. Le fonctionnement du STM est sch´ematiquement illustr´e sur la figure ci-dessous : ! Un dispositif m´ecanique permet une premi`ere approche d’une pointe m´etallique conductrice, g´en´eralement en tungst`ene ou en alliage de platine iridium, vers la surface ` a ´etudier d’un ´echantillon conducteur ou semi-conducteur. La distance entre la pointe et la surface est alors d’environ 1nm, ce qui correspond `a quelques plans atomiques. Pour les ´electrons de la surface ou de la pointe, il est classiquement impossible de traverser l’intervalle de vide qui s´epare la pointe de la surface. En effet, pour qu’un ´electron puisse s’extraire d’un conducteur, une ´energie doit lui ˆetre fourni, on l’appelle travail de sortie Φ. Toutefois, lors de l’application d’une faible tension de polarisation continue Vt entre la pointe et l’´echantillon, qui forment les deux ´electrodes de la jonction, il apparaˆıt un courant d’intensit´e It . Des c´eramiques pi´ezo´electriques permettent de r´ealiser un balayage de la surface de l’´echantillon avec pr´ecision (de l’ordre du pm pour les d´eplacements perpendiculaires `a la surface, et de l’ordre de la dizaine de pm pour les d´eplacements parall`eles ` a cette derni`ere). Un syst`eme ´electronique et informatique permet ensuite la d´etection et l’amplification du courant It , le pilotage avec asservissement de la pointe, le traitement et la visualisation des donn´ees. Document 2 : effet tunnel Rappel sur l’effet tunnel : lorsqu’un quanton (ici un ´electron) d’´energie E arrive sur une barri`ere de potentiel, de largeur L et de hauteur Vo > E, il poss`ede une probabilit´e non nulle de franchir cette barri`ere, et le facteur de transmission associ´e est donn´e par : r 1 Vo2 2m(Vo − E) T = avec M = et k2 = 2 4E(V − E) ~2 1 + M sinh (k2 L) o Ce coefficient de transmission admet une expression simplifi´ee lorsque k2 L >> 1. 1 Document 3 : intensit´ e d’un STM et ordres de grandeurs Les mesures effectu´ees avec le STM permettent de montrer que, `a tension impos´ee, log(It ) varie avec la distance z entre la pointe et la surface de la fa¸con approch´ee selon la courbe ci-dessous. De plus, on peut montrer que pour de faibles tensions Vt appliqu´ees, le courant It varie proportionnellement `a Vt , `a z fix´e. Les valeurs typiques des param`etres sont : de l’ordre du nA pour It , de la centaine de mV pour Vt , de 4 ` a 5 eV pour Φ et de quelques dixi`emes de nm pour z. Toutefois, une analyse plus compl`ete montre que le courant ne d´epend pas uniquement de la distance entre la surface et la pointe, mais ´egalement de la densit´e ´electronique `a l’endroit o` u se trouve la pointe sur la surface de l’´echantillon. Si la pointe rencontre un endroit de la surface o` u il existe une densit´e ´electronique tr`es ´elev´ee, alors un fort courant sera ´emis et on observera l’image d’une bosse. Tr`es souvent, une forte densit´e ´electronique correspond ` a ` a la pr´esence d’un atome, mais il peut arriver que des poches d’´electrons soient pr´esentes entre les atomes. Document 4 : modes topographiques d’un STM ! Il y a deux modes de fonctionnement possibles pour effectuer de l’imagerie avec un STM : • le mode ` a courant constant : c’est le mode le plus couramment utilis´e. On asservit la position verticale de la pointe pour que le courant tunnel reste constant, et on enregistre la hauteur de la pointe Z en fonction de ces coordonn´ees lat´erales X et Y . • le mode ` a hauteur constante : il est possible d’atteindre des vitesse de balayages plus importantes en d´epla¸cant la pointe au-dessus de la surface sans ajuster sa hauteur, et en enregistrant les variations du courant tunnel en fonction des coordonn´ees lat´erales X et Y . Modes `a intensit´e constante `a gauche, hauteur constante ` a droite Document 5 : contraintes exp´ erimentales La mise en oeuvre exp´erimentale fait ressortir quelques contraintes exp´erimentales fortes. Etant donn´es les ordres de grandeur de la distance pointe-surface, il ne faut pas que l’apex de la pointe pr´esente des asp´erit´es. Les pointes sont donc effil´ees ´electrochimiquement, et sont construites avec des mat´eriaux r´esistants. Leur finesse intervient directement dans la r´esolution du STM (90% du courant tunnel circule entre l’atome ` a l’extr´emit´e de la pointe et celui de l’´echantillon le plus proche), c’est pour cela qu’on essaie d’obtenir des pointes dont le bout est compos´e d’un atome unique. Le microscope doit ˆetre construit avec des mat´eriaux tr`es rigides, et isol´e des vibrations ext´erieures, qui peuvent perturber les mesures. Le microscope est donc pos´e sur une couche de mousse, filtrant les hautes fr´equences, elle-mˆeme coll´ee sur un socle en granit poss´edant des pieds anti-vibration, filtrant les basses fr´equences. Il est utilisable `a, l’air, dans un liquide, ` a basse temp´erature ou en ultravide. C’est dans cette derni`ere configuration qu’on obtient les meilleurs images. 2 Document 6 : utilisations d’un STM Les images obtenues avec un STM donnent des renseignements sur la topographie et la densit´e ´electronique ` a la surface du mat´eriau. La mesure de diff´erences de conductivit´e sur celle-ci est aussi possible. On l’utilise en vue de contrˆ ole d’´etats de surface mais on peut aussi l’utiliser pour d´eplacer des atomes ! C’est une microscopie relativement bon march´e (8000 e), moins ch`ere que la microscopie `a force atomique, ou ´electronique. QUESTIONS Apr`es lecture du document, r´epondre aux questions suivantes : 1) Donner au moins 4 facteurs essentiels dans l’obtention d’une image `a la r´esolution atomique avec un STM. 2) Le STM permet-il de voir, aux sens strict du terme, les atomes ? 3) Pourquoi faut-il, ` a priori, utiliser une pointe en platine iridi´e plutˆot qu’en fer ? Qu’apporte le travail sous ultravide ? 4) Proposer une expression math´ematique reliant l’intensit´e It (t) `a la distance z et `a la tension Vt . En quoi l’effet tunnel permet-il d’interpr´eter l’existence et l’expression de ce courant ? Donner alors une expression plus compl`ete de l’expression reliant It (t) `a la distance z, faisant intervenir le travail d’extraction Φ. Justifier l’ordre de grandeur de la distance pointe-surface donn´e dans le texte. 5) Expliquer la sensibilit´e ` a la distance de cette m´ethode d’observation des surfaces. Estimer la r´esolution verticale d’un STM utilis´e sur un bon conducteur en mode `a hauteur constante, en supposant ∆It que la sensibilit´e sur l’intensit´e est de 2%. Conclure. It 6) Qu’est-ce qui limite la r´esolution lat´erale du STM ? est-ce la mˆeme chose en microscopie optique classique ? 7) A votre avis, quels sont les avantages et les inconv´enients du mode `a hauteur constante ? `a courant constant ? 8) Quels sont, selon vous, les principales qualit´es et limitations de ce syst`eme ? 3
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