Dossier de presse Jean‐Pierre Nadau Un Siphon E x p o s i t i o n d u 2 1 m a r s a u 1 7 m a i 2 0 1 5 - V e r n i s s a g e l e 2 0 m a r s 2 0 1 5 à p a r t i r d e 1 8 h - Villa Tamaris Centre d’Art - La Seyne-sur-Mer Une cosmogonie graphique Robert Bonaccorsi Être ou se définir en marge ? Les deux mon général ! Jean-Pierre Nadau dessine depuis près de trente ans inlassablement, irréductiblement, singulièrement, tout en s’inscrivant de plein droit dans un “entre soi”, une confrérie élective ou se côtoient (entre autres) Fred Deux, Davor Vrankik, Chris Hipkiss, Ody Saban, Nick Blinko, Augustin Lesage... et bien sûr Chomo (Roger Chomeaux), le rebelle, l’inespéré inspirateur qui conjuguait le goût et la passion de la sculpture, du dessin, de la peinture avec le sens de la formule : “Je ne suis pas instruit des hommes, je suis instruit du ciel”, “On a le droit de parler que quand on a fait quelque chose” 1 . Tous différents, tous inclassables, avec, peut-être, comme dénominateur commun le goût des univers en expansion, extravagants, ludiques, démesurés. Qu’importe ici les classements (art brut ? Neuve invention ?). Tout se joue au niveau des passerelles entre culture savante et culture populaire, d e la curiosité pour la création dans ses infinies déclinaisons, du théâtre à la littérature en passant par la musique (Ockeghem, Ennio Morricone, Jacques Thollot, Frank Zappa, Jo Privat, Lovecraft, Raymond Roussel). Pour Jean-Pierre Nadau, il ne s’agit en aucune façon de transformer sa situation et ses connivences en postures, mais de s’affirmer dans une pratique du noir et blanc, de la trace, de la griffe via la plume sergent-major et l’encre de chine. Le trait relève de l’épure, même et surtout lorsqu’il se déploie dans la démesure d’un univers baroque avec comme non-limite, le all-over, le trop plein. Le monde tel un ouroboros ? Non comme un siphon avec le cercle comme point de départ et principe narratif, dans son développement et son accomplissement. Une spirale, un maelström. L’évolution serpentine d’un Inferno terrestre, une “sociologie cosmique” (Warren Buffet les coffres forts de Satan). L’entrelacement des pleins et déliés restituent l’interdépendance chaotique du monde. Face à un dessin de Jean-Pierre Nadau (quelqu’en soit le format, du plus modeste au gigantesque Siphon de 1 200 cm) le regard devient captif. Il circule, culbute, virevolte, 2 s’amuse, se perd, divague, s’inquiète, s’émerveille, s’interroge... Point de répit, point de salut, mais le constat graphique de la condition humaine dans sa dimension dérisoire et tragique. La virtuosité n’excuse pas tout. Elle se doit d’être au service d’un point de vue, d’une vision assumée avec constance, détermination et fougue. Jean-Pierre Nadau possède toutes ces qualités et ces vertus. Elles lui permettent de créer une cosmogonie graphique où s’entrechoquent mythes, histoires, récits, légendes, paysages intérieurs. Le dessein d’un univers définitivement placé sous l’égide de l’Ange du bizarre. 27 janvier 2015 Warren Buffet, les coffres forts de Satan, 100 x 50cm, encre de chine sur toile, 2014 1 - Citation extraite du catalogue de l’exposition Les Singuliers de l’art, ARC 2, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 1978. 3 Le retour des Outsiders, 21 x 30 cm, encre de chine sur papier, 2006 Dans la troisième, à Auteuil, 21 x 30 cm, encre de chine sur papier, 2006 De Chantilly à Yllitnahc, 21 x 32 cm, encre de chine sur papier, 2006 Angoisse avant le prix d’Amérique, 21 x 30 cm, encre de chine sur papier, 2006 4 Un Siphon Jean-Pierre Nadau Il y a d’abord cette grande spirale qui couvre toute la surface ; spirale temporelle de la vie sur notre planète, depuis ses origines jusqu’au centre, point central aussi de l’ensemble de la composition qui représente notre mystérieux futur. Tout au long de cette spirale on suit l’évolution de la vie, chronologiquement, de son apparition jusqu’à l’homo-sapiens, toute une bonne partie de l’évolution des espèces… en alternance, j’ai retranscrit de façon cartoonesque les “sons” que produisaient ces animaux pour communiquer. Arrivé à l’homme moderne, le développement et la sophistication des armes à travers les âges remplacent dans la suite de la spirale l’évolution des animaux : de la hache de pierre jusqu’aux missiles les plus performants, en passant par le pilum romain, le canon de Gribeauval ou le cassetête chinois. En alternance avec ces armes dessinées et en remplacement des bruits gutturaux de tout le bestiaire préhistorique, l’évolution de la pensée humaine est représentée par des citations philosophiques (toujours dans un ordre chronologique, de Platon à Gilles Deleuze). Et puis il y a ces cercles, immenses à chaque extrémité du dessin, devenant de plus en plus petits, à l’approche du centre, de la composition, c’est-à-dire le cœur de la spirale. Si cette dernière, vu de loin, peut faire penser à une galaxie, “les cercles” en question ressemblent plutôt à des planètes. Mais la stricte symétrie inversée entre la partie droite et la partie gauche du dessin suggère plus exactement la représentation d’une seule planète, avec les diverses phases de sa course orbitale elliptique comme on voit par exemple dans les livres d’astronomie. Donc ces cercles ne représentent pas des astres, mais ce qui se passe sur une seule terre, la nôtre, ses désastres… c’est le sujet central de cette toile, ces désastres dûs à l’homme. Les bords des cercles sont dentés, comme des roues à engrenage. Il faut “lire” le dessin des plus grands cercles aux plus petits, dans sa partie gauche comme dans sa partie droite, il y a enchaînement de causes et de conséquences entre ces “mondes”. Mais les engrenages sont déformés, voilés… Ainsi les scènes presque paisibles représentées dans les grands cercles n’induisent pas logiquement les scènes d’horreur et de mort des derniers cercles… pourtant c’est le cas… J’ai procédé à une division d’ordre sociologique pour “traiter le sujet” : quel que soit notre rang, nous sommes tous aspirés vers le même siphon… les cercles de la partie droite représentent les “gens du commun”, ceux de la partie gauche les oligarques. 5 Les plus grands cercles aux extrémités montrent des activités diurnes paisibles et “normales” : camping, pêche, bronzage et défilé de majorettes pour les braves contribuables de base ; golf, réunion hippique à Chantilly, chasse à courre et défilé de mode pour les plus riches. Les cercles qui suivent montrent des activités du soir. Pour les premiers, bistrots et compagnie, pour les autres, restaurants chics et bal de grand luxe. Les cercles suivants montrent l’errance, celle des corps et des pensées… les uns dans la solitude des banlieues et des transports en commun, le harcèlement des réflexions triviales, renforcées par les addictions proliférantes aux nouvelles technologies. Les autres, dans l’isolement d’un jet privé ou du parc arboré d’un château sont assaillis de pensées en apparence différentes mais qui ne valent pas mieux… puis, les cercles qui enchaînent avec ceux-là montrent la folie furieuse des massacres et de l’horreur : plus directe et physiquement violente chez les gens ordinaires, plus glaciale et sinistre chez les fortunés. Enfin, tous les autres cercles, jusqu’au centre de la spirale sont identiques, que ce soit du côté des nantis ou des autres, tous égaux devant la mort : têtes blafardes énucléées, puis disparition de l’image même de l’humain dans des graphismes étranges… graphismes étranges qui d’ailleurs envahissent toutes les scènes des différents cercles… Ce même genre de graphismes bizarres, d’une grande variété de formes, semblent aussi grouiller à l’extérieur des cercles et de la spirale, comme une manifestation rendue visible d’insondables forces cosmiques qui envahissent tout, nous conditionnent à notre insu et renforcent la fragilité, l’absurdité de notre condition. Ainsi font les humains qu’ils finiront dans un siphon… Un Siphon, 150 x 1 200 cm, encre de chine sur toile, 2013-2014 6 Un Siphon (détail) 7 New York n’existe pas ( détail ), encre de chine sur toile, 150 x 600 cm 8 Exuvies n°48, 24 x 32 cm, encre de chine sur papier, 2001 Oyster Bay Boogie Woogie (détail), 174 x 82 cm, encre de chine sur toile, 2007 9 Sans titre, 24 x 32 cm, encre de chine sur papier , 2009 10 Le Prix du Cadran, 48 x 310 cm, encre de chine et crayons de couleurs sur toile, 2005 Biographie COLLECTIONS PUBLIQUES Collection de l’art brut (neuve invention), Lausanne (Suisse) Museum Charlotte Zander, Bönnigheim (Allemagne) The Sackner Archives of Concrete and Visual Poetry, Miami (USA) Site de la création franche, Bègles (France) Museum Dr Guislain (collecte de Stadtshof), Ghent (Belgique) Abbaye d’Auberive, Auberive (France) Galerie nationale slovaque, Bratislava (Slovaquie) Collection Treger & Saint Silvestre, João Da Madeira (Portugal) Villa Tamaris centre d’art, La Seyne-sur-Mer (France) RECUEILS DE DESSINS Les Turlupointus, 50 dessins sérigraphiés en fac-similé, éditions le dernier cri, Marseille - 2001 (épuisé) Exuvies, préface de Gilbert Lascault, culture hors-sol, Saint-Félix - 2002 Tirbouchon, 50 dessins sérigraphiés en fac-similé, éditions le dernier cri, Marseille - 2014 EXPOSITIONS PERSONNELLES 1992 Espace Baudelaire, Rillieux-la-Pape (France) 1995 Galerie de l’ancienne douane, Saint-Prex (Suisse) 1996 Galerie Imago, site de la création franche, Bègles (France) Divinyl, Marseille (France) 1997 Maison de la culture, La Roche-sur-Foron (France) 1998 Résidence hôtelière La Renardière, Samoëns (France) 2001 Galerie Shakan, Lausanne (Suisse) Chartreuse de Mélan, Taninges (France) 2003 Galerie Insité, Marseille (France) 2005 “Mandibulaire”, galerie Trait personnel, Lyon (France) Galerie Suzanne Zander, Köln (Allemagne) 2006 “Labyrinthes”, pavillon de l’érable, Avon (France) 2008 Galerie du marché, Lausanne (Suisse) 2009 “New-York n’existe pas”, Edlin gallery, New-York (USA) Théâtre Mouffetard, Paris (France) 2011 Mapra, Lyon (France) 2013 Librairie-galerie “d’un livre l’autre”, Paris (France) Cabinet d’imagerie médicale, Draguignan (France) 2014 Galerie polysémie, Marseille (France) Friche Belle de Mai, Marseille (France) “La Petite ferme”, hippodrome de Clairefontaine, Deauville (France) 2015 Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer (France) 11 Informations Exposition Jean-Pierre Nadau Un Siphon Direction et Commissariat Robert Bonaccorsi du 21 mars au 17 mai 2015 Coordination et régie des œuvres Monira Yourid Mireille Rousseaud vernissage le 20 mars à partir de 18h ouverte tous les jours de 14h00 à 18h30 sauf les lundis et jours fériés Contact presse Des visuels par mail sont à votre disposition sur demande à [email protected] Crédits photographiques Olivier Pastor, Jean-Pierre Nadau Villa Tamaris centre d’art 295 avenue de la Grande Maison 83500 La Seyne-sur-Mer - tél. 04 94 06 84 00 – fax. 04 94 30 71 89 - [email protected] - www.villatamaris.fr 12
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