Gilles CAIRE Depuis 2007, les Français font face à une aggravation de la crise économique et à des difficultés croissantes de pouvoir d'achat. En tant que bien économiquement supérieur, le tourisme devrait être particulièrement affecté. Or les indicateurs clés des pratiques touristiques des Français s’avèrent au contraire plutôt bien résister : le taux de départ et le nombre de nuitées s’effritent mais ne s’effondrent pas. Les dépenses touristiques sont étonnement plutôt en progression sur la période récente. Le désir de vacances et de voyages semble intact, nécessitant des efforts budgétaires considérables pour maintenir coûte que coûte la possibilité de partir. « Partir à tout prix ?» La résistance du désir de vacances des Français face à la crise Il y a donc une indéniable résistance du « désir de tourisme » des Français face à la crise, car les impacts positifs des vacances sont essentiels et pourtant trop souvent négligés. Le départ en vacances agit à plusieurs niveaux. Le fait d’être parti en vacances entraîne un nouveau regard sur le lieu où on vit, alors que rien n’a changé ; on se sent moins pauvre, alors que les revenus n’ont pas bougé. Pour les personnes âgées, le fait de partir provoque une diminution de consommation de soins et de médicaments. Pour les familles, les relations au sein du couple et entre parents et enfants sont après les vacances plus apaisées. Les vacances sont aussi un moment essentiel de prise de recul sur son quotidien, de connaissance de soi, de redynamisation. C’est aussi un véritable vecteur de lien social : on passe énormément de temps à raconter ses vacances. Celui qui ne part pas n’a rien à raconter et, en plus, il subit les discours des autres. Et quand on demande aux Français de noter leur vie, toutes choses égales par ailleurs, la note est significativement plus élevée en cas de départ. A contrario, le fait de ne pas pouvoir partir, pour des raisons financières, professionnelles, de santé, renforce le sentiment d’exclusion, d’isolement, de retrait, avec le sentiment d’être en dehors de la vie sociale « normale », notamment en été. C’est pour ces raisons que la lutte contre la « fracture touristique » est importante. Et les associations du tourisme, avec leurs projets de démocratisation de l’accès aux vacances, de brassage social, de découvertes, d’émancipation sont essentielles dans un esprit d’économie sociale et solidaire. L’adaptation des territoires touristiques Séminaire du 21 mai 2015 - 14h EA Ruralités - Département de Géographie - Salle 12 Nardjes GHERAIBIA Doctorante en géographie Université de Poitiers EA Ruralités Philippe VIOLIER Professeur de Géographie Université d’Angers UMR Eso Gilles CAIRE Maître de conférences HDR de Sciences économiques Université de Poitiers EA Crief Organisation de la séance Antoine Delmas [email protected] Nardjes GHERAIBIA La concertation et l’implication des Les pratiques touristiques ont habitants profondément évolué ces dernières années. L’augmentation Outils de développement du temps libre, l’évolution technologique, l’affirmation de touristique durable dans nouveaux pouvoirs publics, l’apparition d’un nouvel appétit les villes moyennes d’apprentissage, le changement du rapport qualité/prix, sont tous, des facteurs qui ont participé à ce développement. Ces derniers ont également favorisé l’apparition de nouvelles attentes chez les touristes, tels que : la recherche de la diversité, l’authenticité, la créativité et la qualité de l’offre au meilleur coût. Ainsi, en France, « la ville est devenue aujourd’hui l’un des tous premiers espaces de fréquentation en nombre de séjours et de voyages dépassant ainsi les autres espaces touristiques» Christian Mmantei, 2012. A titre d’exemple, en 2010, elle a représenté 34,5 % des dépenses touristiques et 64,33 % de nuitées hôtelières en 2013 EFH, Insee, DGCIS, partenaires territoriaux. En revanche, dans certaines villes et agglomérations moyennes comme le Grand Poitiers par exemple, les potentialités touristiques sont insuffisamment mises en valeur pour tirer avantage de ce développement. Ces potentialités touristiques sont généralement faibles, isolées et dispersées sur un vaste territoire. Face à cette situation d’urgence les acteurs touristiques de ces villes et agglomérations moyennes sont obligés donc de s’adapter rapidement à ce changement de pratiques touristiques afin de répondre à la nouvelle demande touristique. Ceci, en s’appuyant d’une part sur les habitants de ces villes « où il fait bon vivre » pour présenter d’une manière authentique toute la richesse touristique et culturelle de leur territoire, et d’autre part, sur l’expertise des différents acteurs du territoire qu’ils soient (publics, privés ou associatifs). L’objectif de cette communication est donc double : d’une part, elle va nous permettre d’analyser la pratique de la concertation sur le territoire : ses limites et ses exigences, et d’autre part, elle va nous aider à montrer le rôle que joue les habitants dans le développement touristique de l’agglomération de Poitiers. Philippe VIOLIER Si le tourisme change les destinations compagnes restent marquées par une grande stabilité et une diversité marquée. D’un côté les destinations rurales affirmées demeurent, s’adaptent avec plus ou moins de rapidité, d’un autre, une grande partie de l’espace rural est peu voire pas fréquentée. Et plutôt que d’espace touristique rural, notion globalisante qui masque les disparités territoriales, il convient d’analyser des campagnes touristiques. Les unes s’insèrent dans des dynamiques métropolitaines (notamment aux marges de l’Ile de France, ce qui ne signifie pas que les sociétés rurales sont passives, les autres font montre d’une dynamique interne plus affirmée (Dordogne-Périgord, Aveyron, Ardèche). La campagne et le tourisme entre permanences et mutations
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