4$ No 168 Octobre 2014 S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant une carte d’identification. 2 $ sur le prix de vente va directement au camelot. Le magazine de rue de Québec • Dix questions à Normand Baillargeon • Lettre à mes amis cyniques • Esprit critique en herbe • Un système d’alarme • La terre est plate Découvrez mon histoire à centraide-quebec.com Concept : Publicis Montréal Photographie : Shayne Laverdière Maison de production : La Cavalerie pub_journal_laquete_campagne_2014.indd 3 2014-09-16 10:36 LA ème 13 NUIT DES SANSABRI PERSONNE N’EST À L’ABRI RELEVEZ LE DÉFI 18/2 VENDREDI LE 17 OCTOBRE 2014 Activités dès 17h Place de l’Université du Québec Coin de la Couronne/Charest www.raiiq.org Michel Yacoub Conseiller en sécurité financière Conseiller en régimes d’assurances collectives Représentant autonome 501, 14e Rue Québec, Québec G1J 2K8 Téléphone : 418 529-4226 Télécopieur : 418 529-4223 Ligne sans frais : 1-877-823-2067 Courriel : [email protected] SOMMAIRE POUR LE PLAISIR DE LIRE DOSSIER PENSÉE C R I T I Q U E 22 La cage de verre 23 Le coffre à gants Faire confiance à John Travolta ? 24 Qui ? 25 Soudain le vent Lettre à mes amis cyniques 26 Crème de carême 29 « Quand il faisait bon être sans-abri » 06/07 Dix questions à Normand Baillargeon 09 10 12 Inclusion plutôt qu'intégration 13 Esprit critique en herbe Pas trop tôt pour apprendre JEUX 15 Un système d'alarme 20 Le jeu de La Quête 16 La permaculture 21 17 Penser la technique La langue dans sa poche 18 La terre est plate 14 Illustration: Danièle Rouleau CHRONIQUES 11 28 OCTOBRE 2014 On ne pense pas avec ses tripes ! Le graffiti et les moutons Le gros, le grand et le petit LA QUÊTE Crédit: Jacques Nadeau 08 03 PAGE COUVERTURE Illustration : Danièle Rouleau [email protected] RÉALISER L’ESPOIR Conception graphique : Karyne Ouellet Camelots recherchés L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné Hey toi! de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés Tu as 18compte ans ou plus. pour cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, Tu veux te faire quelques dollars? etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné Travaille à ton compte. Pas d’horaire. à la vente - sur de la rue rue !par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet Vends le magazine La Quête ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs Pour plus d’informations autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, Appelle-nous au certain pouvoir sur leur vie. reprendre un 418 649-9145 poste 33 Ou L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des Viens nous rencontrer au services d’accompagnement 190, rue St-Joseph Est (coin Caron)communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche logement par le biais de son service Accroche-Toit. Dans l’église d’un Jacques-Cartier laquete.magazinederue Toutes les éditions précédentes de La Quête : laquetejournal.blogspot.ca UNE TRIBUNE POUR TOUS Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux. Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de novembre : Passionnés. FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier. Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31 Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec. COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE Camelots recherchés Nom: Adresse: Travaille à ton compte. Pas d’horaire. Ville: Vends le magazine de rue La Quête postal: PourCode plus d’informations Abonnement régulier Abonnement de soutien Abonnement institutionnel Hey toi! Tu as 18 ans ou plus. Tu veux te faire quelques dollars? Appelle-nous au 418 649-9145 poste 33 Ou Viens nous rencontrer au 190, rue St-Joseph Est (coin Caron) Dans l’église Jacques-Cartier 04 60$ 75$ 85$ Téléphone: La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette COORDONNATRICE Francine Chatigny CONSEILLÈRE À L’ÉDITION Martine Corrivault RÉDACTRICE EN CHEF Valérie Gaudreau RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Isabelle Noël CHRONIQUEURS Martine Corrivault, Claude Cossette, Mathieu Meunier Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots. SUIVEZ-NOUS SUR ÉDITEUR Archipel d'Entraide JOURNALISTES Véronik Desrochers, Thomas Duchaine, Valérie Gaudreau, Mathieu Massé, Isabelle Noël, Jean-Michel Poirier, Éric Suarez, Rémy-Paulin Twahirwa AUTEURS Kévin Besnard, Philippe Bouchard, Jean-Pierre Colzon, Jean-Pierre Drolet, Laurence Ducos, François Gagnon, Mélanie Picard, Jacques Pruneau, Bernard St-Onge, Christiane Voyer AUTEURS DES JEUX Hélène Huot, Jacques Carl Morin, Ginette Pépin RÉVISEURES Véronik Desrochers, Geneviève Loiselle, Nathalie Thériault CORRECTRICE D'ÉPREUVES Véronik Desrochers PHOTOGRAPHE Camille Amélie Koziej-Lévesque INFOGRAPHISTE Karyne Ouellet IMPRIMEUR Les Impressions STAMPA inc. 418-681-0284 COPYLEFT La Quête, Québec, Canada, 2014 Ce document est mis à votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « Paternité - Pas d'Utilisation commerciale - Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, permet de l’utiliser et de le diffuser tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs. Journal La Quête 190, rue St-Joseph est Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone : 649-9145 Télécopieur : 649-7770 Courriel : [email protected] Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien LA QUÊTE OCTOBRE 2014 MOT DE LA DIRECTRICE LA QUÊTE PASSE À 4 $ de production (impression et montage). Nous nous retrouvons dans la situation que plus le tirage augmente plus il faut augmenter les autres sources de revenus (subvention, don, publicité). Cette situation n’est plus tenable avec la perspective de la fin de la subvention fédérale liée à la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI). NOUVELLE RÉPARTITION L’augmentation du coût du magazine dans la rue ainsi que celui des abonnements sont devenus incontournables. Avec la hausse, la nouvelle répartition pour le magazine vendu dans la rue s’établit comme suit : 2 $ au camelot, 0,28 $ en TPS/TVH et 1,72 $ pour payer l’impression et le montage du magazine. Photo: Ginet Dombrowski Nous espérons sincèrement que vous continuerez de soutenir les camelots et toute l’équipe de La Quête. Pour notre part, nous nous engageons à faire tout ce qu’il faut pour préserver sa mission. La Quête fêtera son 20 anniversaire à l’été 2015. Malgré ces réjouissances, l’année 2015 sera aussi synonyme d’un grand défi pour le magazine avec la perspective de la fin de la subvention fédérale liée à la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI), en mars 2015. La Quête ne cadre plus avec les nouveaux objectifs de ce programme, maintenant tous orientés sur le logement d’abord. e Pour notre part, nous croyons fermement que La Quête a fait ses preuves. Elle est utile pour la clientèle itinérante ou en situation d’instabilité résidentielle comme alternative à la mendicité. De plus, elle contribue de façon magnifique à la création de liens sociaux au sein de notre communauté. Afin de préserver cet outil de réinsertion et de communication, l’Archipel d’Entraide prend certaines mesures. L’une de celles-ci est l’augmentation du prix du magazine à 4 $ à compter du numéro d’octobre 2014. Permettez-nous de vous expliquer ce qui justifie cette hausse. OCTOBRE 2014 RETOUR EN ARRIÈRE La Quête s’est vendue 1 $ dans la rue au cours de ses deux premières années d’existence, soit en 1995 et en 1996 (0,50 $ allant au camelot et 0,50 $ à l’organisme). Par la suite, pendant 15 ans, de 1997 à 2012, La Quête s’est vendue 2 $ dans la rue (1 $ au camelot et 1 $ à l’organisme). En juin 2012, le prix du magazine est passé à 3 $ (2 $ au camelot et 1 $ à l’organisme). Notons au passage que la hausse du revenu des camelots a contribué à multiplier leur nombre et a entraîné une augmentation du tirage. Pendant 17 ans, de 1997 à 2014, l’Archipel d'Entraide, éditeur de La Quête a, en principe, récolté 1 $ par numéro vendu pour se financer. Toutefois, ce n’est pas tout à fait juste, car au cours des six dernières années les ventes de La Quête ont atteint le seuil imposé par la loi pour payer la taxe de vente. C’est ainsi que depuis 2008, l’organisme assume la TPS/TVH. Il reste donc 0,86 $ par numéro vendu, une somme insuffisante pour payer les coûts LA QUÊTE DIANE MORIN DIRECTRICE GÉNÉRALE ARCHIPEL D’ENTRAIDE ÉDITEUR DE LA QUÊTE PENSÉE CRITIQUE Vous en aurez plus que pour votre argent dans cette édition de La Quête ! La thématique pensée critique a littéralement enflammé les journalistes et chroniqueurs du magazine de rue de Québec. De la rencontre avec Normand Baillargeon, le grand gourou de la pensée critique au Québec, à la réflexion très profonde qu'a provoquée l'incursion dans l'univers de Claude Gauvreau, en passant par la découverte d'IdAction, un organisme qui « pratique » la pensée critique avec les marginalisés, ou la permaculture, un mode de vie qui remet en question tous les aspects contemporains du quotidien, vous aurez de quoi réfléchir pendant un bon bout de temps! Quant à elle, la section Pour le plaisir de lire réunit des textes littéraires de grande qualité. À déguster avec un bon café ! Bonne lecture, FRANCINE CHATIGNY 05 DIX QUESTIONS À NORMAND BAILLARGEON Crédit: Marie Santerre-Baillargeon Fervent ambassadeur de la pensée critique et de l’éducation au Québec, Normand Baillargeon consacre sa vie à enseigner à ses lecteurs, auditeurs et étudiants comment discerner le vrai du faux. Passé maître dans l’art de débusquer les manipulations et tromperies dans les divers messages qui nous submergent, l’auteur du Petit cours d’autodéfense intellectuelle nous propose des outils pour affûter notre jugement. Normand Baillargeon LA QUÊTE : D’abord, qu’est-ce que la pensée critique ? NORMAND BAILLARGEON : Il s’agit d’être critique de tout, de refuser les idées préconçues, et ne rien accepter. Il faut cependant la différencier de la critique négative : il ne s’agit pas d’être baveux, ni pointilleux. Je le vois plutôt comme le fait de passer au crible les idées, et de retenir celles qui ont de l’allure. C’est de faire l’effort d’essayer de trier les idées proposées pour distinguer le vrai du faux. J’aime beaucoup l’expression anglaise : appropriately moved by good reason. Pour moi, ça explique bien ce qu’est l’esprit critique : c’est de bien réagir devant un bon argument, et de changer son point de vue lorsque les faits avancés le réclament. C’est tout le contraire du dogmatisme, en fait. LQ : Qu’est-ce qui distingue la pensée critique du simple chialage ? NB : C’est simple : le chialage est le contraire de la pensée critique. Un penseur critique qui se fait soumettre de bons arguments change sa position. Premièrement, il faut connaître les principes de pensée critique, afin de savoir repérer des mauvais raisonnements et les sophismes.* On doit donc s’habituer à repérer les arguments solides. Mais on ne peut pas avoir une pensée critique sur un sujet qu’on ne connaît pas, d’où l’importance des connaissances générales et de la nécessité de les développer. La deuxième avenue à explorer pour développer son esprit critique est simplement de ne pas rester seul! Échanger, débattre et discuter sont d’excellents moyens de l’affûter. LQ : Pourrait-on, par exemple, le développer à l’école ? NB : Oui. Certains cours de philosophie se donnent aux enfants pour développer des penseurs critiques : il s’agit d’un ensemble de stratégies pour amener les enfants à savoir argumenter et discuter. LQ : Selon vous, peut-on développer son esprit critique ? LQ : Croyez-vous en l'impact de vos livres tels que Le petit cours d'autodéfense intellectuelle? Avez-vous l'impression de contribuer au débat public et à faire de vos lecteurs des gens dotés d'un esprit critique plus aiguisé ? NB : Bien sûr ! Pour se faire, on peut explorer deux grandes avenues : NB : J’essaie ! Quand on fait des livres, ils circulent, on rencontre des lecteurs, et c’est formidable. C’est le cas du Petit cours d’auto- 06 LA QUÊTE OCTOBRE 2014 défense intellectuelle, qui a été traduit en dix langues. Cependant, après avoir été publié, le livre ne nous appartient plus, et on ne sait pas comment il va être lu et perçu. LQ : Donc, quel serait le plus beau compliment qu'on puisse vous faire ? NB : [Rires] Que je ne suis pas dogmatique*. Je suis toujours prêt à changer d’idée ! LQ : Y a-t-il des sujets ou domaines où vous estimez que les Québécois manquent d'esprit critique? NB : Beaucoup, et je m’inclus là-dedans! Collectivement, il y a une certaine ignorance de la population. Beaucoup de gens sont très peu capables en sciences et en mathématiques. Pourtant, la maîtrise de ces matières est indispensable au point de vue de l’esprit critique. Les gens se renseignent uniquement en lisant un journal et, au final, en savent peu sur le fonctionnement réel du monde. De plus, au Québec, 49 % de la population est analphabète fonctionnel, c’est-à-dire que près d’une personne sur deux a du mal à lire un texte simple, à en saisir le sens. Selon moi, si t’as pas envie de pleurer quand t’entends ça, rien ne te fait pleurer ! LQ : Concernant l’actualité, qu'est-ce qui vous frappe, vous pousse à vous interroger, vous indigne ou vous fait réfléchir ces temps-ci ? NB : On devrait tous être catastrophés par le réchauffement climatique. Les gens ne sont pas au courant, mais le Canada est le chef de file dans le domaine, avec les sables bitumineux. LQ : Qu’est-ce qui vous réjouit dans l’actualité dernièrement ? NB : De voir que les gens réagissent et se battent. Les étudiants l’ont fait, et maintenant ce sont les employés municipaux, et ça a fonctionné : le gouvernement revient sur des ententes pour les régimes de retraite. LQ : Quels sont vos prochains projets ? NB : Je publierai à titre d’auteur deux livres cet automne : Une histoire philosophique de la pédagogie [Poètes de Brousse], et Chronique des années molles [Léméac], lequel est une sélection de textes publiés depuis un an ou deux sur tous les sujets qui m’intéressent. BIO Normand Baillargeon porte de nombreux chapeaux : philosophe, essayiste, pédagogue, chroniqueur, écrivain, sceptique… et il les porte autant à la radio à Dessine-moi un dimanche à Radio-Canada, que jadis à Bazzo.Tv, ou en tant qu’auteur. Professeur en sciences de l’éducation à l’UQAM, il explique l'anarchisme, a interviewé Noam Chomsky, vulgarise des concepts intimidants. Les sujets qui l’intéressent sont nombreux : le hockey avec La vraie dureté du mental, la musique avec Quand Platon écoute les Beatles sur son iPod, l'humour avec Je pense donc je ris. Il s'attaque à la réforme pédagogique du système éducatif québécois, et il plaide pour une université publique avec Je ne suis pas une PME. *Lexique du penseur critique Dogmatisme : le dogmatisme est une pensée ou une attitude qui se fonde sur un dogme, une opinion jugée comme une vérité indiscutable, et qui rejette catégoriquement la critique ou le doute. Sophisme : un sophisme est un raisonnement qui semble rigoureux, mais qui est invalide au sens de la logique. Il est volontairement utilisé afin de tromper un auditoire. Par exemple, la phrase suivante semble irréfutable, mais est illogique : « Tout ce qui est rare est cher, un cheval bon marché est rare, donc un cheval bon marché est cher ». Par contre, c’est désolant de voir que la propagande là-dessus est tellement forte que les gens en viennent à croire que l’ennemi, c’est le voisin pompier qui se bat pour sa retraite, ou l’étudiant pour ses frais de scolarité… ISABELLE NOËL Note pour Karyne : Mettre cette pub le plus petit possible. Tu peux jouer avec les éléments si tu veux. La Quête est diffusée pAr téléphone viA La Quête est diffusée par téléphone via inc AudiothèQue pour personnes de l’iMpriMé du Québec inc Audiothèque pour PersonneshAndicApées Handicapées de l'Imprimé du Québec Québec 418 627-8882 Montréal 514 627-8882 Ailleurs au Québec 1-877 393-0103 Québec 418 627-8882 • Montréal 514 627-8882 • Ailleurs au Québec 1-877 393-0103 OCTOBRE 2014 LA QUÊTE 07 é y l F Le : sie rtoi Cou au Cl de Co ss e tt e ETTE COSS ON NE PENSE PAS AVEC SES TRIPES ! Non, on ne pense pas avec ses tripes : on pense avec sa tête. C’est toute la distance entre l’affectif et la raison qui est soulignée ici. Le cœur, les tripes, ça sert à tisser des liens entre les humains, à stimuler la compassion, et éventuellement à sombrer dans l’irrationnel. La tête, la raison, la pensée critique, ça permet de résoudre les problèmes de la vie, de régler les désaccords qui surviennent entre humains, de spéculer sur n’importe quoi avec le danger de s’enliser dans la sécheresse du cœur. LE DOMAINE DU CŒUR L’affectif est la partie de la psyché qui permet d’entrer en relation avec les autres. L’exemple le plus fort est sans doute le sentiment qu’un parent ressent pour son enfant. L’affectif pousse à passer du temps avec les personnes que l’on aime, à les soigner, à les protéger, voire à les défendre au risque de sa propre vie. L’affectif englobe sentiments et émotions. Le sentiment est un état constant comme la haine, l’amour, etc.; l’émotion est une réaction que l’on éprouve en réponse aux afflux biochimiques de notre corps (nous rougissons) et aux expériences que nous vivons (nous nous fâchons devant un affront). Aujourd’hui, beaucoup de personnes carburent aux émotions. Il est fréquent de voir des milliers de personnes se joindre à une folie Internet, genre Ice Bucket Challenge (versement d’eau glacée sur la tête) ou par pitié, donner des sous pour une cause dont ils ne savent rien — ou autres folies déclenchées par l’émotion du moment. D’autres individus entretiennent des sentiments erronés et persistants, faute du raisonnement qui leur permettrait de voir plus clair ou au moins, de mettre de l’eau dans leur vin : pensons à ces personnes démolies par leur amour aveugle pour un goujat ou étouffées par une haine irrationnelle envers l’étranger, le Noir, l’Arabe. La foi est également un domaine où un affectif frisant l’irraisonnable se déploie avec autant d’effets néfastes que bénéfiques. Pensons à tous ces « fondamentalistes » qui s’activent les uns contre les autres : ces chrétiens pro-vie qui sont prêts à tuer les médecins avorteurs, ces fous d'Allah qui se font sauter pour emporter la vie de quelques incroyants. Le chrétien et scientifique Blaise Pascal avait compris la force des émotions quand, il y a 300 ans, il disait : « Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment ». Effectivement, la recherche a montré que devant une situation où une personne hésite entre son cœur et sa raison, elle choisira la plupart du temps son cœur. 08 E CLAUD LA FORCE DE LA RAISON La déraison continue à notre époque qui est pourtant est réputée scientifique. On peut citer l’engouement pour des médecines dont l’efficacité n’a jamais été démontrée comme l’homéopathie, qui utilise des granules dans lesquelles il n’y a aucune molécule active, les pseudosciences comme l’astrologie qui prétend prévoir votre avenir… ou, comme peut-être la psychanalyse. Si ces « croyances » persistent, c’est que les émotions nous travaillent au corps malgré nous, alors que le raisonnement exige un effort. Or, les immenses progrès réalisés par la science en santé aussi bien qu’en technologie n’ont été possibles que grâce à la capacité de quelques personnes à exercer leur jugement critique, à se distancier de la croyance populaire. C’est heureux qu’il y ait eu ces personnes capables de raisonner convenablement pour opposer une contrepartie à ceux qui ne pensent qu’avec leurs tripes ! Sans appui sur la raison ne seraient pas apparus ce Copernic qui comprit que c’est la terre qui tourne autour du soleil ; ce Descartes qui a répandu l’idée de douter systématiquement ; ce Léonard de Vinci qui pratiquait la dissection de cadavres malgré l’interdiction de l’Église ou ce Lavoisier qui identifia le rôle des éléments chimiques, tuant ainsi l’alchimie. Tous ces gens pensaient avec leur tête et de manière critique. Penser de manière critique, cela veut dire penser avec discernement. La pensée critique permet d’atteindre la vérité objective : on y arrive par l’analyse, le doute, le discernement, l’évaluation et le jugement. Cela exige de ne pas tout avaler comme vérité, mais de se faire sa propre opinion après avoir vérifié les sources, voire mis en contradiction les opinions des spécialistes mêmes. Encore faut-il raisonner de manière correcte, sans se laisser charmer ou berner ni par les beaux parleurs, ni par les personnages importants, ni par les sarraus des scientifiques, ni par ceux qui parlent au nom de Dieu. On peut y arriver de deux manières : en raisonnant selon les règles de la logique ou en observant minutieusement (voire en expérimentant). Et en fouillant, en décortiquant les sources sérieuses. On pense avec sa tête, ce qui n’empêche pas d’être éveillé par des intuitions. Le grand rationnel qu’était Descartes l’admettait : « Il n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes, pour arriver à une connaissance certaine de la vérité : que l’intuition évidente et la déduction nécessaire. » J’insiste sur le dernier point : l’intuition est sans doute utile, mais la déduction (expressément rationnelle) est nécessaire. LA QUÊTE CLAUDE COSSETTE PUBLICITAIRE & PROFESSEUR OCTOBRE 2014 SANTÉ FAIRE CONFIANCE À JOHN TRAVOLTA ? La grippe s’attrape en sortant au froid la tête découverte, les vaccins causent l’autisme et le lait est dangereux pour l’humain… Vraiment ? La santé est un sujet sensible pour bien des Québécois, ce qui les pousse à croire une multitude d’études aux résultats partiels, quand elles ne sont pas tout simplement fausses. Alors que nous sommes bombardés par toutes ces croyances, il est important de savoir différencier les prétentions des faits scientifiques avérés. Or, devant les nombreux résultats d’études qui essaiment un peu partout dans les médias, sur Internet — et même du beaufrère, il devient difficile de s’y retrouver. Dans sa pratique, Olivier Bernard passe beaucoup de temps à répondre aux inquiétudes de ses clients et à rectifier le tir. « Au moins les deux tiers des questions qui me sont posées sont des mythes médicaux. » Il suggère donc quelques conseils pour mieux s’y retrouver dans cette jungle d’études scientifiques et éviter les pièges de la pseudoscience, cette forme de raisonnement qui prend l’apparence de la science sans en respecter les principes. Lorsque l’on est confronté à une affirmation aux allures scientifiques, il est important d’être très critique. « Il faut poser le plus de questions possible », dit M. Bernard. « Souvent, la personne qui affirme quelque chose sans fondement scientifique derrière se rendra vite compte des trous dans son argumentaire et on s’aperçoit rapidement que son argumentaire ne tient tout simplement pas la route », poursuit-il. Il faut ensuite établir la crédibilité de la source. « Il faut savoir qui fait ces affirmations. Est-ce que la personne est une experte ou s’agit-il de la coiffeuse ? On ne se pose pas assez souvent cette question-là, pourtant, elle est fondamentale », déplore M. Bernard. « Sur le blogue culinaire Trois fois par jour, on mentionnait que consommer du citron aidait à rééquilibrer le pH du corps. D’où vient cette affirmation-là ? L’auteure est-elle crédible pour parler de l’équilibre acido-basique du corps humain ? », illustre-t-il. OCTOBRE 2014 Enfin, Olivier Bernard suggère de faire appel à une personne compétente qui possède les connaissances pour discerner le vrai du faux. LE CAS DE LA VACCINATION Évidemment, la controverse autour des bienfaits de la vaccination impose un tel raisonnement pour discerner le vrai du faux. En 1998, le Dr Andrew Wakefield a signé une étude dont la principale conclusion établissait un lien entre la vac- gens quant à l’innocuité et la nécessité des vaccins, a transformé la crainte de la vaccination en une crainte d’un véritable complot. « À la pharmacie, j’ai entendu des gens parler d’un complot mondial étouffé par l’industrie pharmaceutique et l’Organisation mondiale de la Santé. » Cette controverse, qui dépasse maintenant le milieu scientifique, a été reprise par de nombreuses vedettes américaines, comme John Travolta et Jenny McCarthy, Photos: Archives Web Mais d’abord, qu’entend-on par fait scientifique ? Un fait scientifique est « un fait démontré clairement par des études bien construites et accepté par un consensus scientifique », explique Olivier Bernard, pharmacien et auteur du blogue de vulgarisation scientifique Le Pharmachien. Les données brutes sont ensuite interprétées par des spécialistes du domaine, et les résultats entérinés par des associations de professionnels. cination et l’autisme. Rapidement contestée, car d’autres chercheurs n’arrivaient pas à reproduire ses résultats, son étude a été jugée frauduleuse, et une enquête de 2004 a révélé des conflits d’intérêts financiers de la part du Dr Wakefield. Pourtant, malgré les preuves discréditant les conclusions du Dr Wakefield, un important mouvement anti-vaccination s’est développé. « On aime parler des choses qui choquent et, malheureusement, quand on se ravise, ça fait beaucoup moins de bruit », précise M. Bernard. D’ailleurs, ce mouvement est plutôt récent. « Quand j’ai commencé à pratiquer, il y a 10 ans, presque personne ne remettait en cause les bienfaits des vaccins. Maintenant, c’est une grande portion de la clientèle qui se pose cette question-là », ajoute M. Bernard. ce qui rend la tâche plus difficile pour les professionnels de la santé et contribue à maintenir l’image négative de la vaccination. « Et ça fait l’affaire de groupuscules et de lobbys qui profitent de ce faux débat », poursuit Olivier Bernard. JEAN-MICHEL POIRIER [email protected] Olivier Bernard ajoute que le discrédit de l’étude, plutôt que de rassurer les LA QUÊTE 09 LETTRE À MES AMIS CYNIQUES : SE RAPPELER GAUVREAU ! Les chances sont minces, car le cynisme, dans le sens contemporain du terme, finit par conduire au refus de participer à la vie sociale. « Le cynique reste sur son quant-à-soi, puisque c’est son seul refuge contre les aberrations d’un système qui l’écrase de ses conventions et contre l’attitude de ceux qui se contentent au pire d’y acquiescer, au mieux de le contester », écrit Isabelle Fortier dans son ouvrage Du scepticisme au cynisme. Je mélange ici cynisme et Refus global dans une sauce un peu improvisée je l’admets, car deux phénomènes se synchronisent dans mon existence et semblent se faire écho : un nombre grandissant d’amis qui sombrent dans le cynisme, et la découverte, merci à La Quête, de l’univers de Pierre Gauvreau, peintre, auteur, réalisateur et signataire du Refus global. Un homme dont l’œuvre me semble livrer un message aux antipodes de la résignation, destination ultime du cynisme. Voici donc, sous forme de missive à mes amis, mon interprétation de ce message. Chers amis, Comme beaucoup d’autres, dont moimême, vous êtes inquiets, en colère même parfois. En cette ère où nous contemplons l’œuvre humaine par le biais d’un prisme planétaire, le portrait n’est guère reluisant : pauvreté, corruption, discrimination, viol, racisme, agression, pollution, destruction, changements climatiques, mensonge, faux-semblant… Bref, forte est l’impression que l’humanité n’est qu’un mince reflet de ce qu’elle pourrait être. Il est vrai que le désir de faire mieux semble parfois aussi inerte qu’un tas de cendres. Écrasé sous le poids d’un obscurantisme qui n’a cessé de se renouveler, le silence est lourd. Mais, n’y a-t-il pas des 10 signes, surtout depuis la crise économique de 2008, qui indiquent que, sous la cendre, les rougeoyantes braises du changement et de la soif de liberté couvent toujours ? Cette même soif de liberté qui a motivé Borduas et les automatistes à lancer le Refus global. www.collectionscanada.gc.ca Photo: Janine Carreau Et si les Borduas, Arbour, Barbeau, Cormier, Ferron, Gauvreau, Guilbault, Leduc, Renaud, Riopelle, Sullivan et Perron avaient été cyniques, le manifeste Refus global aurait-il été écrit et publié ? Ce document dénonçant l’obscurantisme du clergé et des élites, lancé comme un pavé dans la marre en 1948, aurait-il pu constituer une des initiatives fortes ayant mené à la Révolution tranquille ? Claude Gauvreau, le frère de Pierre a écrit : « Il faut poser des actes d'une si complète audace, que même ceux qui les réprimeront devront admettre qu'un pouce de délivrance a été conquis pour tous ». Plutôt que de se faire cynique, n’est-il pas temps de reconnaître les signes et de souffler sur la braise ? Se résigner à ce qui est ou ce qui n’est pas, n’est-ce pas refuser le privilège de participer à transformer ce qui est et à faire naître ce qui n’est pas encore ? Poursuivre la quête de liberté n’est-il pas une attitude plus féconde que la résignation ? GAUVREAU OU L’OBLIGATION DE LA LIBERTÉ ! À ces questions, Pierre Gauvreau répondrait sûrement oui! Sa série de treize tableaux intitulée Les Insoumis est éloquente à ce sujet. Par cet hommage, dédié à la bravoure des Giordano Bruno (1548-1600), Fleury Mesplet (1734-1794) et autre Hypathie (370-415) ou Bruno Cormier (1919-1991), Gauvreau souligne l’importance, pour l’Histoire, d’avoir porté des esprits libres. Pour Gauvreau, être libre, c’est se préoccuper d’abord de vérité. « On peut avoir des certitudes, si on ne se préoccupe pas de la vérité. Moi, je veux savoir ce qui est vraiment », lance-t-il dans le film de Charles Binamé, Gauvreau, ou l’obligation de la liberté. Une quête exigeante qui fait peur. Il ajoute d’ailleurs : « Il n’y a pas de doute que le vertige de l’infini est une sensation que l’homme a beaucoup de difficulté à supporter ». C’est probablement ce vertige qui rend le statu quo si séduisant. Au prix même d’étouffer la recherche de vérité, clé de la liberté. N’est-ce pas ce statu quo qui vous choque et nourrit votre cynisme ? Le chroniqueur Normand Baillargeon, paraphrasant Ambrose Bierce, a écrit : « (…) le cynique (…) voit dans le refus généralisé de voir les choses comme elles LA QUÊTE sont et d’en tirer les conséquences qui s’imposent comme un nouvel aliment pour son cynisme : comment réagir, sinon avec cynisme, devant ceux qui ne sont pas cyniques ? » Mais répudier, dans le cynisme, ceux qui se laissent séduire par le statu quo, sert-il la recherche de la vérité ? N’est-il pas plus constructif de s’en prendre à ce qui l’entretient ? « La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne » , écrivait Étienne de La Boétie en 1574 dans son Discours de la servitude volontaire. Gauvreau va plus loin en affirmant que : « la liberté intérieure, c’est la liberté qui nous est donnée face à la vie, par le fait qu’on a repéré ce qu’on est réellement, en dehors des conventions, en dehors de l’éducation ». Pour lui : « l’éducation vise d’abord à nous traumatiser, à nous faire renoncer à nous-mêmes et à entrer dans le système de désir de la société de nos aînés. C’est à la longue quand on se développe, quand on devient adulte, qu’on peut arriver à savoir ce qu’on est vraiment ». Ainsi, pour transcender le vertige de l’inconnu, Gauvreau suggère la réalisation de soi. Il en fait même un devoir envers autrui : « notre premier devoir envers les autres est de nous réaliser nous-mêmes ». En étant cynique, ne se refuse-t-on pas la possibilité de se réaliser, de se libérer et de laisser des repères pour aider les autres à faire de même ? En nous abandonnant au cynisme, ne clouons-nous pas au pilori notre potentiel de liberté et celui des autres, si crucial pour la suite des choses ? J’ai été cynique, mais je ne le suis plus. J’espère ne plus jamais l’être. Le cynisme mène à la résignation, il tue la quête de liberté. Je termine cette lettre en me ralliant à Pierre Gauvreau, lorsqu’il dit : « je ne cherche pas des amis qui pensent comme moi. Je cherche des amis qui pensent ». Vous en êtes, et je vous en remercie ! En toute amitié, THOMAS DUCHAINE OCTOBRE 2014 AULT ORRIV INE C MART t Cour a M ie: ois rt i ne Co rriva u lt LE GRAFFITI ET LES MOUTONS Pour bien des gens, une critique, ça parle d'un produit, de quelque chose qui existe : livre, film, disque, pièce de théâtre, spectacle, œuvre artistique, etc. Et ça se lit dans un journal, sur un écran ou s'entend à la radio. Quand il s'agit de performance sportive, on pense plutôt à un compte-rendu, ne me demandez pas pourquoi. Parfois, le produit jugé peut lui-même devenir une critique, exposée bien en évidence, pour susciter une réflexion. Mais il faut un petit effort pour comprendre. Un bel exemple existe sur l’un des murs intérieurs du Grand Théâtre de Québec (GTQ) et porte un jugement sévère sur l'ensemble de la société. Une phrase du poète Claude Péloquin, écrite comme un graffiti dans la grande fresque imaginée par Jordi Bonet, il y a 45 ans, se lit : « Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves. C'est assez ! » Cri d'alarme, de désespoir ou provocation ? Un peu de tout ça pour qui connaît un peu les textes iconoclastes de Pélo. À l'époque, le dévoilement de la murale, lors des célébrations inaugurales de la nouvelle salle de spectacles de Québec, avait choqué une partie de l'élite bien-pensante. Normal : personne n'aime se faire traiter de « cave », surtout quand il paye la facture. (Pélo a depuis révélé n'avoir rien touché pour ce bout de texte qu'il avait donné à Bonet.) Mais ceux qui se sentaient visés percevaient une forme de mépris dans l'expression « bande de caves ». D'autres s'en amusaient. Alors, bien des gens qui n'auraient jamais mis les pieds dans le prestigieux édifice y sont entrés pour voir « la chose ». Plusieurs se demandaient même pourquoi régnait une telle tempête dans un si petit verre d'eau. Parce que du coup, on oubliait l'essentiel de la protestation : « Vous êtes pas écœurés de mourir... » et le « C'est assez ! » qui la ponctuait comme un appel à réagir. En 1971, philosophes et politiciens n'ont pas vraiment cherché à analyser le message : le Québec en était encore à digérer la crise d'Octobre. Dans les médias, les démagogues insistaient plus sur l'indignation qu'on devait éprouver que sur l'examen de conscience qu'imposaient les comportements trop soumis de tout un chacun. C'est bien connu, les moutons n'ont pas l'esprit critique : ils se contentent d'obéir aux ordres et aux consignes des chefs et des bergers qui mènent le troupeau de la bergerie à une verte prairie, quelque part, en attendant le pire. Pour certains, le petit peuple est un troupeau de moutons. Olympiques (qu'on n'a pas eus), les Nordiques (perdus, mais peut-être récupérables avec un super auditorium et quelques millions de dollars) et les vedettes (anglophones de préférence) qui « nous mettent sur la mappe » quand on s'entasse (comme des moutons) sur les Plaines pour les accueillir. Le graffiti, art de la communication des peuples de l'Antiquité, a repris du galon pour devenir une forme d'expression (parfois artistique) urbaine, agaçante parce qu'elle obéit à ses codes et modes et « salit les murs », mais tolérée, car on peut l'effacer à coups de brosse lors des grands nettoyages municipaux. Les stratèges de l'affichage ont même appris à l'utiliser. La publicité se donne des airs d'information vitale en envahissant des plages hier réservées dans les grands médias, qu'elle abandonne s'ils lui résistent. Plus que jamais, « le médium est le message », comme disait Marshall McLuhan. Mais pour décoder le message sans se laisser endormir ou manipuler, il faut un minimum d'esprit critique. Et cultiver le sens critique des citoyens, ça peut devenir risqué pour les maîtres penseurs. Imaginez le drame si les gens ignoraient les campagnes de promotion et de propagande qui rythment leur état de soumission consommatrice ! Pour que l'augmentation potentielle des effectifs de la « bande de caves » soumis, dociles et aveugles se maintienne, l'esprit et le sens critique doivent être contrôlés et dirigés vers des objectifs inoffensifs pour l'ordre établi. Pour cela, les moyens modernes ne manquent pas. « Vous êtes pas écœurés de mourir... », disait Péloquin. On a envie d'ajouter : « Vous êtes pas écœurés qu'on vous vende au plus offrant ? » MARTINE CORRIVAULT Il y a belle lurette que la murale du GTQ ne dérange plus personne. La société québécoise en évolution en a vu d'autres : crises syndicales, événements d'Oka, le grand verglas, le Parti québécois au pouvoir, les deux référendums et les campagnes électorales qui les accompagnaient, puis l'explosion des nouvelles technologies et l'arrivée de l'an 2000... que rien n'a différencié de 1999 ou de 2001. Pour mobiliser les gens, on s'est tourné vers le sport devenu porteur de la fierté nationale : les OCTOBRE 2014 LA QUÊTE 11 IDACTION : INCLUSION PLUTÔT QU’INTÉGRATION Crédit: Jacques Nadeau L’esprit critique, si on le considère parfois comme inné dans nos vies, n’est pas accessible de facto à tout le monde. Certains individus, en milieux plus difficiles, sont beaucoup plus susceptibles de tomber dans les pièges que leur tend la vie. Exeko est un organisme de Montréal né en 2006 dont le moto est : « L’inclusion par l’innovation en culture et en éducation ». Un de leurs projets : IdAction, vise à enseigner l’esprit critique. Pour en savoir plus, La Quête a parlé avec William Beauchemin, médiateur intellectuel pour Exeko. Idaction et idAction mobile sont des projets nés en même temps qu’Exeko. Le premier tente d’attirer sa population cible avec des ateliers dans différents lieux comme l’Accueil Bonneau ou d’autres refuges. Le second se déplace plutôt vers elle. « C’est une caravane philosophique de médiation intellectuelle et culturelle. Quatre jours par semaine, elle fait le tour des parcs ou des stations de métro, où on peut trouver des gens en situation d’itinérance », explique M. Beauchemin. À savoir si Exeko et idAction produisent des résultats concrets, le médiateur intellectuel parle avec fierté d’un groupe de la réserve de Kanesatake. Il raconte rapidement : « À travers l’atelier, ils se sont rendu compte que pour être plus ouverts à leur communauté, rouvrir leur radio communautaire était utile. Les médiateurs les ont accompagnés dans ce projet et aujourd’hui la radio est rouverte. Ça, c’est un impact concret de ce qui se passe avec idAction ». Étant également une bibliothèque mobile, idAction mobile donne accès à un savoir auquel ces personnes n’y auraient pas nécessairement. « Un livre, c’est un objet intellectuel, mais ça peut devenir aussi une pratique intellectuelle, car on se sert souvent de ces objets pour créer des situations de réflexion ». William Beauchemin termine en tentant de bien faire comprendre la philosophie de ce projet. « Nous, on ne travaille pas vraiment dans une logique d’intégration, mais plus d’inclusion. C’est-à-dire, on ne travaille pas sur les personnes pour qu’elles correspondent à certaines normes de la société, mais plutôt sur le potentiel présent en chaque personne qui lui permettra de se positionner comme acteur de changement ». Comment faire, toutefois, pour inclure ces individus que la société exclue ? Enseigner l’esprit critique ne se fait pas dans une classe à l’aide de craies et de tableaux, explique William Beauchemin. « On n’arrive pas là pour leur donner un cours à ces personnes-là. On ne les fait pas étudier », résume-t-il. POPULATION CIBLÉE C’est grâce à des projets comme idAction et idAction mobile que l’organisme touchera sa population cible. La tranche d’âge visée par le projet s’étend de 15 à 35 ans. Ainsi, idAction tente de toucher les jeunes de la rue, les gens en milieu carcéral, les jeunes autochtones et plusieurs autres groupes de « laissés pour compte ». « Les gens en situation de précarité sont particulièrement exposés à des manipulations et ont besoin des outils qu’on leur offre. En fait, tout le monde dans la société en a besoin ! », confie William Beauchemin à La Quête. MATHIEU MASSÉ 12 Crédit: Jacques Nadeau M. Beauchemin explique qu’en arrivant dans un atelier, il n’est pas là pour démontrer qui dit la vérité à qui, mais plutôt pour créer des situations de réflexion. Basées sur le concept d’égalité des intelligences, les activités sont souvent à caractères ludiques ou créatifs afin de permettre aux participants de développer ces aspects de leur personnalité. LA QUÊTE OCTOBRE 2014 ESPRIT CRITIQUE EN HERBE « La vérité sort de la bouche des enfants », dit l’adage. Il est vrai que par leurs observations pour le moins comiques, les petits ont souvent l’art de dire bien plus qu’il n’y semble en apparence. Leurs questions, répliques et réflexions témoignent parfois d’un étonnant esprit critique. Avec leurs yeux d’enfants, ils remettent en question l’ordre établi, ne se satisfont pas toujours d’une réponse à un « Pourquoi ? » et tiennent tête aux adultes. La Quête a sondé quelques parents à la recherche de situations où leurs marmots en ont fait rire et réfléchir plus d’un en exprimant un point de vue traduisant tout un esprit libre et frondeur. STRATÉGIE POLITIQUE OBSERVATION LINGUISTIQUE LE RECORD DE L’AUDACE Laure, 8 ans, passe avec sa mère devant une statue d’Adélard Godbout. Elle demande qui il est. La mère explique qu’il s’agit d’un ancien premier ministre, celui qui a autorisé le droit de vote aux femmes québécoises. « Je suis vraiment content d’être francophone parce que je ne comprends pas l’anglais. » En première année du primaire, Léo doit préparer un exposé oral pour lequel la consigne est de résumer un livre lu récemment. « Ah, je comprends, répond Laure, il voulait que deux fois plus de gens votent pour lui. » La maman de Rémi, 4 ans : « Dans dix minutes, on ferme l’ordinateur et on fait autre chose ». UN BRIN DE CONSTITUTION L’enseignante tranche : Le Livre Guinness des records n’est pas permis pour l’exposé oral. La mère de Léo aborde ainsi le sujet avec lui : Réplique de Rémi : « OK maman. Mais un gros dix minutes ». - Le Livre Guinness des records, tu ne peux pas résumer ça pour ton exposé oral. PROVERBE REVU ET CORRIGÉ - Je sais. Célestin, 3 ans, demande à sa mère ce qu’est le Canada. La mère lui explique ce qu’il en est. Réplique de Célestin : « Ah ! Le Canada, c’est un pays par-dessus notre pays ! » L’AUTORITÉ PARENTALE SÉRIEUSEMENT REMISE EN QUESTION « Je vais aller me trouver d’autres parents. » LE TEMPS, ÇA SE NÉGOCIE Encore la jeune Laure, cette fois-ci à 9 ans. Sa mère loue un film pour faire une surprise à la fillette et à son jeune frère. Mais au lieu de dire merci, Laure lui répond qu’elle aurait préféré un autre titre. La mère lui réplique alors le proverbe suivant : « À cheval donné, on ne regarde pas la bride ». Et Laure de répondre du tac au tac : « Ben, à film donné, on regarde pas le film ! » Léo choisit Le Livre Guinness des records. - Vas-tu changer de livre ? - Non. Je suis courageux. CITATIONS COMPILÉES PAR VALÉRIE GAUDREAU Illustration: Valérie Gaudreau — Léanne, 3 ans — Jérôme, 5 ans OCTOBRE 2014 LA QUÊTE 13 PAS TROP TÔT POUR APPRENDRE À la fin des années 60, Matthew Lipman, professeur de philosophie et de logique à l’Université de Chicago, relève que ses étudiants n’utilisent pas dans leur quotidien les outils de réflexion qu’ils apprennent en cours. De ce constat, il tire la conclusion que la philosophie1 n’est peut-être pas enseignée assez tôt à l’école. En effet, si l’on n’apprend pas à un enfant à réfléchir sur le monde qui l’entoure « par et pour lui-même », il est probable qu’une fois adulte, il ait des difficultés à réfléchir de manière approfondie et constructive aux problèmes qu’il rencontrera dans la vie. Mais trois questions se posent alors : qu’est-ce qu’un esprit critique ? Comment inviter les enfants à le développer ? Et puis, surtout, à quoi sert-il de l’améliorer ? Pour Matthew Lipman, l’esprit critique se définit essentiellement par la rigueur logique, la recherche de critères, l’ouverture d’esprit, l’autocorrection et la sensibilité au contexte. Par exemple, on pourrait se poser la question suivante : « le mensonge est-il toujours mal ? » S’il est tenu pour acquis qu’il ne faut jamais mentir, y a-t-il des situations où mentir serait bien? Si oui, lesquelles et pourquoi ? Toutes ces questions témoignent d’un esprit qui critique certaines croyances et qui s’interroge (ici, la croyance est que mentir serait forcément quelque chose de mal). Pour renforcer l’esprit critique des enfants, Matthew Lipman écrit, avec sa collaboratrice Ann Margaret Sharp, des romans (adaptés à des tranches d’âge différentes) dans lesquels les personnages sont confrontés à des problèmes philosophiques : Elfie, Kio et Augustine, Pixie, Harry, Lisa, Suki et enfin Mark. Après la lecture commune d’un extrait, chaque élève construit une question concernant le texte. Toutes les questions sont notées au tableau, puis les enfants votent pour celle qu’ils veulent. À partir de la question « élue » démocratiquement, les élèves partagent leurs points de vue pour les analyser et construire une réflexion commune dans le but d’apporter une réponse éclairée à la question posée. On pourrait d’ailleurs comparer l’esprit critique à un tamiseur en ce que le tamiseur affine le grain, comme l’esprit critique, la pensée. Cet apprentissage du dialogue philosophique offre aux enfants les outils nécessaires pour interroger le monde dans lequel ils évoluent, afin de mieux le comprendre. Ils ont l’occasion d’interroger les différentes croyances (celles d’autrui, mais également les leurs) par lesquelles ils interprètent leur univers. De plus, le dialogue stimule leur curiosité et contribue à une plus grande tolérance. En effet, dans une Communauté de Recherche en Philosophie (CRP), la confrontation d’opinions est davantage vue comme une richesse que comme une agression. Bien entendu, l’apprentissage de la pensée critique n’est pas réservé uniquement aux enfants. À tout âge, l’esprit peut enrichir la qualité de son questionnement et de son argumentation2. Que ce soit chez les aînés, chez les adultes, dans les entreprises ou chez tout autre public, l’apprentissage du dialogue philosophe est un extraordinaire moyen de renforcer la pensée critique et d’ainsi appréhender la vie de manière plus sereine et éclairée. ÉRIC SUAREZ MEMBRE FONDATEUR D’ANTIDOXE COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ. WWW.ANTIDOXE.COM La philosophie (du grec philo - ami, et sophia - sagesse) est une discipline qui interroge les concepts (ex. : la beauté, le temps, la justice, la vérité, etc.) grâce, entre autres, à la logique. Illustration: Danièle Rouleau 1 14 Nous faisons ici une distinction entre « discussion » et « dialogue ». Dans la discussion, on partage des opinions : « je pense que… » En revanche, dans le dialogue, on apporte les raisons de nos opinions : « je pense que… parce que… » 2 LA QUÊTE OCTOBRE 2014 UN SYSTÈME D’ALARME La pensée critique dont je parle est celle qu’on voit passer chaque jour sans s’arrêter ou alors qui devient une seconde nature. Prenons un exemple que nous connaissons tous bien à Québec : les radios-poubelles. On y dit n’importe quoi, l’auditeur y trouve du meilleur et du pire et retient ce qui lui convient. Tu hais les Angliches? On va parler contre eux. Tu aimes ce joueur de hockey ? On va le flatter. L’idée est simple, le cracheur de postillons est simpliste et l’auditeur répète n’importe quoi. À ce point, on peut parler de démagogie sans en faire ! Dismoi ce que je veux entendre et je t’aimerai. PRATIQUER LA PENSÉE CRITIQUE C’est pareil pour les journaux ou la télévision, Internet ou le semainier paroissial. On y trouve n’importe quoi et plus, mais la question demeure : où est la vérité dans tout ce fatras ? La nouvelle est-elle crédible ? Qui a écrit ce texte et l’auteur est-il fiable ou non? En quoi l’est-il ? Sur quels faits ou évidences se base-t-il pour rapporter cette nouvelle ? Est-ce un spécialiste ? Avancée comme ça, en touffes et en tas, on dirait que c’est très compliqué cette « pensée critique ». En fait non. Ce n’est qu’un exercice auquel on s’habitue et auquel on prend goût. Lire ou écouter les médias et savoir séparer le vrai du faux, voir la coquille du raisonnement, ou l’absence de celui-ci, voir facilement à quel point on nous prend pour des cloches et ne pas agir comme si on en était une, c’est vraiment très amusant ! Il est des choses qu’on remarque plus vite que d’autres. Une étude révèle qu’il n’y a pas de danger à acheminer du pétrole sale d’Alberta jusqu’à Lévis. Ce n’est qu’un exemple. Mais je remarque que l’étude a été faite par l’Association canadienne des producteurs pétroliers. Mon sens critique et ma manie d’analyse me fichent des OCTOBRE 2014 Photo: Archives Web Rassurez-vous, loin de moi l’idée saugrenue et non critique de vous infliger l’œuvre du philosophe Kant (1724-1804) ou d’autres grands penseurs de tous les temps. Non que ce soit de peu d’intérêt, bien au contraire, mais ce n’est pas ici le propos. coups de pied sur le devant des jambes. Je deviens bleu comme le gouvernement du Kanada ! Suis-je convaincu par cette étude « indépendante » ? J’ai l’air d’une cloche ? Si vous vous fiez aux apparences, vous êtes fait ! Allez plus loin, regardez derrière l’image, ne vous arrêtez pas. N’écoutez pas les empêcheurs de vous informer en rond. Allez-y, foncez. Si on semble se payer votre gueule, on le fait probablement! Ne les laissez pas faire gratos ! Soyez plus malin ! Vous méritez mieux. N’avalez pas les couleuvres politiques, religieuses, journalistiques ou commerciales. Allez plus loin, cherchez. Informez-vous auprès de sources de confiance. SE FAIRE SA PROPRE OPINION Un film très bien noté pourrait bien être un navet pour vous et vous êtes la personne la plus importante de votre vie! Idem pour une musique, un livre ou un spectacle. Votre opinion est la seule qui compte, alors ne confiez pas à d’autres le soin de la faire à votre place. Encore moins de la contrôler ! Avoir une opinion, c’est être Libre! Il ne faut pas l’acheter toute faite, mais la faire soi-même. En plus d’avoir une opinion propre, ce qui est déjà bien, vous y gagnerez le respect. Le vôtre et celui des autres. Je me souviens, et je sais que vous aussi, du faux débat sur le choix entre un référendum et les « vraies affaires ». Il n’y avait pas de débat et pas le moindre référendum en vue. Il y avait un mensonge grossier que beaucoup de Québécois se sont empressés d’avaler. On ne voulait absolument pas de référendum, mais personne ne parlait de cette éventualité. Sauf ceux qui avaient intérêt à faire oublier qu’ils étaient fort peu honnêtes. Et pour faire oublier leur manque de transparence passé, ils furent encore plus malhonnêtes ! Et je connais des retraités qui se mordent les doigts de ne pas avoir eu plus de sens critique ! Rien n’est jamais si simple, je le sais bien. Mais la pensée critique est un système d’alarme qui ne coûte somme toute qu’un peu d’attention et de réflexion de votre part. Il faut faire un certain effort, soit, mais ensuite il y a la récompense ! Le plaisir de savoir et de comprendre. Cela ne se fait pas en quelques jours. C’est l’habitude d’une vie. Mais le jeu en vaut la chandelle, vous pouvez me croire de toute votre pensée critique! JACQUES PRUNEAU L’ANARCHISTE Au bout d’un certain laps de temps, la pensée critique devient une habitude. Dans tous les domaines, il faut être conscient que des gens ou des organismes ont intérêt à vous tromper, à arranger leur vérité et à vous la faire avaler. LA QUÊTE 15 LA PERMACULTURE : SE NOURRIR, SE LOGER, SOCIALISER Permaquoi ? Permaculture. Au-delà du sympathique compagnonnage basilic-tomate du jardin de nos mères, la permaculture englobe tout. Il s’agit d’une science du design s’inspirant de la nature appliquée à n’importe quel domaine et qui vise à prendre soin des gens et de la nature et à redistribuer l’abondance. De la production agricole à la construction de bâtiments et aux relations interpersonnelles, plusieurs réalités humaines, comme se nourrir, se loger et socialiser, gagnent à s’inspirer de la permaculture. SE NOURRIR Marie-Ève Roy et une cinquantaine d’autres personnes se retrouvent deux fins de semaine par mois aux Fermes Miracles à Saint-Anicet pour suivre un cours de permaculture (Permaculture Design Course). Elles ne sont d’ailleurs pas seules à s’y intéresser, puisque le même genre de formation pullule partout au Québec : Granby, Chertsey, Val-David et bien d’autres régions. Du point de vue agricole, « la permaculture, c’est une vision globale dans le but de diminuer le travail de l’homme qui s’acharne à vouloir contrer la nature en cultivant par un système non naturel : agriculture chimique, monoculture, sur un sol à nu », déplore Marie-Ève. Une forêt nourricière, voilà un projet concret à réaliser sur son lopin de terre. Il faut d’abord observer longuement son terrain, analyser la composition du sol, l’inclinaison du terrain, le temps et l’angle d’exposition du soleil, l’écoulement de l’eau, etc. Ensuite, lors de l’élaboration de son design, un permaculteur averti recrée les couches végétales d’une forêt naturelle. La rhizosphère, c’est-à-dire toutes les racines, le couvre-sol, les herbacées, les arbustes fruitiers, les petits et grands arbres, et les plantes grimpantes, sans oublier les champignons. Chaque plante joue son rôle, qu’elle soit comestible ou non. « Ce que je veux, c’est m’autosuffire, je veux cultiver ma propre nourriture et moins dépendre du système et de la production alimentaire qui est vraiment exigeante en pétrole. À la base, toutes mes actions sont pour sortir du système pétrolier, […] maintenant j’ai besoin de retourner en campagne et de me retrouver en nature », conclut Marie-Ève, plusieurs projets permaculturels en tête. SE LOGER Francis Gendron, conférencier, professeur et fondateur de l’Air des solutions, une entreprise qui « […] veut inspirer, éduquer et donner du support aux gens qui désirent avoir une vie extraordinaire », s’est entretenu avec La Quête au sujet de la permaculture. Pour lui aussi, elle englobe tout : agriculture, humain, écoconstruction. « C’est simplement une manière de faire interagir les éléments d’une manière gagnante-gagnante pour 16 Photo: Marie-Eve Boisclair Ça court dans les rues des villes et des campagnes, se propage dans plusieurs couches sociales et grandit : un changement, à l’échelle planétaire, se trame. Des révolutions politiques aux protestations environnementalistes, les consciences sont en mouvement, l’esprit critique s’éveille. Alors que certains parlementent ou donnent dans l’activisme, beaucoup s’émancipent dans la permaculture. Cours de permaculture l’humain et la nature, d’agencer stratégiquement les bâtiments, les personnes, les plantes, etc. ». Selon Francis, les écoconstructions, en interaction avec la nature, ont une importance capitale en permaculture. Par exemple, certaines technologies permettent de collecter l’eau de pluie et de l’utiliser plusieurs fois à l’intérieur de la maison avant qu’elle ne reparte dans la terre. Ainsi, aucune nouvelle source d’eau n’est utilisée. SOCIALISER Bernard Alonso, facilitateur international en permaculture depuis 1993, se spécialise en permaculture humaine. Selon lui, la permaculture vise à recréer des écosystèmes viables. Dans la nature, tous les systèmes ont des rôles et une fonction précise, il en va de même pour un individu dans son écosystème qu’est la société. Il explique : « Tous ont une niche, un rôle à la naissance. Dans le monde industriel, l’école forme l’individu avec des compétences sans développer son talent. Cela fait en sorte que certaines personnes, qui avaient une raison d’être dans la société, n’ont pas eu la chance de développer leur talent ». En d’autres termes, l’éducation actuelle privilégie l’hémisphère gauche, siège de la logique, du jugement, de l’analyse. L’école forme des individus afin qu’ils répondent aux besoins de la société. Cette dynamique se fait au détriment de l’hémisphère droit, siège de l’intuition et la créativité, grâce auquel chacun découvre son talent et sa vraie place dans le monde. Dans ses cours, Bernard réveille l’hémisphère droit de ses élèves, afin que les changements soient intérieurs, et ensuite extérieurs. VÉRONIK DESROCHERS PRINCIPES DE LA PERMACULTURE Observation, stockage de l’énergie, autorégulation, valorisation des ressources renouvelables, zéro gaspillage, intégration et non séparation des cultures, solutions petites et lentes, diversité, créativité. LA QUÊTE OCTOBRE 2014 PENSER LA TECHNIQUE Alors que la quantité de gadgets électroniques dits « intelligents » explose et qu’Internet continue de s’étendre à travers le monde — regroupant bientôt plus de 3 milliards d’utilisateurs à travers le globe, il devient de plus en plus difficile de remettre en question la technique dans nos sociétés. En 2009, devant les gazouillis et les photos des rassemblements dénonçant la victoire électorale de l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad, un journaliste américain, Andrew Sullivan, reformulait le célèbre titre du poème de Gil Scott-Heron « The Revolution Will Not Be Televised » pour « The Revolution Will Be Twittered ». Facebook, Twitter, YouTube et les autres entreprises de Silicon Valley étaient portés aux nues en tant qu’étincelles révolutionnaires de l’avenir. (2014), le philosophe américain Andrew Feenberg donne deux exemples illustrant très bien ce processus décisionnel, notamment à propos de l’adoption de petites roues pour la bicyclette. leurs produits. Le récent piratage de plusieurs comptes de célébrités, dont l’actrice Jennifer Lawrence, illustre assez bien le risque que nous encourons à partager si volontairement notre vie privée. Ainsi, au XIXe siècle, deux visions de la bicyclette s’opposaient. L’une considérait que l’utilisation du vélo était exclusivement une activité sportive. L’autre y voyait un moyen de transport et une activité de loisir. Le premier camp prônait l'installation d'une grande roue à l'avant qui aurait pu permettre de parcourir plus de distance par tour de pédalier. Le deuxième camp trouvait ce modèle trop dangereux et préférait l’utilisation de petites roues. Avec l'apparition des roues gonflables, les fabricants opteront finalement pour le second modèle qui s'imposera alors sur le marché. À ce sujet, Scott Mendelson, dans un billet publié sur le site du Forbes, souligne un lien causal existant, selon lui, entre le fait qu’Hollywood fasse du corps des actrices l’élément central de leur travail et le phénomène de vols de photos personnelles qui ciblent presque exclusivement des femmes célèbres. Il faut attendre le livre du journaliste biélorusse Evgeny Morozov, The Net Delusion (2011), pour que les acclamations enthousiastes de ceux qu’il nomme les « cyber-utopistes », c’est-à-dire les élites intellectuelle et économique qui considèrent les nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC) comme étant un remède à tous les maux de nos sociétés, s’estompent. Dans son livre, Morozov décrit comment les régimes autoritaires, comme celui de la Chine ou de l’Iran, se servent d’Internet pour traquer les dissidents politiques. Il met en garde contre l’association trompeuse entre Internet et la liberté d’expression : le développement du premier n’assure pas nécessairement celui du second. Ce petit retour en arrière démontre assez bien le rapport de puissance qui s’établit dans le développement des techniques : le ou les groupes réussissant le mieux à implanter leur modèle et leurs intérêts marquent à tout jamais nos sociétés. LA TECHNIQUE ET LA PUISSANCE LES COÛTS DE LA TECHNIQUE Comme d’autres techniques avant elle, Internet a beaucoup évolué dans les dernières années. L’orientation de ces techniques n’est pas un fait aléatoire, mais une conséquence de décisions prises par des individus, des groupes, des entreprises ou des institutions gouvernementales et non gouvernementales. Ces acteurs n’ont évidemment pas la même influence sur le développement d’une technique. Cependant, les conséquences des décisions qu’ils prennent peuvent être cruciales pour le sort de la société. Dans le premier chapitre de son livre Pour une théorie critique de la technique OCTOBRE 2014 Qui décide de quoi et pourquoi, voilà ce que nous devons garder en tête lorsqu’on nous décrit euphoriquement la « révolution » que marque la sortie de brosses à dents connectées, de montres et bracelets mesurant nos activités physiques, de lunettes qui « augmentent » notre réalité, etc. Le pari, c’est qu’avec ces objets, nous serons plus en santé, plus informés et, par conséquent, de meilleurs citoyens, mais à quel prix ? D’une part, très peu d’attention est portée aux conséquences environnementales liées à la production de ces appareils en quantité phénoménale. Ces produits, qui sont construits à l’aide de substances hautement chimiques et très polluantes, sont bien souvent destinés à être remplacés au bout de deux à quatre ans. Autre exemple, peu d’études ou d’actions sont faites par les entreprises pour contrer la pollution causée par les centres de données qui sont alimentés en grande partie par des centrales thermiques au charbon. D’autre part, les compagnies qui produisent ces objets n’indiquent pas ce qu’elles feront des données recueillies par LA QUÊTE Photo: Archives Web Si les questions politiques, sociales, économiques et environnementales existent et sont de plus en plus soulevées dans les couloirs des universités et des entreprises, les réponses, elles, tardent à venir, soit parce qu’elles sont inconnues, soit parce qu’elles menacent le « progrès » ou la démocratie. Dès lors, une question s’impose à nous : Internet profite-t-il plus aux hommes qu’aux femmes ? La prolifération de la pornographie, mais aussi le piratage dont les femmes sont de plus en plus victimes dû au fait qu’elles sont célèbres, sont des exemples parmi d’autres démontrant que les NTIC établissent un rapport inégalitaire entre les hommes et les femmes, ces dernières subissant majoritairement leurs effets néfastes. Parce qu’Internet est encore très jeune, il est tôt pour condamner entièrement son utilisation. Néanmoins, l’idéologie propagée par Google, YouTube, Twitter et les autres entreprises californiennes doit être sérieusement questionnée. Il faut se rappeler que bien qu’elles se disent à l’avantgarde de la démocratie, ces compagnies suivent une logique capitaliste priorisant leurs propres intérêts économiques, politiques et sociaux au détriment de ceux des autres groupes. RÉMY-PAULIN TWAHIRWA 17 LA TERRE EST PLATE Photo: Archives Web La pensée est une libération de l’esprit, la critique est une opposition, mais il s’agit de joindre les deux mots pour se trouver face à une situation où l’on doit tirer le meilleur parti de ces entités. En association, les éléments doivent fournir une solution positive pour améliorer un tant soit peu la situation ou l’objectif en cause. La pensée critique est le seul moyen de faire bouger et avancer les choses. Ainsi, un juge lors d’une procédure pourra faire abstention de la pensée critique en se cantonnant sur des agissements habituels, gardant le statu quo sur certaines situations qui parfois mériteraient d’être améliorées : « Le monde agit comme ça depuis des années, c’est donc la bonne façon de faire ». Cela n’est certes pas une garantie, surtout si cette cause devient une jurisprudence. Elle restreindrait alors une évolution juridique. La question A est un peu farfelue pour les gens de notre époque. Tout le monde en connaît la réponse. Mais pendant des centaines d’années, on croyait que la terre était plate, et certains personnages ont passé un mauvais quart d’heure pour avoir pensé autrement. Pauvre Galilée! Les questions B, C et D sont un peu plus complexes, sûrement que nous aurons la réponse à tout cela dans x années. Entretemps, nous devons faire face aux sceptiques qui nous renvoient la balle, requérant de nous une preuve extraordinairement limpide et plaçant les réponses aux questions face à l’évidence. Une enquête devra révéler les faits et les preuves qui supportent les énoncés. Sans la pensée critique, l’évolution est impossible. Elle est le moteur indispensable du perfectionneGalilée ment de toute civilisation et de tout être humain. Elle exige de l’inPeu importe le domaine ou le sujet dont il est question, la per- dividu le dépassement du savoir de son époque, une étude en sonne qui avance une idée ou une opinion est-elle qualifiée pour profondeur qui mettra hors de tout doute l’orientation du sujet établir le bien-fondé de ce dont il est question ? élaboré, plaçant ainsi en lumière le point final sur ce que bien d’autres avant lui n’ont pu faire. L’esprit critique n’a pas de parti pris puisqu’il se réfère à la logique, et il est à des années-lumière de l’opinion publique. Par exemple, face aux phrases suivantes : PHILIPPE BOUCHARD A- La terre est-elle plate ? B- Y a-t-il des êtres humains sur d’autres planètes ? C- Dieu existe-t-il ? D- Les soucoupes volantes existent-elles ? MERCI À TOUS NOS PRÉCIEUX PARTENAIRES ! PARTENAIRES OR Centraide PARTENAIRES ARGENT CKRL FM 89,1 Impressions Stampa PARTENAIRES BRONZE Audiothèque Danièle Rouleau 18 Entreposage St-Rock Point de repères PARTENAIRES INCONDITIONNELS (depuis plus de 5 ans !) PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM Claude Gallichan, chiropraticien Yves Boissinot Le Bal du Lézard Inter-Marché St-Jean Maison Revivre Michel Yacoub LA QUÊTE OCTOBRE 2014 Entreposage Nouvo Saint - Roch 260, rue Daulac, Québec (Québec) G1K 6J6 - tél et fax: 418 523-0006 www.entreposagenouvo.com Tu utilises des drogues par injection et tu a besoin d’aide pour te procurer du materiel de prévention (seringues et condoms) ? Appelle nous ! Téléphone : 418-648 8042 Point de Repères Courriel : [email protected] 225,dorchester, rue dorchester,ville ville de G1KG1K 5Z4 5Z4 225 rue deQuébec Québec, Telephone (418) 648 8042 Courriel : [email protected] Tu utilises des drogues par injection et tu a besoin daide pour te procurer du materiel de prévention (seringues et condoms) ? Appelle nous ! OCTOBRE 2014 LA QUÊTE 19 LE JEU DE LA QUÊTE PAR JACQUES CARL MORIN ET GINETTE PÉPIN LE JEU DE LA QUÊTE par Ginette Pépin et Jacques Carl Morin CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À Remplissez les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide des définitions, L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grise représente une lettre qui GRISE UNElettre LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA est à RlaEPRÉSENTE fois la dernière d’un mot et la première lettre du suivant. PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 1 N 2 3 C 4 D 5 T Q 6 7 M M 8 9 10 Verticalement : VERTICALEMENT : 5- Accord à une proposition. Piège tendu à une personne. 1- Action systématique exercée sur l’opinion publique pour faire accepter certaines idées ou Actiondoctrines. systématique exercée sur l’opinion publique pour 6- Pari. Assemblage de fils repliés sur eux-mêmes et attachés de 1faire accepter certaines idées ou doctrines. telle sorte qu’ils ne se mêlent pas (HAUCEVEE). Récemment amputée de la Crimée. Art de préparer, d’empailler monterenles animaux en leur donnant l’apparence de vie. 20-20Art de préparer, d’empailler et de monteretlesdeanimaux 7- Amasser. Se dit d’un travail qui rapporte de l’argent. leur donnant l’apparence de vie. HORIZONTALEMENT : 8- Selon la chanson, elles sont longues à Winnipeg. Jeune femme espagnole. Métal blanc et solide, léger et bon conducteur. Horizontalement : 1- Nom d’emprunt. Opération magique consistant à jeter un 9- Père àet jeter fils, tous sont prénommés sort1à quelqu’un grâce à une figurine. Nom d’emprunt. Opération magique consistant un deux sort acteurs, à quelqu’un grâce àKirk uneet Michael. Tenue de soirée pour homme caractérisée par un refigurine. 2- Qui a la forme d’un cercle. Identification d’une maladie à vers de soie. Inscription ou dessin effectué sur un mur. partir de symptômes. Marque commerciale américaine de boisQui a la forme d’un cercle. Identification d’une maladie à partir symptômes. 10- Agent chargé d’une missionde (ISESERAMI). ÉviteMarque de danser son2gazeuse. commerciale américaine de boisson gazeuse.en rond. Cérémonial. 3- Compteur kilométrique. Résine qui dégage son parfum lors d’une combustion. Nom commun de la marmotte. 3- Compteur kilométrique. Résine qui dégage son parfum lors d’une combustion. Nom commun de la marmotte. 4- Attributs du homard. Pansement. On lui doit l’opéra Madame Butterfly. 4- Attributs du homard. Pansement. On lui doit l’opéra Madame Butterfly. 5- Accord à une proposition. Piège tendu à une personne. 20 LA QUÊTE OCTOBRE 2014 PAR HÉLÈNE HUOT RIRE ET SOURIRE GAUCHE. La malédiction s’est abattue sur la gauche depuis les temps les plus reculés. Dans l’Évangile, les élus sont à droite, les damnés à gauche. Dans les grandes entreprises, les grands patrons ont souvent plus de deux bras, mais ce sont toujours des bras droits. Dans le dictionnaire, l’antonyme de gauche est adroit, habile. Dans la vie courante, l’enfant apprend, dès l’âge scolaire, qu’il doit suivre le droit chemin, et se fait gifler s’il tend la main gauche. (Pierre Daninos, Le Jacassin, 1962) PARLER POUR PARLER 1. « Au tour des kurdes, des chrétiens et des yézidis », lit-on dans Le Soleil du 9 août dernier. Les yézidis sont les adeptes du yézidisme. Mais qu’est-ce donc que le yézidisme ? a. une religion monothéiste issue de l’Iran ancien; b. une forme de superstition courante au Moyen-Orient; c. un mode d’organisation sociale fondé sur la religion. 2. Comment appelle-t-on les habitants de Gaza ? 3. Les mots « critique », « crise » et « certain » appartiennent à la même famille. Vrai ou faux ? 4. L’influenza est un autre nom pour la grippe; quel autre nom donne-t-on à la malaria ? 5. Les mots abdomen, fluor et latex nous viennent : a. de l’arabe; b. du latin; c. du portugais. 6. Une fleur immarcescible : a. dégage un parfum mortel; b. meurt le jour de son éclosion; c. ne peut se flétrir. 7. Les expressions « rabaisser le caquet » et « clouer le bec » ont le même sens. Vrai ou faux ? 8. On peut lire dans le Journal de Québec du 9 septembre 2014 que le maire n’en a rien à cirer des critiques des « placoteux ». Le mot « placoteux » fait partie de la langue parlée seulement ; on ne le trouve pas dans le dictionnaire. Vrai ou faux ? 9. L’éléphant barrit, la chouette chuinte ; que fait le chameau ? 10. César et césarienne sont des mots de la même famille. Vrai ou faux ? ENCORE UN MOT… LE FLIP IMMOBILIER « Payant, un flip immobilier ? » C’est la question que pose la journaliste Laurie Richard dans Le Soleil du 5 juillet 2014. Qu’est-ce donc qu’un flip ? Dans le domaine de l’immobilier, faire un flip, ou flipper, signifie : agir de façon rapide pour l’achat, la réparation et la revente d’un bien immobilier, dans le but de faire un profit. (On peut aussi, dit-on, faire un flip sans rénovation.) L’opération est légale, mais assujettie à des règles qu’un notaire se charge d’appliquer ; les profits réalisés sont imposables. Celui qui fait un flip immobilier est appelé flipper ou flippeux; en anglais, l’opération s’appelle : « house flipping ». Le mot « flip » n’appartient toutefois pas au domaine de l’immobilier. Dans la langue courante, flipper signifie : être déprimé, angoissé, avoir peur. Par ailleurs, le mot flip désigne un téléphone pliable, un saut piqué en patinage artistique, une boisson faite à partir de jaune d’œuf et d’alcool (whisky, cognac, porto ou autre). En économie, un flip est une opération vente-achat qui vise à éviter un impôt. J’attends de vos nouvelles… Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique. Rien de plus simple. Écrivez-moi à [email protected]. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous ! Les réponses page 28. OCTOBRE 2014 LA QUÊTE 21 Photo: Archives Web Dans l'édition du 21 août dernier du Journal de Montréal, Sophie Durocher titrait sa chronique « Airoldi, vos réactions ». Elle faisait référence à l'émission Quel âge me donnez-vous ?, créée par Jean Airoldi au Canal Vie. Cette émission sème, avec raison, la controverse, spécialement auprès des féministes. sa personnalité. Après le processus de transformation, la dame était fière d'elle, se sentait mieux dans sa peau et avec raison ! Bien sûr, cette boîte de verre porte à la polémique, à la réflexion : ne sommesnous pas parfois esclaves des regards que les autres jettent sur nous, victimes de la société du paraître ? Sophie Durocher est, tout comme moi, une féministe modérée. Nous ne fonctionnons pas CONTRE les hommes, mais AVEC eux ! Quel que soit notre sexe, au fond, nous voulons tous plaire, recevoir de la reconnaissance, être respectés... Tout est dans le REGARD que nous posons sur soi et sur l'autre ! J'ai voulu, en toute liberté, écouter l'émission pour en tirer mes propres observations et réflexions. Qu'importe les époques, il en a toujours été ainsi, à moins de vivre nus, loin de la civilisation, sur une île déserte ou dans la brousse africaine. Encore là, d'intéressants reportages à la télévision nous montrent ces femmes qui, même si elles n'habitent pas nos grandes villes surpeuplées, veulent embellir leur corps par des maquillages faits de henné, d'argile. Elles portent autour de leur cou, de leurs poignets et de leurs chevilles, des colliers et des bracelets qu'elles ont créés avec des pierres naturelles afin d'attirer le regard des hommes. Ces derniers font de même, en se parant de plumes d'oiseaux très colorées. Dans l'épisode que j'ai regardé, la dame s'appelait Caroline. Elle m'a fait penser à moi et sans doute que plusieurs autres femmes se sont reconnues en elle. La boîte de verre que nous voyons au début et à la fin de l'émission est pour moi un SYMBOLE représentant notre état intérieur. Parfois, nous nous sentons pris en cage : cela concerne toujours notre confiance en soi et le fait d'être regardé dans toute notre VÉRITÉ par les autres. C'est intéressant de constater que les autres nous perçoivent parfois différemment de comment nous nous percevons. Si les critiques sont positives, nous sommes libres de les accepter. Cela nourrit notre profond besoin de transformation de notre être intérieur-extérieur, qui alors bénéficie de ces accents de Beauté. J'écoutais Jean Airoldi dire à la dame que c'est très bien de mettre en valeur l'âge qu'elle a, d'accepter ses rondeurs, d'avoir de bonnes dents, une belle coupe de cheveux, des vêtements qui l'avantagent, bref, de dégager une vision positive de toute 22 La cage de verre Nos observations dans la Nature nous révèlent que même les animaux se font une beauté, notamment pour la parade nuptiale! C'est très intéressant et passionnant de nous avouer qu'au fond, nous sommes tous semblables, tout en étant différents dans nos caractères, nos cultures, nos milieux de vie. C'est pour cela que tout est RELATIF et que nos perceptions changent d'un pays à l'autre, d'une époque à une autre, d'un âge à l'autre. Il s'agit de voir, avec une pointe d'humour, de simplicité et d'humilité, que nos apparences peuvent s'harmoniser avec notre vraie identité, et ce, afin de dédramatiser nos contacts humains. CHRISTIANE VOYER LA QUÊTE OCTOBRE 2014 Le coffre à gants Dans ce cher coffre à gants, qui avait pourtant bel et bien les dimensions réglementaires, on pouvait également y retrouver un parapluie hyper-rétractable à ouverture tellement soudaine et automatique qu’à un moment donné, personne ne comprit la signification des baleines qui nous obstruaient la vue, et ce, durant de très longues secondes (d’autant plus longues que nous roulions à plus de cent vingt kilomètres à l’heure). Il y avait aussi, astucieusement placé là par l’oncle qui condescendait parfois à nous faire profiter de sa vaste expérience des voyages en nous refilant quelques conseils judicieux, un cintre dénoué et terminé par une boucle, qui nous permettrait d’ouvrir les portières au cas où ma bonne tante abandonnerait la voiture garée, tous feux allumés, moteur en marche et, bien sûr, toutes portes verrouillées, comme ça s’était produit la veille au soir. Nous passâmes un très bon moment à observer celle-ci en train d’essayer d’expliquer en joual à un grand policier couleur d’ébène, qui ne s’exprimait qu’en anglais, pourquoi elle voulait qu’il force la portière afin que nous puissions déverrouiller les portes à l’aide du cintre de mon oncle. Toujours dans ce même coffre à gants, dans un petit compartiment de vinyle collé à sa paroi gauche, il y avait un condom écossais remisé là par le cousin, depuis le soir où il avait visionné avec sa copine la fresque de Jeannette intitulée Comment j’ai perdu la jeunesse présentée au ciné-parc des Trois colombes et durant laquelle on leur avait servi des poutines à la papaye flambées au kirsch. Derrière ce compartiment, accoté au fond, se trouvait un petit miroir de poche dont les filles ne OCTOBRE 2014 se servaient plus pour se poudrer le nez… mais bien pour se l’emplir. Leurs joues pâlissaient un brin, d’accord, mais quel sourire extatique illuminait alors leur frimousse ! Et comme les garçons, nouvellement soucieux de développer leur coquetterie et de prendre soin de leur apparence, cherchaient à imiter les filles, c’est narine contre narine sous la tempête de neige qu’ils réinventaient l’art du baiser esquimau. Il y avait aussi, sous l’enveloppe de plastique qui contenait les enregistrements de la voiture, un petit grattoir à glace à Mais souvent, lorsque la soirée se prolongeait, les réflexes du cousin s’émoussaient, tout comme l’arête, et lorsqu’une nouvelle capsule virevoltait, elle emportait avec elle un petit bout de chair sanglant sous sa dentelure. Grimaçant alors de douleur, sans dire mot, il offrait la bouteille à sa compagne qui, de son côté, pensait justement : « Comme il est généreux, comme il est doux avec moi ». Elle émettait un petit cri en sentant la tiédeur du sang sous ses doigts qui empoignaient la bouteille fraîche. Avec le visage crispé qui tentait de sourire, elle le dévisageait. Au fond d’elle, elle savait qu’il avait mal. Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque Dans le coffre à gants de notre voiture, il y avait le mouchoir américain, plus large qu’un drap, que ma tante avait utilisé pour essuyer le mascara qui descendait sur ses joues, délivré par les larmes de joie que ses yeux ravis produisaient à volonté en réalisant qu’elle traversait la frontière pour rentrer au Québec. À côté de ce mouchoir, se trouvait une carte du métro de New-York qui sema un nouvel émoi dans la bonne figure ronde de notre chère tante lorsqu’elle la découvrit, avant de l’exhiber en s’esclaffant de notre bêtise qui nous l’avait fait égarer, malgré maintes quêtes infructueuses que nous avions entreprises de façon systématique, au moment précis où nous en avions besoin. l’arête ébréchée, parce que le cousin l’utilisait souvent à l’époque des capsules non-dévissables afin d’ouvrir les bouteilles d’alcool doré qu’il consommait toujours lorsqu’il mangeait des poutines. Il empoignait alors le goulot fermement d’une main, et de l’autre appuyait l’arête du grattoir sous la capsule. Si la fille en était à une de ses premières sorties, elle le regardait avec de grands yeux ébahis et avec la bouche grande ouverte voulant dire : « Mais qu’est-ce que tu fous ? » L’autre souriait, fier, comme il avait souri aux autres avant elle, avec l’air de vouloir dire : « T’en fais pas, j’ai l’habitude ! » Et il avait l’habitude, en effet. La capsule s’envolait en opérant une jolie suite de tire-bouchons, traversait par la fenêtre ouverte avant de plonger vers le gravier du ciné-parc. Dans ces moments-là, chacune des filles l’aimait, orgueilleux et adroit. LA QUÊTE Dans ces moments, elle l’aimait, piteux et penaud. Sous le grattoir à glace, il y avait maintenant un décapsuleur en métal léger, qu’une des filles à la peau douce avait placé là pour éviter que mon cousin n’abîme ses bandages, parce qu’elle en avait assez de se faire caresser par une momie. Au lieu de lui tendre le grattoir, elle lui tendait le décapsuleur neuf, encore étiqueté, qu’il acceptait sans rechigner, affichant même un sourire. Il l’aimait ainsi, lorsqu’il la découvrait si prévenante, aux aguets. Dans le fond du réduit, il y avait aussi la clé du coffre à gants. Mais jamais, au grand jamais, nous ne trouvâmes de gants dans ce coffre-là. BERNARD ST-ONGE 23 Qui ? Photo: Archives Web qui désire s'allonger sur un banc de pluie qui se sait plus fidèle qu'une épouse faite de vase et d'herbes séchées qui croit monter vers un ange outragé (mais ayant franchi le mur du son) qui descend aux enfers pour se dévergonder et se gorger de Stabat Mater qui rêve des autres que eux en veulent qui se plaît à souhaiter deux ou trois petites choses inutiles qui lit à voix haute quand s'agenouille le crépuscule qui s'allongerait contre des corps suppliciés démembrés damnés qui soulage la mère des vierges qui pourrit mais debout Qui dit vivre parmi les feuilles qui dit chanter dans l'ombre de ses débris qui pense à donner ce dont on s'éprend qui songe aux mourants quand point le jour qui fait l'amour tel un poisson rouge qui procède au décompte des nuits les plus pieuses 24 qui branle-bas sous les amas de coutelas qui brillance hors sa cage qui bruits et neumes côté jardin qui fatale morsure au fond des caveaux qui débâcle quand on espérait qui demain d'une astuce ou d'un tournis qui flatulences et manèges qui donc rebond où s'émouvoir qui lenteur et ressort non point sommeil qui claquement deçà la voix qui mesure aux embouchures qui tiroir de préférence à terroir qui prélude ô finesse ô doigté qui bouche prêtée pour l'accent qui multiplication des amours de leurs relents LA QUÊTE qui l'éclisse éclipse ellipse qui devant le peu des regards qui dans l'embrasure défraîchie qui dedans les bouges par delà qui dessous ses débarques qui en la mer sur les pavés du rêve qui pour quoi dites-le-moi qui à la cantonade qui autour qui Neruda Pablo Dorion Hélène Marlowe Christopher qui Nelligan qui Gaston Miron Denise Désautels qui wiegenlied qui quoi qui l'échouerie de ces îles inventoriées contre la tempe qui cette fragrance d'eau de mer toute verdâtre qui ça qui : conque à la coque translucide. J.-P. D. LE POÈTE DE LA RUE OCTOBRE 2014 Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque SOUDAIN TOUT LE VENT soudain tout le vent m’envole au-delà des glaces qui se dispersent en éclats de lumière soudain la montée des neiges m’écrase telle une souche enfouie sous la neige tout demeure tout passe même ce qui reste gelé dans les eaux noires tout m’étiole même si la clarté du soleil faiblit tout n’est pas perdu car la chaleur profonde de la pierre d’hier devient l’éclat de cœur d’aujourd’hui soudain tout le fleuve m’enclave puis me fracasse sur cette pierre et me fissure sur cette plage que dire de la fragilité d’être nu les mots dits me colorent la peau l’union du bronze et de l’or réconcilient nos divergences soudain tout l’amour sort sur les balcons au printemps et les midis en ville résonnent plus fort que l’angélus que dire d’une joie d’une légèreté comme une aile qui m’ancre dans l’air OCTOBRE 2014 beaucoup de gens s’allègent d’un poids immense en pratiquant une activité légère comme cette infirmière à la voix blanche qui traverse un boulevard sur la pointe des pieds telle une ballerine soudain tout le chagrin me dévisage et mes larmes corrosives me percent les yeux m’aveuglent tout m’enserre et nos mains nouées dessinent mille et un paysages impossible à contempler même en pleine clarté tout le ciel m’échappe et m’incite à rester en bas très loin mais pas trop dans l’ombre paisible de ce bois intime rempli de murmures soudain tout le bonheur aplanit les obstacles avec ardeur avec passion ne serait-ce qu’un instant tout m’invisible tout m’éclipse comme une lune opaline qui se boit avec un morceau de pain tout est clair-obscur tout est présent et absent à la fois LA QUÊTE comme une page blanche comme le retour d’une lettre sans destinataire nous savons que l’épilogue ne peut se confondre avec le dénouement et quelques fois la conclusion est inattendue tout m’électrifie tout m’électrocute une fois que le survoltage sera achevé la conclusion n’aura pas de mots épilogue nous savons ce qu’il y a au-dedans il y a ça il n’y a pas ça c’est bien ce n’est pas trop ou très peu c’est juste assez nous irons cogner à la porte de ce qu’il y a au-dedans de ce qu’il n’a pas au-dedans et celui qui vient ne porte pas de nom on lui a enlevé aussi son prénom il a une voix mais il n’a pas de voix maintenant nous savons ce qu’il est nous savons ce qu’il n’est pas FRANÇOIS GAGNON 25 Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque Crème de Carême L’homme qui paraissait ivre, parla avec émotion à son fils, un garçonnet de dix ans, devant la barrière appelée « barrière du Maine » : - Mon petit, pense à ton avenir. Nous arrivons à une époque où avoir de l’esprit permet de faire fortune. Et tu en es rudement pourvu. Nous devons nous quitter... Avance devant toi avec ce que le Bon Dieu t’a donné ». Et l’homme, ouvrier de chantier et père de vingt-cinq enfants, s’éloigna sans se retourner. * * * Antonin Carême, à l’article de la mort en janvier 1833, et bien que dictant à sa fille Maria des recettes de cuisine pour son encyclopédie de la cuisine, se souvient de sa jeunesse : « Quoique mon père m’ait littéralement jeté dans la rue, afin de me sauver, la fortune m’a souri rapidement, et une bonne fée m’a pris souvent la main pour me mener au but ». * * * Né en 1783 à Paris, Antonin connaît la faim et le froid à l’âge de six ans . À la fin de ce printemps 1789, Paris se réchauffe tant bien que mal, après un hiver rigou- 26 reux. La Seine avait gelé jusqu’à son embouchure, et les moulins, prisonniers de la glace, ne tournaient plus : certains soirs, il faisait – 18. Enfant de la rue du Bac, Antonin aime très tôt les fêtes et les colonnes sculptées des façades parisiennes. Le premier maître dont Carême parle, c’est Bailly, qui l’embauche comme tourier. Devant son tour à pâte, ou table, Carême travaille avec son rouleau avec minutie : la pâte parfaite s’obtient après des mois, après des années de travail. À la Restauration, Carême fut demandé par le tsar de Russie et le roi d’Angleterre et termina ses jours chez les Rothschild. Avec Carême, déguster un plat, s’abandonner à un dessert, c’était aussi goûter à l’Histoire et examiner ses effets sur nos sens et nos âmes. En un mot comme en mille : manger était faire acte de connaissance. LAURENCE DUCOS Si Carême n’est pas rebuté par les difficultés, il est avant tout curieux : il cherche, il modifie les recettes ou bien les gestes que le professionnel répète tous les jours. Il fait confiance aux surprises de son four. En faisant un jour ses tourtes et ses petits pâtés, il eut l’idée de faire un couvercle d’une forte rondelle de pâte crue. Son collègue fournier lui dit : « Antonin, elle vole au vent ! » La tour avait un sommet penché, comme la tour de Pise. Antonin la rendit droite : le vol-au-vent était né. Carême inventa le mille-feuille, la charlotte, le petit four, mais aussi les pièces-montées pour lesquelles il s’était inspiré des ruines antiques de Rome, Palmyre… Il décréta : « Les beaux-arts sont au nombre de cinq : la peinture, la sculpture, la poésie, la musique, l’architecture laquelle a pour branche principale la pâtisserie ». LA QUÊTE OCTOBRE 2014 Ressources Aide sociale ADDS Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983 Maison de Lauberivière Centre de jour 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 [email protected] Relais d’Espérance Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 525, rue St-François Est Tél. : 418 529-2222 Rose du Nord Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org Aide aux femmes Centre femmes d'aujourd'hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 [email protected] www.centrefemmedaujourdhui.org Support familial Flocons d'espoir Écoute et aide matérielle pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4, Québec Tél. : 418 683-8799 ou 418 539-2939 [email protected] Violence Info Sensibilisation, information et intervention pour contrer la violence conjugale et la maltraitance envers les aînées. [email protected] www.violenceinfo.com Alphabétisation Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 [email protected] Alpha Stoneham 926, rue Jacques-Bédard, bureau 202 Tél. : 418 841-1042 [email protected] www.alphastoneham.com Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 [email protected] www.atoutlire.ca Lis-moi tout Limoilou 798, 12e Rue, 1e étage, Québec Tél. : 418 647-0159 [email protected] La Marée des mots 3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667-1985 [email protected] www.membre.oricom.ca/lamareedesmots Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418-688-4240 [email protected] www.centredecrise.com Centre de prévention du suicide 1310,1re avenue, Québec Tél. : 418 683-4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca Communautés solidaires 5, rue du Temple, Québec Tél. : 418 666-2200 [email protected] www.communautessolidaires.com Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 www.teljeunes.com OCTOBRE 2014 Entraide Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 [email protected] www.campo.org Fraternité de l'Épi Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est Tél. : 418 523-1731 Hébergement Maison de Lauberivière Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 [email protected] www.lauberiviere.org L'Armée du Salut et La maison Charlotte Hébergement hommes 14, côte du Palais, Québec Tél. : 418 692-3956 poste 1 Hébergement femmes 5, rue Mc Mahon, Québec Tél. : 418 692-3956 poste 2 www.armeedusalut-quebec.ca Maison Revivre Hébergement pour hommes et femmes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 [email protected] www.maisonrevivre.net SQUAT Basse-Ville Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483 [email protected] www.squatbv.com Gîte Jeunesse Hébergement temporaire pour garçons de 12 à 17 ans Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225 Résidence de Ste-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990 YWCA Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes (La Grande Marelle) 855, av. Holland, Québec Tél. : 418 683-2155 [email protected] www.ywcaquebec.qc.ca Réinsertion sociale Maison Dauphine Pour les jeunes de 12 à 24 ans 31, rue D’Auteuil, Québec Tél. : 418 694-9616 [email protected] www.maisondauphine.org Prostitution La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Québec (Québec) G1K 9A4 Tél. : 418 523-1798 [email protected] www.maisondemarthe.com P.I.P.Q. Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 [email protected] www.pipq.org Soupe populaire Café rencontre Centre-Ville Déjeuner et dîner 796, rue St-Joseph Est, Québec Tél. : 418 640-0915 [email protected] www.caferencontre.org LA QUÊTE Maison de Lauberivière (Souper) 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 [email protected] Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 745, Honoré-Mercier, Québec Tél. : 418 692-1762 [email protected] Santé mentale La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 [email protected] www.laboussole.ca Centre Communautaire l'Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 [email protected] www.centrecommunautairelamitie.com Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 [email protected] www.entraide-emotions.org La Maison l'Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 [email protected] www.maisoneclaircie.qc.ca Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor, Québec Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157 Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283 Parents-Espoir Soutien et accompagnement des parents 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167 Service d'Entraide l'Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 [email protected] www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 [email protected] www.relaislachaumine.org TOXICOMANIE Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418 990-2666 www.al-anon-alateen-quebec-est.ca Amicale AlfA de Québec 75, rue des Épinettes, Québec Tél. : 418 647-1673 [email protected] www.amicale-alfa.org Point de Repères 225, rue Dorchester, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com VIH-SIDA MIELS-Québec Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720 Ligne Sida aide : 418 649-0788 [email protected] www.miels.org 27 R EUNIE IEU M MATH : sie rtoi Cou ie th Ma u M eu nie r LE GROS, LE GRAND ET LE PETIT L’Australie chevauchait mes rêves depuis un bon moment. Un genre de mirage lointain teinté de chaleur, de koalas touffus et de bibittes. Un gros pays pour lequel j’ai creusé un petit sillon dans le champ de mes souvenirs, au cours des deux derniers mois. quelques pièces de monnaie. Six dollars australiens plus tard, il m’a remis le Big Issue. Ce magazine de rue tentaculaire qui émerge du Royaume-Uni. C’est vrai qu’il est gros, qu’il a adopté un modèle d’affaires semblable aux grands magazines de ce monde. Une visite rapide sur les sites Web du magazine étale l’étendue du phénomène. Australie, Afrique du Sud, Angleterre, Japon (et autres) ont un Big Issue qui parsème leurs rues. Certains lui reprochent ce statut, cette soif de grandeur, cet appétit du profit. Je me demande pourquoi. Si la mission reste dans la mire, j’y vois du bon. Si les gens qui y participent et les camelots en sont fiers, idem. Et s’ils s’identifient à ses pages et à ses couleurs, je suis pour la grandeur. C’est l’itinérance qu’on doit faire régresser. C’est sa croissance qu’il faut empêcher, pas celle des magazines de rue. Me semble. Le vendeur m’apparaissait roux, grand et volubile. Si mon garçon n’était pas entré en transe colérique (sa mère a bu dans sa bouteille d’eau sans obtenir son consentement), je serais probablement encore en pleine conversation avec lui. Il exhibait ce regard de vieux routier qui lit dans les craques d’asphalte. Qui perce l’esprit jusqu’au néant. Qui réconforte et sème le doute en même temps. Avec un accent qui décape le cérumen, il parlait de Brisbane et de ses attraits. Pourtant. Il n’avait pas à nous vendre ses charmes, nous étions déjà conquis. Cette ville serpentée d’une rivière offre une rasade de bonheur aux touristes. Et aux autres. Ici, les gens semblent heureux. Comme partout en Australie. Est-ce un mirage causé par la chaleur ? Un effet secondaire d’une piqûre d’araignée grosse comme une boîte de Kleenex ? J’ai fouillé dans mon esprit à la recherche d’un semblant d’explication. Le long de la côte est australienne, j’ai vu des centaines de gens qui arpentent les épiceries pieds nus. Qui mangent au resto pieds nus. Qui conduisent pieds nus. C’est peut-être l’absence de bas, de sandales ou de souliers qui alimente le flux du bonheur. Puis, je me suis demandé ce qui apparaît en premier chez l’Australien moyen. Un regard estampillé de bonheur ou la corne en dessous des pieds ? Et là, pour mettre un terme à la réflexion, j’ai sorti De retour au pays, j’ai feuilleté La Quête. Comme on lit une lettre d’amour enfouie dans un vieux coffre rouge. Comme on déguste un sushi en six bouchées pour faire durer le plaisir. Comme on flatte la tête de ses enfants en espérant qu’ils restent petits, en sachant fort bien qu’ils vont grandir. Et que c’est correct ainsi. Dans la vie, on grandit. La petite Quête a un grand sillon de creusé dans mon cœur, juste pour elle. Et je suis tellement heureux de la voir grandir, elle aussi. 6- Pari. Assemblage de fils repliés sur eux-mêmes et attachés de telle sorte qu’ils ne se mêlent MATHIEU MEUNIER pas (HAUCEVEE). Récemment amputée de la Crimée. 7- Amasser. Se dit d’un travail qui rapporte de l’argent. 8- Selon la chanson, elles sont longues à Winnipeg. Jeune femme espagnole. Métal blanc et solide, léger et bon conducteur. 9- Père et fils, tous deux acteurs, sont prénommés Kirk et Michael. Tenue de soirée pour homme par un revers soie. Inscription ou dessin effectué sur un mur. 10. Faux.caractérisé Contrairement à la de croyance populaire, le mot « césarienne » n’a SOLUTION DE PARLER POUR PARLER 1. a. Les yézidis, appelés aussi yazidis, sont les adeptes du yézidisme, une religion monothéiste qui plonge ses racines dans l’Iran ancien; le principal lieu de culte yézidiste est situé dans le Kurdistan irakien. rien à voir avec Jules César. Ce mot vient du latin caedere qui veut dire : 10-couper. Agent chargé d’une mission de danser en rond. Cérémonial. On trouve dans la(ISESERAMI). même familleÉvite le mot « césure ». SOLUTION SOLUTION LES MOTS CROISÉS 2. Ce sont les Gazaouis. 3. Vrai. Ces trois mots appartiennent à la famille étymologique de « certes ». 4. Le paludisme. 5. b. Ces mots nous viennent du latin. 6. c. Une fleur immarcescible ne peut se flétrir. Des chercheurs brésiliens ont trouvé une telle fleur, qu’ils ont appelée Jouvencia Cappilum (Fontaine de Jouvence). Immarcescible s’oppose à marcescible. 7. Vrai. Les deux signifient : faire taire une personne, la remettre à sa place. 8. Faux. Placoteux (ou placoteur), qui signifie « bavard », ainsi que placotage et placoter figurent bel et bien dans le Petit Larousse ou le Petit Robert. 9. Le chameau blatère. 28 1 2 3 4 5 6 7 8 1 P S E U D O N Y M E N V O U T E M E 2 R O N D I A G N O S T I C O C A 3 O D O M E T R E N C E N S I F 4 P I N C E S P A R A D R A P U 5 A S S E N T I M E N T R A Q U 6 G A G E U R E C H E V E A U 7 A C C U M U L E R E M U N E 8 N U I T S E N O R I T A L 9 D O U G L A S M O K I N G 10 E M I S S A I R E M P E C LA QUÊTE 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 N T C O L A F L E U X C C I N I E N A R D K R A I N E R A T E U R U M I N I U M R A F F I T I H E U R I T E OCTOBRE 2014 « Quand il faisait bon être sans-abri » Ce que veut Capo ce n'est pas la toute dernière iBox 6, summum du logis, de loin supérieur au taudis de la dernière génération (même avec les mises à jour de rabat à ses pieds et la protection antifuite, ça ne l'empêche pas de partir au vent), ce qu'il veut c'est simplement de la chaleur. De la chaleur avec le froid qui approche, mais également de la chaleur humaine. ____________ Photo: Archives Web Si cette histoire est un mélange de présent de l'indicatif, de passé simple et composé ou tout autre temps imparfait, il n'en reste pas moins que ce matin le froid a eu le dessus sur Capo. Capo vit dans la rue. C'est un sans-abri, un SDF, un oublié des fonds de ruelles. Capo, bien sûr, ce n'est pas son vrai nom. Ça, il l'a gardé pour lui ou il l'a peut-être seulement oublié. Qu'importe, maintenant, c'est Capo. Il m'a raconté qu'il vivait dans la rue depuis plusieurs années, des années qu'il ne compte plus. Il est meilleur pour calculer les Celsius. Plus précis que le mercure, son épiderme sensible ne se trompe jamais sur le temps qu'il fait. Puis, il s'est mis à parler du passé. « Le bon vieux temps ! », comme il le disait dans sa barbe couleur neige de bord de trottoir. « Quand il faisait bon être sans-abri ! » « Avant, les gens donnaient à ceux qui vivaient dans les rues. Maintenant ils n'ont plus les moyens. Pas qu'ils manquent de sous, non ! C'est que les sous ne sont plus réels dans leurs poches. Les gens se promènent avec leurs cartes de pétrole transformées de seize chiffres à argent virtuel. Ils n'ont même plus un sou noir, eux qui sont disparus en espérant faire disparaître la pauvreté du même coup. Bientôt, ça va être quoi ? Les gens vont pouvoir payer avec leur téléphone ? » lâcha Capo d'un ton ironique. « Non quand même pas... je ne crois pas que la société pourrait évoluer autant alors que nous sommes des milliers à habiter dans des boîtes de carton. Ce serait totalement absurde », répliqua-t-il. Capo vivait dans la rue. C'était un sans-abri, un SDF, un oublié des fonds de ruelles. Capo, bien sûr, ce n'était pas son vrai nom. Ça, il l'a gardé pour lui ou il l'a peut-être seulement oublié. Qu'importe maintenant, car Capo nous a quittés. Nous vivons dans une société instagramée de hashtag, qui infuse son propre cocktail de cellules cancéreuses dans ses veines de fibres optiques. Dans une société paradoxalisée par des communautés facebookiennes aux notifications intempestives qui font vibrer ses téléphones que l'on ose qualifier d'intelligents de par cette faculté qu'ils ont de contrôler et de diriger. Nous oublions parfois trop facilement que le monde est bien plus que des écrans. Nous oublions que certains n'en possèdent pas et, comme dirait Dédé, qu'ils ne sont « qu'un beau sujet pour le show des nouvelles ». Au Québec, il y a plus de 30 000 sans-abri. Je ne vous demande pas de les héberger ou de leur donner vos économies, mais simplement d'avoir une petite pensée pour eux avec le froid qui approche. Donnez votre vieux manteau ou une de vos huit tuques, une vieille couverture ou des chandails que vous ne voulez plus, car trop démodés. Et si le cœur vous en dit, pourquoi ne pas participer à la Nuit des sans-abris, le 17 octobre prochain, afin de « donner un p´tit brin de chaleur à ceux qui ont l´hiver raide dans le cœur » ? Car au final, il ne fait jamais bon être sans-abri. KÉVIN BESNARD C'est à ce moment que j'ai compris que cet homme, que l'on définit par quelque chose qu'il ne possède pas (de la même façon qu'on pourrait nommer quelqu'un un sans-jambe ou un sans émotions fixes), ne demandait pas grand-chose. OCTOBRE 2014 LA QUÊTE 29 TREIZIÈME ÉDITION LA NUIT DES SANS-ABRI ! déguster la soupe : s’asseoir et accepter d'échanger. Crédit: Suzie Genest L'équipe de Graff 'Cité, issue du Carrefour jeunesse-emploi de la Capitale-Nationale, étalera ses talents artistiques sur des cubes géants et vous offrira la chance de vous initier à cette forme d’expression urbaine. monsaintroch.com Bibliothèque vivante, parcours des lieux d'errance, atelier de graffitis, pour ne nommer que ces activités, font partie de la programmation fort originale qu'ont concoctée les organisateurs de la treizième édition de la Nuit des sans-abri (NSA). Le 17 octobre, les citoyens de Québec, pas seulement ceux de la BasseVille, sont invités à se rendre à la Place de l'Université-du-Québec (parc St-Roch) afin de réfléchir ensemble à ce phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur dans notre ville : l'itinérance. DE LA SENSIBILISATION LUDIQUE Le visage le plus connu des sans-abri : une personne un peu croche qui tend la main au coin de la rue. Derrière cette réalité bien visible se cache une multitude de formes d’itinérance. De la femme obligée de cohabiter avec un conjoint violent pour ne pas se retrouver sur le pavé à la personne âgée qui erre de ressources à ressources pour ne pas succomber dans la rue, le prisme de l'itinérance est large et surtout largement méconnu. La Nuit des sans-abri offre une occasion exceptionnelle de découvrir les facettes cachées de l'itinérance et d'échanger avec ceux qui en sont victimes. Pour comprendre, rien de mieux que de passer de l'autre côté du miroir... À 17 h, tout sera en place dans le parc St-Roch pour lancer les activités de sensibilisation. Parmi celles-ci, mentionnons la très originale Bibliothèque vivante : empruntez une personne plutôt qu'un livre! Voilà une chance inouïe d’écouter, entre autres, d’ex-itinérants raconter leur parcours — tumultueux, faut-il le préciser — de vie. Plus que de les entendre, vous pourrez, installé dans un petit salon propice à la discussion, poser toutes les questions que vous désirez à ces « livres » qui parlent! LIBÉREZ VOTRE PLACARD Libérez votre placard des vêtements d'hiver que vous ne portez plus et offrez-les à ceux qui n'ont pas les moyens de s'en payer! Avant le 13 octobre, allez porter vos surplus dans l'un des points de service de L'Armée du Salut (1125, de la Canardière, du lundi au samedi, de 8h à 16h ou 14, Côte du Palais, 7/7 jours, de 8h à 20h). Mentionnez qu'il s'agit d'un don pour la Nuit des sans-abri ! 30 Dès 16 h, le Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12) manifestera devant l'Assemblée nationale dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté! Les manifestants se dirigeront ensuite vers le parc St-Roch afin de tenir un kiosque d'information et de soutenir pacifiquement la NSA. Comment satisfaire une envie aussi primaire que d’aller à la salle de bain quand on est confiné à la rue? Les sans-abri déploient des trésors d’imagination pour répondre à leurs besoins de base. Curieux d'en savoir plus? Suivez le Parcours des lieux d’errance, un itinéraire qui vous surprendra. Sous forme de speed-dating, Le temps d’une soupe offre l'opportunité de discuter librement avec des gens comme vous, qui ont eu envie d'en savoir plus sur ce phénomène de société, mais aussi avec des intervenants qui travaillent aux quotidiens avec les démunis et, évidemment, avec des itinérants. La condition pour LA QUÊTE Des prestations artistiques, l’exposition de photos — Itinérance à travers le monde, la distribution de nourriture et de vêtements chauds font également partie du programme. Les plus résistants (!) pourront enfin participer à la vigile de solidarité qui se déroulera de 23 h au petit matin. La NSA, c’est un gros party de sensibilisation : toutes les activités visent à favoriser l’ouverture à la différence, l’échange et une meilleure compréhension de ce phénomène — l’itinérance — dont personne n’est à l’abri ! FRANCINE CHATIGNY DÉFI 18/2 Les organisateurs de la NSA vous mettent au défi de plonger, de manière officielle, dans cet univers, en vous inscrivant au défi 18/2. Ici, pas question d’amasser des sous ou de vous asperger de quoi que ce soit. Le défi consiste à vous engager à être présent dans le parc, de 18 h à 2 h du matin, beau temps, mauvais temps, de manière à ressentir l’obligation de rester dehors. Lancez le défi à vos collègues de travail, amis ou membres la famille, formez un groupe et inscrivez-vous auprès de Magali Parent au 418 694-9316 poste 287. QUOI ? LA NUIT DES SANS-ABRI QUAND ? 17 OCTOBRE 2014, DE 17 H AU PETIT MATIN OÙ ? PLACE DE L'UNIVERSITÉ-DUQUÉBEC (PARC ST-ROCH) COMMENT ? EN PARTICIPANT POURQUOI ? PARCE QUE PERSONNE N'EST À L'ABRI ! OCTOBRE 2014 LA ème 13 NUIT DES SANSABRI PERSONNE N’EST À L’ABRI RELEVEZ LE DÉFI 18/2 VENDREDI LE 17 OCTOBRE 2014 Activités dès 17h Place de l’Université du Québec Coin de la Couronne/Charest www.raiiq.org Michel Yacoub Conseiller en sécurité financière Conseiller en régimes d’assurances collectives Représentant autonome 501, 14e Rue Québec, Québec G1J 2K8 Téléphone : 418 529-4226 Télécopieur : 418 529-4223 Ligne sans frais : 1-877-823-2067 Courriel : [email protected] 4$ No 168 Octobre 2014 S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant une carte d’identification. 2 $ sur le prix de vente va directement au camelot. Le magazine de rue de Québec • Dix questions à Normand Baillargeon • Lettre à mes amis cyniques • Esprit critique en herbe • Un système d’alarme • La terre est plate Découvrez mon histoire à centraide-quebec.com Concept : Publicis Montréal Photographie : Shayne Laverdière Maison de production : La Cavalerie pub_journal_laquete_campagne_2014.indd 3 2014-09-16 10:36
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