COURS DE GEOPHYSIQUE APPLIQUEE STU – S5 2020-2021 Pr Abdessamad Ghafiri FACULTE DES SCIENCES BEN M’SIK Université Hassan II de Casablanca Méthode électrique I. Théorie élémentaire: 1. Généralité: • Les méthodes électriques sont basées sur l’étude de la circulation des courants naturels ou artificiels dans les différentes formations du sous-sol. Ces méthodes sont nombreuses et variées, sont divisées courants naturels: et généralement en deux classes: a. Les méthodes utilisant les Polarisation spontanée et méthode tellurique; b. Les méthodes utilisant les courants Potentiel, Résistivité, Polarisation Induite, … artificiels: 2. Équations fondamentales: a. Loi d’Ohm: U = VB – VA = R . ɪ • B A La résistivité s’écrit sous forme d’une relation entre la résistance R du conducteur et ses dimensions géométriques (longueur et section). Résistance homogène: Résistance non homogène: 𝑹 = ρ 𝜴. 𝒎 𝑹= 𝜌 ⅆ𝑙 ⅆ𝑠 𝒍 𝒎 (Ω) 𝑺 𝒎𝟐 b. Potentiel dans un milieu homogène: U=R.ɪ U= ρ 𝒍 𝑺 Donc ɪ Avec 𝑹=ρ 𝑼 ɪ =ρ 𝑺 𝒍 E=ρ.𝒊 𝒍 𝑺 𝑼 =𝑬 𝒍 ɪ =𝒊 𝑺 Champs électrique Densité de courant • Dans le cas d’un courant continu ɪ circulant dans un milieu homogène et isotrope, le courant 𝒊 traversant un élément de surface ds est 𝒊 = ɪ/ds ( 𝒊 est donc la densité de courant, elle s’exprime en A/m2). σ: la conductivité électrique = 1/ ρ On a: E=ρ.𝒊 𝑬 𝟏 𝐄=𝒊 ρ σE=𝒊 𝐸𝑥 − 𝛛𝑽 𝛛𝒙 𝐸𝑦 = −𝒈𝒓𝒂𝒅 𝑽 = − 𝛛𝑽 𝛛𝒚 𝐸𝑧 = −∇𝑉 − 𝛛𝑽 𝛛𝒛 Les principaux constituants des roches (minéraux) ont des résistivité élevées (isolants). C’est l’eau d’imprégnation des roches contenant des sels dissous se comportant comme des électrolytes qui rend les roches conductrices. La résistivité des roches dépend donc de deux paramètres : 1. la teneur en eau d’imprégnation (porosité & perméabilité); 2. la teneur en sel de cette eau (concentration). Surface du sol Conductivité électrolytique Conductivité ionique Minéraux (des isolants) Roch e Vides (porosité) Eau d’imprégnation ± chargée : Eau + Sel La porosité La teneur en sel la conductivité la conductivité ρ ρ A titre indicatif, la résistivité des principaux types de roches est donnée dans le tableau suivant: Roches Résistivité en Ωm Argiles 1 à 10 Marnes 10 à 50 Schistes 50 à 200 Schistes métamorphiques 500 à 1000 Calcaires 80 à 5000 Crès compact Jusqu’à 1000 Granites 300 à 500 Sables 30 à 500 8 La résistivité de l’eau de Mer est de 0,2 Ωm, celle des Micas est de l’ordre de 1014 Ωm. La conductivité de la glace est nulle. La matière de la roche en dehors de l’argile est généralement résistante (Roche propre). Une formation géologique sera autant plus résistante que sa teneur en eau est faible (calcaire massif, schistes non altérés, formations non argileuses, …); d’autre part, plus la teneur en argile dans une formation est importante, plus sa résistivité est faible. C’est ainsi qu’en fonction du contexte géologique on peut, à partir de la valeur de la résistivité, déterminer la nature et l’état des formations géologiques. 9 Exemple : une investigation utilisant des sondages S0 à S7 a donné la courbe ci-dessous ρm (Ωm) 3000 Point d’inflexion 50 Sondages S S S S S S S S 0 1 2 3 4 5 6 7 Echelle Bi-logarithmique Interprétation de la courbe précédente Point d’inflexion S S S S S S S S 0 1 2 3 4 5 6 7 Surface du sol Calcaire Schistes 3. Distribution du courant et des équipotentielles: A/ Cas d’une seule électrode Si un courant électrique d’intensité ɪ est placé à la surface d’un milieu homogène isotrope, alors tout le courant circulera à travers la surface hémisphérique située dans le milieu inférieur. (NB : l’autre électrode B est supposée suffisamment loin pas d’interférences) Electrode de courant ɪ A 𝒊 r Terrain homogène isotrope Surface du sol Ligne de courant 𝒊 M 𝒊 Ligne équipotentielle 𝒊= ɪ 𝑺 = σE La surface S d’une ½ sphère est 𝟐π𝒓𝟐 𝒓 ρ ρ ɪ = E 𝑺 ɪ dV = − 𝟐π𝒓𝟐 𝒅𝒓 ρɪ d𝑟 ∫ − 𝟐 = ∫ 𝒅𝑽 𝟐π 𝒓 ρɪ 𝑽= 𝟐π𝒓 Potentiel en M Surface du sol Ligne de courant Equipotentielles B / Si on rapproche l’électrode B A B Surface du sol Lignes de courant Lignes équipotentielle Lignes de courant Le courant entre en A et sort en B Calculons la différence de potentiel au point M A + r1 B - r2 M r1 𝑽𝑴 = 𝐕𝐌 = r2 ρɪ ρɪ − 𝟐π𝒓𝟏 𝟐π𝒓𝟐 𝛒ɪ 𝟐𝛑 𝟏 ( 𝐀𝐌 − 𝟏 ) 𝐁𝐌 Surface du sol Calculons maintenant la différence de potentiel au point N A + r'1 N r'2 r'1 𝑽𝑵 = 𝐕𝐍 = r'2 ρɪ ρɪ − 𝟐π𝒓′𝟏 𝟐π𝒓′𝟐 𝛒ɪ 𝟐𝛑 𝟏 ( 𝐀𝐍 𝟏 − ) 𝐁𝐍 B - Surface du sol Calculons maintenant la différence de potentiel entre les points M et N A + M N Surface du sol r2 r1 On a B - ∆𝐕𝐌𝐍 = 𝐕𝐌 − 𝐕𝐍 𝛒ɪ 𝟏 𝟏 𝐕𝐌 = ( ) 𝟐𝛑 𝐀𝐌 𝐁𝐌 𝛒ɪ 𝟏 𝟏 𝐕𝐍 = ( ) 𝟐𝛑 𝐀𝐍 𝐁𝐍 Donc ∆𝐕𝐌𝐍 = 𝐕𝐌 − 𝐕𝐍 = 𝛒ɪ 𝟐𝛑 ( 𝟏 𝐀𝐌 - 𝟏 𝐁𝐌 - 𝟏 𝐀𝐍 + 𝟏 𝐁𝐍 ) Donc 𝛒ɪ ∆𝐕𝐌𝐍 = 𝟐𝛑 𝝆 = 𝟐𝛑 𝟏 ( 𝐀𝐌 𝟏 𝐁𝐌 - 𝟏 𝐀𝐍 𝟏 + 𝐁𝐍 ) 𝟏 𝟏 𝟏 𝟏 𝟏 − − + 𝑨𝑴 𝑩𝑴 𝑨𝑵 𝑩𝑵 ∆𝑽𝑴𝑵 ɪ Conclusion : Connaissant I, ∆𝐕𝐌𝐍, 𝒆𝒕 𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒊𝒔𝒕𝒂𝒏𝒄𝒆𝒔 𝑨𝑴, 𝑩𝑴, 𝑨𝑵 𝒆𝒕 𝑩𝑵, 𝒐𝒏 𝒑𝒆𝒖𝒕 𝒅𝒐𝒏𝒄 𝒄𝒂𝒍𝒄𝒖𝒍𝒆𝒓𝝆 3- c- La prospection électrique: Principe: I V A M O N B Surface du sol ρ = ??? I est mesuré avec un ampèremètre et V est mesurée avec un voltmètre 4. Méthode électrique: Cette méthode (la plus ancienne) consiste à envoyer un courant d’intensité ɪ entre deux électrodes éloignées A et B, et à obtenir une différence de potentielle ∆V entre deux autres électrodes M et N situées à la même distances par rapport au centre O. ρ est alors définie par la relation suivante: 𝝆= ∆𝑽 ɪ 𝟐𝝅 𝟏 𝟏 𝟏 𝟏 𝟏 − − + 𝑨𝑴 𝑩𝑴 𝑨𝑵 𝑩𝑵 On aura: en posant: K= 𝝆= K ∆𝑽 ɪ 𝟐𝝅 𝟏 𝟏 𝟏 𝟏 − − + 𝑨𝑴 𝑩𝑴 𝑨𝑵 𝑩𝑵 Où K est un facteur géométrique dépendant de la configuration du quadripôle ABMN. - La profondeur de pénétration augmente avec la distance AB (on l’estime entre AB/4 et AB/10). - Quant on augmente la distance entre A et B, le courant affecte les couches de plus en plus profondes et la résistivité mesurée est une résistivité apparente (ρa); (valeur intermédiaire) qui intègrera l’effet des différentes couches traversées par le courant électrique. On obtient ainsi une courbe de sondage électrique. ρa ? 1er cas : h ˃˃˃AB A 2eme cas : h ˂˂˂ AB B B A h h ρ1 ρ2 ρ1 ρ2 Tout le courant passe dans la couche 1 d’épaisseur h ρa = ρ1 Presque tout le courant passe dans la couche 2 ρa ~ ρ2 Exemple : 50 m A A A A AA B B B B B B ρ1 = 300 Ωm ρ2 = 80 Ωm ρ3 = 2300 Ωm ρa (Ωm) Remarque : le nombre de couches = le nombre de maximas + le nombre de minimas. Dans notre cas, le nombre de couches = 3. Résistivité (ρ) en Ωm AB (m) 1800 ρ1 = 300 50 300 25 50 100 ρ1 = 300 200 ρ1 = 300 300 ρ2 = 130 400 ρ2 = 130 450 ρ3 = 1800 700 ρ3 = 1800 800 ρ3 = 1800 900 ρ3 = 1800 100 150 200 Courbe Géo-électrique 300 AB/2 (m) 350 400 450 SONDAGE ÉLECTRIQUE Comme le terrain est hétérogène, la résistivité calculée est une résistivité apparente (ρa). Les résultats se présentes sous forme de courbes de sondages électrique dans lesquelles on présente la résistivité apparente en ordonnées et la ligne AB/2 en abscisses. L’interprétation de ces courbes permet de dégager des informations relatives à la géologie de la région. 5. Appareils de mesures: Le courant (continu) est mesuré à l’aide d’un milliampèremètre dont l’échelle peut variée de 5 à 500 mA environ, selon le dispositif utilisé, la nature du sol et la source employée. Le potentiel est mesuré avec un voltmètre à courant continu. Convertisseur capable d’envoyer un courant continu qui peut atteindre 600V 2 Bobines de fil électrique pour la mesure de la différence de potentiel entre M et N. Rouleaux de fil électrique pour l’injection du courant entre AB. 2 électrodes en cuivre pour la mesure du potentiel entre M et N 2 électrodes en acier pour l’injection du courant entre A et B Batterie d’alimentation Sondage électrique La quantité du courant qui s’écoule en profondeur dépend de la distance entre les électrodes d’injection, sur le terrain on utilise un dispositif de centre fixe mais de longueur AB qui augmente. Réaliser un sondage électrique (SE) reviens à effectuer une série de mesures en gardant le centre fixe et en éloignant à chaque fois les électrodes d’injection A et B. Le nombre de couches Informations données par le ρa des différentes couches SE L’épaisseur de chaque couche Résumé : Sondage électrique Investigation en profondeur ρ = f (AB/2) TECHNIQUES DE TERRAIN Trainée électrique Investigation latérale ρ = f (d) O fixe A A A A AA B B B B B B Surface du sol Couche 1 ρ1 Couche 2 ρ2 Couche 3 ρ3 O O Surface du sol ρ1 ρ2 Trainée électrique Une traînée de résistivité électrique permet, en déplaçant latéralement à la surface du sol le dispositif d’électrodes sans modifier la distance de séparation entre les électrodes, de mesurer les variations latérales de résistivité électrique à une profondeur fixe dans le sous-sol le long d’une ligne de levé géophysique. ρ différente de l’encaissant Exemple 1 : recherche d’un corps minéralisé de Exemple 2 : suivie latérale et cartographie d’une nappe d’eau s/terraine A O1 A B O2 A BO B 3 Surface du sol Exemple de carte de résistivité électrique N ρ1 ρ2 ρ3 ρ4 Echelle : 1/2000 ρ5 Dispositifs utilisés (Voir aussi TD) Un très grand nombre de dispositifs ont été mis en œuvre pour mesurer la résistivité : 1. Dispositif de Schlumberger: Les électrodes ABMN sont situées sur une ligne rectiligne Les électrodes d’injection sont beaucoup plus espacés que les électrodes de potentiel : AB ˃ ˃ MN, Symétrie par rapport à O M A N O B Surface du sol a a b b 2. Dispositif de Wenner: Les électrodes sont alignées et régulièrement espacés : AM = MN = NB = a M A N B Surface du sol a a a 3. Conclusions tirées des exercices de TD : Dans les 2 dispositifs précédents Schlumberger et Wenner, les électrodes du potentiel et les électrodes d’injection sont interchangeables par suite des principes de la réciprocité, la résistivité apparente est la même dans les deux cas. Ce qui a un grand intérêt.
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