TOC! Tiers-lieux Open Culture ISSN SPECIAL PACA DOSSIER Premier focus sur le phénomène des tiers lieux TERRITOIRES Travailler autrement au Verdon CROWDFUNDING Noob, un combat d’avance COLLABORATIF Short édition BOÎTE à OUTILS Coworking et taux d’occupation N°1 Avril 2015 EDITORIAL TOC! Et moi, et moi ? Ce mag a été pensé pour faciliter les échanges et coopérations. Chaque article comporte le contact des auteurs et relais de l’action ou du projet mentionné : email, réseaux sociaux, site. Les articles peuvent appeler les lecteurs à contribuer sur le site compagnon de TOC! : 2h60.com en s’engageant, en soutenant les projets présentés en proposant des sujets, des articles en participant aux comités de rédaction Faites grandir TOC! avec nous ! Téléchargez la version enrichie de TOC! en cliquant sur ce lien. Un magazine augmenté pour faire circuler et fructifier l’énergie des projets U n magazine numérique dédié aux nouveaux lieux de travail et d’innovations, aux pratiques émergentes, aux nouveaux usages, à l’open culture ? Le pari est excitant, les questions nombreuses, les échanges toujours fructueux et riches en questions nouvelles. Nos manières d’écrire, de produire, de collaborer, d’inventer changent dans une logique de confrontation permanente ! TOC! vise à offrir à ses lecteurs un traitement actuel, documenté, prospectif de ces sujets. Il propose une vision opérationnelle, pragmatique, actualisée des initiatives portées par les innovateurs, germinateurs, créateurs, porteurs de projets au sein ou à l’extérieur des tiers-lieux. Il entend faire une part importante à l’actualité du secteur, à ses succès et à ses « fails » et offrir des outils pratiques de mise en œuvre de projets. Il repose sur des contributions d’experts et de non experts, de créateurs et de démonstrateurs, d’usagers et de porteurs de projets. TOC! est édité pour une lecture sur tablette sous la forme d’un magazine augmenté. Il intègre articles, interviews, photos, captations sonores, dataviz et vidéos. Il se poursuit par un espace visant à prolonger vos lectures, à compléTOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 2 ter vos informations, à engager la discussion et ainsi susciter des propositions et des contributions. L’ambition de l’équipe éditoriale est d’explorer et de relayer la dynamique actuelle des tiers-lieux, de l’innovation et de l’open culture, en s’adressant à celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, contribuent au développement économique de leur territoire. Il s’agit de décoder, rendre lisible, comprendre et partager les initiatives, bonnes pratiques et phénomènes émergents. Pour ce premier numéro, nous avons choisi de faire un focus sur le phénomène des tiers-lieux, à la lumière de publications récentes, d’entretiens et de projets issus de la région où ce magazine s’enracine : la région Provence Alpes Côte d’Azur. Mais cette première livraison et les prochains numéros de TOC ! couvriront également d’autres territoires, ainsi que d’autres lieux et acteurs de l’innovation en France et à l’étranger. Pour en savoir plus sur le projet qui nous anime et auquel nous souhaitons vous associer, nous vous donnons rendez-vous dans nos prochains numéros. Alors à très bientôt ! Les créateurs TOC! est conçu par Martine Sousse, éditrice et Serge Jamgotchian, explorateur d’innovations sociales. Martine Sousse : éditrice de publications augmentées (2h60.com) et créatrice, en 2007, du premier espace de co-working en province, « La Bo[a]te, petite fabrique d’innovation », sur les fondements d’une action de mécénat numérique. Elle travaille aujourd’hui en qualité d’éditrice et de conseil sur les questions d’ innovation. Elle est fortement engagée dans les réseaux professionnels et notamment au sein de PRIMI, Pôle régional d’innovation transmedia à Marseille. Elle conçoit également chaque année le volet start-ups et RSE du Forum National de la RSE. Serge Jamgotchian : consultant, formateur et chargé d’études sur les nouvelles formes de travail et les tiers-lieux de travail et de télétravail sur les territoires urbains, péri-urbains et ruraux. Il est contributeur de plusieurs projets de tiers-lieux sur Marseille et en région P.A.C.A. Il est notamment administrateur de l’espace de coworking « La Ruche » à Marseille. Avec la collaboration de Pierre André. Auparavant enseignant puis dirigeant d’une entreprise informatique, Pierre André est depuis 2013 chargé de projet développement numérique au Parc du Verdon où il occupe des fonctions de médiation. TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 3 SOMMAIRE DOSSIER : Premier focus sur le phénomène des Tiers-lieux L’entretien : Travail et innovation dans les métropoles du XXIème siècle Notes de lecture : «Tiers-lieux et plus si affinités» Germinations : Le Carrefour de l’Innovation Territoires : Travailler au Verdon Zoom : L’atelier des collines Fragments : Brèves et agenda Collaboratif : Short Stories Crowdfunding : Noob, un combat d’avance Open culture : Rencontre du côté du libre, April TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 4 Viz! : Toc dans tous ses états Ailleurs : Montréal Aides et appels à projets BàO : Coworking et taux d’occupation Géoloc Participez Le prochain numéro DOSSIER Premier focus sur le phénomène des Tiers-lieux De quelles mutations les tiers-lieux seraient-ils le nom ? L a notion de mobilité est devenue en quelques années un marqueur des métamorphoses socio-économiques et territoriales contemporaines. Intimement liées les unes aux autres, mobilités géographiques et mobilités professionnelles, donnent à voir les rapports que nous construisons et avons construit avec nos territoires de vie et de travail, en milieu urbain, péri-urbain ou rural. Ce tryptique pour catégoriser les territoires est aujourd’hui remis en cause par un récent rapport sénatorial. Son auteur souligne que la notion de « ruralité » susceptible de concerner 80% du territoire, ne fait plus sens. Elle est aujourd’hui dépassée par le fonctionnement du « système terriTOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 5 torial » fait de centralités, de réseaux et de flux (de personnes, de biens, d’activités, d’informations…) à toutes les échelles, en interaction permanente et évolutive. Ce rapport introduit la notion « d’hyper-ruralité »1 pour rendre compte des territoires en déshérence eu égard à l’enclavement, l’isolement, l’éloignement dont ils souffrent. Cette hyper-ruralité représente donc le pendant d’une « métropolisation croissante » synonyme de développement démographique, économique, d’innovations sociales et sociétales, donc de richesses autant monétaires que non monétaires. #locb #làoùçabouge DOSSIER L’irruption massive des Technologies de l’Information et de la Communication qui désormais impactent notamment tous les secteurs de l’économie, ne cesse de transformer la physionomie des territoires et en particulier des métropoles. Dès lors, quels sont les effets de ces technologies numériques sur nos trajets, nos trajectoires professionnelles et personnelles et plus précisément encore sur les espaces de travail par où nous transitons, faisons escale et quelquefois choisissons (ou pas) de rester ? Alors que les T.I.C. permettent à chacun de s’affranchir des contraintes de lieu et de temps, il peut paraitre paradoxal que des coworkers, des télétravailleurs et autres travailleurs nomades, créent, produisent, fabriquent dans des lieux physiques et non virtuels de travail partagés, distincts du domicile et de l’entreprise, à savoir : des TIERS-LIEUX. En réalité, ce paradoxe masque le fait que ces espaces tiers, recèlent en leur sein et au sein de leur écosystème territorial2, des potentialités et des opportunités que des salariés, des entrepreneurs et autres développeurs en mal de collectif et de liens, peuvent difficilement trouver à fortiori s’ils travaillent exclusivement chez eux. TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 6 Autrement dit, l’élan que l’on observe aujourd’hui pour les tiers-lieux ne résulte pas seulement de leur proximité géographique, de leur fonctionnalité ainsi que des services qu’ils peuvent proposer aux usagers. Tous ces nouveaux lieux que sont les espaces de coworking ou encore les fabs labs, qui fleurissent depuis quelques temps ou sont sur le point d’éclore sur de nombreux territoires, sont des laboratoires où s’expérimentent de nouvelles formes de travail, de socialités urbaines et de mobilités. Des mobilités géographiques et professionnelles qui génèrent potentiellement un certain nombre de données dont les citoyens pourraient s’approprier afin de co-produire des savoirs partagés3 sur les tiers-lieux et sur le milieu géographique, socio-économique, culturel, humain, dans lequel ces nouveaux lieux de travail et de vie s’inscrivent. SJ Hyper-ruralité, rapport établi par Alain Bertrand, sénateur de Lorèze, juillet 2014 2 Cette notion d’écosystème territorial fait ici implicitement écho aux travaux de Raphaël Besson sur les “Systèmes Urbains Cognitifs”. Il nous a accordé un entretien que nous relatons dans les pages qui suivent. 3 A l’instar par exemple du projet OpenStreetMap 1 DOSSIER L’entretien Travail et innovation dans les métropoles du XXIème siècle Docteur en sciences du territoire, Raphaël Besson est un expert en socio-économie urbaine. Il est à l’origine de Villes Innovations[1], une agence implantée à Madrid et Grenoble, spécialisée sur la thématique des villes innovantes et créatives et des Tiers-lieux. Nous relatons ici, en substance, l’entretien qu’il nous a accordé. Qu’est-ce qui caractérise aujourd’hui les processus d’innovation territoriale au sein des métropoles urbaines à l’ère du « capitalisme cognitif » ? Un certain nombre de projets urbains innovants dans des métropoles comme Madrid ou Buenos Aires témoignent des transformations économiques à l’œuvre aujourd’hui. Dans les villes du capitalisme cognitif, la connaissance n’est plus polarisée dans des lieux isolés et des territoires insulaires, comme le furent les monastères au Moyen âge, les premiers laboratoires de recherche à la Renaissance ou bien plus tard les campus universitaires. De nos jours, au contraire, la production et la diffusion des savoirs et des innovations s’inscrivent dans le tissu urbain lui-même. Les connaissances tacites et codifiées qui irriguent les écosystèmes territoriaux sont désormais des ressources économiques que les réseaux numériques contribuent à faire fructifier. Dans de nombreuses villes d’Europe et du monde, des espaces urbains de la nouvelle économie qui s’étendent sur une centaine d’hectares donnent naissance à des projets innovants, emblématiques de la « classe créative » dont parle le géographe nord-américain Richard Florida. Vos investigations vous ont conduit dans des villes comme Grenoble, Barcelone ou encore Buenos Aires. En quoi l’émergence d’un modèle d’innovation inédit et que vous qualifiez de « Système Urbain Cognitif » favorise t-elle le développement de tiers-lieux ? Au cœur des métropoles, les Systèmes Urbains Cognitifs concentrent en effet les ingrédients nécessaires à la fertilisation d’espaces de travail d’un nouveau type. Ces tiers-lieux articulent TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 7 différentes dimensions de l’innovation : dimension sociale pour les Livings labs, productive pour les fabs labs et spatiale pour les lieux de coworking. Ces lieux de captation d’externalités positives, ont également pour caractéristique de donner à voir de nouvelles manières de travailler. Les modèles d’organisation hiérarchique héritiers du fordisme sont à l’opposé de la culture collaborative dont se réclament les travailleurs nomades ou résidents de ces espaces partagés. Pour autant, les pratiques collaboratives dans les tiers-lieux et l’effacement progressif des frontières entre temps de travail et temps libre, génèrent aussi de nouvelles formes d’intensification du travail1, pouvant ainsi provoquer des phénomènes de burn out. Raphaël Besson parle aussi “d’exploitation de la force-invention” en tant que le travail dans le cadre du capitalisme cognitif exige une totale implication des individus et donc de leur subjectivité. 1 DOSSIER Notes de lecture Antoine Burret Tiers lieux et plus si affinités L’auteur de ce premier ouvrage francophone dédié aux tiers-lieux est doctorant en socio-anthropologie. Il est également connu pour avoir co-écrit le “Manifeste des Tiers-lieux Opensource” avec Yoann Duriaux. Tous deux sont aussi à l’origine de la POC Foundation : “l’association francophone pour une fondation européenne des Tiers Lieux faisant le choix de s’inscrire dans une démarche libre et une documentation open source.” Disons d’abord qu’il s’agit d’un livre d’érudit en ce sens qu’Antoine Burret y pose les jalons d’une histoire des tiers-lieux en revisitant un certain nombre de penseurs et de concepts. Il Fyp éditions, 2015 convoque tour à tour le “panoptique” de Jeremy Bentham, les travaux sur la “cybernétique” de Norbert Wiener, les écrits de Michel Foucault et Gilles Deleuze sur les formes contemporaines du pouvoir et les “sociétés de contrôle”, les théories néo-libérales de Friedrich Hayek et enfin les tenants des “communs informationnels” et de l’open source. Cette mise en perspective historique dense et référencée ne se cantone donc pas à rappeler que la notion de tiers-lieux a été forgée par le sociologue urbain américain Ray Oldenburg dans les années 1980. D’autant que depuis cette période, il semblerait que la notion se soit en quelque sorte autonomisée par rapport à cette filiation. Car comme le souligne l’auteur, le concept de tiers-lieu fait son apparition en France dans les années 2000 au moment où l’entrepreneuriat numérique se développe. Au sein des télécentres et des espaces de travail collaboratif (comme les coworking spaces) se constituent alors des communautés d’usagers qui renouvellent leur rapport au travail et expérimentent d’autres moTOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 8 dèles économiques davantage conforme à leur aspiration à consommer et produire autrement. Dans ces lieux de travail et de télétravail d’un genre nouveau, les frontières entre la sphère professionnelle et les autres sphères sont de plus en plus poreuses. Ainsi, « les outils numériques sont parfaitement adaptés à cette approche où l’activité professionnelle s’apparente à un mode de vie, où l’on travaille avec ceux dont on partage certaines affinités ». C’est dire si les tierslieux sont le creuset d’une culture du travail fortement impregnée des usages et de la culture du numérique. Ce qui amène Antoine Burret à comparer le tiers-lieu à un “ordinateur des villes et des organisations”. Mais du coup, “le référentiel et l’impression de pouvoir qu’offre la technologie sont une énigme pour un non initié.” D’où notamment la nécessité de promouvoir au sein des tiers-lieux une fonction du “conciergerie” parmi d’autres fonctions tout aussi importantes pour celles et ceux qui viennent y travailler, voire plus si affinités. DOSSIER Germinations Le Carrefour de l’innovation, #wip #workinprogress Interview de Daniel Simonato Espace hybride coworking fab lab Aix en Provence, rue des bœux 270 m2 Espace béton Hauteur de plafond 4 mètres un projet territorial innovant Daniel Simonato, chef de projet open innovation au CEEI Provence (Centre Européen d’Entreprise et d’Innovation) accompagne le projet Carrefour de l’innovation, lieu de démonstration, de co-working et d’hébergement d’un laboratoire de fabrication numérique (fab lab) soutenu par la Communauté du Pays d’Aix. Il expose pour nous ce projet d’innovation territoriale qui d’ores et déjà rassemble de nombreux acteurs au niveau de la gouvernance comme à l’étape de conception. Ainsi cinq écoles ont mobilisé leurs étudiants pour travailler sur la scénarisation du futur lieu : Institut d’administration des Entreprises, Ecole d’Art, Ecole Supérieure des Arts et Métiers, Ecole de communication visuelle, Institut Universitaire d’Aix-en-Provence. A l’origine le projet s’inscrit dans le programme régional PACA Labs avant d’être porté par la Communauté du Pays d’Aix sous l’égide de Marie-Christine Bouillet. Ce projet se traduit concrètement par l’ouverture prochaine d’un TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 9 lieu, aujourd’hui encore en gestation, au coeur de la ville d’Aix-en-Provence. Ce lieu de 270 m2 regroupant à la fois un espace de coworking et un fab lab, sera pour Daniel Simonato un espace « d’idéation » permettant la maturation d’idées. L’enjeu de ce projet d’innovation est d’offrir la possibilité à chaque citoyen de trouver, dans ce lieu, un terreau de fertilisation de projets. En cela, ce projet de tiers-lieu n’est pas seulement un espace de travail collaboratif mais un laboratoire d’innovation sociale et un carrefour où pourront se rencontrer, échanger, coopérer des étudiants, des entrepreneurs, des universitaires. Son témoignage illustre à notre sens la genèse d’un « Système Urbain Cognitif » à l’échelle d’un territoire comme celui de la future Métropole Aix Marseille Provence, tel que l’a conceptualisé Raphaël Besson. TERRITOIRES V ouloir lancer un centre de travail partagé en zone rurale peut paraître surprenant au premier abord. La majorité des projets qui ont émergé ces derniers mois en Région Provence Alpes-Côte d’Azur s’est développée en milieu urbain des grandes ou moyennes cités provençales. Pourtant il existe de nombreuses raisons pour donner à ces espaces d’un genre nouveau une véritable chance d’exister en campagne. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’il existe une unité territoriale portée par une collectivité telle qu’un Parc naturel régional. Des convergences se nouent et deviennent complémentaires. Le tiers-lieu tel qu’on le conçoit de manière générale est un endroit où convergent différentes personnes et donc différentes activités pour le « Travailler autrement au Verdon travailler ensemble ». Ce terme désigne déjà en substance le fait de mutualiser un local, du matériel, une connexion Internet. Il sous-entend aussi le partage d’informations, l’échange de savoir-faire.. De cela nait une émulation propice à l’imagination, à la production, au fait même de travailler et de développer son activité. Un projet d’implantation de centres de travail partagé comme l’a initié le Parc du Verdon en mars 2014 avec le soutien de la Région, de l’ADEME et d’un prestataire spécialisé (Ocalia) offre de nombreuses perspectives pour le territoire situé essentiellement en zone rurale. a) Rétablir la confiance et la solidarité entre les citoyens Les habitants des zones rurales ont tous un point en commun : ils ont choisi un cadre de vie, des paysages, une tranquillité, tout cela ^souvent au détriment d’une offre de services complète. Malgré tout, à l’image du lavoir de l’époque ou mieux de la place de village d’antan, les citoyens ont besoin de retrouver des repères, de renouer du lien social. Les lieux qui nous intéressent, souvent construits autour d’une machine à café ou d’un coin de cuisine contribuent à redonner de l’imporTOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 10 tance au « faire-ensemble ». Le terme anglais de coworking désignant le fait de travailler ensemble pourrait être traduit plus classiquement en français en « co-partage ». Cela s’appliquerait aussi bien au niveau du bâtiment que des activités organisées en son sein. b) Identifier un lieu référent La qualité des réseaux informatiques fait cruellement défaut dans les territoires situés en marge des grands bassins urbains. Lorsqu’il est déjà question du Très Haut Débit (4G+ ou fibre optique) dans les agglomérations, les territoires « verts » peinent à obtenir du Haut Débit. Les récents usages liés au numérique (offre « triple play », mobilité…) ne sont pas encore accessibles dans ces territoires. Ironie du sort, il est souvent difficile d’obtenir une montée en débit sans un projet bien défini. Mais il est très compliqué de monter une action liée au numérique sans débit ! Les coûts de branchement à la prise en fibre optique (FFTH : fibre reliée directement au domicile) sont, à la campagne, multipliés par 4 au minimum. D’autre part, certains territoires comme celui du Verdon connaissent un afflux massif de vacanciers lors de la période estivale (environ 1,4 TERRITOIRES Un territoire, sept paysages million de personnes sont présentes chaque été dans le Verdon). Ce mouvement saisonnier est difficile à prendre en compte lors de la couverture d’une zone pour ce qui concerne son équipement réseau car il est sous-évalué en période de grande affluence (les coupures sont alors fréquentes) et largement surévalué lors des périodes dites creuses. Ces « troisièmes lieux » tels que défini dans l’encyclopédie libre Wikipédia pourraient servir de repère aussi bien pour les actifs du territoire que pour les personnes de passage grâce à une communication simple, efficace et un maillage précis du territoire. Nous pourrions aller plus loin dans la réflexion en imaginant une « navette mobile » se déplaçant au gré des usagers et donc des besoins. Elle aurait une double vocation : servir de point d’accès et de lieu de rendez-vous convivial l’été et d’accompagnement aux usages l’hiver (notamment auprès des écoles). c) Retourner au local, faire simple « Circuits courts », « vente à la ferme », « marché paysan », … ces différents concepts ont comme point commun la proximité, le retour au « local ». Cette idée est également véhiculée par les tiers-lieux en revêtant un double enjeu quant au développement de l’économie locale : - permettre aux actifs du territoire de rester sur place, ils vont donc consommer, - mettre en place une politique d’accueil de nouvelles populations, de nouvelles activités qui favoriseront le développement local. L’exemple de Murat, dans le Cantal, est très parlant puisque la filière du bâtiment a reçu en une année près de 900 000 euros grâce à une TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 11 politique volontariste qui a consisté à attirer de nouvelles activités utilisant le numérique. Les nouveaux arrivants ont acquis des maisons, les ont rénovées, ont acheté des matériaux… Il est à souligner également que l’arrivée de familles permet aux écoles de ne plus fermer de classes ou d’avoir des arguments pour en ouvrir de nouvelles. d) Penser transition ! Le numérique doit être associé au domaine de l’écologie et à l’adaptation de modes de vie afin de permettre de réduire la f(r)acture énergé- TERRITOIRES tique. De nouveaux usages ont pu voir le jour grâce au développement d’Internet et à des terminaux de plus en plus performants et mobiles. Par exemple, lors de ces dernières années les offres en matière de covoiturage ont fait un bond prodigieux. Aujourd’hui les 18-25 ans ont adopté ce mode de transport et ne conçoivent pas de se déplacer autrement. En installant des lieux de travail partagés dans les campagnes il serait possible de limiter les déplacements à l’intérieur du territoire en permettant une économie de temps, un gain financier et de moindres impacts carbone. En 2009, une étude sur les flux de population avait montré que dans le Parc du Verdon 40 % des actifs du territoire travaillaient en dehors des limites du Parc. Ce chiffre a depuis augmenté et se situe aujourd’hui aux alentours des 43 %. Les travailleurs acceptent d’effectuer des kilométrages domicile – travail de plus en plus importants, cette tendance ne cessera d’augmenter dans les années futures. Les projets en zone rurale doivent prendre en compte à la fois les besoins immédiats mais aussi ceux à plus long terme. C’est en cela qu’ils font souvent figure d’innovation. e) Etoffer l’offre de services Dans les territoires ruraux, il est nécessaire de réfléchir à l’usage des tiers-lieux d’une manière plus globale. Afin de faire baisser le coût d’uti- lisation d’un bâtiment, un « empilement » de services utiles au plus grand nombre doit être envisagé. D’autre part le potentiel de personnes susceptibles d’utiliser le lieu est plus faible qu’en centre urbain, il est donc important d’ouvrir au plus grand nombre. Ces nouveaux espaces doivent impérativement proposer des services que les citoyens ne trouvent pas toujours sur place : aide à la recherche d’emploi, soutien envers les jeunes et les personnes âgées (intergénérationnel), accompagnement dans la création d’une activité, … La première problématique réside dans le fait de trouver un équilibre entre le nombre de personnes fréquentant le lieu et la compatibilité des services offerts. Comment faire en sorte que des scolaires croisent des personnes en recherche d’emploi ou que des séniors venant se perfectionner aux outils informatiques cohabitent avec des actifs désireux de trouver un endroit calme pour travailler ? La seconde problématique inhérente aux projets lancés en zone rurale est de spécialiser ces lieux, d’en faire des espaces propres à un territoire donné. Il sera nécessaire de les organiser, de les mettre en réseau, d’en faire des partenaires et non des concurrents. Pour un Parc naturel régional les centres de travail partagé représenteront des plates-formes pour des modes de travail et d’organisation TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 12 nouveaux. En liant ces espaces à d’autres usages comme par exemple ceux de la visioconférence, les tiers-lieux ruraux deviendront de vrais lieux de vie dans lesquels pourront transiter des salariés, des élèves, des agents territoriaux, des créateurs d’entreprise, des néo arrivants, des élu(e)s. Le projet mené dans le Parc naturel régional du Verdon consiste à implanter un à 3 voire 4 lieux de travail partagé sur son territoire. Une enquête a permis de recueillir plus de 150 réponses. Près de la moitié d’entre elles émanent de personnes résidentes à l’extérieur du territoire mais désireuses de l’habiter si de tels lieux sont créés. Les touristes se sont également concernés. Parmi ceux-ci, 95 % ont manifesté le souhait de garder un lien avec leur travail lors de leurs vacances. Cinq communes veulent donner une suite à l’étude-action et ont proposé un local afin de développer un « tiers-lieu ». La suite du projet va consister à identifier un collectif, à l’animer et à réfléchir aux services qui seront proposés. De nombreuses idées ont déjà germé et demandent à être encore muries. P.A. Etude-action « Travailler autrement au Verdon » Zoom Un nouveau tierslieu à Manosque : L’atelier des collines C e nouvel espace de travail partagé ouvert depuis quelques semaines a vocation à accueillir des salariés télétravailleurs, des travailleurs indépendants, des artistes, des étudiants, des citoyens (...). Outre l’hébergement professionnel de coworkers résidents ou nomades, ce lieu situé en centre-ville proposera des ateliers collaboratifs (l’association va bientôt s’équiper d’une imprimante 3D), des formations et des évènements. TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 13 Ce premier tiers-lieu de travail dans le département des Alpes de Haute-Provence a été inauguré le 18 mars dernier en présence de nombreux amis et d’élus de la Ville de Manosque et de la Communauté d’Agglomération (Durance Luberon Verdon). A l’origine de l’association “L’atelier des Collines” dont les membres gèrent et animent ce tiers-lieu, Christian Garcia, son président, a expérimenté le télétravail lorsqu’il était salarié de la société Orange. Aboutisse- Zoom ment d’un projet initié en 2008, l’ouverture de ce tiers-lieu en 2015 ne constitue qu’une étape transitoire puisqu’il a déjà programmé de se doter prochainement, toujours au coeur de la Ville de Manosque, d’un espace plus grand (au-dessus de la Poste au centre-ville). Local : 87 m2 sur deux niveaux Bureau individuel - Openspace Salle de réunion - Cuisine Espace de détente 120€ / mois - 20€ / journée Dans cette perspective, l’accroissement des activités et, par là même, l’augmentation du taux de fréquentation du lieu, justifieront alors, selon Christian Garcia, la création d’un emploi de « concierge » voire aussi d’un ou plusieurs animateurs. Est-ce à dire qu’à un certain stade de son développement, L’atelier des Collines - à l’instar d’autres espaces de coworking - ne pourra plus avoir pour ressort unique, les contributions bénévoles des adhérents de l’association et d’autres personnes fréquentant le lieu ? C’est tout l’enjeu de la professionnalisation des tierslieux. D’autres espaces de coworking ont ouvert ou sont en voie de création à Manosque, ainsi que dans les communes et départements ruraux voisins. Dès lors la question de la mise en réseau de ces tiers-lieux est posée. Car cette actualité florissante témoigne sans doute, à Manosque comme ailleurs, de l’attractivité de certains territoires ruraux ou hyper-ruraux, si ce n’est “rurbains”. Et si désormais les tiers-lieux étaient en quelque sorte de nouveaux baromètres permettant d’évaluer les capacités et le potentiel d’innoTOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 14 vations économiques, sociales, sociétales d’un territoire ? S.J. Fragments Le numérique à l’ère de l’Internet des objets : de l’hypertexte à l’hyper-objet Conférence internationale, les 14, 15 et 16 octobre 2015, Paris. Seront interrogées les questions suivantes: - techniques : développement des applications nomades et composites, environnements virtuels ambiants ; - sociales : hypertextualisation croissante des pratiques communicationnelles (publication, échanges en ligne…), nouvelles sociabilités ; - informationnelles : écritures collaboratives et hypertextuelles, recherche d’information (via le web social, le web participatif, le web sémantique…), documentarisation participative, indexation collaborative ; - culturelles : mutations du jeu (jeux sérieux, jeux pervasifs…), logiques de patrimonialisation, transformations esthétiques (webdesign, interfaces 3D…), interculturalité ; - épistémologiques : comment penser le numérique aujourd’hui ? selon quels nouveaux cadres théoriques (notamment en sciences humaines et sociales) ? Laboratoire Paragraphe Université Paris 8 2, rue de la Liberté 93526 Saint-Denis Cedex 02 Tél. : (33) + (0)1 49 40 73 43 FabLabFestival 2015 Toulouse, du 6 au 10 mai 2015 Cet évènement gratuit souhaite réunir sur 5 jours la communauté des laboratoires de fabrication français et européens. De nombreux temps forts ponctueront la semaine : conférences avec, notamment, Neil A. Gershenfeld, créateur du concept de FabLab et Anjan Contractor, le co-inventeur de l’imprimante 3D alimentaire de la NASA . Mais aussi participation à des ateliers créatifs, démonstrations de machines des FabLab... TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 15 Axelle Lemaire, Secrétaire d’État au Numérique est la marraine officielle du FabLabFestival 2015. A cette occasion, Wikimédia France lance un concours de remix d’œuvres appartenant au domaine public. Participez nombreux ! Fragments Publication d’un premier guide des télécentres et des tiers-lieux à usage des collectivités locales De quoi s’agit-il ? D’un guide méthodologique et d’information à destination des collectivités qui souhaitent initier une démarche de projet de création de télécentres et de tiers-lieux sur leur territoire. définition soulèvent des questions sur lesquelles nous reviendrons dans nos prochains numéros), devrait inspirer la publication d’autres documents présentant d’autres modèles de tierslieux de travail, sur d’autres types de territoires, à l’usage d’entrepreneurs et de porteurs de projets désireux de s’inscrire dans des démarches innovantes. L’appel est lancé. Guide à l’usage des collectivités locales - Télécentres et Tiers-lieux : www.it77.fr Qui sont les artisans de ce guide ? Ce document a été rédigé par 4 opérateurs franciliens qui depuis 2012 et sur la base des travaux de l’association Initiatives Télécentres 77, contribuent au développement d’un réseau de tierslieux en Seine-et-Marne et en Ile-de-France. Les 3 autres acteurs de ce projet éditorial sont la Caisse des dépôts, la Fonderie de la région Ilede-France et la Préfecture d’Ile-de-France. Quel enseignement tirons-nous à la lecture de ce guide ? Ce document synthétique (probablement le premier du genre en France) apporte indéniablement des éclairages utiles et documentés pour les collectivités territoriales - prioritairement situées sur des zones péri-urbaines - qui souhaitent promouvoir ce type d’espaces de travail partagés. Ce guide dédié aux tiers-lieux et aux télécentres (les différences d’appellation et de TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 16 Orme 2.15 : l’éducation côté code Les Rencontres de l’Orme attendent, les 20 et 21 mai, 1500 professionnels du numérique pour l’éducation et la culture. Au centre de la réflexion, cette année, « le code », c’est-à-dire l’enseignement de la science informatique à l’École. Il s’agira de s’interroger sur la nature de l’enseignement à mettre en place et ses objectifs. Quelle approche de la programmation, et dans quel langage ? Pour quelles productions par les élèves eux-mêmes ? Comment appréhender les questions d’organisation des données, et notamment les principes de l’opendata et du bigdata ? La technologie est entrée à l’école de plusieurs manières : elle est au service des savoirs info-documentaires, de l’éducation aux médias, de l’accès à la connaissance. Elle impose aujourd’hui une forme de médiation et d’animation nouvelle. Cet axe de la programmation des Rencontres permettra de les explorer. Orme 2.15 Parc Chanot - Marseille Collaboratif Short édition... large ambition Sauver la lecture en ouvrant l’écriture à tous et en proposant des contenus courts adaptés aux nouveaux modes de vie et aux nouveaux petits écrans nomades, c’est le postulat de Short édition, jeune start up grenobloise créée en 2011, et qui surfe sur ces expériences de production hybrid e qui interrogent aujourd’hui de nombreux acteurs de l’édition numérique : un site, des applications mobiles Ios et Androîd, une collection print, une communauté active. En ligne et sur mobile Short édition propose en permanence une centaine d’auteurs dont les textes, nouvelles, bd, haîkus sont destinés à être lus en 1 à 20 minutes maximum. Le site est gratuit, l’équipe se rémunère sur un volet d’activités BtoB en fournissant des contenus aux entreprises. Avec une communauté de 120 000 lecteurs abonnés, des nouveautés de 70 à 100 textes par jour, un concours d’écriture arbitré par un comité éditorial constitué de Grands lecteurs et d’internautes, Short Edition écrit vigoureusement un modèle nouveau qui a trouvé son public. TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 17 Collaboratif Côté innovation Short-éditions est lauréate de Réseau Entreprendre, du Trophée de l’Innovation au Printemps numérique 2013 (catégorie Culture) et de la Fête nationale des services 2014 dans la catégorie « Rapprocher les Français ». Présente au Salon du Livre 2015, Short édition développe pour nous la vision technologique de son projet. Soutenue par BPI France, la jeune entreprise travaille actuellement à développer la dimension sémantique de son dispositif : la mise au point d’algorythmes visant à une meilleure qualification des textes à soumettre à son comité éditorial en vue d’améliorer la qualité des textes publiés. Son programme d’innovation technologique est conduit en partenariat avec les labos INRIA et CNRS d’informatique et de linguistique de Grenoble 2, Lyon 1 et Paris 6. Dans la diffusion par Short édition le format numérique est privilégié. Les auteurs disposent d’un écran de présentation associé à leur production publiée : ils soumettent leur texte en ligne et peuvent participer à l’un des 4 prix organisés chaque année : 2000 textes sont proposés, 700 sont pré-sélectionnés et 120 à 160 créations restent en finale pour désigner 30 textes lauréats qui seront publiés dans une édition papier trimestrielle. La communauté des lecteurs est sollicitée : elle peut voter, suivre et recommander un auteur et un texte. Biz editions Début 2014, le fonds d’investissement L’Express Ventures (lié aux titres L’Express, Lire, l’étudiant...) rentrait au capital de Short édition. Ce fonds ouvre ainsi son portefeuille avec un projet communautaire et de contenus : signe, s’il en fallait, que les innovations d’usage sont bien aujourd”hui une piste de croissance dans l’univers des start-up. La communauté au coeur. Short édition se distingue des éditeurs classiques en ce sens qu’elle investit une grande partie de son énergie sur sa communauté de lecteurs et d’auteurs : dans les dernières actions proposées un concours de nouvelles à quatre mains et deux générations, les « Tandems Numériques » invitait des auteurs de moins de 25 ans et de plus de 55 à écrire ensemble un texte. Montée en partenariat avec la Région Rhône-Alpes et la Fondation La Poste, cette proposition a mobilisé près de 100 auteurs. TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 18 A la ligne Il suffit d’ouvrir l’écran d’entrée de Short édition pour y prendre goût. Les textes sont partout… Commencez donc la lecture du texte lauréat du premier prix de « Tandems numériques » (Hope, “Les machoires du piège http://short-edition. com/oeuvre/tres-tres-court/les-machoires-dupiege : « Ce matin, Camille a téléchargé l’appli «Ambianz», qui lui permet de créer des fonds sonores. Elle avait parfaitement préparé son plan et rien ne pourrait la contrarier. Elle est partie le ventre vide, sans avoir vu sa mère. Elle a attrapé son sac, est montée dans le bus. Mais au lieu de s’arrêter devant son lycée, c’est trois arrêts plus loin qu’elle est descendue.”... Ou bien alors… écrivez à votre tour ! Crowdfunding Noob, un combat d’avance Q uand Olydri studio dépose sa campagne de financement sur Ulule, en mai 2013, le projet Noob vise à recueillir 35 000 euros en 70 jours. Le studio a été crée en 2011, suite au succès de la licence Noob. Sur Youtube Noob affiche plusieurs millions de vue (65 millions en 2014!). La communauté, moteur d’excellence du crowdfunding, est bien là. 66 700 euros sont collectés en une journée, 80 000 en un week-end, 100 000 en trois jours, 200 000 en 6 jours, 250 000 euros en 10 jours, 300 000 euros en 20 jours, 350 000 en 27 jours, 400 000 en 39 jours (le record d’Europe est battu), 450 000 en 49 jours, 500 000 en 57 jours, Et Noob est un ovni. Ils sont alors très peu de MMORPG* à s’engager sur la webserie. Noob, écrite et réalisée par Fabien Fournier, est la première série humoristique française sur ce thème. Elle est diffusée tous les vendredis sur Nolife à 19H40 depuis le 7 novembre 2008. Avec Ulule, il s’agit de développer le projet d’une film, l’objectif est d’améliorer la qualité des productions dans l’esprit de la webserie qui compte alors 5 saisons et de rester indépendants : tous les participants aux tournages sont des bénévoles! Le pari est un joke... Pourtant le projet va atteindre son objectif de collecte en 15h, et le mouvement va se poursuivre et s’amplifier : TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 19 600 000 en 69 jours, 681 046 euros en 70 jours! C’est près de 2000% de l’objectif initial... Une force communautaire engagée, une énergie puissante, de l’humour, l’ombre de la Guilde souffle sur l’aventure. Aujourd’hui, Noob poursuit sur sa lancée avec Crowdfunding La démarche de Noob est transmédia : série, web, print, évènements se conjuguent et se répondent pour accompagner tous les supports. Mais il n’y pas encore ici de modèle économique. Restent donc les produits dérivés (livres, mangas, textile…), le sponsoring pub, la communauté. Aujourd’hui, le projet s’est transformé en une trilogie. La prochaine licence s’orientera vers un développement plus pro à côté du web qui reste dans l’adn de la série. non pas 1 mais 3 films. Une fois les frais d’achat et d’envoi des récompenses des contributeurs puis la commission d’Ulule et les frais de TVA déduits, il reste une somme rondelette mais pas phénomènale, bien loin, en tous les cas, des budgets de la création audiovisuelle. Mais l’équipe n’a rien perdu de son enthousiasme : Noob vient d’être primée aux Streamy Award 2014 d’ Hollywood dans la catégorie «International» et l’esprit de conquête continue d’habiter le projet qui conservera cette vérité du “fait maison”… Une autre campagne de crowdfunding attein- drait elle aujourd’hui les mêmes résultats? Pas si sûr, selon Fabien Fournier... Près de 400 webseries sont désormais en ligne, “ le gâteau est morcelé”. L’explosion médiatique du crowdfunding a également morcelé les sommes collectées, alors même qu’Ulule affiche dans l’audiovisuel un taux de réussite de campagnes de collecte de 70%. Pour Noob, produire des webséries, c’est tenter de réduire la hiérarchie internet/ciném..Internet n’est pas une position de repli, mais un espace de liberté d’expression et de créativité non bridée. TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 20 NOOB Le film 1 : 1h30. Sorti à mi février 2015. NOOB Le film 2 : 1h30. Sortie en janvier 2016. NOOB Le film 3 : 1h30. Sortie en janvier 2017. * Massively Multiplayer Online Role Playing Games : jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs Du côté du libre Rencontre avec Jean-Christophe Becquet, fondateur d’Apitux L es concepts de logiciel libre et de tierslieux semblent intimement liés par les aspects participatifs, collaboratifs qu’ils sous-tendent. Ils participent également à de nouveaux modèles de société : l’un remet en cause le rapport que l’on peut voir avec le travail et toutes ses déclinaisons tandis que l’autre modifie le modèle économique des logiciels propriétaires que l’on retrouve dans toutes les branches de la vie quotidienne : éducation, associations, structures territoriales, entreprises… Enfin ces notions ont également comme point commun le regroupement de personnes de tout âge et de toutes conditions sociales au sein de communautés d’usages organisées. agissant pour un réseau dédié à la promotion du « libre » en général et du logiciel libre en particulier et qui a mené récemment une action pour « dégoogliser internet ». Jean-Christophe BECQUET vient d’être élu à la présidence de l’APRIL, acteur majeur de la démocratisation et de la diffusion du logiciel libre et des standards ouverts auprès du grand public, Un logiciel libre est - par opposition au logiciel propriétaire – un logiciel qu’il est possible d’utiliser, d’étudier, de modifier, de redistribuer sans contrepartie financière mais uniquement dans un but de diffusion. Il repose sur la constitution d’une communauté qui va porter le développement et la diffusion du logiciel. Par exemple, la suite bureautique Libre Office avec laquelle est réalisée cet article fait partie de cette famille de logiciels libres soutenus par une communauté très active. Un annuaire complet de logiciels libres est proposé par Framasoft, association TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 21 des professionnels et des institutions dans l’espace francophone. Fondateur d’APITUX dont le siège social se trouve à Digne-les-Bains, il s’implique dans les communautés du logiciel libre depuis 1997. Il est l’auteur du site Apitux.org, consacré aux enjeux du logiciel libre, aux standards ouverts et à l´interopérabilité. En 2015, il a été élu président de l’APRIL, Du côté du libre La promotion du logiciel doit passer par une sensibilisation aux enjeux du logiciel libre. En ce moment, l’APRIL mène trois campagnes différentes. A travers www.candidats.fr, l’association souhaite faire prendre conscience de l’importance des logiciels libres aux décisionnaires politiques, Une seconde action est menée à destination des associations afin qu’elles basculent vers l’utilisation de logiciels libres. Chaque année est organisé l’événement « Libre en fête », destiné au grand public, un peu partout en France. Les animations vont des installations Linux (install-party) à des séances de cartographie participative avec l’outil OpenStreetMap en passant par des ateliers Scribus ou Inkscape. Ces deux logiciels libres n’ont rien à envier à leurs homologues propriétaires que sont Publisher ou Illustrator. Initié dans la moitié des années 1980 par Richard Stallman, le mouvement du logiciel libre fait encore l’objet de mises en cause. L’association APRIL se bat sur le plan institutionnel et législatif contre certaines menaces. Par exemple les DRM (Gestion des droits numériques), que Jean-Christophe nomme les « menottes numériques » visent à empêcher la copie et donc la diffusion de fichiers musicaux, de fichiers vidéos ou bien de livres au format électronique. Ces verrous portent donc atteinte à la philosophie du libre. Plusieurs autres freins limitent la diffusion du logiciel libre en France. Ainsi, les marchés publics peuvent être discriminants s’ils intègrent dans leur cahier des charges des obligations concernant les logiciels propriétaires. Pour faire progresser cette réflexion, il est possible de soutenir l’APRIL. Trois permanents assurent la gestion de l’association à temps plein. Aujourd’hui ce ne sont pas moins de 4228 adhérents (3820 individus, 408 entreprises, associations et organisations) qui apportent leur contribution. « Adhérer c’est donner son n+1 » explique Jean-Christophe BECQUET. Il est possible de s’investir davantage dans l’association en rejoignant les groupes de travail thématiques : - sensibilisation et promotion notamment par la réalisation de supports de communication, - éducation, - aspects politiques et législatifs. Il est important d’évoquer, notamment, deux autres associations participant, en France, à la sensibilisation aux logiciels libres : Framasoft et ses multiples déclinaisons (Framakey, Framalibre, Framabook... pour ne citer que les plus connues) et la Quadrature du Net – Internet et Libertés qui a lancé le 1er avril l’action « Agissons contre le projet de loi de surveillance” avec le site de campagne sous-surveillance.fr. Les trois acteurs sont complémentaires puisqu’ils agissent tantôt sur la promotion et la défense, tantôt sur une alternative d’usages par des logiTOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 22 ciels ou des outils puissants libres ou bien sur les aspects juridiques et législatifs. Les tiers-lieux propagent déjà cette pensée libre autour de l’informatique et du numérique. Beaucoup y sont très actifs, souhaitons leur bon vent. Article connexe : OpenStreetMap, créer des données libres pour le territoire. Projet « Dessine ta ville ». VIZ TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 23 AILLEURS A Montréal, l’industrie du jeu en cowo Le coworking à Montréal est une pratique déjà riche. Une initiative récente suscite l’intérêt : l’Espace Ludique vise à accueillir les pigistes, développeurs indépendants et passionnés du jeu vidéo indépendant. Il émane d’un projet collaboratif entre Execution Labs, (L’accélérateur et plateforme d’investissement dédiée aux jeux), le centre de recherche et création Technoculture Art and Games de l’Université Concordia et la scène indie de Montréal.. «En rassemblant des personnes partageant la même vision, L’EL veut promouvoir la collaboration et l’innovation dans l’industrie du jeu de Montréal» TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 24 AILLEURS En phase de « test de jouabilité » depuis deux semaines, plusieurs studios ont déjà rejoint L’Espace Ludique. Parmi ses premiers membres figurent Henry Smith, créateur du jeu Spaceteam, ainsi que les studios Norsfell Games et Clever Endeavour Games. L’EL accueille également les événements de Pixelles, une initiative locale pour inclure les « femmes-dans-les-jeux » Le mot de l’équipe : «le co-travail, c’est d’abord un espace en commun pour se motiver, partager son enthousiasme et faire rebondir ses idées!» TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 25 AIDES ET APPELS À PROJETS Pacalights de l’idéation à l’innovation Ademe : une étude sur les innovations sociales et les formes d’intelligence collective L’Ademe a pour objectif de recueillir, de façon exploratoire, les projets d’innovation sociale qui ont un impact sur la transition écologique. Vos projets d’innovation sociale sont à déposer sur son site jusqu’en septembre 2015. Qui peut déposer un projet ? Tout porteur de projet d’innovation sociale, quel que soit son stade d’avancement et quel que soit son thème Pourquoi déposer un projet ? Pour bénéficier du dispositif de communication de l’Ademe et le partager avec la communauté des innovateurs sociaux et des acteurs qui les accompagnent. Cette plateforme a pour objectif de rassembler les acteurs de l’innovation sociale dans le monde. Retrouvez sur le site dédié au projet une première liste d’initiatives représentatives dans lesquelles figurent les tiers-lieux. Souvent, le café sert de carburant à la création. Juste retour des choses, que se passe-t-il quand les créateurs sont inspirés par le café? Cette année encore Malongo ouvre un concours destiné aux jeunes créatifs, designers, étudiants. Leur proposition de design doit réinventer le «café au travail» au gré des différents espaces (bureaux, halls, salles de réunion),contextes (pauses, réuni ons, salles d’attente...) et temporalités (le matin, après le déjeuner...). Objets, accessoires, applications numériques sont concernés. Les dotations permettent de récompenser 3 créations. Il faut répondre avant le 31 mai 2015 EN 2014, le concours portait sur « Le vendeur ambulant de café » et récompensait, notamment, « BRETELLES DU CAFETIER » de Dorothée ETIENNE, un système de sanglage utilisé comme un sac à dos pour ’accrocher cagette, planche plateau ou tout autre élément de support avec quatre thermos en réserve. A quand le café portable au bureau? TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 26 PACA Lights est un dispositif conçu par la région PACA qui vise à faire émerger des idées « en rupture » émanant de tout type d’innovateur. A partir des défis, sociétaux - sociaux - économiques – environnementaux - … - auxquels est confronté le territoire, il s’agit, dans le cadre d’un challenge régional, d’interpeller largement les acteurs de l’innovation pour qu’ils apportent des réponses nouvelles, technologiques, organisationnelles, de procédé ou de modèle économique … Pour les 20 concepts les plus innovants, 2000 euros de budget pour chacun. Sur ces concepts, les 5 meilleurs recevront ensuite une dotation de 10000 euros pour réaliser un “Démonstrateur”. Pour ce premier challenge 2014-2015, un thème à explorer : En 2020, ZERO kilowatt-heure gaspillé & TOUS producteurs d’énergie renouvelable ! La première étape du challenge vient de s’achever : la liste des lauréats sera communiquée la semaine du 27 avril . A suivre et propager.. Par Rivierre (Travail personnel) CC BY-SA 3.0 BàO Coworking et taux d’occupation Une rubrique proposée par la Bo[a]te, à enrichir de vos propres expériences. La Bo[a]te témoigne dans chaque numéro de Toc! de son expérience de plusieus années,confortée par l’analyse du mode de fonctionnement des Cantines et lieux-associés. Vous pouvez également apporter vos observations et conseils afin qu’ensemble nous partagions les meilleures pratiques. #baotoc #boateaoutiltoc L e taux d’occupation d’un lieu de coworking? (Ces observations sont corroborées par une étude Deskmag, 2012 : « Global coworking survey »)` Les espaces de coworking comptent plus de membres que de postes de travail : le taux d’utilisation est de 50% en moyenne. Les coworkers ne sont pas tous présents en même temps et les métiers représentés (conseil, services aux entreprises, formateurs,…) justifient de nombreux déplacements en entreprises. Il est très rare qu’un coworker occupe son poste de travail plus de 70% du temps hebdo. En revanche, ces occupants réguliers ne sont pas réfractaires à s’abonner pour un plein temps TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 27 Le volume moyen de postes de travail relevé par l’enquête Deskmag est de 38 occupants simultanés Le moment de l’année le plus propice aux inscriptions de nouveaux membres (ou au lancement d’un nouvel espace) est en septembre. La promotion d’une nouvelle offre ou de disponibilité peut idéalement être engagée en juin-juillet. Un autre pic plus faible peut être constaté en avril. Et vous, qu’avez vous observé? GEOLOC Construire ensemble la carte des sites et initiatives que nous repérons Cette carte a vocation à identifier les actions dont TOC! se fait le relais. Mais elle vous est ouverte : complétez la en intégrant vos tiers-lieux et évènements. Ces données contribueront à partager l’information la plus actuelle sur TiersLieux et Open culture. Cette carte est développée par La Bo[a]te sous OpenStreetMap Elle est accessible et manipulable ici. #osm #openstreetmap TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 28 Participez ! Le magazine TOC est un ebook collaboratif dédié aux tiers-lieux et à l’Open Culture. Il se veut ouvert et participatif. Nos articles sont sous creative commons CC-BY-SA. Il est lié à un site compagnon (2H60.com/toc) sur lequel nous vous invitons à partager avec nous. Faites-nous des suggestions, proposez des articles, des news, devenez contributeur de ce projet éditorial en vous rendant sur le site compagnon. Chaque numéro vous y proposera un sujet de discussion ouverte qui nous permettra d’enrichir ensemble le langage des tiers-lieux et de l’Open Culture. Ce magazine né en Provence Alpes Côte d’Azur veut se faire l’écho des innovations sur les territoires ruraux ou hyper-ruraux, urbains ou péri-urbains. Au-delà de cet ancrage territorial, notre projet éditorial est d’aller à la rencontre de tous les acteurs privés et publics d’innovations (sociales, économiques, éducatives, culturelles, technologiques) dans l’ensemble des métropoles, départements et régions françaises ainsi qu’à l’étranger. Ces innovations territoriales s’incarnent à la fois dans des lieux, des usages et des pratiques tant professionnelles que non professionnelles. de contacts et de partenaires. Nos prochaines livraisons seront disponibles sur abonnement ou à l’unité : Super Toc! Abonnement pour 6 numéros ebook augmenté bi-mestriels + 2 hors série version papier : 59,60 € Cet abonnement inclut l’epub des 6 ebooks augmentés. M Toc! Abonnement pour 6 numéros ebook augmenté bi-mestriels : 23,60 € Cet abonnement inclut l’epub U Toc! Numéro ebook augmenté à l’unité : 4, 60 € Ces achats peuvent être réalisés en paypal ou par chèque à l’adresse suivante : 2h60 éditions - TOC! La Bo[a]te 35 rue de la Paix Marcel Paul 13001 Marseille Retrouvez nous sur les stores et sur le site de l’éditeur 2h60 Ce premier numéro de TOC est téléchargeable gratuitement sur le site de 2H60. Faites-le circuler sans réserve auprès de vos réseaux d’amis TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 29 OURSE Directeur de publication : Martine Sousse Rédacteur en chef : Serge Jamgotchian Chef de rubrique “Libre” et responsable du développement numérique : Pierre André Directeur artistique : Serge Lieutier Eclaireur : Marin Garrigues Illustratrice : Tao Astier TOC! est une édition 2h60 Notre prochain numéro vous conduira au coeur des Tiers-lieux et de l’Open Culture et abordera notamment : Les processus d’apprentissage collectif au sein d’un espace de coworking : La Ruche Paris La galaxie des tiers-lieux dans la métropole Aix-Marseille Les tiers lieux dans la Drôme : de Valence aux Baronnies Provençales L’ expo universelle de Milan : partager les ressources naturelles Une école primaire soutenue par le financement participatif Ovillage, un espace d’intelligence Collective et d’Innovation Sociale en Côte d’Ivoire Et toujours, la Boite à Outils, les brèves, les appels à projet, vos propres news…. A paraître : fin mai TOC! - N°1 - Avril 2015 - Page 30
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