Fonctions analytiques 26/03/2015 W. Aschbacher (http ://aschbacher.univ-tln.fr/) M65 L3 Cours du 2e semestre 2014 – 2015 (19x2h CM et 19x2h TD) ´ Licence Mathematiques ` Table des matieres 1 Nombres complexes 1.1 Le corps des nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ ´ 1.2 Applications lineaires reelles et complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3 Applications conformes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ 2 Calcul differentiel complexe ´ 2.1 Derivabilit e´ complexe . . . . . . . . . . . . ´ ´ ´ 2.2 Derivabilit e´ complexe vs. derivabilit e´ reelle . 2.3 Fonctions holomorphes . . . . . . . . . . . 2.4 Holomorphie et conservation des angles . . 2.5 Fonctions biholomorphes . . . . . . . . . . 3 3 5 7 . . . . . 10 10 12 14 16 19 3 Notions de convergence 3.1 Convergence localement uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ` 3.2 Criteres de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ 3.3 Series normalement convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 24 26 28 ´ ` 4 Series entieres ` 4.1 Criteres de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ ` 4.2 Exemples de series entieres convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ ` 4.3 Holomorphie des series entieres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 31 34 36 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ ementaires ´ 5 Fonctions transcendantes el ´ 5.1 Fonction exponentielle et fonctions trigonometriques . . . . . . . . . . . . . . 5.2 Fonctions logarithmiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 40 43 ´ 6 Calcul integral complexe ´ 6.1 Integrales curvilignes complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ es ´ gen ´ erales ´ 6.2 Propriet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.3 Primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 50 52 54 ´ emes ` 7 Theor de Cauchy et analyticite´ ´ eme ` ´ ´ es ´ 7.1 Theor integral de Cauchy pour des domaines etoil . . . . . . . . . . . ´ 7.2 Formule integrale de Cauchy pour des disques . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.3 Analyticite´ des fonctions holomorphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 60 62 65 ´ es ´ fondamentales des fonctions holomorphes 8 Propriet ´ eme ` 8.1 Theor d’identite´ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.2 Estimations de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ emes ` 8.3 Theor de convergence de Weierstrass . . . . . . ´ eme ` 8.4 Theor de l’image ouverte et principe du maximum . . . . 68 68 70 72 73 ´ isolees ´ ´ 9 Singularites et fonctions meromorphes ´ isolees ´ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9.1 Singularites ´ 9.2 Fonctions meromorphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 76 81 ´ 10 Series de Laurent 10.1 Fonctions holomorphes dans des couronnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ es ´ des series ´ 10.2 Propriet de Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 83 89 ´ 11 Calculs des residus ´ 11.1 Courbes simplement fermees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ eme ` ´ 11.2 Theor des residus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ ´ ´ 11.3 Integration reelle par le calcul des residus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 93 96 99 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Nombres complexes 1.1 Le corps des nombres complexes ´ Afin de pouvoir definir l’ensemble des nombres complexes, nous commenc¸ons par faire le rappel suivant (pour la notion de groupe, cf. Rap. 1.12). ´ (a, b) �→ ´ Definition 1.1 Un corps est un ensemble K muni d’une addition K×K → K, notee ´ (a, b) �→ ab, ayant les propriet ´ es ´ suivantes : a + b, et d’une multiplication K × K → K, notee ´ ´ 0. (K1) K est un groupe abelien p.r. a` l’addition avec l’identite´ notee ´ ´ 1. (K2) K \ {0} est un groupe abelien p.r. a` la multiplication avec l’identite´ notee (K3) a(b + c) = ab + ac et (a + b)c = ac + bc pour tout a, b, c ∈ K ´ e´ (K3) s’appelle la distributivite. ´ La propriet ` ´ ´ ´ e´ (K2) est moRemarque 1.2 La deuxieme equation dans (K3) est necessaire si la propriet ´ p.ex., pour le cas d’un anneau, ou` K n’est qu’un semi-groupe p.r. a` la multiplication, difiee, ` ´ es ´ (G2) et (G3) de Rap. 1.12 (attention aux differentes ´ c.-a-d., un groupe sans les propriet ´ ´ definitions qui existent dans la litterature !). ´ toujours R le corps des nombres reels. ´ On notera Le corps des nombres complexes est ´ ´ construit en definissant une addition et une multiplication sur le produit cartesien R2 . ´ Definition 1.3 Pour tout z1 := (x1 , y1 ) et z2 := (x2 , y2 ) dans R2 , l’addition complexe R2 × ´ z1 + z2 , est definie ´ R2 → R2 , notee par z1 + z2 := (x1 + x2 , y1 + y2 ), ´ z1 z2 , est definie ´ et la multiplication complexe R2 × R2 → R2 , notee par z1 z2 := (x1 x2 − y1 y2 , x1 y2 + x2 y1 ). ´ ´ Le produit cartesien R2 muni de ces deux operations s’appelle les nombres complexes et ´ 1 := (1, 0) et i := (0, 1) (Euler, 1777), et (x, y) := (x, −y) est note´ C . En plus, on ecrira s’appelle le conjugue´ de (x, y) ∈ C. ´ eme ` Theor 1.4 C est un corps. � ´ Demonstration 1.4 Cf. Exr. 1 Remarque 1.5 (a) Comme (x1 , 0) + (x2 , 0) = (x1 + x2 , 0) et (x1 , 0)(x2 , 0) = (x1 x2 , 0) pour tout x1 , x2 ∈ R, ´ l’application R → C, definie par x �→ (x, 0), est un plongement de corps (cf. Rap. 3 1.14). On identifiera alors x et (x, 0). En plus, comme z = (x, 0) + (0, 1)(y, 0) pour tout ´ z = (x, y) ∈ C, nous ecrirons, en utilisant cette identification, z = x + iy. ´ ´ (b) Nous rappelons qu’un nombre complexe z = x + iy se represente geometriquement ´ par un point dans le plan complexe (egalement appele´ le plan de Argand-Gauss), ˆ de ´ ou` la partie reelle Re(z) := x et la partie imaginaire Im(z) := y jouent le role ´ cartesiennes. ´ coordonnees ´ (c) Nous rappelons egalement qu’une suite de nombres complexes (zn )n∈N converge vers un z ∈ C si, pour tout ε > 0, il existe N ∈ N t.q. |zn − z| < ε pour tout n ≥ N , ou, ` � ´ ` pour tout z = x + iy, le module de z est defini par |z| := x2 + y 2 (c.-a-d., la norme 2 ` ´ pour les limites (et les definitions, p.ex. de la euclidienne sur R ). Toutes les regles ˆ continuite´ d’une fonction), sont les memes que dans R (en remplac¸ant |x| pour x ∈ R par |z| pour z ∈ C). ´ 1.3 se fait dans la complexification d’un (d) Une construction similaire a` celle de Def. ´ V definissant ´ espace vectoriel reel une structure d’espace vectoriel complexe sur le ´ produit cartesien V × V par la multiplication par un scalaire complexe (α + iβ) (x, y) := (αx − βy, βx + αy). � �� � ∈ V×V ´ 1.3 peut se faire sur R4 , ou` l’addition (e) Une autre construction similaire a` celle de Def. ´ 1.1 est donnee ´ par l’addition vectorielle sur R4 . En plus, pour definir ´ de Def. une 4 ` de la maniere ` suivante : multiplication sur R , on procede 3 4 Soit {eα }� x, �y ∈ R3 α=0 la base canonique de R , et soient x0 , y0 ∈ R, les vecteurs � 3 4 4 4 4 ´ et �x�e := i=1 xi ei ∈ R . Alors, la multiplication R × R → R est definie, pour tout 4 x = x0 e0 + �x�e et y = y0 e0 + �y�e dans R , par xy := (x0 y0 − �x · �y )e0 + (x0 �y + y0�x + �x ∧ �y )�e, ´ ou` �x · �y est le produit scalaire euclidien et �x ∧ �y le produit vectoriel. On peut verifier 4 que R muni de cette addition et de cette multiplication est un corps gauche, c.` a-d., un ensemble muni d’une addition et d’une multiplication qui satisfont toutes les ´ es ´ de Def. ´ 1.1 sauf, en gen ´ eral, ´ propriet la commutativite´ de la multiplication dans (K2) ´ 1.1. Ce corps gauche s’appelle les quaternions. En notant 1 := e0 , i := e1 , de Def. ´ ebre ` j := e2 et k := e3 , on obtient la cel formule des quaternions (Hamilton, 1843) i2 = j2 = k2 = ijk = −1. ˆ D’autres nombres hypercomplexes peuvent etre construits dans des dimensions ´ ees ´ (octonions [non commutatifs, non associatifs ; Graves, 1843], sed ´ enions ´ plus elev [non commutatifs, non associatifs, non alternatifs], . . . ). 4 1.2 ´ ´ Applications lineaires reelles et complexes ´ Comme le corps C est non seulement un espace vectoriel sur C mais egalement sur R (cf. ´ ´ Rap. 1.15), il faut distinguer, parmi les applications lineaires C → C, les applications lineaires ´ C-lineaires, ´ ´ ´ R-lineaires ´ ´ complexes, appelees et les applications lineaires reelles, appelees (cf. Rap. 1.16). ´ ´ le nombre z ∈ C sera note´ z = x + iy Dorenavant, si rien d’autre n’est explicitement indique, pour x, y ∈ R. Proposition 1.6 ´ (a) Une application T : C → C est R-lineaire ssi T (z) = T (1)x + T (i)y. (1) ´ ´ Dans ce cas, on peut egalement ecrire T (z) = λz + µ¯ z, ou` nous utilisons la notation � 1� T (1) − iT (i) , λ := 2 µ := � 1� T (1) + iT (i) . 2 (2) (3) ´ ´ (b) Une application R-lineaire T : C → C est C-lineaire ssi T (i) = iT (1). Dans ce cas, T a la forme T (z) = T (1)z pour tout z ∈ C. ´ Demonstration 1.6 ` Rap. 1.16, l’application T : C → C est R-lineaire ´ (a) D’apres ssi T (α1 z1 + α2 z2 ) = α1 T (z1 ) + α2 T (z2 ) pour tout z1 , z2 ∈ C et tout α1 , α2 ∈ R. ⇒ : Pour tout z = x + iy = x · 1 + y · i ∈ C, on obtient T (z) = xT (1) + yT (i). ⇐ : En utilisant (1), pour tout z1 , z2 ∈ C et tout α1 , α2 ∈ R, on obtient T (α1 z1 + α2 z2 ) = T ((α1 x1 + α2 x2 ) + i(α1 y1 + α2 y2 )) = (α1 x1 + α2 x2 )T (1) + (α1 y1 + α2 y2 )T (i) = α1 (x1 T (1) + y1 T (i)) + α2 (x2 T (1) + y2 T (i)) = α1 T (z1 ) + α2 T (z2 ). Finalement, nous obtenons (2) en calculant λz + µ¯ z= 1 1 (T (1) − iT (i))(x + iy) + (T (1) + iT (i))(x − iy) = xT (1) + yT (i). 2 2 (b) Cf. Exr. 2 � 5 ´ Dans ce cours, nous notons Mat(n, m, C) et Mat(n, m, R) les matrices n × m a` entrees ´ ´ complexes respectivement reelles. Si n = m, nous ecrirons Mat(n, C) := Mat(n, n, C) et Mat(n, R) := Mat(n, n, R). � � a b ´ ∈ Mat(2, R). Pour tout z = (x, y) ∈ C, l’application TA : C → Definition 1.7 Soit A = c d ´ C est definie par � � � � ax + by x . = TA (z) := A cx + dy y ´ ´ ˆ ´ ees ´ La R-linearit e´ et la C-linearit e´ d’une application C → C peuvent etre caracteris de la ` suivante. maniere Proposition 1.8 Soit T : C → C. ´ (a) T est R-lineaire ssi il existe A ∈ Mat(2, R) t.q. T = TA . � � a b ´ (b) T est C-lineaire ssi il existe A = ∈ Mat(2, R) t.q. T = TA et c d a = d, b = −c. ´ Demonstration 1.8 (a) ⇒ : Posons a + ic := T (1) et b + id := T (i) avec a, b, c, d ∈ R. Alors, en utilisant Prop. 1.6 (a), on a, pour tout z ∈ C, T (z) = T (x + iy) Prop. 1.6 (a) = T (1)x + T (i)y = (a + ic)x + (b + id)y = (ax + by) + i(cx + dy), � � a b ` ` Def. ´ 1.7, on a T = TA pour A := ∈ Mat(2, R). c.-a-d., d’apres c d � � a b ∈ Mat(2, R). Alors, comme ⇐ : Soit T = TA pour un A = c d �� � � � � �� � � � � b a b 0 a a b 1 , = , T (i) = = T (1) = d c d 1 c c d 0 on obtient, pour tout z ∈ C, que � �� � � � � � � � a b x ax + by a b T (z) = = =x +y = xT (1) + yT (i). c d y cx + dy c d ` Prop. 1.6 (a), l’application T est R-lineaire. ´ Alors, d’apres (b) Cf. Exr. 3 � 6 Remarque 1.9 ´ ´ (a) Nous resumons qu’une application T : C → C est R-lineaire : T = TA pour un A ∈ Mat(2, R) T (z) = T (1)x + T (i)y T (z) = λz + µ¯ z ⇐⇒ ⇐⇒ ⇐⇒ (4) (5) (6) ´ Les conditions equivalentes (4), (5) et (6) trouveront plus tard leurs applications dans ´ ´ ´ la theorie des fonctions derivables f : C → C, ou` on ecrit f = u + iv avec u, v : C ∼ = 2 ´ ees ´ partielles reelles ´ R → R. A savoir, les deriv ∂x u, ∂y u, ∂x v, ∂y v, ´ de A dans (4), les deriv ´ ees ´ partielles complexes correspondront aux entrees ∂x f, ∂y f, ´ ees ´ correspondront aux nombres T (1) et T (i) dans (5) et les deriv ∂z f, ∂z¯f, correspondront aux nombres λ et µ dans (6). ´ ement ´ ´ (b) Les conditions a = d et b = −c de Prop. 1.8 (b) expriment precis les equations ` de Cauchy-Riemann, c.-a-d., ∂x u = ∂y v, ∂y u = −∂x v, cf. Thm. 2.5 (c) ci-dessous. ´ ee ´ partielle p.r. a` x d’une fonction f , nous utiliseront les notations (c) Pour la deriv ∂f = ∂x f = f x . ∂x 1.3 Applications conformes ´ Dans la theorie des fonctions analytiques du point de vue de B. Riemann, les applications ` ˆ important (cf. conformes, c.-a-d., les applications qui conservent les angles, jouent un role ´ la presentation). ´ ` ´ Definition 1.10 Soit T : C → C une application R-lineaire injective (c.-a-d., T (z) = 0 ssi z = 0). L’application T s’appelle conforme si, pour tout w, z ∈ C, on a |w||z|�T (w), T (z)� = |T (w)||T (z)|�w, z�, (7) ´ C∼ ou` �w, z� := Re(w¯ z ) est le produit scalaire euclidien (dans l’espace vectoriel reel = R2 , cf. Rap. 1.17). En outre, pour tout w, z ∈ C∗ := C \ {0}, l’angle entre w et z est l’unique ϕ ∈ R avec 0 ≤ ϕ ≤ π t.q. cos(ϕ) = On notera parfois �(w, z) := ϕ . 7 �w, z� . |w||z| ´ ´ ´ Proposition 1.11 Soit T : C → C une application R-lineaire injective. Alors, les enonc es ´ suivants sont equivalents : (a) T est conforme. (b) �(T (w), T (z)) = �(w, z) pour tout w, z ∈ C∗ (conservation des angles) (c) Il existe a ∈ C∗ t.q. : soit T (z) = az pour tout z ∈ C (similitude directe), soit T (z) = a¯ z pour tout z ∈ C (similitude indirecte). (d) Il existe s > 0 t.q. �T (w), T (z)� = s�w, z� pour tout w, z ∈ C. ´ Demonstration 1.11 ´ (a) ⇔ (b) : Comme, pour tout w, z ∈ C∗ , on peut ecrire � � �T (w), T (z)� , �(T (w), T (z)) = arccos |T (w)||T (z)| ´ 1.10 fournit l’equivalence ´ on voit que Def. (noter que T (z) �= 0 pour z �= 0 et que le module ´ ` de l’argument du arccos est plus petit ou egal a` 1, c.-a-d., l’argument se trouve bel et bien ´ dans le domaine de definition du arccos). ´ (a) ⇒ (c) : Comme T est injectif, on a a := T (1) ∈ C∗ . Alors, pour b := T (i)/a, on peut ecrire ´ 1.10 Def. a) = |a|2 Re(b), |T (i)||T (1)| �i, 1� = |i||1|�T (i), T (1)� = �ab, a� = Re(ab¯ ���� =0 (1) ` ´ c.-a-d., b = ir pour un r ∈ R. Il en resulte que T (z) = T (1)x + T (i)y = a(x + iry), d’ou` �T (1), T (z)� = �a, a(x + iry)� = |a|2 x. Alors, pour tout z ∈ C, nous obtenons |x + iy||a|2 x = |1||z|�T (1), T (z)� = |T (1)||T (z)|�1, z� = |a||a(x + iry)|x, d’ou` |x + iy| = |x + iry| pour tout z = x + iy ∈ C t.q. x �= 0. Si, en plus, y �= 0, on obtient alors ` r = ±1, c.-a-d., T (z) = a(x ± iy). Si on suppose qu’il existe z1 = x1 + iy1 et z2 = x2 + iy2 avec z1 , z2 ∈ C \ {x + iy ∈ C | xy = 0} t.q. T (z1 ) = a(x1 + iy1 ) et T (z2 ) = a(x2 − iy2 ), on arrive a` une contradiction avec la condition ´ en utilisant la continuite´ de T . (7). Les cas restants sont traites (c) ⇒ (d) : Cf. Exr. 4 (d) ⇒ (a) : Cf. Exr. 4 � 8 Rappels ´ (g, h) �→ gh, ayant Rappel 1.12 Un groupe est un ensemble G muni d’une multiplication G × G → G, notee ´ es ´ suivantes : les propriet ´ (G1) g(hk) = (gh)k pour tout g, h, k ∈ G (associativite) ´ t.q. ge = eg = g pour tout g ∈ G. (G2) Il existe e ∈ G (identite) (G3) Pour tout g ∈ G, il existe h ∈ G (inverse) t.q. gh = hg = e (on note souvent g −1 := h). ´ Un groupe G s’appelle abelien (ou commutatif) si gh = hg pour tout g, h ∈ G. Rappel 1.13 Soient G et H des groupes. Un homomorphisme de groupes de G dans H est une application ´ e´ suivante (pour tout g, h ∈ G) : Φ : G → H ayant la propriet (HG) Φ(gh) = Φ(g)Φ(h) ´ Si l’application Φ est injectif, surjectif ou bijectif, elle s’appelle respectivement un monomorphisme, un epimorphisme ou un isomorphisme de groupes. Si Φ : G → H est un homomorphisme de groupes et eH l’identite´ de H, l’ensemble ker(Φ) := {g ∈ G | Φ(g) = eH } s’appelle le noyau de Φ. Rappel 1.14 Soient R et S deux anneaux (cf. Rem. 1.2). Un homomorphisme d’anneaux de R dans S est ´ es ´ suivantes (pour tout a, b ∈ R) : une application Φ : R → S ayant les propriet (HA1) Φ(a + b) = Φ(a) + Φ(b) (HA2) Φ(ab) = Φ(a)Φ(b) ` ´ e´ (G2) de Rap. 1.12 p.r. a` la multiplication, ou` Si les deux anneaux sont unitaires, c.-a-d., s’ils ont la propriet ´ respectives, on demande en plus : on note 1R et 1S les identites (HA3) Φ(1R ) = 1S Soient K et L deux corps. Tout homomorphisme d’anneaux Φ : K → L (qui satisfait donc (HA1)–(HA3)) est injectif et s’appelle un plongement de corps. Rappel 1.15 Soit K un corps. Un espace vectoriel sur K est un ensemble V muni d’une addition V × V → V, ´ (u, v) �→ u + v, et d’une multiplication par un scalaire K × V → V, notee ´ (λ, u) �→ λu, ayant les notee ´ es ´ suivantes (pour tout λ, µ ∈ K et tout u, v ∈ V) : propriet ´ ´ 0. (V1) V est un groupe abelien p.r. a` l’addition avec l’identite´ notee (V2) (λ + µ)u = (λu) + (µu) (V3) (λµ)u = λ(µu) (V4) 1u = u (V5) λ(u + v) = (λu) + (λv) (distributivite´ (a` gauche)) ˆ ´ Rappel 1.16 Soient V et W deux espaces vectoriels sur le meme corps K. Une application lineaire de V ´ v �→ T v := T (v), ayant les propriet ´ es ´ suivantes (pour tout λ ∈ K dans W est une application T : V → W, notee et tout u, v ∈ V) : ´ (L1) T (u + v) = T u + T v (additivite) ´ eit ´ e) ´ (L2) T (λv) = λT v (homogen Rappel 1.17 Soit V un espace vectoriel sur K. Un produit scalaire sur V est une application ( · , · ) : V ×V → K ´ es ´ suivantes (pour tout α ∈ K et tout u, v, w ∈ V) : ayant les propriet (PS1) (u, u) ≥ 0 (PS2) (u, u) = 0 ssi u = 0 (PS3) (u, v + w) = (u, v) + (u, w) (PS4) (u, αv) = α(u, v) (attention a` la convention !) (PS5) (u, v) = (v, u). 9 ´ Calcul differentiel complexe 2 ´ ´ ´ La theorie des fonctions analytiques est la theorie des fonctions qui sont derivables au sens ´ complexe. Il faut souligner que la derivabilit e´ complexe est beaucoup plus qu’une simple ´ ´ analogie de la derivabilit e´ reelle. 2.1 ´ Derivabilit e´ complexe ´ D designera ´ Dans ce cours, sans que rien d’autre ne soit explicitement indique, toujours un ouvert non vide dans C. ´ ´ Definition 2.1 Une fonction f : D → C s’appelle C-derivable au point c ∈ D s’il existe une fonction g : D → C, continue au point c, t.q., pour tout z ∈ D, on a f (z) = f (c) + (z − c)g(z). Comme g est continue en c, la limite df f (c + h) − f (c) (c) := lim h→0 dz h ´ ´ ee ´ complexe de f p.r. a` z au point c ∈ D. existe et est egale a` g(c). Elle s’appelle la deriv df � On notera souvent f (c) pour dz (c). Exemple 2.2 ´ (a) La fonction f : D := C → C, definie, pour tout n ∈ N∗ et tout z ∈ C, par f (z) := z n , ´ est C-derivable en tout point de C. ´ (b) La fonction f : D := C → C, definie, pour tout z ∈ C, par f (z) := z¯, ´ n’est C-derivable en aucun point de C. ´ (c) Les fonctions D := C → C, definies, pour tout z ∈ C, par z �→ Re(z), Im(z), |z|, ´ ne sont nulle part C-derivables en C. 10 ´ Demonstration 2.2 ´ (a) Soit c ∈ C. Alors, nous pouvons ecrire f (z) = cn + (z − c)g(z), ou` la fonction g : C → C a la forme g(z) = z n−1 + cz n−2 + . . . + cn−2 z + cn−1 . Alors, on a f � (c) = g(c) = ncn−1 , ` c.-a-d., on obtient (z n )� = nz n−1 . (b) Cf. Exr. 5 ´ ´ en exercice au lecteur. (c) La demonstration est laissee � Remarque 2.3 (a) Pour une fonction f : D → C, nous utiliserons souvent la notation standard f = u + iv, ´ ou` les fonctions u : D → R et v : D → R sont respectivement definies par la partie ´ ` reelle et imaginaire de f , c.-a-d., u := Re(f ), v := Im(f ). ´ (b) Si la fonction f : D → C est C-derivable au point c = a + ib (ou` a, b ∈ R), on a f (c + h) − f (c) f (c + ih) − f (c) = lim . h→0 h→0 h ih f � (c) = lim Alors, si on choisit h ∈ R (et si on fait l’identification habituelle u(z) = u(x + iy) ∼ = ` analogue pour v), on obtient, d’une part, u(x, y) et de maniere u(a + h, b) − u(a, b) v(a + h, b) − v(a, b) + i lim = ux (c) + ivx (c). h→0 h→0 h h f � (c) = lim ´ Mais, d’autre part, nous avons egalement 1 u(a, b + h) − u(a, b) v(a, b + h) − v(a, b) + i lim = (uy (c) + ivy (c)). h→0 h→0 ih ih i f � (c) = lim ´ ´ ´ Il en resulte que, si f est C-derivable au point c, alors la partie reelle et imaginaire ´ ´ de f satisfont les equations differentielles de Cauchy-Riemann (ECR) au point c, ` c.-a-d., ux (c) = vy (c), 11 uy (c) = −vx (c). 2.2 ´ ´ ´ Derivabilit e´ complexe vs. derivabilit e´ reelle ´ ´ Nous rappelons la notion de derivabilit e´ reelle suivante. ´ Definition 2.4 Soient m, n ∈ N∗ et D un ouvert non vide de Rm . Une fonction f : D ⊆ Rm → ´ ´ Rn s’appelle R-derivable au point c ∈ D s’il existe une application R-lineaire T : R m → Rn t.q. |f (c + h) − f (c) − T h| = 0, h→0 |h| lim ´ ´ T est unique et ou` | · | representent des normes dans Rm et Rn . L’application R-lineaire ´ Df (c) . En utilisant la notation ´ s’appelle la differentielle de f au point c ∈ D et sera notee ´ f = (f1 , . . . , fn ) avec fi : D → R pour tout i ∈ {1, . . . , n}, la differentielle s’identifie a` la matrice jacobienne ∂f1 ∂f1 (c) . . . ∂x (c) ∂x1 m .. ∈ Mat(n, m, R). Jf (c) := ... . ∂fn (c) ∂x1 ... ∂fn (c) ∂xm ´ ´ ` suivante. La derivabilit e´ complexe peut se caracteriser alors de la maniere ´ ´ suivants sont equivalents ´ ´ eme ` Theor 2.5 Soit f : D → C et c ∈ D. Alors, les enonc es : ´ (a) f est C-derivable en c. ´ ´ ´ (b) f est R-derivable en c et la differentielle Df (c) : C → C est C-lineaire. ´ (c) f est R-derivable en c et pour f = u + iv les ECR sont satisfaites : ux (c) = vy (c), uy (c) = −vx (c). ´ Dans ces cas, nous pouvons ecrire f � (c) = ux (c) + ivx (c) = vy (c) − iuy (c). (8) ´ Demonstration 2.5 ` Def. ´ 2.1, nous pouvons ecrire ´ (a) ⇔ (b) : D’apres f (c + h) − f (c) − f � (c)h = 0. h→0 h lim ´ et comme une application Comme l’application h �→ f � (c)h est une application C-lineaire 2 2 ´ ´ ` l’identification habituelle R2 ∼ R-lineaire R → R est C-lineaire (apres = C) ssi elle a la forme ´ z �→ az pour un a ∈ C, on obtient l’equivalence. ´ ´ 1.7), ou` (b) ⇔ (c) : La differentielle Df (c) a la forme TA (cf. Def. � � ux (c) uy (c) . (9) A := vx (c) vy (c) 12 ` Prop. 1.8 (b), TA est C-lineaire ´ D’apres ssi ux (c) = vy (c) et uy (c) = −vx (c). � ´ dans Rem. 2.3 (b). Finalement, l’expression pour f (c) est donnee � Remarque 2.6 ´ ´ ´ ´ ´ Elle (a) Nous soulignons que la C-linearit e´ de la differentielle caracterise la C-derivabilit e. est la raison profonde pour l’existence des ECR. ´ (b) Une condition suffisante pour la C-derivabilit e´ est la suivante : ´ Soient u, v : D → R des fonctions continument partiellement derivables en tout point ˆ de D (cf. Rap. 2.36) et soit, pour tout c ∈ D, ux (c) = vy (c), uy (c) = −vx (c). ´ Alors, f = u + iv est C-derivable en tout point de D. Exemple 2.7 ´ pour tout (x, y) ∈ R2 , par (a) Soient les fonctions u, v : R2 → R definies, u(x, y) := ex cos y, v(x, y) := ex sin y. ´ Alors, f := u + iv est C-derivable en tout point de C. ´ pour tout (x, y) ∈ R2 , par (b) Soient les fonctions u, v : R2 → R definies, u(x, y) := x3 y 2 , v(x, y) := x2 y 3 . ´ En quels points de C, la fonction f := u + iv est-elle C-derivable ? ´ Demonstration 2.7 ´ (a) Comme u et v sont partout continument partiellement derivables et comme les ECR ˆ ` sont satisfaites, c.-a-d., comme ux (x, y) = ex cos y, vx (x, y) = ex sin y, uy (x, y) = −ex sin y, vy (x, y) = ex cos y, ´ Rem. 2.6 (b) implique que f est C-derivable en tout point de C. (b) Cf. Exr. 6 � ´ es ´ suivantes. En plus, nous avons les propriet ´ Proposition 2.8 Soit f = u + iv une fonction C-derivable en D. ´ ´ (a) Alors, le determinant de sa matrice jacobienne est non negatif en tout point de c ∈ D, det(Jf (c)) ≥ 0. 13 ´ (b) Soient u et v deux fois continument partiellement derivables en tout point de D. Alors, ˆ ` ´ u et v sont des fonctions harmoniques, c.-a-d., des fonctions qui satsifont l’equation de Laplace, Δu = 0, Δv = 0, ´ ´ ou` Δ := ∂x2 + ∂y2 est l’operateur differentiel appele´ le laplacien. � ´ Demonstration 2.8 Cf. Exr. 7 2.3 Fonctions holomorphes ´ ´ A present, nous allons introduire la notion fondamentale de la theorie des fonctions analytiques. ´ ´ Definition 2.9 Une fonction f : D → C s’appelle holomorphe dans D si f est C-derivable en tout point de D. Une fonction f : D → C s’appelle holomorphe au point c ∈ D s’il existe un voisinage ouvert U ⊆ D du point c (cf. Rap. 2.37) t.q. (la restriction a` U de) f est holomorphe dans U . Nous notons O(D) l’ensemble de toutes les fonctions holomorphes dans D (Cartan, 1952). Une fonction f : D → C s’appelle antiholomorphe dans D si f¯ ∈ O(D). Remarque 2.10 (a) L’ensemble des points en lesquels une fonction est holomorphe est toujours un ouvert de C. ´ (b) Une fonction holomorphe au point c est C-derivable en c. Par contre, une fonction ´ ´ essairement ´ C-derivable en c n’est pas nec holomorphe en c. ´ Exemple : La fonction f de Ex. 2.7 (b) est C-derivable partout sur les axes des ´ mais elle n’est holomorphe en aucun point de C. coordonnees ` ´ ementaires ´ Les regles de calcul el sont les suivantes. ´ eme ` Theor 2.11 (a) Soient f, g ∈ O(D) et a, b ∈ C. Alors, af + bg ∈ O(D) et f g ∈ O(D). En plus, on a (af + bg)� = af � + bg � , (f g)� = f � g + f g � . (b) Soient f ∈ O(D) et g ∈ O(D) t.q. g(z) �= 0 pour tout z ∈ D. Alors, f /g ∈ O(D) et on a � �� f f �g − f g� = . g g2 (c) Soient g ∈ O(D) et f ∈ O(D � ) t.q. g(D) ⊆ D� . Alors, f ◦ g ∈ O(D) et on a (f ◦ g)� = (f � ◦ g) g � . 14 ´ ´ en exercice au ´ Demonstration 2.11 La demonstration se fait comme dans R et est laissee lecteur. � Remarque 2.12 ´ ˆ (a) Les conditions de derivabilit e´ peuvent etre substantiellement affaiblies. On peut mon´ ´ trer l’enonce suivant (Looman, 1923 ; Menchoff, 1935) : ` ´ eme ` Theor 2.13 (Looman-Menchoff) Soit f ∈ C(D) (c.-a-d., f : D → C est continu) ´ ees ´ partielles ux , uy , vx et vy de f = u + iv existent partout et supposons que les deriv en D et que les ECR soient satisfaites partout en D. Alors, f ∈ O(D). ` ´ (b) Les regles de derivation de Thm. 2.11 impliquent que, pour tout D ⊆ C, l’ensemble ` ` O(D) est une sous-algebre complexe de l’algebre complexe C(D) (cf. Rap. 2.38). ´ ´ ´ ees ´ partielles suivantes. A present, nous allons definir les deriv ´ ´ Definition 2.14 Soit f : D → C une fonction R-derivable au point c ∈ D et soit T := Df (c) ´ ´ ´ ees ´ la differentielle de f en c. Les deriv partielles fx , fy , fz , fz¯ en c sont definies par fx (c) := T (1), fy (c) := T (i), 1 fz := (T (1) − iT (i)), 2 1 fz¯ := (T (1) + iT (i)). 2 (10) Remarque 2.15 ´ ´ (a) Soit f : D → C une fonction R-derivable au point c ∈ D. Alors, la differentielle Df (c) ´ ´ est R-lineaire et, pour tout h ∈ C, elle peut s’ecrire dans les formes (1) (11) Df (c)h = fx (c)Re(h) + fy (c)Im(h) (2) ¯ = fz (c)h + fz¯(c)h � �� � ux (c) uy (c) Re(h) (9) . = vx (c) vy (c) Im(h) � �� � (12) (13) = Jf (c) ´ (b) Soit f : D → C une fonction R-derivable au point c ∈ D. Alors, en utilisant (11) – (13), ´ nous pouvons ecrire, qu’au point c, fx = ux + ivx , fy = uy + ivy , 1 fz = (fx − ify ), 2 1 fz¯ = (fx + ify ). 2 ´ Nous remarquons que les equations pour fz et fz¯ peuvent s’obtenir formellement en remplac¸ant x et y respectivement par (z + z¯)/2 et (z − z¯)/(2i) dans f (x, y), par ` que z et z¯ sont des variables independantes ´ ` l’hypothese et par la regle (c) de Thm. 2.11. 15 ´ ´ mentionnee ´ dans (b), c.-a-d., ` ´ que z (c) Le calcul de Wirtinger developpe l’idee l’idee ´ et z¯ se comportent comme des variables independantes, pour construire un calcul ´ ´ differentiel pour les operateurs ∂ := ∂ , ∂z ∂ ∂¯ := . ∂ z¯ ´ Bien que ce calcul soit indispensable pour la theorie des fonctions en plusieurs va´ riables complexes, il est sans importance pour la theorie des fonctions analytiques en une seule variable complexe. ´ Proposition 2.16 Soit f : D → C une fonction R-derivable en D. Alors : ¯ = 0 en D. Dans ce cas, f � = ∂f en D. (a) f ∈ O(D) ssi ∂f � ¯ en D. (b) f¯ ∈ O(D) ssi ∂f = 0 en D. Dans ce cas, f¯ = ∂f � ´ Demonstration 2.16 Cf. Exr. 9 2.4 Holomorphie et conservation des angles ´ ´ Definition 2.17 Soit f : D → C une fonction R-derivable . La fonction f s’appelle conforme ´ au point c ∈ D (ou f conserve les angles au point c ∈ D) si la differentielle Df (c) : C → C ´ 1.10). est conforme (cf. Def. f s’appelle conforme en D si f est conforme en tout point de D. Une condition suffisante pour qu’une fonction soit conforme est la suivante. � Proposition 2.18 Soit f ∈ O(D) et f � �= 0 en D ou soit f¯ ∈ O(D) et f¯ = � 0 en D. Alors, f est conforme en D. ´ Demonstration 2.18 Soit f ∈ O(D) et f � �= 0 en D. En utilisant Rem. 2.15 (a) et Prop. 2.16 ´ (a), on peut ecrire que, pour tout c ∈ D et tout h ∈ C, ¯ = fz (c)h = f � (c)h. Df (c)h = fz (c)h + fz¯(c)h ` Prop. 1.11 (c), la differentielle ´ Alors, d’apres Df (c) est conforme pour tout c ∈ D parce que � ` ` analogue pour le cas d’une fonction f (c) �= 0 pour tout c ∈ D. On procede de maniere ` antiholomorphe, c.-a-d., en utilisant Prop. 2.16 (b), on a, pour tout c ∈ D et tout h ∈ C, ¯ = fz¯(c)h ¯ = f¯� (c)h. Df (c)h = fz (c)h + fz¯(c)h ´ ´ En utilisant de nouveau Prop. 1.11 (c), on obtient l’enonc e. � ´ ´ Afin de demontrer la reciproque de Prop. 2.18, nous allons supposer que le domaine D est connexe (cf. Rap. 2.39). 16 ´ ´ eme ` Theor 2.19 Soit D connexe et f : D → C continument partiellement derivable en D. ˆ ´ ´ suivants sont equivalents ´ Alors, les enoc es : (a) f est conforme en D. (b) f ∈ O(D) et f � �= 0 en D ou f¯ ∈ O(D) et f¯ �= 0 en D. � ´ Demonstration 2.19 ´ (a) ⇒ (b) : Comme la fonction f est continument partiellement derivable en c ∈ D, elle est ˆ ´ ` Rem. 2.15 (a), sa differentielle ´ (continument) R-derivable en c (cf. Rap. 2.36 (e)) et, d’apres ˆ ´ Df (c) : C → C s’ecrit, pour tout h ∈ C, comme ¯ Df (c)h = fz (c)h + fz¯(c)h. Comme f est conforme en D, Prop. 1.11 (c) implique que, soit fz¯(c) = 0 et fz (c) �= 0, soit fz¯(c) �= 0 et fz (c) = 0. (14) (15) ´ Alors, la fonction g : D → C, definie, pour tout c ∈ D, par g(c) := fz (c) − fz¯(c) , fz (c) + fz¯(c) ´ ` que est bien definie, et nous avons g(D) = {−1, 1}. En utilisant Rem. 2.15 (b) et l’hypothese ´ f est continument partiellement derivable, on obtient que fz , fz¯ ∈ C(D) parce que ˆ 1 fz¯ = (ux − vy + i(vx + uy )), 2 1 fz = (ux + vy + i(vx − uy )), 2 (16) (17) ˆ et donc g ∈ C(D). Comme D est connexe, il s’ensuit que g doit etre constant. Alors, soit fz¯(c) = 0 et fz (c) �= 0 pour tout c ∈ D, soit fz¯(c) �= 0 et fz (c) = 0 pour tout c ∈ D. En utilisant Prop. 2.16, on arrive a` la conclusion. (b) ⇒ (a) : Cf. Prop. 2.18 � Pour exclure de Thm. 2.19 les fonctions antiholomorphes (qui ne sont pas les bienvenues ´ dans la theorie des fonctions analytiques), on introduit la notion suivante. ´ ´ Definition 2.20 Soit f : D → C une fonction R-derivable . On dit que f conserve l’orientation au point c ∈ D si det(Jf (c)) > 0. On dit que f conserve l’orientation en D si f conserve l’orientation en tout point de D (cf. Rap. 2.40). 17 Remarque 2.21 ` Prop. 2.8 (a), on a, pour tout f ∈ O(D), (a) D’apres det(Jf (c)) = |f � (c)|2 . Alors, tout f ∈ O(D) t.q. f � (c) �= 0 conserve l’orientation en c. (b) Soit f = u + iv antiholomorphe en D. Alors, en tout point de D, on a � � ux uy det(Jf ) = det = ux vy − uy vx = −(u2x + vx2 ) = −|f � |2 , vx vy ou` nous avons utilise´ les ECR pour f¯ (ce qui revient a` remplacer v par −v) et Thm. 2.5. Une fonction antiholomorphe ne conserve donc l’orientation nulle part en D. ´ eme ` ´ ´ ` B. Riemann qui caNous arrivons au theor principal de l’approche geom etrique d’apres ´ ´ ee ´ non nulle) par la conservation de la geom ´ ´ racterise une fonction holomorphe (de deriv etrie locale. ´ ´ ´ ´ eme ` Theor 2.22 Soit f : D → C continument partiellement derivable en D. Alors, les enoc es ˆ ´ suivants sont equivalents : (a) f ∈ O(D) et f � �= 0 en D (b) f conserve les angles et l’orientation en D. ´ Demonstration 2.22 ` Prop. 2.18 et l’orientation d’apres ` Rem. 2.21 (a). (a) ⇒ (b) : f conserve les angles d’apres ´ (b) ⇒ (a) : Si f conserve les angles, on a (14) et (15) de Dem. 2.19. Mais si on suppose la ´ validite´ de (15) au point c ∈ D, l’equation (17) et Rem. 2.21 (b) impliquent que det(Jf (c)) = ` −|f � (c)|2 ce qui est en contradiction avec l’hypothese que f conserve l’orientation en D. ` Prop. 2.16 (a). En utilisant Rem. Alors, on a (14) en tout point de D, d’ou` f ∈ O(D) d’apres � 2.21 (a) et la conservation de l’orientation, on obtient f �= 0 en D. � ´ ´ L’interpretation geometrique de la conservation des angles et de l’orientation est la suivante. ´ Proposition 2.23 Soit f : D → C une fonction continument partiellement derivable qui ˆ ´ conserve les angles et l’orientation. En plus, soient γ, µ : [0, 1] → C des chemins derivables t.q. γ(t) = µ(s) = c ∈ D et γ � (t), µ� (s) �= 0 pour des t, s ∈ [0, 1]. Alors, on a �((f ◦ γ)� (t), (f ◦ µ)� (s)) = �(γ � (t), µ� (s)), ´ ´ et le sens de la rotation de l’angle est preserv e. � ´ Demonstration 2.23 Cf. Exr. 10 18 Exemple 2.24 ´ (a) Soit f : C∗ → C defini par f (z) := z 2 pour tout z ∈ C∗ . Alors, f est conforme en C∗ . Quelle est l’image des droites x = a et y = b pour tout a, b ∈ R ? ´ pour tout z ∈ C∗ , (b) La fonction de (Blumenthal-) Joukovski J : C∗ → C est definie, par 1 J(z) := 2 � 1 z+ z � . Alors, J est conforme en C∗ \ {−1, 1}. Quelle est l’image des axes partant de l’origine ´ a` l’origine ? et des cercles centres ´ Demonstration 2.24 (a) Comme f = u + iv ∈ O(C∗ ) et f � (c) = 2c �= 0 pour tout c ∈ C∗ , la fonction f est ´ conforme en C∗ . En plus, les droites x = a et y = b pour tout a, b ∈ R sont envoyees respectivement sur les paraboles v 2 = 4a2 (a2 − u), v 2 = 4b2 (b2 + u), parce que u = Re(f ) = x2 − y 2 et v = Im(f ) = 2xy. (b) Cf. Exr. 11 � 2.5 Fonctions biholomorphes ´ Definition 2.25 Une fonction f ∈ O(D) s’appelle biholomorphe de D dans D � si D� := ` ´ une reciproque f (D) est un ouvert non vide dans C et si l’application f : D → D � possede ∼ f −1 : D� → D t.q. f −1 ∈ O(D� ). Dans ce cas, nous utiliserons la notation f : D → D� . Remarque 2.26 (a) Une fonction biholomorphe est injective. Inversement, nous montrerons plus tard que tout f ∈ O(D) injectif est biholomorphe de D dans f (D) (cf. Exr. 58). ∼ ∼ ∼ (b) Soient f : D → D� et g : D� → D�� . Alors, g ◦ f : D → D�� . La formulation suivante est souvent utile. Lemme 2.27 Soit f ∈ O(D), soit D � un ouvert non vide dans C et soit g ∈ O(D� ) t.q. f (D) ⊆ D� , g(D� ) ⊆ D, f ◦ g = 1D � , ∼ Alors, f : D → D� . 19 g ◦ f = 1D . � ´ Demonstration 2.27 Cf. Exr. 12 ´ A present, nous introduisons une classe de fonctions importante. � � a b ´ ∈ Mat(2, C). Definition 2.28 Soit A := c d ´ Si c �= 0, la fonction homographique hA : DA → C, ou` DA := C \ {− dc }, est definie, pour tout z ∈ DA , par hA (z) := az + b . cz + d ´ Si c = 0 et d �= 0, on pose DA := C, et l’application hA ∈ O(DA ) est definie par hA (z) := (az + b)/d pour tout z ∈ DA . Remarque 2.29 (a) Nous pouvons facilement calculer que h�A (z) = det(A) . (cz + d)2 Alors, si det(A) = 0, la fonction hA est constante sur DA (cf. Prop. 2.30 ci-dessous). ´ ´ Par la suite, nous ne considererons donc que des matrices dans le groupe lineaire ´ ´ eral ´ gen GL(2, C) defini par GL(2, C) := {A ∈ Mat(2, C) | det(A) �= 0}. (b) Pour tout A, B ∈ GL(2, C), on a (cf. Exr. 13) hAB = hA ◦ hB . En plus, nous notons que hA est l’identite´ ssi A = a1 pour un a ∈ C∗ . ´ Dans Rem. 2.29 (a), nous avons utilise´ l’enonc e´ suivant. Proposition 2.30 Soit D connexe et f ∈ O(D). Alors, f est constant en D ssi f � = 0 en D. ´ Demonstration 2.30 ⇒ : Clair ⇐ : Pour f = u + iv, on a f � = ux + ivx et les ECR ux = vy et uy = −vx . Alors, on obtient ` la formule de Taylor d’ordre zero ´ (et l’existence des ux = uy = vx = vy = 0 en D. D’apres chemins polygonaux dans D), f est constant sur D parce que D est connexe. � Retournons maintenant aux fonctions homographiques. � � a b ∼ ´ eme ` ∈ GL(2, C) avec c �= 0. Alors, hA : DA → C \ { ac }. Theor 2.31 Soit A := c d ´ ´ par hA−1 . En plus, la bijection reciproque est donnee 20 ` Ex. 2.2 (a) et Thm. 2.11 (b), on a hA ∈ O(DA ). Comme, ´ Demonstration 2.31 D’apres ` Rem. 2.29 (b), on a d’apres hA−1 ◦ hA = hA−1 A = 1DA , ´ es ´ analogues de hA sur C \ { ac }, on arrive a` la conclusion. et comme hA−1 a les propriet � ` Un cas important de ces fonctions homographiques est l’exemple suivant qui relie de maniere ´ ` biholomorphe le demi-plan superieur ouvert H au disque unite´ ouvert E, c.-a-d., H := {z ∈ C | Im(z) > 0}, E := {z ∈ C | |z| < 1}. Nous notons parfois ∂E := E \ E le bord de E. ´ Proposition par �2.32 La transformation de Cayley est la fonction homographique definie � 1 −i ´ e´ C := ∈ GL(2, C). Elle a la propriet 1 i ∼ hC : H → E. ´ ´ Demonstration 2.32 Les fonctions homographiques definies par C et C˜ := 2iC −1 ont la forme z−i ∈ O(C \ {−i}), z+i 1+z ∈ O(C \ {1}). hC˜ (z) = i 1−z hC (z) = ˜ = 2i1, on obtient hC ◦ h ˜ = 1C\{1} et h ˜ ◦ hC = 1C\{−i} (cf. Rem. 2.29 (b)). Comme C C˜ = CC C C En plus, on calcule 4Im(z) pour z �= −i, |z + i|2 1 − |z|2 Im(hC˜ (z)) = pour z �= 1, |1 − z|2 1 − |hC (z)|2 = ` d’ou` 1 − |hC (z)|2 > 0 pour Im(z) > 0 et Im(hC˜ (z)) > 0 pour |z| < 1, c.-a-d., on obtient hC (H) ⊆ E et hC˜ (E) ⊆ H. Alors, en utilisant Lem. 2.27, on arrive a` la conclusion. � ´ ´ note´ Il existe egalement une simple biholomorphie entre H et le plan complexe coupe, C− := C \ {z ∈ C | Re(z) ≤ 0 et Im(z) = 0}. ´ Proposition 2.33 Soit q ∈ O(H) defini par q(z) := −z 2 pour tout z ∈ H. Alors, on a ∼ q : H → C− . 21 � ´ Demonstration 2.33 Cf. Exr. 14 ´ Proposition 2.34 Soit p ∈ O(E) defini par p(z) := � z+1 z−1 �2 pour tout z ∈ E. Alors, on a ∼ p : E → C− . � ´ Demonstration 2.34 Cf. Exr. 14 Remarque 2.35 (a) On peut montrer qu’il n’existe pas d’application biholomorphe entre E et la totalite´ du ´ eme ` plan complexe C (cf. Thm. 8.6, le theor de Liouville). ´ eme ` (b) Le theor de l’application conforme (Riemann, 1851) assure que tout D �= C simplement connexe est en relation biholomorphe avec E. ∼ (c) Toute application h : D → D s’appelle un automorphisme de D et l’ensemble des ´ automorphismes de D est note´ Aut(D). On peut montrer que, pour le groupe lineaire ´ ´ special SL(2, R), defini par SL(2, R) := {A ∈ Mat(2, R) | det(A) = 1}, l’application SL(2, R) → Aut(H), A �→ hA , est un homomorphisme de groupes (de noyau {±1}, cf. Rap. 1.12). Par ailleurs, pour ` ´ eralis ´ ´ le groupe unitaire gen e´ special, c.-a-d., pour le sous-groupe � �� � a b 2 2 SU(1, 1) := ∈ Mat(2, C) | |a| − |b| = 1 ¯b a ¯ de SL(2, C) := {A ∈ Mat(2, C) | det(A) = 1}, l’application SU(1, 1) → Aut(E), A �→ hA , ´ est egalement un homomorphisme de groupes (de noyau {±1} ; en plus, l’application ˜ ´ SL(2, R) → SU(1, 1), definie par A �→ CAC/(2i) est un isomorphisme de groupes). 22 Rappels Rappel 2.36 Soient m, n ∈ N∗ et soit f : Rm → Rn . Nous rappelons les (non) implications suivantes : ´ ´ (a) f est R-derivable . ⇒ f est partiellement derivable. ´ ´ (b) f est partiellement derivable. � f est R-derivable . Exemple : f (x, y) := xy/(x2 + y 2 ) si (x, y) �= (0, 0), et f (x, y) := 0 si (x, y) = (0, 0) ´ (c) f est partiellement derivable. � f est continu. Exemple : cf. (b) ´ ees ´ directionnelles. � f est continu. (d) f a toutes les deriv Exemple : f (x, y) := x3 y 2 /(x6 + y 4 ) si (x, y) �= (0, 0), et f (x, y) := 0 si (x, y) = (0, 0) ´ ´ R-derivable . ⇔ f est continument partiellement derivable. (e) f est continument ˆ ˆ ´ (f) f est R-derivable . ⇒ f est continu. ´ ´ (g) f est R-derivable . � f est continument partiellement derivable. ˆ Rappel 2.37 Une partie U de D s’appelle un voisinage de x s’il existe un ouvert A t.q. x ∈ A ⊆ U . ` Rappel 2.38 Une algebre complexe est un espace vectoriel complexe A (cf. Rap. 1.15) muni d’une multipli´ (A, B) �→ AB, ayant les propriet ´ es ´ suivantes (pour tout α, β ∈ C et tout A, B, C ∈ A) : cation A×A → A, notee ´ (A1) A(BC) = (AB)C (associativite) ´ (A2) (A + B)C = AC + BC et A(B + C) = AB + AC (distributivite) (A3) αβ(AB) = (αA)(βB) ` ´ Une algebre s’appelle abelienne (ou commutative) si AB = BA. Un sous-espace vectoriel B de A t.q. (A1)– ` (A3) sont satisfaits dans B s’appelle une sous-algebre de A. Rappel 2.39 Un ouvert non vide D dans C s’appelle connexe si, pour tout z, w ∈ D, il existe un chemin qui ` relie z et w, c.-a-d., s’il existe γ ∈ C([0, 1], D) t.q. γ(0) = z et γ(1) = w. ´ et B et B � deux bases ordonnees ´ de V. On dit que B et B � ont la Rappel 2.40 Soit V un espace vectoriel reel ´ ˆ B ∼ B� . meme orientation si la transformation de bases TB,B� satisfait det(TB,B� ) > 0. Dans ce cas, on ecrit � ´ ´ et une classe d’equivalence s’appelle une orientation de V. La relation B ∼ B est une relation d’equivalence On dit qu’un isomorphisme d’espaces vectoriels T : V → V conserve l’orientation si T envoie toute base B sur une base B � t.q. B ∼ B � . 23 3 Notions de convergence ˆ ´ er ´ es ´ en appliquant les Mis a` part les polynomes et les fonctions rationnelles qui sont gen ´ ´ ementaires ´ operations el (de Thm. 2.11) un nombre fini de fois, nous ne connaissons pas ´ encore des fonctions holomorphes interessantes. Toutes les autres fonctions seront obte´ ´ nues a` l’aide de limites (et donc par un nombre infini d’operations). Le point de depart pour les processus limites est la notion na¨ıve de la convergence ponctuelle. ´ Definition 3.1 On dit qu’une suite (fn )n∈N de fonction a` valeurs complexes fn : D → C converge au point a ∈ D si la suite de nombres complexes (fn (a))n∈N converge dans C. Soit A ⊆ D. On dit que la suite (fn )n∈N converge ponctuellement dans A si elle converge ´ en tout point de A. Dans ce cas, la fonction f : A → C, definie, pour tout z ∈ A, par f (z) := lim fn (z), n→∞ ´ s’appelle la fonction limite de la suite (fn )n∈N dans A. On ecrira f = lim fn . n→∞ ´ Nous savons de l’analyse reelle que la fonction limite d’une suite ponctuellement conver´ es ´ desir ´ ees ´ ´ eral. ´ gente n’a pas les propriet en gen P.ex., la limite ponctuelle d’une suite de ´ eral. ´ fonctions continues n’est plus continue en gen ´ Exemple : La suite fn : [0, 1] → R definie par fn (x) := xn pour tout x ∈ [0, 1] et tout n ∈ N∗ . ` On peut exclure ce genre de problemes en introduisant la notion de convergence locale´ 3.4 ci-dessous). Mais meme ˆ ment uniforme (cf. Def. les suites qui converge localement ´ ´ ´ ´ P.ex., la fonction liuniformement sont problematiques en ce qui concerne leur derivabilit e. ´ ´ ´ eral. ´ mite d’une suite de fonctions derivables n’est plus derivable en gen ´ eme ` Exemple : Theor de Stone-Weierstrass (cf. Rap. 3.18). ´ Pour la theorie des fonctions analytiques, la notion de convergence ponctuelle n’est pas ´ non plus. appropriee ´ eme ` ´ Exemple : Le theor de Runge (que nous ne demontrerons pas dans ce cours) nous ˆ garantit qu’il existe des suites de polynomes qui convergent ponctuellement dans C vers ´ ´ eme ` des fonctions limites discontinues (par contre, la demonstration usuelle de ce theor est non constructive). ´ Il s’averera que la notion de convergence localement uniforme est la notion de convergence ´ eme ` optimale pour les suites de fonctions holomorphes (cf. Thm. 8.8, le theor de convergence de Weierstrass). 3.1 Convergence localement uniforme Par la suite, pour toute partie A ⊆ D de D, on supposera toujours que A est non vide. ´ Definition 3.2 Soit fn : D → C une suite de fonctions, A ⊆ D et f : A → C. On dit que ´ (fn )n∈N converge uniformement vers f dans A si, pour tout ε > 0, il existe N ∈ N t.q., pour 24 tout z ∈ A et tout n ≥ N , on a |fn (z) − f (z)| < ε. ´ dans A s’il existe f : A → C t.q. (fn )n∈N On dit que (fn )n∈N converge uniformement ´ ´ pour toutes les converge uniformement vers f dans A (cette fac¸on de parler sera utilisee notions de convergence de cette section). Si, pour une suite fn : D → C et A ⊆ D, la suite des sommes partielles Sn := n � k=0 fk : D → C ´ ´ ´ converge uniformement dans A, on dit que la serie des fonctions fn converge uniformement ´ dans A. Sa fonction limite sera notee ∞ � fn . n=0 Remarque 3.3 (a) La convergence uniforme dans A (ou` N = N (ε)) implique la convergence ponctuelle dans A (ou` N = N (ε, z)). ´ (b) Comme dans l’analyse reelle, on introduit l’outil suivant : Pour tout f : D → C et tout A ⊆ D, nous posons |f |A := sup |f (z)|, z∈A ´ ou` sup designe le supremum (cf. Rap. 3.19). Soit V := {f : D → C | |f |A < ∞}. Alors, | · |A : V → R est une semi-norme (cf. Rap. 3.20) sur l’espace vectoriel complexe V. En plus, pour toute suite fn : D → C, on a : ´ fn converge uniformement vers f dans A. ⇐⇒ lim |fn − f |A = 0 n→∞ ´ (c) Soient fn , gn : D → C deux suites de fonctions qui convergent uniformement dans A. ´ Alors, pour tout a, b ∈ C, la suite afn + bgn : D → C converge uniformement dans A et lim (afn + bgn ) = a lim fn + b lim gn . n→∞ n→∞ n→∞ ´ dans A, alors fn gn : D → C converge En plus, si limn→∞ fn et limn→∞ gn sont bornes ´ uniformement dans A et lim (fn gn ) = (limn→∞ fn )(limn→∞ gn ). n→∞ ` de bornitude est necessaire. ´ Nous notons que l’hypothese P.ex., si A =]0, 1[ et fn (x) := gn (x) := 1/x + 1/n et f (x) := g(x) := 1/x pour tout x ∈ A, on a |fn − f |A = |gn − g|A = 1/n, mais |fn gn − f g|A ≥ (fn gn − f g)(1/n2 ) = 2n + 1/n2 . 25 ´ ´ Beaucoup de suites de fonctions ou de series de fonctions ne convergent pas uniformement ´ dans la totalite´ de leur domaine mais elles ne convergent que localement uniformement. Exemple : Pour tout r > 0 et tout c ∈ C, nous posons Br (c) := {z ∈ C | |z − c| < r}. ´ ´ Si c = 0, nous ecrirons souvent Br := Br (0). Soit r < 1. Alors, la suite fn : E → C, definie n ∗ ´ par fn (z) := z pour tout z ∈ E et tout n ∈ N , converge uniformement dans Br ⊆ E vers la ´ fonction f : Br → C definie par f (z) := 0 pour tout z ∈ Br parce que |fn |Br = rn . Par contre, cette convergence n’est pas uniforme dans E parce que, pour tout 0 < ε < 1 et tout n ≥ 1, il existe c ∈ E t.q. |fn (c)| ≥ ε (p.ex. c = ε1/n ). ´ Definition 3.4 On dit qu’une suite de fonctions fn : D → C converge localement uni` un voisinage U ⊆ D t.q. (fn )n∈N converge ´ formement dans D si tout point dans D possede ´ ´ ´ uniformement dans U (la definition pour la serie est analogue). Remarque 3.5 ` (a) Les regles pour les limites se formulent comme dans Rem. 3.3 (c). (b) La convergence uniforme implique naturellement la convergence localement uniforme. (c) Comme discute´ dans l’introduction de ce chapitre, nous rappelons le fait suivant (cf. ´ le cours d’analyse reelle) : Proposition 3.6 Soit fn ∈ C(D) une suite de fonctions qui converge localement uni´ formement dans D vers f : D → C. Alors, f ∈ C(D). ´ ´ e´ suivante : (d) Nous avons egalement la propriet Proposition 3.7 Soit fn : D → C une suite de fonctions qui converge localement ´ ´ uniformement dans D. Alors, elle converge uniformement dans tout sous-ensemble compact de D. � ´ Demonstration 3.7 Cf. Exr. 16 3.2 ` Criteres de convergence ´ Definition 3.8 Soit A ⊆ D une partie de D. Une suite de fonctions fn : D → C s’appelle une suite de Cauchy dans A si, pour tout ε > 0, il existe N ∈ N t.q., pour tout m, n ≥ N , |fm − fn |A < ε. ` suivant. Nous commenc¸ons par le critere 26 ´ ´ suivants ´ eme ` Theor 3.9 Soit fn : D → C une suite de fonctions et A ⊆ D. Alors, les enonc es ´ sont equivalents : ´ (a) (fn )n∈N converge uniformement dans A. (b) (fn )n∈N est une suite de Cauchy dans A. ` s’appelle le critere ` de Cauchy (Cauchy, 1853). Ce critere ´ Demonstration 3.9 (a) ⇒ (b) : Clair (b) ⇒ (a) : Soit (fn )n∈N une suite de Cauchy dans A. Alors, comme, pour tout m, n ∈ N et tout z ∈ A, on a |fm (z) − fn (z)| ≤ |fm − fn |A , la suite des nombres complexes (fn (z))n∈N est une suite de Cauchy. Comme C est complet ` (c.-a-d., toute suite de Cauchy dans C converge dans C), la suite (fn )n∈N converge ponc´ tuellement dans A vers la fonction limite f := limn→∞ fn . Ensuite, nous ecrivons |fn (z) − f (z)| ≤ |fn (z) − fm (z)| + |fm (z) − f (z)|. Comme (fn )n∈N est une suite de Cauchy dans A, on trouve que, pour tout ε > 0, il existe N ∈ N t.q. |fn (z) − fm (z)| < ε/2 pour tout m, n ≥ N et tout z ∈ A. En plus, comme (fn )n∈N converge ponctuellement dans A, pour tout z ∈ A, il existe m ∈ N (ou` m = m(z)) avec m ≥ N t.q. |fm (z) − f (z)| < ε/2. Alors, on obtient |fn (z) − f (z)| < ε pour tout z ∈ A et tout n ≥ N , d’ou` |fn − f |A < ε pour tout n ≥ N . � ` de Cauchy pour les series ´ ´ ´ ` de Cauchy Le critere est une consequence immediate du critere pour les suites. � ´ ´ eme ` Theor 3.10 Soit ∞ de la suite de fonctions fn : D → C et soit A ⊆ D. n=0 fn la serie ´ ´ suivants sont equivalents ´ Alors, les enonc es : �∞ ´ (a) dans A. n=0 fn converge uniformement (b) Pour tout ε > 0, il existe N ∈ N t.q., pour tout n > m ≥ N et tout z ∈ A, on a |fm+1 (z) + . . . + fn (z)| < ε. ` de Cauchy pour la convergence uniforme d’une serie ´ Le critere de fonctions est rarement ` suivant est plus maniable. utilise´ dans la pratique. Le critere ´ eme ` Theor 3.11 Soit fn : D → C une suite de fonctions et A ⊆ D. En plus, soit (Mn )n∈N une ´ suite de nombres non negatifs t.q. |fn |A ≤ Mn pour tout n ∈ N, et ∞ � n=0 Mn < ∞. �∞ ´ ´ ` s’appelle le critere ` de Alors, la serie dans A. Ce critere n=0 fn converge uniformement Weierstrass (Weierstrass, 1880). � ´ Demonstration 3.11 Cf. Exr. 17 27 3.3 ´ Series normalement convergentes ´ ´ ` Comme il existe des series localement uniformement convergentes qui divergent apres ´ rearrangement de leurs termes (cf. Exr. 18), nous avons besoin d’une notion de conver´ ´ ´ ` gence pour les series de fonctions qui elimine de tels phenom enes et qui garantit que tout ´ ´ ´ ´ rearrangement de la serie et toute sous-serie convergent localement uniformement. �∞ ´ ´ Definition 3.12 On dit qu’une serie n=0 fn de fonctions fn : D → C converge normale` ment dans D si tout point de D possede un voisinage U ⊆ D t.q. ∞ � n=0 |fn |U < ∞. (Baire, 1908) ´ Remarque 3.13 Nous notons que la notion de convergence normale n’est definie que pour ´ les series de fonctions et ne l’est pas pour les suites de fonctions. ´ es ´ suivantes. La convergence normale implique les propriet � ´ de fonctions fn : D → C qui converge normaleProposition 3.14 Soit ∞ n=0 fn une serie ment dans D. Alors : �∞ ´ (a) fn converge localement uniformement dans D. �n=0 ∞ (b) n=0 fn ∈ C(D) si fn ∈ C(D) pour tout n ∈ N � ´ (c) Toute sous-serie de ∞ n=0 fn converge normalement dans D. ´ Demonstration 3.14 ´ ` de Weierstrass (cf. Thm. (a) Comme la serie converge normalement dans D, le critere ` un voisinage U ⊆ D t.q. la serie ´ converge 3.11) implique que tout point de D possede ´ ` Def. ´ 3.4, elle converge localement uniformement ´ uniformement dans U . Alors, d’apres dans D. ´ (b) La continuite´ de la fonction limite est une consequence de (a) et de Prop. 3.6. (c) Clair � ´ ´ e´ Comme demande´ au debut de cette section, cette notion de convergence a la propriet ´ ee ´ suivante. desir � ´ ´ eme ` Theor 3.15 Soit ∞ de fonctions fn : D → C qui converge normalement n=0 fn une serie ´ dans D. Alors, pour toute bijection σ : N → N, la serie ∞ � fσ(n) n=0 ˆ converge normalement dans D. En plus, les fonctions limites sont les memes. 28 ´ ´ Demonstration 3.15 Comme la�serie converge normalement dans D, tout point de D ∞ ` un voisinage U ⊆ D t.q. n=0 |fn |U < ∞. Alors, d’apres ` le theor ´ eme ` ´ possede de rearrangement (cf. Rap. 3.21), on a, pour toute bijection σ : N → N, ∞ � n=0 �∞ |fσ(n) |U < ∞, ` ´ ´ c.-a-d., la serie normalement dans D. Comme |fσ(n) (z)| ≤ n=0 fσ(n) converge �∞egalement ´ |fσ(n) |U pour tout z ∈ U , la serie n=0 fσ(n) (z) converge absolument pour tout z ∈ U . Il en ´ resulte que, pour tout z ∈ D, ∞ � fσ(n) (z) = n=0 ∞ � fn (z). n=0 � Remarque 3.16 �∞ �∞ ´ ´ (a) � Si les series n=0 fn et n=0 gn convergent normalement dans D, alors, la serie ∞ bgn ) converge normalement dans D pour tout a, b ∈ C. n=0 (afn +� ` ´ ´ En plus, si ∞ produit, c.-a-d., une serie dans laquelle h0 , h1 , . . . n=0 hn est une serie ` parcourent les produits fk gl pour tout k, l ∈ N exactement une fois de maniere �(mais n quelconque comme, p.ex., dans le produit de Cauchy, o� u` hn := � k=0 fn−k gk ), alors, � ∞ ∞ ∞ h converge normalement dans D vers le produit ( f ) ( n=0 n n=0 n n=0 gn ). ´ ´ (b) Une serie qui converge�localement uniformement ne converge pas normalement en ∞ n ´ eral ´ (p.ex., la serie ´ gen n=0 (−1) /(z − n) pour tout z ∈ C \ N). �∞ �∞ (c) n=0 fn converge normalement dans D ssi n=0 |fn |K < ∞ pour tout compact K ⊆ D. (d) La convergence localement uniforme et absolue ponctuelle n’est pas suffisante pour impliquer la convergence normale (Saeki, 1991). ´ L’enonc e´ suivant est souvent utile dans la pratique. Proposition 3.17 Soit c ∈ C et s > 0 et soit (fn )n∈N une suite de fonctions fn : Bs (c) → C t.q., pour tout r > 0 avec r < s, on a ∞ � n=0 Alors, �∞ n=0 |fn |Br (c) < ∞. fn converge normalement dans Bs (c). � ´ Demonstration 3.17 Cf. Exr. 20 29 Rappels ˆ ´ eme ` Rappel 3.18 (Theor de Stone-Weierstrass) Pour tout f ∈ C([0, 1], R), il existe une suite de polynomes ´ qui converge uniformement vers f sur [0, 1]. ´ de R. Le supremum (ou la borne superieure) ´ Rappel 3.19 Soit A une partie non vide et majoree de A, note´ ´ ayant les propriet ´ es ´ suivantes : sup(A), est le nombre reel (S1) sup(A) ≥ a pour tout a ∈ A (S2) Pour tout ε > 0, il existe a ∈ A t.q. a > sup(A) − ε. ´ on ecrit ´ Si A n’est pas majore, sup(A) = ∞. ´ es ´ Rappel 3.20 Une semi-norme sur un espace vectoriel V est une application p : V → R ayant les propriet suivantes : (SN1) p(x + y) ≤ p(x) + p(y) pour tout x, y ∈ V (SN2) p(λx) = |λ| p(x) pour tout x ∈ V et tout λ ∈ C ´ e´ (SN1) s’appelle l’inegalit ´ ´ eit ´ e´ positive. Si, en plus, p a la La propriet e´ triangulaire et (SN2) l’homogen ´ e´ de separation, ` ´ propriet c.-a-d., (SN3) si p(x) = 0, alors x = 0, la semi-norme p s’appelle une norme sur V. ´ de nombres complexes converge absolument ssi tout ´ eme ` ´ Rappel 3.21 (Theor de rearrangement) Une serie ´ ´ ˆ rearrangement de cette serie converge. En plus, dans ce cas, les limites sont les memes. 30 4 ´ ` Series entieres ´ ´ Le series de fonctions les plus importantes dans la theorie des fonctions analytiques sont ´ ` ´ ` les series entieres. Nous commenc¸ons par etudier des criteres pour leur convergence. ´ ´ de fonctions Definition 4.1 Soit c ∈ C et an ∈ C pour tout n ∈ N. La serie ∞ � n=0 an (z − c)n ´ ´ ` (formelle) � ´ s’appelle une serie entiere de centre c et a` coefficients an . On dit qu’une serie n ` converge s’il existe z0 �= c t.q. ∞ a (z − c) converge. entiere n=0 n 0 ´ ` ` Remarque 4.2 Les series entieres de centre c forment une algebre sur C, ou, ` pour f (z) := �∞ � ∞ n n ´ a (z − c) et g(z) := b (z − c) , on d efinit n=0 n n=0 n (f + g)(z) := ∞ � n=0 et pn := 4.1 �n k=0 n (an + bn )(z − c) , (f g)(z) := ∞ � n=0 pn (z − c)n , an−k bk est le produit de Cauchy. ` Criteres de convergence ´ ` (Abel, 1826). Sans que rien d’autre ne soit A present, nous formulons notre premier critere ´ nous supposons toujours que c ∈ C et an ∈ C pour tout n ∈ N. explicitement indique, Proposition 4.3 (Lemme d’Abel) Soient s, M > 0 t.q., pour tout n ∈ N, on a |an |sn ≤ M. ´ ` Alors, la serie entiere ∞ � n=0 an (z − c)n converge normalement dans Bs (c). ´ eralit ´ ´ nous supposons que c = 0. Soit 0 < r < ´ Demonstration 4.3 Sans restriction de gen e, s et posons q := r/s. Alors, pour tout n ∈ N, on a |an z n |Br = sup |an z n | = |an |rn = |an |sn q n ≤ M q n . z∈Br Comme �∞ n=0 ´ ´ ´ ´ q n < ∞ parce que 0 < q < 1 (serie geom etrique), on peut ecrire ∞ � n=0 n |an z |Br ≤ M ∞ � n=0 q n < ∞. Alors, en utilisant Prop. 3.17, on arrive a` la conclusion. 31 � ´ ` Corollaire 4.4 La serie entiere normalement dans B|z0 | . �∞ n=0 an z n converge au point z0 �= 0. Alors, elle converge � ´ Demonstration 4.4 Cf. Exr. 21 ´ ´ ement ´ ´ entiere ` Par la suite, nous voulons etudier plus precis le domaine dans lequel une serie converge normalement. � n ´ ` et soit ´ eme ` entiere Theor 4.5 Soit ∞ n=0 an (z − c) une serie R := sup{t ≥ 0 | il existe M > 0 t.q. |an |tn ≤ M pour tout n ∈ N}. (18) Alors : ´ ` converge normalement dans BR (c). (a) La serie entiere ´ ` diverge en tout point de C \ BR (c). (b) La serie entiere Le nombre 0 ≤ R < ∞ s’appelle le rayon de convergence et BR (c) le disque de conver´ ` ´ on ecrira ´ gence de la serie entiere. Si (18) n’est pas borne, R = ∞. ´ ´ Demonstration 4.5 Si R = 0, on a rien a` demontrer. Soit donc R > 0, et posons c = 0 et n A := {t ≥ 0 | il existe M > 0 t.q. |an |t ≤ M pour tout n ∈ N}. ` (18), il existe t0 ∈ A t.q. s < t0 , c.-a-d., ` (a) Soit 0 < s < R. Alors, d’apres il existe M0 > 0 ` le lemme d’Abel (cf. Prop. t.q. |an |sn ≤ |an |tn0 ≤ M0 pour tout n ∈ N. Alors, d’apres ´ 4.3), la serie converge normalement dans Bs . En utilisant Prop. 3.17, on trouve que ´ la serie converge normalement dans BR . ´ Alors, la serie ´ (b) Pour tout z ∈ C t.q. |z| > R, la suite |an ||z|n n’est pas bornee. diverge. � ´ ` ´ Remarque 4.6 Les series entieres sont les series de fonctions continues normalement ` Prop. 3.14 (b), la fonction limite est continue dans convergentes les plus simples. D’apres BR (c). ` ´ Par la suite, nous discutons des criteres pour la determination du rayon de convergence. �∞ n ´ par ´ entiere ` Proposition 4.7 Le rayon de convergence de la serie n=0 an (z − c) est donne la formule de Cauchy-Hadamard, R= 1 , lim sup |an |1/n ´ ´ ´ ou` lim sup designe la limite superieure (cf. Rap. 4.19). On ecrira 1/0 := ∞ et 1/∞ := 0. ` ´ 1/r > Demonstration 4.7 Soit L := 1/(lim sup |an |1/n ) et soit r ∈ R t.q. 0 < r < L, c.-a-d., 1/n ` ´ ´ ´ lim sup |an | . Alors, d’apres les proprietes de la limite superieure (cf. Rap. 4.19), il existe ` N ∈ N t.q. |an |1/n ≤ 1/r pour tout n ≥ N , c.-a-d., pour tout n ≥ N , on a |an |rn ≤ 1. 32 ´ ´ En utilisant (18), il en resulte que r ≤ R. Comme 0 < r < L etait quelconque, on trouve 1/n ` L ≤ R. Ensuite, soit s ∈ R t.q. L < s, c.-a-d., 1/s < lim sup |an | . Alors, on a |an |1/n > 1/s ` pour un nombre infini de n, c.-a-d., pour un nombre infini de n, on a |an |sn > 1. ´ on a s ≥ R et donc, R ≤ L. Comme la suite (|an |sn )n∈N ne converge pas vers zero, � Exemple 4.8 En utilisant la formule de Cauchy-Hadamard (cf. Prop. 4.7), on trouve pour les ´ ` series entieres ∞ � n=1 n n n z , ∞ � n z , n=0 ∞ � 1 n z , n n n=0 respectivement R = 0 et BR = ∅, R = 1 et BR = E, et R = ∞ et BR = C. ` utile dans la pratique. Le critere ` La formule de Cauchy-Hadamard n’est pas toujours tres ´ e´ est vraie pour presque tout n ∈ N si suivant est plus maniable. On dira qu’une propriet elle est vraie pour tout n ∈ N sauf un nombre fini d’entre eux. � n ´ ` a` coefficients ´ Proposition 4.9 Soit ∞ entiere an �= 0 pour presque n=0 an (z − c) une serie tout n ∈ N et de rayon de convergence R. Alors, on a � � � � � an � � an � � � �. � lim inf � ≤ R ≤ lim sup � an+1 � an+1 � ´ ` ` Si la limite existe (ou si elle est egale a` +∞), on a la regle de d’Alembert, c.-a-d., � � � an � �. R = lim �� n→∞ an+1 � ´ Demonstration 4.9 Posons S := lim inf |an /an+1 | et T := lim sup |an /an+1 |. Soit d’abord ` les propriet ´ es ´ de la limite inferieure, ´ 0 < s < S. D’apres il existe N ∈ N t.q., pour tout n ≥ N , |an+1 |s < |an |. ` ´ ´ la suite (|an |sn )n∈N est bornee. Il en resulte que |aN +l |sN +l ≤ |aN |sN pour tout l ∈ N, c.-a-d., Alors, on a s ≤ R et donc, S ≤ R. Soit maintenant T < t < ∞. Alors, il existe M ∈ N t.q., pour tout n ≥ M , on a |an | ≤ |an+1 |t. ´ Il en resulte que |aM |tM ≤ |aM +l |tM +l pour tout l ∈ N. Comme |aM |tM > 0, la suite (|an |tn )n∈N ´ et donc, t ≥ R et R ≤ T . ne converge pas vers zero � 33 4.2 ´ ` Exemples de series entieres convergentes ´ ´ Dans cette section, nous determinerons les disques de convergence de quelques series importantes. ´ ´ ´ ´ Proposition 4.10 La serie exponentielle et les series trigonometriques, definies par z e := ∞ � zn n=0 n! , cos(z) := ∞ � (−1)n n=0 (2n)! 2n z , ∞ � (−1)n 2n+1 z sin(z) := , (2n + 1)! n=0 ont toutes les trois un rayon de convergence infini. En plus, elles satisfont la formule d’Euler, ` c.-a-d., pour tout z ∈ C, on a eiz = cos(z) + i sin(z). � ´ Demonstration 4.10 Cf. Exr. 22 ´ ´ ´ Proposition 4.11 La serie logarithmique et la serie arc tangente, definies par λ(z) := ∞ � (−1)n+1 n=1 n zn, a(z) := ∞ � (−1)n+1 n=1 2n − 1 z 2n−1 , ´ ont toutes les deux un rayon de convergence qui est egal a` 1. ´ ´ Demonstration 4.11 Pour la serie logarithmique, on calcule � � � � � an � 1 � � R = lim � = 1. = lim 1 + n→∞ an+1 � n→∞ n � �∞ � 2n−1 n ´ /(2n − 1) est une sous-serie de ∞ En plus, ∞ n=1 |z| n=1 |z| /n et n=1 1/(2n − 1) = ∞ (pour z = i). � ´ ` suivante. Finalement, nous introduisons la serie entiere ´ ´ Proposition 4.12 Pour tout σ ∈ C, les coefficients binomiaux sont definis par � � � 1, n = 0, σ := σ(σ−1)...(σ−n+1) n , n ∈ N∗ . n! ´ ´ Pour tout σ ∈ C, la serie binomiale est definie par ∞ � � � σ n z . bσ (z) := n n=0 ´ Si σ ∈ C \ N, le rayon de convergence est egal a` 1. 34 � ´ Demonstration 4.12 Cf. Exr. 23 Remarque 4.13 � � ˆ de Newton (a) Si σ ∈ N, on a nσ = 0 pour tout n > σ et on obtient la formule du binome σ ` bσ (z) = (1 + z) pour tout z ∈ C, c.-a-d., pour tout z ∈ C et tout σ ∈ N, on a σ (1 + z) = σ � � � σ n=0 n zn. � � ´ ` infinie. (b) Si σ ∈ C \ N, on a nσ �= 0 pour tout n ∈ N et on obtient une serie entiere Exemple : Pour σ = −1, on trouve, pour tout |z| < 1, que b−1 (z) = ∞ � (−1)n z n = n=0 1 . 1+z Remarque 4.14 (a) En ce qui concerne le comportement de convergence sur le bord du disque de convergence, tous les cas sont possibles. ´ on a convergence Exemples : Sur du cercle unite, partout pour la �∞ absolue �∞le bord n 2 n ´ ` z /n , convergence nulle part pour z , et convergence et serie entiere n=1 n=0 �∞ n+1 n divergence pour n=1 (−1) z /n (aux points z = ±1). ´ ` dont un nombre infini de coefficients ´ ´ (b) Une serie lacuniaire est une serie entiere sont ´ ´ ` egales a` zero, c.-a-d. ∞ � an k z n k , k=0 ou` ank ∈ C∗ et nk < nk+1 pour tout k ∈ N avec nk + 1 < nk+1 un nombre infini de ` ` fois. Dans ce cas, on ne peut plus utiliser la regle de d’Alembert, c.-a-d., la suite ´ eral. ´ (ank /ank+1 )k∈N ne fournit plus le rayon de convergence en gen �∞ 2n 2n 2n ´ ` Exemple : Pour la serie entiere et a2n+1 = 0 pour tout n=0 2 z , on a a2n = 2 n ∈ N. Alors, on obtient a2n /a2n+2 = 1/4 pendant que la formule de Cachy-Hadamard fournit R = 1/2. ´ Les lacunes sont egalement d’une grande importance p.r. a` l’existence d’un prolon´ eme ` gement analytique au-dela` du disque de convergence (cf. le theor des lacunes de Ostrowski-Hadamard). 35 4.3 ´ ` Holomorphie des series entieres ´ ´ que les series ´ ` ´ Nous savons du calcul differentiel reel entieres reelles convergentes sont ´ ´ ´ indefiniment derivables et qu’il est permis d’intervertir sommation et derivation. Dans le calcul complexe, on a la situation analogue suivante. � n ´ ` dont le rayon de convergence est entiere Proposition 4.15 Soit ∞ n=0 an (z − c) une serie ´ ´ egal a` R. Alors, les series ∞ � (a) nan (z − c)n−1 , n=1 (b) ∞ � n=0 1 an (z − c)n+1 , n+1 ´ ´ ˆ obtenues formellement par la derivation et l’integration terme a` terme, ont le meme rayon de convergence R. ´ Demonstration 4.15 ´ ` formellement deriv ´ ee, ´ (a) Soit R1 le rayon de convergence de la serie entiere R1 = sup{t ≥ 0 | il existe M > 0 t.q. n|an |tn−1 ≤ M pour tout n ∈ N∗ }. Comme |an |tn−1 ≤ n|an |tn−1 pour tout t ≥ 0 et tout n ∈ N∗ , on a R1 ≤ R. Afin de ´ montrer que R1 ≥ R, il suffit (comme dans Dem. 4.7) de montrer que, pour tout ` la definition ´ r < R, on a r ≤ R1 . Soit donc r < R et s t.q. r < s < R. Alors, d’apres de ´ En plus, pour tout n ∈ N, on a R, la suite (|an |sn )n∈N est bornee. n|an |rn−1 = |an |sn n nq , r ou` nous avons pose´ q := r/s. Alors, comme (nq n )n∈N est une suite qui converge vers ´ ´ ´ parce que 0 < q < 1, la suite (n|an |rn−1 )n∈N∗ converge egalement vers zero, et zero ´ donc r ≤ R1 . Il en resulte que R ≤ R1 et, finalement, on a R = R1 . ´ ` formellement integr ´ ee. ´ D’apres ` entiere (b) Soit R2 le rayon de convergence de la serie ´ ´ (a), R2 est egal au rayon de convergence de la serie � � ∞ � 1 d n+1 an (z − c) , dz n + 1 n=0 � �� � = an (z−c)n et, alors, R2 = R. � ´ ` est Dans Prop. 4.15, nous n’avons pas montre´ que la fonction limite de la serie entiere holomorphe. 36 ´ eme ` Theor 4.16 Soit ´ egal a` R. Alors : �∞ n=0 ´ ` dont le rayon de convergence est an (z − c)n une serie entiere ´ ´ (a) La fonction limite f est indefiniment C-derivable dans BR (c). (b) Pour tout z ∈ BR (c) et tout k ∈ N, on a f (k) � � ∞ � n (z) = k! an (z − c)n−k . k n=k ´ ` Notamment, pour tout k ∈ N, on a la formule de Taylor pour les coefficients, c.-a-d., ak = f (k) (c) . k! ´ Demonstration 4.16 Nous pouvons nous restreindre au cas k = 1 parce qu’on peut obtenir ´ eral ´ ´ le cas gen par iteration. Nous voulons montrer que la fonction h : B := BR (c) → C, ´ definie, pour tout z ∈ B, par h(z) := ∞ � n=1 nan (z − c)n−1 , ´ e´ que f � = h. Pour ce faire, soit b ∈ B (et c = 0). Si nous posons, pour tout z ∈ C a la propriet et tout n ∈ N∗ , qn (z) := n � z n−k bk−1 , k=1 ´ nous pouvons ecrire z n − bn = (z − b)qn (z), d’ou, ` pour tout z ∈ B, on a f (z) − f (b) = Si nous posons g(z) := �∞ n=1 ∞ � n=1 an (z n − bn ) = (z − b) ∞ � an qn (z). n=1 an qn (z) pour tout z ∈ B, on obtient, pour tout z ∈ B, f (z) = f (b) + (z − b)g(z) et g(b) = ∞ � nan bn−1 = h(b). n=1 ` Def. ´ 2.1, il suffit alors de montrer que g est continu au point b ∈ B. Comme, pour D’apres tout |b| < r < R, on a |an qn |Br ≤ n|an |rn−1 , on obtient ∞ � n=1 |an qn |Br ≤ ∞ � n=1 n|an |rn−1 < ∞, ´ ` Prop. 3.17, la serie ´ ou` la convergence est une consequence de Prop. 4.15 (a). D’apres � ` de fonctions ∞ a q converge normalement dans B et donc, d’apr es Prop. 3.14 (b), la n=1 n n fonction g est continue en B. � 37 Exemple 4.17 ´ ´ ´ ´ (a) La serie geom etrique definie, pour tout z ∈ E, par ∞ � zn, n=0 ´ a un rayon de convergence qui est egal a` 1. Alors, comme 4.16 implique que, pour tout z ∈ E et tout k ∈ N, on a ∞ � � � n n−k 1 = z . k+1 k (1 − z) n=k �∞ n=0 z n = 1/(1 − z), Thm. ` Thm. 4.16, la serie ´ (b) D’apres exponentielle (cf. Prop. 4.10) satisfait ez ∈ O(C), et on ´ peut ecrire, pour tout z ∈ C, � � ∞ d z � n 1 n−1 e = z 1! = ez . dz n! 1 n=1 � �� � 1 = (n−1)! ´ (c) Les fonctions trigonometriques (cf. Prop. 4.10) sont dans O(C), et on trouve, pour tout z ∈ C, d d sin(z) = cos(z), cos(z) = − sin(z). dz dz ´ (d) La serie logarithmique (cf. Prop. 4.11) est dans O(E), et on a, pour tout z ∈ E, λ� (z) = ∞ � (−z)n = n=0 1 . 1+z ´ (e) La serie arc tangente (cf. Prop. 4.11) est dans O(E), et on a, pour tout z ∈ E, � a (z) = ∞ � (−1)n−1 (z 2 )n−1 = n=1 1 . 1 + z2 ´ (f) La serie binomiale (cf. Prop. 4.12) est dans O(E) pour tout σ ∈ C, et on a, pour tout z ∈ E (cf. Exr. 23), σ b�σ (z) = σbσ−1 (z) = bσ (z). 1+z ´ ´ entre Remarque 4.18 Les series exponentielles, logarithmiques et binomiales sont reliees ` elles, c.-a-d., pour tout z ∈ E et tout σ ∈ C, on a bσ (z) = eσλ(z) . Notamment, pour σ = 1, on a, pour tout z ∈ E, que eλ(z) = 1 + z. � ´ Demonstration 4.18 Cf. Exr. 24 38 Rappels ´ ´ La limite superieure ´ Rappel 4.19 Soit (an )n∈N une suite reelle majoree. de cette suite, note´ lim sup an , est ´ ayant les propriet ´ es ´ suivantes : le nombre reel Pour tout ε > 0, (LS1) an > lim sup an − ε pour un nombre infini de n, et (LS2) an > lim sup an + ε pour un nombre fini de n. ´ on ecrit ´ Si (an )n∈N n’est pas majore, lim sup an = ∞. 39 ´ ementaires ´ Fonctions transcendantes el 5 Dans ce chapitre, nous discuterons les fonctions transcendantes classiques. Pour ce faire, nous commenc¸ons par une des fonctions les plus importantes, la fonction exponentielle, ´ ´ par son equation ´ ´ qui, comme nous verrons, est non seulement determin ee differentielle ´ eme ` mais aussi par son theor d’addition. 5.1 ´ Fonction exponentielle et fonctions trigonometriques ´ La fonction holomorphe non rationnelle la plus importante est la fonction limite de la serie exponentielle de Prop. 4.10 qu’on appelera la fonction exponentielle. Nous commenc¸ons ´ par remarquer qu’elle n’a pas de zeros. ´ Proposition 5.1 La fonction exponentielle n’a pas de zeros dans C. En plus, pour tout z ∈ C, ´ on peut ecrire 1 = e−z . ez ´ ´ Demonstration 5.1 La fonction f ∈ O(C), definie par f (z) := ez e−z pour tout z ∈ C, a la ´ e´ que, pour tout z ∈ C, propriet f � (z) = ez e−z + ez (−1)e−z = 0. ` Prop. 2.30, la fonction f est constante dans C. Comme e0 = 1, on a f (0) = 1, Alors, d’apres et donc, pour tout z ∈ C, 1 = f (0) = f (z) = ez e−z . � ˆ ´ ee ´ par l’equation ´ ´ La fonction exponentielle peut etre caracteris differentielle suivante. ´ ´ suivants sont equivalents ´ ´ eme ` Theor 5.2 Soit D connexe et f ∈ O(D). Alors, les enonc es : (a) Il existe a, b ∈ C t.q. f (z) = aebz pour tout z ∈ D. (b) Il existe b ∈ C t.q. f � (z) = bf (z) pour tout z ∈ D. � ´ Demonstration 5.2 Cf. Exr. 26 Remarque 5.3 (a) Nous notons comme corollaire de Thm. 5.2 que, si f ∈ O(C) satisfait � f � (z) = f (z) pour tout z ∈ C, f (0) = 1, alors, on a f (z) = ez pour tout z ∈ C. 40 (b) Comme la fonction f (z) = ex cos(y) + iex sin(y) de Ex. 2.7 (a) satisfait les conditions ` de (a), c.-a-d., comme f (0) = 1 et f � (z) = ux (x, y) + ivx (x, y) = ex cos(y) + iex sin(y) = f (z), on obtient que f (z) = ez pour tout z ∈ C, d’ou, ` pour tout x, y ∈ R, on a ex+iy = ex cos(y) + iex sin(y). ´ ´ ´ eme ` A present, nous enonc ¸ ons le theor d’addition suivant. ´ eme ` Theor 5.4 Pour tout z, w ∈ C, on a ez ew = ez+w . ´ La fonction fw ∈ O(C), definie, ´ ´ Demonstration 5.4 Soit w ∈ C fixe. pour tout z ∈ C, par fw (z) := ez+w , ` Thm. 5.2, il ´ ´ satisfait l’equation differentielle fw� (z) = fw (z) pour tout z ∈ C. Alors, d’apres z existe a ∈ C t.q. fw (z) = ae pour tout z ∈ C. En plus, pour z = 0, on a fw (0) = ew = a. � ´ ´ e´ Ensuite, nous passons a` la caracterisation de la fonction exponentielle par sa propriet d’addition de Thm. 5.4. ´ eme ` Theor 5.5 Soit D connexe, 0 ∈ D et soit f ∈ O(D) avec f (0) �= 0 t.q., pour tout w, z, w + z ∈ D, on a f (w + z) = f (w)f (z). (19) Alors, il existe r > 0 t.q., pour tout z ∈ Br (0) ⊆ D, on a � f (z) = ef (0)z . ´ Demonstration 5.5 Soit r > 0 suffisamment petit t.q., pour tout z, w ∈ Br ⊆ D, on a ´ z + w ∈ D. Ensuite, en derivant (19) p.r. a` w, on obtient, pour tout w ∈ Br , f � (w + z) = f � (w)f (z), ˆ a` f (0) �= 0 d’ou, ` pour w = 0 et b := f � (0), on obtient f � (z) = bf (z) pour tout z ∈ Br . Grace ` Thm. 5.2, on et f (w + z) = f (w)f (z) pour tout w, z ∈ Br , on obtient f (0) = 1. Alors, d’apres arrive a` la conclusion. � Remarque 5.6 ´ eme ` ´ (a) A l’aide du theor d’identite´ (que nous demontrerons plus tard, cf. Thm. 8.1), on f � (0)z aura que f (z) = e dans la totalite´ de D. 41 ´ les theor ´ emes ` ´ (b) Comme dans le cas reel, d’addition pour les fonctions trigonometriques ´ s’ecrivent, pour tout w, z ∈ C, comme cos(w + z) = cos(w) cos(z) − sin(w) sin(z), sin(w + z) = sin(w) cos(z) + cos(w) sin(z). Par la suite, nous utiliserons souvent la notation exp(z) := ez pour tout z ∈ C. La fonction ´ es ´ supplementaires ´ exponentielle a les propriet suivantes (cf. Rap. 1.13). ´ de groupes Proposition 5.7 La fonction exponentielle exp : C → C∗ est un epimorphisme du groupe additif (C, +) dans le groupe multiplicatif (C, ·). En plus, son noyau est donne´ par ker(exp) = 2πiZ. (20) ` Thm. 5.4, l’ap` Prop. 5.1, on a exp(C) ⊆ C∗ . Ensuite, d’apres ´ Demonstration 5.7 D’apres plication exp est un homomorphisme de groupes entre (C, +) et (C, ·). Afin de montrer que exp est surjectif, nous utilisons la forme polaire d’un nombre complexe ´ par w ∈ C∗ donnee w = |w| eiϕ , ´ ` et en posant z := ln(|w|) + iϕ, ou` |w| > 0 et ϕ ∈ R. En ecrivant un w ∈ C∗ de cette maniere nous pouvons calculer que ez = eln(|w|)+iϕ = eln(|w|) eiϕ = |w| eiϕ = w, ou` nous avons utilise´ Thm. 5.4 et le fait que ez pour z ∈ R est la fonction exponentielle et ln ´ erien ´ le logarithme nep usuel (du cours d’analyse). Alors, exp est surjectif. Finalement, nous voulons montrer que ker(exp) = 2πiZ : ker(exp) ⊆ 2πiZ : Soit x + iy ∈ ker(exp) (ou` x, y ∈ R). Alors, on a 1 = ex+iy = ex eiy = ex (cos(y) + i sin(y)). ´ Il en resulte que, d’une part, 1 = ex | cos(y) + i sin(y)| = ex , d’ou` x = 0. D’autre part, on obtient cos(y) = 1 et donc y ∈ 2πZ. ker(exp) ⊇ 2πiZ : Pour tout m ∈ Z, en utilisant la formule d’Euler, on trouve e2πim = cos(2πm) + i sin(2πm) = 1. � Remarque 5.8 ` ` ´ ´ (a) Une fonction f : C → C s’appelle periodique si f possede une periode, c.-a-d., s’il existe ω ∈ C∗ t.q., pour tout z ∈ C, on a f (z + ω) = f (z). 42 ´ En plus, nous definissons ´ de f } ∪ {0}. per(f ) := {ω ∈ C∗ | ω est une periode ´ Alors, nous pouvons ecrire per(exp) = ker(exp) = 2πiZ, (21) parce que, pour tout ω ∈ C∗ t.q. ez+ω = ez eω = ez pour tout z ∈ C, on obtient eω = 1 et donc ω ∈ ker(exp). ´ e´ (21) constitue la plus grande difference ´ La propriet entre la fonction exponentielle ´ complexe et reelle, a` savoir, ker(exp) ∩ R = {0}, ` ´ c.-a-d., la fonction exponentielle reelle admet toute valeur positive exactement une fois pendant que la fonction exponentielle complexe admet toute valeur dans C∗ un ´ nombre infini denombrable de fois. ´ (b) En utilisant (a), on peut facilement determiner l’image de la fonction exponentielle en ´ decomposant le plan complexe en bandes de la forme Sm := {z ∈ C | 2mπ ≤ Im(z) < 2(m + 1)π}, ´ ou` m ∈ Z. La fonction exponentielle definit une bijection entre chaque bande et C∗ , exp : Sm → C∗ . ´ ´ es ´ suivantes (cf. Exr. 28) : (c) Les fonctions trigonometriques ont les propriet ´ Elles admettent toute valeur dans C un nombre infini denombrable de fois. En plus, ´ ´ l’ensemble des zeros de sin et de cos est respectivement egal a` {mπ | m ∈ Z}, {(m + 12 )π | m ∈ Z}. Finalement, on a per(sin) = per(cos) = 2πZ. 5.2 Fonctions logarithmiques ´ Definition 5.9 Soit D connexe. Une fonction f ∈ O(D) s’appelle une fonction logarithmique dans D si, pour tout z ∈ D, on a ef (z) = z. ´ Remarque 5.10 Comme la fonction exponentielle n’a pas de zeros dans C (cf. Prop. 5.1), D ne peut contenir l’origine. 43 Si on connaˆıt une fonction logarithmique dans D, on peut trouver toutes les autres fonctions logarithmiques comme suit. Proposition 5.11 Soit D connexe, f ∈ O(D) une fonction logarithmique dans D et soit ´ ´ suivants dont equivalents ´ g : D → C. Alors, les enoc es : (a) g est une fonction logarithmique dans D. (b) g = f + 2πim pour un m ∈ Z ´ Demonstration 5.11 ` (a) ⇒ (b) : Pour tout z ∈ D, on a exp(f (z)) = exp(g(z)), c.-a-d., exp(f (z) − g(z)) = 1 et donc f (z) − g(z) ∈ ker(exp) = 2πiZ. Alors, comme f − g ∈ C(D) et comme D est connexe, on obtient que f − g est constant ` dans D, c.-a-d., il existe m ∈ Z t.q. f (z) = g(z) + 2πim pour tout z ∈ D. (b) ⇒ (a) : On a g ∈ O(D) et, pour tout z ∈ D, on a en plus eg(z) = ef (z)+2πim = ef (z) e2πim = z. � ´ ees ´ par leur premiere ` deriv ´ ee. ´ Les fonctions logarithmiques sont caracteris ´ ´ suivants sont equivalents ´ Proposition 5.12 Soit D connexe et f ∈ O(D). Alors, les enoc es : (a) f est une fonction logarithmique dans D. (b) Il existe a ∈ D t.q. exp(f (a)) = a et, pour tout z ∈ D, on a 1 f � (z) = . z ´ Demonstration 5.12 ´ ´ (a) ⇒ (b) : En derivant l’equation exp(f (z)) = z p.r. a` z, on trouve f � (z) exp(f (z)) = 1 et donc f � (z) = 1/z. (b) ⇒ (a) : Soit g(z) := z exp(−f (z)) pour tout z ∈ D. Alors, on obtient, pour tout z ∈ D, g � (z) = e−f (z) − zf � (z)e−f (z) = 0. ` Comme D est connexe, Prop. 2.30 implique que g est constant dans D, c.-a-d., il existe c ∈ C∗ t.q. c exp(f (z)) = z pour tout z ∈ D. Comme exp(f (a)) = a, on trouve c = 1. � Le premier exemple d’une fonction logarithmique est le suivant. ´ Exemple 5.13 La fonction λ1 : B1 (1) → C, definie, pour tout z ∈ B1 (1), par λ1 (z) := ∞ � (−1)n+1 n=1 n (z − 1)n , (22) est une fonction logarithmique dans B1 (1). � ´ Demonstration 5.13 Cf. Exr. 29 44 Remarque 5.14 ´ ´ eralise ´ ´ (a) L’enonc e´ de Ex. 5.13 se gen immediatement comme suit : ` Soit a ∈ C∗ et b ∈ C un logarithme de a, c.-a-d., b satisfait exp(b) = a. Alors, la ´ fonction λa,b : B|a| (a) → C, definie, pour tout z ∈ B|a| (a), par �z � λa,b (z) := b + λ1 , a est une fonction logarithmique dans B|a| (a). (b) Pour tout z ∈ E, nous avons l’estimation |λ1 (1 + z) − z| ≤ 1 |z|2 . 2 1 − |z| ´ Demonstration 5.14 (a) Cf. Exr. 29 ´ ´ ´ ´ (b) En utilisant (22) et la serie geom etrique, on peut ecrire �∞ � � ∞ ∞ �� (−1)n+1 � � � |z|2 � n 1 |z|2 |z|n � � zn − z� ≤ ≤ . |z| = |λ1 (1 + z) − z| = � � � n n 2 2 1 − |z| n=1 n=2 n=0 � En fait, il suffit d’exiger la continuite´ pour qu’une fonction logarithmique soit holomorphe. Proposition 5.15 Soit D connexe, f ∈ C(D) et exp(f (z)) = z pour tout z ∈ D. Alors, ` f ∈ O(D), c.-a-d., f est une fonction logarithmique dans D. ´ Demonstration 5.15 Soit a ∈ D (et donc, a �= 0), b un logarithme de a et λa,b ∈ O(B|a| (a)) ´ la fonction logarithmique de Rem. 5.14 (a). Alors, on peut ecrire exp(f (z) − λa,b (z)) = 1 pour ` Prop. 5.7, on trouve, pour tout z ∈ D ∩ B|a| (a), tout z ∈ D ∩ B|a| (a), et donc, d’apres f (z) − λa,b (z) ∈ ker(exp) = 2πiZ. Comme f − λa,b est continu, il existe un voisinage U ⊆ D ∩ B|a| (a) de a et un m ∈ Z t.q. ` f (z) = λa,b (z) + 2πim pour tout z ∈ U , c.-a-d., f est holomorphe au point a. � ´ ˆ important par la A present, nous introduisons une fonction logarithmique qui jouera un role suite. ´ ´ Definition 5.16 La fonction log : C− → C, definie, pour tout z ∈ C− , par log(z) := ln(|z|) + iϕ, ´ ou` nous avons utilise´ la representation unique z = |z| exp(iϕ) t.q. |z| > 0 et −π < ϕ < π. ´ ´ erien ´ En plus, ln designe le logarithme nep usuel. La fonction log s’appelle la branche principale du logarithme. 45 ´ eme ` Theor 5.17 (a) La branche principale du logarithme est une fonction logarithmique dans C− . (b) log(z) = λ1 (z) pour tout z ∈ B1 (1) ´ Demonstration 5.17 (a) Nous commenc¸ons par noter que les fonctions z �→ ln(|z|) et z �→ iϕ (ou` z = |z|eiϕ ` avec |z| > 0 et −π < ϕ < π) sont continues dans C− , c.-a-d., on a log ∈ C(C− ). En − plus, pour tout z ∈ C , on a elog(z) = eln(|z|)+iϕ = eln(|z|) eiϕ = |z|eiϕ = z. ` Prop. 5.15, on trouve que log ∈ O(C− ) et donc, que log est une fonction Alors, d’apres logarithmique dans C− . ` Ex. 5.13, λ1 ∈ O(B1 (1)) est une fonction logarithmique dans B1 (1) ⊆ C− . (b) D’apres ` Prop. 5.11, il existe m ∈ Z t.q., pour tout z ∈ B1 (1), Alors, d’apres log(z) = λ1 (z) + 2πim. Comme log(1) = 0 et λ1 (1) = 0, on obtient m = 0. � Remarque 5.18 ` Prop. 5.11, toutes les fonctions logarithmiques dans C− sont de la forme (a) D’apres log +2πim, m ∈ Z. Si m �= 0, elles s’appellent les branches secondaires du logarithme. ´ negatif ´ (b) Le choix de la coupure le long de l’axe reel est une convention. Nous aurions ´egalement pu choisir une coupure le long d’une autre demi-droite partant de l’origine. Par contre, il n’existe pas de fonctions logarithmiques dans C∗ parce qu’une telle fonction devrait co¨ıncider dans C− avec une des branches log +2πim pour m ∈ Z et ˆ ´ negatif. ´ ne pourrait donc pas etre continue sur l’axe reel ´ es ´ de la branche principale du logarithme. Par la suite, nous discuterons quelques propriet Proposition 5.19 (a) Soient w, z, wz ∈ C− et soient w = |w| exp(iϕ) et z = |z| exp(iψ) avec −π < ϕ, ψ < π. Alors : log(wz) = log(w) + log(z) ⇐⇒ −π < ϕ + ψ < π (23) ´ Notamment, l’equation dans (23) est vraie pour tout w, z ∈ C qui satisfont Re(w) > 0 et Re(z) > 0. 46 (b) Pour tout m ∈ Z, soit Gm := {z ∈ C | (2m − 1)π < Im(z) < (2m + 1)π}. Alors, pour tout z ∈ Gm , nous avons log(ez ) = z − 2πim. (c) Nous avons la biholomorphie ∼ exp : G0 → C− , ´ ´ et la bijection reciproque est egale a` la branche principale du logarithme. ´ Demonstration 5.19 ` ´ (a) Comme, par hypothese, wz ∈ C− , on peut ecrire wz = |wz| exp(iχ), ou` −π < χ < π. ´ D’autre part, on a egalement wz = |w||z| exp(i(ϕ + ψ)) et donc, i(χ − (ϕ + ψ)) ∈ ker(exp) = 2πiZ. Comme −2π < ϕ + ψ < 2π, il existe m ∈ {−1, 0, 1} t.q. χ = ϕ + ψ + 2πm. ´ ´ Il en resulte qu’on peut ecrire log(wz) = ln(|wz|) + iχ = ln(|w|) + iϕ + ln(|z|) + iψ +2πim. � �� � � �� � = log(w) (24) = log(z) ` log(wz) = log(w) + log(z) et (24) implique m = 0, c.-a-d., ` ⇒ : L’hypothese on trouve −π < χ = ϕ + ψ < π. ` l’hypothese, ` ⇐ : D’apres on a −π < ϕ+ψ < π. Alors, comme −π < χ = ϕ+ψ+2πm < π, on obtient m = 0 et donc, en utilisant (24), on trouve log(wz) = log(w) + log(z). ` (b) Comme ex+iy = ex cos(y) + iex sin(y) ∈ C \ C− ssi cos(y) ≤ 0 et sin(y) = 0, c.-a-d., ssi ´ y = (2m + 1)π pour m ∈ Z, la fonction log ◦ exp est bien definie dans le domaine � Gm . D := C \ {z ∈ C | Im(z) = (2m + 1)π pour m ∈ Z} = m∈Z ´ ez = ex ei(y−2mπ) et on a −π < Ensuite, pour tout z = x + iy ∈ Gm , on peut ecrire y − 2mπ < π. Alors, on obtient, pour tout z ∈ Gm , log(ez ) = ln(ex ) + i(y − 2mπ) = z − 2πim. ` (b), on a log(ez ) = z pour tout z ∈ G0 . D’autre part, d’apres ` Thm. (c) D’une part, d’apres log(z) − − 5.17, on a e = z pour tout z ∈ C . Comme log(C ) ⊆ G0 et exp(G0 ) ⊆ C− , Lem. ´ 2.27 implique que exp : G0 → C− est biholomorphe ayant la reciproque log. � Finalement, nous allons introduire les fonctions puissances. 47 ´ Definition 5.20 Soit D connexe, f ∈ O(D) une fonction logarithmique dans D et soit σ ∈ C. ´ La fonction pσ : D → C, definie, pour tout z ∈ D, par pσ (z) := eσf (z) , s’appelle la fonction puissance (p.r. a` f et) a` exposant σ. Proposition 5.21 Soit D connexe, f ∈ O(D) une fonction logarithmique dans D et soient ´ es ´ suivantes : σ, τ ∈ C. Alors, les fonctions puissances ont les propriet (a) pσ ∈ O(D) (b) p�σ = σpσ−1 (c) pσ pτ = pσ+τ (d) pn (z) = z n pour tout z ∈ D et tout n ∈ N ´ Demonstration 5.21 (a) En utilisant Thm. 2.11 (c), f ∈ O(D) et exp ∈ O(C), on a pσ ∈ O(D). (b) En utilisant Thm. 2.11 (c), on calcule que, pour tout z ∈ D, p�σ (z) = d σf (z) 1 1 e = σf � (z)eσf (z) = σ eσf (z) = σ f (z) eσf (z) = σe(σ−1)f (z) = σpσ−1 (z). dz z e (c) Pour tout z ∈ D, on a pσ (z)pτ (z) = eσf (z) eτ f (z) = e(σ+τ )f (z) = pσ+τ (z). ´ (d) Pour tout n ∈ N et tout z ∈ D, on peut ecrire, pn (z) = enf (z) = (ef (z) )n = z n . � ´ Definition 5.22 Pour le cas particulier de D = C− et f = log, la fonction puissance est ´ pour tout z ∈ C− et tout σ ∈ C, notee, z σ := eσ log(z) . Remarque 5.23 (a) Pour tout σ ∈ C, on a 1σ = 1. En plus, on a (Euler, 1746) ii ∈ R. ´ 5.22, les propriet ´ es ´ de Prop. 5.21 s’ecrivent ´ (b) Dans le cas de Def. comme (z σ )� = σz σ−1 , z σ z τ = z σ+τ . En plus, pour tout z ∈ C− et tout σ ∈ C, on a l’estimation |z σ | ≤ |z|Re(σ) eπ|Im(σ)| . 48 (c) Pour tout z ∈ E et tout σ ∈ C, on a la formule de Newton-Abel, σ (1 + z) = ∞ � � � σ n=0 n zn. ´ (d) La serie de fonctions ∞ � 1 ζ(z) := nz n=1 ´ converge uniformement dans {z ∈ C | Re(z) ≥ 1 + ε} pour tout ε > 0. En plus, elle converge normalement dans {z ∈ C | Re(z) > 1}. La fonction ζ s’appelle la fonction ζ de Riemann. � ´ Demonstration 5.23 Cf. Exr. 33, 34 49 6 ´ Calcul integral complexe ´ ` ´ Nous sommes sur le point de passer a` l’etude de la troisieme approche de la theorie des ` l’approche geom ´ e´ fonctions analytiques, a` savoir l’approche analytique de Cauchy (apres ´ ´ edents). ´ trique de Riemann et l’approche algebrique de Weierstrass dans les chapitres prec ´ ´ ´ Pour ce faire, nous commenc¸ons par developper la notion d’integration pour pouvoir integrer le long de chemins dans le plan complexe. 6.1 ´ Integrales curvilignes complexes ´ ´ ´ Pour la theorie classique des fonctions analytiques que nous etudions, il suffit de considerer ´ des chemins qui sont continument derivables par morceaux. ˆ ´ I designera ´ Si rien d’autre n’est explicitement indique, toujours un intervalle de la forme I := [a, b], ou` a, b ∈ R et a < b. ´ Definition 6.1 Une application continue γ : I → C s’appelle un chemin dans C ayant γ(a) ´ ´ Un chemin s’appelle ferme´ si comme point de depart et γ(b) comme point d’arrivee. γ(a) = γ(b). Soient γ1 ∈ C(I1 ) et γ2 ∈ C(I2 ) des chemins t.q. γ1 (b1 ) = γ2 (a2 ). ´ γ1 + γ2 , est le chemin dans C(I) qui est defini ´ par La somme des chemins γ1 et γ2 , notee I := [a1 , b1 + (b2 − a2 )], et, pour tout t ∈ I, par (γ1 + γ2 )(t) := � γ1 (t), γ2 (t + a2 − b1 ), t ∈ [a1 , b1 ], t ∈ [b1 , b1 + (b2 − a2 )], ` analogue pour la somme d’un nombre fini quelconque de chemins. et de maniere ´ Un chemin γ ∈ C(I) s’appelle continument ˆ derivable par morceaux s’il existe n ∈ N∗ et des chemins γi ∈ C 1 (Ii ) pour tout i ∈ {1, . . . , n} t.q. γ = γ1 + . . . + γ n . ´ Un chemin continument derivable par morceaux est appele´ une courbe. ˆ ´ Remarque 6.2 En d’autres termes, une courbe est une fonction continument derivable par ˆ ` morceaux γ : [a, b] → C, c.-a-d., γ ∈ C([a, b]) et il existe des points a1 , . . . , an+1 ∈ R avec a = a1 < a2 < . . . < an < an+1 = b t.q., pour tout i ∈ {1, . . . , n}, on a γi := γ �[ai ,ai+1 ] ∈ C 1 ([ai , ai+1 ]). 50 Exemple 6.3 ´ (a) Le chemin constant egal a` z0 ∈ C est donne´ par γ(t) := z0 pour tout t ∈ I. ´ (b) Le segment entre z0 ∈ C et z1 ∈ C est le chemin γ : [0, 1] → C, defini, pour tout t ∈ [0, 1], par γ(t) := (1 − t)z0 + tz1 . ´ Il sera egalement note´ [z0 , z1 ] . (c) Pour tout c ∈ C et tout r > 0, le chemin γ : [0, 2π] → C qui parcourt le bord du cercle ´ Br (c) dans le sens positif est defini, pour tout t ∈ [0, 2π], par γ(t) := c + reit . ´ ´ A present, nous arrivons a` la definition principale. ´ |γ| := γ(I) , et soit f ∈ ´ Definition 6.4 Soit γ ∈ C 1 (I) une courbe dont l’image sera notee ´ ´ C(|γ|). L’ integrale curviligne de f le long de la courbe γ est definie par � dz f (z) := γ � b dt f (γ(t))γ � (t), a ´ ou, ` pour tout g ∈ C(I) a` valeurs complexes, on definit � b � b � b dt g(t) := dt Re(g(t)) + i dt Im(g(t)). a a a ´ de plusieurs morceaux et f ∈ C(|γ|), on definit ´ Si γ = γ1 + . . . + γn est une courbe constituee � n � � dz f (z) := dz f (z). γ i=1 γi ´ ´ Remarque 6.5 L’integrale curviligne le long d’une courbe est bien definie parce que, d’une ´ ´ part, on peut montrer que l’integrale ne depend pas de la somme des chemins choisie ´ qui constituent la courbe. D’autre part, γi est continument derivable et |γi | ⊆ |γ| pour tout ˆ i ∈ {1, . . . , n}. ´ ´ Les integrales suivantes sont fondamentales pour la theorie des fonctions analytiques. ´ eme ` Theor 6.6 Soit c ∈ C, m ∈ Z et r > 0. Alors, on a � ∂Br (c) dz (z − c)m = � 0, 2πi, m �= −1, m = −1, � � ou` nous utilisons la notation ∂Br (c) := γ et le chemin γ ∈ C 1 ([0, 2π]) est donne´ par γ(t) := c + r exp(it) pour tout t ∈ [0, 2π] (cf. Ex. 6.3 (c)). 51 ´ 6.4, nous calculons ´ Demonstration 6.6 En utilisant Def. � 2π � 2π � � 2π m m � m imt it m+1 dz (z − c) = dt (γ(t) − c) γ (t) = dt r e ire = r i dt ei(m+1)t ∂Br (c) 0 0 0 m = −1, 2πi, � � 2π m+1 = r ei(m+1)t , m �= −1. m+1 � �� 0� =0 � ´ 6.4 ne depend ´ ´ Par la suite, nous nous convaincrons que Def. pas du parametrage du chemin. ´ ´ Definition 6.7 Deux courbes γ1 ∈ C 1 (I1 ) et γ2 ∈ C 1 (I2 ) sont dites equivalentes s’il existe ´ une bijection continument derivable ϕ : I2 → I1 avec ϕ� > 0 t.q. ˆ γ2 = γ1 ◦ ϕ. ´ Proposition 6.8 Soient γ1 ∈ C 1 (I1 ) et γ2 ∈ C 1 (I2 ) deux courbes equivalentes et f ∈ C(|γ1 |). Alors, on a � � dz f (z) = dz f (z). γ1 γ2 � ´ Demonstration 6.8 Cf. Exr. 36 6.2 ´ es ´ gen ´ erales ´ Propriet ´ ` Pour les integrales curvilignes complexes, nous avons les regles de calcul suivants. Proposition 6.9 (a) Soit γ : I → C une courbe. Alors, pour tout a, b ∈ C et tout f, g ∈ C(|γ|), on a � � � dz (af (z) + bg(z)) = a dz f (z) + b dz g(z). γ γ γ ´ (b) Soit γ1 : I1 → C une courbe et γ2 : I2 → C une courbe dont le point de depart est le ´ de γ1 . Alors, pour tout f ∈ C(|γ1 + γ2 |), on a point d’arrivee � � � dz f (z) = dz f (z) + dz f (z). γ1 +γ2 γ1 γ2 ´ (c) Soit γ ∈ C(I) et soit ψ : I → I defini par ψ(t) := a + b − t pour tout t ∈ I. La ´ −γ , s’appelle le chemin inverse. ´ composition γ ◦ ψ , notee ´ et f ∈ C(|γ|). Alors, on a Soit γ une courbe, −γ la courbe inversee � � dz f (z) = − dz f (z). −γ γ 52 (d) Soit g : D1 → D2 holomorphe, g � continu, γ2 une courbe dans D2 et γ1 := g ◦ γ2 . Alors, ´ pour tout f ∈ C(|γ1 |), on a la formule de l’ integration par changement de variable � � dz f (z) = dz f (g(z))g � (z). γ1 γ2 ´ Demonstration 6.9 (a) – (b) Clair (c) – (d) Cf. Exr. 38 � ´ Nous rappelons la notion suivante du cours d’analyse reelle. ´ Definition 6.10 Pour une courbe γ ∈ C 1 (I), le nombre � b dt |γ � (t)| L(γ) := a s’appelle la longueur (euclidienne) de γ. Si la courbe consiste en plusieurs morceaux γ = ´ γ1 + . . . + γn pour n ∈ N∗ , on definit L(γ) := n � L(γi ). i=1 Pour toute courbe γ : I → C et tout f ∈ C(|γ|), nous utiliserons la notation |f |γ := max |f (γ(t))|. t∈[a,b] ` souvent utilisee ´ par la suite. L’estimation suivante sera tres Proposition 6.11 Soit γ une courbe et f ∈ C(|γ|). Alors, on a l’estimation standard pour ´ les integrales curvilignes � �� � � � dz f (z)� ≤ |f |γ L(γ). � � γ ´ ´ Demonstration 6.11 Supposons d’abord que γ ∈ C 1 (I). Alors, on peut ecrire � �� b � � b �� � � � � � dz f (z)� = � dt f (γ(t))γ � (t)�� ≤ dt |f (γ(t))| |γ � (t)|. � � � � �� � γ a a ≤ |f |γ Pour une courbe qui consiste en plusieurs morceaux γ = γ1 + . . . + γn pour n ∈ N∗ , on a � � �� n � � �� n �� n � � � �� � � � � � � � � dz f (z)� = � dz f (z)� ≤ |f |γi L(γi ). � � � dz f (z)� ≤ � ���� � γ i=1 γi i=1 � γi �� i=1 � ≤ |f |γ ≤|f |γi L(γi ) 53 � ´ ´ suivants. En utilisant l’estimation standard, nous pouvons montrer les enonc es Proposition 6.12 Soit γ : I → C une courbe et (fn )n∈N ⊆ C(|γ|) une suite de fonctions qui ´ converge uniformement dans |γ| vers une fonction f : |γ| → C. Alors, on a lim n→∞ � dz fn (z) = γ � dz f (z). γ ` (la gen ´ eralisation ´ ´ Demonstration 6.12 Nous remarquons d’abord que, d’apres a` une partie non vide quelconque de C de) Prop. 3.6, la fonction limite satisfait f ∈ C(|γ|) et donc, ´ ´ l’integrale curviligne de f le long de γ est bien definie. Ensuite, en utilisant l’estimation standard (cf. Prop. 6.11), on obtient �� � �� � � � � � � � dz fn (z) − dz f (z)� = � dz [fn (z) − f (z)]� ≤ |fn − f |γ L(γ). � � � � γ γ γ ` Rem. 3.3 (b), on a Alors, comme, d’apres |fn − f |γ = max |fn (γ(t)) − f (γ(t))| = sup |fn (z) − f (z)| = |fn − f ||γ| , t∈[a,b] z∈|γ| ´ vers f dans |γ|, nous arrivons a` la concluet comme la suite (fn )n∈N converge uniformement sion. � � ´ de fonctions fn ∈ C(|γ|) qui converge Remarque 6.13 Soit γ une courbe et ∞ n=0 fn une serie ´ uniformement dans |γ| vers une fonction limite f : |γ| → C. Alors, on a ∞ � � n=0 6.3 dz fn (z) = γ � dz f (z). γ Primitives ´ eral, ´ ´ ´ En gen une integrale curviligne complexe le long d’une courbe γ depend non seulement ´ ´ de γ mais aussi du parcours de γ entre ces deux du point de depart et du point d’arrivee ´ ` points. A present, nous discutons des criteres qui garantissent que la valeur d’une telle ´ ´ ´ ´ integrale ne depend que des points de depart et d’arrivee. ´ Definition 6.14 Soit f ∈ C(D). Une fonction F : D → C s’appelle une primitive de f dans ` ´ D si F ∈ O(D) et F � = f dans D. On dit que f est C-integrable dans D si f possede une primitive dans D. ´ ´ suivants sont equivalents ´ ´ eme ` Theor 6.15 Soient f ∈ C(D) et F : D → C. Alors, les enonc es : (a) F est une primitive de f dans D. 54 ´ (b) Pour tout w, z ∈ D et toute toute courbe γ dans D de point de depart w et de point ´ z, on a d’arrivee � γ dζ f (ζ) = F (z) − F (w). ´ Demonstration 6.15 ´ ´ z (a) ⇒ (b) : Soit d’abord γ ∈ C 1 (I) une courbe de point de depart w et de point d’arrivee ´ qui consiste en un seul morceau. Alors, on peut ecrire � b � b � b � d � � � dζ f (ζ) = dt f (γ(t))γ (t) = dt F (γ(t))γ (t) = dt F (γ(t)) dt a a a γ = F (γ(b)) − F (γ(a)) = F (z) − F (w). Si γ est une courbe qui consiste en plusieurs morceaux γ = γ1 + . . . + γn pour un n ∈ N∗ , on ´ peut ecrire � dζ f (ζ) = γ n � � i=1 dζ f (ζ) = γi = F (z) − F (w), n � i=1 [F (γi (bi )) − F (γi (ai ))] = F (γn (bn )) − F (γ1 (a1 )) ´ 6.1) et ou` nous avons utilise´ que γi (bi ) = γi+1 (ai+1 ) pour tout i ∈ {1, . . . , n − 1} (cf. Def. γ1 (a1 ) = w et γn (an ) = z. ´ (b) ⇒ (a) : Nous voulons montrer qu’en tout point c ∈ D, la fonction F est C-derivable et � F (c) = f (c). Soit donc c ∈ D et r > 0 t.q. Br (c) ⊆ D, et nous notons B := Br (c). En utilisant ` ´ l’hypothese, nous pouvons ecrire que, pour tout z ∈ B, � F (z) = F (c) + dζ f (ζ), [c,z] ou` nous rappelons que la courbe [c, z] est le segment entre c et z (cf. Ex. 6.3 (b)). Si nous ´ definissons la fonction G : B → C par � � 1 dζ f (ζ), z ∈ B \ {c}, z−c [c,z] G(z) := f (c), z = c, nous obtenons que, pour tout z ∈ B, F (z) = F (c) + (z − c) G(z). ´ Afin de montrer que F est C-derivable au point c ∈ D, il nous reste a` montrer que G est ´ 2.1). Pour ce faire, nous remarquons que, pour tout z ∈ B \ {c}, on a continu en c (cf. Def. � 1 G(z) − G(c) = dζ (f (ζ) − f (c)) , z − c [c,z] 55 � ´ parce que [c,z] dζ = z − c. En utilisant l’estimation standard (cf. Prop. 6.11), on peut ecrire que, pour tout z ∈ B \ {c}, |G(z) − G(c)| ≤ 1 |f − f (c)|[c,z] L([c, z]) ≤ sup |f (ξ) − f (c)|. � �� � ξ∈Br (c) |z − c| = |z−c| Alors, comme f ∈ C(D), on a limr→0+ |f − f (c)|Br (c) = 0 et donc, G est continu en c. En plus, ` Def. ´ 2.1, on obtient F � (c) = G(c) = f (c). d’apres � Exemple 6.16 (a) Soit m ∈ Z et m �= −1. Comme la fonction f (z) := z m a la primitive F (z) := z m+1 /(m+ ´ dans C∗ , on a 1) dans C∗ , Thm. 6.15 fournit que, pour toute courbe γ fermee � � 1 � γ(b)m+1 − γ(a)m+1 = 0, dz z m = m+1 γ ce qui est a` comparer avec Thm. 6.6. �∞ n ´ entiere ` ` �une primitive dans son disque de conver(b) Toute serie n=0 an (z −c) possede ∞ an n+1 ´ par la serie ´ ` gence qui est donnee entiere (cf. Thm. 4.16). n=0 n+1 (z − c) ` (c) Si F ∈ O(D) et F � = 0 dans D, alors F est localement constant dans D, c.-a-d., pour tout c ∈ D, il existe un voisinage U ⊆ D de c t.q. F est constant dans U (cf. Exr. 39). (d) Soient F1 , F2 ∈ O(D) deux primitives de f ∈ C(D). Alors, comme (F1 − F2 )� = f − f = 0 dans D, on obtient que F1 − F2 est localement constant dans D. ´ ´ ` de C-integrabilit ´ ´ eraux. ´ A present, nous enonc ¸ ons un critere e´ pour des domaines connexes gen ´ ´ suivants sont equivalents ´ Proposition 6.17 Soit D connexe et f ∈ C(D). Alors, les enonc es : ´ (a) f est C-integrable dans D. ´ γ dans D, on a (b) Pour toute courbe fermee � dz f (z) = 0. γ ´ Demonstration 6.17 ´ ` (a) ⇒ (b) : Comme f est C-integrable, il existe F ∈ O(D) t.q. F � = f dans D. Alors, d’apres ´ γ dans D, on a Thm. 6.15, pour toute courbe fermee � dz f (z) = F (γ(b)) − F (γ(a)) = 0. γ (b) ⇒ (a) : Soit c ∈ D fixe´ et, pour tout z ∈ D, soit γz une courbe dans D de c a` z (comme ` D est connexe, il existe toujours un chemin polygonal, c.-a-d., une courbe, qui relie deux points entre eux). 56 D z �� γz � � γw � w c ´ En plus, soit F : D → C defini, pour tout z ∈ D, par � dζ f (ζ). F (z) := γz Alors, pour tout w, z ∈ D et toute courbe γ de w a` z, la courbe γw + γ − γz est une courbe ´ dans D, d’ou` fermee � � � � � 0= dζ f (ζ) = dζ f (ζ) + dζ f (ζ) − dζ f (ζ) = F (w) + dζ f (ζ) − F (z). γw +γ−γz γw γ γz γ ´ ` Il en resulte que F satisfait la condition (b) de Thm. 6.15, c.-a-d., F est une primitive de f dans D. � ´ ` important pour La condition (b) de Prop. 6.17 n’est pas verifiable dans la pratique. Il est tres ˆ l’approche de Cauchy que cette condition puisse etre substantiellement affaiblie pour des ´ domaines connexes speciaux. ´ ´ Definition 6.18 Un sous-ensemble M ⊆ C s’appelle etoil e´ s’il existe z1 ∈ M t.q., pour tout z ∈ M , on a |[z1 , z]| ⊆ M. Le point z1 s’appelle un centre de M . � M z �� � z1 �� �� �� �� 57 �� Exemple 6.19 ´ e´ (nous rappelons qu’un sous-ensemble M de C (a) Tout ensemble convexe M est etoil s’appelle convexe si |[w, z]| ⊆ M pour tout w, z ∈ M ). En plus, chaque point de M est un centre de M . ´ e. ´ Un point z ∈ C est un centre de C− ssi z ∈ R∗+ . (b) L’ensemble C− est etoil ´ e. ´ (c) L’ensemble C∗ n’est pas etoil ´ e´ est connexe. (d) Tout ensemble etoil ´ e, ´ il suffit de se restreindre aux bords de triangles. Nous montrerons que, si D est etoil ´ Definition 6.20 Soient z1 , z2 , z3 ∈ C. L’ensemble compact Δ := {z1 + s(z2 − z1 ) + t(z3 − z1 ) | s, t ≥ 0 et s + t ≤ 1} = {t1 z1 + t2 z2 + t3 z3 | t1 , t2 , t3 ≥ 0 et t1 + t2 + t3 ≤ 1} ´ suivante, appelee ´ le bord s’appelle un triangle de sommets z1 , z2 , z3 ∈ C. La courbe fermee ˆ es ´ du triangle et sera notee ´ du triangle, parcourt les cot ∂Δ := [z1 , z2 ] + [z2 , z3 ] + [z3 , z1 ]. z1 � � z �� �� 3 Δ �� z2 ´ ` suivant, une version substantiellement affaiblie du critere ` Nous arrivons a` present au critere ´ ´ eral ´ de Prop. 6.17. de C-integrabilit e´ gen ´ e´ et z1 un centre de D. En plus, ´ eme ` ` de C-integrabilit ´ ´ Soit D etoil Theor 6.21 (Critere e) soit f ∈ C(D) et, pour tout triangle Δ ⊆ D de sommet z1 , soit � dz f (z) = 0. ∂Δ ´ ´ Alors, f est C-integrable dans D et la fonction F : D → C, definie, pour tout z ∈ D, par � dζ f (ζ), F (z) := [z1 ,z] est une primitive de f dans D. 58 ´ e, ´ on a |[z1 , z]| ⊆ ´ Demonstration 6.21 Nous commenc¸ons par noter que, comme D est etoil ´ ´ Comme D est un ouvert D pour tout z ∈ D et donc, F est bien defini. Ensuite, soit c ∈ D fixe. de C, il existe r > 0 t.q. Br (c) ⊆ D. Alors, pour tout z ∈ Br (c), le triangle Δ aux sommets z1 , c et z satisfait Δ ⊆ D. D z r �� �� �� �� c Δ � z1 � ` l’hypothese, ` Comme, d’apres on a ∂Δ dz f (z) = 0, on obtient � � � � 0= dζ f (ζ) + dζ f (ζ) + dζ f (ζ) = F (c) + [z1 ,c] [c,z] [z,z1 ] [c,z] dζ f (ζ) − F (z). ´ ´ ´ Alors, en procedant comme dans Dem. 6.15 (b) ⇒ (a), on obtient que F est C-derivable en � c et que F (c) = f (c). � 59 7 ´ emes ` Theor de Cauchy et analyticite´ ` de l’integration ´ ´ L’ere complexe debute avec Cauchy. C’est pour c¸a que presque tous les ´ ´ ´ resultats importants de cette theorie portent son nom. Dans ce chapitre, nous demontrerons ´ emes ` ´ les theor principaux de Cauchy dans leur forme la plus simple et nous etudierons quelque-unes de leurs applications importantes. 7.1 ´ eme ` ´ ´ ´ Theor integral de Cauchy pour des domaines etoil es Nous commenc¸ons par le lemme de Goursat (Goursat, 1883 [rectangles] ; Pringsheim, 1901 [triangles]). Proposition 7.1 (Lemme de Goursat) Soit f ∈ O(D) et Δ un triangle dans D. Alors, on a � dz f (z) = 0. ∂Δ ´ Demonstration 7.1 On remarque d’abord que, pour tout triangle Δ dans D, on a (25) max |w − z| ≤ L(∂Δ). w,z∈Δ ´ er ´ es ´ par les segments reliant les En plus, si on note Δi pour i ∈ {1, . . . , 4} les triangles gen ˆ es ´ de Δ, on a egalement, ´ trois milieux des cot pour tout i ∈ {1, . . . , 4}, L(∂Δi ) = L(∂Δ) . 2 (26) ��z2 �� Δ Δ2 Δ3 z3 � Δ1 Δ4 � � z1 Alors, en utilisant la notation a(Δ) := a(Δ) = � ∂Δ 4 � � i=1 ´ dz f (z) et Prop. 6.9 (b), on peut ecrire dz f (z) = ∂Δi 4 � a(Δi ), i=1 ˆ es ´ interieures ´ ´ Ensuite, soit Δ(1) le ou` les cot sont parcourues deux fois en sens oppose. triangle parmi les triangles Δ1 , . . . , Δ4 qui satisfait, pour tout i ∈ {1, . . . , 4}, |a(Δi )| ≤ |a(Δ(1) )|, 60 d’ou` nous obtenons alors que |a(Δ)| ≤ 4 � i=1 |a(Δi )| ≤ 4|a(Δ(1) )|. ´ En procedant pour Δ(1) comme pour Δ, on obtient un triangle Δ(2) t.q. |a(Δ)| ≤ 4|a(Δ(1) )| ≤ 42 |a(Δ(2) )|. ` En continuant de cette maniere, nous obtenons une suite de triangles Δ(1) ⊇ Δ(2) ⊇ . . . ⊇ (n) ´ es ´ que, pour tout n ∈ N∗ , Δ ⊇ . . . ayant les propriet |a(Δ)| ≤ 4n |a(Δ(n) )|, 1 L(∂Δ(n) ) = n L(∂Δ). 2 (27) (28) ��z2 �� Δ z3 � � � z1 � En plus, l’intersection n∈N∗ Δ(n) ne contient qu’un seul point c ∈ D (cf. le principe de ` l’hypothese, ` l’emboˆıtement des intervalles du cours d’analyse). Alors, comme, d’apres f ∈ O(D), il existe g ∈ C(D) t.q., pour tout z ∈ D, on a f (z) = f (c) + (z − c)[f � (c) + g(z)], g(c) = 0. Ensuite, en utilisant Prop. 6.17, on a, pour tout n ∈ N∗ , � dz f (c) = 0, ∂Δ(n) � dz f � (c)(z − c) = 0, ∂Δ(n) ´ d’ou` il resulte que, pour tout n ∈ N∗ , a(Δ (n) )= � ∂Δ(n) dz (z − c)g(z). ´ e´ geom ´ ´ L’estimation standard (cf. Prop. 6.11) et la propriet etrique (25) impliquent alors que, pour tout n ∈ N∗ , |a(Δ(n) )| ≤ max |(z − c)g(z)| L(∂Δ(n) ) ≤ L(∂Δ(n) )2 |g|∂Δ(n) . z∈∂Δ(n) 61 (29) ´ En utilisant (27), (28) et (29), nous pouvons ecrire que, pour tout n ∈ N∗ , (27) (29) (28) |a(Δ)| ≤ 4n |a(Δ(n) )| ≤ 4n L(∂Δ(n) )2 |g|∂Δ(n) ≤ 4n L(∂Δ)2 |g|∂Δ(n) . 22n (30) Comme g ∈ C(D) et g(c) = 0, pour tout ε > 0, il existe δ > 0 t.q. |g|Bδ (c) ≤ ε. En plus, pour ce δ, il existe N ∈ N t.q. Δ(n) ⊆ Bδ (c) pour tout n ≥ N et donc, on obtient, pour tout n ≥ N , |g|∂Δ(n) ≤ ε. Alors, en utilisant (30), on trouve que |a(Δ)| ≤ L(∂Δ)2 ε. Comme ε > 0 est quelconque, on arrive a` a(Δ) = 0. � ´ ´ eme ` Nous arrivons a` present a` l’illustre theor suivant. ´ e´ et f ∈ O(D). Alors, f est ´ eme ` ´ eme ` ´ Theor 7.2 (Theor integral de Cauchy) Soit D etoil ´ ´ C-integrable dans D. Notamment, si z1 est un centre de D, la fonction F : D → C, definie, pour tout z ∈ D, par � F (z) := dζ f (ζ), (31) [z1 ,z] ´ dans D, on a est une primitive de f dans D. En plus, pour toute courbe fermee � dz f (z) = 0. (32) γ ` le lemme de Goursat (cf. Prop. 7.1), on a, pour tout triangle ´ Demonstration 7.2 D’apres Δ ⊆ D, � dz f (z) = 0. ∂Δ ` de C-integrabilit ´ ´ es ´ (cf. Thm. 6.21), on obient En utilisant le critere e´ pour les domaines etoil ´ que f est C-integrable et que la fonction F de (31) est une primitive de f dans D. Ensuite, ` ` ´ ´ eraux ´ d’apres le critere de C-integrabilit e´ pour des domaines connexes gen (cf. Prop. 6.17), ´ on obtient egalement (32). � 7.2 ´ Formule integrale de Cauchy pour des disques ´ eme ` ´ La forme du theor integral de Cauchy de Thm. 7.2 n’est pas encore suffisant pour en ´ ´ ´ eme ` deduire la formule integrale de Cauchy ci-dessous. Nous avons besoin du theor suivant. 62 ´ e´ et c un centre de ´ eme ` ´ eme ` ´ ´ eralis ´ ´ Soit D etoil Theor 7.3 (Theor integral de Cauchy gen e) ´ D. En plus, soit f ∈ C(D) et f ∈ O(D \ {c}). Alors, f est C-integrable dans D. ´ La demonstration de Thm. 7.3 est identique a` celle de Thm. 7.2 si le lemme de Goursat de Prop. 7.1 est remplace´ par la proposition suivante. ´ eralis ´ ´ Soit c ∈ D, et soit f ∈ C(D) et f ∈ Proposition 7.4 (Lemme de Goursat gen e) O(D \ {c}). Alors, pour tout triangle Δ ⊆ D de sommet c, on a � dz f (z) = 0. ∂Δ ´ Demonstration 7.4 Soit Δ un triangle dans D de sommet c, et soit un point donne´ sur ˆ es ´ de Δ qui constituent le sommet c definissant ´ chacune des deux cot ainsi les trois triangles Δ1 , Δ2 et Δ3 . D c �� �� �� Δ Δ1 Δ3 Δ2 � � ´ En integrant le long du bord de Δ, on obtient � dz f (z) = ∂Δ 3 � � i=1 Prop. 7.1 dz f (z) ∂Δi = � dz f (z), ∂Δ1 ´ ou` nous avons d’abord utilise´ que les integrales le long des deux chemins qui constituent ˆ es ´ communes de Δ1 et Δ2 et de Δ2 et Δ3 s’annulent, et ensuite le lemme de Goursat les cot ` l’estimation standard, on peut finalement ecrire ´ pour les triangles Δ2 et Δ3 . D’apres que � �� � � � ≤ |f |∂Δ L(∂Δ1 ), � dz f (z) � � ∂Δ ˆ et L(∂Δ1 ) peut etre choisi arbitrairement petit. � ´ eme ` Remarque 7.5 On verra plus tard dans le theor de prolongement de Riemann que Thm. ´ eralisation ´ ´ 7.3 n’est pas une gen veritable de Thm. 7.2. En effet, pour tout f ∈ C(D) qui est t.q. f ∈ O(D \ {c}), on aura f ∈ O(D). ´ ` cel ´ ebre ` ´ A present, nous arrivons a` la tres formule integrale de Cauchy pour les disques (Cauchy, 1831). 63 ´ eme ` ´ Theor 7.6 (Formule integrale de Cauchy) Soit f ∈ O(D). En plus, soient c ∈ D et r > 0 t.q. Br (c) ⊆ D. Alors, pour tout z ∈ Br (c), on a 1 f (z) = 2πi � f (ζ) . ζ −z dζ ∂Br (c) ´ En plus, soit la fonction g : D → C ´ Demonstration 7.6 Posons B := Br (c) et soit z ∈ B fixe. ´ definie, pour tout ζ ∈ D, par � f (ζ)−f (z) , ζ ∈ D \ {z}, ζ−z g(ζ) := � f (z), ζ = z. Comme f ∈ O(D), on a g ∈ C(D) et g ∈ O(D \ {z}). En plus, comme B ⊆ D, il existe s > r ˜ := Bs (c) ⊆ D. t.q. B D s r z c ˜ est etoil ´ e, ´ d’apres ` le theor ´ eme ` ´ ´ eralis ´ Alors, comme B integral de Cauchy gen e´ (cf. Thm. 7.3), ˜ est C-integrable ´ la restriction de g a` B et, pour tout z ∈ B, on a � � � f (ζ) 1 − f (z) dζ . 0= dζ g(ζ) = dζ ζ −z ζ −z ∂B ∂B ∂B � �� � =: h(ζ) ` ´ Afin de calculer la deuxieme integrale, soit ε > 0 t.q. Bε (z) ⊆ B, et soient les courbes ´ γ1 , . . . , γ4 , α, β definies comme dans la figure suivante : α r γ4 � γ2 z � � ε β 64 γ3 γ1 c Γ2 Γ1 ´ En plus, nous definissons les courbes Γ1 := γ1 + α + γ3 + β et Γ2 := −β + γ4 − α + γ2 , et − ´ eme ` ´ nous posons z ± C := {z ± w | w ∈ C− }. Alors, comme h ∈ O(z + C− ), le theor integral de Cauchy (cf. Thm. 7.2) nous fournit � dζ h(ζ) = 0. Γ1 � ` analogue, on a Γ2 dζ h(ζ) = 0 en appliquant Thm. 7.2 sur le domaine etoil ´ e´ De maniere − z − C . Alors, on trouve � � � � � dζ h(ζ) + dζ h(ζ) = dζ h(ζ) = dζ h(ζ) − dζ h(ζ), 0= Γ1 Γ2 Γ1 +Γ2 ∂B ∂Bε (z) d’ou, ` en utilisant Thm. 6.6, on arrive a` � dζ h(ζ) = ∂B � Thm. 6.6 dζ h(ζ) = 2πi. ∂Bε (z) � Remarque 7.7 ` ´ (a) Nous notons que toutes les valeurs de f a` l’interieur du disque Br (c) sont complete´ ´ par les valeurs de f sur le bord du disque. ment determin ees ´ ˆ d’un pa(b) Dans l’expression sous l’integrale, la variable z n’apparaˆıt que dans le role ` ´ a` la fonction f . rametre et n’est plus liee ´ ´ (c) La formule integrale de Cauchy s’applique egalement a` d’autres domaines que le ´ ´ eralisation ´ ` disque. On etudiera une gen importante ci-apres. 7.3 Analyticite´ des fonctions holomorphes ´ ´ ´ ´ A present, nous definissons la notion d’analyticite´ qui s’averera equivalente a` celle d’holomorphie. ´ Definition 7.8 Soit c ∈ D et r > 0 t.q. B := Br (c) ⊆ D. Une fonction f : D → C s’appelle ´ ` qui converge dans B vers (la restriction a` analytique dans B s’il existe une serie entiere ` Thm. 4.16, f est indefiniment ´ ´ B de) f . Dans ce cas, d’apres C-derivable dans B et ses ´ ´ par la formule de Taylor, c.-a-d., ` coefficients sont donnes pour tout z ∈ B, on a f (z) = ∞ � f (n) (c) n=0 n! (z − c)n . ´ ´ Cette serie, qui est normalement convergente dans B, s’appelle la serie de Taylor de la fonction f au point c. 65 ´ ´ Une des consequences les plus importantes de la formule integrale de Cauchy sera l’analyticite´ des fonctions holomorphes. Nous commenc¸ons par la proposition suivante. ´ Proposition 7.9 (Lemme de developpement) Soit γ une courbe dans C et f ∈ C(|γ|), et ´ soit F : C \ |γ| → C defini, pour tout z ∈ C \ |γ|, par � 1 f (ζ) F (z) := . dζ 2πi γ ζ −z ´ ` Alors, F ∈ O(C \ |γ|). En plus, pour tout c ∈ C \ |γ|, la serie entiere � ∞ � 1 f (ζ) an (z − c)n avec an := dζ , n+1 2πi (ζ − c) γ n=0 converge vers F dans tout disque centre´ a` c qui n’intersecte pas |γ|. Finalement, F est ´ ´ indefiniment C-derivable dans C \ |γ| et, pour tout z ∈ C \ |γ| et tout k ∈ N, on a � k! f (ζ) (k) F (z) = dζ . 2πi γ (ζ − z)k+1 ´ Demonstration 7.9 Soit c ∈ C \ |γ| et r > 0 t.q. B := Br (c) satisfait B ∩ |γ| = ∅. En utilisant ` Ex. 4.17 (a), c.-a-d., que, pour tout w ∈ E et tout k ∈ N, ∞ � � � n n−k 1 w , = (33) k+1 k (1 − w) n=k pour la variable w = (z − c)/(ζ − c) ∈ E, ou` z ∈ B et ζ ∈ |γ|, on a, pour tout z ∈ B, tout ζ ∈ |γ| et tout k ∈ N, ∞ � � � n (z − c)n−k 1 = . (ζ − z)k+1 n=k k (ζ − c)n+1 ´ que, En notant gk (ζ) := f (ζ)/(ζ − z)k+1 pour tout ζ ∈ |γ| et tout k ∈ N, on peut alors ecrire pour tout z ∈ B, � � � � ∞ � k! f (ζ) 1 n gn (ζ)(z − c)n−k . dζ = dζ k! (34) k+1 k 2πi γ (ζ − z) 2πi γ n=k Comme |ζ − c| ≥ r pour tout ζ ∈ |γ|, on a |gn |γ ≤ |f |γ /rn+1 , et donc, max |gn (ζ)(z − c)n−k | ≤ ζ∈|γ| 1 rk+1 |f |γ q n−k , ou` nous avons pose´ q := |z − c|/r. En utilisant que 0 ≤ q < 1 pour tout z ∈ B et (33), on ´ ´ obtient que la serie des fonctions dans (34) converge uniformement en ζ dans |γ| pour tout ´ Alors, d’apres ` Rem. 6.13, on peut intervertir la sommation et l’integration ´ z ∈ B fixe. et on obtient que, pour tout k ∈ N, � � � � ∞ � k! f (ζ) n 1 f (ζ) n−k an (z − c) dζ = k! avec an := dζ . k+1 k 2πi γ (ζ − z) 2πi γ (ζ − c)n+1 n=k 66 ` Thm. 4.16, F est Alors, le cas k = 0 implique que F est analytique dans B. En plus, d’apres ´ ´ indefiniment C-derivable dans B et, pour tout z ∈ B et tout k ∈ N, on a F (k) � � ∞ � n an (z − c)n−k . (z) = k! k n=k ´ ´ Comme B est quelconque dans C \ |γ|, on arrive a` l’enonc e. � Pour tout c ∈ D, nous notons dc (∂D) := inf z∈∂D |c − z| > 0 la distance de c au bord ∂D := D \ D de D (si D = C, nous posons dc (∂C) := ∞). Pour D �= C, le nombre dc (∂D), que nous noterons souvent d := dc (∂D), est le plus grand rayon t.q. Bd (c) ⊆ D. En plus, nous remarquons que ∂Bd (c) ∩ ∂D �= ∅. ´ eme ` ´ ´ ´ edent. ´ Le theor suivant est une consequence directe du lemme de developpement prec ´ eme ` ´ eme ` Theor 7.10 (Theor de Cauchy-Taylor) Soient f ∈ O(D) et c ∈ D. Alors, f est ´ analytique dans Bd (c) ⊆ D. En plus, pour tout 0 < r < d, les coefficients de Taylor de f ´ s’ecrivent comme 1 f (n) (c) = an = n! 2πi � dζ ∂Br (c) f (ζ) . (ζ − c)n+1 (35) ´ ´ Notamment, f est indefiniment C-derivable dans D et, pour tout z ∈ Br (c) et tout n ∈ N, nous avons f (n) n! (z) = 2πi � dζ ∂Br (c) f (ζ) . (ζ − z)n+1 (36) ` la formule integrale ´ ´ Demonstration 7.10 Comme f ∈ O(D), d’apres de Cauchy (cf. Thm. 7.6), on a, pour tout disque B := Br (c) t.q. 0 < r < d et tout z ∈ B, que � f (ζ) 1 dζ . f (z) = 2πi ∂B ζ −z ´ Alors, le lemme de developpement (cf. Prop. 7.9) applique´ au cas de F := f et γ := ∂B ´ implique que f est analytique dans B avec les coefficients de Taylor (35). Comme tout choix ˆ ´ ` ´ de 0 < r < d produit la meme serie entiere, la serie converge vers f dans la totalite´ de ´ ´ ees, ´ ` ´ Bd (c). Les formules integrales de Cauchy pour les deriv c.-a-d., (36), sont egalement ´ une consequence directe de Prop. 7.9. � 67 ´ es ´ fondamentales des fonctions holomorphes Propriet 8 ´ ´ Le calcul integral complexe atteint son point culminant dans la formule integrale de Cauchy ´ eme ` et le theor de Cauchy-Taylor. ´ Nous allons constater la force de ces resultats qui donnent lieu a` un grand nombre de ´ es ´ fondamentales des fonctions holomorphes. propriet 8.1 ´ eme ` Theor d’identite´ ´ es ´ les plus utiles dans la pratique est la suivante. Une des propriet ´ eme ` ´ eme ` ´ Soit D connexe et soient f, g ∈ O(D). Alors, les Theor 8.1 (Theor d’identite) ´ ´ suivants sont equivalents ´ enonc es : (a) f = g ` (b) L’ensemble de coˆıncidence {z ∈ D | f (z) = g(z)} possede un point d’accumulation dans D. (c) Il existe c ∈ D t.q. f (n) (c) = g (n) (c) pour tout n ∈ N. ´ Demonstration 8.1 (a) ⇒ (b) : Clair ` l’hypothese, ` (b) ⇒ (c) : Soit h := f − g ∈ O(D). D’apres l’ensemble M := {z ∈ D | h(z) = 0} ` possede un point d’accumulation c ∈ D. Supposons maintenant qu’il existe m ∈ N t.q. (m) ` le theor ´ eme ` h (c) �= 0 et soit m0 ∈ N le plus petit de ces m. Alors, d’apres de CauchyTaylor (cf. Thm. 7.10), on a, pour tout r > 0 t.q. Br (c) ⊆ D, que h(z) = (z − c)m0 h0 (z), � ou` h0 (z) := n≥m0 h(n) (c)(z − c)n−m0 /n! ∈ O(D) et h0 (c) �= 0. Comme h0 est continu, il existe ´ ˆ un voisinage U ⊆ Br (c) de c t.q. h0 (z) �= 0 pour tout z ∈ U . Il en resulte que c ne peut etre ` un point d’accumulation de M , et nous arrivons a` une contradiction avec l’hypothese. D r c U ` le theor ´ eme ` (c) ⇒ (a) : Soit h := f − g ∈ O(D). Comme, d’apres de Cauchy-Taylor (cf. Thm. (n) 7.10), on a h ∈ O(D) pour tout n ∈ N, l’ensemble Sn := {z ∈ D | h(n) (z) = 0} 68 ´ est une sous-ensemble ferme´ de D (parce que l’image reciproque par une fonction continue ´ cf. le cours de topologie). Alors, l’ensemble d’un ensemble ferme´ est fermee, S := ∞ � Sn n=0 ´ est egalement un sous-ensemble ferme´ de D (parce que l’intersection d’un nombre quel´ est fermee, ´ cf. le cours de topologie). conque d’ensemble fermes ´ Mais S est egalement un sous-ensemble ouvert de D. Pour montrer cela, soit z0 ∈ S. Alors, ´ ` le theor ´ eme ` de Taylor de d’apres de Cauchy-Taylor, pour tout r > 0 t.q. Br (z0 ) ⊆ D, la serie (n) ´ ´ dans Br (z0 ), d’ou` on obtient que h = 0 en Br (z0 ) pour tout n ∈ N, h en z0 est egale a` zero ` c.-a-d., Br (z0 ) ⊆ S et S est donc un ouvert. ´ ouvert et non vide (car Comme D est connexe et comme S est un sous-ensemble ferme, ´ d’un c ∈ S) de D, on obtient que S = D (parce que toute partie a` la fois ouverte et fermee ´ ´ espace topologique connexe X est vide ou egale a` X, cf. le cours de topologie). Il en resulte que f = g. � Remarque 8.2 (a) Pour la direction ”(c) ⇒ (a)” de Thm. 8.1, la connexite´ de D est indispensable. Exemple : Soit D := B1 (−2) ∪ B1 (2), et soient f (z) := 0 pour tout z ∈ D et � 0, z ∈ B1 (−2), g(z) := 1, z ∈ B1 (2). Alors, les fonctions f, g ∈ O(D) satisfont (b) et (c) de Thm. 8.1, mais f �= g dans D. ´ ´ (b) On peut montrer que l’equivalence ”(b) ⇔ (c)” de Thm. 8.1 est egalement vraie pour ´ des domaines D qui ne sont pas necessairement connexes. ` Thm. 8.1, si D est connexe, une fonction f ∈ O(D) est entierement ` ´ (c) D’apres determi´ par ses valeurs sur de ”tres ` petites” parties de D, comme, p.ex., sur un bout nee ´ ´ es ´ analytiques arbitrairement court d’un chemin dans D. Il suffit de verifier les propriet de f sur ce bout parce qu’elles se prolongent automatiquement sur la totalite´ de D (principe de permanence). Exemple 8.3 ´ eme ` (a) Illustrons le principe de permanence par l’exemple du theor d’addition de la fonction exponentielle (cf. Thm. 5.4) : ´ Soient f, g : C × C → C definis, pour tout w, z ∈ C, par f (w, z) := ew+z , g(w, z) := ew ez . ´ f (a, · ), g(a, · ) ∈ O(C) et comme f (a, x) = g(a, x) pour Comme, pour tout a ∈ R fixe, tout x ∈ R, Thm. 8.1 implique que, pour tout z ∈ C, f (a, z) = g(a, z). 69 ´ Comme f ( ·, z), g( ·, z) ∈ O(C) et comme f (a, z) = g(a, z) Ensuite, soit z ∈ C fixe. pour tout a ∈ R, on obtient f (w, z) = g(w, z) pour tout w ∈ C, d’ou, ` pour tout w, z ∈ C, f (w, z) = g(w, z). (b) Soit D connexe, soit ]a, b[ ⊆ D avec a, b ∈ R et a < b et soit f : ]a, b[ → R. Alors, Thm. 8.1 implique qu’il existe au plus un F ∈ O(D) t.q., pour tout x ∈ ]a, b[ , F (x) = f (x). (c) Soient c ∈ C et r > 0, et soit f ∈ O(Br (c)) une fonction qui n’est pas identiquement nulle dans Br (c). Alors, soit f (c) �= 0, soit il existe n0 ∈ N∗ t.q. f (n) (c) = 0 f (n0 ) (c) �= 0. pour tout 0 ≤ n ≤ n0 − 1, Le nombre n0 s’appelle l’ordre de f en c. 8.2 Estimations de Cauchy Les estimations suivantes sont souvent utiles dans la pratique. ´ eme ` Theor 8.4 (Estimations de Cauchy) Soit f ∈ O(D) et soient c ∈ D et r > 0 t.q. B ⊆ D, ou` B := Br (c). Alors, pour tout z ∈ B et tout n ∈ N, on a |f (n) (z)| ≤ n!r |f |∂B . dz (∂B)n+1 ´ eme ` ´ Demonstration 8.4 Le theor de Cauchy-Taylor (cf. Thm. 7.10) implique que, pour tout z ∈ B, � n! f (ζ) (n) dζ . f (z) = 2πi ∂B (ζ − z)n+1 ´ En utilisant l’estimation standard (cf. Prop. 6.11), on obtient l’enonc e´ parce que |f (n) (z)| ≤ |f (ζ)| n! sup 2πr, 2π ζ∈∂B |ζ − z|n+1 et parce que |ζ − z| ≥ dz (∂B) = inf ζ∈∂B |ζ − z|. 70 � Remarque 8.5 ´ ` ´ (a) On peut specialiser l’estimation de Thm. 8.4, c.-a-d., on peut ecrire que, pour tout 0 < s < r et tout z ∈ Br−s (c), |f (n) (z)| ≤ n!r |f |∂B . sn+1 ´ ` dans un disque de convergence de centre c et Si f est donne´ par une serie entiere ´ de rayon R > r, la limite s → r nous fournit une estimation des coefficients de Taylor, ´ les inegalit ` ´ ´ de Cauchy (Cauchy, 1835), c.-a-d., appelee es pour tout n ∈ N, on a |an | ≤ |f |∂B . rn (b) Par un argument de recouvrement, on peut montrer les estimations de Cauchy pour des compacts : Soit K une partie compacte dans D. Alors, pour tout voisinage compact L ⊆ D de K ` (c.-a-d., L �= K) et tout n ∈ N, il existe Mn > 0 t.q., pour tout f ∈ O(D), |f (n) |K ≤ Mn |f |L . ´ ´ ebre ` ´ eme ` A present, nous arrivons au cel theor suivant (Cauchy, 1844). ` ´ eme ` ´ eme ` ` Theor 8.6 (Theor de Liouville) Soit f : C → C une fonction entiere, c.-a-d., une ´ f est constant. fonction f ∈ O(C). Alors, si f est borne, ` le theor ´ eme ` ´ ´ Demonstration 8.6 D’apres de Cauchy-Taylor (cf. Thm. 7.10), la serie de Tay´ ´ lor de f au point 0 ∈ C converge partout dans C. Alors, les inegalites de Cauchy (cf. Rem. ´ 8.5 (a)) nous permettent d’ecrire que, pour tout r > 0 et tout n ∈ N, |an |rn ≤ max |f (z)|. z∈∂B ´ il existe M > 0 t.q. |f (z)| ≤ M pour tout z ∈ C, d’ou` on obtient que, Comme f est borne, pour tout r > 0 et tout n ∈ N, |an | ≤ M . rn ` on arrive a` Alors, en prenant la limite r → ∞, on trouve an = 0 pour tout n ∈ N∗ , c.-a-d., f (z) = a0 pour tout z ∈ C. � Remarque 8.7 Si f : C → E est holomorphe, alors f est constant. Notamment, il n’existe ∼ pas d’application biholomorphe E → C (cf. Rem. 2.35 (a)). 71 8.3 ´ emes ` Theor de convergence de Weierstrass ´ Contrairement a` la situation dans l’analyse reelle, nous verrons qu’il est toujours possible ´ ´ dans l’analyse complexe d’intervertir les operations de sommation et de derivation au cas ou` la convergence est localement uniforme. ´ eme ` ´ eme ` Theor 8.8 (Theor de convergence de Weierstrass) Soit fn ∈ O(D) une suite de ´ fonctions qui converge localement uniformement dans D vers f : D → C. Alors : (a) f ∈ O(D) � (k) � ´ (b) Pour tout k ∈ N, la suite fn n∈N converge localement uniformement dans D vers (k) f . ´ ´ dans la demonstration ´ La definition suivante sera utilisee de Thm. 8.8. ´ ´ Definition 8.9 Une fonction f ∈ C(D) s’appelle localement C-integrable dans D si, pour tout c ∈ D, il existe un voisinage ouvert U ⊆ D de c t.q. (la restriction a` U de) f est C´ ´ 6.14). Si f est localement C-integrable, ´ ´ integrable dans U (cf. Def. on dit egalement que f satisfait la condition de Morera. ´ Demonstration 8.8 ` Prop. 3.6, on a f ∈ C(D). Ensuite, pour tout triangle Δ ⊆ D, Prop. 3.7 et (a) D’apres Prop. 6.12 fournissent � � dz f (z) = lim dz fn (z), n→∞ ∂Δ ∂Δ � �� � =0 ` ´ ˆ au lemme de Goursat (cf. Prop. 7.1). D’apres ` ou` la deuxieme integrale est nulle grace ` de C-integrabilit ´ ´ es ´ (cf. Thm. 6.21), pour tout c ∈ D, le critere e´ pour les domaines etoil ` il existe r > 0 avec Br (c) ⊆ D et F ∈ O(Br (c)) t.q. F � = f dans Br (c), c.-a-d., f ´ eme ` satisfait la condition de Morera. Finalement, en utilisant le theor de Cauchy-Taylor ´ ´ (cf. Thm. 7.10), on obtient que F est indefiniment C-derivable en c ce qui implique que f ∈ O(D). ´ ´ (b) Il suffit de demontrer l’enonc e´ (b) pour k = 1. Soit c ∈ D et soit r > 0 t.q. Br (c) ⊆ D. ` les estimations de Cauchy pour des compacts (cf. Rem. 8.5 (b)), il Alors, d’apres existe M > 0 t.q., pour tout n ∈ N, |fn� − f � |K ≤ M |fn − f |L , ` Prop. 3.7, on a ou` K := Br/2 (c) ⊆ D et L := B3r/4 (c) ⊆ D. Comme, d’apres ´ ´ limn→∞ |fn − f |L = 0, on arrive a` l’enonc e. � 72 Remarque 8.10 ´ 8.8 (a) est contenue une implication appelee ´ le theor ´ eme ` (a) Dans Dem. de Morera : Si f ∈ C(D) satisfait la condition de Morera, alors f ∈ O(D). (b) Nous avons le diagramme suivant : f (z) = 1 2πi ´ [Thm.7.9] Lemme de dev. � dζ ∂B f (ζ) ζ−z Formule int. de Cauchy [Thm.7.6] Goursat [Thm.7.1] � � ↓ f analytique � f ∈ O(D) ´ ∞-derivable [Thm.4.16] � Morera [Rem.8.10 (a)] � ∂Δ dζ f (ζ) = 0 ` de C-int. [Thm.6.21] ↓ Critere f loc. C-int. ´ (c) Thm. 8.8 s’applique naturellement directement aux series de fonctions. Mais on peut ´egalement montrer le theor ´ eme ` ´ de Weierstrass pour des series normalement convergentes : �∞ ´ Si la serie n=0 fn avec fn ∈ O(D) converge normalement vers f ∈ O(D), alors la �∞ (k) (k) ´ serie pour tout k ∈ N. n=0 fn converge normalement dans D vers f 8.4 ´ eme ` Theor de l’image ouverte et principe du maximum ´ Definition 8.11 Une fonction f : D → C s’appelle ouverte si l’image f (U ) est ouverte pour tout ouvert U ⊆ D. ´ ´ eme ` Afin de pouvoir enoncer le theor important suivant, nous disons qu’une fonction f : D → C est localement constante au point c ∈ D s’il existe un voisinage de c dans lequel f est constant (cf. Ex. 6.16 (c)). ´ eme ` ´ eme ` Theor 8.12 (Theor de l’image ouverte) Soit f ∈ O(D) nulle part localement constant en D. Alors, f est ouvert. ´ Dans la demonstration de Thm. 8.12, nous utiliserons la proposition suivante qui fournit un ` pour l’existence de zeros ´ critere d’une fonction holomorphe. Proposition 8.13 Soit f ∈ O(D) et soient c ∈ D et r > 0 t.q. Br (c) ⊆ D. Alors, si min |f (z)| > |f (c)|, z∈∂Br (c) (37) il existe z0 ∈ Br (c) t.q. f (z0 ) = 0. ´ ´ Demonstration 8.13 Supposons que f n’a pas de zeros dans B := Br (c). Alors, il existe ´ un voisinage ouvert U ⊆ D de B t.q. f n’a pas de zeros dans U (si on suppose qu’il n’existe ` le theor ´ eme ` pas de tel voisinage, d’apres de Bolzano-Weierstrass, il existe une suite (zn )n∈N 73 avec f (zn ) = 0 pour tout n ∈ N et un a ∈ ∂B t.q. limn→∞ zn = a, d’ou` f (a) = 0 parce que ´ f ∈ C(D) ce qui est en contradiction avec (37), cf. egalement Exr. 51). Alors, la fonction ´ ` les g : U → C, definie par g(z) := 1/f (z) pour tout z ∈ U , est holomorphe dans U . D’apres ´ estimations de Cauchy (cf. Thm. 8.4 et Exr. 45 (b)), on peut donc ecrire que 1 = |g(c)| |f (c)| Thm. 8.4 ≤ |g|∂B = max |g(z)| = max z∈∂B z∈∂B 1 1 = , |f (z)| minz∈∂B |f (z)| � ce qui est en contradiction avec (37). ´ Demonstration 8.12 Soit U ⊆ D un ouvert et c ∈ U . Comme f n’est pas localement constant en c, il existe r > 0 avec B ⊆ U , ou` B := Br (c), t.q. f (c) ∈ / f (∂B), parce que, si on suppose le contraire, il existe une suite (zn )n∈N avec zn ∈ ∂B1/n (c) t.q. ` f (zn ) = f (c) si n est suffisamment grand, c.-a-d., il existe r0 > 0 t.q. c est un point d’accu` le theor ´ eme ` ´ f d’identite, mulation de l’ensemble {z ∈ Br0 (c) | f (z) = f (c)} et donc, d’apres est constant dans Br0 (c). Alors, on a 2δ := min |f (z) − f (c)| > 0. z∈∂B ´ que |f (z) − w| ≥ |f (z) − f (c)| − |w − f (c)| > δ pour Ensuite, soit w ∈ Bδ (f (c)). Il en resulte tout z ∈ ∂B, et donc, min |f (z) − w| > δ > |f (c) − w|. z∈∂B f(z) 2δ δ f(c) w ` Prop. 8.13 appliquee ´ a` f (z) − w, on obtient l’existence d’un point z0 ∈ B t.q. Alors, d’apres ` w = f (z0 ), c.-a-d., l’ensemble f (U ) est un ouvert parce que Bδ (f (c)) ⊆ f (B) ⊆ f (U ). � ´ eme ` ´ eme ` Le theor de l’image ouverte implique directement le theor important suivant. 74 ´ eme ` Theor 8.14 (Principe du maximum) Soit D connexe et f ∈ O(D). En plus, soit c ∈ D ` et U ⊆ D un voisinage de c t.q. f a un maximum local en c, c.-a-d., t.q. |f (c)| = |f |U . Alors, f est constant dans D. ` l’hypothese, ` ´ Demonstration 8.14 D’apres on a f (U ) ⊆ {w ∈ C | |w| ≤ |f (c)|}, et donc, f (U ) n’est pas un voisinage de f (c). f(c) f(U) ` le theor ´ eme ` Alors, d’apres de l’image ouverte (cf. Thm. 8.12), f est quelque part localement ` constant en D, c.-a-d., il existe z0 ∈ D et un voisinage U ⊆ D de z0 t.q. f est constant dans −1 U . Alors, comme f (f (z0 )) est non vide, ouvert (parce que f est constant dans U ) et ferme´ ´ (parce que f est continu et parce que l’image reciproque par une fonction continue d’un −1 ´ cf. le cours de topologie), on obtient f (f (z0 )) = D (parce que toute partie ferme´ est ferme, ´ d’un espace topologique connexe X est vide ou egale ´ a` la fois ouverte et fermee a` X, cf. le ` cours de topologie), c.-a-d., f est constant. � Le principe du maximum est souvent utilise´ dans la forme suivante. ´ eme ` ´ Soit D connexe et borne´ et soit Theor 8.15 (Principe du maximum pour des bornes) ` f ∈ C(D) ∩ O(D). Alors, |f | admet son maximum sur le bord de D, c.-a-d., pour tout z ∈ D, on a |f (z)| ≤ |f |∂D . ´ Demonstration 8.15 Comme |f | ∈ C(D) et D est compact, |f | admet un maximum dans ˆ D. Si f n’est pas constant, le maximum ne peut etre dans D. � 75 ´ isolees ´ ´ Singularites et fonctions meromorphes 9 ´ ´ isolees ´ des fonctions hoContrairement a` la situation dans l’analyse reelle, les singularites ˆ ´ de maniere ` simple. lomorphes peuvent etre classifiees 9.1 ´ isolees ´ Singularites ´ D \ c au lieu de D \ {c}. Pour tout c ∈ D, nous utiliserons souvent la notation simplifiee ´ Definition 9.1 ´ de f si (a) Pour une fonction f : D → C, un point c ∈ D s’appelle une singularite´ isolee f ∈ O(D \ c). ` (b) On dit que la fonction f ∈ O(D \ c) possede un prolongement holomorphe en c ´ s’il existe f˜ ∈ O(D) t.q. f˜ = f dans D \ c (un prolongement continu est defini de ` analogue). maniere ´ c ∈ D de f ∈ O(D \ c) s’appelle effac¸able si f possede ` (c) Une singularite´ isolee un prolongement holomorphe en c. Exemple 9.2 ´ (a) La fonction f ∈ O(C \ 1), definie, pour tout z ∈ C \ 1, par f (z) := a une singularite´ effac¸able en 1. z2 − 1 , z−1 ´ (b) La fonction f ∈ O(E∗ ), definie, pour tout z ∈ E∗ , par f (z) := a une singularite´ effac¸able en 0. z , ez − 1 ´ Demonstration 9.2 ´ (a) Comme f (z) = z + 1 pour tout z ∈ C \ 1, on definit f˜(z) := z + 1 pour tout z ∈ C et on ˜ a f ∈ O(C). (b) Cf. Exr. 59 (c) � ´ eme ` ` Le theor suivant fournit des criteres d’existence pour les prolongements holomorphes ´ isolees ´ (Riemann, 1851). des fonctions ayant des singularites 76 ´ eme ` ´ eme ` Theor 9.3 (Theor de prolongement de Riemann) Soit c ∈ D et f ∈ O(D \ c). ´ ´ suivants sont equivalents ´ Alors, les enonc es : (a) Le point c est une singularite´ effac¸able de f . ` un prolongement continu en c. (b) f possede (c) Il existe un voisinage U ⊆ D de c t.q. f est borne´ dans U \ c. (d) limz→c (z − c)f (z) = 0 ´ eme ` ´ eraliser ´ Remarque 9.4 Le theor de prolongement de Riemann peut se gen facilement ´ dans D. de l’ensemble A = {c} aux ensembles A qui sont discrets et fermes ´ eralit ´ ´ nous supposons que c = 0. ´ Demonstration 9.3 Sans perte de gen e, (a) ⇒(b) ⇒(c) ⇒(d) : Clair ´ (d) ⇒(a) : Soient g, h : D → C definis, pour tout z ∈ D, par � zf (z), z ∈ D \ 0, g(z) := 0, z = 0, h(z) := zg(z). ` l’hypothese ` (d), g ∈ C(D), et comme h(z) = h(0) + zg(z) pour tout z ∈ D, Comme, d’apres ´ ` la fonction h est C-derivable en 0 avec h� (0) = g(0) = 0, c.-a-d., on a h ∈ O(D). En plus, ` ´ ` d’apres le theoreme de Cauchy-Taylor (cf. Thm. 7.10), h est analytique dans un voisinage U ⊆ D de 0 et, comme h(0) = h� (0) = 0, on a, pour tout z ∈ U \ 0, h(z) = z 2 ∞ � an z n−2 = z 2 f (z), n=2 ´ ´ ou` a2 , a3� , . . . sont les coefficients de Taylor de h. Alors, la fonction f˜ : U → C, definie par ∞ n−2 pour tout z ∈ U est un prolongement holomorphe de f dans U . � f˜(z) := n=2 an z ´ on fait la definition ´ S’il n’existe pas de voisinage dans lequel f est borne, suivante. ´ ˆ Definition 9.5 Une singularite´ isole´ non effac¸able c ∈ D de f ∈ O(D \ c) s’appelle un pole de f s’il existe un voisinage U de c et m ∈ N∗ t.q., pour tout z ∈ U \ c, ´ (z − c)m f (z) est borne. ˆ Un pole ˆ de premier ordre s’appelle Le plus petit de ces m ∈ N∗ s’appelle l’ordre du pole. ´ ˆ simple. egalement un pole ´ ˆ ` suivante. On peut caracteriser les poles de la maniere 77 ´ de f ∈ O(D \ c) et soit m ∈ N∗ . Alors, les ´ eme ` Theor 9.6 Soit c ∈ D une singularite´ isolee ´ ´ suivants sont equivalents ´ enonc es : ` un pole ˆ d’ordre m en c. (a) f possede (b) Il existe g ∈ O(D) avec g(c) �= 0 t.q., pour tout z ∈ D \ c, on a f (z) = g(z) . (z − c)m ´ (c) Il existe un voisinage ouvert U ⊆ D de c et h ∈ O(U ) sans zeros dans U \ c et avec ´ d’ordre m en c (cf. Ex. 8.3 (c)) t.q., pour tout z ∈ U \ c, un zero f (z) = 1 . h(z) (d) Il existe un voisinage ouvert U ⊆ D de c et des constantes M1 , M2 > 0 t.q., pour tout z ∈ U \ c, M1 M2 ≤ |f (z)| ≤ . m |z − c| |z − c|m ´ Demonstration 9.6 ` le theor ´ eme ` (a) ⇒(b) : Comme (z−c)m f ∈ O(D\c) est borne´ dans un voisinage de c, d’apres de prolongement de Riemann (cf. Thm. 9.3), il existe g ∈ O(D) t.q., pour tout z ∈ D \ c, on a g(z) = (z − c)m f (z). ´ Supposons que g(c) = 0. Comme g est C-derivable, il existe une fonction g˜ : D → C continue ´ en c t.q. g(z) = (z − c)˜ g (z) pour tout z ∈ D. Il en resulte que g˜(z) = (z − c)m−1 f (z) pour tout m−1 ` z ∈ D \ c, c.-a-d., (z − c) f (z) est borne´ pour tout z dans un voisinage de c. Alors, m ne ˆ ˆ c. peut etre l’ordre du pole (b) ⇒(c) : Comme g(c) �= 0, il existe un voisinage ouvert U ⊆ D de c t.q. g(z) �= 0 pour tout ´ z ∈ U . Alors, on definit, pour tout z ∈ U , h(z) := (z − c)m , g(z) et on obtient h ∈ O(U ). ˜ ∈ O(U ) sans zeros ´ (c) ⇒(d) : Si on choisit U suffisamment petit, il existe h dans U t.q. m˜ h(z) = (z − c) h(z) pour tout z ∈ U . Alors, on a M1 := inf z∈U 1 > 0, ˜ |h(z)| M2 := sup z∈U 1 < ∞, ˜ |h(z)| ˜ ´ et on obtient l’enonc e´ parce que |f (z)| = 1/(|z − c|m |h(z)|) pour tout z ∈ U . m m−1 f (z)| ≥ M1 /|z − c| pour tout z ∈ U \ c, (d) ⇒(a) : Comme |(z − c) f (z)| ≤ M2 et |(z − c) ˆ d’ordre m de f . le point c est un pole � 78 Remarque 9.7 ` Thm. 9.6 (c), les poles ˆ ´ er ´ es ´ par la division par des fonctions ayant (a) D’apres sont gen ´ des zeros. ´ ˆ (b) Thm. 9.6 (d) caracterise les poles par le comportement de croissance proche de c. ´ (c) On dit que f diverge uniformement proche de c si, pour tout M > 0, il existe un ´ voisinage U ⊆ D de c t.q. inf z∈U \c |f (z)| ≥ M , et on ecrit lim f (z) = ∞. z→c ´ ´ : Comme f diverge uniformement proche de c ssi limz→c 1/f (z) = 0, on peut ecrire ˆ en c. f ∈ O(D \ c) a un pole ⇐⇒ limz→c f (z) = ∞ ´ ˆ ´ La caracterisation des poles de Thm. 9.6 nous permet de ”developper” une fonction autour ˆ de ses poles comme suit. ˆ d’ordre m de f . Alors, il existe des Proposition 9.8 Soit f ∈ O(D \ c) et soit c ∈ D un pole ˜ constantes b1 , . . . , bm ∈ C avec bm �= 0 et f ∈ O(D) t.q., pour tout z ∈ D \ c, on a f (z) = bm bm−1 b1 + f˜(z). + + ... + m m−1 (z − c) (z − c) z−c ` Thm. 9.6 (b), il existe g ∈ O(D) avec g(c) �= 0 t.q. f (z) = ´ Demonstration 9.8 D’apres m ` le theor ´ eme ` g(z)/(z − c) pour tout z ∈ D \ c. En plus, d’apres de Cauchy-Taylor (cf. Thm. ˜ 7.10), il existe r > 0 avec B := Br (c) ⊆ D et f ∈ O(B) t.q., pour tout z ∈ B, on a g(z) = bm + bm−1 (z − c) + . . . + b1 (z − c)m−1 + (z − c)m f˜(z), ´ e´ ou` bm = g(c) �= 0. Alors, en substituant g(z) dans f (z) = g(z)/(z − c)m , on obtient l’enonc ´ dans B. Finalement, dans D \ B, on definit, pour tout z ∈ D \ B, f˜(z) := f (z) − m � i=1 bi . (z − c)i � Remarque 9.9 ´ ´ par f (unicite´ (a) Les nombres b1 , . . . , bm ∈ C et f˜ ∈ O(D) sont uniquement determin es ´ 9.8). de la fonction g dans Dem. ´ ` (b) Toute fonction f ∈ O(D \ c) qui a un developpement comme dans Prop. 9.8 possede ˆ d’ordre m en c. un pole ´ ´ (c) En derivant le developpement de f dans Prop. 9.8, on trouve que f � ∈ O(D \ c) ` un pole ˆ d’ordre m + 1 ≥ 2 en c. En plus, le developpement ´ possede de f � ne contient −1 pas de terme (z − c) . 79 ´ ` categorie ´ ´ isolees. ´ A present, nous arrivons a` la derniere de singularies ´ c ∈ D de f ∈ O(D \ c) s’appelle une singularite´ ´ Definition 9.10 Une singularite´ isolee ˆ essentielle de f si elle n’est ni une singularite´ effac¸able ni un pole. ´ pour tout z ∈ C∗ , par Exemple 9.11 La fonction f : C∗ → C, definie, f (z) := e1/z , ` possede une singularite´ essentielle en 0 parce que f (z) = ´ page de la presentation du cours). �∞ n=0 ` 1/(n!z n ) (cf. la premiere ´ ´ essentielles est donnee ´ dans le theor ´ eme ` La caracterisation des singularites suivant (Casorati, 1868 [(a) ⇒(b)] ; Weierstrass, 1876). ´ de ´ eme ` ´ eme ` Theor 9.12 (Theor de Casorati-Weierstrass) Soit c ∈ D une singularite´ isolee ´ ´ suivants sont equivalents ´ f ∈ O(D \ c). Alors, les enonc es : (a) Le point c ∈ D est une singularite´ essentielle de f . (b) Pour tout voisinage U ⊆ D de c, l’image f (U \ c) est dense dans C. ` (c) Il existe une suite zn ∈ D \ c avec limn→∞ zn = c t.q. f (zn ) ne possede pas de limite dans C ∪ {∞}. ´ Demonstration 9.12 (a) ⇒(b) : Supposons qu’il existe un voisinage U ⊆ D de c t.q. f (U \ c) n’est pas dense dans ` C. Alors, il existe a ∈ C et r > 0 t.q. f (U \ c) ∩ Br (a) = ∅, c.-a-d., |f (z) − a| ≥ r pour tout ´ z ∈ U \ c. La fonction g : U \ c → C, definie, pour tout z ∈ U \ c, par g(z) := 1 , f (z) − a ` satisfait donc g ∈ O(U \ c) et possede une singularite´ effac¸able en c parce que |g(z)| ≤ 1/r ´ ` pour tout z ∈ U \ c. Il en resulte que f (z) = a + 1/g(z) possede une singularite´ effac¸able en ˆ en c si limz→c g(z) = 0 (cf. Thm. 9.6 (c)). Alors, on arrive a` c si limz→c g(z) �= 0, ou un pole ` une contradiction avec l’hypothese. (b) ⇒(c) ⇒(a) : Clair � ´ eme ` Remarque 9.13 On peut montrer le grand theor de Picard (Picard, 1879) : Soit c ∈ D une singularite´ essentielle de f ∈ O(D \ c). Alors, ou f (U \ c) = C pour tout voisinage U ⊆ D de c (ex. : sin(1/z)), ou il existe a ∈ C t.q. f (U \ c) = C \ a pour tout voisinage U ⊆ D de c (ex. : exp(1/z)). 80 9.2 ´ Fonctions meromorphes ´ Definition 9.14 ´ (a) Une fonction f s’appelle meromorphe dans D s’il existe un ensemble discret P(f ) ⊆ ˆ de f . D t.q. f ∈ O(D \ P(f )) et tout point de P(f ) est un pole ´ (b) Une fonction f s’appelle meromorphe au point c ∈ D s’il existe un voisinage U ⊆ D ´ du point c t.q. (la restriction a` U de) f est meromorphe dans U . ´ (c) On notera M(D) les fonctions meromorphes dans D. Remarque 9.15 ´ ˆ (a) Toute fonction rationnelle est une fonction meromorphe ayant un ensemble de poles fini. ´ (b) On peut montrer que P(f ) est vide, fini ou infini denombrable. (c) Contrairement a` l’anneau O(D), dans l’anneau M(D), on peut diviser par des fonc´ tions ayant des zeros. On peut montrer que M(D) est un corps si D est connexe. ´ eme ` ´ eralisation ´ ´ (d) Le theor d’identite´ (cf. Thm. 8.1) a une gen directe aux fonctions meromorphes f, g ∈ M(D) en remplac¸ant D par D \ (P(f ) ∪ P(g)). ´ de fonctions meromorphes ´ ´ Pour que la fonction limite d’une serie soit de nouveau meromorphe, ´ on fait la definition suivante. ´ ´ Definition 9.16 Une serie de fonctions fn ∈ M(D) est dite compactement convergente dans D si, pour tout compact K ⊆ D, il existe N ∈ N t.q. : (a) P(fn ) ∩ K = ∅ pour tout n ≥ N �∞ ´ (b) dans K n=N fn converge uniformement Elle s’appelle normalement convergente si (a) et �∞ (b’) n=N |fn |K < ∞ sont satisfaits. ´ es ´ suivantes. On peut montrer les propriet ´ eme ` Theor 9.17 (a) La convergence normale implique la convergence compacte. � ´ de fonctions fn ∈ M(D) qui converge compactement (norma(b) Soit ∞ n=0 fn une serie ´ e´ suivante : lement) dans D. Alors, il existe un unique f ∈ M(D) ayant la propriet � Si U ⊆ D est un ouvert et N ∈ N t.q. P(fn ) ∩ U = ∅ pour tout n ≥ N , alors ∞ n=N fn converge compactement (normalement) vers F ∈ O(D) t.q., dans U , f= Notamment, f ∈ O(D \ �∞ n=0 N −1 � fn + F. n=0 ` P(fn )), c.-a-d., P(f ) ⊆ 81 �∞ n=0 P(fn ). �∞ �∞ ´ ´ (c) Si f = de fonctions meromorphes comn=0 fn et g = n=0 gn sont des series ´ pactement (normalement) convergentes dans D, alors, pour tout a, b ∈ C, la serie � ∞ (af + bg ) est compactement (normalement) convergente dans D vers af + bg. n n n=0 �∞ ´ (d) Si la s� erie n=0 fn des fonctions fn ∈ M(D) converge normalement dans D vers f , ∞ alors n=0 fσ(n) converge normalement dans D vers f pour toute bijection σ : N → N. �∞ ´ (e) Si la serie n=0 fn des fonctions fn ∈ M(D) converge compactement (normale�∞ (k) (k) ´ ment) dans D, alors, pour tout k ∈ N∗ , la serie n=0 fn des fonctions fn ∈ M(D) converge compactement (normalement) dans D vers f (k) . 82 10 ´ Series de Laurent ´ ´ Dans ce chapitre, nous etudierons une des classes de series de fonctions les plus impor` les series ´ ` ´ les series ´ ´ tantes apres entieres, appelees de Laurent. Ces series fournissent les ´ ´ isolees ´ possedent ` developpements dans des couronnes. En particulier, les singularites une ´ classification par ces series. 10.1 Fonctions holomorphes dans des couronnes ´ ´ Les domaines dans lesquels nous developperons les fonctions sont definis comme suit. ´ Definition 10.1 Soient c ∈ C et r, s ∈ R ∪ {∞} avec 0 ≤ r ≤ s. L’ensemble ouvert Ar,s (c) := {z ∈ C | r < |z − c| < s} ´ a` c de rayon interieur ´ ´ s’appelle la couronne centree r et de rayon exterieur s. Pour r = 0 ´ ´ Pour r = 0 et s = ∞, on et s < ∞, l’ensemble A0,s (c) = Bs (c) \ {c} est un disque epoint e. ´ ´ a A0,∞ (c) = C \ {c}. On ecrira souvent A au lieu de Ar,s (c), et on utilisera la decomposition A = A+ ∩ A− , ou` A+ := Bs (c), A− := C \ Br (c). A s r c ´ ´ ´ A present, nous developpons la theorie de Cauchy pour des couronnes. Nous commenc¸ons ´ eme ` par le theor fondamental suivant. ´ eme ` ´ eme ` ´ Theor 10.2 (Theor integral de Cauchy pour des couronnes) Soient c ∈ C, les nombres r, s ∈ R ∪ {∞} t.q. 0 ≤ r < s et f ∈ O(Ar,s (c)). Alors, pour tout r < ρ ≤ σ < s, on a � dz f (z) = ∂Bρ (c) 83 � dz f (z). ∂Bσ (c) ´ ` ´ eme ` ´ ´ Demonstration 10.2 Nous allons reduire le probleme a` une situation ou` le theor integral ´ es ´ est applicable (cf. Thm. 7.2). de Cauchy pour des domaines etoil γ3 D1 γ2 γ4 γ1 c r p s ρ σ ´ On choisit le nombre p ∈ R t.q. r < p < ρ et on construit un polygone Soit ρ donne. ´ ` regulier a` n sommets entierement contenu dans Ar,p (c) (ce qui est toujours possible si n est suffisamment grand). Ensuite, on construit D1 et Γ1 := γ1 + γ2 + γ3 + γ4 comme dans la ´ ete ` la meme ˆ figure ci-dessus et on rep construction pour tout secteur circulaire i ∈ {2, . . . , n}. ´ e´ et f ∈ O(Di ), le theor ´ eme ` ´ Comme Di pour tout i ∈ {1, . . . , n} est etoil integral de Cauchy ´ es ´ implique que, pour tout i ∈ {1, . . . , n}, on a pour des domaines etoil � dz f (z) = 0. Γi ´ par les parties Comme les contributions des parties droites de chaque Γi sont annulees droites de Γi−1 et Γi+1 , on obtient que 0= n � � i=1 dz f (z) = Γi � ∂Bσ (c) dz f (z) − � dz f (z). ∂Bρ (c) � ´ ´ Comme pour les disques, nous avons egalement une formule integrale de Cauchy pour ` sont parcourus, comme les couronnes a` notre disposition (les bords ∂A+ et ∂A− ci-apres d’habitude, dans le sens positif). ´ eme ` ´ Theor 10.3 (Formule integrale de Cauchy pour des couronnes) Soit f ∈ O(D). En plus, soient c ∈ D et les rayons r, s ∈ R ∪ {∞} avec 0 ≤ r < s t.q. la couronne A := Ar,s (c) = A+ ∩ A− satisfait A ⊆ D. Alors, pour tout z ∈ A, on a � 1 f (ζ) f (z) = dζ 2πi ∂A ζ −z � � 1 1 f (ζ) f (ζ) = − . dζ dζ 2πi ∂A+ ζ − z 2πi ∂A− ζ −z 84 ´ ´ Demonstration 10.3 Soit z ∈ A fixe´ et soit g : D → C defini par � f (ζ)−f (z) , ζ ∈ D \ z, ζ−z g(ζ) := f � (z), ζ = z. ´ eme ` Comme g ∈ C(D) ∩ O(D \ z), le theor de prolongement de Riemann (cf. Thm. 9.3) ` le theor ´ eme ` ´ implique que g ∈ O(D). Alors, d’apres integral de Cauchy pour des couronnes � � � (cf. Thm. 10.2) et comme il existe r , s > 0 avec r < r et s� > s t.q. A ⊆ Ar� ,s� (c) ⊆ D (cf. ´ 7.6), on peut ecrire ´ Dem. que � � dζ g(ζ) = dζ g(ζ). ∂A− ∂A+ ´ eme ` ´ ´ En utilisant le theor integral de Cauchy et la formule integrale de Cauchy pour des ´ es ´ (cf. Thm. 7.2 et Thm. 7.6), on obtient domaines etoil � � � � f (ζ) dζ dζ f (ζ) − f (z) − f (z) dζ = dζ . ζ −z ζ −z ∂A− ∂A− ζ − z ∂A+ ∂A+ ζ − z � �� � � �� � =0 =2πi � ´ Dorenavant, nous utiliserons la notation suivante. Pour une fonction h : V → C ou` V ⊆ C ´ nous ecrirons ´ est non borne, (38) lim h(z) = b, z→∞ si, pour tout voisinage U de b dans C, il existe R > 0 t.q. h(z) ∈ U pour tout z ∈ V avec |z| ≥ R. Ci-dessous, on aura V = A− . ´ eme ` ´ Theor 10.4 (Decomposition de Laurent) Soit A := Ar,s (c) = A+ ∩ A− et f ∈ O(A). + + − Alors, il existe f ∈ O(A ) et f ∈ O(A− ) t.q. f (z) = f + (z) + f − (z) lim f − (z) = 0. pour tout z ∈ A, z→∞ ´ ´ Cette representation de f s’appelle la decomposition de Laurent de f dans A. Les fonctions f − et f + s’appellent respectivement la partie principale et la partie secondaire de f . ´ ´ par ces conditions. En plus, pour tout ρ ∈ ]r, s[ , on a Elles sont uniquement determin ees � 1 f (ζ) + f (z) = pour tout z ∈ Bρ (c), dζ 2πi ∂Bρ (c) ζ −z � 1 f (ζ) − pour tout z ∈ C \ Bρ (c). dζ f (z) = − 2πi ∂Bρ (c) ζ −z 85 ´ ´ Demonstration 10.4 La fonction fρ+ : Bρ (c) → C, definie, pour tout z ∈ Bρ (c), par � 1 f (ζ) + fρ (z) := , dζ 2πi ∂Bρ (c) ζ −z ´ 2.1 et Prop. 6.11). Pour σ ∈ ]ρ, s[ , d’apres ` le theor ´ eme ` satisfait fρ+ ∈ O(Bρ (c)) (utiliser Def. + + ´ integral de Cauchy pour des couronnes (cf. Thm. 10.2), on a fρ (z) = fσ (z) pour tout z ∈ ` ` Bρ (c), c.-a-d., il existe f + ∈ O(A+ ) t.q. f + (z) = fρ+ (z) pour tout z ∈ Bρ (c). De maniere − − − − analogue, il existe f ∈ O(A ) t.q. f (z) = fρ (z) pour tout z ∈ C \ Bρ (c), ou` la fonction ´ fρ− ∈ O(C \ Bρ (c)) est definie, pour tout z ∈ C \ Bρ (c), par � 1 f (ζ) − . dζ fρ (z) := − 2πi ∂Bρ (c) ζ −z ´ Alors, en utilisant la formule integrale de Cauchy pour des couronnes (cf. Thm. 10.3) pour � ´ a` c qui sont t.q. A� ⊆ A, on obtient que f = f + + f − dans toutes les couronnes A centrees A. Ensuite, en utilisant l’estimation standard (cf. Prop. 6.11), on trouve, pour tout z ∈ A− et r < σ < min{s, |z − c|}, que � � � f (ζ) � σ − � �≤ |f (z)| ≤ σ max � |f |∂Bσ (c) , � ζ∈∂Bσ (c) ζ − z |z − c| − σ ´ soient g ± ∈ O(A± ) t.q. f = d’ou` limz→∞ f − (z) = 0. Finalement, afin de montrer l’unicite, + − − + + g + g dans A et limz→∞ g (z) = 0. Alors, on a f − g = g − − f − dans A et donc, la ´ fonction h : C → C, definie par � f + (z) − g + (z), z ∈ A+ , h(z) := g − (z) − f − (z), z ∈ A− , ´ eme ` de Liouville (cf. Thm. satisfait h ∈ O(C) et limz→∞ h(z) = 0. Alors, h est borne´ et le theor + + − − ` 8.6) implique que h = 0 dans C, c.-a-d., f = g et f = g . � ´ ˆ d’ordre m ∈ N∗ en c, la representation de Prop. Remarque 10.5 Si f ∈ O(D \ c) a un pole ´ ` 9.8 est la decomposition de Laurent dans A = A0,s (c) = Bs (c) \ c ⊆ D (c.-a-d., A+ = Bs (c) et A− = C \ c), ou` f + = f˜ ∈ O(A+ ), f − (z) = m � n=1 bn ∈ O(A− ) (z − c)n et lim f − (z) = 0. z→∞ ´ Par la suite, nous utiliserons les series ”doublement infinies”. ´ ´ Definition 10.6 Soit {fn }n∈Z une famille de fonctions fn : D → C. La serie ´ definie par ∞ � n=−∞ fn := −1 � n=−∞ 86 fn + ∞ � n=0 fn , �∞ n=−∞ fn est (39) ´ ou` nous utilisons la definition −1 � fn := lim N →∞ n=−∞ −1 � fn . n=−N ´ ´ ´ Les notions de convergence sont definies separ ement p.r. aux deux termes �∞ �−1 de (39) �(p.ex., ∞ ´ ´ on dit que la serie n=−∞ fn converge normalement ssi les series n=−∞ fn et n=0 fn convergent normalement). ´ ´ A present, nous arrivons aux series de Laurent. ´ ´ Definition 10.7 Une serie de fonctions de la forme ∞ � an (z − c)n n=−∞ ´ ´ s’appelle une serie de Laurent, et les series −1 � n=−∞ an (z − c) n et ∞ � n=0 an (z − c)n ´ s’appellent respectivement la partie principale et la partie secondaire de la serie de Laurent. ´ ´ ` ´ eralis ´ ´ ´ eralisation ´ ´ eme ` Les series de Laurent sont des series entieres gen ees. La gen du theor ´ de Cauchy-Taylor (cf. Thm. 7.10) aux series de Laurent est la suivante. ´ eme ` ´ eme ` ´ Theor 10.8 (Theor du developpement de Laurent) Soient c ∈ C et 0 ≤ r < s ≤ ´ ´ de Laurent ∞ et soit A := Ar,s (c). Alors, tout f ∈ O(A) est developpable en une unique serie ` qui converge normalement vers f dans A, c.-a-d., pour tout z ∈ A, on a f (z) = ∞ � n=−∞ an (z − c)n . ´ ´ ´ par En plus, pour tout n ∈ Z, les coefficients de developpement sont donnes 1 an = 2πi � dζ ∂Bρ (c) f (ζ) , (ζ − c)n+1 (40) ´ ´ ou` r < ρ < s est quelconque. Ce developpement s’appelle le developpement de Laurent de f dans A autour du point c. ´ ´ Demonstration 10.8 Soit f = f + + f − la decomposition de Laurent de f dans A = A+ ∩ A− ` le theor ´ eme ` (cf. Thm. 10.4). D’apres de Cauchy-Taylor (cf. Thm. 7.10), la partie secondaire + + ´ ´ ` ` f ∈ O(A ) est developpable en une serie entiere, c.-a-d., pour tout z ∈ A+ , on a f + (z) = ∞ � n=0 an (z − c)n . 87 ´ Ensuite, comme l’application ϕ : B1/r (0) \ 0 → A− , definie, pour tout w ∈ B1/r (0) \ 0, par 1 , w ´ est biholomorphe ayant pour bijection reciproque ϕ−1 (z) = 1/(z − c) pour tout z ∈ A− , la ´ fonction g : B1/r (0) \ 0 → C, definie, pour tout w ∈ B1/r (0) \ 0, par ϕ(w) := c + g(w) := f − (ϕ(w)), satisfait g ∈ O(B1/r (0) \ 0). En plus, comme limz→∞ f − (z) = 0, on a limw→0 g(w) = 0, et alors, ` le theor ´ eme ` d’apres de prolongement de Riemann (cf. Thm. 9.3), la fonction g˜ : B1/r (0) → C, ´ definie par � g(w), w ∈ B1/r (0) \ 0, g˜(w) := 0, w = 0, ` le theor ´ eme ` ´ de Cauchy-Taylor, g˜ est developpable en satisfait g˜ ∈ O(B1/r (0)). Alors, d’apres ´ ` qui converge normalement dans B1/r (0), c.-a-d., ` une serie entiere pour tout w ∈ B1/r (0), on ´ peut ecrire que g˜(w) = ∞ � bn w n . n=1 ´ Comme f (z) = g(ϕ (z)) = g(1/(z − c)) pour tout z ∈ A− , on obtient le developpement − −1 − f (z) = ∞ � n=1 bn (z − c)n qui converge normalement vers f − dans A− . En posant a−n := bn pour tout n ∈ N∗ , on ´ trouve, pour tout z ∈ A, la serie de Laurent normalement convergente f (z) = ∞ � n=−∞ an (z − c)n . ´ ´ ´ Finalement, afin de pouvoir determiner ses coefficients, considerons, pour tout n ∈ Z, les ´ equations −1 ∞ � � f (z) i = a (z − c) + ai+n+1 (z − c)i i+n+1 (z − c)n+1 i=−∞ i=0 ´ ˆ a` la convergence normale que nous pouvons integrer terme a` terme le long de ∂Bρ (c) grace ´ (cf. Rem. 6.13). En utilisant Thm. 6.6, il en resulte que, pour tout n ∈ N, � f (ζ) = 2πian . dζ (ζ − c)n+1 ∂Bρ (c) � ` rarement possible de calculer les coefficients ´ Comme il n’est que tres de Laurent par la ´ ´ formule (40), on essaie souvent d’utiliser des series de Taylor connues pour determiner la ´ serie de Laurent. 88 ´ pour tout z ∈ C \ {±i}, par Exemple 10.9 Soit f ∈ O(C \ {±i}) donne, 1 f (z) := . 1 + z2 ´ Pour tout c ∈ H, soient r := |c − i| et s := |c + i|. Alors, la decomposition de Laurent est ´ ´ ´ ements ´ ` aisement obtenue par la decomposition en el simples, c.-a-d., pour tout z ∈ A := ´ Ar,s (c), on peut ecrire que f (z) = 1 1 1 1 − , z + �i �2i z��− �i � 2i�� =:f − (z) et alors, on obtient que f ± ∈ O(A± ). =:f + (z) A i r c s −i ´ ´ etrique, ´ En utilisant la serie geom on trouve que, pour tout z ∈ A+ = Bs (c), ∞ � 1 (−1)n+1 1 1 f (z) = − = (z − c)n , n+1 2i(i + c) 1 + z−c 2i (i + c) i+c n=0 + et que, pour tout z ∈ A− = C \ Br (c), −1 � 1 1 1 1 = (z − c)n . f (z) = i−c n+1 2i(z − c) 1 − z−c 2i (i − c) n=−∞ − 10.2 ´ es ´ des series ´ Propriet de Laurent ´ ´ es ´ el ´ ementaires ´ ´ ` ´ Par la suite, nous transfererons des propriet des series entieres aux series ´ ´ de Laurent. En plus, nous verrons que le developpement de fonctions holomorphes en series ´ isolees ´ ´ de Laurent au voisinage de singularites permet une caracterisation simple du type ´ de singularite´ a` l’aide des coefficients de Laurent. � n ´ de�Laurent ∞ Pour toute serie n=−∞ an (z − c) , on appelera s le rayon de convergence de sa n ´ ` partie secondaire ∞ ˜ le rayon de convergence de la serie entiere n=0 an (z − c) et r ∞ � n=1 et on posera r := 1/˜ r. a−n wn , 89 ´ eme ` Nous commenc¸ons par le theor suivant. ´ eme ` ´ eme ` ´ Theor 10.10 (Theor de convergence pour les series de Laurent) ´ (a) Si r < s, la serie de Laurent ∞ � n=−∞ an (z − c)n converge normalement dans A := Ar,s (c) vers une fonction f ∈ O(A). Par contre, elle ne converge nulle part dans C \ A. ´ de Laurent ne converge dans aucun sous-ensemble ouvert non vide (b) Si r ≥ s, la serie de C. ´ ´ respectiveDemonstration 10.10 Les fonctions f + : Bs (c) → C et g : Br˜(0) → C, definies, ment pour tout z ∈ Bs (c) et pour tout w ∈ Br˜(0), par + f (z) := ∞ � n=0 n an (z − c) , g(w) := ∞ � n=1 a−n wn , ´ satisfont f + ∈ O(Bs (c)) et g ∈ O(Br˜(0)). Alors, la serie −1 � n=−∞ an (z − c)n converge normalement dans C \ Br (c) vers f − (z) := g(1/(z − c)) ∈ O(C \ Br (c)). ´ de Laurent converge normalement dans Bs (c)∩(C\Br (c)) =: A (a) Si r < s, alors la serie + − vers f + f ∈ O(A). ´ ´ restants sont des consequences ´ ´ es ´ de convergence des Les enonc es directes des propriet ´ ` series entieres f + et g dans leurs disques de convergence (utiliser Thm. 4.5). � ´ ` que les series ´ Remarque 10.11 Dans la theorie des fonctions analytiques, on ne considere ´ ´ de Laurent avec r < s. Les series avec r ≥ s ne sont pas interessantes parce qu’il n’existe ` pas de regles de calcul raisonnables. �∞ � n n+1 = L, on aurait Exemple : Pour L := ∞ n=−∞ z , on a r = s = 1. Comme zL = n=−∞ z ´ ´ (z − 1)L = 0 (et on ne veut pas de diviseur de zero dans la theorie). ´ ´ ´ eme ` Pour les series de Laurent, on dispose egalement du theor suivant. ´ eme ` ´ eme ` ´ Theor 10.12 (Theor d’identite´ pour les series de Laurent) Soit c ∈ C et ρ > 0, et soient ∞ � n=−∞ ∞ � n an (z − c) , n=−∞ 90 bn (z − c)n (41) ´ ´ ˆ des series de Laurent qui convergent uniformement sur ∂Bρ (c) vers la meme fonction f . Alors, pour tout n ∈ Z, on a 1 an = b n = 2πρn � 2π dt f (c + ρeit )e−itn . 0 ´ ´ Demonstration 10.12 Comme f ∈ C(∂Bρ (c)), les integrales existent. En substituant f par ` serie ´ la premiere de Laurent dans (41) et en utilisant que nous avons le droit d’intervertir ´ l’integration et la sommation, on obtient, pour tout n ∈ Z, � 2π � 2π ∞ � it −itn k dr f (c + ρe )e = ak ρ dt e−it(n−k) = 2πan ρn . 0 k=−∞ �0 �� � = 2πδn,k ` analogue, en substituant f par la deuxieme ` ´ De maniere serie de Laurent dans (41), on n obtient 2πbn ρ . � ´ eme ` ´ Le theor du developpement de Laurent (cf. Thm. 10.8) nous fournit une nouvelle ap´ isolees ´ des fonctions holomorphes. proche pour la classification des singularitees ´ de f ∈ O(D \ c) et soit ´ eme ` Theor 10.13 Soit c ∈ D une singularite´ isolee ∞ � n=−∞ an (z − c)n ´ le developpement de Laurent de f dans Bs (c) \ c ⊆ D \ c avec s > 0 autour de c. Alors : (a) Le point c est une singularite´ effac¸able ssi an = 0 pour tout n < 0. ˆ d’ordre m ≥ 1 ssi an = 0 pour tout n < −m et a−m �= 0. (b) Le point c est un pole (c) Le point c est une singularite´ essentielle ssi an �= 0 pour un nombre infini de n < 0. ´ Demonstration 10.13 ´ ´ (a) Une singularite´ est effac¸able ssi il existe une serie de Taylor en c qui represente f. ´ ´ ssi Comme le developpement de Laurent est unique, cette existence est assuree an = 0 pour tout n < 0. ` Prop. 9.8, le point c est un pole ˆ d’ordre m ≥ 1 ssi, pour tout z ∈ D \ c, on a (b) D’apres f (z) = m � n=1 bn + f˜(z), (z − c)n ´ ´ ` autour d c. Mais ceci est le en une serie entiere ou` bm �= 0 et f˜ est developpable ˆ a` l’unicite´ du developpement ´ cas, grace de Laurent, ssi an = 0 pour tout n < −m et a−m = bm �= 0. ` (c) Le point c est une singularite´ essentielle ssi ni (a) ni (b) ne sont valables, c.-a-d., ssi an �= 0 pour un nombre infini de n < 0. � 91 Remarque 10.14 ` Thm. 10.13, les fonctions exp(1/z) et cos(1/z) ont une singularite´ essentielle (a) D’apres a` l’origine parce que 1 ez = ∞ � 1 1 , n n! z n=0 cos �1� z = ∞ � (−1)n 1 . 2n (2n)! z n=0 ´ de f ∈ O(D \ c), alors la partie (b) Nous notons que, si c ∈ D est une singularite´ isolee ´ principale du developpement de Laurent de f dans Bs (c) \ c ⊆ D \ c avec s > 0 autour de c satisfait f − ∈ O(C \ c). ´ ´ (c) Une serie de Laurent dans un disque epoint e´ B \ c de centre c est normalement ´ 9.16, comme serie ´ ´ convergente, dans le sens de Def. des fonctions meromorphes n fn (z) := an (z − c) ssi sa partie principale est finie (pour pouvoir satisfaire la condition ´ 9.16). (a) de Def. ´ (d) Les series de la forme ∞ � cn exp n=−∞ � 2πi ω nz � ´ s’appellent des series de Fourier. On peut montrer que toute fonction holomorphe ´ ` ´ ´ de periode ω (cf. Rem. 5.8 (a)) possede un developpement en une serie de Fourier ´ normalement convergente (en ecrivant une telle fonction f dans la forme f (z) = ´ F (exp(2πinz/ω)), ou` F est holomorphe dans une couronne ; le developpement de ´ Laurent de F fournit le developpement de Fourier de f ). 92 11 ´ Calculs des residus ` ` ´ a, ` beaucoup d’integrales ´ ´ ´ e´ evalu ´ ´ ´ Au 18ieme siecle dej reelles ont et ees par une re´ ecriture ´ dans le domaine complexe. Notamment Euler, Legendre et Laplace ont utilise´ cette methode ´ e´ fondee ´ de maniere ` rigoureuse. bien avant que l’analyse complexe ait et ´ eme ` ´ ´ eralisation ´ ´ eme ` ´ Le theor des residus ci-dessous est la gen naturelle du theor integral de ´ ´ Cauchy pour des fonctions holomorphes ayant des singularites isolees. 11.1 ´ Courbes simplement fermees ´ ´ e´ supplementaire ´ ´ Les courbes que nous considererons auront une propriet que nous decrirons a` l’aide de la notion suivante. ´ ´ dans C. La fonction indγ : C \ |γ| → C, definie, ´ Definition 11.1 Soit γ une courbe fermee pour tout z ∈ C \ |γ|, par 1 indγ (z) := 2πi � γ dζ , ζ −z s’appelle l’indice de γ p.r. a` z ∈ C \ |γ|. ´ γ est une mesure qui decrit ´ L’indice p.r. a` un point z ∈ C\|γ| d’une courbe fermee le ”nombre ´ par γ(t) autour de z” quand t parcourt l’intervalle de definition ´ de tours effectues I de γ. ´ ´ dans D. Proposition 11.2 Soit f ∈ O(D) sans zeros dans D et soit γ une courbe fermee Alors, on a � f � (ζ) ∈ 2πiZ. dζ f (ζ) γ En particulier, on a indγ (z) ∈ Z pour tout z ∈ C \ |γ|. ´ ´ Demonstration 11.2 Soit γ : I → D une courbe dans D avec point de depart c := γ(a) et ∗ ´ w := γ(b). Comme |γ| est compact, il existe n ∈ N avec point d’arrivee a =: t0 < t1 < . . . < tn−1 < tn := b et des disques B1 , . . . , Bn dans D t.q., pour tout i ∈ {1, . . . , n}, la courbe γi : [ti−1 , ti ] → C, ´ ` ´ definie par γi (t) := γ(t) pour tout t ∈ [ti−1 , ti ] (c.-a-d., la restriction de γ a` [ti−1 , ti ]), evolue ` dans Bi , c.-a-d., pour tout i ∈ {1, . . . , n}, on a |γi | ⊆ Bi . 93 D Bn γ(t1) w c B1 ´ dans D, on a f � /f ∈ O(D) (cf. Thm. 2.11 (b)), et alors, le theor ´ eme ` Comme f n’a pas de zero � ´ ´ integral de Cauchy (cf. Thm. 7.2) implique que f /f est C-integrable dans Bi pour tout i ∈ ´ ´ ´ {1, . . . , n}. En procedant comme dans Dem. 6.17, il en resulte que, pour tout ci ∈ Bi , tout ´ z ∈ Bi et toute courbe βi,z dans Bi de ci a` z, la fonction Fi : Bi → C, definie, pour tout z ∈ Bi , par � f � (ζ) Fi (z) := , dζ f (ζ) βi,z ´ par hi (z) := est une primitive de f � /f dans Bi . Alors, la fonction hi : Bi → C, definie −Fi (z) � ` Prop. f (z)e pour tout z ∈ Bi , satisfait hi (z) = 0 pour tout z ∈ Bi et donc, d’apres 2.30, hi est constant dans Bi . Comme f (z) �= 0 pour tout z ∈ D, il existe ai ∈ C avec ai �= 0 t.q., pour tout z ∈ Bi , f (z) = ai eFi (z) . En choisissant ci = γ(ti−1 ), z = γ(ti ) et βi,z = γi , on obtient, pour tout i ∈ {1, . . . , n}, que � �� f � (ζ) , f (γ(ti )) = f (γ(ti−1 )) exp dζ f (ζ) γi ou` nous avons utilise´ que Fi (ci ) = 0. Comme γ = γ1 + . . . + γn , on a exp �� f � (ζ) dζ f (ζ) γ � = n � i=1 exp �� f � (ζ) dζ f (ζ) γi � = n � f (γ(b)) f (w) f (γ(ti )) = = = 1, f (γ(t )) f (γ(a)) f (c) i−1 i=1 ` egalit ´ ´ nous avons utilise´ que γ est ferme. ´ Alors, d’apres ` Prop. 5.7, on ou, e, ` dans la derniere trouve � f � (ζ) ∈ ker(exp) = 2πiZ. dζ f (ζ) γ En particulier, pour le cas ou` z ∈ C \ |γ|, D = C \ z et f (ζ) = ζ − z pour tout ζ ∈ D, on obtient que indγ (z) ∈ Z. � 94 ´ es ´ supplementaires ´ Remarque 11.3 On peut facilement montrer que l’indice a les propriet suivantes : (a) Comme indγ ∈ C(C \ |γ|) et indγ (z) ∈ Z pour tout z ∈ C \ |γ|, l’indice est localement constant dans C \ |γ|. ´ dans C ayant le meme ˆ ´ (b) Si γ˜ est une courbe fermee point de depart que γ, alors, pour tout z ∈ C \ (|γ| ∪ |˜ γ |), on a indγ+˜γ (z) = indγ (z) + indγ˜ (z). Notamment, on a ind−γ (z) = −indγ (z) pour tout z ∈ C \ |γ|. ´ ´ A present, nous arrivons a` la definition de la classe des courbes que nous utiliserons par la suite. ´ dans C. Les ensembles ´ Definition 11.4 Soit γ une courbe fermee int(γ) := {z ∈ C \ |γ| | indγ (z) �= 0}, ext(γ) := {z ∈ C \ |γ| | indγ (z) = 0}, ´ ´ s’appellent l’interieur et l’exterieur de γ. En plus, γ s’appelle simplement ferme´ si int(γ) �= ∅, indγ (z) = 1 pour tout z ∈ int(γ). On peut facilement montrer que les courbes suivantes, qui seront suffisantes pour notre ´ ` sont des courbes simplement fermees ´ (cf. p.ex. Exr. 70 pour le calcul des residus ci-apres, cas de Prop. 11.5 (h)). ´ Proposition 11.5 Le bord ∂A de chacun des ensembles A qui suit peut se decrire par une ´ et on a int(γ) = A. courbe γ simplement fermee, (a) Disque (b) Segment circulaire (c) Triangle 95 (d) Rectangle (e) Secteur circulaire (f) Polygone convexe ` convexe ”arrondi” (g) Quadrilatere (h) Fer a` cheval circulaire ´ si les Remarque 11.6 On peut montrer qu’une courbe γ : [a, b] → C est simplement fermee conditions suivantes sont satisfaites : ` ´ (a) γ : [a, b) → C est injectif (c.-a-d., γ est homeomorphe au cercle S 1 ) ´ ` (b) L’interieur int(γ) (�= ∅) est ”a` gauche de γ”, c.-a-d., pour tout point t ∈ ]a, b[ avec γ � (t) �= 0, la droite R � s �→ γ(t) + siγ � (t) ∈ C, qui est orthogonale a` la tangente R � s �→ γ(t) + sγ � (t) ∈ C, a une intersection non vide avec int(γ) si s > 0 est suffisamment petit. 11.2 ´ eme ` ´ Theor des residus ´ de f ∈ O(D \ c) et soit ´ Definition 11.7 Soit c ∈ D une singularite´ isolee f (z) = ∞ � n=−∞ an (z − c)n ´ ` le developpement de Laurent de f dans Br (c) \ c pour un r > 0 t.q. Br (c) \ c ⊆ D \ c. D’apres ´ eme ` ´ le theor du developpement de Laurent (cf. Thm. 10.8), on a, pour tout 0 < ρ < r, � 1 a−1 = dz f (z), 2πi ∂Bρ (c) 96 ` ` integration ´ ´ c.-a-d., tout ce qui reste apres de f autour de c est le coefficient resc (f ) := a−1 . ´ ´ Ce coefficient s’appelle le residu de f au point c. ´ ´ es ´ suivantes. Les residus ont les propriet ´ de f ∈ O(D \ c). Proposition 11.8 Soit c ∈ D une singularite´ isolee (a) Soit f holomorphe en c. Alors, on a resc (f ) = 0. ˆ simple de f ∈ O(D \ c). Alors, on a (b) Soit c ∈ D un pole resc (f ) = lim(z − c)f (z). z→c ˆ d’ordre m ∈ N∗ et soit h le prolongement holomorphe de la fonction (c) Soit c ∈ D un pole (z − c)m f (z) en c. Alors, on a resc (f ) = h(m−1) (c) . (m − 1)! (d) Soit g ∈ O(D \ c). Alors, pour tout a, b ∈ C, on a resc (af + bg) = a resc (f ) + b resc (g). ´ Demonstration 11.8 ` le theor ´ eme ` ´ (a) D’apres integral de Cauchy (cf. Thm. 7.2), on a, pour tout f ∈ O(D), � 1 resc (f ) = dz f (z) = 0. 2πi ∂Bρ (c) ` Prop. 9.8, on peut ecrire ´ (b) D’apres que, pour tout z ∈ D \ c, f (z) = b1 + f˜(z), z−c ou` f˜ ∈ O(D). Alors, on trouve lim(z − c)f (z) = resc (f ) + lim(z − c)f˜(z) . � �z→c �� z→c =0 (c) Cf. Exr. 71 (d) Clair � 97 ´ ´ Remarque 11.9 Il n’existe pas de methode simple pour calculer les residus en des singula´ essentielles. rites ´ ´ eme ` ` A present, nous arrivons au theor principal de ce chapitre dont les applications sont tres nombreuses dans la pratique. ´ e, ´ γ une courbe simplement fermee ´ ´ eme ` ´ eme ` ´ Theor 11.10 (Theor des residus) Soient D etoil dans D et A un ensemble fini dans D t.q. aucun point ne se trouve sur γ. Alors, pour tout f ∈ O(D \ A), on a 1 2πi � dz f (z) = γ � resc (f ). c ∈A ∩ int(γ) Remarque 11.11 ´ eralisation ´ ´ eme ` ´ (a) On peut montrer la gen suivante du theor des residus : ` Soit D un ouvert non vide quelconque et soit γ homologue a` 0, c.-a-d., int(γ) ⊆ D. Alors, on a � � 1 dz f (z) = resc (f ) indγ (c). 2πi γ c ∈A ∩ int(γ) ´ ´ eme ` (b) La formule integrale de Cauchy (cf. Thm. 7.6) est un cas particulier du theor des ´ ´ e, ´ que ∂B residus. Pour B := Br (c) ⊆ B � := Bs (c) avec r < s, on a que B � est etoil ´ dans B � et que f (ζ)/(ζ − z) ∈ O(B � \ z) pour tout est une courbe simplement fermee z ∈ B. Alors, comme int(∂B) = B (cf. Thm. 7.6 et Thm. 7.2), on a � � � 1 f (ζ) f (ζ) = resz = lim f (ζ) = f (z), dζ ζ→z 2πi ∂B ζ −z ζ −z ˆ simple au point z. ou` nous avons utilise´ que f (ζ)/(ζ − z) a un pole ´ Demonstration 11.10 Soit A = {c1 , . . . , cN } pour un N ∈ N∗ et, pour tout i ∈ {1, . . . , N }, soient si > 0 t.q. les disques Bi := Bsi (ci ) satsifont B i ⊆ D et B i ∩ B j = ∅ pour tout i �= j. ´ Comme Bi \ ci = A0,si (ci ) et comme f ∈ O(Bi \ ci ) pour tout i ∈ {1, . . . , N }, la decomposition de Laurent (cf. Thm. 10.4) implique que la partie principale de la restriction fi a` Bi \ ci de f ´ eme ` ´ satisfait fi− ∈ O(C \ ci ). En plus, en utilisant le theor du developpement de Laurent (cf. − ˜ ´ Thm. 10.8), la fonction fi : C \ ci → C, definie, pour tout z ∈ C \ ci , par (i) f˜i− (z) := fi− (z) − a−1 /(z − ci ), ` ´ possede le developpement f˜i− (z) = ∞ � n=2 98 (i) a−n . (z − ci )n � (i) ` ´ Alors, f˜i− possede une primitive dans C \ ci (a` savoir la serie de Laurent − ∞ n=2 a−n /[(n − 1)(z − ci )n−1 ], cf. Thm. 10.10 et Rem. 8.10 (c)) d’ou, ` pour tout i ∈ {1, . . . , N }, on obtient � � � dz (i) (i) − − ˜ dz fi (z) = dz fi (z) +a−1 = 2πi a−1 indγ (ci ). γ γ z − ci � γ �� � =0 Comme f − �N fi− ∈ O(D), nous arrivons a` � � � � N N � � fi− (z) = dz f (z) − 0 = dz f (z) − i=1 γ γ i=1 � i=1 dz fi− (z) � γ �� � . = 2πi resci (f ) indγ (ci ) � Remarque 11.12 ´ ebres ` ´ eme ` ´ (a) Une des applications les plus cel du theor des residus est la suivante. ´ e, ´ γ une courbe simple´ eme ` Theor 11.13 (Principe de l’argument) Soient D etoil ´ dans D et f ∈ M(D) ayant un nombre fini N de zeros ´ ment fermee et un nombre fini ˆ ´ avec leur multiplicites). ´ Alors, on a P de poles dans D \ |γ| (comptes � 1 f � (z) = N − P. dz 2πi γ f (z) ´ ´ Demonstration 11.13 Ceci est une consequence du fait que, si une fonction g est ´ d’ordre n en c, alors, on a resc (g � /g) = n (cf. holomorphe au point c et a un zero ˆ d’ordre n en c, on a Thm. 7.10 et Prop. 11.8 (c)). En plus, si une fonction g a un pole resc (g � /g) = −n (cf. Thm. 9.6 (b) et Prop. 11.8 (c)). � ´ 1862 ; Estermann, 1962) : (b) On peut montrer le corollaire suivant de (a) (Rouche, ´ eme ` ´ eme ` ´ Soient f, g ∈ O(D) et γ une courbe simTheor 11.14 (Theor de Rouche) ´ qui est homologue a` 0 dans D (cf. Rem. 11.11 (a)). Alors, si, pour plement fermee tout z ∈ |γ|, on a |f (z) + g(z)| < |f (z)| + |g(z)|, ˆ ´ ´ ´ 11.4). f et g ont le meme nombre de zeros a` l’interieur de γ (cf. Def. 11.3 ´ ´ ´ Integration reelle par le calcul des residus ´ ´ ´ egante ´ ´ ´ ´ Le calcul des residus est une methode el pour determiner des integrales reelles qui ´ principale est simple: l’intervalle reel ´ d’integration ´ n’ont pas de primitives explicites. L’idee 99 ´ γ dans le plan complexe et la fonction a` integrer ´ est plonge´ dans une courbe fermee est ´ dans le domaine de frontiere ` γ par une fonction y etant ´ prolongee holomorphe a` des singu´ isolees ´ pres. ` L’integrale ´ ´ a` l’aide du theor ´ eme ` laritees le long de γ est ensuite calculee des ´ ´ residus. Cependant, il n’existe pas d’algorithme qui permettrait de determiner la ”meilleure” courbe γ. ´ ´ ´ Par la suite, nous illustrerons cette methode par le calcul de trois classes d’integrales reelles ´ ´ souvent utilisees dans la pratique. Nous commenc¸ons par la classe des integrales trigo´ nometriques. ˆ ´ ´ eme ` Theor 11.15 Soient P, Q : C2 → C des polynomes en deux variables a` coefficients 2 2 complexes et soit Q(x, y) �= 0 pour tout x, y ∈ R avec x + y = 1. Alors, pour la fonction rationnelle R = P/Q, on a � 2π dt R(cos t, sin t) = 2π 0 � ˜ resw (R), w∈E ˜ ou` nous avons utilise´ la notation R(z) := R([z + 1/z]/2, [z − 1/z]/(2i))/z. ´ ´ Demonstration 11.15 Soit γ : [0, 2π] → C defini par γ(t) := eit pour tout t ∈ [0, 2π]. Alors, comme cos t = [γ(t) + 1/γ(t)]/2 et sin t = [γ(t) − 1/γ(t)]/(2i) pour tout t ∈ [0, 2π], on a 1 i � � z + z1 z − , dz R 2 2i ∂E 1 z � 1 1 = z i � 2π dt R(cos t, sin t) 0 1 iγ(t). γ(t) ´ eme ` ´ ´ ´ En utilisant le theor des residus (cf. Thm. 11.10) et Prop. 11.5 (a), on arrive a` l’enonc e. � Exemple 11.16 Soit p ∈ C avec |p| �= 1. Alors, on a � � 2π 1 , 1 dt 1−p2 = 1 2π 0 1 − 2p cos t + p2 , p2 −1 |p| < 1, |p| > 1. ´ Demonstration 11.16 En utilisant les notations de Thm. 11.15, nous posons R(x, y) := 1/(1 − 2px + p2 ), d’ou` on obtient ˜ R(z) = 1 1 − pz − p z 1 1 = . + p2 z (z − p)(1 − pz) ˜ et (cf. Prop. 11.8 (b)) ˆ simple de R Cas |p| < 1 : Le point p ∈ E est l’unique pole ˜ = lim (z − p)R(z) ˜ resp (R) = z→p 100 1 . 1 − p2 ˜ et ˆ simple de R Cas |p| > 1 : Le point 1/p ∈ E est l’unique pole � � 1 1 ˜ ˜ = lim z − R(z) = 2 . res1/p (R) z→1/p p p −1 � ´ ´ Par la suite, nous evaluerons une certaine classe d’integrales impropres en utilisant le ´ calcul des residus. ´ eme ` Theor 11.17 Soit D t.q. H := H ∪ R ⊆ D, soit A un ensemble fini t.q. A ⊆ D \ R et soit ` f ∈ O(D \ A). En plus, nous supposons que les hypotheses � ∞ (a) dx f (x) < ∞ −∞ (b) limz→∞ zf (z) = 0 (cf. (38)) ´ ` suivante : sont satisfaites. Alors, l’integrale impropre peut se calculer de la maniere � ∞ dx f (x) = 2πi −∞ � resw (f ) w∈H ´ ´ Demonstration 11.17 Soit r > 0 et soit γr : [0, π] → H defini par γr (t) := reit pour tout ´ de f se trouvent a` l’interieur ´ t ∈ [0, π]. Si r > 0 est suffisamment grand, toutes les singularies ` du disque de rayon r centre´ a` l’origine, c.-a-d., on a que A ⊆ Br (0). γr c1 c2 c3 c4 −r c5 r c6 cN Br (0) ´ eme ` ´ ´ En utilisant le theor des residus (cf. Thm. 11.10) et Prop. 11.5 (b), on peut ecrire que � � r � dx f (x) + dz f (z) = 2πi resw (f ). (42) −r γr w∈H ` l’estimation standard (cf. Prop. 6.11), on a D’apres �� � � � � dz f (z)� ≤ πr|f |γr , � � γr 101 ` ´ et donc, l’hypothese (b) implique que cette integrale ne contribue pas dans la limite ou` r → ∞ parce que lim r|f |γr = 0. r→∞ ` ´ Alors, en utilisant l’hypothese (a), nous arrivons a` l’enonc e´ en prenant la limite r → ∞ de ´ l’equation (42). � Exemple 11.18 Soit n ∈ N. Alors, on a � ∞ −∞ π (2n)! dx = 2n . 2 n+1 (1 + x ) 2 (n!)2 ´ ´ Demonstration 11.18 Pour D = C et A = {±i}, soit f ∈ O(D \ A) defini, pour tout z ∈ C \ {±i}, par f (z) := 1 1 = . (1 + z 2 )n+1 (z − i)n+1 (z + i)n+1 ` Comme les hypotheses (a) et (b) de Thm. 11.17 sont satisfaites, il nous reste a` calculer le ´ ´ ˆ d’ordre n + 1 de f , nous obtenons de Prop. 11.8 residu au point i ∈ H. Ce point etant un pole (c) que � � 1 dn �� 1 dn �� (2n)! 1 n+1 resi (f ) = (z − i) f (z) = (z + i)−(n+1) = −i . � � n n n! dz z=i n! dz z=i (n!)2 22n+1 Alors, nous trouvons que � ∞ −∞ π (2n)! dx = 2πi resi (f ) = 2n . 2 n+1 (1 + x ) 2 (n!)2 � ` ˆ Les hypotheses de Thm. 11.17 peuvent etre affaiblies si f (z) = g(z)eiaz pour un a ∈ R. ´ eme ` Theor 11.19 Soit A un ensemble fini t.q. A ⊆ C \ R, soit a ∈ R et soit g ∈ O(C \ A). En ` plus, nous supposons que l’hypothese (a) limz→∞ g(z) = 0 est satisfaite. Alors : � ∞ −∞ dx g(x)e iax �� resw (geiaz ), = 2πi � iaz −w∈H resw (ge ), w∈H 102 a>0 a<0 ´ ´ Demonstration 11.19 Soit a > 0 et considerons le rectangle Q suivant : γ2 γ3 q = r+s Q c2 c c4 5 c 3 c1 cN −r γ1 s ´ de g dans H se Ensuite, soient r, s > 0 suffisamment grands t.q. toutes les singularites ´ ´ eme ` ´ trouvent a` l’interieur de Q. En utilisant le theor des residus (cf. Thm. 11.10) et Prop. ´ 11.5 (d), on peut ecrire que � s 3 � � � iax dx g(x)e + dz g(z)eiaz = 2πi resw (geiaz ), −r i=1 γi w∈H ´ et nous voulons montrer que, dans la limite r, s → ∞, les integrales le long des courbes γ1 , ´ γ2 et γ3 tendent vers zero. Courbe γ1 : Nous commenc¸ons par noter que, pour tout u, v ∈ C([a, b]), on a l’estimation (plus forte que l’estimation standard) � b � b dt |u(t)||v(t)| ≤ sup |u(t)| ds |v(s)|. t∈[a,b] a a ´ ee ´ par γ1 (t) := s + it pour tout t ∈ [0, q], on obtient Alors, pour la courbe γ1 , parametr � � q �� � q � � 1 iaz −at � dz g(z)e � ≤ dt |g(s + it)|e ≤ |g|γ1 dt e−at ≤ |g|γ1 . � � a γ1 0 � 0 �� � = (1−e−aq )/a ` analogue, on trouve egalement ´ que Courbe γ3 : De maniere �� � � � � dz g(z)eiaz � ≤ 1 |g|γ3 . � � a γ3 ´ Courbe γ2 : En definissant (−γ2 )(t) := t + iq pour tout t ∈ [−r, s], l’estimation standard (cf. Prop. 6.11) implique que �� � � � � dz g(z)eiaz � ≤ (r + s)|geiaz |γ2 ≤ (r + s)|g|γ2 sup |eiaz | = |g|γ2 qe−aq ≤ |g|γ2 , � � ���� z∈|γ2 | γ2 = e−aIm(z) ` inegalit ´ ` ` que q devient suffisamment grand. ou` la derniere e´ est vraie si q ≤ eaq , c.-a-d., des ` l’hypothese ` (a), on a, pour tout i ∈ {1, 2, 3}, Finalement, d’apres lim |g|γi = 0, r,s→∞ ´ ` le carre´ dans le demi-plan et on arrive a` l’enonc e´ pour le cas ou` a > 0. Si a < 0, on considere ´ inferieur −H := {z ∈ C | Im(z) < 0} (a` noter que, de nouveau, aq > 0 car q < 0). � 103 Remarque 11.20 ´ (a) L’integrale de Thm. 11.19 vue comme fonction de a ∈ R s’appelle le transformation de Fourier de g au point a. ´ 11.19, il n’est pas approprie´ de remplacer le chemin rectangulaire par un (b) Dans Dem. ´ 11.17). Les estimations seraient chemin en forme de demi-cercle (comme dans Dem. ´ et on n’obtiendrait que l’existence de plus compliquees � r lim dx g(x)eiax r→∞ ce qui n’implique pas l’existence de −r �∞ −∞ dx g(x)eiax . ´ Nous terminons ce cours par le calcul de l’integrale suivante. Exemple 11.21 En utilisant Thm. 11.19, nous obtenons facilement que � ∞ x π dx e2ix = i 2 . 2 1+x e −∞ ´ ´ Demonstration 11.21 Soient A := {±i} et a := 2 > 0 et soit g ∈ O(C \ A) defini, pour tout z ∈ C \ {±i}, par g(z) := z z . = 1 + z2 (z − i)(z + i) ` ´ Comme l’hypothese (a) de Thm. 11.19 est satisfaite, il nous reste a` calculer le residu au ´ ˆ simple de g. En utilisant Prop. 11.8 (b), on obtient point i ∈ H, ce point etant un pole resi (ge2iz ) = lim(z − i)g(z)e2iz = z→i 1 , 2e2 et alors, on arrive a` � ∞ −∞ dx x π e2ix = 2πi resi (ge2iz ) = i 2 . 2 1+x e � (Da Capo al) Fine. 104 ´ erences ´ ´ e´ utilisees ´ ´ ´ erence ´ Voici quelques ref qui ont et pour la redaction de ce cours, la ref ´ principale etant [4]. ´ erences ´ Ref [1] Ahlfors L 1979 Complex analysis (McGraw-Hill) [2] Conway J B 1978 Functions of one complex variable (Springer) [3] Knopp K 1999 Theory of functions (Dover) [4] Remmert R 1991 Theory of complex functions (Springer) 105
© Copyright 2024