Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion Département des Sciences de Gestion Deuxième année Sciences de Gestion Cours : Economie d’entreprise Responsable : Dr Arabi Chapitre I : Les multiples dimensions de l’entreprise Quelques définitions 1ère « l’entreprise est l’agent économique dont la fonction principale est la production de biens et services destinés à être vendus sur un marché » 2ème « l’entreprise est un corps social ayant une fin économique : la production » 3ème « l’entreprise est une affaire commerciale ou industrielle dirigée par une personne physique ou morale privée, unité économique de production » 4ème « une entreprise est une organisation qui met en œuvre différents moyens, appelés facteurs de production, de façon optimale pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés pour la production ou la commercialisation de biens ou de services ». L’entreprise, unité de production L’entreprise est une unité de création de richesse que l’on mesure par la valeur ajoutée. Par l’opération de production, l’entreprise transforme des flux d’entrée (Intrants ou Inputs) en flux de sortie (Extrants ou outputs). Les intrants peuvent être classés en trois catégories : - Le travail fourni par le personnel de l’entreprise - Le capital technique : bâtiments, matériels ……..etc. - Les consommations intermédiaires c’est matières premières, produits semi-finis, énergie…..ou les services (publicité, transport, …etc.) incorporés au processus de production. L’entreprise, unité de répartition Elle présente aussi une fonction d’utilité sociale car elle distribue des revenus. La richesse, ainsi créée est répartie grâce au partage de la valeur ajoutée (l’entreprise crée une valeur ajoutée quand la valeur de sa production est supérieure à la valeur des biens et services qu’elle a consommés) entre: · La rémunération du travail, · La rémunération du capital (par les dividendes versés aux actionnaires), · Le paiement des impôts à l’Etat et de cotisations aux organismes sociaux, · L'autofinancement (part de la VA que l’entreprise affecte à son propre développement). 1 Une fois les richesses sont crées, l’entreprise distribue les rémunérations aux agents qui ont participé à la réalisation de la production. - Le personnel reçoit le salaire - L’Etat, les organismes sociaux perçoivent les impôts et les cotisations sociales - Les prêteurs reçoivent des intérêts - Les apporteurs de capitaux reçoivent les dividendes - L’entreprise garde pour elle même les revenus non distribués. L’entreprise, organisation sociale L’entreprise est un lieu où se rencontre un groupe d’individus appelé encore acteurs sociaux. Les individus impliqués dans l’entreprise sont porteurs: · De compétences diverses et de savoir faire multiples; · D'aspirations, d’intérêts, d’exigences individuelles et collectives. Il faut donc assurer la cohérence du réseau en supposant la communauté d’objectifs entre les participants à l’organisation, la mise en place de procédures de coordination, de coopération et de communication. L’entreprise, système politique L’organisation est un lieu d’affrontements, d’antagonismes, de conflits liés à des ambitions personnelles ou à des oppositions d’intérêts collectifs. 2 II- L’approche systématique de l’entreprise Si la vision analytique (classique) est valable pour des choses simples elle perd de sa pertinence lorsque les éléments ne sont pas isolés et lorsqu’il y a interactions. Dans l’analyse systémique on va considérer les interactions entre les éléments qui constituent eux-mêmes un ensemble étudié. L’intérêt de considérer l’organisation comme un système montre que l’organisation est plus importante que la somme de ses parties. Le concept de système rend compte de la diversité des organisations. A. Qu’est ce qu’un système ? Un système est un ensemble d’éléments liés logiquement entre eux, qui, réunis, concurrent à la réalisation d’un objectif commun. Cette démarche systémique qui considère l’organisation comme un ensemble complexe d’éléments en interaction, distinct de son environnement avec lequel il peut être en relation, met en évidence plusieurs dimensions complémentaires de l’entreprise. Un système est composé d’éléments en interaction il ne s’agit pas d’une simple juxtaposition d’éléments mais d’un ensemble organisé de façon cohérente en fonction d’un but. B. Les caractéristiques du système l’entreprise Structuré : ce qui implique un ordre et une hiérarchie Finalisé : les éléments du système sont en interaction dynamique vers un but. Frontière : tout système est séparé de son environnement par une frontière qui le délimite. Eléments : plus il y a d’éléments plus le système est complexe. Plus ils sont variés plus le système est complexe. Plus il y a interaction entre les éléments plus le système est complexe, chacun des éléments va donner un état au système. Ils peuvent être dans des états différents dans le temps. Il en va de même pour le système dans son ensemble. Ils peuvent être classés en catégories. Variable d’entrée : éléments qui viennent de l’environnement et qui vont agir sur le système. Variable de sortie : viennent du système et vont agir sur l’environnement. Variable d’état : information sue le fonctionnement du système. Variable de commande : éléments chargés de réguler le système. Liaison : entre les éléments du système peuvent s’échanger des informations, des capitaux, des flux de différente nature qui participent à la régulation. Fonctionnement : tout système fonctionne. En fonctionnant le système génère des variables, des flux et va connaître des états. C.L’entreprise est un système (Forester). L’entreprise est composée de différents éléments qui sont les hommes, les machines, les différents actifs de l’entreprise (matériels ou immatériels) ces éléments sont hétérogènes. Ils sont nombreux, divers et entretiennent de nombreuses relations. Donc le système est complexe. Cette complexité lui donne une capacité d’adaptation. L’organisation est un système social ouvert. Dans tout système il a des liaisons : Informationnelle ou flux d’informations : ces flux se manifestent lors de prise de décisions ou communication. 3 Flux matériel : flux physique (marchandises, matières….). Flux monétaire : financier, de capitaux que l’on retrouve lors des achats, d’investissement, de placement…. Variables d’entrée : les entrants (input) : matières premières, main d’oeuvre, infos sur la concurrence…. Variables de sortie : les sortants (output) : produits finis. Variables d’état : information sur le système : le résultat. Variables de commande : régulation : décision de formation, de licenciement. L’entreprise est système ouvert : comme tout système, l’entreprise a une frontière. Il est ouvert c'est-à-dire qu’elle entretien des relations avec son environnement ce qui explique des variables d’entrée et de sortie. Les différents échanges de l’entreprise avec son environnement déterminent son fonctionnement. L’entreprise puise dans son environnement des hommes, des ressources matérielles et va lui fournir les résultats de son activité, c'est-à-dire des revenus, des déchets, des produits…. L’entreprise est un système finalisé : elle poursuit des objectifs : profit, puissance pérennité ; L’entreprise n’atteint pas toujours des résultats escomptés, c’est pourquoi il faut la réguler. L’entreprise est un système organisé, c'est-à-dire qu’entre tous les éléments sont définis des résultats plus ou moins formels. Il existe dans le système des relations entre subordonnés à supérieurs donc système hiérarchisé. L’entreprise est un système coordonné : Elle s’organise pour atteindre ses objectifs ; définition de plan d’action, de budgets. L’entreprise est un système hiérarchie Elle se dole de structures d’exécution, de direction et de contrôle. L’entreprise est un système vivant L’entreprise est une organisation vivante qui naît, se développe et disparaît. L’entreprise est composée de sous systèmes : - de production, de décision, d’information, d’exploitation, physique, financier. Chacun des sous-systèmes peut lui-même être subdivisé en sous systèmes qui entretiennent entre eux des relations : La régulation L’entreprise est un système de régulation dont chaque module traverse l’organisation et concourt au but commun : produire des biens ou des sources avec une optique économique La régulation peut se faire par : • Par anticipation : c’est une régulation de long terme et stratégique. Par anticipation on va éviter que le système soit inadapté, il s’agit de traiter les perturbations de l’environnement avant qu’elles n’affectent le système. Il est indispensable de disposer des informations qui ont été collectées afin de prévoir des éventuelles perturbations. Cette régulation par anticipation est indispensable lorsque les délais d’adaptation de l’entreprise sont longs : difficile, coûteuse. Toutes les infos ne sont pas forcément disponibles. Cette régulation doit être complétée par la régulation par alerte. • Par alerte : les perturbations ont affecté le fonctionnement interne de l’entreprise d’où des mesures correctives. L’entreprise y a recours lorsqu’elle n’a pas su ou pas pu anticiper. 4 Lorsque les perturbations sont internes ou lorsque enfin ses délais de réactions sont rapides. • Par erreur : à court terme et dans le domaine de l’exploitation. L’entreprise a des résultats, on les compare aux objectifs puis on calcule des écarts, puis on cherche à comprendre d’où viennent ces écarts. Une fois les raisons trouvées, le système met en oeuvre les modifications. Cette régulation est fréquente et permet de palier aux insuffisances des deux autres modes de régulation. • L’autorégulation : système automatisé. Le système va se trouver en équilibre permanent ou avoir un fonctionnement régulier. Chaque élément de ce système ne peut avoir qu’un nombre limité de comportements. Le nombre de relations entre ces systèmes est réduit (chaîne….). Dans l’entreprise ces quatre modes de régulation existent et sont utilisés simultanément. Chapitre III. L’entreprise et son environnement I. Généralités sur l’environnement de l’entreprise Définition : 5 L’entreprise est un système ouvert ; elle entretient des relations constantes avec son environnement. Celui-ci est constitué de tous les éléments extérieurs à l’entreprise qui ont une influence sur elle. L'environnement peut se définir comme "l'ensemble des forces extérieures qui agissent et réagissent au profit et à l'encontre de l'entreprise. Il regroupe tous les facteurs sociologiques, économiques, juridiques et technologiques, qui ont une incidence sur la vie de l'entreprise". II. Typologie des environnements Traditionnellement, on distingue : A. un Macro-Environnement : c’est un environnement général ou lointain de l’entreprise qui intègre les aspects, sociologiques, économiques, juridiques, techniques… tant nationaux qu’internationaux (PESTEL) L'environnement général sur lequel l'entreprise a des moyens d'actions limités ou nuls est constitué par: · Environnement Economique: Prix des matières premières, taux d'intérêt, taux d'inflation, niveaux des salaires constituent des contraintes qui conditionnent le chiffres d'affaires, la productivité, les bénéfices. 6 · Environnement politico légal: Le gouvernement intervient en émettant des lois et des règlements pour: Renforcer l'efficacité économique en remédiant aux défaillances Redistribuer les revenus Poursuivre des objectifs sociaux (sécurité de travail, smig, anti pollution…), · Environnement éthique: Concerne la base du comportement moral de l'entreprise. L'éthique du monde des affaires dépend de l'éthique personnelle (honnêteté, sens de la justice…) et de l'éthique corporative (respect de l'employé, normes équitables…), · Environnement Technologique: Impose de s'adapter aux innovations pour être davantage efficace. Cet environnement concerne les techniques et procédés de transformation mais aussi de nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) (exp: l'informatique, la bureautique, les images virtuelles, Internet ), · Environnement social: Se traduit, en tant que force d'influence, à travers l'évolution du comportement de consommation, la croissance démographique, les groupes d'âge de la population, les classes sociales... · Environnement international: les différentes composantes du macro-économiques peuvent être nationales ou internationales. B. un Microenvironnement : c’est un environnement spécifique ou immédiat de l’entreprise constitué de ses clients, ses fournisseurs, ses sous-traitants, ses concurrents… Le Microenvironnement de l’entreprise est constitué par ses partenaires sur le marché. L’entreprise désirant connaître son environnement spécifique doit apprécier les différents aspects concernant. Cette étude de l’environnement spécifique constitue le contenu essentiel des études de marché qui sont réalisées par les entreprises. III- Les relations entre l’entreprise et son environnement A- l’entreprise, système ouvert sur son environnement L’entreprise ne peut pas vivre en vase clos : pour exister et survivre il lui est indispensable d’échanger avec son fonctionnement. Ce système puise dans son environnement les moyens de fonctionner (travail, capitaux ressources naturelles, informations) et vend à ses clients ce qu’il a produit. . B- les relations économiques et sociales entre l’entreprise et ses environnements L’entreprise bénéficie de facteurs extérieurs positifs et de services publics, et subit des éléments négatifs et des contraintes de la part de son environnement. De façon symétrique, 7 l’environnement enregistre les retombées des actions de l’entreprise, retombées positives ou négatives, selon les acteurs qui les subissent et le point de vue où l’on se place. On parle aussi d’externalités positives et négatives. On peut dire qu’il ya deux types d’interactions (de situations) a. L’entreprise doit s’adapter à son environnement Les différentes composantes de l’environnement des entreprises évoluent : la concurrence se mondialise, la demande des consommateurs change rapidement, les technologies, les sciences progressent, les événements politiques et économiques s’enchaînent et la réglementation se modifie. Les entreprises se doivent d’adapter leur stratégie en fonction de l’évolution des composantes de l’environnement. Elles identifient les menaces que les évolutions de l’environnement font peser sur elles, mais aussi les opportunités qui peuvent en naître. Les entreprises ne peuvent pas rester passives face à ces évolutions. L’augmentation du prix du pétrole (modification de l’environnement économique) est une menace pour de nombreuses entreprises, notamment dans le transport aérien ou l’automobile. Toutefois, cette évolution de l’environnement peut être perçue comme une opportunité pour d’autres. Ainsi, partant de ce constat, Toyota a développé une voiture hybride (Prius). La demande pour cette voiture dépasse largement l’offre et permet à Toyota de gagner des parts de marché. Cette entreprise a donc transformé une contrainte en opportunité. 8 Toutefois les entreprises ne font pas que subir leur environnement, elles peuvent également l’influencer. b. L’entreprise a une influence sur l’environnement Par sa stratégie, par son activité, par ses produits, l’entreprise modifie son environnement, de façon positive ou négative. Par exemple, une entreprise par sa présence dans une zone géographique donnée a des influences positives sur l’environnement : création d’emplois, formation des salariés, diffusion de technologies…Lorsqu’elle innove, l’entreprise peut modifier ou créer des habitudes nouvelles de consommation (téléphonie mobile, restauration rapide, Internet…). Toutefois une entreprise peut avoir des influences plus négatives sur son environnement : pollution, dégradation des paysages (conséquences négatives sur l’environnement écologique), licenciements massifs (conséquences négatives sur l’environnement économique et social)… C. Les Relations de l'entreprise avec ses concurrents Relations de complémentarité: Les relations de complémentarité sont celles dont le résultat accroit les profits des entreprises. En effet, certains objectifs de la firme ne peuvent être atteints qu'avec la participation active d'autres firmes. Exemple lancement de campagne publicitaire pour faire découvrir la nouvelle application aux consommateurs et les éduquer pour qu’ils l’adoptent Formation et innovation pour dépasser certains handicaps technologique production et plate forme logistique pour la réalisation des économies d’échelle. Relations de concurrence: Les marchés constituent le terrain privilégié de la concurrence entre les firmes et conditionnent de ce fait leur profitabilité. IV. Les différents états de l’environnement et ses caractéristiques L’environnement des entreprises peut évoluer d’un état à un autre. Généralement, on reconnaît trois états : un état stable, turbulent ou instable et un état transitoire. L’état de l’environnement de l’entreprise peut être caractérisé par rapport à plusieurs critères : turbulence, complexité, incertitude . V.L'environnement des entreprises du XXI siècle Cet environnement est caractérisé par : Une mondialisation: Ouverture des marchés et apparition de marchés nouveaux, Une compétition plus rude: résultant de la mondialisation qui augmente le nombre de concurrents Des exigences accrues de vitesse et une obsolescence plus rapide des produits et des équipements: Qu'il s'agisse de délais de livraison, de vitesse de transport, de temps de développement d'un nouveau produit; le temps nécessaire pour qu'une technologie nouvelle ou un nouveau produit se diffuse à l'autre bout de la planète diminue chaque année 9 la nécessité des structures… Illustration by H. MINTZBERG Mme Raku faisait de la poterie dans son atelier aménagé dans le sous-sol de sa maison. Cette activité était composée d’un certain nombre de tâches distinctes : préparation de l’argile, mise en forme, finition, application de vernis et cuisson au four. La coordination entre ces tâches ne présentait aucun problème : Mme Raku faisait toute elle-même. Mais l’ambition et le succès des poteries de Mme Raku étaient la cause d’un problème : le volume des commandes dépassait sa capacité de production. Elle fut ainsi conduite à embaucher Melle Bisque qui avait un vif désir d’apprendre la poterie, et il fallut diviser le travail entre elles deux. Comme les boutiques d’artisanat voulaient des poteries faites par Mme Raku, il fut décidé que Melle Bisque préparerait l’argile et le vernis, Mme Raku se réservant le reste. Et ceci demandait une certaine coordination du travail, en fait un problème mineur pour deux personnes travaillant dans un atelier de poterie : il leur suffisait de communiquer entre elles de façon informelle. Cette façon de faire donna de bons résultats, tellement bons d’ailleurs, que Mme Raku fut rapidement à nouveau submergée de commandes. Il fallait d’autres assistants ; mais cette fois, Mme Raku décida d’embaucher des personnes qui sortaient de l’école de poterie, prévoyant qu’il leur faudrait un jour faire la mise en forme elles-mêmes : Ainsi, alors qu’il avait fallu quelque temps pour former Melle Bisque, les trois nouveaux assistants savaient d’emblée ce qu’il fallait faire, et s’intégrèrent très rapidement; même avec cinq personnes la coordination ne présentait aucun problème. Cependant, avec l’arrivée de deux assistants, des problèmes de coordination commencèrent à apparaître. Un jour Melle Bisque trébucha sur un seau de vernis et cassa cinq poteries ; un autre jour, Mme Raku S’aperçut en ouvrant le four que les suspensions pour plantes avaient été vernies par erreur de couleur fuchsia. A ce moment, elle comprit que la coordination entre les sept personnes de son petit atelier de poterie ne pouvait plus être uniquement faite de façon informelle. (Dans un groupe de sept personnes, si on prend les membres deux à deux, il y a 21 paires différentes, donc 21 « canaux de communication ».) A cette difficulté s’ajoutait le fait que Mme Raku, qui se faisait appeler présidente de la Société de Céramiques, devait consacrer de plus en plus de son temps aux clients ; de fait, on la voyait moins souvent en blue jeans qu’habillée d’une robe élégante. Elle dut alors nommer Melle Bisque responsable de l’atelier, chargée à plein temps de la supervision et de la coordination des cinq personnes qui fabriquaient la poterie. L’entreprise continua à croître. Des changements très importants se produisirent après qu’on eût fait intervenir un consultant en organisation. Sur ses conseils, l’atelier fut réorganisé en quatre lignes de produit – pots, cendriers, suspensions et animaux en céramique- chaque opérateur était spécialisé dans l’une d’elles : le premier préparait l’argile, le second faisait la mise en forme, etc. La production se fit ainsi sous la forme de quatre chaînes de fabrication. Chacun travaillait en suivant des normes précises, à un rythme qui permettait la coordination de l’ensemble. Bien entendu, la société des Céramiques ne vendait plus aux boutiques d’artisanat ; Mme Raku n’acceptait que les grosses commandes et la plupart des ventes se faisait à des chaînes de magasins. Les ambitions de Mme Raku étaient sans limites, et quand l’occasion se présenta de diversifier son activité, elle la saisit : tuiles de céramique, garnitures de salle de bain, et enfin briques d’argile. 10 L’entreprise fut par la suite organisée en trois divisions : produits de consommation, produits pour la construction, et produits industriels. De son bureau situé au cinquantième étage de la Tour de la Poterie, elle coordonnait les activités des divisions, analysant leurs performances chaque trimestre, et prenant les choses en mains lorsque les taux de profit et de croissance n’atteignaient pas les objectifs prévus. Un jour qu’elle était assise à son bureau, examinant ces budgets, Mme Raku regarda autour d’elle le paysage des gratte-ciel qui l’entourait, et décida de rebaptiser son « Ceramico ». Toute activité humaine organisée – de la poterie à l’envoi d’un homme sur la lune – doit répondre à deux exigences fondamentales et contradictoires : la division du travail entre les différentes tâches à accomplir et la coordination de ces tâches pour l’accomplissement du travail. La structure d’une organisation peut être définie simplement comme la somme totale des moyens employés pour diviser le travail entre tâches distinctes et pour ensuite assurer la coordination nécessaire entre ces tâches. Dans l’entreprise Ceramico, la division du travail – préparation, mise en forme, finition, vernissage, cuisson – était largement dictée par le travail à faire et par la technique employée pour le faire. La coordination était, par contre, une affaire plus compliquée et faisait appel à plusieurs moyens. On peut nommer ces moyens les mécanismes de coordination, tout en se souvenant qu’il s’agit autant de communication et de contrôle que de coordination. Structure et dynamique des organisations Henri MINTZBERG Les éditions d’Organisation 11 12
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