Intervention de Marie-Christine LE HERISSE sur le Protocole d

Page |1
1ère réunion du Conseil régional de Bretagne – Avril 2015
Intervention de Madame Marie-Christine LE HERISSE
Conseillère régionale de Bretagne
Conseillère municipale de Saint Malo
Bretagne à grande vitesse
Monsieur le Président, Chers collègues,
Le rapport que vous nous présentez sous le titre « protocole d’intention
entre la Région Bretagne et la SNCF » pose des questions de forme et de fond.
Des questions de forme d’abord :
Je vous rappelle que la convention qui nous lie à la SNCF, convention
dite « d’organisation et de financement du service public de transport régional des
voyageurs » a été conclue pour la période allant de 2007 à 2013.
Par délibération de notre assemblée, cette convention a été prorogée
jusqu’au 31 décembre 2017. Cette prorogation a été justifiée pour faire coïncider la
future convention avec l’arrivée de la grande vitesse à Rennes.
Aujourd’hui, vous nous demandez de vous autoriser à signer un protocole
d’intention qui sera mis en œuvre je cite « à la livraison de la ligne à grande vitesse
Bretagne Pays de la Loire ».
Page |2
Monsieur le Président, sans parler du fond de ce protocole, son existence
même nous pose question. En signant un tel document, est-ce à dire que d’ores et
déjà vous considérez que la prochaine «convention pour l’organisation et le
financement du transport public des voyageurs » sera conclue avec la SNCF ? Je ne
dis pas qu’elle ne doit pas l’être, mais cette anticipation me paraît quelque peu
précipitée alors même que l’ARF dans un manifeste du 11 mars 2014 intitulé « Pour
le renouveau du système ferroviaire » en appelait à la mise en concurrence de la
SNCF avec d’autres sociétés pour organiser le transport des voyageurs en région.
Que fera notre collectivité en 2017 dans un nouveau contexte juridique ?
Aujourd’hui, nous n’en savons rien, alors s’engager dès maintenant me semble pour
le moins précipité, à moins que la raison profonde en soit à chercher ailleurs ?
C’est mon deuxième point et venons au fond de votre rapport.
Il porte le titre « Bretagne à grande vitesse » et j’ai été étonnée, pour ne pas
dire plus, de n’y voir pas une seule fois fait référence au projet LNOBPL. Dans le
cadre du trop fameux Pacte d’avenir, vous avez saisi la Commission nationale du
débat public sur ce projet. Le débat a eu lieu et s’est achevé le 3 janvier de cette
année. Le bilan a été rendu public le 26 février dernier. Je remarque que très
prompt à nous soumettre des communications en tout genre, parfois d’un intérêt
douteux, vous n’avez pas jugé bon de porter à notre connaissance ce bilan. Reste la
dernière étape qui est la réponse du maître d’ouvrage.
Mais la lecture de votre rapport laisse à penser que vous avez déjà enterré
ce projet LNOBPL et que désormais comme vous l’écrivez « la vraie modernité
ferroviaire pour la Bretagne est celle qui embrasse plus largement la vitesse et la
desserte, qui conjugue le TGV et le TER ». Ces étreintes ferroviaires signent bien
définitivement l’arrêt de mort de LNOBPL. Que ce soit clair pour les Bretons : Brest
et Quimper ne seront jamais à trois heures de Paris. C’est votre choix, ayez au moins
le courage de l’assumer !
Page |3
Aujourd’hui, vous cherchez des alibis. La faute c’est la SNCF qui la porte en
voulant je cite « équilibrer financièrement ses dessertes TGV ». Et vous, vous
présentez comme le héros qui va sauver la LGV vers la pointe bretonne je vous cite
toujours « sans une ambition publique forte, la tendance naturelle guidée par une
approche purement économique conduirait la SNCF à réduire le nombre de TGV
desservant la pointe bretonne en 2017 ».
Si je vous comprends bien, il faut vous excuser d’avoir abandonné le projet
LNOBPL et vous remercier d’obtenir de la SNCF quelques TVG allant jusqu’à la
pointe bretonne. Et vous appelez cela « une ambition publique forte ». Moi j’appelle
cela de la trahison de vos engagements pris devant les Bretons.
Pour masquer cette trahison, vous proposez un protocole qui je cite
« rassemble des intentions convergentes de chaque partenaire ». Vous présentez
comme des nouveautés l’augmentation des fréquences entre Rennes-Brest RennesQuimper ce qui était acquis dans la DUP d’octobre 2007 et qui avait été l’un des
motifs d’engagement financier des collectivités. La nouveauté est que la pointe
bretonne soit desservie par un train drapeau « une fois par semaine ». Quel
progrès !
Vous nous expliquez ensuite qu’il y aura des trains plus rapides dits
« accélérés ». Mais précise la SNCF « sous réserve du fonctionnement du bistandard
ERTMS2/TVM300 et des disponibilités des rames ». Si ces conditions sont remplies
les temps de parcours précise la SNCF « seront près de 3h30 ». Voilà un sacré
engagement.
Quant au TER, nous apprenons avec satisfaction que le service sera renforcé,
de même que les lignes routières. Verrons-nous des bus MACRON sur le territoire
breton ? En contrepartie, il faudra que la région achète encore de nouvelles rames.
Rappelons qu’il y a cinq ans nous avons fait l’acquisition de 17 nouvelles rames.
Enfin, au titre du fonctionnement nous devrons augmenter notre effort de 10M€
supplémentaires par an.
Page |4
Monsieur le Président, chers collègues, comme l’affirme le dicton « chat
échaudé craint l’eau froide ». Alors les protocoles d’intention sont comme les
promesses qui n’engagent que ceux qui les croient. Notre groupe s’abstiendra sur ce
rapport qui entérine le projet LNOBPL et qui laisse planer beaucoup de doutes sur le
service des TGV en Bretagne.
Je vous remercie.