CONSULTATION DU PUBLIC SUR L’EAU TIRÉ À PART GRATUIT au magazine n° 171 - mars 2015 L’eau qu’on mérite ! En octobre 2000, nos gouvernements et nos parlementaires européens ont adopté la Directive Cadre sur l’Eau. Ils se sont donnés, ou plutôt ils nous ont donné, une formidable ambition collective : atteindre partout en Europe d’ici 2027, pour toutes les eaux douces ou marines, superficielles ou souterraines, le bon état écologique. Ici dans l’Ouest nous n’avons heureusement pas attendu la DCE pour mesurer l’ampleur des traumatismes subis par nos rivières, et commencer ce long combat en faveur du Bien Commun, des sources jusqu’à la mer. Mais cette directive constitue désormais le cadre qui fixe les objectifs à atteindre, oriente l’action des pouvoirs publics, et précise les méthodes de suivi de la qualité des milieux aquatiques. Voilà pourquoi nous ne pouvons nous désintéresser de l’actuelle consultation publique sur la révision du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux du bassin Loire Bretagne. Car c’est ce schéma qui transpose pour notre région, cette fameuse Directive Cadre sur l’Eau. Et déjà des voix se sont faites entendre avec force pour tenter d’affaiblir notre SDAGE. Ici c‘est un préfet qui tempête contre les mesures de protection des zones humides ; là des responsables du syndicat agricole majoritaire contestent la nécessité de réduire les pollutions en nitrates ou phosphore qui asphyxient nos plans d’eau et nos plages ; ou comme à Pleubian (22) un maire qui s’insurge de ne plus pouvoir buser les ruisseaux ! © Annie Loyer Nous avons l’environnement que nous méritons ! Saisissons l’occasion de cette consultation pour défendre et améliorer le SDAGE. Ce sera un bon geste pour confirmer l’ambition européenne et pour nos rivières ! Eau et Rivières de Bretagne CONSULTATION DU PUBLIC SUR L’EAU www.eau-et-rivieres.asso.fr Des directives à nos rivières En matière d’eau et d’environnement, la plupart des politiques sont aujourd’hui élaborées à l’échelle européenne. Elles impactent directement les actions menées sur nos rivières. A l’automne 2000, le Parlement européen et le Conseil (assemblée des chefs d’Etat) adoptent une directive qui établit le cadre de la politique communautaire dans le domaine de l’eau. Par cette directive cadre sur l’eau (DCE), les pays européens prennent solidairement deux engagements : ne pas dégrader davantage l’eau et les milieux aquatiques ; restaurer les milieux dégradés, pour atteindre le « bon état écologique » et satisfaire tous les usages de l’eau, au plus tard en 2027. Des plans de gestion, qui concernent toutes les eaux, douces et marines, souterraines comme superficielles, doivent mis en œuvre tous les six ans (2009, 2015, 2021) afin d’atteindre les objectifs fixés pour 2027. De la même façon en 2007, a été adoptée une directive relative à l’évaluation et à la gestion des risques d’inondation. Elle vise, par la mise en place de plans de gestion du risque inondations, à augmenter la sécurité des personnes, réduire les dommages, et organiser le retour à la normale en cas de sinistre. Les plans de gestion français Dans notre pays, c’est au niveau des six agences de l’eau (pour l’Ouest, l’agence de l’eau Loire Bretagne) que sont élaborés ces fameux plans de gestion, appelés officiellement Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des eaux. (SDAGE). Ces SDAGE s’appuient sur un état des lieux, définissent un ensemble d’orientations jugées nécessaires au regard des enjeux, et comportent un programme de mesures. Ces orientations ont une vraie portée juridique, car elles s’imposent aux décisions de l’Etat et des collectivités locales. Elles doivent également être prises en compte par les acteurs au moment où ceux-ci élaborent les schémas d’aménagement et de gestion de l’Eau déclinés au niveau local (Scorff, Vilaine, Sélune, Elorn, Aulne …). La Bretagne, région pionnière, est aujourd’hui totalement couverte par ces SAGE. Une concertation régulière Dans chaque agence de l’eau, sont représentés tous les usagers (élus locaux, industriels, agriculteurs, associations de consommateurs et d’environnement) rassemblés au sein d’un comité de bassin. C’est celui-ci qui est chargé d’élaborer et de réviser le SDAGE. Pour notre région, nous en sommes à la troisième version du SDAGE (1996, 2009, projet révision 2015). En application de la directive européenne, le public doit participer à l’élaboration de ces plans de gestion, et donner son avis. C’est l’objet de la consultation en cours depuis fin décembre 2014 et qui s’achèvera le 18 juin prochain. Des cycles de gestion de 6 ans Des cycles de gestion de 6 ans Consultation Projet de Sdage Consultation Questions importantes Adoption du Sdage Bilan intermédiaire état des lieux ux ea tif : es les Objec at de tout t bon é Principe de non dégradation SDAGE 1996 > > > Consultation 2008 2 - Eau & Rivières Mars 2015 SDAGE 2009/2015 > > > Consultation du 19 décembre 2014 au 18 juin 2015 L’EAU QU’ON MÉRITE ! www.eau-et-rivieres.asso.fr Entretien avec Paule Opériol est directrice de l’information et de la communication de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. À ce titre elle pilote l’organisation des consultations publiques prévues par la directive cadre sur l’eau. Eau et Rivières de Bretagne : De décembre 2014 au 18 juin 2015 les habitants du bassin LoireBretagne sont invités à participer à la consultation du public sur l’eau, mais sur quoi va-t-on exactement donner son avis ? Paule OPERIOL : Le bon état des eaux douces, des milieux marins et la gestion des inondations sont des objectifs nationaux et européens. Pour les atteindre des plans de gestion sont en cours d’élaboration. Trois d’entre eux sont l’objet de cette consultation. Il s’agit du schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), du plan de gestion des risques inondation (PGRI) et des plans d’actions pour le milieu marin (PAMM). Cette consultation est donc l’occasion d’informer et d’inviter le grand public à s’exprimer sur des décisions qui nous engagent collectivement. ERB : Qui élabore ces programmes ? Paule OPERIOL : Le comité de bassin élabore le Sdage, et l’État élabore le PGRI et les PAMM. Le comité de bassin est le « parlement de l’eau » qui réunit les représentants de l’État, des collectivités locales, des industriels, des agriculteurs, des consommateurs et des associations à l’échelle du bassin Loire-Bretagne. Il s’appuie sur un travail préparatoire qui est réalisé dans 3 commissions (« planification », « littoral », « inondations, plan Loire »). Et surtout il © R. Coat Paule OPÉRIOL bénéficie des retours de la consultation 2012/2013 sur les questions importantes que le SDAGE 20162021 doit traiter. ERB : Comment sont traitées les réponses lors de ces consultations ? Paule OPERIOL : Si l’on reprend l’exemple de la dernière consultation, nous avions reçu près de 6000 contributions dont l’analyse a été confiée à un institut de sondage habitué au traitement de ce genre d’enquête. Nous avons ainsi pu vérifier que 9 personnes sur 10 partageaient les grands enjeux, mais surtout nous avons pu identifier que des modifications sur la formulation et sur les pistes d’action pouvaient être proposées au comité de bassin. Celui-ci a décidé, par exemple, d’ajouter une piste d’action Améliorer la lutte contre les pollutions accidentelles et de rendre plus explicite la question des substances médicamenteuses et hormonales. ERB : Comment se passe concrètement cette nouvelle consultation ? Paule OPERIOL : Pour ce qui concerne le Sdage et le PGRI, un questionnaire en 10 questions peut être renseigné par tous les habitant du bassin, en ligne sur le site : www.prenons-soin-de-leau.fr Toute association, collectivité, entreprise ou groupe d’acteurs identifié peut d’ailleurs en faire autant. Ce questionnaire existe aussi en format SDAGE 2015/2021 > > > Consultation 2020 papier. Il est largement diffusé par les associations partenaires de la consultation comme c’est le cas pour Eau et Rivières. Pour être tout à fait complet, les contributions peuvent être libres et donc formulées sur papier ou par courriel à [email protected]. Quant aux collectivités (communes, départements, régions) et aux intercommunalités, elles sont invitées à adresser une délibération de leur assemblée. Pour ce qui concerne le PAMM le ministère dispose de son propre outil de consultation que l’on trouve à www. consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr ERB : Le mot d’ordre de cette consultation est « poursuivre les efforts vers le bon état des eaux » mais ne devait-on pas déjà avoir atteint le bon état en 2015 ? Paule OPERIOL : L’objectif fixé en 2009 était 61 % des rivières en bon état en 2015. On est aujourd’hui à 30 % et 20 % s’en approchent. C’est pourquoi, malgré les améliorations, il faut poursuivre les efforts et les intensifier pour atteindre l’objectif de 61 % en 2021. L’artificialisation des rivières et les pollutions diffuses (nitrates, phosphore, pesticides) restent les principales causes de dégradation des eaux. Des problèmes de manque d’eau restent présents, voire s’étendent à de nouveaux secteurs du bassin. Le changement climatique justifie d’y être particulièrement attentif. SDAGE 2021/2027 > > > Atteinte du bon état écologique ? Eau & Rivières Mars 2015 - 3 CONSULTATION DU PUBLIC SUR L’EAU www.eau-et-rivieres.asso.fr Des progrès à amplifier Pour ceux qui en douteraient encore, la Bretagne ne peut se satisfaire de la qualité © G. Huet actuelle de ses eaux au regard de l’objectif de bon état écologique à atteindre avant 2017. Il va falloir poursuivre l’action ! Avant d’adopter un nouveau plan de gestion, il est indispensable de faire le point sur la situation des différentes masses d’eau (rivières, littoral et estuaire, plans d’eau, eaux souterraines) et leur évolution prévisible d’ici 2021. Il s’agit à la fois de mesurer les progrès accomplis, de quantifier les efforts à engager, pour définir les priorités d’action. Ce travail, l’agence de l’eau l’a mené sur tout son territoire. Le tableau ci-dessous en présente les résultats pour la Bretagne. Respect du bon état écologique en 2021 Risque de non atteinte du bon état écologique en 2021 Cours d’eau 40 % 60 % Plans d’eau 5% 95 % Eaux littorales 65 % 35 % Estuaires 44 % 56 % Eaux souterraines 69 % 31 % Type de masse d’eau Des plans d’eau qui souffrent Ce sont les retenues (et encore seules celles de + de 50 ha sont intégrées dans ce bilan) qui connaissent la situation la plus difficile : en cause, les apports excessifs de phosphore qui provoquent des développements d’algues anormaux, et dans une moindre mesure, les pesticides. Cette dégradation des plans d’eau donne du grain à moudre à tous ceux qui plaident pour qu’on évite de construire des barrages qui au bout de quelques années transforment nos rivières courantes en cloaques. Il faudra du temps pour rétablir le bon état écologique sur les plans d’eau, car les sédiments piégés dans ces retenues relarguent régulièrement des quantités importantes de phosphore ! 61 % des eaux en BON ÉTAT pour 2021 4 - Eau & Rivières Mars 2015 La morphologie dégrade les cours d’eau ? Le chiffre étonne : les altérations morphologiques seraient la cause principale du classement en risque pour 76 % des masses d’eau superficielles ! Erosion des berges, altération du lit seraient plus préjudiciables que les pesticides et autres nitrates pour nos rivières. Par contre, les nitrates constituent la principale pression à l’origine de la dégradation des estuaires et des eaux littorales (échouages d’ulves). Ces nitrates sont aussi la cause de pollution des eaux souterraines : les masses d’eau souterraines du bassin de la Vilaine, du nord Finistère, du Trégor et du pays Bigouden sont classées en risque de non atteinte du bon état écologique. Des efforts à poursuivre Quels enseignements tirer de ce bilan ? Des points positifs comme la réduction des pollutions ponctuelles sur nos cours d’eau liée aux efforts d’assainissement des collectivités et entreprises et le début d’une baisse des nitrates dans les eaux superficielles. Mais il serait imprudent de ne pas regarder l’autre réalité en face : la reconquête des plans d’eau et des eaux littorales implique d’amplifier les efforts de réduction des transferts d’azote, de phosphore et de pesticides. Les niveaux actuels de contamination sont incompatibles avec le bon état écologique et il ne faudrait surtout pas attendre pour agir : en 2027, nous devrons avoir atteint cet objectif ! > > > Une eau exempte de produits polluants > > > L’EAU QU’ON MÉRITE ! www.eau-et-rivieres.asso.fr LE SDAGE vu du terrain… André PERRON Représentant Eau et Rivières membre de la CLE du SAGE Odet Frédéric NICOLAZO Ostréiculteur sur la rivière de Penerf et membre de la CLE du SAGE Vilaine Eau et Rivières de Bretagne : Quelle est la qualité de l’eau actuellement sur votre secteur et a-t-elle évolué récemment ? Frédéric NICOLAZO : La qualité de l’eau du secteur de Pénerf ne cesse de se dégrader, à tel point que le préfet l’a classé en enjeu sanitaire. Nous sommes passés d’un secteur A en B avec un fort risque de déclassement en C, pour la bactériologie. Le peu de résultat diffusé pour le chimique s’avère être mauvais également. ERB : Cette qualité a-t-elle un impact sur votre activité ? Frédéric NICOLAZO : L’impact sur mon activité engage une mise au norme très coûteuse et qui serait surtout inutile dans des secteurs en A (installations terrestres, bassins de purification, filtre à sable, UV, etc.). ERB : Les politiques de l’eau mises en oeuvre ont-elles amélioré les choses ? Frédéric NICOLAZO : On est en contrat de bassin versant avec un contrat restauration entretien de rivière efficace. Il y a des communes qui avancent bien plus vite que d’autres. On sent bien que la qualité de l’eau n’est pas la priorité de certaines mairies : rond point plutôt que restauration des zones humides, amélioration du bourg (pavés) plutôt que refaire les réseaux d’eaux usées et pluviales qui bien souvent sont obsolètes. Eau et Rivières de Bretagne : Comment le pêcheur regarde l’évolution des rivières ces dernières années ? André PERRON : Côté piscicole, je constate une amélioration par rapport aux derniers 10-20 ans, pour la truite notamment. J’observe également une fréquentation croissante de la lamproie marine. Par contre peu d’éclosions d’éphémères, sans doute la faute aux pesticides, et une érosion accrue des berges des rivières. ERB : Tu te promènes souvent au bord de la rivière, comment la sentinelle de l’eau voit l’évolution des choses ? André PERRON : Visuellement, j’observe que les cours d’eau ont un aspect plus engageant. Les rejets directs des stabulations, fumières et salles de traite ont quasiment disparu. Exit également les rejets des piscicultures si polluants, la plupart ayant fermé leur porte. Et les ruisseaux côtiers globalement ont retrouvé vie grâce à la généralisation des programmes d’assainissement. ERB : Que faut-il attendre à ton avis des futures politiques de l’eau ? André PERRON : J’ai l’impression qu’on va dans le bon sens, mais il ne faut pas rester au milieu du gué. Sur le respect des arrêtés pesticides (fossés et rives), je note une évolution considérable en moins de 6 ans, et à force de constater, d’informer, voire d’alerter, on viendra à bout des derniers récalcitrants. Cela rend encore plus choquant les immenses champs jaunes au printemps. Pour améliorer durablement les milieux aquatiques, il faudra impérativement protéger les têtes de bassin versant, entretenir le chevelu et améliorer la continuité écologique, restaurer les zones humides dégradées, entretenir celles qui sont abandonnées, recréer du bocage et des talus sur les terres en pente, remettre en prairies naturelles les terres fortement érosives dont la tendance évolue malheureusement vers la culture céréalière... Des actions qui en plus limiteront l’érosion des terres agricoles, le transfert des polluants et permettront l’amélioration de la qualité de l’eau. Une eau disponible et en quantité suffisante Jean-Yves BOUGLOUAN Représentant Eau et Rivières membre de la CLE du SAGE Scorff Eau et Rivières de Bretagne : Comment juges-tu l’évolution de la petite faune aquatique ces 10 dernières années ? Jean-Yves BOUGLOUAN : Les populations d’invertébrés aquatiques sont en très mauvais état, certaines familles ont disparu du bassin versant du Scorff bien que les têtes des cours d’eau se comportent différemment. Je pense qu’il y a là un vrai problème, traduit par les acteurs de terrain qui demandent au SAGE l’atteinte du très bon état écologique. ERB : Quelle est la cause de cette disparition ? Jean-Yves BOUGLOUAN : Le problème du Scorff est lié à la diminution du débit, certains petits affluents ne coulent plus pendant une partie de l’année sans doute la conséquence de la disparition des zones humides. D’autres causes s’y ajoutent : la présence permanente de pesticides avec leurs perturbateurs endocriniens, l’ensablement lié à l’érosion et au reméandrage naturel des ruisseaux précédemment recalibrés, etc. ERB : Le SDAGE a t-il des chances d’inverser cela ? Jean-Yves BOUGLOUAN : Il y a très peu de mesures qui abordent cette question, les programmes de suivi font des indices biotiques (IBGN) mais sans que cela débouche réellement sur des actions. > > > Une eau qui permet une vie riche et variée Eau & Rivières Mars 2015 - 5 CONSULTATION DU PUBLIC SUR L’EAU www.eau-et-rivieres.asso.fr La révision du SDAGE Loire Bretagne Un long fleuve pas toujours tranquille C’est au sein du comité de bassin Loire Bretagne que s’est préparée la révision du SDAGE actuellement soumise à consultation du public. Une instance à laquelle participe Gilles HUET, délégué général d’Eau et Rivières de Bretagne. Il a suivi de près chacune des étapes de cette révision. Un vrai combat. Eau et Rivières de Bretagne : Comment s’est organisée la préparation de l’actuelle révision du SDAGE Gilles HUET : Je rappelle que le comité de bas bassin avait décidé en 2012 d’une révision à minima du SDAGE de 2009, tout en l’adaptant à des évolutions inéluctables : la prise en compte du changement climatique, l’évolution des compétences des collectivités territoriales, l’amélioration de la connaissance des travaux à réaliser … Deux commissions ont été chargées de proposer au comité de bassin ces éventuelles adaptations du SDAGE 2009 : la commission littoral pour tout ce touche à la problématique des eaux côtières et estuairiennes (marées vertes, pollutions bactériologiques, extraction des matériaux marins...). Elle est présidée par Pascal CHELET, un éleveur de palourdes de Loire Atlantique. Toutes les autres dispositions du SDAGE sont de la compétence de la commission planifica- tion, présidée depuis l’été 2014 par Thierry BURLOT, Vice Président du Conseil Régional de Bretagne. ERB : Cette révision est-elle très différente de celle de 2008-2009 Gilles HUET : Rien à voir ! La révision de 2008/2009 est passée comme une lettre à la poste, et dans un esprit de concertation et d’échange tout à fait serein ! Cette fois-ci, ayant sans doute pris conscience de la portée du SDAGE, les représentants des usagers économiques alliés à certains élus locaux se sont mobilisés pour tenter d’affaiblir le SDAGE actuel et faire reculer sa rédaction sur des points majeurs comme la préservation des zones humides, la gestion des prélèvements, la lutte contre les excédents de phosphore… ! ERB : Qui arbitre alors entre les points de vue divergents ? Gilles HUET : Au sein de la commission littoral, il n’y a pas eu besoin d’arbitrer car les membres de la commission ont été assez unanimes pour compléter les mesures actuelles, qu’il s’agisse de la lutte contre les marées vertes sur vasières ou du renforcement des actions de réduction des pollutions bactériologiques. Cellesci sont un vrai enjeu économique tant pour les communes touristiques (qualité des eaux de baignade) que pour les professionnels qui élèvent des huîtres, des moules ou d’autres coquillages ! ERB : Et pour la commission planification ? Gilles HUET : Ce fut un vrai marathon. Une quinzaine de réunions à Orléans, des heures et des heures de discussions à n’en plus finir, sur chaque mot, le point, la virgule... Parfois çà donnait le sentiment d’une vraie tentative d’obstruction et d’une incapacité à s’engager dans une démarche de compromis ! C’est assez sidérant, alors que nous sommes dans une situation de retard par rapport aux objectifs et au calendrier fixé, d’entendre toujours les mêmes plaider pour qu’on révise à la baisse le niveau d’ambition du SDAGE. On a parfois l’impression que les contentieux européens contre la France n’ont servi à rien et que certains pensent toujours qu’on peut rester les bras croisés à ne rien faire ! Eau patrimoine culturel de la Bretagne > > > Une ambition portée par les associations > > > Eau patrimoine culturel de la 6 - Eau & Rivières Mars 2015 www.eau-et-rivieres.asso.fr L’EAU QU’ON MÉRITE ! Le littoral breton est le siège d’une importante activité : tourisme, baignade, pêche, © Annie Loyer Préserver le littoral conchyliculture,... Il abrite aussi des milieux de grand intérêt mais fragiles. Il exerce une attraction qui va conduire à une croissance de la population et accroître les conflits d’usage déjà existants. Notre région Ouest est particulièrement intéressée par le chapître littoral du projet de SDAGE car elle dispose du linéaire de côtes le plus important de tout le bassin Loire Bretagne. Nous savons bien que la mer, réceptacle des pollutions des eaux douces, a de plus en plus de difficultés à digérer nos excès. Le nouveau projet de SDAGE reprend les principales orientations du SDAGE 2009. Il réaffirme que l’eutrophisation littorale est un enjeu prioritaire d’environnement et de santé publique. Il identifie bien que ce sont les flux d’azote apportés par les rivières qui sont à l’origine des marées vertes et demande « la poursuite de programmes d’actions ambitieux de réduction des flux sans attendre les résultats des études ». Ces programmes doivent être mis en oeuvre, chiffrés et datés par les SAGE concernés par des proliférations. Par contre, la réduction de 30 % des flux d’azote, objectif minimal, est toujours basée sur la référence de la concentration moyenne de 1999 - 2003. Pourquoi n’avoir pas actualisé cette réfé- rence ? La carte des zones touchées par des échouages sur vasières (12 sites en Bretagne) fait son apparition mais on ne peut que regretter que l’objectif de réduction des flux de nitrates de 30 % minimum ne s’y applique pas. Concernant les blooms phytoplanctoniques là encore beaucoup de prudence et peu d’objectifs contraignants de réduction. Ces dispositions ne proposent finalement pas beaucoup plus que la réglementation, celle du 5e programme Directive Nitrates notamment (Ch2 et 3, voir aussi page 11). La partie traitant de la bactériologie en zone de baignade, zones conchylicoles et pêche à pied a été largement complètée par rapport au SDAGE 2009. Les difficultés économiques subies par les éleveurs de coquillages du fait des pollutions ont conduit à de nouvelles dispositions : les SAGE devront identifier et hiérarchiser les sources de pollution et établir des programmes de reconquête, idem pour les zones de pêche à pied de loisir. Entretien avec Henri GIRARD Représentant d’Eau et Rivières au Conseil maritime de façade Nord-Atlantique Bretagne ERB : Quels articulations et quels enjeux entre SDAGE et PAMM ? Henri GIRARD : La zone maritime littorale est le lieu commun d’action du SDAGE et du PAMM. Si l’on considère que 80 % des pollutions marines littorales ont une origine terrestre (macro-déchets, bactériologie, nitrates, pesticides...) et un impact jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres des côtes, on mesure mieux l’intérêt qu’il y a à renforcer les échanges entre les acteurs eaux douces et eaux marines. Si l’on y ajoute les questions de financement des programmes on comprend alors que le principe « pollueur payeur » appliqué au milieu marin peut nous amener sur la voie d’une fiscalité environnementale enfin efficace. Une collaboration poussée entre les deux entités, demandée par le ministère de l’écologie, reste mal- > > > Une ambition portée par les associations heureusement encore plus du domaine de l’intention que de la réalité. ERB : Quelle est ton opinion générale sur l’efficacité de ces programmes ? Henri GIRARD : Le SDAGE jouit d’une expérience ancienne et d’une notoriété acquise qui lui donnent plus d’autorité que le PAMM dont c’est la première expression. L’efficacité du SDAGE a montré ses limites en termes de récupération de la qualité de l’eau douce, malgré les sommes dépensées. L’efficacité du PAMM dépendra de son financement et des progrès immenses à faire dans la connaissance des milieux marins. © C. Chardon Eau et Rivières de Bretagne : En parallèle de cette consultation sur l’eau se déroule dans chaque sousrégion marine une consultation autour d’un plan d’actions pour le milieu marin ou PAMM. Peux-tu nous en dire un mot ? Henri GIRARD : Les PAMM sont des plans issus de la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM), directement inspirée de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) que l’on connait mieux à ERB car elle se décline en SDAGE et Sage sur nos territoires. Les PAMM se déclinent en Programme de Mesures, en vue d’atteindre le bon état écologique des eaux marines à horizon 2021. Ces plans sont élaborés au sein des Conseils maritimes de façade au sein desquels siègent des représentants associatifs. > > > Eau patrimoine culturel de la Bretagne Eau & Rivières Mars 2015 - 7 CONSULTATION DU PUBLIC SUR L’EAU www.eau-et-rivieres.asso.fr Repenser les aménagements de cours d’eau Des milieux naturels aquatiques de plus en plus artificialisés qui perdent progressivement leurs fonctionnalités et leur biodiversité. Le projet de SDAGE veut corriger cette régression environnementale. Nos rivières de l’ouest n’ont pas été épargnées au cours des dernières décennies par les recalibrages, la multiplication des plans d’eau, la création de seuils. A ces modifications physiques s’ajoutent les perturbations du régime des cours d’eau : prélèvements de plus en plus importants, dérivation des eaux… Considérant que ces altérations physiques des milieux aquatiques sont la première cause des difficultés à atteindre le bon état écologique, le nouveau projet de SDAGE intégre un ensemble d’orientations et de dispositions pour réduire l’impact de l’artificialisation des cours d’eau. Elles visent à prévenir toute nouvelle dégradation des milieux, à protéger les capacités d’écoulement des crues et à préserver leurs zones d’expansion, et nouveauté par rapport au précédent SDAGE, à prendre en compte les phénomènes de submersion marine. Le projet de SDAGE entend également restaurer la capacité fonctionnelle des cours d’eau et notamment leur continuité écologique. Il s’agit de permettre à la fois la migration des poissons qui vivent alternativement en mer et rivière, et le bon déroulement du transport des sédiments. Des reculs Si globalement les dispositions prévues complètent et précisent utilement les mesures du SDAGE 2009, sur deux points qui concernent particulièrement notre région, elles sont au contraire en recul : • dans les zones d’érosion des sols et sur les bassins versants amont des retenues d’eau victimes d’eutrophisation, les préfets avaient l’obligation d’établir un programme d’action pour réduire les transferts de sédiments et de polluants vers les cours d’eau. Désormais, selon la version du SDAGE soumise à consultation, le préfet « peut » délimiter les zones d’érosion et « peut » établir un programme d’action ! Connaissant l’enthousiasme préfectoral à protéger nos rivières, on peut être sûr de leur mobilisation… • s’agissant de la création des plans d’eau, la disposition 1E2 l’interdit dans des zones particulières : bassins versants sensibles, zones à l’amont des réservoirs biologiques et dans les secteurs où leur densité est déjà importante. Le projet de révision introduit une exception à cette interdiction pour les « plans d’eau à usage agricole » ! Sans doute que les retenues agricoles n’ont, par miracle, pas d’impact sur le milieu ! « La remise en cause par Ségolène ROYAL du démantèlement des barrages de la Sélune a dynamité tout le travail du SAGE. » Entretien avec Jean-Yves SIMON Président de l’ASPAM (Association des pêcheurs de salmonidés et des protecteurs des eaux et rivières de la Manche). Eau et Rivières de Bretagne : Quelle est la situation de la Sélune ? Jean-Yves SIMON : La Sélune est une des trois rivières du massif armoricain qui se jette dans la baie du Mont St Michel. C’est une excellente rivière à saumons. Et c’est aussi une fontaine pour toute la population de la baie du Mont, depuis les marais de Dol jusque Granville, puisque le captage de Saint Laurent de Terre Gatte alimente toute cette région en eau de consommation puisée dans la Sélune. Mais les deux 8 - Eau & Rivières Mars 2015 barrages hydroélectriques, celui de Vezin et celui de la Roche qui boit, exploités par EDF, provoquent une dégradation chronique de la qualité des eaux et bloquent la remontée des poissons migrateurs (anguilles, saumons, truites de mer…). ERB : Le SAGE de la Sélune a retenu quelles orientations pour la restauration de ce cours d’eau ? Jean-Yves SIMON : Après de très longs débats, la Commission Locale de l’Eau présidée par Michel THOURHY a décidé de renaturer la vallée de la Sélune en procédant au démantèlement progressif des deux barrages d’ici à 2021. ERB : Ségolène ROYAL vient de demander un nouveau rapport d’experts sur ce démantèlement. Ta réaction ? Jean-Yves SIMON : C’est ahurissant ! C’est la ministre en charge de l’environnement qui remet en cause tout le travail effectué depuis des années par la Commission Locale de l’Eau ! Le démantèlement est inscrit dans tous les programmes publics, il vient d’être validé à la suite de l’enquête publique par la commission d’enquête, il répond aux objectifs du SDAGE ! La position de S. ROYAL est totalement incompréhensible ! L’EAU QU’ON MÉRITE ! www.eau-et-rivieres.asso.fr Pollution de l’eau par les collectivités, les particuliers et les industries Collectivités, particuliers et industries participent à la pollution des eaux, en y rejetant des eaux usées (pollution organique et microbiologique) et des micropolluants. Les micropolluants sont des substances très diverses de part leur origine et leur composition. Ils englobent les pesticides, les substances médicamenteuses, les métaux lourds, etc. On trouve actuellement sur le marché plus de 100 000 de ces substances, employées dans tous les secteurs de la vie courante, dans le monde agricole et industriel. Les pollutions organiques et microbiologiques ont pour origine soit des apports diffus (activités d’élevages) soit une défaillance du système d’assainissement (collectif et individuel), défaillance aggravée par temps pluvieux. Les rejets organiques ont comme effet principal une eutrophisation excessive des eaux douces. La pollution microbiologique quant à elle entraîne une contamination des eaux par des microbes (bactéries, virus...) pathogènes pouvant affecter les différents usages de l’eau. eaux usées (chapitre 3), la poursuite de la mise au norme des assainissements non collectifs (Ch 3-E), une meilleure gestion des eaux de pluies (Ch 3-D), la promotion des techniques alternatives aux pesticides (Ch 4) et l’amélioration des conditions d’élimination des substances dangereuses (Ch 5 et 6-G). L’analyse d’Eau et Rivières : On observe une amélioration dans le domaine de l’assainissement avec l’ajout de la pollution bactériologique aux côtés de la pollution organique (ch 3). Ces mesures correctives sont appréciables mais quand cherchera t-on à régler le problème à la source en privilégiant la précaution notamment pour la circulation des micropolluants et des substances médicamenteuses ? Ce que prévoit le SDAGE : Ses orientations afin de remédier à ces multiples pollutions sont l’amélioration de la collecte et du traitement des Entretien avec Jean-François DELEUME Eau et Rivières de Bretagne : Quels sont les problèmes actuels ? Jean-François DELEUME : La première difficulté vient du manque de données notamment sur la toxicité et sur l’exposition aux micropolluants. On les soupçonne de contribuer au développement de nombreuses maladies (cancers, parkinson...) sans compter leur persistance dans l’environnement : par exemple, on retrouve encore du lindane (un insecticide interdit depuis 20 ans) dans une grande majorité des sols du bassin-versant Vilaine en raison d’une durée de dégradation extrêmement lente (plus de 250 ans !). Par ailleurs la présence d’antibiotiques vétérinaires et humains dans l’eau augmente le risque d’apparition de souches de microbes multirésistants. ERB : L’actuel projet de SDAGE va-t-il améliorer cette situation? Jean-François DELEUME : Il n’est pas très novateur sur ce point. Pour les substances dangereuses et les pesticides, il apporte bien quelques nouvelles prescriptions mais il reste peu contraignant. Pour les autres, il vise à une amélioration de la connaissance, ce qui ne semble pas vraisemblable quand on sait qu’on vient d’interrompre l’étude portant sur les résidus médicamenteux dans les eaux. © R. Coat Médecin spécialiste des hôpitaux représentant Eau et Rivières au Plan Régional Santé Environnement Eau & Rivières Mars 2015 - 9 CONSULTATION DU PUBLIC SUR L’EAU www.eau-et-rivieres.asso.fr © R. Caignec Zones humides de la parole aux actes Ces infrastructures naturelles offrent de multiples services : elles interceptent les polluants, régulent les débits et offrent un habitat naturel riche pour de nombreuses espèces. Pour autant le SDAGE 2016 comme le SDAGE 2009 rappelle que : « malgré la prise de conscience... la régression se poursuit ». Les associations se réjouissaient en 2009 d’avoir obtenu un SDAGE plus directif, plus précis que celui de 1996. Il y avait cette volonté d’imposer aux communes (via les SAGE) de réaliser des inventaires et de mettre en place des plans de reconquête des zones humides « là où elles avaient été massivement asséchées ». Il y avait aussi cette interdiction de destruction des zones humides d’intérêt environnemental ou stratégique pour la gestion de l’eau. Mais surtout, pour la première fois, l’apparition dans un document à portée réglementaire d’une mesure qui avait vu le jour en Bretagne à la demande d’Eau et Rivières : la compensation par recréation ou restauration de zones humides à 200 % en cas de destruction, l’ambition étant de renchérir le coût des projets destructeurs et ainsi obliger à rechercher des alternatives. Si l’on peut penser que ce chapitre 8 a produit quelques effets et ralenti le rythme des disparitions, il faut bien constater que les espoirs suscitées ont été quelque peu douchés. Inventaires communaux incomplets (particulièrement sur les zones humides mises en cultures), plans de reconquête inexistants faute de zonages identifiants les zones « massivement asséchées », et surtout une foule de dérogations possibles à l’interdiction de destruction apparues dans les SAGE. Les mesures prévues pour les zones humides présentant un intérêt environnemental particulier ou stratégiques pour la gestion de l’eau, pourtant prévues dans le SDAGE de 2009 (disposition 8A3) sont restées lettre morte ! On ne retrouve malheureusement pas dans le nouveau SDAGE 2016 de nouvelles avancées même si les dispositions sont parfois mieux formulées. On comprend alors que l’on doit presque se satisfaire de cela, tant les attaques ont été fortes contre le texte de 2009, que ce soit du côté des bétonneurs ou du côté agricole. SDAGE Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux Entretien avec PLU Ronan CAIGNEC Plan Local d’urbanisme ZHIEP Chargé de mission Milieux Aquatiques et Développement Durable au SAGE Blavet Eau et Rivières de Bretagne : Quelle ana analyse faitesvous de ce qu’ont apporté les mesures du SDAGE de 2009 pour les zones humides ? Ronan CAIGNEC : En demandant la généralisation des inventaires, il a permis de fournir une connaissance locale des enjeux et des actions d’entretien et de restauration à mener. Par la prise en compte dans les documents d’urbanisme, il a pu contribuer à ralentir le rythme de disparition des zones humides, lorsqu’un règlement suffisamment protecteur leur a été associé dans les PLU. Même si cela semble évident, il faut insister sur la nécessaire qualité de ces inventaires. Pour diverses raisons (cahier des charges mal conçus, compétence du prestataire, pressions 10 - Eau & Rivières Mars 2015 locales) des inventaires incomplets ont pu être validés, réduisant ainsi de fait l’ambition du SDAGE. Le SDAGE n’a par contre pas réussi à impulser une dynamique de gestion « à grande échelle » de ces milieux. Les dispositions relatives aux programmes de reconquête et à la gestion via les ZHIEP sont globalement restées lettres mortes. Cela est dû à la fois à la rédaction du SDAGE, à l’absence de moyens financiers et à des blocages. Par exemple, sur le bassin du Blavet ou la CLE a souhaité mettre en place ces ZHIEP pour reconquérir des zones tampons dégradées par l’agriculture intensive, elle s’est heurtée au refus des chambres d’agriculture et à l’absence de soutien des services de l’État. ERB : Quel est votre regard sur les mesures compensatoires, la mesure phare de 2009 ? Ronan CAIGNEC : Sur ce point, le SDAGE a constitué une avancée. Mais sur les dossiers loi sur l’eau que nous avons pu voir sur le bassin du Blavet depuis 2009, la mise en pratique n’est pas à la hauteur : des dossiers ont pu être validés avec des compensations qui n’étaient que du simple entretien de zones humides ; dans certains cas aucune compensation n’est à ce jour mise en œuvre alors que des zones humides ont bel et bien été détruites par les projets depuis plusieurs années…. ERB : L’actuel projet va t-il améliorer la situation ? Ronan CAIGNEC : Je ne pense pas, il n’apporte rien de nouveau sur les zones humides. Pour un territoire comme la Bretagne où les inventaires sont déjà très largement réalisés, il n’ouvre pas de nouvelles perspectives. Dispositifs permettant des actions de gestion/ restauration des zones humides. Pour être effectifs, ils doivent être signés par les préfets. Ils sont conçus en 2 temps, 3 ans de phase contractuelle puis des mesures qui peuvent ensuite être rendues obligatoires par les préfets si les objectifs ne sont pas atteints. CLE Commission Locale de l’Eau Réduire les pollutions agricoles © A. Perron L’EAU QU’ON MÉRITE ! www.eau-et-rivieres.asso.fr Malgré les divers programmes en place depuis de nombreuses années et l’argent public consacré, l’agriculture bretonne est encore responsable d’une part importante des pollutions diffuses de l’eau par l’azote, le phosphore et les pesticides. Les améliorations sensibles sur les nitrates n’ont pas encore permis d’éradiquer les marées vertes ; les interdictions estivales récurrentes de baignade liées aux cyanobactéries témoignent des stocks gigantesques de phosphates piégés au fond des plans d’eau douce ; l’échec du plan Ecophyto 2018 se traduit par l’augmentation de 5 % de l’utilisation des pesticides en France. Bref, pas étonnant que le projet de SDAGE consacre encore une bonne partie de ses chapitres au sujet agricole. Seront dorénavant affichés le lien entre pollution agricole et érosion, « une incitation aux changements de pratiques agricoles ou de systèmes de culture, aux modifications de l’occupation du sol ou à la réorganisation foncière ». Dans le projet, trois cartes révisées alertent sur la dégradation de la ressource : • la carte érosion qui dévoile un territoire breton extrêmement vulnérable et de plus en plus dégradé. • les plans d’eau classés prioritaires vis-à-vis de la pollution par les phosphates : passage de 14 à 21 plans d’eau en Loire-Bretagne, dont un de plus en Bretagne (Bois Joli sur le Frémur). • les captages d’eau potable prioritaires vis-à-vis de la pollution par les pesticides : passage de 18 à 56 en Bretagne ! Sans aller vraiment au delà de la réglementation en vigueur, ce projet de SDAGE apporte quelques nouveautés intéressantes par rapport au SDAGE 2009. En particulier, les SAGE auront plus de marge de manœuvre pour : • proposer au préfet leur carte des sols sensibles à l’érosion et un plan d’action adapté. • établir un plan d’action sur les plans d’eau prioritaires pour le phosphore (pas seulement par le préfet). • obliger tout drainage à être déconnecté de la ressource. Le projet de SDAGE permettra aux préfets d’interdire certains pesticides sans échéance mais il est encore peu ambitieux sur les substances dangereuses dont la liste est trop réduite (29 substances identifiées). Il ne faut pas non plus compter sur le projet de SDAGE pour imposer des mesures strictes sur les zones vulnérables aux nitrates, déjà intégrées dans le 5ème Programme d’actions Directive Nitrates. CLE Commission Locale de l’Eau SAGE Schéma d’aménagement et de gestion des eaux, à l’échelle d’un bassin versant Maladies cryptogamiques Maladie causée à une plante par un champignon SDAGE Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux Entretien avec Stéphane POUPON Eau et Rivières de Bretagne : Quel est pour vous le défi agricole majeur pour préserver la ressource en eau ? Stéphane POUPON : C’est le sol ! Tant au niveau quantitatif que qualitatif, le sol joue un rôle majeur : rétention d’eau, préservation des éléments nutritifs, dégradation des polluants... Nitrates, phosphates, pesticides viennent principalement du sol et l’érosion ne fait qu’empirer la pollution. Protéger et préserver le sol permet aussi de protéger l’avenir de l’agriculteur qui perdra moins de nutriments par érosion, et par conséquent devra acheter moins de fertilisants. Sans parler des économies sur les traitements rendus nécessaires dans ce genre de systèmes... Le sol est d’abord un capital. En résumé, quand tu pollues, tu perds de l’argent. L’agriculture biologique est un système cohérent qui ne pollue pas. ERB : Que préconisez-vous dans votre SAGE Sud Cornouaille ? Stéphane POUPON : La fertilisation doit se baser sur l’agronomie. Tout doit être équilibré. Avant de créer une retenue collinaire, je pose la question de l’étude des sols, de l’adaptation des variétés... La perte de carbone dans les sols (provenant des apports d’humus et non des apports minéraux) a pour conséquence d’accélérer le lessivage et l’érosion. L’utilisation des pesticides est la conséquence d’une surcharge des sols en azote fragilisant la plante qui développe des maladies cryptogamiques et qui est plus sensible aux parasites. Les discussions sont techniques plus que politiques au sein de la CLE et personne ne peut réfuter ces arguments agronomiques. Les SAGE devraient permettre de pousser le SDAGE vers le haut. © A. Clugery Maraîcher bio à Bannalec (29), membre de la CLE Sud Cornouaille Représentant du GAB29 au SAGE Sud-Cornouaille Eau & Rivières Mars 2015 - 11 CONSULTATION DU PUBLIC SUR L’EAU www.eau-et-rivieres.asso.fr Préserver les têtes de bassin versant « Les têtes de bassin versant constituent des lieux privilégiés dans les processus d’épuration de l’eau, contribuent à la régulation des régimes hydrologiques, et abritent des habitats d’une grande biodiversité. Par leurs services écosystémiques, elles conditionnent ainsi et de façon primordiale l’état des ressources en eau de l’aval, en quantité et en qualité, et de la biodiversité. » On ne saurait être plus clair ! Le projet de SDAGE affirme fortement l’intérêt de la protection de ces espaces fragiles qui au cours des dernières décennies ont subi diverses altérations : fermeture des paysages de tourbières et prairies, drainage, boisements... Des obligations nouvelles pour les SAGE Le SDAGE adopté en 2009 imposait la réalisation systématique d’un inventaire des têtes de bassins versants par les schémas d’aménagement et de gestion des eaux et une analyse de leurs caractéristiques écologiques et hydrologiques. Le projet de révision précise la définition des têtes de bassin versant : il s’agit « des bassins versants des cours d’eau dont le rang de Strahler est inférieur ou égal à 2 et dont la pente est supérieure à 1% » (voir ci-contre). Une définition bienvenue qui évitera des oublis plus ou moins volontaires… Mais la principale nouveauté introduite dans le projet de révision, c’est l’obligation faite aux SAGE de hiérarchiser les têtes de bassins versant en fonction des pressions qui s’y exercent et de l’état des eaux. Les SAGE doivent également définir des objectifs et des principes de gestion adaptés à la préservation et à la restauration du bon état, déclinés dans un programme d’actions qui peut contenir des mesures complémentaires : encadrement et limitation des plans d’eau, réduction des apports de nitrates, phosphore et pesticides, préservation et gestion des zones humides... Ces nouvelles dispositions sont utiles et seront plus efficaces si les politiques agricoles et forestières prennent en compte l’intérêt capital d’une gestion de ces espaces. Règles de calcul : 1 + 1 -> 2 2 + 1 -> 2 2 + 2 -> 3 3 + 2 -> 3 3 + 3 -> 4 etc Entretien avec Catherine MORET Directrice de l’association de mise en valeur de la vallée du Léguer Eau & Rivières de Bretagne : Quelle est la Q situation de la tête de bassin versant du Léguer ? Catherine MORET : C’est une mosaïque exceptionnelle de zones humides associées à un chevelu de petits cours d’eau, à des espaces forestiers et à un bocage particulièrement préservé : on a encore 250 mètres linéaires de talus à l’hectare quand la moyenne bretonne est à 90 mètres ! 20 % de la surface de certaines communes (La 12 - Eau & Rivières Mars 2015 Chapelle Neuve, Loguivy-Plougras) sont des zones humides. C’est un milieu entretenu par une agriculture essentiellement laitière et extensive. Si le Léguer est en très bon état écologique au titre de la DCE, c’est grâce à cet espace ! ERB : Les enjeux de ce territoire pour l’avenir ? Catherine MORET : Il s’agit d’éviter la fermeture par abandon, car cette évolution appauvrirait la diversité biologique et impacterait les fonctionnalités hydrologiques. Pour cela, il faut pouvoir rémunérer les services écologiques rendus par cette agriculture extensive, faute de quoi, elle disparaîtra et les milieux associés avec ! ERB : La révision du SDAGE peutelle vous aider ? Catherine MORET : Jusqu’à présent, les politiques de l’eau en Bretagne ont toujours privilégié la restauration des milieux dégradés plutôt que le maintien du bon état, alors qu’il s’agit d’un enjeu fondamental ! Hélas, il n’est pas bien reconnu par le SDAGE. L’EAU QU’ON MÉRITE ! www.eau-et-rivieres.asso.fr Les usages de l’eau et les effets du changement climatique activités industrielles, loisirs…) mais aussi pour la vie des rivières. En période de sécheresse ces usages peuvent devenir concurrents et le changement climatique est susceptible d’aggraver ces situations. A l’échelle du grand bassin Loire Bretagne, la Bretagne n’est pas la région la plus concernée par les problèmes de quantité d’eau, quoique... L’augmentation prévue de la population, sa concentration sur le secteur littoral et la pression touristique peuvent localement créer des difficultés pour assurer simultanément les pompages d’approvisionnement des collectivités et le maintien d’un débit suffisant dans nos rivières à l’étiage. Ajoutez à cela le changement climatique, et nous avons de bonnes raisons de nous préoccuper de l’aspect quantitatif de la gestion de l’eau. Ce que prévoit le SDAGE : Le SDAGE prévoit donc, afin de limiter les effets du changement climatique que les usagers se concertent pour économiser l’eau (chapitre 7) : © R. Coat L’eau est nécessaire pour de nombreux usages (alimentation en eau potable, irrigation, • collectivités et industriels : réutiliser les eaux usées épurées, diminution des fuites ; • agriculture : réduire les prélèvements et stocker l’eau en hiver pour la réutiliser en été ; • à l’échelle du SDAGE, s’organiser pour mieux anticiper et gérer les sécheresses. L’analyse d’Eau et Rivières : Le nouveau SDAGE innove : il ne s’agit plus seulement d’économiser l’eau mais d’anticiper les effets du changement climatique. Certaines dispositions doivent être étudiées avec précaution notamment le stockage hivernal. S’il permet d’anticiper et de limiter l’impact des périodes de crise, il ne doit pas être une excuse pour la construction d’obstacles à la libre circulation des cours ni perturber la vie aquatique hivernale. Entretien avec Etienne DERVIEUX Eau et Rivières de Bretagne : Comment le SAGE Vilaine est-il impacté par les différents usages de l’eau? Etienne DERVIEUX : Ce SAGE est sur un bassin où l’équilibre est très fragile : des prélèvements importants sont effectués le long de la Vilaine, par des drains et des points de captage. Il alimente en eau potable des villes fortement peuplées comme Rennes, Vannes et Saint-Nazaire, des sites touristiques comme la presqu’île de Rhuys via le captage de Férel. D’ailleurs, ce captage doit aussi bientôt alimenter Rennes en hiver. Si le but du projet est louable : assurer la sécurité de l’alimentation en eau potable de Rennes, ces travaux d’interconnexion sont la preuve de l’échec de la reconquête de la qualité de l’eau. En réalité, ce projet doit palier la fermeture d’autres points de captage en raison de leurs dépassements chroniques des normes de potabilisation. Il aura comme conséquence d’augmenter les pertes et le traitement des eaux à Férel en raison de la longueur du réseau (95 km). Sans parler de l’impact financier et environnemental des travaux ! ERB : L’actuel projet de SDAGE va-t-il améliorer cette situation? Etienne DERVIEUX : Cette interconnexion croissante multiplie la longueur des réseaux et exige une purification au chlore de l’eau. Ce n’est pas une solution viable sur le long terme. Pourtant cette problématique n’est pas étudiée dans le SDAGE. Néanmoins, on constate des évolutions : disposant d’une base de données plus abondante qu’auparavant, ses dispositions sont plus nombreuses et précises. Malgré tout, je reste sceptique : un nombre important de ses dispositions énoncent une possibilité et non une obligation d’application. Le choix est laissé à l’appréciation des SAGE qui ne sont pas connus pour être entreprenants sur le sujet, bien au contraire. De plus, ils peuvent choisir d’adopter des mesures moins restrictives ! © Annie Loyer Représentant d’Eau et Rivières de Bretagne à la CLE du SAGE Vilaine Eau & Rivières Mars 2015 - 13 CONSULTATION DU PUBLIC SUR L’EAU Gérer le risque inondation © D. Williams www.eau-et-rivieres.asso.fr Sur le bassin Loire-Bretagne, environ deux millions de personnes vivent en zone potentiellement inondable, par crue de cours d’eau ou submersion marine. La mémoire s’effritant, la vulnérabilité des personnes et des biens semble s’accroître face à ce phénomène de plus en plus redouté. L’ancien SDAGE s’attachait principalement à améliorer la protection des zones déjà urbanisées et à arrêter l’urbanisation des zones à risque, sans faire le lien avec l’aménagement des cours d’eau. Dans le nouveau SDAGE, ce lien est clairement explicité, avec une approche plus transversale, sans pourtant se traduire en dispositions vraiment contraignantes. Le nouveau SDAGE reprend quelques dispositions d’un texte beaucoup plus complet, traitant des crues mais également de la submersion marine : le Plan de Gestion des Risques Inondation 2016-2021 ou PGRI, dont le projet est également soumis à consultation du public. Les objectifs du projet de PGRI sont plus clairs, mieux hiérarchisés et plus précis que dans les seules 4 pages du SDAGE de 2009. Un des 6 objectifs s’attache à « préserver les capacités d’écoulement des crues et les zones d’expansion de crues et des submersions marines ». Au delà des seuls PPR du SDAGE de 2009, le projet impose à tout nouveau SCOT ou PLU des mesures intéressantes en zone inondable : préservation des zones non urbanisées de toute nouvelle urbanisation, interdiction de digues et remblais, interdiction de nouvelle construction en zone dangereuse, prise en compte de la défaillance des digues. Le PRGI incite même SCOT et PLU à étudier les délocalisations et à rendre inconstructible certains terrains ! Dans les PPR, les activités polluantes en zone inondable seront maintenant prises en compte, de même que les événements exceptionnels et le changement climatique. Un nouvel outil est créé : le schéma de prévision des crues et les stratégies locales de gestion des risques d’inondation (SLGRI) sur les territoires à risque d’inondation important (TRI - voir carte ci-contre). Mais le document reste encore très faible sur la gestion du trait de côte et la responsabilité des maîtres d’ouvrages et gestionnaires de digues sur ces TRI. Le scandale de la Faute sur Mer et les dégâts de la tempête Xynthia semblent avoir pointé l’importance de l’aménagement et de la prévention. Cependant, le projet de PGRI ne reprend pas assez l’ « approche globale », plus présente dans le projet de SDAGE, même si elle y est encore insuffisante. Carte des TRI où un SLGRI doit être élaboré : Entretien avec Dominique WILLIAMS Représentante Eau et Rivières au groupe de travail Inondation du SAGE Ellé-Isole-Laïta Eau et Rivières de Bretagne : inonL’enjeu inon dation est-il important en Bretagne ? Dominique WILLIAMS : Oui. A l’ouest, les cours d’eau sont courts, pentus, sur socle rocheux, très réactifs. A l’est au contraire, la Vilaine et ses affluents coulent dans un bassin plus sédimentaire, très plat. Partout, les drainages des zones humides, les modifications des cours d’eau, l’arti- 14 - Eau & Rivières Mars 2015 ficialisation des sols ont aggravé les choses, d’autant que l’urbanisation se concentre sur les points de passage des rivières, rias encaissées à l’ouest, plaines alluviales à l’est. On a surtout fait une gestion de plombier pour évacuer l’eau le plus vite possible vers l’aval alors qu’il faut une vision globale, des sources à la mer. ERB : Comment le SDAGE pourrait aller plus loin ? Dominique WILLIAMS : L’accent est mis sur la nécessité de tra- vailler à l’échelle du territoire. Malheureusement, les dispositions ne seront pas suffisantes pour contrer l’effet des aménagements fonciers, recalibrages de cours d’eau et autres destructions de zones humides. Le SDAGE ne fait qu’évoquer le lien de cause à effet sans développer de mesures appropriées dans ces domaines. Par exemple, l’obligation d’entretien des cours d’eau devrait concerner tout cours d’eau, même en tête de bassin. PGRI Plan de Gestion des Risques Inondation PPR Plan de prévention des risques, outil réglementaire de prévention mis en oeuvre par l’Etat, qui s’impose aux documents d’urbanisme sur les secteurs concernés. SCOT Schéma de cohérence territoriale PLU Plan local d’urbanisme SLGRI Stratégies locales de gestion des risques d’inondation TRI Territoires à risque d’inondation important L’EAU QU’ON MÉRITE ! www.eau-et-rivieres.asso.fr Connaître pour pouvoir aimer, aimer pour pouvoir défendre ! « La reconquête de la qualité de l’eau passe par une prise de conscience et un engagement de tous les citoyens » : faire adhérer et participer tous les acteurs à la préservation de l’eau, c’est l’ambition du nouveau SDAGE. Un enjeu que les membres d’Eau et Rivières de Bretagne et les autres acteurs associatifs ont identifié depuis longtemps et sur lequel ils ont agi. Dans quel état serait réellement la Bretagne sans cet engagement. Y aurait-il sur ce sujet un débat public animé sans la contribution associative ? Parce que tout ne peut pas descendre d’en haut, les dispositions qui visent à renforcer l’autorité des CLE, à rechercher une complémentarité avec l’action régalienne de l’État (Chap 12), à renforcer la cohérence des politiques publiques et des outils d’aménagement (PLU, SCOT, Natura, SAFER...) sont des orientations que nous appelons de nos vœux depuis longtemps. Elles mettront peut-être fin à quelques inepties : par exemple, ne pas solliciter l’avis de la CLE pour une augmentation conséquente d’un rejet d’usine au cours d’eau comme cela était le cas récemment sur le Sage Ellé-Isole-Laïta. Pour que les acteurs de l’eau jouent pleinement leur rôle, il faudra un intérêt plus marqué de nos élus pour la politique de l’eau, un rééquilibrage des représentations, dans les CLE et au comité de bassin, avec une place moins marginale des acteurs associatifs. Il faudra également que la nouvelle loi permettant aux communes et communautés de communes de lever une nouvelle taxe, dite de Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations (GEMAPI), ne vienne pas chambouler les organisations de maîtrise d’ouvrage déjà existantes. Faire participer tous les acteurs c’est aussi reconnaître le travail déjà effectué. Sur ce point, le chapitre 13 (l’utilisation la plus efficace possible des moyens financiers) n’apporte pas beaucoup de réponse à la problématique de la pérennité des travaux d’entretien de rivière. L’Agence souhaite mobiliser ses aides prioritairement sur les rivières les plus dégradées, ce que l’on peut interpréter comme une prime aux mauvais élèves ! Heureusement, pour terminer, le SDAGE rappelle son ambition de pédagogie sur les notions fondamentales de l’eau. On notera cette disposition 14B-2 qui énonce clairement qu’un volet pédagogique doit compléter le volet « information-communication » des SAGE, ce que beaucoup d’entre eux confondent malheureusement ! CLE Commission locale de l’eau PLU Plan local d’urbanisme SCOT Schéma de cohérence territoriale SAFER Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural Entretien avec Arnaud CLUGERY Eau et Rivières de Bretagne : Comment Eau et Rivières se mobilise t-elle pour cette consultation ? Arnaud CLUGERY : Nous allons évidemment rendre un avis étayé sur le projet de révision, avis qui sera co-construit avec nos associations membres (une centaine à ce jour). Surtout, nous allons faire connaître cette consultation pour qu’un maximum d’acteurs associatifs de l’eau et de citoyens expriment leurs avis. Les précédentes consultations l’ont montré : il y a toujours statistiquement plus de réponses en Bretagne que dans le reste du bassin. Nous espérons y être pour quelque chose ! ERB : Concrètement ça se passe comment ? Arnaud CLUGERY : Nous mobilisons nos sites Internet pour inviter nos quelques 1000 visiteurs quotidiens à répondre à la consultation. Nous publions ce dossier spécial et allons le diffuser dans toute la région. Nous organisons avec notre réseau 5 à 6 réunions de travail et d’échanges pour nos associations membres. Enfin, nous participerons sur le terrain à plus d’une quarantaine d’événements grand public « La caravane de l’eau » au cours desquels nous inciterons à remplir le questionnaire et communiquerons sur les enjeux de l’eau. ERB : Quels résultats en attendezvous ? Arnaud CLUGERY : C’est la deuxième fois que nous participons activement à cette consultation. La première fois c’était en 2008. Il n’y a pas de fatalité à la dégradation de nos rivières et du littoral ! Les progrès accomplis en Bretagne on les a obtenus par la mobilisation des bretons. L’eau est notre patrimoine au même titre que la langue bretonne ou la musique qui eux aussi auraient pu disparaître sans un sursaut citoyen. © C. Chardon Coordonnateur régional de l’action associative à Eau et Rivières de Bretagne Eau & Rivières Mars 2015 - 15 L’eau, des sources à la mer, patrimoine vivant, a besoin de votre soutien © R. Coat Réalisé avec le soutien de Imprimé sur papier recyclé N° CPPAP 0910G87124 - ISNN 01 82-0567 Directeur de publication : Dominique Avelange Réalisé et imprimé en Bretagne par © Annie Loyer Toutes les infos sur le calendrier des événements : www.eau-et-rivieres.asso.fr rubrique «consultation» © Annie Loyer © Annie Loyer LANDERNEAU RENNES PARIS 02 98 40 18 40 Avec Eau et Rivières de Bretagne, participez à la consultation Venez à notre rencontre sur les nombreux événements que nous organisons et répondez directement en ligne sur www.prenons-soin-de-leau.fr
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