Phrases Direct n°1

- Jeudi 28 mai 2015
biarritz 2015 Le quotidien du congrès du Syndicat de la presse hebdomadaire régionale
direct
Lejeune
prend
le large
Mission ultime pour le nouveau président
Vincent David : surfer dans le sillon de
son prédécesseur éric Lejeune, tout en
recherchant la vague qui maintiendra la
PHR hors de l’eau. Mais gare aux requins...
Ongi etorri Euskal Herrian
On a goûté au canard
basque !
pages 4-5
Nouveaux usages
Usez du web
sans couler le papier
pages 6-7
Tourisme
eugénie,
l’impératrice
de biarritz
page 11
Suivez-nous sur congres-sphr2015.formaweb.esj-lille.fr
SYNDICAT I
À LA UNE
SYNDICAT I
VINCENT DAVID, LE NOUVEAU PRÉSIDENT
ERIC LEJEUNE PASSE LE RELAIS
« Il faut défendre
l’identité PHR »
Au revoir, président
Après six ans à la tête du SPHR,
Eric Lejeune laisse sa place à Vincent David
lors de l’ouverture du 42e congrès.
Q
ue représentait pour vous le poste
de président du SPHR?
La reconnaissance de mes pairs.
Le syndicat m’a beaucoup apporté
lorsque j’ai débuté dans ce métier.
Je suis un autodidacte, je n’ai pas fait d’études
de journalisme alors l’aide du SPHR était précieuse. Il n’y a pas d’école pour être directeur
de PHR, c’est au syndicat que j’ai appris mon
métier. Le bureau m’a beaucoup apporté, c’était
à mon tour de prendre le relais il y a six ans. Ce
poste m’a demandé beaucoup de temps, mais je
suis passionné par mon métier. Ces deux mandats m’ont permis d’évoluer personnellement. Je
suis plus aguerri, plus méfiant peut-être. Comme
tout poste important, ça vous change forcément.
Pensez-vous avoir rempli vos objectifs ?
Je n’avais pas d’objectifs précis si ce n’est celui
de rendre au syndicat ce qu’il m’avait apporté.
Aujourd’hui, je n’ai pas de regret. J’ai toujours
voulu conserver la spécificité et le particularisme
de la PHR afin qu’elle ne soit pas noyée dans
un grand groupe de presse locale. Même quand
c’était tendu, il en ressortait de bonnes choses.
Nous avons travaillé dans l’intérêt de la PHR.
“Je voulais rendre au
SPHR ce qu’il m’avait
apporté.”
Eric Lejeune
Élu ce jeudi matin à l’ouverture
du congrès, Vincent David,
directeur des éditions
du groupe PMSO, opte pour
une intégration intelligente
du numérique dans les rédactions.
“Le congrès européen
de la PHR à Mulhouse
reste l’un de mes
meilleurs souvenirs.”
Quels grands projets retiendrez-vous?
Ils sont nombreux. Nous avons créé un fonds
d’investissement pour aider les jeunes indépendants à reprendre des journaux par le biais du
concours de l’Institut pour le Financement du
Cinéma et des Industries Culturelles (IFCIC).
Je retiendrai également la campagne de promotion « Le mois des Hebdos Régionaux ». Plus
récemment nous avons trouvé un accord sur
les réglementations des annonces légales, très
important pour la profession. La féminisation
des effectifs fait aussi partie des grandes actions
menées ces dernières années. Il fallait également
s’investir sur le support numérique. C’est incontestable, nous avons désormais pris dans le train
du web.
lu réorganiser et restructurer, mais nous avons
un bon modèle.
Et celui qui vous tient le plus à cœur ?
La liste est longue mais le projet dont je suis le
plus fier reste le prix littéraire de la PHR. C’est
un ravissement de rencontrer des auteurs que
nous avons lancés et qui ont reçu d’autres prix
depuis. Durant ces deux mandats, il a parfois fal-
Si ces deux mandats étaient un des livres de
votre bibliothèque, quel en serait le titre ?
Le prix littéraire PHR, écrit par Sabine Roger, Vivement l’avenir.
Comme Shiva vite l’info
aujourd’hui !
Vincent David a déclaré : « Je souhaite m’inscrire dans la continuité d’Eric Lejeune.» Cela
signifie quoi pour vous?
Le SPHR fonctionne de manière collective,
nous avons un but commun. Nous travaillons
ensemble depuis un certain temps. Vincent David a évolué à la commission sociale, ce n’est
pas toujours évident. Il est sérieux, consensuel et
disponible. La disponibilité, c’est très important
pour un président du SPHR parce que c’est un
poste qui demande beaucoup d’énergie. Je resterai membre du syndicat, lui sera dans la continuité mais mènera sa propre barque.
ProPos recueillis Par alice Douchet
EN HOMMAGE
À AÏNA
Il manque un membre de l’équipage
de la 20e promo PHR de l’ESJ Lille. À
21 ans, Aïna Roger nous a quittés le 16
mai des suites d’une longue maladie
contre laquelle elle s’est battue avec
un courage et une force admirables.
C’est une véritable tempête dans la vie des treize étudiants
de la filière, mais ils font face. Pour Aïna.
Les yeux perdus dans l’océan, on pense à toi.
L’OURS
Directrice de publication : Laurie Moniez
Rédactrice en chef : Anne Leburgue
Rédacteurs en chef adjoints :
Rémy Eylettens, Amélie Bouclet
Rédacteurs : Clément Varanges, Laura Oudart, Paul Descamps, Aïna Roger, Pierre Julienne, Alice Douchet, Arthur
Conanec, Nina Dworianyn, Arthur Asquin,
Lucile Richard, Pierre Veillé
Avec le soutien de Laurent Brunel © ESJ-Lille/SPHR 2015
DIRECT
Page 2
À LA UNE
Devenir président du SPHR, une
vocation ?
Devenir président, non. En revanche, entrer au SPHR, oui. Cela
fait six ans que je l’ai intégré. Six
années passées à la commission
sociale du syndicat. Il y a un an, je
n’estimais pas avoir la légitimité,
comparé à certains pontes du syndicat aux parcours émérites. Mais
finalement on m’a dit « Mais si,
vas-y ! » J’aime la PHR, j’aime
les personnes avec qui je travaille
au syndicat. Je m’y sens à l’aise.
Alors, me voilà !
Quels sont vos projets pour la PHR ?
Je m’inscris dans la continuité de mon
prédécesseur, Eric Lejeune. Ma première
mission, c’est la défense de l’identité
PHR. C’est une existence propre sur
le plan rédactionnel et commercial. Il
s’agit aussi de défendre les intérêts et
promouvoir l’activité de nos adhérents.
Nos titres sont globalement en perte de
vitesse. Les ventes diminuent. Pour y
remédier, il est nécessaire, entre autre,
d’intégrer intelligemment le numérique
dans les rédactions.
Où en est la transition numérique ?
Certains titres sont en avance, comme La
Manche libre, ou le Courrier cauchois.
Ce sont des poids lourds de la PHR, ils
ont d’avantage de moyens humains et financiers pour investir le web.
Personnellement, je suis un peu dubitatif.
Voix de l’Ain s’est engagé très tôt sur le
web. Leur travail est d’ailleurs remarquable. Mais cela a eu pour conséquence
une diminution assez importante de ses
ventes. La publicité ne rapporte pas suffi-
Vincent David,
nouveau président et
régional de l’étape.
samment d’argent sur le web, la seule solution, pour l’heure, c’est le “tout payant”.
De nombreux titres sont présents sur
internet mais ils ne disposent pas des
ressources nécessaires pour alimenter
en permanence un site d’information.
L’immense majorité des hebdos régionaux en est incapable. Malgré plusieurs
congrès consacrés à ce sujet, nous ne
sommes pas parvenus à déceler le modèle économique idéal.
Un de vos titres, La Vie corrézienne,
dispose d’un site mais vous ne mettez
pas de contenus dessus et vous n’êtes
pas présents sur les réseaux sociaux.
Est-ce un choix délibéré?
Oui. D’une part j’ai préféré embaucher
des journalistes pour le papier. Grâce à
cette valeur ajoutée, mes ventes demeurent stables. D’autre part, je le reconnais,
il y a eu un peu d’attentisme. Nous menons actuellement une réflexion. Être
présent sur les réseaux sociaux pourrait
davantage servir le développement de
nos titres, plutôt qu’un site d’information
classique et coûteux.
Que peut apporter la nouvelle génération de journalistes à la PHR ?
Elle est née avec Internet. L’image de
la PHR est parfois poussiéreuse. A vous
de renforcer le lien entre la presse locale
classique et la modernité.
Qu’attendez vous du congrès 2015 ?
Le congrès, c’est un moment de travail
mais aussi et surtout, de convivialité. Nombre de nos adhérents l’attendent avec impatience. Le programme
s’annonce excellent, avec des intervenants de qualité. De plus, il a lieu à Biarritz, dans ma région, dans un lieu et une
ville magnifique. Et si certains éditeurs
repartent avec des idées pour améliorer
et développer leur titre, alors c’est gagné.
CV express
1962 : Naissance
à Libourne
(Gironde).
1982/84 : Études
de journalisme à
l’IPJ (Paris).
1987 : Entre au
groupe Courrier
Français.
2000 : Devient
directeur des éditions du groupe
PMSO.
arthur arsquin
“ Pour remédier à la baisse
des ventes, il faut intégrer
intelligement le numérique. ”
Vincent David
Rendez-vous sur :
congres-sphr2015.
formaweb.esj-lille.fr
Page 3
DIRECT
CONGRÈS I
L’HÔTE
CONGRÈS I
demeure le cheval de bataille ». En
revanche, une application pour smartphone a été lancée.
LA SEMAINE DU PAYS BASQUE
« La course
à l’actu
est perdue
d’avance »
Retour du long format
Pour Pierre Lasterra, la « course à l’actu
est perdue d’avance » du fait de la périodicité hebdomadaire du titre. C’est donc
autrement que la SPB se démarque. L’information micro-locale a été déplacée en
cahier central, tandis que les formats longs
font leur retour en grâce : « Le lecteur a
une semaine pour déguster nos articles,
nous avons donc rompu avec l’obsession
du court en proposant différents formats»,
explique le rédacteur en chef.
Par ailleurs, la SPB s’est lancée dans
la production de contenus pour des
institutions ou des entreprises privées.
« Vu l’état de l’économie, les budgets
communication des entreprises baissent
et la rentabilité des encarts de pub aussi,
explique Frédéric Fort, en charge de la
diffusion, de l’impression, des ventes et
de la promo. Cela nous permet de consolider nos résultats, en faisant travailler
plus nos correspondants, notre imprimeur et notre réseau de distribution.
Ainsi, nous pouvons négocier de meilleurs tarifs. »
Créé il y a 22 ans, l’hebdomadaire
est devenu incontournable
au Pays Basque. Comme la plupart
des titres de PHR, l’hôte de ce
42e congrès doit s’adapter
pour rester à flots.
L
a cohabitation d’opinions
très différentes, voire antagonistes, parmi nos éditorialistes, voilà notre richesse »,
assure Pierre Lasterra, rédacteur en chef de La Semaine du Pays
Basque (SPB). Contrairement à de
nombreux titres de PHR, l’hebdo basé
à Bayonne n’adopte pas toujours un ton
consensuel. « Peu de journaux locaux
se le permettent, mais nous avons choisi
“ Nous avons rompu
avec l’obsession du court
en proposant différents formats. ”
Pierre Lasterra, rédacteur en chef
Dans la salle de rédaction de la Semaine du Pays Basque, à Bayonne.
de conserver nos aspérités, poursuit le
jeune quadragénaire. Nous recevons des
courriers, tantôt de félicitations, tantôt
d’indignation, c’est normal quand on
s’adresse à un lectorat diversifié ! »
Un rachat salutaire
La formule semble fonctionner. Lancé
en 1993 par Roland Machenaud, le journal a parfaitement trouvé sa place dans
le paysage médiatique basque. S’il a
traversé durant dix ans une période parfois délicate à la suite du rachat par le
groupe Sud-Ouest en 1998, la dynamique semble meilleure depuis sa revente
au Breton Hubert de Caslou en 2008.
Avec en moyenne 6 500 exemplaires
vendus pour 8 000 tirés (selon la SPB),
le titre résiste à une difficile conjoncture
grâce à une équipe plus locale, stable et
fourmillant d’idées. D’abord, la rédaction en chef a été confiée à un Basque,
AINHOA, UN JOUR DE SEMAINE
Dans ce coin de verdure, à la limite de la frontière espagnole, les bâtisses blanches et rouges
typiques du Pays Basque parsèment les flancs de montagne. Entre Etxeak (maisons) et
Baserriak (fermes), Ainhoa a su garder toute son authenticité.
Un visage que Robert Salduha ne veut pas voir changer. « Ce village, c’est notre patrimoine.
On ne veut pas devenir un nouvel Espelette. On doit le préserver et le défendre », confie le
cantonnier. Cet abonné de la Semaine du Pays Basque, membre de l’association du Patrimoine explique l’importance de l’hebdomadaire local sur le territoire. « Nous sommes un
village de 630 habitants, personne ne parle de nous à part la Semaine. On sent qu’ils sont
proches des gens ». Sur un chantier non loin de l’église, Ramuntxo Lascub rénove une partie
du muret entourant le fronton du village. L’homme de 33 ans est un lecteur occasionnel, sourire aux lèvres, il avoue que seule la Une le pousse à acheter le journal. « Si ça parle de rugby
ou du coin, je vais le prendre. »
De l’autre côté de la place, « Momo », 20 ans dans la tête mais pas dans les jambes, tenancière du café Ezkurra, est une lectrice assidue. « Je suis malheureuse sans ma Semaine. Quand
je l’ouvre, je commence la lecture par les décès puis je lis le rugby. Ensuite je le passe à mon
mari, le reste du temps il traîne sur le comptoir ». À la librairie, dans la rue principale qui traverse le village de part en part, Anne-Marie Dione en vend six par semaine. Elle le « feuillette
quand elle a le temps », aime le cahier intérieur ville-village. La vendeuse apprécie également
le travail de la correspondante locale « qui se donne du mal ».
Arthur ConAneC
DIRECT
Page 4
après avoir vu plusieurs “étrangers” réaliser de courts mandats.
De plus, depuis 2008, le canard est à nouveau imprimé à San Sebastian (à 60 km)
sur les rotatives du Diario Vasco. Sous
l’ère Sud-Ouest, l’imprimerie de Pau
était deux fois plus éloignée (110 km).
Ensuite, un site internet est alimenté,
pour servir de vitrine au journal. Cependant, « la stratégie web reste pour
l’instant minimale », car « le papier
Préserver la frontière
Ces orientations innovantes posent
évidemment la question de l’indépendance. À cela, l’homme orchestre de La
Semaine rétorque : « Il arrive qu’on ne
plaise pas, mais notre crédibilité est en
jeu. Nous devons préserver la frontière
entre journalisme et communication. »
Rester crédibles tout en se renouvelant,
un défi de taille auquel doivent faire face
tous les titres de PHR. Frédéric Fort,
sur la brèche, annonce : « Dès la fin du
congrès, nous allons réunir l’équipe
pour anticiper notre avenir en tant que
média local. »
PauL DescamPs
Herria, l’hebdo en VO
Ramuntxo et Robert, deux lecteurs de la Semaine.
Dans la rue Laffite de Bayonne se cache une seconde rédaction.
Derrière la Semaine du Pays Basque, un autre hebdomadaire
commente l’actualité en langue basque. « Il y a en France entre
soixante et soixante-dix mille locuteurs basques. Notre journal a
donc sa base et son lectorat», explique Peio Jorajuria, rédacteur
en chef du journal. Si Herria ne compte que deux salariés, la
rédaction s’appuie sur «une quarantaine de correspondants qui
parcourent le Pays Basque des deux cotés de la frontière. »
Le journal traite du local mais n’exclut pas l’actualité nationale
quand elle peut être abordée par le prisme basque. Un seul objectif : « défendre la
culture basque et sa langue ». L’hebdomadaire a fêté l’an dernier ses 70 ans et est
aujourd’hui le plus vieux journal basque.
Si l’hebdomadaire a tiré jusqu’à 10 000 exemplaires dans les années 60, aujourd’hui
il n’est proposé qu’à raison de 180 exemplaires par semaine dans quelques kiosques.
En revanche il compte plus de 1 000 abonnés. « C’est pour nous un gage de sécurité.
Nous avons un prévisionnel sur nos revenus et nos dépenses. On cherche de nouveaux
lecteurs par des opérations de communication. »
a.c.
L’HÔTE
TASTET, LE CROQUEUR BASQUE
Amoureux du Pays Basque, Philippe Tastet a
troqué le costume du banquier pour croquer
de sa plume les incongruités de l’actualité.
Quelle relation entretenez-vous
avec la Semaine du Pays Basque ?
Il s’agit du journal qui m’a donné
une chance lors de ma reconversion
en 1993. En collaborant avec eux
depuis le deuxième numéro, je l’ai vu
évoluer pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. La parution hebdomadaire
de mes dessins a été le premier pas de ma
carrière en tant que dessinateur de presse.
Vous travaillez aujourd’hui pour de nombreux titres (Le Monde Initiative, Le Point,
Libération, Marianne, Fluide Glacial...).
Est-ce difficile de passer d’une casquette à
l’autre ?
On a tous plusieurs facettes… Travailler en
Presse hebdomadaire, c’est parfois beaucoup de contraintes. Il faut suivre une ligne
éditoriale.. Les gens sont de plus en plus
“chagrin” et je ne crois pas qu’un Desproges
aurait sa place dans le champ médiatique
actuel. Au niveau local, les élus n’ont pas
l’habitude de se faire tirer le portrait. En
dessinant pour un public large, on se heurte
à plus de barrières. Dessiner pour Fluide Glacial par exemple permet de contourner une
certaine frustration. Je cherche avant tout à
prendre du plaisir, c’est un peu pour ça que
j’ai quitté le monde de la banque.
Un dessinateur a-t-il le même regard qu’un
journaliste ?
Je ne suis pas un moraliste, pas un donneur de
leçon. Je cherche à attirer l’attention sur des
non-sens avec humour. En un dessin je dois
faire passer une idée. J’espère avoir le statut
de journaliste. C’est vraiment le dessin de
presse qui m’intéresse. Je réagis sur des faits.
Un mot sur Charlie Hebdo ?
J’ai eu l’impression que le monde découvrait
notre métier. Il y a eu un bel élan de solidarité mais c’est terminé. On retourne peu à
peu à notre anonymat. Il n’y a que les grands
noms qui travaillent sereinement, pour
les jeunes c’est compliqué. Le manque de
moyens se fait sentir alors qu’Internet gagne
en puissance. Seulement, internet ça ne paye
pas, et moi je ne suis pas à la retraite. a.c.
Page 5
DIRECT
CONGRÈS I
LES ATELIERS
CONGRÈS I
présence sur les réseaux sociaux. Peutêtre se voir proposer les informations
via les recommandations de clics sur
une application ou un contenu. Pour des
personnes plus âgées et rurales, le papier
reste le support le plus efficace. La périodicité hebdomadaire permet au journal
d’être consulté plusieurs fois. Mais il faut
se garder de faire des projections à long
terme car les évolutions sont rapides et
difficiles à anticiper. Par exemple : les
smartphones ont une place prépondérante en Afrique -alors qu’on ne l’aurait
pas forcément imaginé- parce qu’il n’y a
pas besoin d’infrastructures lourdes.
LA RÉVOLUTION DES USAGES
“ Il ne faut
plus se contenter
d’informer ”
Oublié le temps où le lecteur se satisfaisait
d’ouvrir son canard favori pour prendre des
nouvelles du monde qui l’entoure.
Où qu’il se trouve, à n’importe
quel moment de la journée,
il veut et peut aujourd’hui
consommer l’information.
Quels sont les nouveaux supports et les
usages des lecteurs pour consommer
l’information ?
Jean-Marie Charon : Ils sont nombreux
car la palette d’outils numériques disponible pour les éditeurs l’est aussi. Il y a,
par exemple, les smartphones et les tablettes. Nous pouvons imaginer qu’il y
aura bientôt d’autres supports.
Valérie Migata : Chez les 30-60 ans, il
y a eu des changements importants. Ils
s’opèrent sur plusieurs critères comme le
moment de la journée ou l’intérêt pour
“ Il faut se garder de faire
des projections à long terme
car les évolutions sont rapides
et difficiles à anticiper. ”
Jean-Marie Charon
un sujet. L’info doit être opérationnelle,
transformable, ou encore personnalisée.
Le lecteur ne souhaite plus seulement
s’informer, il veut aussi connaître la
réaction des gens, partager et donner son
avis. Pour la presse locale, cela peut être
de proposer des sujets aux journalistes
touchant à la vie quotidienne, pour qu’ils
jouent leur rôle de médiateurs actifs.
Quelles sont les conséquences pour la
presse et ses lecteurs ?
J-M. C. : Internet propose de l’information gratuite. Il faut donc repenser
l’offre et développer la nécessité de
payer l’information. Le lecteur doit faire
la distinction entre une information de
base gratuite, et une information un peu
plus travaillée et pour laquelle il est prêt
à payer. Avant, un lecteur avait l’habitude de quelques titres qu’il privilégiait.
Aujourd’hui, il consulte l’information
JEAN-MARIE CHARON
VALÉRIE MIGATA
Sociologue au CNRS : recherches
et enseignement sur les médias,
le journalisme et l’information.
Fondatrice du cabinet Marque Média,
société d’études spécialiste
de la presse.
via les moteurs de recherche, à travers
ce que ses amis aiment sur Facebook ou
suivent sur Twitter.
V.M. :Ajuster naturellement, en continu, les propositions faites aux lecteurs
est une nécessité. Cela peut choquer les
journalistes mais la conséquence est de
ne plus se contenter d’informer ! Ces
nouvelles façons d’aborder les médias
modifient les attentes face aux journalistes. Les lecteurs demandent de l’ouverture sur leur quotidien, leurs préoccupations, leurs aspirations voire leurs
contradictions et surtout de sentir une
rédaction présente, accessible.
Comment la PHR peut-elle s’y adapter ?
J-M. C. : En allant chercher un public
DEUX ÉDITEURS TÉMOIGNENT
Révolution des usages : les armes des journaux
Samuel Thomas,
rédacteur en chef du Messager
Je pense qu’il faut s’adapter en permanence. Chaque lecteur a plusieurs
sources. Il faut être présent partout :
à la fois faire un bon journal papier et
être sur les réseaux sociaux.
Les lecteurs changent tout le temps.
Avant, ils étaient fidèles à un journal
mais aujourd’hui, il y a beaucoup de
sources d’information. Parfois, ils
cherchent juste une information et non
un média en particulier. Rien n’est
gravé dans le marbre.
DIRECT
Page 6
LES ATELIERS
Pierre Archet*,
rédacteur en chef du Journal d’Ici
Pour prendre en compte l’évolution du
lectorat, nous avons imaginé un site qui
viendrait compléter l’hebdo papier, sans
le concurrencer. Nos journalistes continuent d’apprivoiser ce nouvel outil et le
paradoxe qu’il engendre : avoir une main
qui écrit dans le temps long de l’hebdomadaire, et une autre dans l’immédiateté
pour le web. Il ne faut pas que le site
cannibalise le papier.
*Pierre Archet est absent du congrès
pour des raisons familiales.
plus jeune. Les plus âgés ont des habitudes et un attachement important à l’information locale. Pour les jeunes, il est
nécessaire de concevoir une nouvelle
offre. Par exemple, Publihebdos a décliné
en Normandie des sites d’informations,
de services, et de faits divers comme
76actu, 50actu ou 14actu. Pourquoi pas
proposer aussi sur le site des hebdos une
offre plus personnalisée : soit la personne
choisit l’information, soit un algorithme
lui propose en fonction de sa circulation
sur le site.
Comment envisagez-vous les usages
des lecteurs de demain ?
J-M. C. : Je pense que le public ne se
référera plus à un média particulier mais
recherchera un contenu particulier. Il y
a l’inventivité technologique, mais ce
qui modifie réellement les usages, c’est
la pertinence ou non pour le public. Il y
a quelques années, on n’aurait pas imaginé que les réseaux sociaux auraient la
capacité de modifier les rapports à l’information !
V.M. : Les chiffres montrent que les équipements et comportements bougent vite.
Seul 15 % environ de la population offre
une pleine résistance au changement.
Ce que nous ne pouvons pas prévoir, ce
sont les innovations qui modifieront les
usages par leur pouvoir d’attraction, leur
simplicité, les services qu’ils apportent.
Quels sont les nouveaux supports pour
faire circuler l’information, qui vous
paraissent les plus performants ?
J-M. C. : Pour des lecteurs jeunes et urbains, il faut réfléchir à une stratégie de
Les réseaux sociaux doivent-ils être
considérés comme des médias ou
comme de simples robinets d’informations sans réel contrôle, donc sans
informations vérifiées ?
J-M. C. : Le problème de l’information
peu fiable est renforcé quand le réseau est
large ou propage des rumeurs. Se pose la
question des moyens humains : il faut une
rédaction importante. C’est le problème
pour les journaux de presse hebdo qui ne
peuvent pas démultiplier à l’infini leurs
effectifs. Il faut aussi des moyens financiers car il faut être capable d’investir
dans des technologies.
V.M. : Je ne suis pas juge des contenus.
En revanche, il est clair que la distinction
entre bruit médiatique, rumeur et information doit être clairement identifiable
via des opérateurs et indispensable pour
l’avenir de la presse.
ProPos recueillis Par
amélie Bouclet et anne leBurgue
Atelier à 11 h. Animé par Florent Rimbert.
“ L’info doit être opérationnelle,
transformable, ou encore
personnalisée. ”
Valérie Migata
LA MATINALE DU MONDE
Le format innovant
Depuis une dizaine de jours, Le Monde a lancé
une nouvelle application : La Matinale. Quasi
révolutionnaire, elle permet au journal du soir de
créer un rendez-vous avec ses lecteurs le matin.
Emmanuelle Chevallereau, responsable éditoriale,
explique : « Ce que l’on a voulu, c’est avoir un objet fini, et pas un objet de flux. La Matinale délivre
l’équivalent d’un journal chaque matin à partir de
7 h. Il n’y a pas de réactualisation. »
Le but est de présenter l’actualité d’une manière
plus ludique, « un peu à la manière de Tinder »,
plaisante Emmanuelle Chevallereau. Le lecteur
gagne ainsi du temps : « L’application permet
d’être bien informé sans avoir besoin de trier
soi-même les articles dans la masse d’informa-
tions », poursuit la responsable éditoriale. Avec
un nombre d’articles limités (une dizaine), seul
l’essentiel de l’information est proposé. Pas forcément besoin d’être abonné, quelques-uns sont
disponibles gratuitement.
L’équipe n’est composée que de sept personnes,
dont trois pour l’édition et une rédactrice de nuit
basée à Washington. « Le travail rédactionnel est
fait par toute la rédaction : on prend des articles
des Décodeurs, du journal, du magazine et du
web. Mais on a aussi des productions exclusives pour l’application », annonce Emmanuelle
Chevallereau. Les retours sont excellents : « Nous
sommes à 160 000 téléchargements. » Le succès
est donc au rendez-vous.
« La presse est en perpétuelle recherche de
transformation. Le modèle papier n’est plus
viable alors on s’adapte aux usages des lecteurs », conclut Emmanuelle Chevallereau.
nina Dworianyn
Page 7
DIRECT
CONGRÈS I
C’EST NOUVEAU !
CONGRÈS I
FACILE, INTERACTIF ET LUDIQUE
Trois bonnes idées numériques
La PHR est en perpétuel changement, que ce soit sur la version papier ou
numérique. Au niveau du web, ça bouge ! Voici trois idées qui méritent d’être
mises en avant.
1
le réservoir
d’infos
Le Mémorial de l’Isère a lancé le 19
mai dernier son nouveau site baptisé « mémolive ». Anciennement
chez Oyez, le site est désormais
hébergé par la News Company qui
l’héberge. Un site plus épuré, plus
moderne et plus « punchy ». Le
journal a choisi de supprimer ou de
rajouter certains widgets, dont ce
réservoir d’infos (voir ci-dessus).
Il propose aux internautes les actus
locales et nationales et, prochainement, des informations mondiales ! Le 1er juin, l’AFP alimentera
le flux d’infos mondiales en fournissant dix à quinze dépêches par
jour. De ce fait, le lecteur a toutes
les infos sur un plateau. Pourquoi
aller voir ailleurs ?
2
la photo
emporte tout
3
RÉSEAU DE DIFFUSION
Distribuer
pour mieux
régner
Depuis plus d’un mois, le groupe Edit Ouest a repris en main
la distribution du Courrier de la Mayenne et du Haut Anjou.
Jean-Baptiste de Guébriant, chef des ventes à Edit-Ouest, réagit.
Écho d’Ile-de-France (Publi-Louvre) nous en
met plein les yeux dès notre arrivée sur son site.
Complètement relooké depuis mars dernier, le
journal est passé d’une version 1 à une version
4 : le grand écart ! Et c’est très réussi. Il n’est
certes pas encore terminé, mais visuellement
il est percutant. Le dernier article mis en ligne
s’affiche automatiquement en Une. Le journal, qui
le vote des
internautes
couvre trois départements, a voulu un site classe
et moderne. Il y a une meilleure identification des
lieux avec la présence des numéros des départements, donc plus de visibilité pour les internautes.
Ne reste plus que les widgets tels que la météo, la
plate forme d’annonces légales et un moteur de
recherche de formation professionnelle (nationale) qui ne sauraient tarder.
Les sites du groupe Sogémedia vont connaître un nouveau
changement d’ici quelques semaines. Ils seront tous calqués
sur le modèle des sites du Courrier d’Hirson et de La Thiérarche. Résultat : des sites plus fonctionnels. Mais un widget
sera toujours présent, un module de réaction. Ainsi les internautes pourront toujours donner leur avis à la
fin des articles mis en ligne. Il leur suffira
juste de répondre en cliquant soit sur « enthousiaste », « amusé(e) », « indifférent »,
« triste » ou « en colère ». Une idée plutôt
chouette qui permet à chacun de s’exprimer en dehors des commentaires.
LuciLe richarD
Qu’est-ce qui a motivé la reprise en
main de la distribution ?
Ce changement de stratégie de diffusion
est dû au rachat de l’un de nos principaux dépôts à Laval par le groupe Presstalis. Auparavant, nous étions un client
à part entière puisque le Courrier de
la Mayenne représentait 30 % de leur
chiffre d’affaires. Avec ce rachat par
un grand groupe de diffusion, nous redevenions des clients comme les autres.
De plus, l’organisation de la diffusion
ne nous convenait pas du tout avec des
dépôts qui se situaient en dehors du département. Pour éviter une dégradation
du service, nous avons donc décidé de
reprendre en main la distribution. Après
un stage au Courrier cauchois, qui maîtrise son réseau de diffusion, je me suis
rendu compte que c’était possible.
Comment avez-vous procédé ?
Il a d’abord fallu aller voir tous nos
points de vente, un par un, pour les rassurer et leur expliquer ce qui allait changer.
Nous leur avons fourni des questionnai-
res pour savoir combien de journaux devaient leur être livrés, où nous devions
les déposer, s’il y avait besoin de clés…
Ensuite, nous avons dû investir dans un
logiciel qui nous permette de gérer le réseau et d’organiser le sens des tournées
pour optimiser la livraison des journaux.
Aujourd’hui, on gère toute la logistique
ainsi que la facturation. La livraison,
elle, reste sous-traitée.
Quels sont les avantages d’une reprise
en main de la distribution ?
Cette stratégie nous permet de rester indépendant et de ne pas dépendre d’un grand
groupe de diffusion. Auparavant, sur
chaque journal vendu, 8,5 % du prix du
journal allait à l’entreprise qui distribuait
nos journaux. Aujourd’hui, cet argent
sert à pérenniser les finances du journal
en réalisant des économies. Nous avons
aussi une meilleure maîtrise du réseau et
de la communication avec les points de
vente. Maintenant, ils nous contactent
directement alors qu’avant nous n’étions
pas forcément informés de la situation de
nos revendeurs. Cela nous permet d’optimiser le nombre de journaux à livrer dans
tel ou tel point de vente.
Le SPHR, un long fleuve tranquille ?
DIRECT
Page 8
J-B de Guébriant
anime aujourd’hui
l’atelier Vente au
numéro : la reprise
en direct d’un
réseau de
diffusion. À 14h15.
COURRIER DE
LA MAYENNE
La vente au numéro : COURRIER
CAUCHOIS
pilier de l’économie
de la PHR
17,6% 82,4%
Source OJD
Abonnés
Jean-Baptiste
de Guébriant
et Edit Ouest
vont-t’ils réussir
leur pari ?
Après un mois et demi d’expérience,
est-il possible de mesurer l’impact de
ce changement de stratégie ?
C’est un peu tôt. Cependant, les signaux
sont très encourageants. Nous avons vendu plus de journaux en avril par rapport
à l’année dernière mais de gros faits divers ont certainement boosté les ventes.
Aussi, on a pu mesurer une augmentation
de notre chiffre d’affaires. Nous nous
donnons six mois, voire un an, pour dresser un véritable bilan.
Pierre Veillé
ÉLECTIONS PRINTANIÈRES
L’an passé, le syndicat était dans tous ses états. Éric Lejeune avait annoncé qu’il
ne se représenterait pas, et personne ne s’était manifesté pour reprendre la place.
Coup de stress. Pourtant tout était prêt pour accueillir un nouveau président : le
directeur du SPHR, Bruno Hocquart de Turtot, avait repoussé son départ à la retraite et Éric Lejeune avait entamé de profonds remaniements au sein du syndicat.
Aujourd’hui qu’en est-il ? A la sortie de la réunion du bureau ce mercredi soir,
tout semblait normal. « C’était une réunion très professionnelle, une réunion de
travail », annonce Martine Cameau, vice-présidente sortante du SPHR. « Il n’y
avait pas d’émotion particulière. C’était sérieux, formel, comme d’habitude »,
affirme Roger Anglument, futur ex-trésorier. Ce dernier assure aussi qu’Éric Lejeune a su accompagner les évolutions du métier. « Vincent David va poursuivre
ce qu’a entrepris Éric Lejeune », ajoute-t-il. C’est donc sereinement que l’ancien
président passe le relais ce jeudi matin. « Vincent David sera entouré d’une très
bonne équipe dont il faut saluer le travail », précise Williams Captier, membre
historique sortant du bureau.
Martine Cameau conclut : « Vincent David se forgera une vraie personnalité dans
l’action. Ce n’est pas l’élection qui fait le président. »
NiNa DworiaNyN
LES ATELIERS
Ventes au n°
37,5% 67,5%
Abonnés
Ventes au n°
LES POINTS DE VENTE EN CHUTE LIBRE...
Hier soir, le bureau s’est réuni pour la dernière fois de son mandat.
Depuis des décennies,
les diffuseurs de presse
souffrent. Leur nombre
fond comme neige
au soleil...
Retrouvez l’intégralité du dossier,
dans notre édition de demain.
2006
29 077
2009
29 746
2014
25 866
Nombre total de points de vente en France. Source CSMPresse.
Page 9
DIRECT
CONGRÈS I
LES ATELIERS
PAYS BASQUE I
CITÉ HISTORIQUE
DU SANG NEUF
Faites confiance
aux jeunes
journalistes !
L
a profession vieillit. Selon
l’Observatoire des métiers de
la presse, la moyenne d’âge
des journalistes était de 43,8
ans en 2013. Soit 2,6 ans de
plus qu’en 2000. Mais devant ce vieillissement généralisé, la presse hebdomadaire
régionale résiste mieux que les autres avec
une moyenne d’âge de 41,7 ans.
Grâce aux témoignages d’anciens de la
Julien Veyre, journaliste à
Voix de l’Ain depuis 2007,
12e promo PHR ESJ
« On peut apporter des
nouveautés étudiées à
l’école ou détectées dans
d’autres coins de France,
par exemple lorsque l’on
fait son stage. Il peut y
avoir des petites idées
à amener dans chaque
rédaction. »
Antoine Bayet, directeur
de l’information
numérique de France info
« Un jeune journaliste,
c’est avant tout un jeune
lecteur. Par conséquent,
c’est lui qui pourra vous
dire comment, aujourd’hui,
les jeunes consomment
de l’info. »
Christophe Abramowitz /
Radio France
rémy eylettens
Rendez-vous à 14 h 15 pour l’atelier d’Ismène Vidal (Sogemedia) et Kris Ludhor (Directeur développement à l’Afdas)
Page 10
À son époque, on disait d’Eugénie qu’elle était la plus belle des
femmes. Aujourd’hui, Biarritz est aux villes ce que l’impératrice,
épouse de Napoléon III, était à la gent féminine.
A
Atelier « Jeunes journalistes : que peuvent-ils
apporter aux hebdomadaires ? » à 16 h avec
Laurie Moniez et Bertrand Thomas.
Depuis le 1er janvier dernier, le Compte personnel de formation (CPF) remplace le Droit individuel à la formation
(DIF). Sur le papier, on croirait juste à un changement de
nom. Mais au-delà, nombre de modifications s’opèrent. « Certaines choses ne sont pas franchement des
nouveautés. Sécuriser l’employabilité, par exemple, cela
existait déjà », explique Ismène Vidal (Sogemedia). « En
revanche, ce qui change, c’est la manière de prendre en
charge les ressources humaines, poursuit-elle. Il y a un
renforcement, avec un entretien obligé tous les deux ans
pour l’employeur, en plus d’un bilan tous les six ans, afin
de discuter des évolutions souhaitées par le salarié. »
Outre les nouvelles obligations des employeurs, deux
autres grands thèmes émergent. Du point de vue financier, la tendance est à l’uniformisation : « Avant c’était
en fonction de la taille de l’entreprise. Aujourd’hui, petite
ou grande, cela correspond à 1% de la masse salariale »
Et du point de vue du salarié, la migration vers le CPF
implique quelques modifications supplémentaires. « Le
DIF permettait la concertation avec l’employeur. Avec le
CPF, il n’y a aucun lien avec l’entreprise, détaille Ismène
Vidal. Le tout est géré par la Caisse des dépôts, pour un
total de 43 millions de comptes. Et seulement 1 million
de salariés ont, à l’heure actuelle, ouvert ce compte. »
DIRECT
Quand Eugénie
dessinait la côte biarrote
filière PHR de l’ESJ Lille, d’intervenants
de l’école et de Bertrand Thomas de l’EJT,
l’atelier « Jeunes journalistes : que peuvent-ils apporter aux hebdos ? » tâchera
de démontrer pourquoi la presse hebdomadaire régionale a raison de faire confiance
aux jeunes journalistes.
FORMATION, NOUVELLE VERSION
PATRIMOINE
Plana Radenovic, fait-diversière à la Voix du Nord
depuis 2012
« Quand on n’est pas un
vieux briscard des faits divers, on est frappé par des
choses que des collègues
plus âgés ne trouvent pas
importantes, des détails.
Et le papier va être plus
accessible à ceux qui n’aiment pas les faits divers. »
la fin de la première moitié du 19e siècle, l’empereur Napoléon III et sa
femme Eugénie De Montijo reçoivent à Biarritz le
roi des Belges, le prince de Monaco, la
reine d’Espagne, ou encore Bismarck. À
la fin du mois de mai 2015, les éditeurs
de la Presse Hebdomadaire Régionale y
débarquent. Le décor est planté. Reste à
espérer que ce congrès marque de manière aussi durable l’histoire de la cité.
En 1853, après s’y être réfugiée avec sa
famille, l’impératrice demande à Napoléon de s’y rendre pour apporter les
premières lettres de noblesse à Biarritz : un mariage le long des côtes du
Sud-Ouest. Deux mois durant, le couple
y séjourne, achetant même un grand ter-
rain pour y construire sa demeure : la Villa Eugénie (aujourd’hui appelée l’Hôtel
du Palais).
Jusqu’en 1868, la cité maritime sera la
destination estivale favorite du couple.
C’est durant cette période que nombre
de constructions verront le jour, et même
après : le Casino Bellevue en 1857, le
musée de la mer en 1871, et d’immenses
villas résidentielles se construisent autour de la plage et de ses falaises, reliées
entre elles par la ligne de tramway, ouverte en 1876.
C’est de là qu’est né le style architectural si particulier de Biarritz, oscillant
du blanc au beige, et proposant des réalisations de diverses époques.
Depuis, la commune n’a pas perdu de
sa superbe. L’empreinte de la ville est le
fruit d’une période impériale faste durant
laquelle elle a pris un essor particulier.
La pluralité des constructions, des façades, des habitations, est également le
résultat de cette époque.
Il n’y a que la plage qui semble comme
ailleurs. Mais c’est sans compter sur ses
rochers et ses à-pics, qui apportent à la
ville ses atours si spéciaux.
rémy eylettens
Retrouvez les monuments et les sites à ne
pas manquer sur http://congressphr2015.formaweb.esj-lille.fr
PUBLICITÉ DES GRANDES SURFACES
Vive la proximité !
Florian Grill est PDG et cofondateur du
groupe de conseil en marketing et médias CoSpirit MediaTrack. En compagnie de son président Marc Lewitanski et
de Jean-Pierre de Kerraoul, il va exposer
les nouvelles stratégies de communication et leur intérêt pour la PHR.
En quoi consiste l’activité de CoSpirit
MediaTrack ?
Nous facilitons la communication des
grandes enseignes à réseaux (Carrefour,
Decathlon, Conforama, Brico Dépôt,
etc) en les mettant en relation avec les
médias locaux. Nous gérons tout ou
partie de leur communication locale :
catalogues, affichage permanent, PQR,
PHR, radio locale, affichage temporaire,
digital local...
Quelles sont les problématiques des
grandes enseignes ?
Nos clients manquent de temps. Un directeur de grand magasin gère des centaines de personnes. Les supports et médias locaux sont très nombreux sur leur
zone de chalandise. Il n’a pas le temps de
tous les rencontrer même si PQR et PHR
sont importantes : ce sont des supports
statutaires esentiels pour le relationnel
local. Nous sommes là pour leur mâcher le travail et simplifier des process
d’achat beaucoup trop compliqués. Pour
ce faire, nous utilisons des outils digitaux pour échanger avec les magasins en
simplifiant au maximum la démarche et
gagner du temps sur leurs “arbitrages”
d’investissements.
Quel est l’intérêt pour la PHR ?
Les éditeurs demandent bien sûr que
nous recommandions le plus possible
leurs titres auprès de nos clients enseignes. En nous appuyant sur la régie Espace PHR, nous sommes un relais simplificateur entre les deux parties. Beaucoup
de magasins n’achètent pas uniquement
par manque de temps, alors que ce serait
utile pour eux ! À partir de là, l’intérêt
pour la PHR est facile à comprendre...
ProPos recueillis Par Paul DescamPs
Atelier à 16 h avec Jean-Pierre de Kerraoul, Florian Grill et Marc Lewitanski.
GALA : L’EAU
À LA BOUCHE
Changement radical de
cadre avec Grenoble : on
troque la montagne pour
la mer. La cité de l’Océan
accueille ce jeudi soir le
dîner de gala. Le bâtiment
« ludo-scientifique » est l’un
des versants du projet Biarritz Océan. Ce programme
regroupe le Musée de la mer
et donc, la cité de l’Océan.
Aux antipodes architecturaux, les deux sites ont un
but commun : participer à la
sensibilisation et de fait à la
protection des océans.
Ce soir, c’est dans la structure ultra moderne Biarritz
océan qu’il nous sera permis
de profiter d’un menu qu’on
imagine terre / mer.
Le rocher de la Vierge, promenade incontournable.
L’église Sainte-Eugénie,
l’Histoire en plein centre-ville.
L’hôtel du Palais, ancienne résidence impériale.
Page 11
DIRECT
PAYS BASQUE I
PATRIMOINE
MICHEL LARRONDE, 55 ANS, SURFEUR
Dompteur
de
lames
Basque d’origine, Michel Larronde
rencontre l’océan, les vagues et le
surf lorsque sa famille s’installe à
Biarritz à ses 12 ans. Il ne les quittera plus. Champion de France
dans sa jeunesse, Hawaïen pendant
un temps, il est de retour au
bercail, où il fabrique ses propres
planches… et continue de surfer.
S
i la mer est un miroir, Michel
Larronde est son plus fidèle reflet. Rieur ou en colère, mais
toujours plein d’énergie, il
vit au rythme de la houle. Le
visage buriné par le soleil, il surveille
les vagues du coin de l’œil. « Quand on
surfe, on est comme des prédateurs des
conditions météorologiques. Le temps
peut changer à tout moment. On est tous
à la poursuite de l’instant idéal. »
Le 22 novembre 2002 fut, pour Michel,
l’un de ces moments inoubliables. Il
était venu pour la vague Belharra (baie
de Saint-Jean-de-Luz). Il l’a vue. Et l’a
vaincue. « Je suis arrivé ici, fort de mon
expérience hawaïenne. La houle est arrivée, et on a shooté la vague. » Le
commun des mortels crierait à la témérité. A l’inconscience. Pas lui.
Le pionnier de Nazaré, vague
portugaise mythique, c’est
lui. L’un des premiers
Français à se confronter
à Jaws, célèbre lame de
l’archipel de Hawaï, c’est
encore lui. « J’étais le premier blanc-bec à venir me
frotter au grand champion du
monde dans son propre jardin :
Neil Hamilton. »
Forcément, le surf fait partie intégrante
de sa vie. Il y a même pris une place dominante. « Je suis entré dans l’équipe de
France en 1976, à 16 ans. J’en garde les
meilleurs souvenirs de ma vie. A Tahiti,
j’ai eu des frayeurs, des joies. Toutes ces
émotions en si peu de temps, c’était un
avant-goût du paradis ! »
Pour le meilleur et pour le surf
Les sillons qui creusent son visage cramoisi parlent pour lui : on n’ose imaginer combien de rouleaux d’écume il a
essuyés. « Certains te diront qu’ils préfèrent le plaisir du surf à celui de l’amour.
A partir de là, tout est dit. Quand t’es
dedans, t’es prêt à partir à l’autre bout
du monde rien que pour une vague. »
Obstiné, lui n’a pas su choisir entre
l’amour et l’eau fraîche : d’une première
union à Hawaï naît Tyler. A 20 ans, le
fils est aussi mordu que son père. Avec,
en prime, un talent certain pour la pêche.
« A force de vivre entouré par la mer, il
a fini par tomber dans ses filets. Je retourne le voir tous les ans. Mais ici ou
là-bas, tu vis le surf comme une vraie religion. » Et les lieux de culte sont légion.
« Mon plus grand rêve, ce serait d’aller
surfer près des îles Mentawai [Indonésie], dans l’océan Indien. Ce n’est pas
qu’elles soient si grosses. Mais elles sont
parfaites : le tube est lisse et creux. » A
Biarritz par contre, elles sont plus sournoises… « Elles sont cassantes. Tu crois
aller vite, mais elles te rattrapent. Le surf
est très technique ici. »
Au pied de sa terrasse s’étend la Plage
des Basques, inondée de surfeurs. « Avec
mes potes on a un coin secret, plus au
sud. Si j’en dis plus, je me fais remettre
à l’heure ! » Car le surf, c’est aussi une
question de territoire. Comme avec cet
Australien que Michel et ses potes ont
croisé ce mercredi matin : « Le gars
se ramène avec sa planche rouge et
blanche, les couleurs biarrotes. Il nous
sucre trois vagues. Pas bonjour, pas pardon. On l’interpelle. Il s’emporte, nous
traite de Froggies. On l’a vite remis à
l’heure. Ça en fait un de moins à l’eau ! »
On ne plaisante pas avec la mer. Mais on
la vit à fond. « Quand je ressors de l’eau,
je suis lessivé, mais plein d’énergie. Sur
l’eau, je ressens tout comme si j’avais
de nouveau 25 ans ! » Il n’aura pas fallu
longtemps à ce Basque d’origine pour
nous livrer le secret de sa fontaine de
jouvence. Elle est là, au pied de la reine
des plages. Où s’abreuvent tous ces surfeurs qui ne veulent pas vieillir.
Pierre Julienne
« Certains te diront qu’ils préfèrent le plaisir
du surf à celui de l’amour. Quand t’es dedans,
t’es prêt à partir à l’autre bout du monde rien
que pour une vague. »
DIRECT
Page 12