Histoire des arts De l’Antiquité au IXe s. Du IXe s. à la fin du XVIIe s. XVIIIe et XIXe s. Le XXe s. et notre époque Domaines artistiques Arts De L’espace Arts Du Langage Arts Du Quotidien Arts Du Son Arts Du Spectacle Vivant Arts Du Visuel Art, Espace, Temps Arts, Etats & Pouvoir Arts, Mythes & Religions Arts, Techniques, Expressions Thématiques artistiques Art, Créations, Cultures Arts, Ruptures, Continuité Référence artistique CARTEL Titre Artiste/Auteur Auguste de la Prima Porta Inconnu Date de création Vers + 14 Nature de la production sculpture dimensions 2,04 m technique marbre Lieu d’exposition Musée du Vatican L'auteur et le contexte La statue d'Auguste dite «de Prima Porta» a été découverte en 1863 dans la villa de Livie, la femme d'Auguste, à Prima Porta, à quinze kilomètres de Rome. Il s'agit d'une copie en marbre d'un original en bronze, réalisée pour Livie, après la mort d'Auguste vers 14 après JC ou peu après. On ne connaît pas le nom du sculpteur de cette œuvre comme c'est souvent le cas dans l'Antiquité où les sculpteurs sont considérés comme des artisans comme les autres. - Contexte historique : après la mort de César, en mars -44, son petit-neveu et fils adoptif, Octave va tout mettre en œuvre pour prendre le pouvoir. Après avoir dirigé avec Marc-Antoine (le lieutenant de César) et Lépide (ancien maître de cavalerie de César) en -43 ce qu'on appelle le deuxième triumvirat, Octave s'empare du pouvoir en se débarrassant définitivement de Marc-Antoine (en Égypte avec Cléopâtre) lors de la bataille navale d'Actium en -31. Octave devient alors Auguste en -27 et fonde le Principat : régime où il concentre tous les pouvoirs tout en conservant les apparences républicaines, l'empire est né. Durant la période de son principat (-27 à +14) Auguste réforme l'empire romain et lance de grands travaux à Rome, d'où la célèbre formule " il trouva une Rome de brique et laissa une Rome de marbre " (Suétone, Vie d'Auguste, historien latin du +IIème s). Commence alors une période culturelle et artistique très riche sous l'impulsion du Prince et de son conseiller, Mécène (origine du mot mécénat). - Contexte artistique : les Romains ont pour modèle l'art grec dont ils pillent et copient les œuvres ( La Grèce est sous la domination romaine depuis le -IIe siècle). ANALYSE DE L’OEUVRE 1. Description : une sculpture classique Cette statue représente dans la position très romaine du général ( imperator) Auguste faisant une adlocutio (discours) à ses troupes. Le modèle esthétique de la statue est grec : la position du corps est inspirée de celle du Doryphore de Polyclète (l'original du - Ve s.), et évoque les statues des dieux et héros grecs aux proportions idéales. 2. Significations : Une représentation symbolique de l'Imperator − Le sculpteur a mis en avant les marques du pouvoir de l'imperator a. la position du corps : debout, en contrapposto[1], le bras droit levé, l'expression sereine et déterminée du visage. b. les insignes de son pouvoir : le bras gauche tenait une lance (disparue car sûrement en or), l'importance de la cuirasse sculptée comme un bas-relief[2]. Le décor de la cuirasse finement ouvragé célèbre la victoire des légions romaines contre les Parthes (peuple d'Asie qui avait toujours résisté aux Romains). La composition circulaire de la cuirasse rappelle la forme d'un bouclier. Au centre, se trouve Mars, dieu de la guerre à l'origine de la fondation de Rome, la louve romaine à ses pieds. Le roi Parthe, à la tenue exotique, lui remet les enseignes (les aigles, symboles du pouvoir romain). De chaque côté de cette scène, deux figures féminines assises symbolisent les peuples conquis par Rome. − Il s'agit de faire d'Auguste un dieu a. La portée cosmique[3] de l'événement : le dauphin au pied de l'empereur rappelle la victoire militaire d'Auguste contre Marc-Antoine à la bataille navale d'Actium et souligne ainsi la grandeur de l'empereur qui a mis fin à la guerre civile. La cuirasse accentue cette impression en soulignant le rôle d'Auguste qui pacifie l'univers. Toutes les figures autour de la scène centrale sont des allégories[4] cosmiques : - en haut, le Ciel sur son char couvre de son manteau le Soleil et la Lune - en bas, à gauche, Apollon, sur un griffon et à droite Diane-Artémis sur un cerf représentent le soleil et la lune. - en bas, au centre la terre, Tellus, avec les enfants et la corne d'abondance symbolise la fertilité. = Auguste apparaît ainsi comme l'incarnation de la paix, de la victoire et de la richesse qu'incarnent les divinités de la cuirasse. b. Le rappel de l'ascendance divine d'Auguste : cette impression est renforcée par la déification[5] de l'empereur. Au pied de la statue, le dieu de l'amour, Eros-Cupidon chevauche le dauphin. C'est un moyen de rappeler l'origine divine d'Auguste ( petit-neveu de César qui prétendait descendre de Vénus-Aphrodite, déesse de la beauté et de l'amour et mère de Cupidon). Conclusion : Une œuvre de propagande Cette statue met en scène l'empereur de manière à montrer qu'avec Auguste s'est ouverte une période de paix et de gloire, proche de l'âge d'or, période mythique où dieux et hommes vivaient en harmonie. Elle apparaît ainsi comme une œuvre de propagande puisque les statues de l'empereur, d'abord réalisées à Rome, étaient ensuite reproduites en un grand nombre d'exemplaires dans tout l'empire. [1] Contrapposto = hanchement caractéristique de la sculpture classique qui donne une impression de mouvement.[2] Bas-relief = sculpture à faible relief.[3] Cosmique = qui touche à l'univers.[4] Allégorie = représentation symbolique d'une idée abstraite en peinture, sculpture etc.[5] Déification = transformation en dieu. Œuvres liées, prolongements - comparaison avec XXème siècle : 1. Exploitation d'Auguste par la propagande nazie et fasciste. Ex : célébration du bimillénaire de la naissance d'Auguste par une exposition en 1937 par Mussolini + sculptures et affiches de l'art officiel des régimes totalitaires du XXème siècle reprenant traits idéalisés pour célébrer la gloire du régime (avec utilisation des symboles comme l'aigle impérial par Hitler utilisation des symbole, fêtes nazies ressemblant aux cérémonies de triomphe des imperatores romains etc... 2. C. Chaplin, Le Dictateur, chapitres IV et VII = dénonce l'utilisation de la sculpture au service de l'idéologie. (cf. « Aut Caesar, aut nullus. Emperor of the world » et mise en scène à l’antique ridiculisée par un décor avec des œuvres d’arts rappelant l'antiquité) Images complémentaires :
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