N°7 – 7 mai 2015 Le BSV Fraise - Framboise concerne les régions Aquitaine et Limousin : • la partie Fraise, rédigée par la FREDON Aquitaine, est basée sur des observations réalisées en Gironde, en Dordogne et Lot-et-Garonne. • la partie Framboise est rédigée par la chambre d'agriculture de la Corrèze sur la base des observations réalisées en Corrèze, en Gironde, en Dordogne et en Lot-et-Garonne. Ce BSV a été écrit à partir des observations réalisées dans les différents secteurs de production en Aquitaine : 63 parcelles «hors-sol» et 97 parcelles «sol». Les abeilles butinent, protégeons les ! Respectez les bonnes pratiques phytosanitaires ANIMATEUR FILIERE MALPEYRE Camille FREDON Aquitaine email : [email protected] 1. Les traitements insecticides et/ou acaricides sont interdits, sur toutes les cultures visitées par les abeilles et autres insectes pollinisateurs, pendant les périodes de floraison et de production d'exsudats. 2. Par dérogation, certains insecticides et acaricides peuvent être utilisés, en dehors de la présence des abeilles, s'ils ont fait l'objet d'une évaluation adaptée ayant conclu à un risque acceptable. Leur autorisation comporte alors une mention spécifique "emploi autorisé durant la floraison et/ou au cours des périodes de production d'exsudats, en dehors de la présence des abeilles". 3. Il ne faut appliquer un traitement sur les cultures que si nécessaire et veiller à respecter scrupuleusement les conditions d’emploi associées à l’usage du produit, mentionnées sur la brochure technique (ou l’étiquette) livrée avec l’emballage de la spécialité commerciale autorisée. Directeur de publication : Dominique Graciet, Président de la Chambre régionale d'agriculture d'Aquitaine Cité mondiale 6, Parvis des Chartrons 33075 Bordeaux cedex Tél. 05 56 01 33 33 Fax 05 57 85 40 40 http://www.aquitainagri.org/ Supervision : DRAAF / Service Régional de l'Alimentation Aquitaine 51, rue Kièser 33077 Bordeaux cedex Tél. 05 56 00 42 03 http://draaf.aquitaine.agriculture. gouv.fr/ 4. Afin d’assurer la pollinisation des cultures, de nombreuses ruches sont en place dans ou à proximité des parcelles en fleurs. Il faut veiller à informer le voisinage de la présence de ruches. Les traitements fongicides et insecticides qui sont appliqués sur ces parcelles, mais aussi dans les parcelles voisines, peuvent avoir un effet toxique pour les abeilles et autres insectes pollinisateurs. Il faut éviter toute dérive lors des traitements phytosanitaires. Fraise • Drosophila suzukii Situation sur le terrain Le réseau de piégeage « fraise » sera mis en place au mois de juin en Aquitaine. On signale quelques captures de Drosophila suzukii sur des pièges hors réseau, en Lot-et-Garonne. En Lot-et-Garonne, on signale des attaques de drosophiles sur une parcelle de Gariguette. Pour information, les captures ont augmenté cette semaine sur le piège « cerise » avec 63 piégeages (contre 16 la semaine précédente à Montpezat). Bulletin de Santé du Végétal Aquitaine - Fraise - Framboise N°7 – 7 mai 2015 1/6 Les captures sont faibles pour les réseaux « prune » et « kiwi ». Analyse de risque et prévision La surveillance vis-à-vis de ce bio-agresseur est indispensable dans vos parcelles. L'installation de pièges, associée à des observations régulières, doit être mise en place afin de repérer précocement l'arrivée de Drosophila suzukii. La mise en place de mesures prophylactiques permet de limiter la prolifération de ce bio-agresseur. Ainsi, nous vous recommandons de : trier vos fruits lors de la récolte, sortir les fruits atteints de la parcelle et les détruire, raccourcir le rythme de la cueillette sur les parcelles à tendance mûre. Nous vous recommandons d'avertir votre technicien dès l'observation de fruits suspects. Une fiche de reconnaissance est disponible à l'adresse suivante : http://draaf.aquitaine.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/FR_Drosophila__suzukii_29-III-2010_cle8c47f7.pdf • Pucerons Situation sur le terrain En Lot-et-Garonne, les pucerons sont observés en hors-sol, dans 35% des parcelles prospectées. L'intensité varie selon les parcelles, de 5 à 20% des plants concernés. En Dordogne, la présence de pucerons est signalée dans 28% des parcelles prospectées, « sol » et hors-sol confondus, mais sans incidence dans la majorité des cultures. Dans les autres exploitations l'intensité de présence de ce ravageur peut dépasser les 20% de plants atteints. Sur la parcelle suivie en Corrèze, Gariguette trayplants en hors-sol, la présence d' Aulacorthum solani est noté sur 5% des plants avec quelques individus par pied. Analyse de risque et prévision Surveillez l'évolution des populations en tenant compte des seuils de nuisibilité. Pour les parcelles présentant un seuil inférieur à 5 individus pour 10 feuilles, le risque est faible, mais une visite régulière est conseillée afin de suivre l’évolution des populations. Pour les parcelles dépassant le seuil de nuisibilité (5 individus pour 10 feuilles), le risque est sérieux et une gestion de votre parcelle doit être mise en place. Nous vous rappelons que ces seuils sont indicatifs et à adapter en fonction du stade de la culture et du type de pucerons observés. • Acariens Situation sur le terrain En Lot-et-Garonne, les acariens sont observés sur quelques parcelles avec une intensité comprise entre moins de 5% à 20% de plants concernés par ce bio-agresseur. Ils sont principalement présents sous forme de foyers. En Dordogne, on signale la présence d'acariens dans 23% des parcelles prospectées, en « sol » et hors-sol. L'intensité varie de quelques individus à plusieurs foyers au sein de la culture. Sur certaines exploitations, on signale des dégâts, malgré la mise en place d'une gestion de ce bio-agresseur. Analyse de risque et prévision Tenez compte des seuils de nuisibilité ci-dessous lors de vos observations en parcelles. – Pour les parcelles présentant un seuil inférieur à 5 formes mobiles par feuilles, le risque est faible. Une visite régulière est tout de même conseillée afin de suivre l'évolution des populations. – Pour les parcelles dépassant le seuil de nuisibilité cité ci-dessus, le risque acarien est à prendre en compte. • Thrips Situation sur le terrain Cette semaine, de jeunes larves de thrips ont été observées en hors-sol, sur quelques parcelles en Lot-etGaronne. Les situations sont variables en fonction des exploitations. Les thrips sont présents dans 14% des parcelles prospectées en Dordogne. Dans certaines de ces parcelles, on observe des dégâts sur fleurs ainsi que des fruits marqués. Bulletin de Santé du Végétal Aquitaine - Fraise - Framboise N°7 – 7 mai 2015 2/6 Analyse de risque et prévision La période à risque se poursuit en fraiseraies : soyez vigilants et réalisez régulièrement des observations dans vos parcelles afin de suivre l'évolution des populations de thrips : Pour les parcelles présentant un seuil inférieur à 2 thrips par fleur, le risque est faible. Une visite régulière est tout de même conseillée afin de suivre l'évolution des populations. Pour les parcelles dépassant le seuil de nuisibilité (2 thrips/fleur) le risque est avéré est une gestion du risque peut être mise en place. • Duponchelia fovealis Situation sur le terrain Les captures de Duponchelia se poursuivent en hors-sol mais restent faibles. La présence de toiles a été signalée en Lot-et-Garonne, sans pour autant mettre en évidence la présence de larves et de dégâts. En culture sol, le vol a débuté dans les deux bassins de production, avec une moyenne d'un papillon/piège/jour (moyenne similaire à celles des 2 campagnes précédentes pour la même période). Aucun dégât n'a été signalé pour le moment. Analyse de risque et prévision En « sol », la période à risque débutera dès l'observation des premières larves dans les fraiseraies. Compte tenu des conditions climatiques actuelles, celles-ci devraient être observables d'ici 10 à 15 jours environ. En parcelle hors-sol, l'observation des premiers dégâts marquera le début de la période à risque. Des observations régulières sont nécessaires afin de détecter la présence des jeunes larves dans vos cultures. Pour les parcelles ne présentant que quelques morsures le risque est faible, néanmoins une visite fréquente est conseillée afin de suivre l'évolution et la dynamique des populations. Pour les parcelles présentant actuellement plus de 5% de plantes touchées (attaques sur feuilles, tiges, cœur...) avec présence de déjections et de larves, le risque est avéré. Pour la description des dégâts, reportez-vous au BSV N°5 du 9 avril 2015. • Botrytis sur fruits et du cœur Situation sur le terrain En Dordogne, des symptômes de botrytis sont observés sur fruits dans 9% des parcelles et sur cœur dans 8% des prospections. Les intensités varient selon les exploitations et sont comprises entre 5 et 10% de plants atteints. Des symptômes sur fruits sont signalés sur quelques parcelles du Lot-et-Garonne, avec de 5 à 20% de plants ayant des fruits touchés. Analyse de risque et prévision Le temps actuellement plus sec n'est pas propice à l'évolution de cette maladie. Soyez tout de même vigilants, Météo France prévoit une perturbation orageuse dans la soirée de ce jeudi ainsi qu'un retour des averses à compter du milieu de semaine prochaine. Dans le cadre du suivi des Effets Non Intentionnels des pratiques agricoles, des prélèvements de Botrytis sur fraises doivent être réalisés afin d'identifier d'éventuelles résistances vis-à-vis de certaines matières actives. Si vous avez une parcelle correspondant à cette situation, merci de contacter la Fredon Aquitaine ([email protected] ; 05-56-37-94-76). • Autres bio-agresseurs En Dordogne, des dégâts de limaces et de mulots sont observés sur quelques parcelles du réseau d'observations. En Lot-et-Garonne, on signale toujours la présence d'anthonomes aussi bien en « sol » qu'en hors-sol, avec de 5 à 10% des plants concernés par ce ravageur selon les parcelles. De rares départs d'oïdium ont pu être observés, en Dordogne, mais sont actuellement bien maîtrisés. Des cas de chlorose marginale sont signalés en Lot-et-Garonne sur la variété Cléry. Ces derniers concernent moins de 5% des plantes dans 9 des 15 parcelles « sol » prospectées. En Dordogne des symptômes sont observés sur 4 parcelles « sol » de variété ronde. La présence de Lygus est signalée sur une parcelle « sol » du réseau, en Lot-et-Garonne. À noter la présence de tarsonèmes sur une parcelle hors-sol, en Dordogne. Bulletin de Santé du Végétal Aquitaine - Fraise - Framboise N°7 – 7 mai 2015 3/6 Des aleurodes sont présents sur moins de 5% des plants, sur la parcelle de Corrèze. Ce ravageur est également présent de façon sporadique sur 6% des parcelles prospectées en Dordogne. Du Phytophthora cactorum est observé, en Dordogne, sur de jeunes plantations de la variété Elsinore, sur 15% des plants. Framboise Framboise hors-sol En culture chauffée, fin de l’allongement des latérales et on est à 50 % de la floraison. • Pucerons Analyse de la situation La pression puceron est encore croissante et devient très préoccupante. Sur la parcelle de référence, on a un taux de fréquence de la présence de pucerons qui passe de 46% à 71% des plantes observées. L’intensité est devenue forte avec 40% des feuilles colonisées par du puceron et on ne retrouve pas assez d’auxiliaires (seulement 3%). Cette situation se retrouve sur de nombreuses parcelles de producteurs. Analyse du risque Le seuil de risque (plus de 10% des feuilles colonisées par plus de 10 pucerons) est dépassé sur de nombreuses parcelles. Il est utile de mettre en place une gestion du risque lorsque vous vous trouvez dans cette situation. • Eriophyes du framboisier Analyse de la situation On rencontre depuis deux semaines ce petit acarien responsable des défauts de maturité des drupéoles sur framboise et mûre. La situation est critique lorsque l'on observe la présence de ce ravageur sur plus de 30% des feuilles avec un nombre élevé d’individus par feuille. Deux parcelles suivies régulièrement sont concernées par ce ravageur depuis deux semaines. Les symptômes visibles sur feuilles sont des petites décolorations jaunes sous forme de ponctuation et la pointe des latérales semble bloquée quand l’infestation est importante. Analyse du risque En cas de doutes, rapprochez-vous d’un technicien pour identification de sa présence sous binoculaire. • Acariens jaunes Analyse de la situation Les populations d'acariens jaunes n'ont pas évolué sur les différentes parcelles de référence. Analyse du risque L'équilibre auxiliaires / ravageurs est en place, mais la surveillance doit être maintenue. • Autres bio-agresseurs On signale un développement important d’oïdium sur une parcelle flottante de remontante. Une bonne gestion du climat permet le plus souvent de limiter le développement de ce champignon. À surveiller. Framboise sol En culture plein sol, 10% des boutons sont apparents. • Pucerons Analyse de la situation On trouve en plein sol le grand puceron vert (7% des feuilles observées) et surtout le petit puceron vert (23% des plantes en accueillent). L’évolution est à surveiller mais la faune auxiliaire est très présente et laisse espérer la mise en place d’un équilibre, comme les années précédentes. Analyse du risque Nous vous rappelons que le seuil de risque est de plus de 10% des feuilles colonisées par plus de 10 pucerons. Bulletin de Santé du Végétal Aquitaine - Fraise - Framboise N°7 – 7 mai 2015 4/6 • Tenthrèdes Analyse de la situation On constate le début d’une attaque de tenthrèdes (7% des plantes concernées) sur une parcelle. Il s’agit de la larve d’un hyménoptère qui rappelle une petite chenille et qui va se nourrir de la feuille, ne laissant ensuite que les pétioles et les nervures. Analyse du risque L’attaque a lieu sur les feuilles du bas généralement et ne justifie pas d’intervention. À suivre toutefois. • Faune auxiliaire Actuellement, on observe des acariens prédateurs sur feuilles de framboisiers mais aussi un cortège d’auxiliaires naturels dans les adventices avec notamment Aphidius ervi sur ortie et coccinelles adultes. • Drosophila suzukii Analyse de la situation Le piégeage d’alerte est en place. Aucune prise n'a été enregistrée cette semaine. Ce qu'il faut retenir Fraise • Drosophila suzukii : situation à suivre sur une parcelle arrêtée ; les captures augmentent sur le réseau « cerise ». • Pucerons : assez présents mais souvent sans incidence pour la culture. • Acariens : populations importantes sur certaines exploitations entraînant des dégâts : surveillez ce ravageur de près afin de gérer au mieux son évolution. • Thrips : fruits marqués en Dordogne : soyez vigilants. • Duponchelia fovealis : présence de toiles en hors-sol, début du vol en « sol » : soyez vigilants ! • Botrytis : signalements sur fruits et sur cœur ; attention au retour des pluies milieu de semaine prochaine. …/... Bulletin de Santé du Végétal Aquitaine - Fraise - Framboise N°7 – 7 mai 2015 5/6 Suite : Ce qu'il faut retenir Framboise Framboise hors-sol • Pucerons : la pression augmente et les auxiliaires sont peu présents : gérez vos parcelles en fonction du seuil de nuisibilité. • Eriophyes : présence sur deux parcelles : à surveiller. • Acariens jaunes : pas d'évolution. Framboise sol • Pucerons : à surveiller dans vos cultures mais présence de nombreux auxiliaires. • Tenthrèdes : signalement d'une attaque, à surveiller. • Faune auxiliaire : présence de nombreux auxiliaires naturels. • Drosophila suzukii : aucune capture cette semaine : à suivre. Informations diverses • Alerte bio-gresseurs émergents Xylella fastidiosa est une bactérie d'origine américaine, agent responsable de la maladie de Pierce. Elle a été détectée en Italie sur plusieurs cultures dont l'Olivier : Note Xylella fastidiosa. Cette bactérie responsable de dépérissement de la plante contaminée n'a pas encore été détectée en France. Toutefois, les autorités européennes et françaises sont très vigilantes sur la dissémination possible de Xylella fastidiosa. Dans le cadre de la surveillance biologique du territoire, tout symptôme ou suspicion de symptômes rattachés à cette bactérie sur les différentes espèces cibles sont à signaler immédiatement aux Services régionaux en charge de la protection des végétaux à la DRAAF Aquitaine ou à la FREDON Aquitaine ou à l'animateur BSV de la filière concernée. C'est une procédure à respecter pour le signalement de tout organisme réglementé ou émergent détecté sur le territoire : Note nationale BSV signalement ONR Les structures partenaires dans la réalisation des observations nécessaires à l'élaboration du Bulletin de santé du végétal Aquitaine-Limousin Fraise - Framboise sont les suivantes : Parcelles flottantes : ADENA, ADIDA, APPM, Cadralbret, CDA 19, CDA 24, CDA 47, Comafel, Coop de Fieux, FREDON Aquitaine, Granlot, INVENIO, Scaafel, Socave, Valprim, VDL, Vitivista Parcelles de références : CDA 47, FREDON Aquitaine Ce bulletin est produit à partir d'observations ponctuelles. S'il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut-être transposée telle quelle à la parcelle. La Chambre régionale d'agriculture d'Aquitaine dégage donc toute responsabilité quant aux décisions prises par les agriculteurs pour la protection de leurs cultures et les invite à prendre ces décisions sur la base des observations qu'ils auront réalisées sur leurs parcelles et/ou en s'appuyant sur les préconisations issues de bulletins techniques (la traçabilité des observations est nécessaire). " Action pilotée par le Ministère chargé de l'agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto ". Bulletin de Santé du Végétal Aquitaine - Fraise - Framboise N°7 – 7 mai 2015 6/6 Note nationale BSV Les abeilles, des alliées pour nos cultures : protégeons-les ! Cette note a été rédigée par un groupe de travail DGAl1, APCA2, ITSAP-Institut de l’abeille3, et soumise à la relecture du CNE4. 1-Direction générale de l’alimentation 2- Assemblée permanente des chambres d’agriculture 3- Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation 4-Comité national d’épidémiosurveillance dans le domaine végétal Crédits photos et dessin : J. Jullien DGAl-SDQPV et ANAMSO (colza, p.2) En butinant de fleur en fleur, les insectes pollinisateurs participent à la production de nombreuses cultures et contribuent aussi à la qualité des récoltes. À l’échelle mondiale, 80 % des plantes à fleurs se reproduisent grâce à ces insectes auxiliaires, en particulier aux abeilles. Une démarche éco-responsable Les causes de dépérissement des abeilles sont multiples. La préservation de la santé du cheptel apicole implique la mise en place de bonnes pratiques au niveau de : - la gestion des ressources alimentaires des abeilles ; - la maîtrise des risques sanitaires du cheptel ; - l’utilisation raisonnée des produits phytopharmaceutiques en protection des cultures. Face à ces risques, les pouvoirs publics ont renforcé les études écotoxicologiques, la réglementation, ainsi que les contrôles sanitaires et phytosanitaires visant à protéger les insectes pollinisateurs. Les voies d'intoxication Des empoisonnements d’insectes pollinisateurs peuvent se produire quand les produits phytopharmaceutiques sont appliqués pendant la période de floraison ou lors de la production d’exsudats, car c'est dans ces situations que les butineuses sont les plus actives, tant sur les plantes cultivées que sur les adventices. La contamination peut avoir lieu à deux moments (pendant et après le traitement phytosanitaire), par deux voies d'intoxication différentes (contact ou ingestion) : - par contact : quand l'abeille est exposée directement à un produit dangereux, surtout aux heures chaudes de la journée ; se pose sur une fleur ou sur la végétation traitée avec un produit persistant ; reçoit des traînées de vapeurs ou de poussières toxiques au-dessus des plantations limitrophes de celles qui sont en fleurs ; - par ingestion : quand l’abeille prélève du nectar ou du pollen sur des fleurs contaminées suite à une pulvérisation ; par l’utilisation avant floraison d’un produit rémanent ou systémique ; suite à un enrobage de semence avec un produit systémique et persistant durant la floraison ; ou enfin par des poussières d’enrobage insecticide émises lors de semis en l’absence de mesures appropriées de gestion des risques, telles que définies notamment dans l’arrêté interministériel du 13 janvier 2009. 1/3 Connaître les risques d'intoxication d'abeilles avant de traiter Sur « e-phy », consultez la rubrique ECOACS Base de données nationale sur les effets non intentionnels des produits phytosanitaires. Les professionnels de la production végétale et du paysage doivent impérativement connaître l'écotoxicité des produits phytosanitaires avant de les appliquer sur les cultures ou les zones non agricoles. La règle de base consiste à lire l'étiquette du produit figurant sur l’emballage (classement toxicologique, phrases de risque correspondantes). En complément, il est possible de consulter les fiches de données de sécurité 1 des produits phytopharmaceutiques et l'Index phytosanitaire de l'Acta, mis à jour chaque année. Sur Internet, on peut aussi consulter avec intérêt le catalogue des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages autorisés en France "e-phy"2, dans lequel figure une rubrique appelée Ecoacs (voir encadré) sur les effets nonintentionnels sur les auxiliaires biologiques, dont l'abeille domestique. Enfin, la base Agritox3 renseigne sur les principales propriétés de « dangers » des substances actives. 1-http://www.quickfds.com ou http://www.phytodata.com 2-http://e-phy.agriculture.gouv.fr 3-Agritox est une base de données sur les propriétés physiques et chimiques, la toxicité, l'écotoxicité, le devenir dans l'environnement, la réglementation sur les substances actives phytopharmaceutiques. Elle a été créée par le département de phytopharmacie et d'écotoxicologie de l'Inra. 80 % des informations proviennent des dossiers de demande d'autorisation de mise sur le marché déposés par les industriels et validés par les experts aux niveaux français et européen, et 20 % sont de source bibliographique (www.dive.afssa.fr/agritox/index.php). Les bonnes pratiques phytosanitaires inscrites dans la réglementation en vigueur • Conditions d'utilisation des insecticides et acaricides à usage phytosanitaire D’une façon générale, il faut noter que l’arrêté du 28 novembre 2003, paru au Journal officiel du 30 mars 2004, interdit tout emploi d’insecticides ou d’acaricides en période de floraison ou de production d’exsudats ; ceci afin de protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs. Par dérogation, l’emploi d’insecticides et acaricides en période de floraison ou de production d’exsudats est cependant possible dès lors que deux conditions sont respectées : 1. L’intervention a lieu en dehors des périodes de butinage, c'est-àdire tard le soir ou tôt le matin (les cultures n’étant pas visitées par les butineuses). 2. Le produit insecticide ou acaricide employé bénéficie d’une mention « abeilles ». L’arrêté définit en effet trois types de mention « abeilles » pouvant être attribuées aux insecticides ou acaricides : - « Emploi autorisé durant la floraison en dehors de la présence d’abeilles ». - « Emploi autorisé au cours de périodes de production d’exsudats, en dehors de la présence d’abeilles » ; « Emploi autorisé durant la floraison et au cours des périodes de production d’exsudats, en dehors de la présence d’abeilles ». • Eviter les dérives lors des traitements L'arrêté interministériel du 12 septembre 2006 impose aux applicateurs (professionnels agricoles, personnel des collectivités, particuliers) de mettre en œuvre des moyens appropriés pour éviter tout entraînement des produits phytopharmaceutiques en dehors des parcelles ou des zones traitées. Il convient dans ce cadre d’éviter toute dérive des produits vers les ruches et ruchers. N’hésitez pas à échanger avec les apiculteurs qui travaillent autour de vous et adaptez vos • Mesures anti-dérives lors du semis pratiques en leur demandant conseil vis-à-vis L'arrêté interministériel du 13 janvier 2009 précise les des abeilles. Sur cette photo, colonie peu conditions d'enrobage et d'utilisation des semences traitées populeuse après dérive. par des produits phytopharmaceutiques en vue de limiter l'émission des poussières lors du procédé de traitement en usine. 2/3 • Mélanges de produits phytopharmaceutiques dangereux pour les abeilles L'association de certaines molécules à visée phytopharmaceutique peut faire courir un risque important aux pollinisateurs (effets possibles de synergies). Pour cette raison, il convient d’être extrêmement vigilant en matière de mélanges et de respecter l’arrêté ministériel du 7 avril 2010. Ce dernier prévoit dans son article 8 : que « durant la floraison ou au cours des périodes de production d'exsudats, au sens de l'article 1er de l'arrêté du 28 novembre 2003 susvisé, un délai de 24 heures soit respecté entre l'application d'un produit contenant une substance active appartenant à la famille chimique des pyréthrinoïdes et l'application d'un produit contenant une substance active appartenant aux familles chimiques des triazoles ou des imidazoles. Dans ce cas, le produit de la famille des pyréthrinoïdes est obligatoirement appliqué en premier ». Les mélanges extemporanés de pyréthrinoïdes avec triazoles/imidazoles sont donc interdits en période de floraison et d'exsudation de miellat par les pucerons. A RETENIR - Pensez à observer vos cultures avant de traiter ! - Il est interdit de traiter en présence des abeilles, même si le produit comporte la mention « abeilles ». - Périodes et conditions où la présence des abeilles est la plus propice sur vos cultures : dès que les températures sont supérieures à 13°C , la journée ensoleillée et peu ventée. - Périodes et conditions où les abeilles sont peu présentes dans vos cultures : si les températures sont fraîches (<13°C), par temps nuage ux, pluvieux et par vent fort. Attention : d’autres pollinisateurs sauvages sont présents sur des plages horaires plus larges au cours de la journée et sous des températures plus fraîches (par exemple, les bourdons). Par ailleurs, les abeilles peuvent être actives du lever du jour au coucher du soleil. Les bonnes pratiques pour favoriser l’activité des insectes pollinisateurs et pour maintenir des ressources alimentaires en dehors des périodes de floraison des cultures mellifères • Avant toute prise de décision concernant une éventuelle intervention phytosanitaire, pensez à consulter le Bulletin de Santé du Végétal et à évaluer rigoureusement l’état phytosanitaire de la culture. • Ne laisser jamais d’eau polluée par des substances actives chimiques autour des parcelles ou sur votre exploitation, les abeilles s’abreuvent et collectent de l’eau pour assurer le développement de leur colonie. • Favorisez la présence des pollinisateurs pour la pollinisation de vos cultures en implantant des espèces mellifères autour de vos parcelles (bandes mellifères le long des cours d’eau et bord de champ, haies mellifères, CIPAN mellifères…). Rendez non attractifs pour les abeilles les couverts herbacés et fleuris entre-rangs dans la parcelle à traiter, par exemple en les broyant ou les fauchant. Pour ne pas que la flore mellifère devienne un piège pour les pollinisateurs, il est impératif que la dérive des traitements réalisés sur les cultures voisines soit évitée. • Participez au maintien de l’apiculture sur votre territoire avec des cultures diversifiées et des rotations plus longues en intégrant des légumineuses ou des oléoprotéagineux dans votre assolement. • Laissez des plantes messicoles s’implanter en bords de champs pour favoriser la biodiversité florale et mellifère. Pour plus d’informations sur les abeilles et l’apiculture, contactez l’ADA (association de développement apicole) de votre région, le référent apiculture de la chambre régionale d’agriculture ou consultez le site internet de l’ITSAP-Institut de l’abeille www.itsap.asso.fr 3/3
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