PLATEFORME DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE POUR LA GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES ET DE L’ENVIRONNEMENT (GDRNE) L’APV : une chance pour la République centrafricaine d’améliorer la gestion de ses ressources forestières Face aux enjeux de la gestion durable de son système écoforestier qui fait partie du second bassin forestier le plus important au monde, la République centrafricaine (RCA) a signé en novembre 2011 un accord de partenariat volontaire (APV) avec l’Union européenne dans le cadre du Plan d'Action FLEGT (acronyme anglais signifiant "Applications des réglementations forestières, Gouvernance et Échanges commerciaux") de 2003 dont l'objectif central est de lutter contre l'exploitation illégale des forêts et du bois. Après un début de mise en œuvre prometteuse, l’APV a connu un important ralentissement suite au coup d’État militaire de mars 2013. Les différents acteurs et en particulier les organisations de la société civile à travers la plate-forme de la société civile pour la Gestion Durable des Ressources Naturelles et l’Environnement (GDRNE), n’ont pas cédé au découragement et se sont unis pour faire de l’APV un levier de changement en faveur de la gouvernance forestière, des droits des communautés, des principes de transparence et de la durabilité sociale et environnementale de l’exploitation forestière. Dans ce contexte difficile, l’APV, avec la contribution des organisations de la société civile a néanmoins impulsé des changements importants. L’APV a permis une reconnaissance officielle de la nécessité d’effectuer des réformes juridiques notamment à travers l’élaboration de textes réglementaires tels que les arrêtés sur les études d’impacts environnementaux et sociaux préalables à la mise en exploitation des Permis d’Exploitation et d’Aménagement (PEA) ainsi que l’intégration de dispositions sur la gouvernance forestière dans l’avant-projet de nouvelle constitution de la RCA. L’APV a résulté en une meilleure prise en compte des droits des communautés locales et des populations autochtones à participer à la gestion des ressources, notamment par l’observation externe forestière des communautés, leur intégration dans les organes de mise œuvre de l’accord ainsi que leur implication dans le processus d’attribution des PEA. 1 À travers les obligations de transparence consacrées dans ses textes, l’APV a suscité un plus grand partage d’information de la part de l’Administration sur les activités forestières. Pendant la phase transitoire, une vigoureuse campagne d’informations sur la gouvernance du secteur forestier a été menée et l’Administration forestière s’est appropriée le principe de l’implication de la société civile dans la prise de décision sur le processus APV. Enfin, l’APV a consacré le principe d’observation indépendante des forêts assurée par la société civile nationale. Ainsi, a-t-il pu contribuer à rendre plus visible les infractions à la loi forestière dans l’octroi des PEA et aux obligations environnementales tout en encourageant le respect de légalité par les exploitants forestiers et les structures de contrôle. Cependant, tous les problèmes sont loin d’être résolus. Le conflit civil qu’a connu la République centrafricaine a aggravé l’exploitation anarchique des ressources forestières, notamment le sciage artisanal anarchique. Il a ouvert la voie au pillage des ressources naturelles par les bandes armées de toute obédience, en toute impunité, entraînant la perte pour l’État centrafricain de précieux revenus et une fragilisation accrue des communautés qui dépendent des forêts pour leur survie. Le chemin est encore long vers une meilleure gouvernance du secteur forestier et la délivrance par le gouvernement de licences FLEGT, véritable garant d’une exploitation respectueuse des exigences légales que s’est fixé l’APV. Nous, organisations de la société civile, sommes convaincues qu’il est important de continuer à parcourir ce chemin afin de consolider les acquis et permettre de nouvelles avancées. C’est pourquoi nous exhortons le Gouvernement centrafricain à réaffirmer son plein soutien à la poursuite des réformes engagées en faveur de la bonne gouvernance des forêts. Nous enjoignons le Gouvernement centrafricain à respecter les engagements pris en faveur de la transparence et de l’accès aux informations sur la gestion des ressources naturelles en général et sur la filière bois en particulier. Nous lui demandons d'organiser des états généraux du secteur forestier afin de mieux comprendre et résoudre les défis en matière de gouvernance auquel ce secteur est confronté. Nous invitons le Gouvernement centrafricain à sécuriser les droits fonciers des communautés forestières afin de leur permettre de bénéficier des retombées de l’exploitation forestière et vivre décemment des ressources naturelles comme elles en ont le droit. L’Union européenne a un rôle important à jouer pour s’assurer que son appui contribue à la réussite de l’APV et des réformes en matière de gouvernance forestière. Nous l’invitons ainsi que tous les États membres qui 2 soutiennent le processus de reconstruction en RCA à accorder à l’APV la priorité qu’il mérite et encourager la participation pleine et effective de toutes les parties prenantes au processus. Fait à Bangui, République centrafricaine, le 26 Mai 2015. Les organisations membre de la plateforme pour la Gestion Durable des Ressources Naturelles et de l’Environnement (GDRNE) : ACAPEE; ACPE; ALIEDEV; AVUDEC; Action Verte; CRAD PE; ODE; Bata Gbako; FFD;FRAD; OCDR;OCDN; ADIBAC; CIEDD WafangoKodé; ADPAC; OCDH; CODICOM; MEFP; ADECPA; JPE; GEN-RCA; Mama-Gbazabangui; Dorcas Esperance; CONAPENA;PROPHYAROMA; GAERBB; JAPAC; MPE; ADEPAC; GALDP 3
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