Recensement simultané des Balbuzards pêcheurs en stationnement prénuptial sur le bassin de la Loire Organismes participants : LPO 42, LPO Auvergne, ARPN, ADATER, AOMSL, SOBA Nature Nièvre, Loir et Cher Nature, LPO 37, LPO 86, LPO 49, LPO 44. Cette enquête, basée sur les suivis réalisés de 1988 à 1992 sur l’Allier, avait pour objectif principal de confirmer les densités relevées localement (en moyenne 0,3 balbus / Km d’Allier), et de comparer les effectifs relevés par tronçons afin de préciser les zones de stationnement importantes pour l’espèce. Le stationnement prénuptial a été choisi, les effectifs journaliers dénombrés dans l’Allier étant supérieurs à ceux observés lors du passage post-nuptial, plus étalé dans le temps. La date du 4 avril a été fixée dans la période la plus favorable aux stationnements, qui peut-être située entre la dernière semaine d’avril et la première de mai. Une prospection étendue 960 kilomètres de cours d’eau ont été suivis, mobilisant plus de 200 observateurs, pour un total cumulé de 700 heures d’observation. La Loire a fait l’objet de près de la moitié de la couverture du bassin, mais l’Allier et la Vienne ont également vu une pression d’observation importante. Au total, 8 cours d’eau ont été inventoriés selon le protocole Loire nature : - Loire : 483 Km - Allier : 167 Km - Vienne : 109 Km - Gartempe : 64 Km - Clain : 59 Km - Creuse : 36 Km - Cher : 33 Km - Sioule : 10 Km Des résultats surprenants 134 balbuzards en stationnement, auxquels s’ajoutent 33 migrateurs ont été dénombrés. La plupart des retours obtenus font apparaître des densités supérieures à celles estimées en l’absence de tout recensement concerté. Toutefois, le nombre de Balbuzards en stationnement est loin d’être uniforme sur l’ensemble du bassin de la Loire. Les densités sont variables selon les secteurs et varient de 0 à 1,12 balbuzard au kilomètre de cours d’eau. Les densités les plus fortes sont relevées sur le Val d’Allier (1 balbuzard tous les 3 Km) et la Loire (1 tous les 8 Km), avec une mention particulière pour la réserve naturelle du Val d’Allier (28 balbuzards sur 25 kilomètres de cours d’eau). Les résultats par rivière (total des observations sur l’ensemble des tronçons) sont fournis cidessous : Cours d’eau Nombre stationnés 73 Loire 56 Allier 3 Vienne 0 Gartempe 0 Clain 0 Creuse 2 Cher 0 Sioule TOTAL 134 Nombre migration 22 10 0 0 0 0 0 1 33 en Nbre stationnés / Km 0,15 0,34 0,03 0 0 0 0,06 0 Les stationnements obtenus sur l’Allier (0,34 / Km) sont relativement proches de ceux publiés pour la période 1987-1991, durant laquelle les densités variaient entre 0,3 et 0,45 balbuzards au Km, pour une moyenne de 0,38 au cours des 5 années (BLANCHON, 1993). Les chiffres obtenus ailleurs sur le bassin peuvent donc être considérés comme représentatifs de stationnements d’une année « normale ». Outre les différences entre cours d’eau, on note également des variations importantes entre différents secteurs (dont la découpe, il est vrai, a été réalisée arbitrairement !). La carte suivante présente les densités observées sur l’ensemble des tronçons étudiés lors du suivi concerté du 4 avril. Le Balbuzard étant une espèce longévive, fidèle à ses trajets et à ses haltes migratoires, il existe une mémoire individuelle ou collective qui permet à l’espèce de retrouver d’année en année les secteurs favorables à une halte lors de la migration. Dès lors, il est probable que les secteurs intensément fréquentés une année (Allier autour de la réserve et au sud de Nevers, Loire d’Angers à Montsoreau) constituent des sites importants pour les stationnements de cette espèce. Estimation des effectifs en stationnement A partir des recensements réalisés, une extrapolation sommaire permet de fournir quelques fourchettes estimatives. Ainsi, sur la Loire, 100 à 140 Balbuzards stationneraient, et 60-70 sur l’Allier. Pour les autres rivières, l’échantillonnage est trop faible pour pouvoir être étendu à l’ensemble du cours d’eau. Toutefois, 200 à 300 balbuzards pourraient fréquenter le bassin de la Loire de manière simultanée. La population totale utilisant le bassin pendant quelques heures ou quelques jours tout au long de la période prénuptiale serait très intéressante à calculer. Toutefois, ce n’est plus une extrapolation sommaire mais totalement hasardeuse…que je ne me permettrais pas ! Le bilan de ce premier recensement simultané des Balbuzards pêcheurs est positif, tant au niveau de la couverture géographique, que des résultats obtenus. Les densités élevées observées en Val d’Allier et localement sur la Loire permettent de visualiser les secteurs les plus importants pour les stationnements de l’espèce lors de la migration prénuptiale. Quelques aspects restent encore à approfondir, soit au niveau du bassin, soit localement : - effectifs présents sur les tronçons non recensés, sur les principales rivières (Vienne et Cher aval, Loire dans le Centre de la France, … - quels facteurs sont à l’origine des différences de densités observées entre secteurs parfois très proches ? - ces différences sont-elles visibles chaque année ? - comment améliorer les conditions de stationnement ou maintenir l’intérêt des secteurs les plus fréquentés ? Le programme Loire nature a débuté en 1993 avec comme objectif de renforcer la notion "d'espace de liberté" du fleuve et de préserver ainsi les milieux naturels. La seconde phase est aujourd'hui partie prenante du Programme Interrégional Loire Grandeur Nature initié par l'Etat, l'Agence de l'Eau Loire Bretagne et l'Etablissement public Loire. Elle vise à mettre en oeuvre une gestion des sites garantissant la préservation des différentes fonctions écologiques des zones humides du bassin de la Loire. Loire nature est porté par le réseau des Conservatoires d'Espaces Naturels et leur fédération (Espaces Naturels de France), le WWF, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et 6 de ses délégations régionales ainsi que la FRAPNA Loire. Les interventions portent sur 50 zones localisées dans 8 régions du bassin et prennent en compte des milieux divers. Au-delà de ces actions de préservation, Loire nature porte également sur la sensibilisation du public et le soutien au développement d'un tourisme de nature en lien avec le patrimoine ligérien.