1 L`objet de ce dossier est de vous fournir quelques cartes simples à

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DOSSIER - SYSTEMES PRODUCTIFS : FORDISME/POST-FORDISME, LES GRILLES D’ANALYSE
L’objet de ce dossier est de vous fournir quelques cartes simples à mémoriser, que vous puissiez mobiliser
lors du concours. Le dossier se centre, à partir de la deuxième partie, sur les analyses des transformations
géographiques qui ont accompagné les évolutions du mode de production fordiste au cours des Trente Glorieuses, puis le passage au mode de production postfordiste au cours des années 1980-90, appuyées sur la
grille de l’équipe STRATES.
I- TROIS PHOTOGRAPHIES DE L’ESPACE INDUSTRIEL
A- L’espace industriel en 1950
Au début des années 1950, l’espace industriel français est l’héritage des facteurs de localisation traditionnels,
essentiellement liés aux deux premières révolutions industrielles. Ceux-ci favorisent la moitié nord-est de la
France.
Source : Benoît B., Collignon F., 2012, La France, « Le monde en fiches » - préparation HGGMC/ECS, Paris, Bréal, p.272
Source : Charrié J.-P., 1995, Les activités industrielles en France, Paris, Masson, pp.188 et 218
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B- Les mutations de l’espace industriel au cours des Trente Glorieuses
Source : Benoît B., Collignon F., 2012, La France, « Le monde en fiches » - préparation HGGMC/ECS, Paris, Bréal, p.274
Source : Charrié J.-P., 1995, Les activités industrielles en France, Paris, Masson, pp.142
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C- L’espace industriel actuel
Source : Benoît B., Collignon F., 2012, La France, « Le monde en fiches » - préparation HGGMC/ECS, Paris, Bréal, p.278
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II- : LES ANALYSES DES TRANSFORMATIONS DU SYSTEME PRODUCTIF ET DE LEUR INSCRIPTION GEOGRAPHIQUE PAR LE LABORATOIRE STRATES
A- La grille d’analyse
L’approche du laboratoire Strates s’appuie sur une matrice qui croise secteurs d’activités (1) et fonctions
socioprofessionnelles (2).
(1) A l’approche de moins en moins satisfaisante par les grands secteurs d’activités (primaire, secondaire, tertiaire), l’équipe substitue des regroupements de la nomenclature des activités françaises la plus fine
(700 types d’activités) en deux grandes « sphères » : la sphère des activités de production au sens large et
celles des services aux ménages ou de reproduction sociale. Chacune des deux sphères est partagée ensuite
en deux. La production comporte d’une part la production de biens matériels au sens classique et d’autre
part les services d’intermédiation à la production et de circulation, parfois qualifiés chez les auteurs de
sphère périproductive (services financiers aux entreprises, d’expertise, de transport …). Les services aux
ménages sont séparés quant à eux entre ceux qui ne sont pas discriminants territorialement (reproduction
sociale simple : commerce de détail, enseignement jusqu’au secondaire, équipements sportifs) et ceux qui le
sont (reproduction sociale élargie : administration centrale, enseignement supérieur …).
Damette F, Scheibling J., 2011, Le territoire français. Permanences et mutations, Paris, Hachette, pp.94 et 100
La carte se fonde sur des données de 1990. Voir le commentaire dans Damette F, Scheibling J., 2011, Le
territoire français. Permanences et mutations, Paris, Hachette, pp.93-101
(2) C’est la nomenclature par CSP de l’INSEE qui sert à classer les métiers des personnes en cinq
grandes fonctions : les fonctions dites « d’autorité » (métiers de justice, de sécurité publique, administration
publique), de « développement humain » (métiers de la santé, de la formation, de la culture), de « production-abstrait » (chercheurs, gestionnaires, commerciaux …) ou de « production-concret » (fabrication, logistique) et fonctions « aval » (distribution, entretien …).
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Beckouche P., Damette F., Vire E ., 1997, Géographie économique de la Région parisienne, Paris, DRE, p.15
B- L’organisation de l’espace français1
L’application géographique qui suit s’appuie sur la même matrice.
1-Des sphères d’activité n’est toutefois considérée que la sphère de la production.
a) Dans la production de biens matériels, les branches d’activités sont rangées en trois grandes catégories, en fonction du contenu technologique des branches
-les branches techniciennes = large place à l’emploi d’ingénieurs-cadres-techniciens
-les branches Q, marquées par le poids de l’emploi ouvrier qualifié (métallurgie)
-les branches S = recours à OS
b) Les branches d’activité de la circulation et l’intermédiation sont quant à elles divisées en :
-services périproductifs amont = services de conceptions, RD, services techniques, organismes financiers, expertise, informatique
-services périproductifs aval = surtout fonction de commercialisation
2- Des métiers ou fonctions des individus, ne sont considérées que les fonctions de production. On distingue
entre :
-des fonctions productives « abstraites », vouées à la manipulation de signes abstraits, d’information,
que ce soit à l’amont de la production (direction, gestion, marketing, recherche) ou à l’aval (commercial) ;
-des fonctions dites « concrètes », car plus proches de la matière (fabrication, stockage, maintenance).
L’explication et la plupart des documents qui suivent sont extraits de : DAMETTE F., BECKOUCHE P., 1993, « Une grille d’analyse
globale de l’emploi. Le partage géographique du travail », Economie et statistique, n°270, pp. 37-50
Damette F., Beckouche P., 1990, « La métropole parisienne. Système productif et organisation de l’espace », 2001 Plus, n°20-21 ; de
Beckouche P., Damette F., Vire E ., 1997, Géographie économique de la Région parisienne, Paris, DRE, 139p. et de Damette F.,
Scheibling J., 1992, Le Bassin Parisien. Système productif et organisation urbaine, Paris, DATAR
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a) Le poids économique de la métropole parisienne
b) La spécialisation économique parisienne
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c) Spécialisation parisienne et spécialisations des autres villes françaises
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1992
Source : Alvergne C., 1997, Vingt-cinq ans
d’évolution de l’industrie et des territoires français, Paris, L’Harmattan
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Centre urbain majeur : forte présence des entreprises et
haut niveau d’encadrement
Modèle de l’Ouest : présence moyenne des entreprises
liée à un assez bon niveau d’encadrement
Modèle du Bassin parisien : forte présence des entreprises associée à un niveau médiocre d’encadrement
Modèle du Midi : a l’exception de Toulouse, très faible
présence en entreprises et assez bon niveau
d’encadrement
Arc Nord-Est : force
encadrement généralisé.
des
entreprises
et
sous-
Damette F., Scheibling J., 1992, Le Bassin Parisien. Système
productif et organisation urbaine, Paris, DATAR, p. 48.
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Moulinex dans le bocage normand : la crise d’un modèle
« Créée en 1929 à Bagnolet
par Jean Mantelet, Moulinex
connaît pendant quatre décennies une success story
grâce à trois grandes innovations. Commerciale, avec la
création
d’équipements
électroménagers répondant
aux attentes des consommatrices (« Moulinex libère la
femme »). Productive, avec
la mise en place, dès les
années 30, d’une production
de masse à faible marge, afin
de réduire les coûts de production et de vente. Territoriale, enfin, avec la création,
dès 1937, d’une usine à
Alençon employant une
main-d’œuvre ouvrière non
qualifiée et féminine. Cette
géographie des coûts de
main d’œuvre […] est systématisée pour les industries
de montage durant les Trente
Glorieuses, alors que les
cadres et les ingénieurs des
fonctions de direction et de
conception restent en Ile-deFrance. […] A l’échelle
régionale,
Moulinex
se
constitue un véritable fief
territorial en quadrillant le
bocage normand de treize
usines, dont le saupoudrage
vise à bloquer toute unité
sociale et syndicale de ses
8 000 ouvriers et à peser au
maximum sur les salaires.
Enfin, elle se constitue, avec
l’appui des élus et notables
locaux, de véritables monopoles territoriaux en étant le
premier employeur et la
principale ressource fiscale
des communes […].
Mais au tournant des années
1980, l’entreprise se trouve
fragilisée, malgré ses 15 000
emplois et ses 25 usines dans
le
monde :
sous-
investissement,
gestion
paternaliste, perte de créativité face à la saturation de
ses marchés traditionnels,
faiblesse de la recherche face
à une course effrénée à
l’innovation,
nouvelles
concurrences
asiatiques,
pression sur les prix de la
grande distribution, internationalisation hasardeuse et,
enfin, guerre de succession à
la mort du fondateur en
1991. Entre 1994 et 1996,
deux plans de restructuration
sont mis en œuvre afin de
réduire de 25% les coûts de
production. Ils se traduisent
par la perte d’un tiers des
emplois (40% en France), la
fermeture de sept unités, la
spécialisation des usines par
produit et l’externalisation
des activités annexes. Une
ultraflexibilité est imposée
aux salariés, qui acceptent en
1995 le blocage de leur
salaire […]
La
stratégie
territoriale
antérieure se révèle catastrophique, car elle a gelé pendant des décennies toute
possibilité de diversification
endogène. La structure de la
main-d’œuvre -70% de
femmes peu qualifiées et
souvent âgées- entraîne de
graves problèmes de reclassement. Les fermetures
frappent de plein fouet un
espace déjà économiquement
et
démographiquement
dépressif et déstabilise les
petits pôles urbains ruraux. »
Source : Carroué L, 2000,
Alternatives économiques,
n°.184, p.31
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III- PLACE DES FONCTIONS TERTIAIRES
Damette F., Scheibling J., 1992, Le Bassin Parisien. Système productif et organisation urbaine, Paris, DATAR, p. 31.
Source : Alvergne C., 1997, Vingt-cinq ans d’évolution de l’industrie et des territoires français, Paris, L’Harmattan
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Brunet R., 1986, Le redéploiement industriel. Analyse géographique des phénomènes du développement industriel en France, Reclus, pp. 29, 45 et 51