2014 ÉVOLUTION DE L`ABONDANCE DES AMPHIBIENS

ÉVOLUTION DE L’ABONDANCE
DES AMPHIBIENS
d’après les effectifs sur un réseau de mares.
ALSACE
67
68
Tendance de l’indicateur
Alsace : m
Bas-Rhin : m
Haut-Rhin : g
Nom français
Rainette verte (Hyla arborea)
Photo
: Victoria
Michel
Murin de Daubenton
(Myotis
daubentonii)
Photo : Julien vittier
Contexte
Les amphibiens sont des vertébrés très sensibles aux perturbations physiques (fermeture, assèchement, comblement, modification des berges, introduction de poissons...)
ou chimiques (pollution de l’eau) de l’habitat. En conséquence, le suivi de la diversité spécifique des amphibiens
donne une indication sur la qualité en termes de fonctionnalité des milieux humides stagnants.
Un suivi des populations d’amphibiens est réalisé sur un
réseau de 30 mares en Alsace et consiste à noter les espèces présentes et à dénombrer leurs effectifs. Les zones
humides ainsi suivies sont réparties de manière hétérogène dans la région, en fonction des milieux naturels et
de leur statut : mares de la bande rhénane, de plaine, du
piémont et de montagne, et mares en réserve naturelle,
sur site géré ou non géré. Les 30 mares se distribuent
équitablement entre les deux départements.
Méthode
Les effectifs comptés sont répartis en classes d’abondance,
définies selon chaque espèce :
Nom français
Nom scientifique
Catégories d’abondance
Crapaud accoucheur
Alytes obstetricans
1à5
Crapaud calamite
Bufo calamita
1 à 20 21 à 100 > 100
Crapaud commun
Bufo bufo
1 à 100 101 à 200 > 200
Crapaud vert
Bufo viridis
1 à 20 21 à 100 > 100
Grenouille agile
Rana dalmatina
1 à 40 41 à 100 > 100
Grenouille de Lessona
Pelophylax lessonae
1 à 20
Grenouille des champs
Rana arvalis
1 à 40 41 à 100 > 100
Grenouille rieuse
Pelophylax ridibunda
1 à 20
Grenouille rousse
Rana temporaria
1 à 40 41 à 100 > 100
« Espèces » / Espèces communes / 2014
« Territoire » / Zones humides / 2014
6 à 20
21 à 50
21 à 50
> 20
> 50
> 50
Nom scientifique
Catégories d’abondance
Grenouille verte
Pelophylax kl. esculentus
1 à 20 21 à 50
> 50
Rainette verte
Hyla arborea
1 à 10 11 à 50
> 50
Salamandre tachetée
Salamandra salamandra
1 à 10 11 à 50
> 50
Sonneur à ventre jaune
Bombina variegata
1 à 30 31 à 100 > 100
Triton alpestre
Ichthyosaura alpestris
1 à 10 11 à 40
> 40
Triton crêté
Triturus cristatus
1 à 10 11 à 40
> 40
Triton palmé
Lissotriton helveticus
1 à 10 11 à 40
> 40
Triton ponctué
Lissotriton vulgaris
1 à 10 11 à 40
> 40
Tab.1 : Catégories d’abondance selon chaque espèces.
Les résultats d’effectifs sont ensuite corrélés avec la richesse
spécifique par mare afin d’expliquer l’évolution de l’indicateur. Positive, elle indique que les milieux aquatiques sont fonctionnels
pour les amphibiens. Cette corrélation est calculée avec l’indice
de diversité spécifique de Shannon, qui se traduit comme suit :
H’ : Indice de Shannon
pi : Abondance relative de chaque espèce, calculée en divisant le
nombre d’individus d’une espèce par le nombre total d’individus
S : Nombre total d’espèces
Cet indice nous indique la proportion d’individus au sein d’une
population par rapport à l’effectif global toutes espèces confondues. Ainsi, une mare diversifiée contiendra beaucoup d’espèces
avec des effectifs importants. Une mare peu diversifiée contiendra
peu d’espèces avec une espèce présentant des effectifs nettement plus importants par rapport aux autres. La valeur moyenne
de l’indice est ensuite calculée à l’échelle de chaque département
et de la région.
Résultats en 2014
Sur la région Alsace
L’indicateur, soit l’indice de diversité spécifique des amphibiens,
est de 1,02 pour l’Alsace.
Sur les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin
L’indicateur est de 1 pour le Bas-Rhin.
L’indicateur est de 1,05 pour le Haut-Rhin.
2014
Fig.1 : Évolution de l’indice de diversité spécifique au niveau de l’Alsace, du
Bas-Rhin et du Haut-Rhin.
Analyse
Analyse globale
Durant les 10 années de suivi, la moyenne de l’indice de diversité spécifique des amphibiens dans les mares en Alsace a
constamment évolué. L’analyse des paramètres de régression
linéaire simple menée sur l’ensemble des mares de la région
indique une tendance légèrement à la baisse depuis 2005 (estimation de la variable « années » = - 0,03 ; r2 = 0,43), et cette
tendance est significative (F = 6,078, p = 0,04).
Dans le Bas-Rhin, l’analyse des paramètres de régression linéaire
simple menée sur l’ensemble des mares indique une tendance
légèrement à la baisse depuis 2005 (estimation de la variable
« années » = - 0,04 ; r2 = 0,4), et cette tendance est significative
(F = 5,374, p = 0,049).
Dans le Haut-Rhin, l’analyse des paramètres de régression linéaire simple menée sur l’ensemble des mares indique une
tendance légèrement à la baisse depuis 2005 (estimation de la
variable « années » = - 0,02 ; r2 = 0,27), mais cette tendance
n’est pas significative (F = 2,984, p = 0,12). La tendance de
l’indice est donc stable dans le Haut-Rhin.
Une analyse statistique de la moyenne des effectifs en fonction
des entités géographiques (bande rhénane, plaine, piémont et
montagne) et des milieux (forêt, prairie, culture et urbain) a été
réalisée sur l’ensemble des 30 mares. Les mares avec les effectifs les plus importants sont présentes en milieu forestier et celles
avec les effectifs les plus faibles sont situées en milieu cultivé, et
cette différence est significative (p = 0,03). A l’inverse, il n’existe
aucune différence significative entre les entités géographiques
(bande rhénane, plaine, piémont et montagne) (p = 0,09). Ainsi,
les mares localisées en milieu forestier semblent plus favorables
pour la reproduction des amphibiens mais l’entité géographique
n’est pas un facteur déterminant.
Analyse annuelle
Entre 2013 et 2014, les effectifs d’amphibiens dans les mares
suivies en Alsace sont relativement stables. Dans le Haut-Rhin, ils
ont fortement diminué dans 5 des 15 mares suivis, ce qui peut
Producteur des données :
Cartographie des effectifs d’amphibiens d’un réseau de mares en 2014.
expliquer la baisse de l’indice de diversité spécifique en 2014.
Cette année le début de printemps (mars-avril) a été particulièrement sec provoquant un assèchement rapide des mares. Néanmoins, la valeur de l’indicateur est relativement stable dans le BasRhin entre 2013 et 2014. Les précipitations du mois de mai et
juillet ont permis de remonter le niveau d’eau des zones humides
et ainsi de favoriser la reproduction des amphibiens.
Facteurs influençant l’indicateur
Facteurs écologiques
Les facteurs ayant une influence négative sur l’indicateur sont la
modification ou la destruction des habitats, l’isolation des mares,
la destruction des milieux terrestres favorables, la pollution de
l’eau, l’introduction de prédateurs (poissons, écrevisses), le comblement des mares et le manque d’ensoleillement.
Les facteurs ayant une influence positive sur l’indicateur sont le
maintien et la restauration des habitats aquatiques lentiques, la
présence d’un réseau de mares et de milieux terrestres favorables
aux alentours (forêt, prairie), l’absence de prédateurs exogènes,
une eau non polluée, une pluviométrie relativement importante au
printemps et le maintien des niveaux d’eau élevés.
Biais liés à la méthode d’inventaire
Observateur, conditions météorologiques, effort de prospection,
niveaux d’eau…
Coordinateur :
BUFO, ODONAT (coord.), 2014. Rapport annuel Biodiv’Alsace - Volet I - Évolution de l’abondance des amphibiens. Document numérique.