2014 évolution de la population du lézard vert occidental

ÉVOLUTION DE LA POPULATION DU
LÉZARD VERT OCCIDENTAL
d’après les effectifs de 17 sites.
ALSACE
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Lézard vert (Lacerta bilineata)
Photo : Jean-Pierre Vacher
Contexte
Le Lézard vert occidental Lacerta bilineata (Daudin, 1802)
est un Lacertidae européen issu du refuge glaciaire italien
et dont l’aire de répartition mondiale concerne les 3/4 sud
de la France, l’Italie, la Suisse, le sud-ouest de l’Allemagne,
l’ouest de la Slovénie et le nord de l’Espagne.
Les populations de Lézard vert occidental d’Alsace sont en
limite septentrionale de leur aire de répartition et de surcroît
isolées du reste des populations. Cette espèce fréquente
un type particulier d’habitat dans notre région : les prairies
calcaires à xérobromion et les vignobles des collines sousvosgiennes. Sa présence sur ces sites est déterminée par
deux facteurs : la présence de micro-habitats favorables
(haies de robiniers et de cornouillers, lisières forestières à
strates herbacée et arbustive, murs de pierres sèches avec
une végétation herbacée et buissonnante dense) et des
ressources en proies importantes.
Le Lézard vert occidental est une espèce insectivore et frugivore occasionnelle, qui est de ce fait sensible aux traitements phytosanitaires utilisés sur les vignes et qui peuvent
se retrouver en concentrations importantes dans les invertébrés qui constituent une bonne part de son régime alimentaire. De plus, le caractère isolé des populations, couplé
à un faible spectre de dispersion, lui confère des exigences
écologiques très strictes en Alsace. Il représente donc un
bon indicateur de l’évolution des milieux qu’il fréquente, à
savoir les collines sous-vosgiennes.
Méthode
L’aire d’étude concerne les collines sous-vosgiennes depuis le
sud du Bas-Rhin jusqu’à la vallée de la Thur dans le Haut-Rhin.
Les données analysées proviennent des 17 stations connues en
2005 pour cette espèce. Une méthode standard de récolte des
« Espèces » / Espèces menacées / 2014
« Territoire » / Milieux ouverts / 2014
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Tendance de l’indicateur
Alsace : g
Bas-Rhin : g
Haut-Rhin : g
données est mise en place chaque année au moment de la période d’activité des lézards, entre les mois d’avril et de juillet. Un
itinéraire préalablement déterminé et cartographié est parcouru à
pied. Deux passages sont effectués, afin de réduire le biais de détectabilité dû à divers facteurs : météorologie défavorable, activité
réduite des lézards, activités humaines. Chaque lézard observé
est noté. Deux valeurs par site (une à chaque passage) sont ainsi
obtenues, correspondant au nombre de lézards observés sur le
site. Seule la valeur la plus importante est conservée.
Jusqu’en 2010, l’indicateur correspondait au nombre total d’individus de lézards verts occidentaux sur l’ensemble des stations
connues. Depuis 2011, le calcul de l’indicateur a été amélioré
et se base désormais sur une valeur pondérée qui permet de
réduire le déséquilibre d’effectif porté par le site du Bollenberg
qui comptait à lui seul plus de 50% de l’effectif total. Cette valeur
correspond au calcul de l’indice de Shannon, un indice de diversité spécifique, qui se développe comme suit :
H’ : S:
pi :
Indice de Shannon
Nombre total de sites
Rapport de l’effectif compté sur le site i à l’effectif total
D’ordinaire, l’indice de Shannon compare des effectifs de différentes espèces. Dans le cas présent, il compare les effectifs de
différents sites. Ce nouveau calcul de la valeur de l’indicateur permet de résoudre le problème de l’inégalité des sites, en donnant
un aperçu de la répartition des individus sur chacun des sites. Un
indice de Shannon stable signifiera qu’il y a globalement la même
répartition au cours des années sur les sites (pas de fluctuations
importantes au niveau des sites à faible effectif). Si au contraire
l’indice de Shannon évolue dans un sens ou l’autre, cela signifiera que l’on s’écarte de l’équilibre de départ (changement de la
répartition des effectifs sur les sites).
Résultats en 2014
Région Alsace
L’indicateur est de 2,9 pour l’Alsace.
Départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.
L’indicateur est de 0,54 pour le Bas-Rhin.
L’indicateur est de 2,19 pour le Haut-Rhin.
2014
Fig.1 : Évolution de l’indice de diversité spécifique des sites à Lézard vert
occidental en Alsace.
Analyse
En 2014, la valeur de l’indicateur est particulièrement importante. Cela signifie que le nombre global d’individus observés
cette année est élevé. Les régressions linéaires montrent que
les tendances d’évolution de l’indice de diversité spécifique dans
les deux départements sont opposées mais de façons non significatives. En conséquence, la tendance à la hausse observée
au niveau régional n’est pas significative. Nous pouvons donc
considérer que les effectifs de Lézard vert occidental restent
globalement stables en Alsace depuis 2005 (estimation de la
variable « années » = 0,008 ; r2 = 0,02).
Facteurs influençant l’indicateur
Jusqu’en 2013, le site du Bollenberg abritait la population de
Lézard vert occidental la plus importante de toute la région. En
2014, les effectifs observés sur ce site ont fortement diminué.
Bien qu’étant protégé par une réserve naturelle régionale de
création récente, le site du Bollenberg est très fréquenté et nous
craignons que la population de lézard vert soit menacée par un
dérangement important. En effet, plusieurs observateurs nous ont
relaté la présence d’individus cherchant à capturer les reptiles en
retournant les pierres. Il pourrait s’agir de prélèvements illégaux
réalisés à des fins terrariophiles principalement sur les vipères
aspics, qui sont présentes sur le même site.
La tendance évolutive des populations de Lézard vert occidental
est soumise à la disponibilité des habitats et des ressources trophiques. Ainsi, il est possible de prévoir une liste de facteurs qui
auront une influence négative sur les populations : la disparition
des grandes unités d’habitat : pelouses sèches, zone tampon entre
vigne et lisière forestière, landes forestières, haies ; la disparition
des micro-habitats : broussailles sur les pelouses sèches, murs
en pierres sèches, tas de pierres, petites zones buissonnantes le
long des chemins ou talus : l’utilisation de produits phytosanitaires
pour le traitement des vignes, qui impactent de manière directe et
indirecte via la chaîne trophique les populations de lézards.
À Scherwiller, les travaux de broyage de la lisière forestière en
pleine période d’activité des lézards réalisés en 2013 ne semblent pas avoir eu d’impact négatif sur la population.
À l’inverse, les facteurs suivants sont favorables au maintien des
populations de Lézard vert occidental : le maintien d’une mosaïque de micro-habitats buissonnants et pierreux ; le maintien
d’éléments structuraux permettant aux lézards de circuler entre
les différents micro-habitats : haies, lisières, bandes herbeuses le
long des chemins ou entre les rangs de vignes, pelouses sèches,
murs de pierres sèches.
À Dieffenthal, l’incendie du Rocher des Celtes qui a eu lieu fin
2013 a très certainement impacté la population de Lézard vert
occidental qui atteint pratiquement la limite nord de son aire de
répartition en Alsace. Néanmoins, des individus ont été observés
en 2014 sur le site qui a retrouvé des caractéristiques favorables
au cours de la saison de végétation.
Notons qu’aucun individu de Lézard vert occidental n’a été observé sur le site d’Ingersheim cette année malgré des conditions
tout à fait favorables.
De manière générale, on remarque que le Lézard vert occidental
semble avoir disparu de 3 des 17 stations connues lors de l’élaboration du programme (Steinbach, Châtenois, Osenbach). En
effet, il n’a plus été observé sur ces sites depuis 2005.
Cartographie des effectifs de Lézard vert recensés en 2014.
En savoir plus...
- http://www.bufo-alsace.org/
- Vacher, J.-P. 2010 – Le lézard vert occidental. In Thiriet, J. & Vacher J.-P.
(coord.) - Atlas des Amphibiens et Reptiles d’Alsace Pp. 178-185. BUFO, Colmar/Strasbourg, 273p.
Producteur des données :
Coordinateur :
BUFO, ODONAT (coord.), 2014. Rapport annuel Biodiv’Alsace - Volet I - Évolution de la population du Lézard vert occidental. Document numérique.