ÉVOLUTION DE LA POPULATION DU LÉZARD VERT OCCIDENTAL d’après les effectifs de 17 sites. ALSACE 67 Lézard vert (Lacerta bilineata) Photo : Jean-Pierre Vacher Contexte Le Lézard vert occidental Lacerta bilineata (Daudin, 1802) est un Lacertidae européen issu du refuge glaciaire italien et dont l’aire de répartition mondiale concerne les 3/4 sud de la France, l’Italie, la Suisse, le sud-ouest de l’Allemagne, l’ouest de la Slovénie et le nord de l’Espagne. Les populations de Lézard vert occidental d’Alsace sont en limite septentrionale de leur aire de répartition et de surcroît isolées du reste des populations. Cette espèce fréquente un type particulier d’habitat dans notre région : les prairies calcaires à xérobromion et les vignobles des collines sousvosgiennes. Sa présence sur ces sites est déterminée par deux facteurs : la présence de micro-habitats favorables (haies de robiniers et de cornouillers, lisières forestières à strates herbacée et arbustive, murs de pierres sèches avec une végétation herbacée et buissonnante dense) et des ressources en proies importantes. Le Lézard vert occidental est une espèce insectivore et frugivore occasionnelle, qui est de ce fait sensible aux traitements phytosanitaires utilisés sur les vignes et qui peuvent se retrouver en concentrations importantes dans les invertébrés qui constituent une bonne part de son régime alimentaire. De plus, le caractère isolé des populations, couplé à un faible spectre de dispersion, lui confère des exigences écologiques très strictes en Alsace. Il représente donc un bon indicateur de l’évolution des milieux qu’il fréquente, à savoir les collines sous-vosgiennes. Méthode L’aire d’étude concerne les collines sous-vosgiennes depuis le sud du Bas-Rhin jusqu’à la vallée de la Thur dans le Haut-Rhin. Les données analysées proviennent des 17 stations connues en 2005 pour cette espèce. Une méthode standard de récolte des « Espèces » / Espèces menacées / 2014 « Territoire » / Milieux ouverts / 2014 68 Tendance de l’indicateur Alsace : g Bas-Rhin : g Haut-Rhin : g données est mise en place chaque année au moment de la période d’activité des lézards, entre les mois d’avril et de juillet. Un itinéraire préalablement déterminé et cartographié est parcouru à pied. Deux passages sont effectués, afin de réduire le biais de détectabilité dû à divers facteurs : météorologie défavorable, activité réduite des lézards, activités humaines. Chaque lézard observé est noté. Deux valeurs par site (une à chaque passage) sont ainsi obtenues, correspondant au nombre de lézards observés sur le site. Seule la valeur la plus importante est conservée. Jusqu’en 2010, l’indicateur correspondait au nombre total d’individus de lézards verts occidentaux sur l’ensemble des stations connues. Depuis 2011, le calcul de l’indicateur a été amélioré et se base désormais sur une valeur pondérée qui permet de réduire le déséquilibre d’effectif porté par le site du Bollenberg qui comptait à lui seul plus de 50% de l’effectif total. Cette valeur correspond au calcul de l’indice de Shannon, un indice de diversité spécifique, qui se développe comme suit : H’ : S: pi : Indice de Shannon Nombre total de sites Rapport de l’effectif compté sur le site i à l’effectif total D’ordinaire, l’indice de Shannon compare des effectifs de différentes espèces. Dans le cas présent, il compare les effectifs de différents sites. Ce nouveau calcul de la valeur de l’indicateur permet de résoudre le problème de l’inégalité des sites, en donnant un aperçu de la répartition des individus sur chacun des sites. Un indice de Shannon stable signifiera qu’il y a globalement la même répartition au cours des années sur les sites (pas de fluctuations importantes au niveau des sites à faible effectif). Si au contraire l’indice de Shannon évolue dans un sens ou l’autre, cela signifiera que l’on s’écarte de l’équilibre de départ (changement de la répartition des effectifs sur les sites). Résultats en 2014 Région Alsace L’indicateur est de 2,9 pour l’Alsace. Départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. L’indicateur est de 0,54 pour le Bas-Rhin. L’indicateur est de 2,19 pour le Haut-Rhin. 2014 Fig.1 : Évolution de l’indice de diversité spécifique des sites à Lézard vert occidental en Alsace. Analyse En 2014, la valeur de l’indicateur est particulièrement importante. Cela signifie que le nombre global d’individus observés cette année est élevé. Les régressions linéaires montrent que les tendances d’évolution de l’indice de diversité spécifique dans les deux départements sont opposées mais de façons non significatives. En conséquence, la tendance à la hausse observée au niveau régional n’est pas significative. Nous pouvons donc considérer que les effectifs de Lézard vert occidental restent globalement stables en Alsace depuis 2005 (estimation de la variable « années » = 0,008 ; r2 = 0,02). Facteurs influençant l’indicateur Jusqu’en 2013, le site du Bollenberg abritait la population de Lézard vert occidental la plus importante de toute la région. En 2014, les effectifs observés sur ce site ont fortement diminué. Bien qu’étant protégé par une réserve naturelle régionale de création récente, le site du Bollenberg est très fréquenté et nous craignons que la population de lézard vert soit menacée par un dérangement important. En effet, plusieurs observateurs nous ont relaté la présence d’individus cherchant à capturer les reptiles en retournant les pierres. Il pourrait s’agir de prélèvements illégaux réalisés à des fins terrariophiles principalement sur les vipères aspics, qui sont présentes sur le même site. La tendance évolutive des populations de Lézard vert occidental est soumise à la disponibilité des habitats et des ressources trophiques. Ainsi, il est possible de prévoir une liste de facteurs qui auront une influence négative sur les populations : la disparition des grandes unités d’habitat : pelouses sèches, zone tampon entre vigne et lisière forestière, landes forestières, haies ; la disparition des micro-habitats : broussailles sur les pelouses sèches, murs en pierres sèches, tas de pierres, petites zones buissonnantes le long des chemins ou talus : l’utilisation de produits phytosanitaires pour le traitement des vignes, qui impactent de manière directe et indirecte via la chaîne trophique les populations de lézards. À Scherwiller, les travaux de broyage de la lisière forestière en pleine période d’activité des lézards réalisés en 2013 ne semblent pas avoir eu d’impact négatif sur la population. À l’inverse, les facteurs suivants sont favorables au maintien des populations de Lézard vert occidental : le maintien d’une mosaïque de micro-habitats buissonnants et pierreux ; le maintien d’éléments structuraux permettant aux lézards de circuler entre les différents micro-habitats : haies, lisières, bandes herbeuses le long des chemins ou entre les rangs de vignes, pelouses sèches, murs de pierres sèches. À Dieffenthal, l’incendie du Rocher des Celtes qui a eu lieu fin 2013 a très certainement impacté la population de Lézard vert occidental qui atteint pratiquement la limite nord de son aire de répartition en Alsace. Néanmoins, des individus ont été observés en 2014 sur le site qui a retrouvé des caractéristiques favorables au cours de la saison de végétation. Notons qu’aucun individu de Lézard vert occidental n’a été observé sur le site d’Ingersheim cette année malgré des conditions tout à fait favorables. De manière générale, on remarque que le Lézard vert occidental semble avoir disparu de 3 des 17 stations connues lors de l’élaboration du programme (Steinbach, Châtenois, Osenbach). En effet, il n’a plus été observé sur ces sites depuis 2005. Cartographie des effectifs de Lézard vert recensés en 2014. En savoir plus... - http://www.bufo-alsace.org/ - Vacher, J.-P. 2010 – Le lézard vert occidental. In Thiriet, J. & Vacher J.-P. (coord.) - Atlas des Amphibiens et Reptiles d’Alsace Pp. 178-185. BUFO, Colmar/Strasbourg, 273p. Producteur des données : Coordinateur : BUFO, ODONAT (coord.), 2014. Rapport annuel Biodiv’Alsace - Volet I - Évolution de la population du Lézard vert occidental. Document numérique.
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