L'impact des rankings sur
l'existence et la diversité des
revues scientifiques et sur les
pratiques disciplinaires.
Le cas de la géographie
Christian Vandermotten
Faculté des Sciences
Institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménagement du Territoire
1. Les publications en géographie avant
la seconde Guerre mondiale
- Des revues de sociétés savantes
- Quelques revue généralistes prestigieuses (Annales de
Géographie, The Geographical Journal, Annals of the
Association of the American Geographers, Petermanns
Geographische Mitteilungen, etc.)
- Quelques revues spécialisées souvent portées par des labos
de renom (Revue de Géographie Alpine, Economic
Geography, TESG, etc.)
2. La situation actuelle
- Une explosion du nombre de titres
- Une hégémonie accrue de la publication en anglais aux mains
- de quelques éditeurs internationaux : sur 761 revues, H-index
moyen des revues NL = 27,3, UK = 18,7, US = 15,4, … F =
4,4 ; sur ces revues 69 % de celles publiées en anglais sont
reprises dans le SCI ou le SSCI, 50 % en allemand, 12 % en
français, 4 % en chinois et 3 % en espagnol.
- Une multiplication de titres thématiques spécialisés
- Une prise de contrôle des grandes firmes sur les revues
historiques des sociétés de géographie quand elles sont
publiées en anglais (H-index moyen des revues des sociétés
reprises par les firmes : 15,9 ; les autres : 6,1)
3. Les implications épistémologiques et
sociales
- La diffusion d'une vision épistémologique hégémonique, de
concepts et d'une pensée anglo-saxonne standardisée
- Un recul d'une vision holistique de la géographie (sur les 761
revues recensées, H-index moyen des revues généralistes de
géographie : 6,4 ; « Urban studies » : 14,7 ; « Economic and
transport Studies : 16,8 ; « Global change and biogeography :
17,7).
- Une tendance au saucissonnage des publications et la
dévalorisation des livres
- Le recours obligé et dogmatique à la citation de « grands
noms » justificateurs
- La contribution à la diffusion des recettes néo-libérales et
standardisées vers le monde politique, contribuant au
creusement des disparités et des inégalités sociales
- La soumission aux « manies » de coteries scientifiques et aux
« modes » scientifiques ; un rejet des pensées alternatives
4. Attitudes et réactions
-- En Belgique, une différence entre le nord et le sud du pays
- La réaction française : le CNRS, revues.org, le FOA, le
classement AERES vs. SCI et SSCI et SCOPUS
- Le critère négligé de l'utilité sociale de la production
scientifique
- La sensibilité de l'Académie
- Les réactions de la communauté scientifique
- La position schizophrénique des Universités