Numéro spécial rapport de gestion | 26 mars 2015 Les CFF. 2014 Ce qu’en disent nos clients Louanges et critiques d’Urs Weishaupt et de Valérie Dussex Silvestri. Page 6 Les CFF aujourd’hui: Andreas Meyer et Ulrich Gygi dressent un bilan. Page 12 Au Tessin, des équipes motivées grâce à des comptes à l’équilibre. Page 26 Les CFF en 2014 + 0,2 % Émissions de CO2 Satisfaction de la clientèle – 37 % +1,6 Ponctualité des voyageurs 87,7 % point par rapport à 1990 (sur 100) Les CFF sont l’entreprise ferroviaire la plus ponctuelle d’Europe Ventes en ligne trafic voyageurs +19 % Bénéfice 373 millions de francs 1,18 million + 3,7 % 2014 +57 % 2013 de voyageurs par jour Transport de + 7,7 % + 2,6 % CFF Cargo 210 0 0 0 tonnes nettes par jour Utilisation du réseau 10 268 Effectif trains circulent sur le réseau des CFF chaque jour marchandis 32 730 personnes, intégration totale de Login SA comprise + 5,7 % es Sommaire et éditorial 12 36 Photos: Daniel Winkler, Beat Schweizer, Alessandro Della Bella, Raphaël Leibundgut Partager 26 04 Mobilité intelligente 24 Monsieur Saint-Gothard Peter Jedelhauser: l’homme qui achève le plus long tunnel du réseau 05 Lisa Guyaz À l’écoute de la clientèle 26 CFF Cargo à Cadenazzo L’équilibre des comptes et ses effets 06 Les CFF vus par des clients Chemin faisant avec Valérie Dussex Silvestri et Urs Weishaupt 29 Pourquoi un bénéfice? Le succès des CFF profite à tous 11 Renouveler la flotte Les achats, une procédure complexe Vivre 30 CFF durables 12 Le mot des dirigeants Ulrich Gygi et Andreas Meyer reviennent sur l’exercice 2014 31 Christina Meier Un plaidoyer passionné pour la nature Découvrir 32 Plaque tournante de la vie urbaine En images: 24 heures à la gare de Bâle 18 Les chantiers du rail 36 Collaborateurs mobiles Andrea Gian Mordasini, Thomas Burri, Sofie Züblin: la mobilité dans l’ADN 19 Martin Gautschi Fier du nouveau centre d’exploitation 20 Réseau haute performance Comment les CFF modernisent et aménagent en continu leur réseau 38 Trains à faible consommation Cyril Holewa installe un nouveau logiciel sur des trains Version tablette à télécharger sur: sbb.ch/unterwegs-app (cff, benefit) Numéro spécial rapport de gestion 2014 Intégralité du rapport de gestion: rapport-de-gestion.cff.ch Des histoires, des figures Les CFF font bouger la Suisse et sont eux-mêmes en pleine (r)évolution: d’ici à 2016, nous voulons compter parmi les meilleurs en matière de satisfaction de la clientèle. Pour cela, la qualité de nos prestations doit être au rendez-vous, jour après jour. Nous devons réaliser des gains d’efficacité sans que la clientèle ne s’en aperçoive. Tout cela en sachant anticiper les besoins de mobilité futurs pour nous positionner intelligemment. En ce sens, 2014 a été une année de premiers progrès et de nombreux enseignements. C’est ce que montre ce numéro spécial d’En route, que nous avons pensé comme un rapport de gestion. Comment se concrétisent nos défis au quotidien? Comment cette période intense est-elle perçue par la clientèle? Qu’est-ce que cela implique pour la réalisation de notre objectif? Nous avons donné la parole à des collaborateurs et à des clients. Laissez-vous inspirer par les histoires et les figures de l’année 2014. Qu’elles soient source d’énergie et de motivation pour chacune et chacun d’entre nous. L’objectif ne pourra être atteint qu’avec la contribution de tous! Kathrin Amacker Responsable Communication Membre de la Direction du groupe 3 4 Les TP de demain Les nouveaux horizons de la mobilité En matière de déplacements, nos besoins sont variés: pour les uns, le voyage doit être un agrément, pour d’autres, il s’agit de prendre l’itinéraire le plus efficace. Des véhicules révolutionnaires vont voir le jour. On ne dit plus transport mais gestion de la mobilité. Bienvenue dans l’ère de la «mobilité intelligente». Texte: Martin Stutz | Infographie: Laetitia Buntschu Mobilité intelligente La mobilité intelligente fait évoluer l’entreprise et le marché du travail: elle ouvre la voie à de nouveaux modèles d’affaires, crée des potentiels de recrutement, offre plus de souplesse aux collaborateurs et augmente leur productivité. Elle accroît aussi l’efficacité énergétique du travail. Rendant le bureau superflu, le travail nomade change la société: il améliore l’équilibre entre travail et vie privée, et favorise l’émergence de nouveaux modes de travail et de vie. Le conseil sur les transports publics La gare, plaque tournante L’information à la clientèle, basée sur des données en temps réel, est de plus en plus personnalisée et guide précisément l’utilisateur vers l’endroit désiré. Couvrant toute la chaîne de mobilité, elle va se muer en un service de conseil articulant efficacement tous les modes de transport publics et tous les services pour une information sur mesure au moment voulu. Le «juste à temps» pour une mobilité futée. Les gares relient les réseaux de transport les plus différents en un système intelligent. Ce sont aussi des lieux de travail et de vie, des centres de commerces et de services. On se rend au Businesspoint CFF pour une réunion avec un client venu d’un site éloigné, et on en profite pour passer au pressing. Une fois à la gare, on peut prendre un autre moyen de transport que le train. Le système de mobilité Le rail contre la route: une opposition depuis longtemps dépassée. Aujourd’hui, les modes de transport se combinent pour une mobilité optimisée. L’idée? Pouvoir emprunter tous les réseaux avec un seul billet. Développés par de nombreux constructeurs, les véhicules sans chauffeur ne relèvent plus de la science-fiction. Avec leur intelligence artificielle, ils s’intégreront au système des transports publics pour en permettre un usage individualisé. Photo: Stefan Walter Partager 5 Transmettre sa passion pour le voyage: la motivation de Lisa Guyaz. Organisatrice passionnée de moments de détente Lisa Guyaz passe d’un catalogue à l’autre. En face d’elle, à l’Agence de voyages CFF de Lausanne, un couple de clients, venus pour réserver deux voyages. L’un pour Milan, avec train et hôtel, et l’autre, un circuit en Écosse, avec avion, voiture de location, réservation d’hôtel dans les Highlands et une soirée au Tattoo d’Édimbourg. L’agente de voyages de 23 ans laisse parler ses clients. «C’est la phase la plus importante du travail. Il faut écouter attentivement, comprendre les vœux des clients, ce qui les fait rêver, trouver comment ils imaginent leur journée idéale de vacances, puis leur faire une offre qui corres- En chiffres: la performance des CFF en 2014 Les CFF mesurent leur succès à travers neuf objectifs. → Les autres objectifs sont présentés en pages 19 et 31. Numéro spécial rapport de gestion 2014 → Satisfaction de la clientèle Au total, elle a augmenté de 1,6 point. En trafic voyageurs, elle a légèrement progressé, passant de 75,7 à 75,9 points sur 100 (propreté, capacité en places assises et rapport prix-prestation en hausse; horaire et ponctualité en recul). Chez CFF Cargo, elle a bondi de 66,4 à 74,4 points. ponde pleinement à leurs aspirations.» Il faut savoir créer «un vrai rapport de confiance» avec la personne que l’on va aider à «s’échapper du quotidien». Lisa Guyaz a décidé d’entreprendre une formation d’agente de voyages il y a trois ans. Pas seulement par amour des voyages et de la découverte de nouveaux pays, mais aussi par passion pour ses clients. Elle ne manque pas de les appeler après leur retour pour savoir si tout s’est bien passé, et les invite à passer boire un café à l’agence pour en discuter. «J’aime entendre leurs histoires et savoir que le voyage a répondu à leurs attentes.» Pour elle, c’est un métier privilégié que celui d’organiser les moments de plaisir et de détente de ses clients. Et Lisa Guyaz? Part-elle en vacances? «Bien sûr, j’adore ça! J’aime la randonnée et la marche, partir à la découverte de nouvelles contrées. Je m’envole pour la Colombie dans quelques jours.» Texte: Jean-Philippe Schmidt → Image du groupe Le score d’image des CFF est passé de 63,7 à 64,7 points (sur 100). Après les retombées favorables de la votation sur le projet FAIF au premier trimestre, l’été a été dominé par un repli en raison de dérangements ayant affecté la ponctualité. Les CFF se sont améliorés en matière de crédibilité. → Motivation du personnel À 75 points, la motivation du personnel a gagné trois points par rapport au chiffre de l’enquête globale de 2012. La satisfaction en interne a, elle, grimpé de quatre points pour atteindre le niveau record de 66 sur 100. Elle reste néanmoins inférieure à celle d’entreprises comparables. 6 Partager Satisfaction de la clientèle La pendulaire: Valérie Dussex Silvestri, de voy oyageu urs par a jou ourr 42 ans, voyageuse longue distance et membre du Conseil clientèle, connaît les points à améliorer. Satisfaction de la clientèle Partager Le voyageur loisirs: Urs Weishaupt, 61 ans, retraité, porte un regard décontracté sur les prestations des CFF. Sa priorité: le confort raffiné. Nous et nos clients La satisfaction de la clientèle en point de mire: Valérie Dussex Silvestri, membre du Conseil clientèle, et Urs Weishaupt, ancien porte-parole de la Ville de Saint-Gall, nous font part de leur ressenti le temps d’un trajet en train. Texte: Ruedi Eichenberger | Photos: Stefan Walter 7 8 Partager Satisfaction de la clientèle Dans la voiture-restaurant de l’EuroCity 196 en provenance de Munich, les tables sont nappées de blanc et l’espresso servi dans des tasses de porcelaine. Il est 11 h, et Urs Weishaupt, 61 ans, ancien directeur de la communication de la Ville de SaintGall à la retraite depuis fin 2013, savoure l’instant dans ce train, qui est l’un de ses préférés: «C’est ce que j’appelle voyager avec classe. En outre, la liaison est sans arrêt entre Saint-Gall et Winterthour. On évite la desserte des petites gares, qui donne l’impression que l’on perd un quart d’heure!» Valérie Dussex Silvestri, 42 ans, commanderait bien elle aussi un petit noir serré. Mais dans l’InterRegio qui relie Brigue et Genève-Aéroport, point de voiturerestaurant, point de minibar. Un service qui fait défaut, dit-elle, surtout en cette heure matinale. «Au Conseil clientèle, on nous a expliqué qu’il ne s’agissait que d’une liaison régionale. Pourtant, elle dure deux heures et 40 minutes.» Créé en 2009, le Conseil clientèle a été la première concrétisation de l’intérêt accru porté par les CFF à l’opinion des voyageurs. Ses 26 membres conseillent l’entreprise du point de vue du client. Ils expriment attentes et suggestions, mais n’ont pas de pouvoir de décision. Valérie Dussex Silvestri s’est portée candidate il y a trois ans; elle est porte-parole pour la Suisse romande et le Tessin. «Le Matin» dans le téléphérique Urs Weishaupt vit au nord de Saint-Gall. Aujourd’hui, il se rend à Lucerne, pour revoir les Klee et les Picasso de la Collection Rosengart. Valérie Dussex Silvestri réside à Vercorin, village perché en contre-haut de Sierre à 1300 mètres d’altitude. Elle est business analyst chez Swisscom et va travailler à Lausanne. Lui, retraité et chargé de mandats à temps partiel, emprunte de plus en plus les transports publics durant ses loisirs. Elle fait surtout la navette entre la maison et le bureau, deux fois par semaine, en plus de son jour de travail à domicile. L’odyssée de Valérie Dussex Silvestri commence à 6 h, dans le téléphérique qui l’emmène de Vercorin à Chalais, dans la plaine. C’est la première descente de la journée. L’agente d’exploitation a disposé dans la cabine de 15 places les éditions encore chaudes du «Matin» et du «Nouvelliste» – un geste très apprécié de la clientèle locale. Urs Weishaupt se met en route quatre heures plus tard, avec le bus, qu’il prend à son terminus, à quelques 2016 Les CFF se donnent jusqu’à la fin de l’an prochain pour compter parmi les meilleurs en matière de satisfaction de la clientèle. pas de chez lui. Téléphérique, bus et train en Valais ou bus-train-train de Saint-Gall à Lucerne: deux chaînes de mobilité où les raccords sont parfaits, les temps d’attente courts, les dessertes fréquentes. C’est ce que le monde entier nous envie et ce que les voyageurs attendent chaque jour des CFF. Le casse-tête du distributeur de billets Pas question de monter à bord sans billet. Nos deux protagonistes sont chacun titulaires d’un abonnement demi-tarif. Valérie Dussex Silvestri a acheté son titre de transport chez elle avec son iPhone. Urs Weishaupt utilise également le MobileTicket Shop CFF, sauf aujourd’hui où il opte pour l’un des distributeurs en gare de Saint-Gall. Et ne peut s’empêcher de s’agacer: «Appuyer sur dix boutons pour avoir son billet, c’est un véritable casse-tête. Voyez, poursuit-il en désignant une autre machine, ces deux jeunes étaient là avant moi et ils n’y arrivent toujours pas.» Valérie Dussex Silvestri apprécie le côté pratique des MobileTickets. Cependant, après le contrôle des billets, et le scannage du code sur l’écran de son téléphone par le chef de train, la voilà qui déchante un peu: «Pourquoi dois-je à chaque fois sortir mon demi-tarif et le présenter des deux côtés? Je ne comprends pas.» Sans la connaître, Urs Weishaupt pointe du doigt le même aspect de l’expérience client: «Je repense toujours à l’époque où les passagers étaient encore considérés comme des marchandises et non comme des clients.» Partir d’un point de vue extérieur, celui du client, au lieu d’innover en vase clos: c’est la nouvelle approche adoptée par les CFF pour se hisser parmi les meilleures entreprises de Suisse en matière de satisfaction de la clientèle d’ici à fin 2016. «Voir avec les lunettes du client», cela commence au sommet de la hiérarchie: lors de 60 ateliers Top CFF II, 3000 cadres se sont prêtés au jeu et ont reçu pour mission de réserver des billets sur Internet, de voyager avec des bagages volumineux ou d’acheter des fleurs et du vin dans une grande gare. Un exercice compliqué par un certain nombre d’obstacles, qui se sont révélés être le fruit d’un processus d’élaboration fermé et non d’une logique d’utilité client. Le marché lui-même livre des pistes d’action. Les CFF, qui sont en bonne voie concernant les fondamentaux que sont la sécurité, la propreté et la ponctualité, ont pu réagir rapidement aux résultats des enquêtes de satisfaction qui identifiaient l’information et la ponctualité en cas de perturbation comme des points faibles. Enfin, les clients doivent se sentir compris et se réjouir de l’attention qu’on leur accorde. Si Valérie Dussex Silvestri et Urs Weishaupt ne trouvent rien à redire en matière de ponctualité, de propreté ou de place, le confort à l’inverse laisse parfois à désirer. Urs Weishaupt détaille d’un œil Satisfaction de la clientèle Partager Un penchant pour le chic à bord et les trajets sans arrêt: Urs Weishaupt. «Un vrai train grandes lignes se doit d’être confortable. Pour le reste, un personnel qui fait preuve de bon sens suffit à me satisfaire.» Urs Weishaupt Elle met à profit son temps de trajet pour travailler: Valérie Dussex Silvestri. «J’aimerais que les CFF fassent appel encore plus souvent au Conseil clientèle.» Valérie Dussex Silvestri 26 membres du Conseil clientèle, dont Valérie Dussex Silvestri, aident les CFF à mieux cerner le point de vue du client. CFF Numéro spécial rapport de gestion 2014 9 10 Partager Satisfaction de la clientèle Du téléphérique au train grandes lignes, une chaîne de mobilité aux maillons parfaitement imbriqués. Découvrez les interviews vidéo d’Urs Weishaupt et de Valérie Dussex Silvestri dans la version iPad d’En route. La promesse à la clientèle de CFF Cargo Pour la deuxième fois, CFF Cargo affiche des comptes à l’équilibre. Un succès qui est étroitement lié à celui de ses clients. «Nous contribuons à la réussite de nos clients», affirme en substance la promesse rendue publique en 2014. Pour Nicolas Perrin, responsable de la division, c’est la proximité et le comportement envers la clientèle qui font la différence: «Le facteur humain est crucial chez nous, au même titre que la performance.» D’après les échos des clients, il subsiste une marge de progression. «Les prestations de base sont très satisfaisantes», se félicite Christian Kempter-Imbach, directeur d’Imbach Logistik. Mais «des progrès peuvent être faits dans la gestion des irrégularités. CFF Cargo doit s’identifier encore plus avec le client et son activité.» Un avis partagé par Daniel Brenner, de Novelis Switzerland: «Les CFF sont très orientés client dans la vente, c’est après que cela se complique. Or il ne s’agit pas seulement d’être expert en ferroviaire, il faut aussi faire preuve d’écoute.» La promesse de CFF Cargo donne le cap à tenir. Elle s’inspire des cinq valeurs du groupe et explicite par exemple la valeur «ambitieux» comme suit: «Nous comprenons nos clients et réalisons un partenariat d’égal à égal.» Pour «respectueux», elle précise: «Nous agissons en toute simplicité, avec rapidité et amabilité.» critique l’InterCity à deux niveaux qui l’emmène de Zurich à Lucerne: «Pour des trajets jusqu’à deux heures, ça passe, mais ce n’est pas un vrai train grandes lignes.» Souvent, déplore-t-il, des bagages gênent le passage, faute de rangements suffisants. Qu’en est-il de l’attitude du personnel? Valérie Dussex Silvestri a des exigences modestes: en tant que pendulaire, elle n’a pas besoin d’attentions particulières. Même son de cloche chez Urs Weishaupt, client loisirs. «Voyager, cela reste pour moi aller d’un point A à un point B, et le train demeure un moyen de transport de masse. Si le personnel fait preuve de bon sens, comme c’est le cas en général, cela suffit à me satisfaire.» Il attend une certaine souplesse de la part des CFF. Si elle avait le choix, Valérie Dussex Silvestri mettrait en place «une voiture fitness sur les relations avec Zurich: le rêve!» Ou une meilleure couverture réseau sur la ligne du Saint-Gothard. Autre vœu: que les CFF fassent plus souvent appel au Conseil clientèle. Tous les clients ne se ressemblent pas. Pour prendre en compte cette diversité, les CFF travaillent avec un modèle englobant six profils de voyageurs. Ce faisant, ils entendent améliorer la satisfaction non par des mesures cosmétiques, mais en plaçant le client et l’utilité pour la clientèle au cœur de leur action. Ce recentrage sera porté par les cadres, mais aussi par l’ensemble des collaborateurs: chacun doit prendre conscience de son rôle dans la chaîne de création de valeur. «Les personnes du front ne peuvent être réellement orientées clientèle que si les équipes en coulisses créent les conditions nécessaires», dit Karin Grundböck, l’une des pilotes de cette réorientation. Le déploiement à la base est pour bientôt: à la suite des 3000 cadres formés jusqu’en mars, tous les collaborateurs assisteront à des ateliers sécurité et qualité placés sous le signe de l’orientation clientèle. Une heure et 40 minutes après avoir quitté SaintGall, Urs Weishaupt est en vue de Zoug. Une heure et 40 minutes après avoir pris place dans le téléphérique, Valérie Dussex Silvestri arrive à destination. «Descente à gauche dans le sens de la marche», informe le chef de train Bernard Biaggi. Elle sourit: cette annonce bien utile aux personnes munies de poussettes ou de bagages encombrants, c’est une initiative du Conseil clientèle à laquelle elle a contribué. 3000 cadres des CFF, réunis en ateliers, ont chaussé les lunettes du client. Renouvellement de la flotte Partager Achats complexes De nouveaux trains pour des CFF modernes: un investissement lourd, et souvent délicat. Texte: Lea Hornstein | Illustration: Stadler Rail AG/NOSE AG Le bureau de Daniel Novak, à Berne, abrite des piles entières de dossiers. C’est ici que se trouvent tous les documents sur le nouveau train des CFF destiné au trafic nord-sud. Daniel Novak dirige le projet d’acquisition, et il est satisfait: «En mai 2014, les CFF ont publié l’appel d’offres pour 29 trains, et en octobre, nous avons déjà pu signer les contrats malgré les recours. Tout est allé relativement vite.» Le train a même un nom: Giruno, dérivé du nom de la buse variable en romanche. Les CFF font partie des meilleures entreprises ferroviaires du monde. Ils investissent chaque année près de 1 milliard de francs dans de nouveaux trains et dans la modernisation de la flotte existante. En 2014, 676 millions de francs y ont été consacrés. L’acquisition de matériel roulant neuf est complexe, comme le montre l’exemple du nouveau train Duplex pour le trafic grandes lignes (Duplex TGL). Le projet accuse trois ans de retard. En novembre dernier, Bombardier et les CFF ont enfin réglé les questions liées aux délais, pour pouvoir enchaîner directement sur l’étape centrale du processus: la production et les essais des trains. L’an passé, un jalon a été franchi dans une autre acquisition. Les premiers des huit trains supplémentaires de type ETR 610 ont été livrés en temps voulu et circulent déjà sur l’axe nord-sud. 2015 s’annonce bien pour les autres projets: au printemps, les CFF passeront au crible deux trains de test du nouveau Duplex TGL. Si la qualité est au rendez-vous, les premières rames seront mises en service en 2017. Quant au Giruno, la phase de la maquette est prévue au printemps: les groupes d’intérêt et parties prenantes pourront monter dans une maquette en bois et donner leur avis. 250 km/h C’est sa vitesse de pointe. Avec ses 2 × 200 m de long et 2 × 400 places assises, le Giruno est destiné au trafic nord-sud. Numéro spécial rapport de gestion 2014 Trois questions à Jeannine Pilloud, responsable Voyageurs Les investissements élevés dans la flotte sont-ils justifiés? Cela nous permet de proposer plus de confort à nos clients, et 60% de places assises supplémentaires d’ici à 2030. Nous investissons dans du matériel neuf, mais aussi dans la flotte existante afin de prolonger sa durée de vie. Une flotte moderne, en bon état de fonctionnement, est le facteur-clé de notre réussite: sans matériel roulant, pas de CFF! Les CFF peuvent-ils se le permettre? Oui, nous pouvons et nous devons nous le permettre. Sinon, nous ne pourrons pas répondre aux besoins de nos clients. Dans le pire des cas, cela entraînerait un transfert du trafic vers la route, ce que nous devons empêcher à tout prix. En effet, aux termes du mandat que la politique nous confie, le maximum de trafic doit s’effectuer par le rail. Les acquisitions ont connu des turbulences début 2014: votre bilan? Les appels d’offres publics sont exigeants pour tous les acteurs concernés. Mais grâce au professionnalisme de chacun, la situation s’est stabilisée dans les différents projets, et toutes les questions juridiques ont été réglées. Nous pouvons à présent nous concentrer sur l’essentiel: la construction des trains. Photo: Daniel Winkler 11 12 Partager Les CFF en 2014 «Nous allons rendre la mobilité intelligente» Hausse du nombre de passagers et du volume de marchandises transportés, amélioration de la sécurité et de la ponctualité, progression de la satisfaction de la clientèle et croissance du résultat du groupe: Ulrich Gygi, Président du Conseil d’administration, et Andreas Meyer, CEO, font le point sur l’année écoulée et esquissent les tendances de demain, entre mobilité intelligente et défis à relever. Texte: Martin Stutz, Andreas Stuber | Photos: Beat Schweizer Monsieur Gygi, si vous deviez résumer en une phrase l’année qui vient de s’écouler? Ulrich Gygi: L’année 2014 a été bonne pour les CFF, mais ils ne touchent pas encore au but. Et vous, Monsieur Meyer? Andreas Meyer: Devant un bilan globalement positif, je me félicite tout particulièrement de la progression enregistrée par la satisfaction de la clientèle et la motivation du personnel. Selon vous, quelles sont les plus grandes réussites de l’année? Ulrich Gygi: L’amélioration de la satisfaction de la clientèle nous rapproche un peu plus de notre objectif 2016, qui est de figurer parmi les entreprises les plus appréciées de Suisse. Nous avons le réseau le plus densément exploité du monde et sommes aussi l’entreprise ferroviaire la plus ponctuelle d’Europe; il y a de quoi être fiers. Par ailleurs, en approuvant le projet FAIF, les Suisses ont créé une base solide pour l’avenir du rail. Andreas Meyer: La sécurité s’est nettement améliorée, et la ponctualité a connu une légère progression au cours d’une année intense émaillée de nombreux chantiers. Nous avons fait avancer des projets importants dans le respect du calendrier. Avec la première étape de la ligne diamétrale de Zurich, la clientèle bénéficie désormais de liaisons notablement renforcées et d’une meilleure qualité. Le grand projet Léman 2030, lancé en 2014 pour une durée de dix ans, représente un développement marquant de l’offre en Suisse romande. Enfin, nous avons relancé les grands projets relatifs au matériel roulant. Quelle prestation tangible pour la clientèle mérite d’être mise en avant? Andreas Meyer: Les liaisons de radiotéléphonie mobile dans les trains grandes lignes suisses. En comparaison internationale, nous sommes les meilleurs, comme l’a montré une étude du grand magazine «Connect». La couverture réseau est un avantage direct pour la clientèle, qui n’imagine plus voyager en train sans pouvoir passer des appels et être jointe à bord. La communication mobile est l’un des enjeux du transport ferroviaire de demain, surtout quand on voit l’allure à laquelle le numérique gagne du terrain. Nous avons aussi franchi un cap majeur avec le Les CFF en 2014 Partager En Suisse, près de deux personnes sur trois sont clientes des CFF. 13 14 Partager Les CFF en 2014 SwissPass, et nous avons modernisé de nombreuses gares, dont Genève Cornavin, qui est désormais la plus belle gare de Suisse. En approuvant le projet FAIF, le peuple suisse a pris la mesure des exigences de demain. Quelles sont les prochaines étapes? Ulrich Gygi: FAIF vise pour l’essentiel à garantir le financement de l’infrastructure. La règle est la suivante: l’entretien et le maintien de la substance priment les nouvelles réalisations. Lorsqu’il est question d’aménagement, la clairvoyance est de mise, les fonds doivent être affectés dans une logique d’efficacité. Un aménagement ne doit être réalisé que s’il permet d’éliminer des goulets et de proposer des offres attrayantes. Il faudra aussi suivre l’évolution du taux de couverture des coûts. Il serait illusoire d’attendre que les transports publics en assument eux-mêmes l’intégralité. Mais il faut veiller à ce que la part du produit du trafic effectif dans la couverture des coûts augmente, et ne diminue pas. Le «Le bon état du réseau financement doit rester supporme tient à cœur. Mais table pour la Confédération et les cantons. nous sommes encore Andreas Meyer: Pour tous les loin du but.» Andreas Meyer, CEO projets d’aménagement, les besoins de la clientèle et l’impératif de rentabilité doivent être reconnus comme il se doit. En outre, l’étape de développement 2030 couvre une période allant jusqu’à 2100 environ. Nous devons donc anticiper aujourd’hui les besoins et le comportement en matière de mobilité des générations futures, sans quoi nous investirons à mauvais escient. Les plans d’économie et de hausse de l’efficacité ont-ils contribué à la progression du résultat? Ulrich Gygi: Accroître son efficacité et sa rentabilité est une mission de longue haleine pour une entreprise. Par ailleurs, il faut distinguer plusieurs éléments. La hausse du résultat s’explique surtout par la vente d’immeubles. Dans les prestations de transport, notre cœur de métier, la croissance a été bien moins forte. Si l’on ajoute à cela une rentabilité plutôt faible et le niveau élevé des coûts de l’entretien, la situation financière des CFF demeure tendue. Andreas Meyer: La satisfaction de la clientèle, le résultat et le financement sont des enjeux majeurs, et nous avons raison de leur accorder 373 millions de francs: c’est le résultat dégagé par le groupe en 2014, soit 135 millions de plus qu’en 2013. 2013 2014 Les 1081 voitures grandes lignes ont été équipées de répéteurs pour une meilleure réception de téléphonie mobile. une attention prioritaire. C’est pourquoi je suis très heureux que le trafic marchandises ait pu confirmer son résultat positif sur un marché qui reste très compétitif. Cependant, l’avenir s’annonce plus difficile dans ce segment en raison de la force du franc. Concernant l’infrastructure, nous avons pu réduire le déficit, et ce malgré près de 100 millions de francs que nous avons nous-mêmes alloués à l’entretien du réseau ferroviaire. L’état du réseau est une question qui me tient à cœur. Mais nous sommes encore loin du but: les coûts de rattrapage ont encore progressé en 2014, cette fois de 200 millions environ, pour s’établir à 2,5 milliards de francs. Quel est votre point de vue sur la force du franc, Monsieur Gygi? Ulrich Gygi: C’est un facteur qui pèse sur l’activité, surtout dans le fret international et le trafic touristique. La Direction du groupe a pris des mesures immédiates visant à préserver nos bons résultats. Les programmes d’investissement par exemple sont passés au crible. Peut-être faudra-t-il aussi étendre le gel des embauches en vigueur aux secteurs dont le chiffre d’affaires s’exprime en euros. Une nouvelle peu plaisante pour le personnel… Andreas Meyer: Face à la dégradation de la situation économique, nous ne pouvons pas garder les bras croisés. Mais je tiens à réaffirmer que nous resterons un employeur fiable et attrayant, avec une sécurité de l’emploi meilleure que dans d’autres entreprises. Nous dialoguons avec les partenaires sociaux afin d’élaborer d’autres mesures de stabilisation de la Caisse de pensions, un objectif très exigeant compte tenu de la force du franc et des taux d’intérêt négatifs. Le franc fort affecte-t-il aussi les clients? Andreas Meyer: Comme la clientèle est touchée aussi, nous nous engageons à renoncer à toute augmentation tarifaire cette année. Partout où nous devrons réaliser des économies, nous veillerons à ce que la clientèle ne s’en aperçoive Les CFF en 2014 Partager pas. Ainsi, nous ne ferons aucun compromis sur la qualité des prestations de base que sont la sécurité, la ponctualité et la propreté. En matière de sécurité, 2014 a été la meilleure année que nous ayons connue. Toutefois, l’accident de Rafz survenu en février 2015 montre que nous ne devons à aucun moment relâcher nos efforts dans ce domaine et dans celui de la qualité. La demande de transport ne cesse de croître. Comment le rail entend-il y faire face? Ulrich Gygi: Là où la demande évolue de façon dynamique, nous poursuivrons l’aménagement du réseau et nous éliminerons les goulets. Cependant, nos trains ne sont occupés qu’au tiers environ de leurs capacités. Planifier l’extension du réseau en se fondant sur les besoins aux heures de pointe est une approche coûteuse qui n’est pas supportable à long terme. Nous devons mieux répartir la demande sur la journée. Andreas Meyer: Nous pouvons utiliser plus intelligemment le train. Le travail souple et nomade peut aider à lisser les pics de fréquentation, jusqu’à 30 % sur certains trains. La technologie existe déjà. D’ici à la fin de l’année, tous les collaborateurs auront reçu une minitablette ou un smartphone. Avec d’autres employeurs de premier plan, nous soutenons l’initiative «Work Smart», qui encourage l’assouplissement des horaires de travail. L’équilibre travail-famille s’améliore, le personnel est plus motivé. Les commanditaires aussi doivent agir en répartissant mieux la demande, comme le projette par exemple le Canton de Berne en retardant l’heure du début des classes dans le secondaire. Un traitement plus intelligent de la mobilité: qu’est-ce que cela implique pour les CFF? Andreas Meyer: Demain comme aujourd’hui, notre objectif doit être de garantir la qualité des prestations de base. C’est pourquoi nous Le franc fort: ses conséquences pour les CFF et la Suisse Charges en francs, revenus en euros: une configuration hautement sensible aux conséquences du franc fort. C’est le cas des entreprises suisses tournées vers l’exportation, mais aussi des CFF, dans le fret international par exemple. Par ailleurs, la Suisse est devenue une destination très coûteuse pour les touristes de la zone euro, si bien que le trafic voyageurs devrait lui aussi s’en ressentir. La force du franc accentue encore un peu plus la pression sur l’île de cherté des prix et des salaires qu’est la Suisse, d’autant qu’ailleurs en Europe, la conjoncture reste morose. Numéro spécial rapport de gestion 2014 investissons chaque année près de 1 milliard de francs dans l’acquisition de matériel roulant et aménageons le réseau avec discernement. Dans le même temps, les besoins de la clientèle connaissent une révolution. La génération câblée entend travailler, s’informer, communiquer à travers les réseaux sociaux, se divertir pendant ses déplacements. Il nous faut donc aussi investir dans les nouvelles technologies, pour assurer la couverture mobile à bord des trains par exemple. Nous exploitons également les opportunités du numérique: avec ses 5 millions de téléchargements, Mobile CFF est l’appli la plus populaire de Suisse. Nous allons rendre la mobilité intelligente. Qui dit nouveaux besoins de la clientèle dit nouvelles attentes à notre égard. Sommes-nous en mesure de les satisfaire? Ulrich Gygi: Aujourd’hui, le client veut avoir toutes les options à bord: lire, dormir, admirer le paysage, mais aussi être relié au reste du monde grâce à une couverture réseau continue. La technologie est complexe et coûteuse à mettre en œuvre dans les trains, mais l’investissement est indispensable. Le temps de trajet est aussi du temps de travail. De plus en plus, notre rôle va consister à assister le client de porte à porte, Ulrich Gygi, Président du Conseil d’administration: assister le client tout au long de la chaîne de mobilité. 15 16 Partager Les CFF en 2014 parmi les meilleurs en matière de satisfaction de la clientèle. Ils y arriveront si tous les collaborateurs se mettent à l’écoute du client et si nous préservons le résultat du groupe et les financements nécessaires. Andreas Meyer: Le changement d’horaire 2015/2016, le plus complexe depuis Rail 2000, apportera toute une série d’améliorations et de changements. C’est un défi auquel nous nous préparons depuis des années. Nous sommes aussi à la veille de la mise en service d’ouvrages qui comptent, la deuxième étape de la ligne diamétrale de Zurich et l’axe nord-sud modernisé. Ce sont des projets phare dont nous pouvons être fiers. Avec l’inauguration en 2016 du tunnel «Nous allons développer du Saint-Gothard, nous écrirons une page de l’hisle système du Service ditoire de l’axe nord-sud. La rect à un rythme soutenu.» Suisse et les CFF y gagneront une visibilité sans Ulrich Gygi, Président du Conseil d’administration pareille. 2017 sera l’année de l’axe est-ouest. Selon le plan de livraison de Bombardier, les premiers trains duplex pour le trafic grandes lignes seront enfin mis en service. Andreas Meyer, CEO: le rail va jouer un rôle-clé dans l’élaboration du futur système de mobilité intelligente. tout au long de la chaîne de mobilité, et à supprimer les entraves à son expérience de voyage. Andreas Meyer: La technologie est intelligente, la clientèle l’est aussi, et la mobilité va à son tour le devenir. Nous voulons permettre à tous les clients de combiner les atouts des moyens de transport de manière idéale. Cela passe par un accès simplifié aux transports et par des conditions d’utilisation équitables. Or nous n’y sommes pas encore. Nous sommes la plus importante des 250 entreprises de transports publics de Suisse, ce qui nous donne fort à faire dans la branche et dans la collaboration avec les communautés tarifaires. Un autre aspect saillant de la mobilité intelligente est l’information à la clientèle, que nous allons étoffer pas à pas. Fournie en temps réel, elle sera de plus en plus personnalisée, précise, rapide, et va se muer en un vrai service de conseil sur mesure. Quelles sont les étapes à venir? Ulrich Gygi: Nous continuerons résolument dans la voie de l’orientation clientèle. Je ne doute pas un instant de notre réussite. Les CFF, ce sont 33000 personnes motivées, des conditions de travail modernes, une direction dynamique et une démarche centrée sur l’avantage pour le client. D’ici à 2016, les CFF veulent compter Et quels défis nous attendent à plus long terme? Andreas Meyer: L’émergence de nouveaux concurrents. Les bus grandes lignes sont déjà là, annonçant d’autres évolutions plus profondes. Les véhicules sans chauffeur ne relèvent plus de la science-fiction: ils ont le potentiel pour bouleverser le marché. Pour nous, ils recèlent de grandes opportunités en matière de mobilité de porte à porte et de transport individuel public. Il importe donc de nous concentrer sur les points forts du rail combinés à d’autres moyens de transport. De plus, il faut amorcer en Suisse une réflexion sur la mobilité de demain. Nous jouerons un rôle éminent dans l’élaboration de cette vision. Mais dans tous les efforts que nous consentirons pour améliorer la satisfaction de la clientèle, le résultat du groupe et le financement, nous ne devrons jamais perdre de vue la règle suivante: ce qui compte, c’est que le système ferroviaire fonctionne et que les clients soient satisfaits. Ulrich Gygi: L’un de nos grands chantiers sera de développer avec plus de 200 partenaires le système du Service direct à un rythme soutenu. Imaginez: le SwissPass, sésame d’une utilisation illimitée des transports publics! Par ailleurs, des démarches politiques sont en cours pour incorporer des éléments de concurrence au niveau international, national et régional dans le système des transports publics. Les entreprises ferroviaires devront s’adapter à ce nouvel environnement. «Je suis heureux de constater que chez CFF Cargo, l’information clientèle fonctionne mieux depuis le changement d’horaire. Déjà, le système de gestion des ordres fait ses preuves. Ensuite, la Gestion opérationnelle de Cargo Production Régionale est en lien direct avec le client, et peut donc répondre efficacement à ses besoins. Il faut maintenant garantir au personnel une formation de qualité.» Vu de l’intérieur Partager Peter Gähwiler, collaborateur Gestion opérationnelle RCP, Wil Où en sommes-nous? Que reste-t-il à faire? Le point de vue des collaborateurs. «Ce qui mobilise tous nos efforts en ce moment, c’est la stratégie ZF 2020. Au programme du paquet de travail Technologie: le changement technologique et la standardisation des cabines. La conduite des trains, c’est nous! Je me félicite que la situation tendue sur le plan des ressources humaines ait donné lieu à des mesures. Mais il faudra du temps avant d’en ressentir les effets.» Olivier Buntschu, mécanicien, Bâle «Il nous reste beaucoup à faire face aux défis du développement de l’infrastructure. Nous devons garantir les ressources nécessaires en termes de personnel et de finances, mais aussi vis-à-vis des mesures d’exploitation. Nous désirons aussi continuer à développer l’horaire. Tout cela en restant bien sûr vigilants quant aux attentes des clients concernant la ponctualité des trains. Un calendrier chargé! Mais je suis confiante.» Astrid Dinger, cheffe de projets, Infrastructure, Projets Suisse romande, Lausanne «Quand des collaborateurs perdent leur poste à la suite d’une restructuration, ils bénéficient aux CFF d’un accompagnement pour se réorienter professionnellement. C’est une vraie chance! Pour faire encore mieux, l’entreprise devrait puiser davantage dans ce vivier de spécialistes alliant expérience et potentiel au moment de pourvoir des postes. Nous l’avons vu récemment: ça marche!» Heinz Flüeli, spécialiste IT, Centre du marché du travail, Olten «Pour les agents de train sur l’axe nordsud, l’année n’a pas été de tout repos: nous avons été mis à rude épreuve à cause du manque de personnel. Mais globalement, nous avons réussi à offrir à la clientèle un service de qualité. Les liaisons mises en place en décembre et le nouveau matériel roulant ont amélioré la situation. Et le nouvel appareil ELAZ facilite le travail.» Marco Trapletti, agent de train sur l’axe nord-sud, Chiasso «J’ai eu la chance de vivre toutes les étapes de la rénovation de la gare de Genève Cornavin, du premier coup de pioche à l’inauguration en septembre 2014. Toutes les phases ont été intenses et ont montré qu’une collaboration entre les divisions est nécessaire et possible. Selon mes collègues, cette coopération réussie malgré les différences d’objectifs est une exception. Pourquoi?» Myriam Marsala, assistante commerciale, Immobilier, Gérance, Genève Numéro spécial rapport de gestion 2014 17 18 Axe nord-sud Projets majeurs: 1 Bâle 1 Tunnel du Bözberg Ce tunnel à double voie est reconstruit dans le cadre du corridor 4 m. Horizon: 2020 2 Les CFF rénovent ce tronçon. De plus, entre Walchwil et ArthGoldau, une nouvelle voie double est créée. Horizon: 2018 Zurich Corridor 4 m De Bâle à la frontière italienne, le profil est élargi pour permettre aux semiremorques de 4 mètres de hauteur aux angles de voyager en train. 3 Horizon: 2020 Tronçon de l’Axen Entre Brunnen et Flüelen, le long du lac des Quatre-Cantons, la voie côté lac est rénovée. Horizon: 2019 Zoug 2 Arth-Goldau De Bâle à Chiasso: les chantiers du rail En 2016, le nouveau tunnel du SaintGothard ouvrira ses portes. Ce n’est pas tout: de Bâle à Chiasso et Luino, travaux d’aménagement et d’entretien se succèdent, pour plus de sécurité, de capacités et de confort. Sur tout le réseau, on s’active, mais les clients ne doivent pas en pâtir. Zoug – Arth-Goldau 4 Saint-Gothard Le plus long tunnel ferroviaire du monde (57 km) verra passer deux trains de voyageurs et quatre à cinq trains de marchandises par heure dans chaque sens. Horizon: décembre 2016 3 Erstfeld 4 Texte: Sara Riesen | Infographie: Laetitia Buntschu Biasca 5 Qui construit quoi? La construction et l’équipement technique des tunnels de base du Ceneri et du Saint-Gothard ont été confiés à la société AlpTransit Gotthard SA. Les travaux sur les lignes d’accès, dont le corridor 4 m, sont du ressort des CFF et de son Organisation du projet de l’axe nord-sud du Saint-Gothard (PONS). Nœud ferroviaire de Bellinzone La gare voyageurs et la gare marchandises S. Paolo sont agrandies et transformées, leurs capacités augmentent. Horizon: 2019 6 Luino Bellinzone Tunnel de base du Ceneri Grâce à lui, le «réseau plat» devient réalité dans le trafic marchandises. La durée du trajet entre Zurich et Lugano est inférieure à deux heures. Le Tessin se rapproche du nord. Horizon: 2019 7 5 Sud du Tessin Aménagement par étapes de lignes et de tunnels avec renouvellement des postes d’enclenchement. Horizon: 2020 6 Lugano 7 Chiasso Photo: Valentina Verdesca Découvrir 19 Martin Gautschi: le nouveau CE Centre, à Olten, est aussi son bébé. Visionnaire, formateur et guide L’ascenseur ne vient pas. Qu’à cela ne tienne, Martin Gautschi prend l’escalier pour gagner son futur lieu de travail, au quatrième étage. Les 1900 m2 de la salle de commande du centre d’exploitation (CE) d’Olten sont presque déserts. «Mais bientôt, il y aura de l’animation ici!» Agent du mouvement de formation, actuellement chef de team au centre de gestion du trafic de Lucerne, Martin Gautschi, 35 ans, sait à quoi s’attendre. Depuis l’automne dernier, il se rend une ou deux fois par semaine à Olten pour former les futurs collaborateurs du CE Centre à leurs nouvelles fonctions. «Le CE est conçu pour répondre en tous points aux besoins de l’exploitation. Ma vision des En chiffres: la performance des CFF en 2014 Quid de la sécurité, de la rentabilité et de la ponctualité? Des neuf objectifs du groupe CFF, ces trois-là sont fondamentaux. Numéro spécial rapport de gestion 2014 choses a laissé son empreinte et je n’en suis pas peu fier!» Son équipe au grand complet va migrer de Lucerne à Olten. Les collègues des postes d’enclenchement de Berne, Bâle, Lucerne et Olten intégreront eux aussi le nouveau CE Centre, où Martin Gautschi continuera à être chef d’équipe. Cette nouvelle collaboration, plus directe et efficace, le réjouit: «Les chefs circulation des trains et les régulateurs travailleront ensemble à un niveau inédit.» Tant d’innovation, forcément, attire du public. Dans la salle des visiteurs à la vitre panoramique, juste à côté, Martin Gautschi expliquera sous peu à des visiteurs du monde entier comment le CE Centre fonctionne: «Ce centre est une vitrine de la gestion du trafic en Suisse.» Pour Martin Gautschi, qui aime bien voir loin, le CE Centre va ouvrir ses portes au bon moment: «L’efficacité que nous allons gagner, les CFF en auront vraiment besoin pour les grands projets à venir.» Texte: Heiko Meyer → Sécurité → Résultat annuel Un haut niveau de sécurité est un préalable à l’activité des CFF. Jamais depuis 2004 les accidents du travail, de manœuvre et de circulation n’ont été aussi peu nombreux qu’en 2014. Comme l’a montré la collision latérale survenue à Rafz en février, garantir la sécurité reste un travail de tous les instants. En 2014, le résultat des CFF est passé de CHF 238 à 373 millions de francs. Le bénéfice est utilisé pour investir, limiter l’endettement et participer à la stabilisation de la Caisse de pensions. Chaque franc gagné est réinvesti dans le système de transports publics. Pour en savoir plus, lire l’article en page 29. → Ponctualité des voyageurs Nos clients veulent arriver à l’heure, leurs exigences sont élevées. Malgré la multiplication des chantiers, la ponctualité des voyageurs a gagné 0,2 point pour atteindre 87,7 %. La ponctualité des correspondances pondérée en fonction des clients s’est établie à 97,1 %, en recul de 0,2 point. en moyenne circulent quotidiennement sur chaque voie principale. Monteurs de voies en pleine action à Rotkreuz: un autre tronçon en bon état pour les 30 ans à venir. C’est la longueur du réseau le plus utilisé du monde. Infrastructure ferroviaire Découvrir Réseau haute performance Le réseau CFF est le plus utilisé du monde. Le maintenir en bon état sans restreindre le trafic est un travail de titan, auquel s’ajoutent aménagements et constructions. Texte: Sara Riesen | Photos: Daniel Winkler Jour 3 sur le chantier de Rotkreuz, près du lac de Zoug. Sous l’œil vigilant du chef de chantier, Refik Shabani, l’équipe de pose a déjà renouvelé 500 mètres de voie et de ballast. Reste encore à remplacer les anciens rails par de nouveaux, qui attendent, prêts, au milieu de la voie. D’un geste rapide, les monteurs de voies dévissent les tire-fonds des anciens rails. Une pelle mécanique assure la manutention, retire les anciens rails et pose les nouveaux. On visse, on éclisse. La nuit, les soudeurs prennent le relais. Puis les rails sont mis à la terre, le chantier est rangé et la voie rouverte à la circulation des trains. L’équipe de Refik Shabani est dans les temps. Un «regard acéré» bien utile Le réseau ferroviaire des CFF fait 3173 kilomètres de longueur, et avec 101 trains par voie principale et par jour, il connaît la circulation la plus dense du monde. S’il fallait reconstruire l’infrastructure ferroviaire ex nihilo, il en coûterait, d’après le dernier rapport sur l’état du réseau, plus de 92 milliards de francs. Raison de plus pour bien entretenir les installations et le réseau existant. À Rotkreuz, par exemple. Après 20 ans d’utilisation, le sol d’assise commençait à déclarer forfait. «Nous devions nous déplacer sans cesse pour de petits travaux d’entretien. Depuis le renouvellement, les problèmes sont réglés, et la voie est prête à affronter sans problème les 30 prochaines années», dit Refik Shabani. Numéro spécial rapport de gestion 2014 Les CFF connaissent très précisément l’état de leur réseau: les rails, les traverses et le ballast ont une durée de vie standard. Qui peut toutefois diminuer en fonction des intempéries ou du matériel roulant utilisé. C’est pourquoi les CFF font régulièrement contrôler l’état de la voie par des inspecteurs et un véhicule de diagnostic, et les rails sont en outre vérifiés par un train d’auscultation à ultrasons. Ce «regard acéré» révèle les moindres défauts. Sa première utilisation en 2013 a certes entraîné un accroissement brutal des besoins d’entretien et de renouvellement, mais a évité bien des mauvaises surprises. Le chantier de Refik Shabani, à Rotkreuz, est un excellent exemple de ce qu’exigent les travaux d’entretien et de renouvellement: il faut d’abord un intervalle, c’est-à-dire une période pendant laquelle la circulation peut être interrompue sur le tronçon concerné. Ensuite, il faut du personnel, et des machines adaptées. À Rotkreuz, Refik Shabani est entouré de six monteurs de voies, d’un conducteur de pelle mécanique et de deux mécaniciens de locomotives de chantier. Tout cela a un coût. De Zurich à Genève, on construit En 2014, le nombre de voyageurs a encore augmenté, tout comme la quantité de marchandises transportées. Il faut donc un réseau ferré bien entretenu, mais aussi des réaménagements de nœuds ferroviaires et de nouvelles constructions de voies. La ligne diamétrale de Zurich, avec le tunnel du Weinberg et la nouvelle gare souterraine de Löwenstrasse, fait partie de ces grands projets. À partir de décembre, les trains grandes lignes passeront aussi par là, et emprunteront de nouveaux ponts en direction d’Altstetten. Au Tessin, les CFF ont ouvert en décembre 2014 le tronçon suisse de la Ferrovia Mendrisio–Varese. Grâce à elle, les pendulaires du Mendrisiotto sont mieux reliés aux centres tessinois. Par ailleurs, les travaux des tunnels de base du Saint-Gothard et du Ceneri battent leur plein. «Une fois renouvelée, la voie est prête à affronter les 30 prochaines années.» Refik Shabani, chef de chantier 21 Découvrir Infrastructure ferroviaire Trois questions à Philippe Gauderon, responsable Infrastructure Il a beaucoup été question, l’an passé, du retard accumulé dans l’entretien du réseau. La situation s’améliore-t-elle? Le besoin de «rattrapage» au niveau du renouvellement s’accroîtra encore jusqu’en 2016. Si tout se passe comme prévu, nous arriverons à stabiliser les choses d’ici à 2020. Puis, au plus tard en 2035, nous reprendrons le cours normal de l’entretien et du renouvellement. Comment financer ces dépenses supplémentaires? Jusqu’en 2016, nous avons une solution qui prévoit que la Confédération, le groupe CFF et CFF Infrastructure assument chacun un tiers des dépenses. Le 1er janvier 2016, FAIF entrera en vigueur, ce qui nous apportera de meilleures conditions de financement. La convention sur les prestations 2017–2020 représentera la première concrétisation de FAIF. Pour le moment, les CFF et la Confédération ont des positions assez éloignées. Avec le nouveau système de prix du sillon, qui tient compte de l’usure de la voie, les entreprises ferroviaires participeront aussi, à l’avenir, au financement de l’entretien. En Suisse romande aussi, l’offre progressera bientôt de façon notable: la ligne de RER transfrontalière de Genève Cornavin à Annemasse (CEVA) va bientôt sortir de terre. Autre projet, encore plus vaste: Léman 2030, qui comprend l’agrandissement des gares de Lausanne, Renens et Genève et l’extension du réseau ferré, ce qui permettra d’offrir deux fois plus de places assises et d’instaurer la cadence au quart d’heure dans le trafic régional. «La Suisse romande va rattraper près de 20 ans de retard infrastructurel, et en définitive, toute la Suisse en profitera», commente Laurent Staffelbach, directeur du programme. Dans le cas de Léman 2030, un défi particulier se pose: des travaux sans interruption de l’exploitation. «À la différence d’autres projets d’aménagement, nous ne pouvons renoncer ni à la circulation des trains, ni aux travaux. La gare de Lausanne, par exemple, va être entièrement transformée sans aucune restriction de trafic.» C’est pourquoi l’équipe du projet a réalisé une analyse de risques détaillée et planifié minutieusement les travaux. Laurent Staffelbach est optimiste. «Léman 2030 est un programme complexe. Mais je peux m’appuyer sur une équipe formidable et ultramotivée.» Au pavillon d’information à Renens: grâce à Léman 2030, l’offre ferroviaire sera multipliée par deux. Aménagement, entretien et renouvellement sans interruption de l’exploitation: ça marche vraiment? Les planificateurs d’horaire font du très bon travail, ce qui permet de préserver les capacités. Mais il peut y avoir, localement ou régionalement, des accumulations de chantiers. À nous d’identifier ces points chauds, d’informer rapidement les clients, et au besoin de mettre en place un horaire de travaux. Photo: François Gribi Photo: Guy Perrenoud 22 Qualité Découvrir Sûrs, plus propres, pas tout à fait ponctuels Bilan contrasté pour les axes de travail prioritaires des CFF en 2014. Texte: Ruedi Eichenberger Sécurité, ponctualité, propreté: trois priorités absolues pour les CFF. Ce qu’on appelle des fondamentaux: des caractéristiques que les clients attendent, tout simplement, ou considèrent comme allant de soi. Sur le plan de la sécurité, 2014 a été une bonne année pour le rail, qui demeure l’un des moyens de transport les plus sûrs. Il n’y a eu que deux accidents de train, dont l’un a fait une blessée légère parmi les voyageurs. On voit là que le niveau de sécurité est élevé et que l’accumulation d’événements qui avait marqué l’année 2013 était exceptionnelle. Le programme de sécurité annuel contribue largement à ce bon résultat. La sûreté des clients et des collaborateurs dans les trains et les gares reste elle aussi stable. L’an passé, les événements signalés ont diminué de 14 %. Mais les CFF ne se reposent pas pour autant sur leurs lauriers. Au contraire, ils poursuivent les efforts entrepris pour améliorer encore la sécurité et la sûreté du rail, comme l’exigent la densification du trafic ferroviaire et l’évolution de la société. La mobilisation est la même en faveur de la propreté, jugée meilleure par les clients que les années précédentes. Détection précoce, coordination à long terme Côté ponctualité, les CFF affichent un résultat légèrement meilleur que l’an passé (voir page 19), et conservent leur position de leader en Europe. Selon leurs critères, un train est en retard dès qu’il arrive trois minutes plus tard que l’horaire prévu. En outre, la mesure de la ponctualité tient compte, de façon pondérée, de l’impact des retards sur la clientèle. Commentaire de Sarah Tischhauser, responsable de la ponctualité des voyageurs: «Malgré tous les chantiers et les glissements de terrain, nous avons légèrement progressé. Il faut dire que les dérangements sur les installations et les véhicules ont un peu reculé.» Sarah Tischhauser nuance toutefois ce constat: de grandes parties du réseau étant saturées, l’exploitation met un peu de temps à se remettre d’une perturbation. Désormais, les efforts se concentrent sur les risques susceptibles de nuire à l’exploitation et à la ponctualité. Détection précoce et coordination à long terme doivent en minimiser les répercussions. La ponctualité est en tête de liste des priorités, rappelle Sarah Tischhauser: «Nos clients sont exigeants; à nous de les satisfaire.» Photos: Raffael Waldner, Daniel Winkler Numéro spécial rapport de gestion 2014 Propreté accrue et record européen de ponctualité malgré de nombreux chantiers: les CFF font le maximum pour améliorer la qualité de leurs services. 23 24 Découvrir Axe nord-sud Un homme d’action Au Saint-Gothard, un réseau ferroviaire se réinvente – rien de moins. Les travaux, complexes, sont coordonnés par Peter Jedelhauser. Chargé pour ainsi dire de veiller au bon fonctionnement d’un mécanisme d’horlogerie. Texte: Bruno Habegger | Photos: Claudio Bader Le soleil. Le sable. L’air qui vacille. Perdus dans le désert? Et tout ça parce que Halil n’avait pas mis assez d’essence dans le réservoir de la jeep! Peter Jedelhauser, 56 ans, a les yeux qui brillent quand il raconte cette parabole sur l’importance de chacun dans une équipe. Son regard le trahit: quelque chose en lui regrette cette période de sa vie où, jeune ingénieur, il avait été envoyé au Yémen et promu chef de chantier par le destin, ce qui lui avait valu de se faire appeler «Sir» par Halil, son chauffeur. Contre son gré: «Je suis toujours le même, lui avaisje expliqué, tu es aussi important que moi.» Halil seul était capable de les faire sortir du désert. passionnant. Aujourd’hui, il est en déplacement pour s’enquérir de l’avancée des travaux au portail côté Tessin. «Aborder les problèmes, demander des engagements, fixer des objectifs clairs»: telle est la formule qui permettra la mise en service du tunnel de base du Saint-Gothard dès la fin de l’année 2016. Plus tôt que prévu. «Cet objectif a libéré de grandes énergies dans l’équipe», dit-il. Sans ses chefs de sous-projet, rien n’aurait été possible. Conforter la position suisse Peter Jedelhauser est prêt à tout pour la réussite du projet. Y compris à supprimer des schémas d’organisation hérités du passé pour les remplacer par Le moindre détail compte des «lots de tâches» à cheval Si Peter Jedelhauser raconte sur les unités et les divisions. cette anecdote de sa vie d’ingéIl sourit. Derrière les lunettes nieur, qui l’a amené dans beaufonctionnelles, on retrouve le coup d’endroits exotiques, ce jeune ingénieur qui se démen’est pas pour le simple plaisir. nait pour ses projets d’irrigaSur la route qui nous mène à tion. Aujourd’hui, il déploie la Bellinzone, il illustre ainsi sa même énergie pour la réussite conception du management et du projet Saint-Gothard, et en du travail d’équipe, et décrit la fin de compte pour la position clé de la solution au problème de la Suisse sur l’axe nord-sud. du Saint-Gothard. Avec son Dans cette optique, impossible Organisation du projet de l’axe de se passer du tunnel de base «Citer une directive, nord-sud du Saint-Gothard, en du Ceneri et du corridor 4 m. ce n’est pas être à abrégé PONS, une équipe d’inPeter Jedelhauser travaille génieurs et d’autres spécialistes depuis longtemps sur ces deux l’écoute du client.» des divisions, il équipe le tunnel Peter Jedelhauser, chef de projet général prochaines grandes étapes du de base du Saint-Gothard, projet nord-sud, prévues pour Axe nord-sud du Saint-Gothard aujourd’hui construit, et celui du être achevées en 2019 et 2020, Ceneri, encore en travaux, pour et sur l’accumulation tempodonner naissance à un nouveau relle et spatiale de chantiers qui réseau ferroviaire. Pour la construction du tunen découlera: «Avec les travaux, les attentes des nel, c’est la société ATG, filiale des CFF, qui est aux clients risquent d’être déçues.» Ce qu’il exige, ce manettes. Pour l’ensemble du système, c’est lui. «Et n’est pas la solution la plus simple, mais la meilpour cela, toutes les personnes, avec leurs comleure pour les clients. Dès le stade de la réflexion, pétences, doivent travailler ensemble comme les les conséquences pour la clientèle doivent être rouages d’une montre.» Chercher et élaborer une prises en compte. «Quand un collègue cite une solution ensemble, Peter Jedelhauser trouve cela directive, je lui demande: ‹Est-ce que c’est ce que Axe nord-sud Découvrir nouveaux emplois seront créés aux nouveaux CMI d’Erstfeld et de Biasca. Peter Jedelhauser (à d.) sur le chantier du centre de Biasca, satisfait de l’avancée des travaux. tu vas dire au client?›» Auparavant, Peter Jedelhauser, qui a grandi en Argovie, a travaillé plus de 20 ans dans le domaine de l’énergie. S’il a suivi un cours de technique ferroviaire à l’EPF, ce n’est que bien plus tard que cette prédilection est devenue un métier: il a rejoint les CFF il y a dix ans, et les nuits blanches («Vais-je y arriver?») ont cédé la place depuis longtemps à sa passion pour le projet nord-sud et son équipe. Tel un horloger réglant sa montre avec minutie, il fixe la cadence des travaux, lors de la conférence au centre d’exploitation de Bellinzone à la mi-journée. Finalement, il s’adosse au mur, détendu, et dit: «On est sur la bonne voie.» Phrase qu’il répètera l’après-midi lors de la visite Numéro spécial rapport de gestion 2014 du centre de maintenance et d’intervention (CMI) de Biasca, actuellement en construction. Et pourquoi est-on sur la bonne voie? «Parce que quelque chose me pousse à ne jamais capituler.» Il ne laisse de côté aucun détail, tient compte de tout. Comme il le dit lui-même, il s’efforce d’envisager tous les scénarios. Il ne fait aucun doute pour lui qu’il pourra assister avant sa retraite à la mise en service régulier du nouveau système. Ce qui le motive? Le travail collectif, le plaisir de résoudre des problèmes ensemble. Sa passion d’antan, découvrir des pays lointains, a récemment refait surface avec une randonnée à Oman. Le désert ne l’a pas englouti. Il était bien préparé! ← 25 À Cadenazzo, trois hommes avec, à distance respectable, leur reachstacker: Giorgio Biasca, chef d’équipe, Gianfranco Fantin et Franco Bariffi. Équilibre des comptes Découvrir Beaucoup de travail et une approche entrepreneuriale: CFF Cargo relève le gant avec succès et dégage de nouveau un bénéfice. Premier bilan positif à l’international Recette d’un succès à la tessinoise CFF Cargo clôture de nouveau à l’équilibre. Pour les équipes, c’est une motivation supplémentaire afin de servir au mieux les clients et collaborer intelligemment. Exemple au Tessin. Texte: Miriam Wassmer | Photos: Alessandro Della Bella «L’année a été bonne», confirment les deux collaborateurs du team production Cargo régional du site de Cadenazzo et leur chef. Depuis l’ouverture du terminal de Cadenazzo, il y a trois ans, le trafic n’a cessé d’augmenter. Les bons chiffres de CFF Cargo et l’augmentation considérable de sa prestation de transport se ressentent aussi au Tessin: «Nous avons atteint notre objectif, qui était de parvenir à un taux d’utilisation élevé», dit Giorgio Biasca, chef d’équipe, au nom des 15 membres du personnel de Cadenazzo. Depuis 2013, le train de ligne Dietikon– Cadenazzo convoie des marchandises jusqu’au Tessin dans le cadre du trafic combiné intérieur. Conséquence: les clients sont plus nombreux à transporter des marchandises par le rail, comme le remarque le chef d’équipe. Pour son collaborateur Gianfranco Fantin, bien des choses ont changé l’an passé. Avant, il travaillait pour SBB Cargo International Numéro spécial rapport de gestion 2014 (voir encadré) à Bellinzone et s’occupait des trains en transit. Ici, à Cadenazzo, il se sent bien: «Ce qui me plaît le plus, c’est le contact direct avec les clients et les collègues.» Le client passe avant tout, les trois hommes sont d’accord là-dessus. Franco Bariffi résume leur démarche: «Quand le client veut quelque chose, nous faisons tout pour le satisfaire.» Et le chef ajoute: «Être à l’écoute du client, c’est primordial. Et quand on peut lui expliquer pourquoi quelque chose n’est pas possible, au final, il est satisfait aussi.» La motivation du personnel est bonne. «Un tel esprit d’équipe, je n’avais encore jamais vu cela», dit Gianfranco Fantin. «Évidemment, nous ne sommes pas toujours d’accord, mais c’est comme ça…», explique Giorgio Biasca – «... dans n’importe quelle famille», intervient le premier. «Disons que ça fait partie du jeu», sourit le chef. Gianfranco Fantin évoque le nouveau rapport au travail qui s’est peu à peu Michail Stahlhut peut être plus que satisfait: la filiale SBB Cargo International, qu’il dirige, a franchi en quatre ans le seuil de rentabilité et affiche désormais des comptes bénéficiaires. Une vraie performance sur l’axe nord-sud, où la compétition est âpre: «Nous nous sommes vraiment améliorés, avec des hausses de productivité proches de 20 % pour les mécaniciens et de 25 % pour les locomotives.» De plus, «nous avons bien géré le passage du franc suisse de 1.45 à 1.20 contre l’euro. Tout cela n’a été possible que parce que nos collaborateurs ont vraiment retroussé leurs manches.» Depuis la mi-janvier, cependant, Michail Stahlhut est confronté à de nouvelles difficultés monétaires. «Le moindre centime de différence de cours représente pour nous environ 700 000 francs de résultat en moins.» D’où des objectifs très clairs pour 2015: les performances sont bonnes, il s’agit désormais de s’accrocher et de continuer à s’affirmer. SBB Cargo International s’est fait une place sur le corridor nord-sud. Et si Michail Stahlhut pouvait faire un vœu: un taux de change de 1.15 franc pour 1 euro. 27 28 Découvrir Équilibre des comptes instauré: «Il se passe des choses. Avant, les collaborateurs étaient contents d’avoir le moins de travail possible. Plus le train était court, et mieux c’était. Mais une nouvelle culture émerge peu à peu, un esprit d’entreprise auquel nous participons tous.» Des difficultés? «Prendre le travail de nuit, à 1h30, ce n’est pas simple», répond Giorgio Biasca. Mais quand tout le monde fait son travail, poursuit-il, le transfert se passe bien, et rien n’échappe à la vigilance commune. Les nouveaux programmes comme CAROS, pour la planification du personnel et de l’utilisation des locomotives, facilitent le travail… une fois qu’on les maîtrise. Franco Bariffi ajoute: «À qui s’adresser à 2 h du matin quand quelque chose cloche? D’un autre côté, c’est stimulant d’apprendre, de ne pas faire du sur place.» Quant à l’avenir de CFF Cargo, tous trois souhaitent que l’entreprise poursuive sur la voie dans laquelle elle s’est engagée et que ses résultats restent positifs. Avec l’ouverture du nouveau tunnel du SaintGothard, en 2016, le trafic augmentera sûrement encore. Ils s’en réjouissent. Mais pour l’heure, la séance photo, et au travail. Le prochain camion attend déjà. «L’esprit d’entreprise, nous y participons tous.» Gianfranco Fantin Trois questions à Nicolas Perrin, responsable CFF Cargo SA Qu’a accompli CFF Cargo en 2014? Nous avons confirmé l’équilibre de nos comptes atteint l’année précédente, en 2013. Jusqu’au second semestre, tout se passait à merveille, puis nous avons senti la conjoncture faiblir en Europe. En novembre, des grèves de mécaniciens d’autres compagnies et les crues au Tessin et en Italie ont compliqué l’exploitation. Je suis fier que nous ayons réussi malgré tout à dégager un bénéfice de 33 millions de francs. D’où est venue la motivation? Nous avons continué sur l’élan qui nous avait permis de sortir du rouge. Par ailleurs, l’orientation clientèle renforcée porte aussi ses fruits, ce qui est une autre source de motivation. Nous avons appris qu’en nous concentrant tous sur des objectifs communs, nous pouvons réussir. Quels obstacles attendent CFF Cargo en 2015? Au début de l’année, la Banque nationale a décidé de laisser flotter le franc. Depuis, l’euro faible nous donne du fil à retordre. À elle seule, la différence de cours pèse sur notre résultat à hauteur de plus de 10 millions de francs. Sans compter que le franc fort aura sans doute des répercussions négatives sur d’importants clients de CFF Cargo. Au surplus, le prix très bas du diesel va à l’encontre du transfert de la route vers le rail voulu par le politique, et réduit la compétitivité du fret ferroviaire. Nous avons donc encore du pain sur la planche. Cela dit, le franc fort n’est pas seulement une problématique pour CFF Cargo, il l’est pour toute l’économie suisse. Je suis convaincu que nous surmonterons cette difficulté aussi, mais cela risque d’être douloureux par moments. ← Photo: Christian Aeberhard Belles perspectives, bel avenir: Franco Bariffi. En lien avec les clients: Giorgio Biasca. Succès commercial Découvrir Pourquoi les CFF ont besoin d’un bénéfice Gagner de l’argent est une nécessité: les CFF doivent réaliser un bénéfice pour investir dans de nouveaux trains ou moderniser leurs systèmes de distribution. Le résultat de 373 millions de francs dégagé en 2014 permettra à l’entreprise de poursuivre son développement. À l’inverse des sociétés cotées en Bourse, les CFF n’ont pas d’actionnaires qui attendent le versement de dividendes. Chaque franc gagné est réinvesti dans le système ferroviaire, dont la qualité peut ainsi être garantie au client. CFF SA: de nombreux succès, mais l’objectif n’est pas encore atteint Sources du bénéfice Voyageurs Grandes lignes CFF Cargo Unités sans bénéfice: Trafic régional et Infrastructure n’ont pas pour vocation de dégager un bénéfice. Leurs prestations sont commandées et cofinancées par les pouvoirs publics. Être une entreprise, c’est assumer des responsabilités. Les CFF portent l’entière responsabilité de leur succès économique. Depuis leur transformation en société anonyme en 1999, ils ont beaucoup progressé, sont devenus plus productifs et plus rentables. Mais il reste encore du chemin à faire. Ce n’est que lorsqu’ils auront trouvé le bon équilibre entre bénéfice, endettement, niveau des prestations et investissements que les CFF disposeront d’une assise financière stable. Des gains de rentabilité doivent encore être réalisés pour permettre l’amélioration du taux de couverture de la dette et l’extension de l’offre. Immobilier 373 Utilisation du bénéfice (exemples d’affectations importantes) millions de francs C’est le montant du bénéfice réalisé en 2014 par les CFF. Il correspond au résultat du groupe, c’est-à-dire au solde obtenu en déduisant l’ensemble des charges de l’ensemble des produits. Renouveler les systèmes de distribution Nouveaux wagons pour CFF Cargo Nouveaux trains pour Voyageurs Numéro spécial rapport de gestion 2014 Entretenir l’infrastructure Étendre la couverture WiFi en gare 29 30 Développement durable Le développement durable vu par les CFF Les CFF s’engagent à garantir un développement durable sur les plans écologique, économique et social. Avec des avancées tangibles, pour la Suisse, pour les personnes et pour l’environnement. Revue des objectifs des CFF et de quelques exemples pratiques. Texte: Ruedi Eichenberger | Infographie: Laetitia Buntschu Renforcer notre avantage environnemental Agir en employeur responsable Employeur moderne, les CFF prennent soin de la santé de leurs collaborateurs et favorisent leur employabilité. 37 % Par rapport à 1990, les CFF ont diminué leurs émissions de CO2 de 37%. Leur stratégie leur a donc permis de dépasser largement l’objectif fixé par la Confédération. Les CFF renforcent leur efficacité énergétique, réduisent leurs émissions de CO2 et minimisent leurs nuisances sonores. 1, 2, 3! Garantir une chaîne d’approvisionnement responsable Avec un modèle de durée de la vie active et trois nouveaux modèles de retraite, les collaborateurs peuvent organiser avec plus de flexibilité les phases de leur existence. Dans ce domaine, les CFF sont pionniers. Lors de leurs acquisitions, les CFF tiennent compte de critères sociaux, écologiques et sécuritaires. Ils ménagent les ressources et les valorisent autant que possible. Les fournisseurs de vêtements de travail doivent respecter les standards BSCI, très stricts. Les jeans CFF sont fabriqués en coton biologique. Faciliter l’accès à la mobilité Les prestations des CFF doivent être sûres et accessibles à tous. Les obstacles pour les personnes à mobilité réduite sont supprimés. Aujourd’hui, 82 % des voyages avec les CFF sont déjà possibles pour les personnes âgées, handicapées, etc. Promouvoir l’utilisation de produits durables Voyager avec les CFF profite à l’être humain et à l’environnement. Les clients peuvent mesurer et réduire leur empreinte écologique. 2014, des Depuis stations de recyclage sont installées dans cinq grandes gares, et d’autres suivront. Photo: Raffael Waldner Vivre 31 Christina Meier plaide en interne pour le développement durable. S’engager pour l’environnement sans donner de leçons Christina Meier, 41 ans, passe la main sur les pousses vertes du toit végétalisé du nouveau siège des CFF. Elle évoque avec passion les avantages de ce lieu, ajoutant que c’est là l’une des applications du concept de viabilité écologique mises en œuvre dans le nouveau bâtiment. «Le développement durable est l’un des atouts du rail.» Et l’une des raisons qui a conduit cette économiste de formation à quitter son poste à la communication chez Alpiq en 2012 pour rejoindre les CFF: «La question me tient à cœur.» Avec quatre spécialistes environnement et communica- En chiffres: la performance des CFF en 2014 Parmi les neuf objectifs qui mesurent le développement de l’entreprise, trois évaluent la viabilité sur les plans économique, écologique et social. Numéro spécial rapport de gestion 2014 → Flux de trésorerie disponible Pas d’investissements sans liquidités disponibles. Un flux de trésorerie positif indique que les CFF peuvent financer leur développement sans alourdir leur dette. À –205,2 millions de francs, il reste négatif, mais s’est amélioré par rapport aux années précédentes (2013: –652,9 millions). tion, la responsable Développement durable pose des jalons en interne pour renforcer l’avantage écologique du train à l’heure de l’autopartage et des voitures électriques. Il ne s’agit pas de morigéner tout le monde, explique Christina Meier: «Notre mission consiste à mettre en évidence les avantages concrets d’une activité durable.» Avant qu’il ne soit décidé que le courant 50 Hz provienne à 100 % de sources d’énergie renouvelables d’ici à 2019, son équipe a dû plaider cette cause pendant des mois, avec le soutien des spécialistes environnement des différentes divisions. Le résultat? Des économies de CO2 notables, des prestations plus écologiques pour la clientèle et une contribution forte à une Suisse durable. Autre motif de satisfaction: «Aujourd’hui, de nombreux collaborateurs s’investissent pour que les CFF soient une entreprise durable.» Une communauté d’ambassadeurs Développement durable a ainsi été créée pour eux. Texte: Heiko Meyer → Part de marché → Viabilité écologique Grâce à la croissance du trafic de fret et des produits locatifs, CFF Cargo et Immobilier ont renforcé leur position. Dans les trafics grandes lignes et régional, les prestations de transport ont progressé plus modestement, alors qu’à l’international, le niveau de l’an passé n’a pas été atteint. Des économies d’énergie et la baisse des émissions de CO2 ont conduit à une nette amélioration du bilan environnemental: dans l’exploitation, avec la modernisation des véhicules et la régulation adaptative; dans l’immobilier, avec des normes d’efficacité énergétique et le recours accru à l’énergie hydraulique. 6h46 Le calme avant la tempête: Claudine Sergneur, qui travaille chez Migros, prépare le stand de vente à emporter. Derrière elle, dans l’aile nord-ouest de la gare, les voyageurs se restauraient autrefois aux buffets 1re et 2e classes. 9h24 Au calme, et pourtant en plein centre: à quelques mètres de la gare, Brigitte et Max Zehnder apprécient le confort et le service personnalisé de la résidence pour seniors Südpark. Y compris la vue sur la passerelle. 10h38 13h11 Beaucoup de déchets atterrissent dans les stations de recyclage. Ylysi Gashi et ses collègues de RailClean CFF s’occupent de ceux dont ce n’est pas le cas. 365 jours par an, ils rendent les gares propres et veillent à ce que les passagers puissent y marcher en toute sécurité. Une petite coupe entre deux trains, sur le chemin du retour ou un dimanche après-midi? Pas de souci: Berivan Guemues et l’équipe de Coiffure Lüdi vous attendent dans le passage souterrain ouest, ciseaux, sèchecheveux et gel coiffant à portée de main. Immobilier Vivre La gare qui ne dort jamais En semaine, 140 000 personnes transitent chaque jour par la gare de Bâle CFF pour attraper leur train, faire des courses ou souffler le temps d’un café. Aux heures de pointe, on se bouscule dans la plus grande gare frontalière d’Europe. L’activité, elle, ne s’arrête pratiquement jamais. Texte: Urs Schmid | Photos: Stefan Schmidlin 17h10 Aux heures d’affluence, nombreux sont les pendulaires à se frayer un passage dans le hall des guichets. Les peintures murales, dont le gigantesque Lac des QuatreCantons d’Ernst Hodel, surplombent l’agitation depuis bientôt 90 ans. Ces œuvres, qui ont connu des heures plus calmes, sont en cours de restauration. 33 34 Vivre Immobilier 17h12 Les travaux d’entretien dans le tunnel du Hauenstein compliquent grandement la circulation régulière pendant tout un week-end. L’horaire provisoire, les détournements et les suppressions de trains font perdre leurs repères aux voyageurs les plus avertis. L’intervention des assistants clientèle se révèle indispensable: avec patience, ces volontaires, comme Nadine Wolfsberger, renseignent et orientent les voyageurs pour qu’ils arrivent à bon port. Immobilier Vivre 35 Trois questions à Jürg Stöckli, responsable Immobilier 19h05 Eliane Starobinski, chez Spettacolo, sert un café dont les grains sont moulus sur place. Si la qualité est ici un must, la rapidité du service en est un autre. La gare de Bâle CFF est-elle une plate-forme de la mobilité ou un haut lieu du shopping? Les gares sont des portails d’accès pour les voyageurs et une carte de visite pour les CFF. La gare de Bâle CFF et les autres grandes gares sont des centres de mobilité en TP, qui associent au train tout un éventail de services. Grâce au WiFi CFF, on peut en outre surfer gratuitement sur Internet. Nous ne cessons d’innover: à la gare centrale de Zurich, l’application «Ma gare» guide les personnes qui ne connaissent pas les lieux. En revanche, les plus petites gares ont essentiellement une fonction d’accès au train. Dans un cas comme dans l’autre, la sécurité et la propreté sont primordiales. Comme souvent, la gare de Bâle est située dans le centre. En quoi est-ce un atout pour les CFF? Juste à côté de la gare, on trouve une résidence pour seniors et le plus grand magasin Coop de la ville, toutes deux dans le Südpark D, qui a été réalisé par les CFF. Cela montre bien comment les CFF développent les zones entourant les gares et donc valorisent les centres urbains: de manière durable et adaptée aux besoins. La priorité est donnée aux attentes des clients, du public, des villes et des communes. C’est pourquoi nous nous concentrerons de plus en plus sur la construction de logements. 23h40 Tard le soir, l’effervescence s’est dissipée à la gare. Pour que le calme perdure, Dominic Meyer (à gauche), Nicola Schaad et leurs collègues de Securitrans patrouillent. Ils sont les garants de la sécurité, de la tranquillité et de l’ordre dans la gare et aux alentours. D’ici à 2030, les flux de pendulaires ne vont pas cesser d’augmenter. Quelles conséquences pour les gares? Aux heures de pointe, la place est déjà rare. Nous collaborons étroitement avec Voyageurs et Infrastructure pour utiliser au mieux la surface existante et décider des aménagements et travaux les plus adaptés. Ce qui impliquera de développer encore l’information et l’orientation des voyageurs. Photo: Beat Schweizer 36 Vivre Collaborateurs mobiles Mobilité: l’ADN des CFF Mobilité connectée et flexibilité jusque dans les bureaux: l’entreprise CFF est un employeur bien de son temps. Texte: Ruedi Eichenberger | Photos: Daniel Winkler, Guy Perrenoud Nouvelle voie: Andrea Gian Mordasini, 37 ans, a travaillé sept ans, après sa licence, dans la recherche et l’enseignement à l’université de Berne, tout en pratiquant le vélo de course. Depuis un an et demi, il conduit des trains à Lausanne. Un poste à 80 %, et un changement radical: «Mon entourage a bien réagi.» Il se sent si bien en cabine qu’il n’a encore jamais eu de velléités de changement. Même s’il sait qu’il y aurait encore bien d’autres possibilités, «y compris aux CFF». Collaborateurs mobiles Vivre Au cours des 15 ans d’existence de l’enquête auprès du personnel, jamais la satisfaction et la motivation des collaborateurs des CFF n’ont été aussi élevées qu’en 2014. Et ce malgré le changement de cap vers plus de dynamisme et d’orientation clientèle, qui implique des changements concrets pour certains. Plus que jamais, les CFF ont besoin d’une main-d’œuvre motivée et qualifiée. Au cours des années qui viennent, de nombreux collaborateurs expérimentés partiront à la retraite. La situation démographique impose d’assurer la relève et de retenir les employés. Mais les CFF ne manquent pas d’atouts: activités variées, postes de travail modernes, nombreuses opportunités de développement. «Un large éventail d’options diverses: c’est pour cela que j’ai choisi cette formation», déclare Sofie Züblin, future logisticienne. Côté outils et postes de travail, les CFF font un grand bond en avant. Bientôt, tous les collaborateurs seront connectés, y compris ceux de la surface, grâce à des minitablettes et des smartphones. Dans les nouveaux bureaux de Berne, Zurich et Olten, l’heure est au travail flexible. Grâce aux nouvelles techno- Nouveaux horizons: Sofie Züblin, 20 ans, Nouveau rythme: Thomas Burri, 47 ans, suit les conseils des CFF en évitant les heures de pointe. Manager des installations chez CFF Énergie à Zollikon (BE), responsable de la centrale de Ritom, il n’est monté dans le train qu’à 7h47 à Aarau ce matin. «En revanche, je ne prends pas le chemin du retour avant 18h15.» Ordinateur portable et smartphone aidant, il est souvent en ligne dans les transports ou chez lui. «Et grâce à Lync, mes collègues ont accès à mon écran.» aurait pu, après un long stage dans le milieu juridique, choisir de travailler dans l’équitation. Elle a misé sur un autre cheval: un apprentissage de logisticienne chez Login. Trois ans plus tard, en pleine période d’examen, la Zurichoise négocie avec les CFF un poste d’employée de manœuvre du trafic voyageurs. Le principal acteur de la communauté de formation des TP est son premier choix: «Pour le maximum de possibilités offertes.» logies, on travaille chez soi et dans les transports, sans surcharger le trafic aux heures de pointe. «Cette souplesse profite au personnel autant qu’aux CFF, estime Markus Jordi, responsable HR. Ces possibilités, qui séduisent un nombre croissant de collaborateurs, ont aussi un impact positif pour la clientèle.» Retrouvez les interviews de Sofie Züblin, Thomas Burri et Andrea Gian Mordasini en vidéo dans la version iPad d’En route. 37 38 Vivre Développement durable Modernes, silencieux, économiques Les trains CFF consomment de moins en moins d’énergie, ont une durée d’utilisation plus longue, et leur mise au rebut est écologique. Un véhicule tel que la rame automotrice à deux niveaux voit ainsi passer plusieurs générations de collaborateurs. Texte: Heiko Meyer | Photos: Martin Guggisberg En ce matin d’hiver, sur le faisceau de voies situé devant le centre d’entretien d’Oberwinterthour, une rame automotrice à deux niveaux (DTZ) du RER zurichois brille de tous ses feux. À côté du marchepied de la cabine, Cyril Holewa est agenouillé dans un fouillis de câbles informatiques. À 33 ans, ce monteur spécialiste installe un logiciel entièrement nouveau sur dix consoles de commande. «Ici, sur le faisceau de voies, je ne dérange pas mes collègues chargés de l’entretien, et personne ne me dérange non plus», dit-il. Par l’intermédiaire de deux ordinateurs portables, Cyril Holewa s’est tout d’abord connecté au terminal de commande et de diagnostic du mécanicien de locomotive, et parallèlement, a capté l’une des huit climatisations du véhicule. Pour chaque appareil, le chargement dure environ 20 minutes. Le nouveau logiciel, qui va à présent équiper les 61 véhicules de la flotte de DTZ, leur permettra de faire moins de bruit et d’économiser de l’énergie. Le mécanicien pourra par exemple opter, en fonction de la situation, pour un freinage à la fois électrique et pneumatique, ou purement électrique. Dans ce dernier cas, le véhicule réinjecte l’énergie du freinage dans le réseau électrique. De plus, on sait aussi désormais, grâce au poids des différentes voitures, combien de personnes se trouvent dans le train, et les climatiseurs ajustent l’aération en conséquence. Quand il n’y a ni passagers, ni mécanicien à bord, le véhicule se met automatiquement en mode veille. Bon pour l’environnement, bon pour le portefeuille Une fois le programme d’économie d’énergie appliqué, les 10 GWh économisés grâce au nouveau logiciel. trains DTZ construits entre 2006 et 2009 économiseront plus de 10 gigawattheures, soit la consommation électrique annuelle de 2500 foyers. Ce sera leur contribution au programme TOP d’optimisation qui vise à réduire la consommation énergétique du groupe de 600 gigawattheures d’ici à 2025. «Nous sommes sur la bonne voie», confirme Markus Nater, responsable Environnement et gestion de l’énergie chez Operating. «Ce programme est un succès écologique et surtout économique.» En ce qui concerne le matériel roulant, l’optimisation énergétique n’est pas la seule source de fierté des CFF: la durée de vie des véhicules est aussi remarquable. Contrairement aux produits technologiques d’aujourd’hui (téléphones, voitures et autres) à obsolescence rapide, les trains des CFF roulent de plus en plus longtemps. À 25 ans passés, les 115 RER zurichois de première génération (DPZ) subissent une petite rénovation programmée jusqu’en 2018, qui leur permettra de reprendre du service pour 20 ans. Et les 119 locomotives Re 460, qui sont la colonne vertébrale de la flotte grandes lignes depuis deux bonnes décennies, vont être modernisées d’ici à 2022 aux ateliers industriels d’Yverdon-les-Bains pour pouvoir continuer à circuler encore 20 ans. Voyageurs investit chaque année près de 1 milliard de francs dans le matériel roulant. Compte tenu de cette somme, les fournisseurs et sous-traitants doivent proposer des chaînes d’approvisionnement respectant des exigences élevées en matière de développement durable et de conformité juridique. «Nous ne considérons pas seulement le prix d’achat, Développement durable Vivre les économies réalisées sur 61 DTZ. Cyril Holewa, monteur spécialiste, installe le nouveau logiciel sur le DTZ. mais aussi le rapport prix-performance tout au long du cycle de vie du produit. Depuis 2008, nous avons progressé dans les appels d’offres de véhicules, et nous capitalisons sur cette expérience pour les pièces détachées et les installations», explique Dietmar Gessner, responsable Acquisition des véhicules et achats stratégiques. Exemple: les nouveaux composants pour les convertisseurs de courant des locomotives Re 460, qui permettent de réaliser 3 millions de francs d’économies d’énergie par an. Moderniser ou remplacer? Savoir s’il vaut mieux moderniser des véhicules ou les remplacer par d’autres: telle est la mission de LifeCycle Management chez Operating, créé en mai 2014, qui agit pour le compte du trafic régional ou grandes lignes. «Nous réfléchissons au cas par cas, en fonction notamment de l’évolution de l’offre, du matériel roulant existant et du coût total attendu d’une flotte», indique le responsable, Fabian Hohermuth. L’efficacité énergétique est un facteur essentiel. D’autres atouts en termes de viabilité sociale, tels que l’accès sans barrières, la présence de zones familles ou des sièges ergonomiques en cabine, «Je prendrai sans doute ma retraite avant ce train!» Cyril Holewa s’imposent peu à peu sur tous les matériels. Lorsqu’un véhicule arrive en fin de vie, sa mise au rebut s’effectue selon des processus fixés par concertation au niveau du groupe. Essieux, tampons, etc. sont généralement démontés et réutilisés. «Nous faisons très attention, en accord avec le service des pièces détachées, à ce que tous les matériaux critiques soient recyclés», dit Rolf Kaufmann, responsable du centre de compétences Élimination et dépôts de combustibles. Depuis début 2015, ce centre travaille avec l’ensemble des sites des CFF pour unifier des processus d’élimination jusqu’alors différents, et ainsi diminuer les coûts, augmenter les recettes générées par les matériaux valorisables et garantir la conformité juridique. Cyril Holewa a maintenant fini d’installer le logiciel sur le train duplex. Désormais, le DTZ sera encore plus écologique. «Je prendrai sans doute ma retraite bien avant lui!» → En route, numéro spécial rapport de gestion 2014 des CFF, 26 mars 2015 Numéro spécial du magazine du personnel des CFF consacré au rapport de gestion 2014 des CFF, 26 mars 2015 → Édité par Communication CFF: Andreas Stuber, Reto Kormann → Rédaction (CFF) Ruedi Eichenberger, Martin Stutz → Réalisation (Infel SA) Bruno Habegger (direction), Laetitia Buntschu Signer (direction artistique) → Traductions Service linguistique CFF, UGZ Übersetzer Gruppe Zürich GmbH → Impression Stämpfli SA, Berne, ISSN 2296-1852 → Plus d’infos sur les résultats 2014: rapport-de-gestion.cff.ch Numéro spécial rapport de gestion 2014 39 → Page 6. Illustration: Tom Künzli
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