LV16-Smart City

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Smart City Award LES CANDIDATS 5/10
LE VIF / 85
Malines voit la vie en LED
mouvements, les changements de couleur... Ainsi est né le projet LunaVision.
Son nom rend hommage au sobriquet
des habitants de Malines : « de Maneblussers », les Eteigneurs de Lune...
La Cité de la Dyle, nominée dans le cadre de notre concours de la ville la plus
« smart » de Belgique, est la première, en Flandre, à avoir choisi de passer aux
lampes LED pour l’ensemble de son éclairage public. Un pari sur l’avenir et un
modèle qui fait des émules un peu partout dans le pays.
Par Philippe Berkenbaum
ussi étonnant que
cela puisse paraître aujourd’hui, les
lampes LED dans l’éclairage public,
c’est une innovation récente. En Flandre, Malines a été la première à investir
dans cette technologie propre. C’était
en 2011. A l’époque, les LED commençaient timidement à se répandre
dans le domaine privé, tant chez les
particuliers que dans certains bâtiments
tertiaires. A la clé : économies d’énergie
et impact environnemental réduit,
grâce à une consommation nettement
plus faible que les ampoules classiques.
Sans parler de l’aspect esthétique. Mais
l’éclairage public restait à la traîne.
Question de coût ? A l’époque, se souvient le bourgmestre malinois Bart
Somers (Open VLD), ce sont les gestionnaires de réseaux de distribution
d’électricité comme Eandis, en Flandre,
qui freinaient des quatre fers. « Eandis
avait une attitude conservatrice. La
technologie LED n’était pas certifiée
pour une utilisation dans le domaine
public. » Il faut dire que le remplacement des millions d’ampoules disséminées sur les voiries du pays allait
coûter cher. Mais l’argument officiel
était plutôt lié au manque de recul dont
on disposait sur la durée de vie effective
de ce nouveau type d’ampoules. Pour
vaincre les réticences, il fallait une sérieuse force de conviction. Bart Somers
y croyait. Il y est parvenu. Et Malines
est devenue pionnière.
« Nous nous sommes alliés avec Philips, qui a offert une garantie à long
terme sur ses lampes pour convaincre
N° 16 / 17 avril 2015
ÉCLAIRAGE Près de 11 000 luminaires
publics vont être dotés d’ampoules
économiques LED.
rage public performant qui non seulement recourt à la technologie LED,
mais est aussi modulaire et peut être
associé à des applications « smart »
comme par exemple l’adaptation de
l’intensité lumineuse, la détection de
PHOTOS : DEBBY TERMONIA POUR LE VIF/L’EXPRESS
A
Eandis de la maturité de la technologie.
Un véritable travail de lobby nous a
permis de faire évoluer les normes au
bénéfice de tous. » Ensemble, la Ville
de Malines, Philips et Eandis ont développé un nouveau système d’éclai-
Rentable après 7 ans
Fin 2012, tout le centre-ville était équipé
du nouveau système d’éclairage. L’intention de la Ville est de l’installer sur
l’ensemble de son territoire, y compris
dans les quartiers résidentiels de la
périphérie. « Cela prendra un certain
temps et coûtera beaucoup d’argent,
précise le bourgmestre, mais pour financer l’opération, nous avons conclu
un partenariat public-privé. Il faut dire
que, grâce aux économies d’énergie
réalisées, l’opération sera rentable
après 7 ans. »
Sur près de 11000 luminaires répartis
dans toute la cité, plus de 600 ont déjà
été remplacés – ainsi que les illuminations de fêtes. A ce stade, l’économie
d’énergie réalisée a déjà permis une
diminution d’environ 18 % de la
consommation et une réduction de la
facture énergétique annuelle de la ville
comprise entre 15 000 et 20 000 euros,
selon Bart Somers. « Quand toutes les
lampes auront été remplacées, elle
atteindra 250000 euros par an. » Sans
parler d’une diminution de quelque
8,5 tonnes des émissions de CO2 par
an, dès à présent. En phase avec les objectifs de Malines, qui entend devenir,
d’ici 2018, une ville neutre sur le plan
climatique.
Le système présente d’autres avantages. « Il peut intégrer des applications
dites d’éclairage public intelligent
(Smart Public Lighting), poursuit le
bourgmestre. A terme, nous souhaitons
déployer tout l’éventail des applications
smart, telles que la détection de mouvement. Concrètement, l’intensité lumineuse augmente lorsque le luminaire
détecte des mouvements à proximité.
La technologie LED permet à la lumière d’atteindre très vite sa pleine
puissance ou de n’être réglée qu’à 10%
de celle-ci, selon les besoins. »
Un éclairage haut en couleurs
De quoi renforcer le sentiment de sécurité des piétons et des cyclistes qui
circulent à la nuit tombée, « avec un
effet préventif et un impact positif sur
la qualité de vie des habitants ». C’est
aussi un outil d’aide à la mobilité,
puisqu’il stimule l’utilisation de moyens
de déplacement alternatifs à la voiture
dans le centre-ville. Et puis, il y a l’ambiance : les jeux de couleurs permettent
d’illuminer la ville autrement en de
nombreuses occasions, qu’il s’agisse
de fêtes (carnaval, Saint-Valentin,
BART SOMERS : « La ville est le futur de notre
société et si on veut qu’elle soit vivable, c’est
maintenant qu’il faut investir dans des technologies
qui solutionnent les problèmes et améliorent la
qualité de vie. »
Noël...) ou de festivals et autres spectacles de plein air. Sans oublier le centre
historique, les fontaines et monuments
disséminés autour de la cathédrale et
de son célèbre beffroi.
Les luminaires développés pour la
Cité de la Dyle par Philips ont encore
un atout : ils intègrent une plateforme
qui permet leur mise à niveau au fil du
temps et de l’évolution rapide des améliorations apportées à la technologie
LED, qui n’en est encore qu’à ses débuts. Aucun doute, à Malines, on est
tourné vers l’avenir. « En 2050, rappelle
le bourgmestre visionnaire, 70% de la
population mondiale vivra en ville. La
ville est le futur de notre société et si
on veut qu’elle soit vivable, c’est maintenant qu’il faut investir dans des technologies qui solutionnent les problèmes
et améliorent la qualité de vie. Nous
voulons être innovants sur ce terrain
dans un pays qui n’ose pas beaucoup... »
Bart Somers n’en est pas à son coup
d’essai : il est par exemple l’auteur du
projet de loi qui a permis de généraliser
l’usage de la signature électronique
pour les documents administratifs.
« Mon rêve est que les citoyens n’aient
plus besoin de se déplacer jusqu’à la
maison communale en 2020. » En attendant, le projet LunaVision commence à faire des émules sous différentes formes dans d’autres villes, de
Flandre et de Wallonie. •
QUI DÉCROCHERA LE BELFIUS SMART CITY AWARD 2015 ?
Q
u’elles soient grandes ou plus petites, nos villes et communes n’ont d’autre choix, pour
rester attrayantes, que de devenir « smart », c’est-à-dire de mettre en place des solutions
intelligentes, innovantes et durables pour diminuer leur impact environnemental,
utiliser davantage les énergies renouvelables, mieux répondre aux besoins essentiels des
citoyens et améliorer leur qualité de vie.
Soucieux de contribuer à susciter une véritable dynamique autour de cette démarche,
Le Vif/L’Express et Knack se sont associés avec Belfius pour organiser, avec le soutien de
Proximus et Accenture, un concours visant à récompenser le projet le plus « smart » réalisé
par une ville ou une commune de Belgique.
Notre jury, composé de personnalités académiques et de spécialistes Smart Cities des
sociétés précitées, a retenu dix projets qui se distinguent particulièrement par leur caractère
à la fois durable, innovant et intégré. Ils vous seront présentés dans nos colonnes tout au long
de l’année, afin que vous puissiez voter en novembre pour votre projet préféré. Ce vote entrera
en ligne de compte pour l’attribution du Belfius Smart City Award 2015, le 2 décembre.
Les dix villes et communes nominées sont : Anvers, Bruxelles-Ville, Deinze, Gand, Herstal,
La Hulpe, Liège, Lierre, Malines et Ostende. •
www.levif.be/belfiussmartcity – www.belfius.be/smartcities
N° 16 / 17 avril 2015