84 / Smart City Award LES CANDIDATS 5/10 LE VIF / 85 Malines voit la vie en LED mouvements, les changements de couleur... Ainsi est né le projet LunaVision. Son nom rend hommage au sobriquet des habitants de Malines : « de Maneblussers », les Eteigneurs de Lune... La Cité de la Dyle, nominée dans le cadre de notre concours de la ville la plus « smart » de Belgique, est la première, en Flandre, à avoir choisi de passer aux lampes LED pour l’ensemble de son éclairage public. Un pari sur l’avenir et un modèle qui fait des émules un peu partout dans le pays. Par Philippe Berkenbaum ussi étonnant que cela puisse paraître aujourd’hui, les lampes LED dans l’éclairage public, c’est une innovation récente. En Flandre, Malines a été la première à investir dans cette technologie propre. C’était en 2011. A l’époque, les LED commençaient timidement à se répandre dans le domaine privé, tant chez les particuliers que dans certains bâtiments tertiaires. A la clé : économies d’énergie et impact environnemental réduit, grâce à une consommation nettement plus faible que les ampoules classiques. Sans parler de l’aspect esthétique. Mais l’éclairage public restait à la traîne. Question de coût ? A l’époque, se souvient le bourgmestre malinois Bart Somers (Open VLD), ce sont les gestionnaires de réseaux de distribution d’électricité comme Eandis, en Flandre, qui freinaient des quatre fers. « Eandis avait une attitude conservatrice. La technologie LED n’était pas certifiée pour une utilisation dans le domaine public. » Il faut dire que le remplacement des millions d’ampoules disséminées sur les voiries du pays allait coûter cher. Mais l’argument officiel était plutôt lié au manque de recul dont on disposait sur la durée de vie effective de ce nouveau type d’ampoules. Pour vaincre les réticences, il fallait une sérieuse force de conviction. Bart Somers y croyait. Il y est parvenu. Et Malines est devenue pionnière. « Nous nous sommes alliés avec Philips, qui a offert une garantie à long terme sur ses lampes pour convaincre N° 16 / 17 avril 2015 ÉCLAIRAGE Près de 11 000 luminaires publics vont être dotés d’ampoules économiques LED. rage public performant qui non seulement recourt à la technologie LED, mais est aussi modulaire et peut être associé à des applications « smart » comme par exemple l’adaptation de l’intensité lumineuse, la détection de PHOTOS : DEBBY TERMONIA POUR LE VIF/L’EXPRESS A Eandis de la maturité de la technologie. Un véritable travail de lobby nous a permis de faire évoluer les normes au bénéfice de tous. » Ensemble, la Ville de Malines, Philips et Eandis ont développé un nouveau système d’éclai- Rentable après 7 ans Fin 2012, tout le centre-ville était équipé du nouveau système d’éclairage. L’intention de la Ville est de l’installer sur l’ensemble de son territoire, y compris dans les quartiers résidentiels de la périphérie. « Cela prendra un certain temps et coûtera beaucoup d’argent, précise le bourgmestre, mais pour financer l’opération, nous avons conclu un partenariat public-privé. Il faut dire que, grâce aux économies d’énergie réalisées, l’opération sera rentable après 7 ans. » Sur près de 11000 luminaires répartis dans toute la cité, plus de 600 ont déjà été remplacés – ainsi que les illuminations de fêtes. A ce stade, l’économie d’énergie réalisée a déjà permis une diminution d’environ 18 % de la consommation et une réduction de la facture énergétique annuelle de la ville comprise entre 15 000 et 20 000 euros, selon Bart Somers. « Quand toutes les lampes auront été remplacées, elle atteindra 250000 euros par an. » Sans parler d’une diminution de quelque 8,5 tonnes des émissions de CO2 par an, dès à présent. En phase avec les objectifs de Malines, qui entend devenir, d’ici 2018, une ville neutre sur le plan climatique. Le système présente d’autres avantages. « Il peut intégrer des applications dites d’éclairage public intelligent (Smart Public Lighting), poursuit le bourgmestre. A terme, nous souhaitons déployer tout l’éventail des applications smart, telles que la détection de mouvement. Concrètement, l’intensité lumineuse augmente lorsque le luminaire détecte des mouvements à proximité. La technologie LED permet à la lumière d’atteindre très vite sa pleine puissance ou de n’être réglée qu’à 10% de celle-ci, selon les besoins. » Un éclairage haut en couleurs De quoi renforcer le sentiment de sécurité des piétons et des cyclistes qui circulent à la nuit tombée, « avec un effet préventif et un impact positif sur la qualité de vie des habitants ». C’est aussi un outil d’aide à la mobilité, puisqu’il stimule l’utilisation de moyens de déplacement alternatifs à la voiture dans le centre-ville. Et puis, il y a l’ambiance : les jeux de couleurs permettent d’illuminer la ville autrement en de nombreuses occasions, qu’il s’agisse de fêtes (carnaval, Saint-Valentin, BART SOMERS : « La ville est le futur de notre société et si on veut qu’elle soit vivable, c’est maintenant qu’il faut investir dans des technologies qui solutionnent les problèmes et améliorent la qualité de vie. » Noël...) ou de festivals et autres spectacles de plein air. Sans oublier le centre historique, les fontaines et monuments disséminés autour de la cathédrale et de son célèbre beffroi. Les luminaires développés pour la Cité de la Dyle par Philips ont encore un atout : ils intègrent une plateforme qui permet leur mise à niveau au fil du temps et de l’évolution rapide des améliorations apportées à la technologie LED, qui n’en est encore qu’à ses débuts. Aucun doute, à Malines, on est tourné vers l’avenir. « En 2050, rappelle le bourgmestre visionnaire, 70% de la population mondiale vivra en ville. La ville est le futur de notre société et si on veut qu’elle soit vivable, c’est maintenant qu’il faut investir dans des technologies qui solutionnent les problèmes et améliorent la qualité de vie. Nous voulons être innovants sur ce terrain dans un pays qui n’ose pas beaucoup... » Bart Somers n’en est pas à son coup d’essai : il est par exemple l’auteur du projet de loi qui a permis de généraliser l’usage de la signature électronique pour les documents administratifs. « Mon rêve est que les citoyens n’aient plus besoin de se déplacer jusqu’à la maison communale en 2020. » En attendant, le projet LunaVision commence à faire des émules sous différentes formes dans d’autres villes, de Flandre et de Wallonie. • QUI DÉCROCHERA LE BELFIUS SMART CITY AWARD 2015 ? Q u’elles soient grandes ou plus petites, nos villes et communes n’ont d’autre choix, pour rester attrayantes, que de devenir « smart », c’est-à-dire de mettre en place des solutions intelligentes, innovantes et durables pour diminuer leur impact environnemental, utiliser davantage les énergies renouvelables, mieux répondre aux besoins essentiels des citoyens et améliorer leur qualité de vie. Soucieux de contribuer à susciter une véritable dynamique autour de cette démarche, Le Vif/L’Express et Knack se sont associés avec Belfius pour organiser, avec le soutien de Proximus et Accenture, un concours visant à récompenser le projet le plus « smart » réalisé par une ville ou une commune de Belgique. Notre jury, composé de personnalités académiques et de spécialistes Smart Cities des sociétés précitées, a retenu dix projets qui se distinguent particulièrement par leur caractère à la fois durable, innovant et intégré. Ils vous seront présentés dans nos colonnes tout au long de l’année, afin que vous puissiez voter en novembre pour votre projet préféré. Ce vote entrera en ligne de compte pour l’attribution du Belfius Smart City Award 2015, le 2 décembre. Les dix villes et communes nominées sont : Anvers, Bruxelles-Ville, Deinze, Gand, Herstal, La Hulpe, Liège, Lierre, Malines et Ostende. • www.levif.be/belfiussmartcity – www.belfius.be/smartcities N° 16 / 17 avril 2015
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