Ariane James-Sarazin, directeur des musées et de l’artothèque d’Angers - François Landais, directeur général de l’Esba TALM - Stéphane Doré, directeur du site d’Angers - Commissariat : Christine Besson, Isabelle Lévènez et Laurent Millet - Administration et communication Esba TALM : Aurélia Le Goff Assistante d’exposition musées d’Angers: Béatrice Dupré - Communication musées d’Angers : Juliette Rudel - Création graphique : Axelle Auguin • Crédits photographiques : Valentine Sarais (en couverture), Laura Bottereau, Charlène Guyon-Mathé, Emilie Lecoq, Julie Maquet, Justine Doret, Margo Meyer, Hélène Caiazzo, Mathieu Archambault de Beaune, César Tisné, Axelle Auguin, Thomas Wattebled, Valentine Sarrais et Louis van Dorsselaer. ontexte(s) Après des expositions en partenariat mettant en avant les collections du Frac Pays de la Loire (« Temps retrouvé ») en 2010 et celles de l’artothèque d’Angers (« Carte blanche à l’artothèque, acquisitions 2013 ») en 2014, le musée des Beaux-Arts d’Angers offre cette fois ses cimaises à l’école des beaux-arts d’Angers et à des élèves de 3e, 4e et 5e années. Le projet de l’exposition s’est organisé à partir d’un Atelier de recherche et de création, Le fil et les traces, mené par Laurent Millet et Isabelle Lévènez, dans une perspective d’échange entre des œuvres patrimoniales et celles des élèves, comme un parcours dans le temps, l’espace et l’histoire au cœur du musée. Les élèves ont été incités à créer et à intervenir selon des modes divers : dialogue, appropriation, thématique, formel, historique… Ces ponctuations ont pour but de faire entrer en résonance les interventions des élèves avec les collections patrimoniales et contemporaines du musée. Par-delà le travail artistique, il s’agit également d’un projet qui confronte les élèves à des conditions d’accrochage professionnelles mettant en jeu leurs travaux et la collection du musée. Expérience globale qui va de la conception et de la production à l’accrochage, à la rédaction des cartels et du journal, elle se prête également au jeu de la médiation par les élèves et les confronte au(x) regard(s) du public. Celui-ci est dès lors invité à une nouvelle déambulation et son regard sur les œuvres du musée s’en trouve parfois changé... Musées d’Angers Du 3 avril au 7 juin 2015 Mathieu Archambault de Beaune Axelle Auguin Laura Bottereau Matthieu Boutier & Megan Gainsley Helène Caiazzo Christian Carreau Ladislas Combeuil Justine Doret Louis van Dorsselaer Julia Droga Noémie Guihéneux Charlène Guyon-Mathé Emilie Lecoq Julie Maquet Milena Massardier Margo Meyer Valentine Sarais Viktoriia Sviatuk César Tisné Vincent Verrecchia Valentin Verron Xiaorui Wang Thomas Wattebled Kechao Zhang Carte blanche aux élèves de l’École supérieure des beaux-arts Tours Angers Le Mans - Site d’Angers Emilie Lecoq Julie Maquet Chimère Cadavre exquis Un mur rouge, rouge comme le sang qui coule. Une scène tirée d’un texte de Virgile peinte sur une toile disproportionnée. Une scène mettant en scène de nombreuses armes qui laisseront leur trace par ce liquide qui transporte notre oxygène. Désormais, pour compléter cette salle, la trace laissée par les armes ne sera pas une tache rouge mais un squelette. Une forme inconnue qui viendra contraster avec le reste des œuvres présentes. Pour cette installation, l’idée a été de détourner un objet simple et ordinaire, pour lui donner une dimension extraordinaire : un jour, alors que je tenais une capsule entre les doigts, mon premier réflexe fut de la plier. Recroquevillé, l’objet entra en mutation. Précieuse morbidité ! Scarabées, blattes, cafards et autres insectes grouillants sont alors conviés au festin macabre ! Cavité Curieuses, ces créatures ondulent, rampent et se déplacent toujours en groupe. Si on regarde attentivement la lente progression de ces organismes tubulaires, on peut s’interroger sur leurs véritables intentions. Cavité s’inscrit à l’intérieur d’espaces vides créés par l’histoire d’une architecture. Ainsi ce qui peut être vu comme étant une carence est ici utilisé comme une vitrine naturelle. À travers ces formes en papier plié, notre regard change et nous laisse prendre le temps d’observer le bâtiment du musée en lui-même. Ladislas Combeuil Claustra Cette installation s’affirme en dialoguant avec l’espace d’exposition et se réfère explicitement à l’architecture orientale de certains tableaux et aux moucharabiehs. Les Plissés Défense L’idée, pour cette installation, est d’interroger la dimension du trophée, en évoquant des ivoires braconnés. Ces vestiges et segments de corps deviennent des trophées désacralisés et laissent place à une dimension plus marchande. L’intérêt de cette pièce réside dans sa matière détournée : c’est un matériau industriel qui lui confère sa préciosité. Justine Doret Formes géographiques Ces formes géométriques extraites de l’architecture extérieure de la salle François Morellet, répétées, multipliées, questionnent les relations de position, les propriétés qui interviennent dans un ensemble. Ces objets sont extraits de la perspective et redistribués en trois dimensions. Ils questionnent la densité de l’espace et la relation du corps à celui-ci. La production s’articule entre le dessin et la sculpture, tous deux mis en relation avec l’architecture et les œuvres de François Morellet. Reste un espace à imaginer car transparent, absent, squelettique. Vrai, faux, fictif Les plans brodés des étages du musée permettent de se projeter dans une trajectoire où les archives des différentes époques et des écoles se confondent et se confrontent. C’est le flâneur-rôdeur qui crée sa propre expérience du lieu. Vincent Verrecchia Kechao Zhang Matthieu Boutier & Megan Gainsley Sans titre Souvenirs Le Festin Les nouvelles technologies nous permettent désormais d’observer la matière à une échelle invisible à l’œil nu. Ici les écailles d’une amanite panthère qui développent un ornement spectaculaire. Qu’en aurait pensé Louis XIV, dans son manteau d’hermine, passionné d’art et de sciences ? La boutique ou le magasin de souvenirs sont devenus une partie Laura Bottereau accentue l’ambiguïté entre l’œuvre originale et le produit dérivé. L’œuvre présentée est un ensemble de pièces en céramique représentant deux parpaings et un casque de chantier. Par là, la pièce fait écho au repas de l’ouvrier sur le chantier et le fait entrer en résonance avec le titre du tableau Le Festin des dieux de van Balen qui rappelle le banquet des rois, des puissants. Il se produit une mise en abîme de l’œuvre qui est vouée à être vendue sur un marché de l’art qui ne connaît pas la crise. Cosmogonie Vendredi Milena Massardier À l’origine de la Cosmogonie Vendredi : les poissons paisibles des poutres du plafond de la salle d’exposition. Au sein du dessin, cette figure devient la matrice, la mascotte, le prédateur et la proie de l’humanité. La puissance symbolique du poisson dans l’imaginaire religieux et mythologique laisse ici place à l’absurde. La création du monde est mise en scène, construite par ses habitants à la fois femmes, hommes et dieux. intégrante de l’institution artistique. Ces objets issus de la société de consommation reproduisent et questionnent le statut des œuvres d’art. Fonctionnant comme une mise en abîme des reproductions commerciales des œuvres et des œuvres originales, le projet Souvenirs Théières Cette série fait partie d’un travail de recherche autour de la notion de culte. La théière, élémentaire de la cérémonie du thé, est altérée par l’ajout de becs. Ces modifications supposent une manipulation adaptée et une nouvelle forme de geste rituel. Sa présence dans la salle des « Fêtes galantes » et des natures mortes renvoie à une certaine préciosité de l’époque. Die Motherfucker Die Charlène Guyon-Mathé Die MotherFucker Die s’attache à établir un lien entre les modes de L’Assomption de la Vierge représentation de la guerre mêlant médium actuel et peintures de C’est le matin, je dors encore. Sommeil léger. La voix enregistrée s’enclenche, elle me conte un des tableaux de l’audioguide. « L’Assomption de la Vierge, Theodor van Thulden… » Je rêve et c’est cette composition qui m’apparaît. Avec cette image à l’esprit, je décide de retourner au musée où je choisis des œuvres, à même d’être transformées, pour recréer une image raccord à mon souvenir. L’animation finale repose sur un principe de boucle comme pour figer une bonne fois ce produit du rêve. batailles. Photographies et vidéos de peintures de batailles et de portraits défilent au rythme agressif d’une musique, jouée par le groupe Dope. Christian Carreau Pantallas 2.0 Cette installation met en connexion l’espace d’exposition consacré au paysage en simultané avec Bogotà en Colombie. Il s’agit de confronter l’écran au tableau en tant que fenêtre sur un ailleurs tout en mettant en perspective le rapport aux nouvelles technologies et leurs limites. Bien que cet écran devienne l’outil de capture du monde de façon quasi instantanée, ce monde ne reste t-il pas qu’une représentation de lui-même ? De ce fait ne met-il pas en exergue une distanciation avec le « réel » et l’expérience ? Ne génère-t-il pas un vide d’un caractère nouveau ? Margo Meyer César Tisné Alter ego (l’autre moi) Peigne à carreaux Vidéo réalisée à partir de diapositives de photos de famille (archives personnelles). Le souvenir apparaît et s’efface, pour laisser place à un autre, à l’autre. Le peigne induit un geste qui crée des lignes, son pouvoir fonctionnel est ici mis en évidence par sa non-fonctionnalité. Avec ce déplacement, la main n’a plus d’emprise sur l’outil, il devient un objet sculptural ancré dans une nouvelle dimension spatiale. Axelle Auguin Les institutions muséales emploient un protocole très réglementé concernant la conservation des œuvres. Les ouvertures et donc la lumière qui en émane, représentent un risque de dégradation constant pour ces œuvres. Afin de minimiser cette menace, les ouvertures sont toutes munies de voiles semi-opaques. Le diptyque présenté ici relève de cette infime échappatoire que nous laissent percevoir les rideaux apposés aux fenêtres. Ainsi, pris par cette envie de s’évader, le paysage inaccessible nous renvoie à notre imaginaire. Xiaorui Wang Les lutins au Musée Inspirée d’un masque funéraire du XIII siècle exposé au musée, l’œuvre questionne le pouvoir de réversibilité de l’empreinte, en jouant de l’absence et de la présence, du négatif et du positif. Cette image se présente comme un intense rapport au phénomène de survivance et de résurrection, de trace spectrale dont la perception ne peut s’opérer que par sa révélation au sein d’une image spéculaire. Surface réfléchissante comme espace de prolongement, où se côtoient simultanément le passé et le présent, le visible et l’invisible, elle fait écho à l’Allégorie de la Simulation du peintre Lippi. e Histographie À la façon de la madeleine de Proust, un détail aussi insignifiant soit-il vous renvoie à un temps antérieur et révolu. La mémoire s’y éternise ; les correspondances, les échos qu’il suscite sont autant de passerelles psychiques donnant accès aux souvenirs. Dans ce jeu de perte et de persistance, de réinscription et d’effacement, l’écran blanchit, l’image se fige, autour plus rien, juste une boucle sans fin. Un parasite, une spectralité, la trace d’un vide, la réminiscence d’un néant. Mathieu Archambault de Beaune Les capuchés La saynète se compose de plusieurs personnages en céramique et de mains en métal réunis autour d’un élément perturbateur : le différent. Ces « capuchés » sont des semblables dont les différentes gestuelles évoquent des actions, des sentiments, des outils. Ils appartiennent au même groupe d’individus et le buste nuageux sert d’archétype à l’homme acteur. L’assaut ou l’idolâtrie de ces personnages les inscrivent dans le théâtre qu’est l’univers du jeu. Les bûches enflammées absentes de la cheminée de la salle depuis longtemps sont alors remplacées par un décor que l’on imagine possiblement mouvant. Julia Droga Sans titre Le soleil et la lune produisent et révèlent l’image à la surface du drap. Image non faite de main d’homme, l’impression garde la trace du temps et de l’architecture qui l’a fait naître. Viktoriia Sviatiuk Sans titre Epiphaneia Sur les ronds-points du littoral, il y a des bateaux abandonnés, rendus décoratifs, pots de fleurs immobiles, échoués entre quelques roseaux ou sur des monticules de galets. Je monte sur une de ces embarcations, brandissant des feux de détresse dans une posture qui rappelle les arrivées de skippers après une traversée de l’atlantique. À la fois romantique et absurde, l’intervention met en lumière les notions de détresse, de voyage et d’immobilité. Ce troupeau est composé d’un agneau de cire et de ses sosies en plâtre. Ensemble, ils constituent une scène pastorale étrange, où la symbolique de l’innocence et de la candeur semble altérée. Ils renvoient aussi à la place du berger, et à sa signification, rappellent la pratique culturelle des ex-voto et questionnent la notion de sacré. Noémie Guihéneux Valentine Saraïs L’échoué Sans titre Le musée des Beaux-Arts est un lieu de culture. On y croise rarement durant les heures d’ouverture au public les agents d’entretien ou les agents techniques. J’imagine de petits personnages cachés dans le musée qui récupèrent des objets des humains pour leur activité. Ils nettoient le sol et organisent la salle. Ils restent dans les coins, collés aux murs, ou près des socles. On prend peu de temps pour chercher de petites choses cachées dans ce grand monde rapide. Les petites sculptures nous invitent à plus de patience. Sans titre Thomas Wattebled Hélène Caiazzo Use me, use me Au milieu de la salle des portraits du XIX siècle, de petites plaques de verre émergeant de la nuit hésitante délivrent des visages anonymes dévorés par le néant. Ces images sont une réflexion sur la mémoire et l’archive, notamment familiale et la dimension spectrale de la photographie. e Valentin Verron Quatre têtes riant Qu’est-il advenu du chat ? Cette proposition est une suite au tableau énigmatique de Frangipani, Quatre têtes riant à la vue d’un chat. Cet âne à bascule est inspiré d’une sculpture de Gustave Bayol, Sujet de manège : l’âne, présentée au musée des Beaux-Arts d’Angers il y a quelques années et aujourd’hui rendue au Mucem de Marseille. Use me, use me est une proposition de substitution à la pièce d’origine sans en être une réplique. Il s’agit ici de s’interroger sur les notions de présence et d’absence. De plus, l’objet sculpté renvoie immanquablement à un jouet et permet d’interroger le statut d’œuvre d’art. Louis van Dorsselaer Galatée Mathilde Jonquet Fabienne Cette peinture s’appelle Fabienne. Elle représente une femme heureuse dans une posture contraignante, que certaines personnes, aux conclusions quelque peu hâtives jugeraient, rabaissante. Et pourtant ! Fabienne est une femme épanouie. Qu’on se le dise : les révoltes des jeunes femmes de nos jours, le féminisme, tout ça, elle, elle s’en fout. Fabienne, ce qu’elle aime, c’est se sentir vulnérable et désirable aux pieds de son élu, et à quatre pattes, mesdames et messieurs. Sentir le claquement sec d’un martinet sur un beau derrière, les mamelles restreintes dans un attelage de cuir ; ça c’est son truc. Ce portrait ne s’embarrasse pas de la morale ou des conventions : il signe la beauté brute d’une femme, la joie d’un cœur battant sous un bonnet E. Regardeur ou regardé, une plongée vidéo dans la vision figurée des regards de ces êtres inanimés que sont les statues du musée.
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