Sommaire - l`Atelier du Non faire

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Sommaire
Le Non Faire qu'est ce que c'est ?
1
Documents et liens
2
Pour aller plus loin...
3
Principales expositions et événements du Non-Faire
4
Les symposiums de l’Atelier du Non Faire
6
Volet pédagogique
7
Les documentaires réalisés sur le Non Faire
8
L'équipe
9
Une liste de soutien au Non Faire 10
Dossier de presse 11
Le Non Faire qu'est ce que c'est ? / 1
Qu'est ce que c'est ?
L' Atelier du Non Faire est un atelier libre d'expression fondé en 1983 par Christian Sabas (infirmier
psychiatrique, peintre, musicien et auteur...) dans le Pavillon 53 de l'hôpital psychiatrique de Maison
Blanche à Neuilly sur Marne.
C'est un atelier ouvert où l'on peut peindre, faire de la musique, parler ou se taire, et aussi Ne Rien
Faire... Depuis 2005, l'Atelier du Non Faire a été implanté dans plusieurs sites de la Région Île de France tout
en continuant de garder sa source au Pavillon 53.
C'est une association qui organise des événements artistiques et des rencontres :
Le rendez-vous « Blaguons un peu » tous les lundis matin à Paris depuis 30 ans, des expositions
(plusieurs expos par an à Paris, en France métropolitaine, Guadeloupe et Europe...), des concerts (groupes
Démence Précoce *écouter lien Radio Libertaire ci-après, Potentiel...), des performances, et aussi
l'organisation d'un Symposium chaque année : Le 16ème Symposium a eu lieu à Paris les 15 et 16 mars
2014 et a accueilli plus de 200 personnes.
C'est un état d'esprit qui rassemble, dynamise et permet des échanges propices à la créativité,
source de mouvement, de vitalité et d'épanouissement.
Pour qui ?
Le Non Faire s'adresse en particulier aux personnes en souffrance psychique et plus largement à
toute personne en quête d'un espace de liberté, de créativité, d'échanges...
À quoi ça sert ?
Si administrer des médicaments reste la norme pour tenter d'aider les personnes en souffrance
psychique, il existe des alternatives. L'Atelier du Non Faire constitue une proposition différente. Il reste
comme un lieu, un lien dans le Non Faire, qui permet encore d'imaginer une issue, et c'est la personne ellemême qui porte une solution car on lui aura au moins fourni un support.
L'Atelier du Non Faire ouvre des frontières et favorise un nouveau rapport à l'autre, à soi, au sens,
un retour à la vie. Le Non Faire comme attitude -prendre soin- comme moyen permettant de franchir des
étapes... un lieu où l'on se met à respirer différemment, un lieu où l'on a avant tout choisi d'être.
Aujourd'hui ?
L'association l'Atelier du Non Faire n'a jamais cessé d'organiser des événements ni d'accueillir un
public assidu dans des lieux de création, mais elle se trouve aujourd'hui dans une phase délicate de
transition où elle doit trouver de nouveaux lieux et des financements pour continuer son action.
Quels besoins ?
Le Non Faire a besoin en priorité de lieux (de nombreuses personnes attendent la réouverture d'un
atelier!) et de financements, ainsi que d'une personne compétente qui puisse accompagner la gestion et le
développement des actions de l'association.
Une aide concrète et avisée, des conseils, des contacts, des informations... nous aideront à
préserver le patrimoine existant tout en continuant de le faire vivre.
Nous avons plus que jamais besoin de faire connaître les actions du Non Faire, d’obtenir vos
soutiens les meilleurs (techniques, matériels, financiers….). Ils permettront au Non Faire de continuer à
diffuser son savoir-faire, ses savoir-accompagner et ainsi poursuivre les actions accomplies depuis 30 ans.
Documents et liens / 2
Photo Pavillon 53 Maison Blanche Sylvain Solaro
« Les encombrants, le différend, le hasard, l'imprévu, l'impossible, l'innommé, se faufilent entre les mailles
du savoir ? Construisons un asile, un piège à cons. La société s'ennuyait, bouchons le trou par où
s'échappent trop de vapeurs et de flammes, on fera avancer la locomotive de la psychiatrie.
Et si c'était
de l'exclusion ? Et si ça rendait pas heureux ? Et si c'était pas du soin ? Tout sauf du soin.
L'institution des psy assemble tous les maux inqualifiés et les souffrances inhérentes aux autres institutions.
Douleur à la guerre, en famille, à l'école, au travail, à la religion et VLAN ! La psy...
Elle comble astucieusement la difficulté, le vide que produit notre société : sa part maudite.
Et dans le soucis d'incarner cette part maudite, il faut des gens, des gens, des gens... »
Lubec / mars 2014
Écouter
Radio Libertaire : Extraits de « Ras les murs » du 12 mars 2014 avec Jacques Lesage
https://soundcloud.com/cecilemorel/radio-libertaire-non-faire-12
France Inter Là-bas s j'y suis par Daniel Mermet le 22 juin 2009
http://la-bas.org/spip.php?page=article&id_article=1715
Voir
"Le Non Faire pour quoi faire?" Vidéo trottoir capturée pendant le Syùmposium 2014
https://vimeo.com/92011236
"Stop your madness" un Film de M. Druez et C. Allézy 2005
http://www.marcdruez.com/page-docus/madnessfull.html
Rejoindre
Facebook : www.facebook.com/LAtelierDuNonFaireAvecChristianSabas
Site web : www.atelierdunonfaire.com
Mail : [email protected]
Pour aller plus loin... / 3
Du sens
L'Atelier du Non-Faire est une association dont une partie déterminante de l'action
d'accompagnement au mieux-être par l'expression artistique des personnes en souffrance psychique s'est
déroulée depuis les années 80 au Pavillon 53 de l'hôpital psychiatrique de Maison-Blanche à Neuilly-surMarne, à l'initiative et en présence de l'infirmier-psychiatrique Christian Sabas.
L' action de Christian Sabas, reinitiée par les membres de l'association (tout à la fois patientsactants, psychologues, philosophes, professeurs, artistes, architectes de l'imaginaire… ), a contribué à
proposer aux populations amenées à fréquenter ce lieu un service désormais fort de son savoir-faire
pédagogique, d'accompagnement et d’animation pour un mieux-être. Tout cela est aussi la base de la
constitution d'un fond d’œuvres particulièrement riche et témoin de la nécessité de ces actions. (Entre 5000
et 8000 toiles conservées au Pavillon 53)
L'Atelier du Non-Faire souhaite perpétuer son action de façon toujours visible et accessible. Pour ce
faire, le Non Faire est aujourd’hui constitué en association hors les murs de l’hôpital psychiatrique.
À qui s’adresse le Non Faire?
Le Non Faire s'adresse en particulier aux personnes en souffrance psychique et plus largement à
toute personne en quête d'un espace de liberté, de créativité, d'échanges, de lien, d'écoute et d'empathie,
de possibilités d'être partie prenante d'une communauté imminente cohérente, lorsque celle-ci n'est pas
voulue par le social qui la diagnostique "hors-jeu" ni par les affects singuliers qui l'auto-détruisent.
Qui transmet et comment ?
Les Non-fairistes sont patients-actants, médecins d’eux-même, artistes de leur soin ou de leur soi.
Dans le cadre du Non Faire, l’essentiel du projet est fait par la personne elle-même, si peu qu’on lui aura
fourni des supports: les tableaux, les concerts, les expositions, les représentations, les discussions, les
débats, les voyages à l’étranger, les symposiums depuis 16 ans maintenant, permettent d’explorer,
d’expérimenter, de visiter de nouvelles frontières et permettent alors peut-être d’espérer voyager encore. Il
devient possible de se dire, de sortir de soi, puis d’aller sur l’ailleurs. Le Non Faire facilite ce jeu constant qui
perdure.
Transmission et patrimoine
Si le fond d’oeuvres continue à être ouvert au public, ce fond participe alors à montrer aux visiteurs
ce qui est faisable et ce qui est possible : en résistant à l’institution, en résistant à la maladie, en résistant à
la dureté de la vie, en s’impliquant autrement.
L’art en question
“C’est dans un cadre fou, qu’on cherche l’homme.” C. Sabas
Si “art” il y a dans la démarche du Non Faire, cet art serait de s’approcher de l’îlot dit “sain” et de
savoir trouver chez l’individu “le trou ou ça béée”. On entre alors dans un travail ensemble pour restaurer,
réparer ce trou… trouver où quelque chose se passe… se trame.
Si l’institution “protège” et ferme les portes à la possibilité du vivre ensemble,
le Non Faire choisit de déployer un art de vivre…
Principales expositions et événements du Non-Faire / 4
Novembre 2014 : Exposition au Salon des Infirmiers, Paris, (France)
Juin 2014 : Exposition au Theâtre Berthelot, Montreuil, (France)
Mai 2014: Exposition au Grenier à Sel, Avallon, (France)
Mars 2014: 16ème symposium “ Sublime…et autres” au Vent se Lève, Paris (France)
Décembre 2013: Expo/concerts/performances, au Bouffadou, Paris (France)
Octobre 2013: Exposition “Nou Toutt Fou” à la médiathèque du Gosier, à Gosier (Guadeloupe)
Juin 2013: Exposition du Non-Faire galerie des Tourelles, Paris, (France)
Avril 2013: Journées Psychothérapie Institutionnelle au Bouffadou, Paris (France)
Février/mars 2013: 15ème symposium “Voyage”, à la Maison des Associations et de la Solidarité, Paris
(France)
Fevrier 2012: 14ème Symposium à l’Atelier Z Paris (France)
Juin 2011: Exposition itinérante Non-Faire à Fribourg (Suisse)
2011: Tra Arte e Cittadinanza, échange artistique Paris/Trieste (Italie)
Fevrier 2011: 13ème symposium à l’Atelier Z “L’Ailleurs” Paris (France)
Novembre 2010: Exposition Non-Faire à la galerie Valois, Paris (France)
Fevrier 2010: 12ème symposium à l’Atelier Z “Torsion”, Paris (France)
Fevrier 2009: 11ème symposium à l’Ateler Z “Fatum”, Paris (France)
Décembre 2008 : Cité de la Santé : « Une grosse clé pour l’enfermer … un petit « a » pour amour ». débats,
projections, expositions et concerts.Paris
Novembre 2008 : Cité de la santé : « Oeuvre … Présence … Consensus ». Rencontres, débats, projections,
expositions et concerts.
Octobre 2008 : Semaine des Solidarité et Partage 2008 – Paris La Défense. Expositons, performances
artistiques et concerts.
Mars 2008: « Du subjectif à l’aller mieux » 10ème édition « Expo-symposium » Atelier Z, Paris (France)
Avril 2007: « Malati di niente » concert, conférence, happening: Jesi (Italie)
Mars 2007: « Alienaction » 9ème édition « Expo-symposium » Atelier Z, Paris (France)
Janvier 2007: Exposition “Inclure” au Lavoir Moderne Parisien, Paris (France)
Septembre 2006: Journées Européennes du Patrimoine: Portes ouvertes ANF : visite, ateliers peinture,
projection, concert.
Juin 2006 : « 21èmes rencontres de Saint Alban » concert, lectures, expo, happening : Saint Alban (France)
Avril 2006 : Concert, expo, happening : espace Léo Lagrange, Neuilly sur Marne (France)
Mars 2006 : Concert, projection de film, sortie du 1er album de Démence Précoce : LMP, Paris (France)
Mars 2006 : 8ème édition Expo-symposium Atelier Z, Paris (France)
Février2006 : Exposition Hôtel de Ville, Neuilly sur Marne (France)
Juin 2005 : « 20èmes rencontres de Saint Alban » Concert, lectures, expo, happening : Saint Alban (France)
Mars 2005 « Santé mentale et lien social » concert, happening, débat, Buc Ressources, Buc (France)
Février 2005 : 7ème édition Expo-symposium Atelier Z, Paris (France)
Décembre 2004 : Concert, association Sida-Paroles, Colombes (France)
Mai 2004 : « Festival international Psychiatric Bands » concert, conférence: Cellere (Italie)
Mai 2004 : « Le vif de l’expression » Expo, concert, conférence, happening: Libourne (France)
Avril 2004 : « Malati di niente » Expo, concert, conférence, happening: Jesi (Italie)
Mars 2004 : 6ème édition Expo-symposium Atelier Z, Paris (France)
Février 2004 : Exposition « The other side », pinacothèque municipale Athènes (Grèce)
Janvier 2004 : « Il mare d’inverno » concert et expo avec Angeliribelli: Bonassola (Italie)
Décembre 2003 : Concert, association Sida-Paroles, Colombes (France)
Octobre 2003 : Concert, association « l’Interloque », café «Aux Chiffons », Paris (France)
Octobre 2003 : Manifestation « Les 20 ans du Non-Faire » Hôtel de Ville de Paris (France)
Août 2003 : Concert, expo, Nordersommerakademie, Norden (Allemagne)
Août 2003 : Concert, Festival Nazionale Psychiatric Bands, Cellere (Italie)
Juin 2003 : Concert, Festival ARTE, Ass. Angeliribelli Cupramontana (Italie)
Février 2003 : 5ème édition Expo-symposium Atelier Z, Paris (France)
Janvier 2003 : Concert, association « l’Interloque », café «Aux Chiffons », Paris (France)
Novembre 2002 : Concert, association « l’Interloque », café «Aux Chiffons », Paris (France)
Juin 2002 : Concert et expo « Quartier Ouvert », Goutte d’Or, Paris (France)
Mars 2002 : 4ème édition Expo-symposium Atelier Z, Paris (France)
Février 2002 : Sortie du Film de Patrice Rolet « La tête dans les toiles » sur la 5ème (France)
Décembre 2001 : Tournée de concerts, expos et happenings, ZAZERKALJE, Roma (Italie)
Juillet 2001 : Expo Lazzaretto, Mole Antonelliana, Ancona (Italie)
Mars 2001 : 3ème édition Expo-symposium Atelier Z, Paris (France)
Octobre 2000 : Expo F.I.G. « La géographie et la santé », Saint Dié des Vosges (France)
Septembre 2000 : Expo Galleri Selmer, Risskov Museet, Arhus (Danemark)
Avril 2000 : Expo Museum d’Histoire Naturelle, Paris (France)
Janvier 2000 : 2ème édition Expo-symposium Atelier Z, Paris (France)
Octobre 1999 : Expo Mairie d’Argenteuil (France)
Avril 1999 : Participation Salon Infirmier, Paris (France)
Novembre 1998 : 1ère édition Expo-symposium Atelier Z, Paris (France)
Juillet 1997 : Expo-conférence Conseil Economique et Social (France)
Mai 1992 : Expo Galerie Procréart, Paris (France)
Avril 1991 : Expo musée d’Aubigny (France)
Juin 1988 : Film vidéo psy Ministère de la Santé (France)
Février 1987 : Expo Salle Valéry, sous le patronage de l’UNAFAM (France)
Mars 1985 : Expo espace 15, rue des Frères Morane, Paris (France)
Exposition Avallon / Grenier à Sel / mai-juin 2014
/5
Les symposiums de l’Atelier du Non Faire / 6
Un « banquet » dressé, autour d’un sujet lancé
Chaque année depuis 1999, un Symposium sur plusieurs jours et dans Paris est organisé par l’Atelier
du Non Faire. La particularité de ce rendez-vous, c’est qu’il existe depuis 16 ans et qu’il laisse la possibilité à
chacun d’y contribuer, par sa présence ou en tant qu’intervenant en choisissant le mode d’expression qui lui
conviendrait. Les frontières ici se dessinent autres et autrement…
Les frontières de l’hôpital : On est ailleurs et au coeur d’une ville : dans une galerie d’art (Atelier Z,
avenue de la grande armée, de 1999 à 2012) ou dans un centre culturel ou dans un « Tiers lieu d’art et de
culture partagés » (Le Vent se Lève, Paris 19ème)
Les frontières de la maladie : Tout le monde peut témoigner, questionner, débattre, en partir, se
(dé)vêtir, être acteur de sa santé, performer, confronter, philosopher, se révolter, s’amourire… dire, rire. Bien
loin d’un séminaire traditionnel, la parole circule et les champs ou les chants de compétences se mêlent,
parfois s’emmêlent, s’entrechoquent, se joignent ou se heurtent…
Les frontières de la création : Certaines œuvres réalisées au Non Faire sont chaque année exposées,
d’autres sont crées au présent et chemin faisant, une œuvre collective nait de nos singularités exprimées.
La constance, la richesse et la fidélité de cet événement depuis 16 ans, nous invite à repenser, à
panser, à transformer, à prendre soin…du soin.
Sont toujours volontairement et subtilement présents, les trois volets suivant :
Santé / Création / Philosophie.
Trois approches qui font un tout, contribuant ainsi à éloigner d’un état perpétuellement morcelé.
Les Symposiums de l’Atelier du Non Faire :
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Lancement et première exposition à l’Atelier Z, avenue de la Grande Armée, Paris 1999.
« Le faire de l’homme » février 2000
« Chaos et/ou sens » mars 2001 : existe une édition
« Inferno », Mars 2002 : existe une édition
« De l’urgence à l’œuvre : s’amourire » février 2003 : existe une édition
« D'un lien à l'un aux lieux de l'autre » mars 2004 : existe une édition
« Du fermé à l’ouvert : un possible » mars 2005 : existe une édition
« Le débordement » mars 2006
« Aliénaction » 10 mars 2007
« Le sujet a changé » 2008
« Fatum » février 2009
« Torsion » février 2010
« L’ailleurs » février 2011
« À s’enquérir des essences…aux amours…les identités troubles… » février 2012
« Voyage » mars 2013
« Sublime…et autres » mars 2014
16ème Symposium « Sublime... et autres » mars 2014 au théâtre Le vent se lève, Paris 19
Volet pédagogique / 7
Écoles d’infirmiers, universités de psychologie, écoles d’art-thérapie
Depuis ses tout débuts et aujourd’hui encore, l’Atelier du Non Faire ouvre ses portes à de nombreux
étudiants s’orientant dans les métiers du soin :
Chacun est alors invité à se sentir acteur et expérimentateur de sa formation, de sa propre créativité,
à appréhender la relation à l’autre, à déployer une pensée critique, à se confronter à un dispositif singulier. L’
Atelier du Non Faire refuse la plupart des protocoles de soins institués, néanmoins, il aura toujours été
disponible et favorable à l’idée même d’en débattre ouvertement et collectivement, permettant chaque jour
de questionner sans tabou ni dogme la pertinence de ses pratiques, l’utilité et l’éthique de ses façons de
faire.
L’ Atelier du Non Faire a toujours souhaité également établir des partenariats
Au sein du pavillon 53
Avec des groupes d’enfants (CMP, CMPP…)
Avec les soignants cherchant à sentir autrement la relation dans le cadre de leur profession.
A l’extérieur du Pavillon 53
Avec des lycéens , deux enseignantes en philosophie Violette Villard et Jeanne-Claire Fumet ont mis
en oeuvre conjointement sur la durée d'une année scolaire un projet de rencontres rituelles entre des élèves
de terminale littéraire et les Non-Fairistes.
Les rencontres ont pris la forme de Dialogues Socratiques filmés déclinant les thématiques de l'écriture et du
témoignage de soi dans la plus pure tradition des Essais de Montaigne, reparcourant toutes les modalités
actives et pratiques du corpus philosophique des Cyniques à Sartre en passant par Barthes jusqu'à la
dernière leçon de Michel Foucault au Collège de France intitulé « le Courage de la vérité ».
Il s'est toujours agi dans ces rencontres entre les lycéens et les Non-Fairistes de déplacer leurs
propres assignations topographiques ( l'institution scolaire pour les élèves et l'hôpital pour les Non-Fairistes)
et identitaires... Le documentaire a été filmé en grande partie au centre culturel de Christiane Peugeot. En
outre ces dialogues interrogent de part et d'autre la possibilité pour chacun de parler en son nom propre, de
se re-traduire dans une stylistique d'existence, de se ressaisir à l'intérieur des verdicts normatifs que ce
soient des diagnostics ou justes des marqueurs sociaux et de pouvoir dans le trajet même de la maïeutique
proposée recomposer sa partition singulière. Cette expérience d'une classe pilote entrelaçant Non-Fairistes
et lycéens est l'incarnation pédagogique de ce que l'Atelier du Non-Faire induit comme modalité de
transmission : des patients qui sont eux-même experts de leur guérison, médecins de soi-même écrivait
Michel Foucault. En ce sens ce travail pédagogique et documentaire résonne tel un exercice spirituel.
Là encore, le lieu se réclame d’une possible et créative rencontre sans barrière, dès le plus jeune âge,
une rencontre propice à créer de nouveaux visages soignants/soignés
Nombreuses actions menées dans les écoles, les universités, les services de soins
Ouvrir des espaces d’une parole libre et partagée, d’une réflexion sur les possibles à vivre et à agir :
Université Denis Diderot, Paris 7, débat et diffusion du film « La tête dans les toiles », juin 2011
Différents services de psychiatrie en France ou à l’étranger : concerts, expositions, projections de films,
débats.
Les documentaires réalisés sur le Non Faire / 8
LE NON FAIRE 2007 / 50'
Réalisation Abdenour Zahzah
« Lorsqu'on arrive au Non-Faire, c'est une phrase du célèbre psychiatre catalan, François Tosquelles, qui nous
vient à l'esprit : "La meilleure psychiatrie est la déconnatrie" Au Non-faire, on déconne
On délire, on se défoule, on s'exprime, on se libère enfin. Depuis sa création en 1983 par Christian Sabas,
infirmier psychiatrique en même temps qu'artiste, refusant de médicamenter les patients, le Non-faire est
devenu un véritable musée informel de "l'art brut"…, aujourd'hui, menacé de fermeture définitive. Réduisant
encore une fois, le champ de la liberté. »
A.Z.
STOP YOUR MADNESS 2005 / 26'
Réalisation Marc Druez et Catherine Allézy
Voyage d’exploration au sein de l’atelier du Non-Faire.
Situé au coeur de l'hôpital psychiatrique de Maison Blanche à Neuilly sur Marne, ce lieu d'expression et de
création est ouvert aux malades depuis 1983. Ici se mêlent peinture musique et poésie. Ici, dans cet espace
unique, l'homme en souffrance s'exprime dans le "faire" ou le "non faire". Lieu d'asile à l'intérieur de l'asile.
www.marcdruez.com/page-docus/madnessfull.html
LA TÊTE DANS LES TOILES 2001 / 52'
Réalisation Patrice Rolet
Avec Patrice Rolet (Réalisateur), Christian Sabas (peintre et musicien Fondateur de l’Atelier du Non-Faire),
Ismaïl Konate , Xavier Amar, Fabienne Ankaoua, Guy Dana, Barbara Didier, Françoise Fabre, Nabile Fares,
Caroline Gillier, Dominique Le Vaguerèse, (psychanalystes)
"Comment d’un lieu de création peut-on faire un intermédiaire, une porte ouverte sur l’extérieur, sur
l’intérieur, et un vivre “avec” notre folie?" Christian Sabas
« Christian Sabas, infirmier psychiatrique, ne supportait plus d'assommer ses patients de calmants. En 1983,
avec l'assentiment du médecin-chef de l'hôpital psychiatrique de Maison Blanche à Neuilly-sur-Marne (SeineSaint-Denis), il crée l'atelier du "Non Faire", un îlot de résistance à la psychiatrie traditionnelle qu'il
condamne pour son inhumanité. Dans ce lieu d'échange, les patients y apprennent à vivre et à surmonter
leur angoisse en faisant de la peinture, de la musique, de la sculpture... Exmachina et Patrice Rolet vous
ouvrent les portes de l'atelier du Non Faire, un atelier pas comme les autres où les artistes sont des malades
en quête de liberté. »
PAS-SAGE AU NON FAIRE 1998 / 38'
Réalisation Emmanuela Nelli
Le Non-Faire" est un atelier né en 1983 sous l’initiative de Christian Sabas, dans un pavillon de l’hôpital
psychiatrique
Maison
Blanche
(Neuilly-sur-Marne)
aujourd’hui
menacé
de
fermeture.
L’atelier, en plus de 20 ans, a acquis un rôle charnière entre la psychiatrie institutionnelle et le combat pour
une possibilité d’autonomie et de vie des personnes touchées par la maladie mentale. Ces personnes, avec
les autres qui fréquentent le lieu (artistes, chercheurs, philosophes, travailleurs sociaux), agissent au travers
de leurs peintures, leurs musiques, leurs écrits et de leurs projets.
L’atelier est un lieu où la folie trouve un espace possible : l’art n’est plus de l’art thérapie, mais une lutte pour
la vie, contre toute marginalisation humaine, sociale et artistique.
Le film retrace le passage entre l’hôpital, l’atelier et une force d’autonomie possible.
L'équipe / 9
Christian Sabas www.klam.skyrock.com
Infirmier psychiatrique, peintre, auteur et musicien. Bassiste, guitariste, chanteur et percussionniste des
groupes « Démence Précoce », « Potentiel », « Pakaré », « Soul Train » et « Kaplan&Co ».
Fondateur du Non Faire en 1983 / Actuel président
Sylvain Solaro www.sylvain-solaro.fr
Auteur et photographe plasticien, Conseiller municipal de la ville de Champigny sur Marne.
Lié au Non Faire depuis 2010 / Actuel trésorier
Aude Halary
Musicienne et Psychologue diplômée à l'université de Paris 7. Permanente à « l'entre Temps » de Saint-Denis
de 2006 à 2013 et au Groupe d'Entraide Mutuelle « Les Gens du 110 » à Montreuil depuis 2008. Réalisatrice
des émissions « Transbords » sur Radio Libertaire, 89.4.
Liée au Non faire depuis 2001 / Actuelle secrétaire
Chantal Marandon
Professeure de français, Maitrise de Lettres Modernes, Master en administration et gestion de Personnel,
Journaliste, Membre fondateur du Réseau des Entendeurs de Voix.
Liée au Non Faire depuis 2010 / Bureau du Non Faire 2013/2014
Lara Montantin
Juriste: contentieux, fondations, commande publique.
Liée au Non Faire depuis 2013
Catherine Allézy
Auteur de « Costa Brava » et « Revue Kwak » éditions du Panama, réalisatrice de « Stop your madness » et
« Lolita » (avec Marc Druez) et de « Hôpital psychiatrique de maison blanche » Journal de 20h TF1 22/06/05.
Formation à l'art comme thérapie possible.
Liée au Non Faire depuis 2004.
Cécile Morel www.cecile-morel.fr
Peintre diplômée des Beaux Arts de Saint-Étienne, comédienne et chanteuse.
Liée au Non Faire depuis 2002.
Marc Druez www.marcdruez.com
Réalisateur, trois fois primé (Imagina, Design TV Miami festival, Clermont-Ferrand), « Stop Your Madness »,
« Lolita » (avec Catherine Allezy) , et « 15 minutes sur André Robillard », directeur artistique.
Lié au Non Faire depuis 2005.
Violette Villard www.sowhatproductions.fr
Professeur de philosophie, diplômée en ethnopsychiatrie. Dramaturge et réalisatrice de documentaires pour
France 3 « J'aurais préféré qu'on se tutoie », pour Arte « Hors-Sujet » et « Théâtres, une fabrique de
l'humain ».
Liée au Non Faire depuis 2004.
Mario Vecchione
Plasticien autodidacte, auteur et décorateur
Lié au Non Faire depuis 2010 / Bureau du Non Faire 2013/2014
Patrice Thienot
Ancien maraîcher bio, informaticien, en cours de formation pour le DU d'animateur de Gem.
Lié au Non Faire depuis 2013
Claire Granier-Lubec
Peintre, auteure
Liée au Non Faire depuis 2004
Sabine Capelle
Peintre
Liée au Non Faire depuis 2005
UNE
LISTE
DE
SOUTIEN
AU
NON
FAIRE
/
10
Christophe ANDRÉ / Médecin psychiatre dans le Service Hospitalo-Universitaire de l'hôpital Sainte-Anne ,
directeur de l'Unité de Psychothérapie Comportementale et Cognitive, chargé d'enseignement à l'Université
Paris X, auteur de nombreux articles, ouvrages scientifiques et livres www.christopheandre.com / Guy
BENAMOZIG Psychanalyste-psychothérapeute, Docteur en anthropologie, Ex-chargé de mission sur la Mort
en Réanimation Neurochirurgie - Hôpital Pitié Salpêtrière / Guillaume MOREL Historien de l'art, journaliste
pour Connaissance des Arts, critique d'art, auteur de Art Déco et Les Préraphaélites (ed Places des Victoires) /
Max DORRA Professeur de médecine, écrivain www.franceculture.fr / Docteure Isabelle DELAGE Psychiatre,
anthropologue / Caroline PILLET Psychologue / Jean-Louis AGUILAR Infirmier Centre Hospitalier de Béziers,
Art-thérapeute D.U., Praticien en Art-Thérapie, Praticien en Médiation corporelle et relaxation, Président de
l'ARAT www.blogarat.fr / Ferdinand FORTES Comédien, metteur en scène, chroniqueur RFI www.horizonnegre.wix.com et président de Festafilm www.festafilm.fr / Miriam GABLIER Journaliste pour l'Inexploré
(magazine de l'INREES), Co-auteur de "La Psychologie Biodynamique" avec François Lewin, Assistante de
formation pour l'École de Psychologie Biodynamique (2009-2013), Présidente de l'Association Professionnelle
de Psychologie Biodynamique ( 2005-2010) / Werner BüCHLER Homme de théâtre, metteur en scène, peintre
www.wernerbuchler.site / Nathalie GOUTEBELLE Psychomotricienne / Hervé HUBERT Psychiatre des
Hôpitaux, Praticien Hospitalier, Chef de Service, Psychanalyste, Docteur en Psychanalyse, Docteur en
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Commune, co-fondateur des revues Marge et Barricade / Bernard BRAEKEN Artiste peintre / Geneviève
DINDART Artiste, Art Thérapeute, Formatrice, Psychanalyste / Marie-Élise BOYER pianiste répétitrice à
l'Opéra de Brême / Patrick COUPECHOUX écrivain, collaborateur au Monde diplomatique
Dossier de presse / 11
Che vuoi ? Revue de psychanalyse
juin 2014
Du diable au corps au corps du diable : les figures de Thanatos
Danièle Epstein
(extrait)
L'Enfer et le « Non-Faire »
Le diable persécuteur, les fous l'ont dans la peau, ils en sont habités, possédés sans pareexcitation. Mère archaïque, dévoreuse d'âmes, ou père primitif ingéré au cours du repas totémique,
font retour sous la figure du démoniaque, sans échappatoire. Les figures du démon occupent de leur
présence envahissante ces expressions dites d'Art Brut que Christian Sabas, fondateur de l'Atelier du
Non-Faire, préfère appeler « Art brut-al ». Brut-al, sans pare-excitation, qui frappe de plein fouet.
Peindre devient alors un acte chirurgical pour extirper la figure de l'Autre, pour se dé-prendre
de l’Autre en soi qui fait retour, en le trans-figurant. Peindre, c’est tenter de faire écriture du réel,
pour suturer, ligaturer l’angoisse envahissante. Processus de séparation et d’engendrement, conquête
sur l’opacité, les figures métaphoriques du diable, donnent forme à l'informe, donnent corps au
chaos, et hantent les milliers d'œuvres entassées à l'Atelier du Non-Faire.
L'atelier du Non-Faire, créé au sein de l’hôpital Maison-Blanche en 1983 sur l’initiative de
Christian Sabas, peintre, musicien et infirmier psychiatrique, occupait tout un pavillon de l’hôpital de
Maison-Blanche. Une urgence s’imposait : « briser le quotidien asilaire pour que chaque expérience
devienne une aventure humaine ». L’espace de 1000 mètres carrés fut conçu, non pas en atelier
d’ergothérapie ou d’art-thérapie, ni même d’expression psychopathologique, mais plutôt comme un
espace d'expression, independant du fonctionnement administratif et medical de l’institution. Il etait
accessible aux malades de tous les pavillons, à leur demande. Ils s'y retrouvaient spontanément sans
contrainte, sans procedure d’admission, sans questionnaire, sans evaluation. Pourtant, ce fut aussi un
lieu contenant, pas contenant au sens de contention, mais un lieu d’accueil et de rencontre qui fait
cadre, en offrant des possibilites de faire... ou de ne pas faire, jusqu’à ce qu’emerge le desir de faire...
de la musique, chanter, danser, ecrire, peindre. Jusqu’à ce qu’emerge une « en-vie », comme le dit
Christian Sabas. Face à une mecanique asilaire deshumanisante, le nom meme « Atelier du NonFaire » faisait trou, appel d’air. Il fut fermé par l’administration en 2006, et depuis, les milliers de
cris jetés sur des matériaux divers, autant de créatures démoniaques extirpées, autant de trésors venus
du tréfonds du mal-être, sont exposés aux moisissures.
Découvrir l'antre de l’Atelier du Non-Faire est une expérience particulière, une plongée en
eau profonde, dans des zones préhistoriques, un bain « existentiel », à savoir le bain de la condition
humaine en prise directe avec la douleur d’exister – «d'abord, il y a la peur, la peur d'exister »1.... De
couloirs en dédales, en enchevêtrement de salles, on pénètre ces abysses, ces portes de l'Enfer, saisi
par un trop-plein, un excès qui nous plonge dans un monde de fantasmes, de terreurs et d’angoisses
archaïques, un monde à la fois étranger – le fou, c’est l’autre – et néanmoins familier, si on accepte
de se laisser porter, déporter, par l’intensité fantasmatique de ces 5000 œuvres.
Parmi ces milliers de témoignages entassés empilés, accumulés, cris jetés à même les murs, à
même les papiers, les bouts de bois, les tissus, tous supports prêts à être recouverts de couleurs et de
mots, on peut lire : « quand l’espoir n’a plus que la vague forme d’un cendrier plein… ». C’est par
cette métaphore qu’une patiente diagnostiquée psychotique a nommé le tableau qu’elle peignit un
jour, au cours d’un de ses nombreux épisodes d’internement. Des brûlures de vie qui exposent aux
feux de l'Enfer, des brûlures devenues cendres, des vies consumées, mortes, froides.... L'expression ─
1
Louise Bourgeois, Déconstruction du père. Reconstruction du père, Daniel Lelong, 2000, p. 239.
étymologiquement « extrait en pressant » – cet acte de mettre la pression hors de soi, est peut-être ce
qui permet que le cendrier se vide du trop-plein où l’être se consume.
A l’Atelier du Non-Faire, en ce lieu hors norme, ni fous, ni peintres, ni dieux, ni diables,
mais des hommes et des femmes dont l’écran de la réalité s'assombrit, se fissure, se déchire, explose
sous le poids de l’appel du réel, sans filtre et sans métaphore. Les « artistes non-fairistes » peuvent se
laissent aller au dérapage, dérapage incontrôlé, à la façon d’un acte manqué, réussi par le
dévoilement qu’il suggère. Parce qu’ils savent que le réel qui les terrasse, un réel en roue libre, ils
pourront s’en distancier en le re-présentant, en le présentant hors d'eux, sans jugement, ni
interprétation, ni diagnostic, qu’ils pourront peut-être même l’exorciser comme le faisait Louise
Bourgeois « chaque matin, quand je me mets au travail, j’exorcise un traumatisme »2. « Quelles
sont les limites avant la cassure ? »3, se demandait-elle encore. Les non-fairistes, de par leurs
œuvres, témoignent que pour eux, la cassure a eu lieu : le trauma, le fantasme en tant que
traumatique a fait retour sous sa forme démoniaque et se lit à ciel ouvert dans le réel de leur
expression.
Ils se débarrassent à même la toile du poids du réel, qui les parasite, les persécute, qui les
déborde, un réel qu’ils s’emploient à apprivoiser. « L’acte plastique n’est que secondaire, ce qui
compte, c’est le drame de l’acte lui-même » 4, un drame de l’acte, qui se joue dans le court-circuit du
temps, quand les vestiges du passé catapultent l’actuel. Dans la tempête qui aspire, peindre est un
acte vital, un acte de vie qui prend sa source dans la pulsion de mort. Dans cette histoire de l’homme,
aux prises avec l’aliénation, l'acte de peindre fait office d'« instrument de guerre offensive et
défensive contre l’ennemi »5, contre cet ennemi intérieur diabolique, entre soi et soi. La peinture,
instrument de guerre offensive et défensive pour se déprendre de cette masse de réel qui happe le
Sujet, se déprendre de ces terreurs archaïques, en leur donnant figure, en les défigurant, en les transfigurant, en les portant hors de soi, en les déportant.
L'art brut est « brut-al », de mettre en circulation l’informe : projeter l'informe et lui donner
forme, pour s’extraire du tourbillon qui aspire, figurer la peur, l’angoisse, suturer l’angoisse
hémorragique, la ligaturer. Figurer le diable au corps dans le corps du diable, c’est aussi l'apprivoiser
pour mieux s’en dessaisir. Donner corps au chaos inaugure le processus de séparation d’avec le
chaos, dans un jeu de présence/absence, un jeu entre soi et l’autre, entre l’intérieur et l’extérieur,
l’intime et l’étranger. Un processus à la fois de séparation et d’engendrement qui témoigne d'un
drame intime mortifère, qui se cherche dans un mouvement de vérité au travers de ses transfigurations.
2
Louise Bourgeois, ibid., p. 255.
3
Louise Bourgeois, ibid., p. 59.
4
Pablo Picasso : Propos sur l’art, Gallimard, 1998
5
Picasso, ibid.
LIEN SOCIAL 18 juillet 2013 Fabrice Dimier
SANTÉ
Lieu de psychiatrie alternative, l'atelier du Non-Faire est en sursis
Article paru dans l'édition du 14.08.05
Local ouvert où les malades peuvent s'exprimer librement par la peinture ou la musique, cette structure
atypique au sein de l'hôpital psychiatrique de Maison-Blanche, à Neuilly-sur-Marne, doit fermer ses
portes d'ici à la fin de l'année, sans certitude de pouvoir s'installer ailleurs
L'atelier du Non-Faire, installé au sein de l'hôpital psychiatrique de Maison-Blanche, à Neuilly-surMarne (Seine-Saint-Denis), est menacé de DISPARITION. Créé en 1983 par Christian Sabas, un jeune
infirmier psychiatrique atypiqu, ce lieu thérapeutique, où les malades peuvent S'EXPRIMER
LIBREMENT par la peinture et la musique, a toujours agacé un certain nombre de médecins. En juin,
l'équipe de l'atelier du Non-Faire a appris par la NOUVELLE DIRECTION de l'hôpital de MaisonBlanche, établissement qui doit fermer ses portes courant 2006, qu'elle devait quitter ses locaux d'ici à
la fin de l'année, sans recevoir de garantie de pouvoir poursuivre ses activités sur un nouveau site. En
filigrane, c'est la question de la capacité de l'hôpital psychiatrique à tolérer des STRUCTURES
ALTERNATIVES qui est posée.
OMME LES PATIENTS de l'hôpital psychiatrique de Maison-Blanche, à Neuilly-sur-Marne (Seine-SaintDenis), il faut déambuler dans le parc immense de l'institution, naviguer entre les pavillons désaffectés,
avant de se laisser guider par le son d'instruments qui perce le calme environnant. Il faut alors pousser la porte
éclaboussée de couleurs du pavillon 53 et se laisser happer par ce site hors norme, qui tient autant de la
cathédrale de peinture que du capharnaüm. Nous sommes à l'atelier du Non-Faire, un espace d'expression libre
destiné au soin et à la réhabilitation des malades mentaux, qui a accumulé, en plus de vingt ans d'existence,
plusieurs milliers d'oeuvres de patients.
Menant une expérience thérapeutique originale, à la marge de la psychiatrie traditionnelle, l'atelier du NonFaire est aujourd'hui menacé de fermeture : il est appelé à quitter le site de Maison-Blanche avant la fin de
l'année, et son équipe n'a reçu de la direction de l'hôpital aucune assurance réelle de pouvoir poursuivre son
activité dans un autre lieu.
Le projet thérapeutique de l'atelier du Non-Faire est simple : ici, chaque visiteur est libre de prendre ou pas les
pinceaux et les instruments qui s'offrent à lui, de faire quelque chose ou... de ne rien faire. Pour comprendre
l'esprit du lieu, il faut revenir, au début des années 1980, à l'itinéraire d'un soignant atypique, Christian Sabas.
Fraîchement diplômé de l'école d'infirmiers psychiatriques, peintre et musicien, Christian Sabas se heurte très
vite au fonctionnement institutionnel de l'hôpital, qu'il juge trop rigide. Le jeune trublion refuse de mettre une
blouse, rechigne à distribuer des doses massives de médicaments aux patients, joue au ping-pong et se balade
dans le parc, parmi les malades. Pire, il amène ses instruments de musique à l'hôpital.
On lui reproche de « ne pas être solidaire de l'équipe médicale », il n'en a cure. De guerre lasse, le chef de
service de l'époque lui confie, en 1983, les clés d'un pavillon désaffecté : « L'atelier était comme une exigence,
quelque chose qui s'est imposé comme une nécessité de survie dans l'asile », estime rétrospectivement
Simonetta Di Girolamo, psychologue, qui a rejoint l'équipe en 1999.
Les débuts du Non-Faire sont épiques : sans budget ni matériel, Christian Sabas et les patients manquent de
tout, mais peignent avec frénésie. « On volait les draps des autres pavillons pour faire des toiles, on piquait les
rouleaux de papier, les sacs à pain », se souvient Joëlle, une ancienne malade. Le soir, l'infirmier se bat pour
que les toiles réalisées ne soient pas détruites.
En 1985, l'atelier devient officiellement le service d'ergothérapie (traitement par un travail physique ou
manuel) du secteur, mais les heurts continuent avec l'institution : Christian Sabas refuse toujours de répertorier
les patients, se moque des diagnostics et boude les réunions institutionnelles.
Ces tracasseries cessent en 2000, quand l'ancien directeur de l'hôpital, Patrick Mordelet, affranchit l'atelier de
la tutelle médicale en le rattachant directement à la direction. C'est la période faste pour le Non-Faire : l'atelier,
dont la renommée dépasse les frontières, multiplie les expositions et les concerts en France et à l'étranger.
Le changement de direction a sonné le glas de ce fonctionnement. Au début de l'année, la nouvelle directrice
de Maison-Blanche, Nicole Pruniaux, demande des précisions sur ce lieu qui échappe à tout contrôle. Elle
réclame et obtient le rattachement de l'atelier à une tutelle médicale, puis, estimant le lieu dangereux, envoie le
comité d'hygiène et de sécurité de l'établissement au pavillon 53. L'équipe de l'atelier se soumet sans
barguigner à ce nouveau régime, mais les événements s'accélèrent : début juin, stupéfaite, elle apprend que la
direction lui laisse jusqu'à la fin du mois pour quitter le site.
« Jusqu'alors, nous avions confiance dans l'administration, car ce lieu existe depuis vingt-deux ans, et il y a un
sens à le conserver, explique Simonetta Di Girolamo. On s'est senti trahi, sans considération des aspects
thérapeutiques de notre travail et du patrimoine artistique qu'ont laissé les patients. » La fermeture a
finalement été repoussée à la fin de l'année, après une réunion de crise avec la direction.
Pour l'équipe du Non-Faire, il ne s'agit que d'un sursis. L'atelier devra, de toute façon, fermer ses portes.
Comme l'hôpital du Perray-Vaucluse (Essonne), Maison-Blanche appartient à ces grands ensembles asilaires
qui ferment peu à peu. Courant 2006, la quasi-totalité des activités soignantes du site de Neuilly-sur-Marne
sera délocalisée sur les arrondissements du Nord-Est parisien.
L'atelier est d'autant plus menacé que trouver, à Paris, un local de grande dimension, suffisamment insonorisé
pour ne pas gêner le voisinage, n'est pas chose facile. Ce genre de site coûte cher et l'hôpital, qui n'est pas prêt
à en assumer la charge, n'a effectué aucune démarche concrète pour faire déménager l'atelier. La direction
estime qu'elle doit d'abord clarifier le statut juridique du Non- Faire : « Personne ne dément l'existence de
l'atelier, mais il faut que cette structure évolue vers une situation institutionnelle normalisée », affirme ainsi
Mme Pruniaux.
Pour la direction, une porte de sortie constituerait à transformer l'atelier du Non-Faire en un « club
thérapeutique », sur le modèle préconisé par le plan santé mentale du ministère de la santé. Petite structure
associative réunissant des patients, les clubs permettent des financements croisés Etat-collectivités
territoriales-hôpitaux. Mais, en attendant que le ministère établisse un cahier des charges les concernant, les
clubs n'ont pas encore d'existence officielle et aucune démarche ne peut être engagée.
Cette situation inquiète l'équipe du Non-Faire, d'autant que les solutions alternatives, type centres d'accueil
thérapeutique à temps partiel, impliquent un encadrement strict des activités menées avec les patients,
incompatible avec la philosophie de l'atelier. En filigrane, c'est la question de la capacité de l'hôpital
psychiatrique à tolérer des structures alternatives qui est posée.
« Si le club n'est pas créé, je m'engage au niveau de l'institution Maison-Blanche à trouver d'autres solutions
pour que le Non-Faire ne disparaisse pas », assure Jean Vuillermoz, élu (PCF) du 19e arrondissement et
président du conseil d'administration de l'hôpital.
L'équipe de l'atelier, elle, ne demande qu'un local pour poursuivre son activité . « Je porte toujours le même
dynamisme en moi, assure Christian Sabas. Mon rêve, c'est de créer un lieu, à Paris, pour une psychiatrie
ouverte à tous dans la ville, pour que les gens qui ont besoin de venir puissent y déverser quelque chose. »
Cécile Prieur
Christian Sabas, 44 ans, infirmier
psychiatrique, orchestre un atelier
d'art où les fous se libèrent. Goya
infirmier.
Eric FAVEREAU 20 septembre 1997
PORTRAIT
Christian Sabas est un cas, c'est-à-dire incasable. Ce qui est,
somme toute, logique chez quelqu'un qui a horreur d'enfermer les autres dans des étiquettes. «C'est la vie, je
ne saucissonne pas», dit-il. Un caméléon? Un fou? Ou bien un clown? Un inconscient? Un artiste? Un rasta?
Un joueur d'échecs? Ou de tennis? Certes, il est un peu tout ça... Mais aussi et d'abord un infirmier. Bêtement
un infirmier psychiatrique, comme l'indique sa profession. C'est-à-dire une personne habilitée à donner au
malade les soins nécessités par leur état, selon la définition du Robert. «Je ne cherche pas à faire quelque
chose de spécial ou de marginal. Je suis comme ça, je suis content de faire ce truc-là.» 10 heures, devant la
porte du pavillon de l'Atelier du non-faire. Trois personnes attendent. C'est un lieu unique, ouvert à tous vents,
planté en plein milieu de l'immense hôpital psychiatrique de Maison-Blanche, près de Paris; des malades
mentaux, des cas souvent très graves, vont et viennent, peignent et écrivent, sculptent ou font de la musique.
Christian Sabas ouvre la porte de ce hangar grand comme le Louvre. On s'y perd, il y a des tableaux partout,
des mots peints sur les murs, de longs couloirs remplis de couleurs éclatantes ou sinistres. «Christian? C'est le
maître de maison», dit joliment une malade. «Le lieu est très grand, parfois je me cache au bout d'une pièce.
Et c'est vrai qu'à chaque fois les patients me cherchent, ils ont besoin de savoir que je suis là, dans le lieu.» A
l'extrémité du bâtiment, un malade a insisté pour peindre sur une porte la silhouette de Christian. Bonne idée:
il est toujours là, comme un point d'ancrage. Rarement un lieu a autant collé à la peau de quelqu'un.
En 1983, l'ancien chef de service de ce secteur de psychiatrie ne savait quoi faire de ce Sabas, infirmier,
agaçant, toujours à part, n'en finissant jamais de jouer aux échecs avec les malades. Et ce psychiatre en chef
lui a dit: «J'en ai assez de vous. Mais je suis obligé de reconnaître qu'avec certains malades, vous avez un
contact unique. Alors, débrouillez-vous! Faites un atelier! Il y a des bâtiments libres. Allez- y!» Et ça a
marché. «Au début, ils m'ont donné des gens, des surveillants, raconte Christian. Mais ils venaient pour
diriger; et là, il n'y a rien à diriger.» Jani Namyas, psychiatre du secteur: «Sabas a un truc incroyable, il a la
bonne distance, comme ça, naturellement, avec les malades. Il sait s'approcher, et puis s'éloigner peu à peu,
tout doucement, s'il a été trop près.» Sabas précise juste: «Je ne pleure pas avec les malades. Quand ils
viennent ici, je ne leur demande rien, et surtout pas pourquoi ils viennent. Leur dossier médical ne m'intéresse
pas.»
Une scène cocasse. Ce jour-là, sous l'imposant plafond du Conseil économique et social, se tenait un débat sur
l'art et la thérapie des maladies mentales. Dans le vaste hall s'étalaient d'immenses tableaux peints par des
fous. Et pour y participer, du beau monde. Des psychiatres, des médecins-chefs, le directeur même de l'hôpital
psychiatrique Maison-Blanche étaient présents. Et tous théorisaient et s'emballaient «sur la créativité
thérapeutique», dissertant sur l'art-fou de cet Atelier du non-faire à l'origine de l'exposition. Christian Sabas ne
disait rien. A un moment, il lâche: «C'est juste un peu d'amour.» Silence. Puis une juriste est repartie aussitôt
sur la redoutable question de la propriété intellectuelle: «A qui appartient le tableau peint par une personne qui
n'a pas toute sa tête?...» Christian Sabas en sourit; il en rit, même. «Les psychiatres? Quand ils viennent à
l'atelier, ils veulent toujours récupérer les tableaux des patients pour les mettre, disent-ils, dans leurs services.
ça fait bien, non? Moi, les tableaux, je n'ai pas d'idée, je les regarde, je n'essaye pas de les comprendre.» Il
raconte juste: «La seule fois où j'étais mal, angoissé, c'est quand un médecin-chef est venu me voir, me disant
qu'un des ses patients voulait aller dans l'atelier. Je lui dis: "Ben oui, qu'il vienne, la porte est toujours ouverte.
Et ce médecin a ajouté: "Oui, mais, il a tué... Je ne sais pas, je trouvais ça totalement déplacé de me dire ça,
c'était grossier. Ici, les gens viennent. Ils sont dans l'urgence. Il faut qu'ils vident quelque chose, qu'ils se
débarrassent d'angoisses. Alors, ils tapent sur la batterie ou font un tableau. Jamais il n'y a eu le moindre
problème.»
«Pas de problème»... Si. L'envers du décor. Ah! Que ce serait bien si cela voulait dire que tout est simple et
tranquille, sans trous noirs ni malheurs, Christian Sabas étant le miroir du bon sauvage qui passe à travers
toutes les tempêtes grâce à sa naïveté! C'est évidemment une autre histoire. Christian Sabas, c'est aussi une
enfance en Guadeloupe dans une famille pauvre, «un père un peu âgé» et «une mère [qu'il aimait] moins».
Puis, comme tant d'autres Antillais, le chemin obligé du départ, puis l'arrivée en métropole en 1973, «pour le
travail». «J'ai passé le premier concours que j'ai lu dans le journal. C'était infirmier psychiatrique à l'hôpital de
Maison-Blanche, les études étaient payées.» La folie ne lui faisait pas peur? «Je n'en n'avais aucune image,
sauf les fêtes à Saint-Claude, en Guadeloupe, où les fous dansaient avec nous.» Le hasard, donc. Faut-il y
croire? «Je ne suis pas un sorcier», répète-t-il. Le passé? Il n'en parle pas trop, ni des années de galère, ni de
ces deux voyages qui l'ont profondément transformé, l'un à Berlin, l'autre en Afrique. Christian Sabas a mûri.
Et le résultat est là, aujourd'hui, avec cette incroyable présence auprès des malades, cette manière d'être
comme un funambule devant l'autre, sans le brusquer, sans l'oublier non plus. Il marche, il est là avec eux,
n'ayant rien d'autre à proposer qu'un peu de musique ou un bout de pinceau. Toujours très vigilant, jetant des
coups d'oeil pour s'assurer qu'Untel est encore là. Parfois, il y a des moments inouïs, comme cette fin d'aprèsmidi-là. Alors que tout semble partir dans tous les sens, plusieurs malades se mettent à jouer de la guitare, à
taper du tambour. Et ça prend, et ça reprend, et l'une se met à chanter. Et l'on dirait comme une mélodie.
«Les psychiatres n'aiment pas trop que les malades aient du plaisir, note Sabas. Dans mon atelier, il n'y a pas
de montre, pas de pendule. Alors que dans les services de soins, c'est toujours l'heure. C'est l'heure du goûter,
du médicament, des sorties. Ce n'est pas pour rien que l'on s'appelle l'Atelier du non-faire.» Et puis il y a le
soir. A 18 heures, Christian Sabas s'en va. Il part à quinze kilomètres de l'hôpital, près de Marne-la-Vallée,
dans une ferme. Une aile du bâtiment lui sert d'atelier. Là, il peint, seul, tous les jours, tout le temps, mais
toujours après le travail. Il peint des êtres humains, des foules. Il peint à la Goya, des formes qui sortent de
terre et peu à peu prennent des visages. «Peindre, ça m'aide à marcher, à rester debout, en équilibre.» Dans son
atelier, il parle beaucoup de la mort. «Il faut en parler beaucoup, c'est ça qui donne envie de vivre», dit-il. Il
peint sur des vieilles toiles de jute, on marche dessus. «Mes tableaux, parfois, je les appelle mes cadavres. Et
moi, je suis en vie.».
Christian Sabas en 4 dates:
1953: Naissance à Deshaies en Guadeloupe.
1973: Arrivée en métropole.
1983: Ouverture de l'Atelier du non-faire.
1997: Exposition au Conseil économique et social.
FAVEREAU Eric
Une découverte bouleversante aujourd'hui a changé toute ma vision de l'art pictural: La visite de
l'Atelier du Non Faire qui regroupait des centaines de toiles peintes par les patients de l'hôpital
psychiatrique de Neuilly/ Marne. Trente années de travail sur des supports de toutes sortes (toiles,
cartons, bois etc.). Il était pratiquement impossible de tout voir. Une promenade de deux heures à
regarder dans les coins et les recoins de ce labyrinthe dédale m'a donné la forte impression de visiter
l'intimité des âmes déchirées qui se projetaient en formes, lignes, couleurs et expressions brutes et
directes.
Tous les âges de l'expression artistique humaine étaient réunis et se mélangeaient, dialoguaient, une
rumeur de langage visuel qui disait la suprême vérité de la folie comme manifestation profonde du
désarroi devant une réalité réfractée dans la souffrance et la jubilation. Plus que jamais j'ai vu se
matérialiser devant mes yeux ébahis, la fameuse triangulation qui m'a souvent hanté, comme clé
chamanique de cette proximité ternaire, osmose de folie, prophétie, poésie, exempte du fade
bavardage des discours théoriques relatifs et lassants. Un miroir de l'immense cacophonie/harmonie
des infinies générations de corps parlants, d'esprits déroutés et déroutants.
Je vais très certainement aller encore interroger ce monde incroyable réuni grâce à la patience et
l'abnégation de Christian Sabas qui avait eu la géniale idée de créer cette activité dans l'asile et
recueillir ces messages qui m'ont paru s'adresser à moi en me pointant de l'index dessinateur-peintre
de l'ineffable douleur d'être et de la puissance du sentiment d'exister!
Zouzi Chebbi Mohamed Hassen
Philosophe soufi, poète, écrivain et docteur en philosophie