Avril 2015 - VNF Cargo

VNF
AVRIL 2015 – Nº10
partenaires
POUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA VOIE D’EAU
ACTUALITÉS
02 Seine-Escaut 2020
Remise du dossier
de subvention à l’Europe
ÉVÉNEMENT
04 Assises des chargeurs
du bassin du Rhin
Rencontres et débats pour
développer le transport fluvial
ENJEUX
08 Transport fluvial en 2014
VNF/FRANÇOIS MOURA
La progression
de nouvelles filières
INITIATIVES
09 Écocentre fluvial
Un projet innovant
pour le Grand Lyon
EN RÉSEAU
10 Canal du Midi
Restauration de la voûte
arborée : les campagnes
de replantation se poursuivent
DES FONDS EUROPÉENS
POUR DÉVELOPPER
LE TRANSPORT FLUVIAL
L’Union européenne est devenue un partenaire clé de VNF.
Plusieurs programmes de financement européens concourent
en effet à la compétitivité de la voie d’eau en permettant
la réalisation de projets locaux, nationaux et intraeuropéens.
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ÉDITO
ACTUALITÉS
SEINE-ESCAUT 2020
Stéphane Saint-André
(à droite) et (à gauche)
Marc Papinutti.
Projet stratégique :
le concerter et
le faire partager
Réuni le 13 mars 2015
à Béthune, le conseil
d’administration de VNF,
présidé par M. Stéphane
Saint-André, m’a donné
mandat de négocier et de
mettre à la concertation le
projet stratégique 2015-2020.
Dans le cadre de l’évolution
générale du contexte fluvial,
la stratégie retenue dans ce
projet repose sur la satisfaction
des besoins des clients et des
usagers, en veillant à proposer
une offre de qualité, réaliste,
correspondant aux besoins
réels et s’appuyant sur la
construction de nouvelles
relations partenariales,
pour renforcer l’action de
VNF et sa contribution à la
préservation de l’environnement
et de la ressource, au report
modal et au développement
économique des territoires.
du réseau, de la préservation
du patrimoine et de l’aménagement du territoire ;
_contribuer au développement
des activités au bénéfice du
report modal, de l’économie
touristique et des territoires ;
_construire un établissement
socialement et économiquement responsable.
Les échanges et les
concertations commencent
avec les principaux clients,
usagers et partenaires de la
voie d’eau, y compris les élus
et les collectivités locales, ainsi
qu’avec les représentants des
personnels de l’établissement.
Le projet amendé sera
définitivement adopté lors
du conseil d’administration
du 25 juin prochain.
Comme l’a annoncé
M. Alain Vidalies,
Le projet est construit autour secrétaire d’État chargé
des Transports,
de quatre orientations
à l’occasion de sa visite au
stratégiques :
siège de VNF, le 26 février,
_organiser le réseau fluvial
les travaux engagés pour la
géré par VNF en fonction
définition du nouveau projet
d’une offre de service
stratégique de l’établissement
raisonnée qui répond
serviront de socle pour établir
aux enjeux économiques
le contrat d’objectifs et
et environnementaux ;
_agir avec les acteurs institu- de performance entre VNF
et l’État, que nous espérons
tionnels et économiques au
pour la fin de l’année.
bénéfice du développement
Stéphane Saint-André,
président du conseil
d’administration de VNF
Le 26 février, à Lens, la France et la
Belgique ont acté la remise du dossier
de demande de subvention Seine-Escaut
2020 à la Commission européenne.
_La France, représentée
par Alain Vidalies,
secrétaire d’État chargé
des Transports, de la Mer
et de la Pêche, et la Belgique,
représentée par Maxime
Prévot, ministre wallon des
Travaux publics, de la Santé,
de l’Action sociale et du
Patrimoine, et Léo Clinckers,
représentant du ministre
flamand des Travaux publics
Ben Weyts, ont sollicité
le financement par l’Union
européenne de 40 %
des investissements réalisés
sur la période 2014-2020
sur l’ensemble du périmètre
du projet Seine-Escaut.
Ce dossier s’inscrit dans la
continuité de la déclaration
de Tallinn d’octobre 2013,
cosignée par les ministres
des Transports et des Travaux
publics des territoires
concernés et la Commission
européenne.
En France, ce projet inclut
la réalisation du canal
Seine-Nord Europe et les
opérations d’accompagnement conduites par VNF
en amont et en aval du canal
sur la Seine, l’Oise et dans le
Nord-Pas-de-Calais. Pour ces
opérations, les financements
européens obtenus compléteront ceux prévus dans
les contrats de plan
État-Région 2015-2020
en cours de finalisation.
« Après la décision de créer
une société de projet
chargée de réaliser le canal
Seine-Nord Europe (en
partenariat avec les collectivités territoriales), adoptée
par l’Assemblée nationale
fin janvier, le dépôt de
ce dossier de subvention
auprès de l’Union européenne permet de franchir
une nouvelle étape vers
la réalisation de ce grand
chantier, avec un objectif
de lancement des travaux
en 2017 et une mise en
service à partir de 2023 »,
a souligné Alain Vidalies.
Dans ce cadre, le ministre,
qui s’est rendu au siège
de VNF quelques heures
avant la signature, a indiqué
que « l’association de VNF
aux instances de gouvernance de la société de projet
permettra de garantir
la bonne coordination entre
les constructeurs et le futur
gestionnaire de l’ouvrage,
pour confier, au terme
des travaux de réalisation
du canal, l’exploitation
de cet ouvrage à VNF ».
Le 25 février, le ministre
a approuvé l’avant-projet
sommaire modificatif
du canal Seine-Nord Europe,
permettant à VNF de
préparer le dossier d’enquête
publique modificative
pour fin 2015.
© VNF/Blablapicture - D. Gauducheau
VNF/Blablapicture
Remise du dossier
de subvention
à l’Europe
Marc Papinutti,
directeur général de VNF
VNF partenaires
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03
EN BREF
BASSIN RHÔNE-SAÔNE
Les ports renforcent
leur coopération
_Sous l’égide de Jean-François Carenco, préfet
coordonnateur du bassin Rhône-Méditerranée, le Grand
Port maritime de Marseille (GPMM), le port maritime
de Sète, la Compagnie nationale du Rhône (CNR),
VNF et neuf ports fluviaux du bassin Rhône-Saône
(Pagny, Villefranche, Chalon-sur-Saône, Mâcon,
Lyon Terminal, Valence, Vienne sud-Salaise–Sablons,
Avignon-Le Pontet et Arles) ont signé le 21 janvier,
au port de Lyon Édouard-Herriot, les statuts d’une
nouvelle association : l’Agence de développement
Medlink Ports. L’assemblée constitutive s’est tenue
en présence de Christine Cabau-Woehrel, présidente
du directoire du GPMM, d’Élisabeth Ayrault, présidentedirectrice générale de la CNR, et de Marc Papinutti,
directeur général de VNF.
Cette signature, après une période d’expérimentation
dans le cadre du Comité des ports mis en place par le préfet
coordonnateur du bassin, scelle ainsi officiellement
la création d’une structure dédiée au quotidien à la
promotion et au développement du transport fluvial
pour l’ensemble du bassin. Conseil logistique-prospection,
services clients mutualisés et coopération technique,
actions harmonisées de promotion et de communication :
la nouvelle Agence de développement Medlink Ports agira
concrètement et uniformément vis-à-vis des donneurs
d’ordre et des chargeurs concernés sur le bassin pour
que le recours au transport fluvial devienne une évidence.
Durant l’année 2015, l’association élargira le partenariat
aux acteurs économiques (chargeurs, transporteurs,
fournisseurs, associations professionnelles) voulant faire
le choix du transport fluvial et du multimodal dans
leurs métiers ou souhaitant tout simplement s’associer
à la mise en œuvre de projets innovants qui répondent
aux attentes sociétales d’aujourd’hui.
Dans le sens du travail déjà engagé lors de la période
d’expérimentation, VNF et les collectivités continueront
de mettre en place des politiques publiques favorisant
le recours au transport fluvial et multimodal face aux enjeux
de la transition énergétique et à la saturation des axes
routiers de la vallée du Rhône, et pour le développement
durable des territoires.
C’est l’ancien président du Comité des ports, Noël Comte,
qui a été élu à l’unanimité président de Medlink Ports.
Avril 2015
_D’un coût total
de 4,7 M€, les travaux
sont en cours pour
moderniser les ouvrages
de la prise d’eau des
Lorrains, sur la rivière
Allier, destinés à
alimenter en eau
le canal latéral à la Loire.
Les hausses Aubert ont
laissé place à un système
de clapets et la passe à
poissons a été rénovée.
De juin à septembre,
les travaux porteront
sur la reconstruction
du déversoir et sur la
construction d’une zone
de débarquement
des canoës.
_La troisième phase
du chantier de réfection
de l’étanchéité
du pont-canal d’Agen,
le plus long pont-canal
d’Europe en maçonnerie,
a commencé cet hiver.
Les banquettes et le mur
parapet de cet ouvrage
bâti en pierre de taille
font également l’objet
d’une restauration
traditionnelle. 1,2 M€
sont investis sur les
4,2 M€ du programme,
cofinancé à 50 %
par la Région Aquitaine.
Econoflu
_VNF vient de mettre
à disposition des
opérateurs fluviaux
Econoflu, un nouvel outil
de calcul des aides
financières à la modernisation du matériel fluvial.
Ces aides sont allouées
par les énergéticiens
dans le cadre du
dispositif des certificats
d’économies d’énergie.
EN SAVOIR +
www.vnf.fr/econoflu
TOURISME « FLUVESTRE »
Signature du
contrat de canal
du Nivernais
Le contrat de canal du Nivernais
2014-2019 a été signé le 22 janvier
2015, à Clamecy, par le conseil
régional de Bourgogne (représenté
par son président, François Patriat),
VNF (représenté par Marc Papinutti,
directeur général), le conseil général
de la Nièvre et le conseil général
de l’Yonne, ainsi que les syndicats
mixtes d’équipement touristique
de la Nièvre et de l’Yonne. Ce contrat
distingue un socle d’opérations
majeures destinées à parfaire
l’offre de services aux utilisateurs
du tourisme fluvestre*. Premier
du genre, il est une déclinaison de la
« stratégie de valorisation touristique
des canaux et des rivières navigables
de Bourgogne » adoptée en
septembre 2012 par la Région,
qui finance 40 % des 8 M€ du
programme de contrat de canal.
*Activités sur et autour de la voie d’eau.
MOBILISATION
La pente d’eau
de Montech
Stéphane Saint-André, président
du conseil d’administration de VNF,
s’est rendu à Montech le 13 février
pour y rencontrer le député-maire
Jacques Moignard et réaffirmer l’intérêt
de VNF pour la remise en état de la
pente d’eau de Montech, un ouvrage
de franchissement de grande chute
unique au monde. Pour que le projet
aboutisse, la mobilisation de tous les
partenaires, des collectivités locales et
de l’Europe, notamment, est nécessaire.
VISITE MINISTÉRIELLE
Stéphane Saint-André, président du
conseil d’administration, et Marc Papinutti,
directeur général de VNF, ont accueilli,
le 24 février, Thierry Braillard, secrétaire
d’État chargé des Sports. Cette visite fut
l’occasion d’une conférence de presse
sur la pratique des sports nautiques
dans le contexte de l’application depuis
le 1er septembre 2014 des nouveaux
règlements de police de la navigation.
© VNF/Blablapicture - D. Gauducheau
© VNF/Philéas Fotos
VNF modernise
son réseau
_VNF modernise
et sécurise le barrage
de Pont-et-Massène.
L’ouvrage sert à réguler
et à alimenter en eau
le canal de Bourgogne
et joue un rôle essentiel
dans le captage
des eaux potables
d’une soixantaine
de communes autour
de Semur-en-Auxois.
D’un coût total de 15 M€,
les travaux visent à
conforter l’ouvrage et à
agrandir son évacuateur
de crues. Le démarrage
de la remise en eau est
annoncé pour novembre.
ÉVÉNEMENT
ASSISES DES CHARGEURS DU BASSIN DU RHIN
POUR DÉVELOPPER
LE TRANSPORT FLUVIAL
Achevées fin 2014, les Assises des chargeurs
du bassin du Rhin, organisées par VNF,
ont donné lieu à un an d’échanges pour définir
les conditions du développement du report modal.
Retour sur une démarche qui a suscité l’intérêt
des parties prenantes.
160
© VNF/ Blablapicture - Alexandra Lebon
PLUS DE 160 IDÉES
OU SOLUTIONS
SONT RESSORTIES
DES ATELIERS
DE RÉFLEXION
ORGANISÉS ENTRE
AVRIL ET JUIN 2014.
L
e 2 décembre 2014, dans le
grand amphithéâtre de l’ENA, à
Strasbourg, quelque 200 participants, dont une centaine de
chargeurs, avaient répondu présent au colloque de synthèse des Assises
des chargeurs du bassin du Rhin, lancées un
an auparavant par VNF. Pour Guy Rouas,
directeur de la direction territoriale de
Strasbourg de VNF, cette forte participation
témoigne de l’intérêt suscité par la démarche : « Au coup d’envoi des Assises, en
décembre 2013, il n’y avait que 80 participants, dont seulement une vingtaine de chargeurs. En un an, nous avons réussi à attirer
Écluse de Gambsheim L’anticipation des conditions
de navigation sur le fleuve est un enjeu
majeur du futur Système d’information
fluviale Rhin supérieur (SIFRS).
toute une communauté d’acteurs économiques susceptibles de devenir des donneurs
d’ordre en transport fluvial. C’est par eux que
le report modal peut se développer. »
Pour cela, VNF leur a donné la parole lors de
six ateliers organisés au printemps 2014 : cinq
étaient destinés aux chargeurs, regroupés
par filières (produits agricoles, matériaux de
construction, conteneurs, bois, chimie hydrocarbures), et un aux professionnels du
transport. « L’enjeu était d’identifier les freins
qu’ils rencontrent au transport fluvial et les
pistes de progrès à explorer, poursuit Guy
Rouas. En tout, 160 idées ont émergé, que
nous avons ensuite traduites en quatre
grandes conditions. »
Le besoin de renouveler la cale
Première d’entre elles, le renouvellement de
la cale et la modernisation du financement,
de la profession et de la formation. « Pour
plusieurs filières, la cale actuelle, de type
Freycinet, est ancienne et inadaptée à certains trafics d’aujourd’hui, comme le transport de colis lourds ou de conteneurs. En
outre, il n’est pas rare que les chargeurs ne
trouvent pas de bateaux pour effectuer leurs
transports, explique Guy Rouas. L’émergence
d’une cale intermédiaire, de quelques centaines de tonnes, pourrait répondre à ces difficultés. » Pour faire face aux investissements
lourds qu’impliquerait ce renouvellement, les
petites entreprises du transport fluvial pourraient se regrouper, tandis qu’un traitement
particulier serait demandé aux banques.
Quant à la formation, elle concerne en priorité les pilotes, en sous-nombre. « Sur le Rhin,
il faut un grand nombre de jours de navigation avant de pouvoir piloter. Sans nuire à la
qualité de la formation ni à la sécurité de la
navigation, il serait intéressant d’encourager
les outils de simulation », soutient Guy Rouas.
Anticiper les conditions de navigation
Autre clause du report modal apparue lors
des Assises, l’anticipation des conditions de
navigation sur le fleuve, dont les périodes de
basses eaux sont fréquentes, et le développement de l’information fluviale. C’est tout l’enjeu du Système d’information fluviale Rhin
supérieur (SIFRS) actuellement développé
par VNF et EDF. « L’objectif du SIFRS est de
donner quasiment en temps réel les conditions hydrologiques du Rhin pour optimiser les
VNF partenaires
PAGE
© VNF
05
Port de Strasbourg
Pour améliorer la compétitivité de la chaîne fluviale,
intégrer une partie de la chaîne logistique est essentiel.
modalités de chargement et de navigation,
précise Guy Rouas. L’outil sera mis à disposition des acteurs du transport, mais aussi des
ports et des chargeurs, dès 2016. Toute la
chaîne logistique peut y trouver un intérêt. »
Pour une chaîne fluviale compétitive
La troisième condition de la réussite est l’amélioration de la compétitivité de la chaîne fluviale. « La plupart des chargeurs ne sont pas
en bord à voie d’eau et doivent utiliser plusieurs modes de transport pour pouvoir recourir au fluvial, sans compter les ruptures de
charges. Compte tenu de la complexité de
cette chaîne et de la multiplicité des organisateurs, il existe, pour les chargeurs, une réelle
incertitude sur les coûts et la qualité, raconte
Guy Rouas. L’une des solutions serait d’intégrer une partie de la chaîne : de nouveaux
acteurs pourraient faire à la fois du transport
routier, de la manutention et du transport fluvial, et permettre ainsi aux chargeurs de se
limiter à une seule et même commande. »
La dernière condition tient en un mot : communication. L’enjeu du transport de marchandises
sur la voie d’eau trouve en effet peu d’échos
dans les médias et auprès des hommes politiques qui décident de l’aménagement des
territoires. « Nous devons faire du lobbying
auprès d’eux pour que le transport fluvial soit
mieux pris en compte dans le schéma global
des transports des territoires. Il faut faciliter,
par exemple, les accès routiers à la voie
d’eau », estime Guy Rouas.
80
CHARGEURS ET
PROFESSIONNELS
DU TRANSPORT
ONT PARTICIPÉ
AUX ATELIERS
DE RÉFLEXION.
Une première étape
Si les Assises des chargeurs du bassin du Rhin
sont aujourd’hui terminées, elles ne représentent toutefois qu’une première étape. « L’objectif est désormais de poursuivre le travail au
sein d’instances représentatives », plaide Guy
Rouas. C’est tout l’enjeu du futur conseil
d’orientation du transport fluvial sur le Rhin,
annoncé le 2 décembre par le préfet de la
Région Alsace, Stéphane Bouillon, pour qui
une telle enceinte permettrait « d’échanger, de
lancer des expérimentations et de faire des
propositions aux pouvoirs publics locaux, nationaux et européens tout au long de l’année ».
VNF a déjà fait des suggestions concernant sa
composition et son mode de fonctionnement.
« L’idée, conclut Guy Rouas, est d’avoir des
collèges qui disposent d’une légitimité pour
agir dans le transport fluvial : collectivités territoriales, monde du transport, monde de
l’entreprise et services de l’État. » 3 QUESTIONS À/
STÉPHANE BOUILLON, PRÉFET DE LA RÉGION ALSACE
« Le conseil d’orientation du transport fluvial
sur le Rhin aura un rôle important à jouer. »
Avril 2015
_ Le 2 décembre, lors du
colloque de synthèse des
Assises des chargeurs du
bassin du Rhin, vous annonciez
la création d’un conseil
d’orientation du transport
fluvial sur le Rhin, poursuivant
la démarche initiée par VNF.
Qu’attendez-vous de cette
instance ?
Ce conseil sera le lieu
d’échange entre l’État, les
collectivités, les ports et le
monde économique. Il sera
le relais des préoccupations
de chacun en termes de coûts,
de développement de l’offre,
de réglementation. Il permettra
l’accompagnement du fluvial
dans le quotidien et dans
une perspective stratégique,
de faire un point économique,
de tester et analyser les projets
de réformes pour être un lieu
de proposition et de réaction.
À l’heure où l’Europe prépare
la création de corridors
internationaux de transport,
le futur conseil aura un rôle
important à jouer.
_ VNF s’affirme aujourd’hui
comme un acteur au service
du développement et de
l’attractivité des territoires,
à côté des acteurs locaux,
principalement les collectivités
locales. Comment voyez-vous
le rôle de VNF et qu’attendezvous de celui-ci ?
VNF est un acteur essentiel
du territoire alsacien, où l’axe
rhénan structure une des plus
importantes régions européennes. Il œuvre pour la
transition écologique et
© Préfecture
_ L’année 2014 a été l’occasion
de nombreux échanges entre
tous les acteurs du fluvial.
Que retenez-vous de ce
travail et comment va-t-il
se traduire concrètement ?
Ces échanges ont fait suite
aux travaux fructueux sur le
schéma portuaire du bassin
du Rhin. Je retiens tout d’abord
la conclusion des Assises des
chargeurs, aboutissement
d’une année de travail, qui
ont suscité un intérêt marqué
dans la profession.
Ces travaux ont permis de
tirer les conséquences de la
complexité du mode, et de
nouer le contact avec tous
les acteurs intervenant dans
le fluvial : un partenariat élargi
dont les Assises doivent être
un des symboles.
énergétique, et en faveur de
la massification et de l’amélioration de la compétitivité du
fluvial. C’est dans ce cadre que
VNF inscrit ses missions de
gestion et de développement
du réseau, avec notamment la
mise en œuvre du volet fluvial
du CPER et de ses projets
innovants. VNF assurera la
poursuite de l’animation et
de la coordination des acteurs,
en tant que secrétaire du
conseil d’orientation, pour
définir les stratégies et les
aménagements de demain.
ENJEUX
Saint-Bond
Reconstruction
du barrage
INVESTISSEMENTS
POUR DÉVELOPPER
LE TRANSPORT FLUVIAL
L’Union européenne est devenue un partenaire clé de VNF et un acteur essentiel
dans la conduite des missions de l’Établissement. Plusieurs programmes
de financement européens concourent en effet à la compétitivité de la voie d’eau
en permettant la réalisation de projets locaux, nationaux et intraeuropéens.
DOSSIERS DE
FINANCEMENT SONT
ACTUELLEMENT SOUMIS
AU MIE PAR VNF
ET SES PARTENAIRES,
DONT UN SUR LA LIAISON
SEINE-ESCAUT.
111
MILLIONS D’EUROS,
C’EST LE MONTANT TOTAL
DE L’INVESTISSEMENT
QUE REPRÉSENTENT
QUATRE AUTRES DOSSIERS.
D
Financer les « maillons manquants »
En premier lieu, l’Union européenne intervient
dans la résorption des « goulots d’étranglement » sur le réseau européen de grand gabarit et participe au financement de projets
transnationaux, par le biais du nouveau mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE).
Adopté en novembre 2013, le MIE doit ainsi
accélérer la réalisation des « maillons manquants » en matière de transports, d’énergie
et de télécommunications en Europe.
Le volet transport est doté de près de 26 milliards d’euros pour la période 2014-2020. Une
partie des fonds va cofinancer la construction des infrastructures prioritaires du réseau
© VNF/Philéas Fotos
5
ans un contexte budgétaire
national parfois tendu,
l’Union européenne est un
levier puissant d’accompagnement de l’investissement de VNF. « Nous faisons
appel à son soutien à la fois
pour développer le réseau fluvial pour de nouvelles réalisations, mais aussi pour moderniser
et ainsi pérenniser l’existant », confirme Isabelle Andrivon, directrice générale adjointe de
l’Établissement.
transeuropéen de transport (RTE-T). « Le
canal à grand gabarit Seine-Nord Europe
ainsi que le réseau à grand gabarit adjacent
au nord et au sud, regroupés dans le projet
Seine-Escaut, entrent dans ce cadre », précise Isabelle Andrivon.
C’est l’accord de Tallinn, signé le 17 octobre
2013 par les ministres des Transports et le com-
VNF partenaires
PAGE
missaire européen concernés, qui définit le
périmètre de la liaison Seine-Escaut entre la
France, la Belgique et les Pays-Bas. Celle-ci permettra de relier plus efficacement les ports
maritimes et les ports intérieurs du nord-ouest
de la France, de la Belgique et de l’Europe. Ce
projet global, associant un nouveau tronçon à
grand gabarit entre les bassins de la Seine et
du Nord-Pas-de-Calais et plus globalement du
Benelux, assurera la mise à niveau d’un réseau
fluvial cohérent et pertinent, tant en France
qu’en Belgique, pour le développement d’une
logistique alternative fluviale et l’essor de
« l’hinterland » des ports maritimes français. Il a
donc toutes les caractéristiques requises pour
bénéficier d’une aide européenne. « Le dossier
du projet Seine-Escaut est coordonné par le
siège de VNF, qui prépare les dossiers soumis
au titre du MIE en collaboration avec les équipes
opérationnelles des deux directions territoriales
concernées et avec les partenaires belges et
l’État français », ajoute Isabelle Andrivon (voir
l’article sur la remise, le 26 février, du dossier de
demande de subvention à l’Union européenne
pour le projet Seine-Escaut, en page 2).
Financer des projets régionaux
VNF soumet par ailleurs régulièrement des dossiers aux fonds structurels et d’investissement
européens, en particulier au Feder (Fonds européen de développement régional), dont la vocation est de renforcer la cohésion économique
et sociale en Europe en corrigeant les déséquilibres entre ses régions. « Les dossiers sont pilotés par nos directions territoriales, qui agissent
en liaison étroite avec leurs partenaires locaux.
Les demandes sont faites notamment dans le
cadre de contrats de plans et de contrats de
projets, avec le souci constant de soumettre à
l’Union européenne des dossiers robustes et
fédérateurs sur les territoires », précise Isabelle
Andrivon. Des fonds européens ont ainsi été
utilisés pour aménager la ligne droite de Carnon
dans le cadre de la modernisation du canal du
Rhône à Sète, pour réaliser des postes d’attente
sur le périmètre Rhône-Saône, mettre en place
des passes à poissons sur la Seine aval (à Andrésy et Poses), rénover les écluses de Vinneuf,
Saint-Bond et Villeperrot ou encore reconstruire le barrage de Saint-Bond, dans l’Yonne.
« Nous ne sollicitons pas les autorités européennes uniquement pour des projets d’infrastructure, souligne Isabelle Andrivon. Le Feder a
par exemple apporté 50 % des financements
nécessaires à la création d’un service d’information fluvial homogénéisé et renforcé sur le bassin Saône-Rhône-canal du Rhône, qui permettra
de déployer sur l’axe un réseau de télécommunications performant et de sécuriser le transport
fluvial grâce à la mise à disposition d’un système
d’aide à la navigation. »
Soutenir l’innovation
La contribution de l’Europe à l’avenir de la voie
d’eau ne s’arrête pas en effet aux seules infrastructures. « Elle s’implique également dans
des démarches plus prospectives au travers
d’études spécifiques ou de démarches fédérées entre acteurs européens pour la recherche et l’émergence de solutions ou de
pratiques innovantes pour le transport, indique
Avril 2015
3 QUESTIONS À/
DOMINIQUE RIQUET, VICE-PRÉSIDENT DE LA COMMISSION
TRANSPORTS ET TOURISME AU PARLEMENT EUROPÉEN
« Comment VNF inscrit son action
avec les financements européens. »
(River Information
Service) et des carburants alternatifs.
L’enveloppe transport
du MIE (26 milliards
d’euros) est faible
comparé aux besoins
d’investissement estimés
(500 milliards d’euros)
pour le transport en
général d’ici à 2020,
mais elle représente
un levier déterminant.
DR
© VNF/Blablapicture – Maria Spera
07
_ L’Union européenne
affiche une ambition
pour les transports avec
un budget significatif
pour les prochaines
années. Quelle est
la place du fluvial
dans cette politique
de grands corridors
multimodaux ?
Le transport fluvial est
clairement l’une des
priorités du mécanisme
pour l’interconnexion
en Europe, le nouveau
fonds infrastructure
de l’Union. Sur les neuf
corridors du réseau
central, sept incluent
des projets en relation
avec ce mode de
transport. À ce titre,
les études et les travaux
peuvent bénéficier d’un
cofinancement de 20
à 50 %. Il est aussi prévu
de soutenir le développement du système
de gestion du trafic RIS
_ Quels sont les enjeux
pour le secteur fluvial
dans les prochaines
années ? Comment
la France peut-elle
contribuer à faire
émerger cette politique
de réseau que Bruxelles
promeut aujourd’hui ?
Les enjeux sont
multiples. Il s’agit tout
d’abord de créer des
infrastructures ou de
moderniser celles qui
existent, pour passer au
transport fluvial massifié
et standardisé. Nous
devons également
assurer l’interconnexion
logistique avec les
grandes plates-formes
(ports, plates-formes
terrestres) en nous
inscrivant dans les
grands corridors
européens et conduire
le renouvellement de la
flotte, qui devra s’adapter
Isabelle Andrivon. VNF participe ainsi à la
plate-forme d’échanges européenne Platina 2,
dont les travaux sont financés par la Commission européenne. » À l’origine, il y a Naiades :
ce programme européen a été créé en 2006
pour donner un nouveau souffle au développement du transport fluvial, en soutenant
notamment des efforts d’innovation technologique. Avec une vingtaine de partenaires
venus de neuf pays d’Europe, VNF est l’un des
acteurs d’un projet né grâce à Naiades : Platina 2
(Platform for the Implementation of Naiades).
« Platina 2 va faciliter l’émergence de transports intelligents, verts et intégrés. Il permet
de structurer l’action sur les services d’information, les besoins de modernisation de la
cale, d’échanger sur les bonnes pratiques en
matière de maintenance des réseaux… Grâce
à de tels projets, l’Union européenne renforce
l’innovation dans le secteur fluvial », conclut
Isabelle Andrivon.
aux exigences de volume
et d’écologisation.
Enfin, il est important
de conforter le statut
socioprofessionnel des
bateliers, d’améliorer leur
formation et d’assurer la
relève des générations.
_ La France, comme
tous les pays de l’Union,
a des ambitions en
matière d’infrastructures
et de réseaux. L’Europe
saura-t-elle être au
rendez-vous de ces
projets ?
L’Europe est déjà très
présente en matière
d’infrastructures et
de réseaux, notamment
via le mécanisme pour
l’interconnexion en
Europe, les orientations
pour le développement
du réseau et le plan
Juncker. Je m’inquiète
plutôt du fait que les
États membres, dans
leur crise des finances
publiques, ont considéré
les infrastructures de
transport comme une
variable d’ajustement.
Le retour de la compétitivité, de la croissance
et de l’emploi ne sera
possible qu’avec une
solide politique d’investissement dans les
infrastructures, notamment de transport.
3,2
MILLIARDS D’EUROS
C’EST LE MONTANT TOTAL
DES TRAVAUX ENTREPRIS
POUR LA RÉALISATION
DU PROJET SEINE-ESCAUT
SUR LA PÉRIODE 2014-2020,
LA CONTRIBUTION
DE L’EUROPE ÉTANT
SOLLICITÉE À HAUTEUR
DE 40 %.
PAGE
08 ENJEUX
TRANSPORT FLUVIAL EN 2014
DE NOUVELLES
FILIÈRES
-2 %
BAISSE SUR LE TRAFIC FLUVIAL
GLOBAL EXPRIMÉ EN TONNESKILOMÈTRE. UN RÉSULTAT
TÉMOIGNANT DE LA STABILITÉ
DE L’ACTIVITÉ, COMPARÉ À
CEUX DE LA ROUTE ET DU RAIL.
L
+9,4 %
HAUSSE DU TRANSPORT
DE PRODUITS AGRICOLES
(CÉRÉALES ESSENTIELLEMENT).
+4,7 %
HAUSSE DU TRANSPORT DE
CONTENEURS, REPRÉSENTANT
UN TOTAL DE 557 000 EVP1.
-10,8 %
BAISSE SUR LE TRANSPORT
DE MATÉRIAUX DE
CONSTRUCTION, LIÉE AUX
DIFFICULTÉS DE LA FILIÈRE BTP.
1. EVP : ÉQUIVALENTS VINGT PIEDS, UNITÉ
DE MESURE DU TRANSPORT PAR CONTENEURS.
UN CONTENEUR D’UN EVP MESURE 2,591 M
DE HAUT (= 8,5 PIEDS) X 2,438 M DE LARGE
(= 8 PIEDS) X 6,058 M DE LONG (= 20 PIEDS).
e transport fluvial, comme la
route ou le rail, est souvent
considéré comme un baromètre de l’activité économique. « Dans un contexte global morose, les résultats du
fluvial, en légère baisse de 2 %,
témoignent de la stabilité de nos activités,
déclare Nicolas Brutin, chef de la division
des Ports, des Études et de la Stratégie de
VNF. Pour autant, ce chiffre global correspond à des évolutions contrastées selon les
secteurs. »
Un des plus dynamiques est celui des produits agricoles : les quantités transportées
ont augmenté de 9 % en 2014, du fait d’une
bonne campagne céréalière. Cette filière,
qui représente 31 % du trafic fluvial en
tonnes-kilomètre, a largement contribué au
soutien de l’activité. C’est surtout le marché
de grande exportation, principalement vers
les ports de Marseille, Rouen et Dunkerque,
qui a progressé ; le marché intracommunautaire (bassins du Rhin, de la Moselle, et
du Nord-Pas-de-Calais) étant moins actif.
Dynamisme retrouvé
Le transport de produits métallurgiques,
ferrailles pour alimenter les aciéries ou produits semi-finis, a également progressé
d’environ 10 %. « Ce bon résultat souligne
que le fluvial est toujours un mode de transport adapté aux marchés industriels lourds,
et pas seulement aux céréales en vrac, souligne Nicolas Brutin. Cela reste donc un axe
de développement important. »
C’est le cas également du transport de
conteneurs, qui enregistre une hausse de
4,7 %, avec un total de 557 000 EVP1. Ce
type de trafic, fortement lié à l’activité des
© VNF/Philéas Fotos
Dans un contexte économique difficile,
le transport fluvial a affiché une relative
stabilité en 2014, en comparaison avec
les autres modes de transport. La croissance
de trois filières – métallurgique, conteneurs
et produits agricoles – éclaire le potentiel
de développement de l’activité de VNF.
ports maritimes, et qui bénéficie du dynamisme actuel du port de Marseille, représente aujourd’hui 11 % du trafic fluvial. Ce
sont principalement les bassins rhodaniens
et du Nord-Pas-de-Calais qui tirent cette
croissance.
L’ensemble de ces bons résultats a contribué à compenser la baisse d’activité de
certains secteurs moins dynamiques. Le
transport de charbon a continué sa baisse
et il ne représente aujourd’hui que 5 %
du trafic.
La conjoncture difficile dans la construction
a impacté directement le transport fluvial de
matériaux, en baisse de 10 % en tonnes-kilomètre et 5 % en tonnes, le bassin de la
Seine étant le plus touché. « Les difficultés
dans le BTP pèsent lourdement sur cette
activité, précise Nicolas Brutin, le secteur
représentant 29 % du trafic, au deuxième
rang derrière les produits agricoles. »
En 2015, il est peu probable que ces difficultés s’estompent, mais les premiers chantiers
du Grand Paris, en 2016, devraient apporter
une embellie. « Nous analysons également
avec intérêt le développement de nouveaux
secteurs, comme le transport de biomasse,
conclut Nicolas Brutin, un secteur qui n’existait pas il y a quatre ans. »
VNF Partenaires
PAGE
© VNF
INITIATIVES 09
Écocentre fluvial
sur les quais lyonnais.
DÉVELOPPEMENT DURABLE
GRAND LYON :
VNF s’associe au projet porté par Sita,
la Compagnie nationale du Rhône (CNR)
et la Compagnie fluviale de transport (CFT),
qui consiste à donner naissance, d’ici à 2016,
à un écocentre fluvial sur l’agglomération
lyonnaise. Un projet innovant en matière
de logistique urbaine, qui répond
à de nombreux défis environnementaux.
7
catégories de déchets
concernées par le futur
écocentre fluvial, qui
exclura cependant
les déchets ménagers.
1150
tonnes. C’est la capacité
du pousseur, sachant
que la barge aura un
poids de 600 tonnes et
qu’elle pourra accueillir
82 bacs de déchets,
soit 25 tonnes environ.
Avril 2015
S
ita, filiale de Suez Environnement, la Compagnie nationale
du Rhône (CNR), la Compagnie
fluviale de transport (CFT) et
VNF ont signé un protocole
de partenariat le 2 décembre
dernier, à l’occasion du salon
Pollutec, afin de réunir leurs
expertises pour bâtir un projet innovant
d’écocentre fluvial, et proposer à la métropole
lyonnaise d’être pilote de cette première
expérience en France.
Avec ce projet, les quatre partenaires
entendent tirer parti des atouts logistiques du
territoire dense et traversé par une voie d’eau
qu’est le Grand Lyon, pour valoriser ses déchets, tout en privilégiant un mode de fonctionnement sobre en énergie. VNF, de son
côté, entend tirer parti de cette expérience
pour améliorer globalement l’offre fluviale en
réponse aux problématiques de transport des
déchets, y compris sur d’autres bassins.
Améliorer la collecte de matières valorisables
Conçu comme un service de proximité pour
les riverains, l’écocentre fluvial viendra s’amarrer chaque jour en un lieu de collecte différent
sur les quais du Rhône ou de la Saône. « Les
déchets seront ensuite acheminés vers le port
Édouard-Herriot par le biais d’une barge dirigée
par un pousseur équipé d’un moteur à propulsion 100 % électrique, ne dégageant ni
CO2 ni particules fines, et directement inspiré
de Promovan, le projet de recherche de VNF en
faveur de nouvelles sources d’énergie pour la
propulsion des bateaux de charge. Ils seront
ensuite envoyés dans des centres spécialisés
pour valorisation », explique Cécile Cohas,
chargée de mission recherche et innovations
à la direction territoriale Rhône-Saône de
VNF. « Sept catégories de déchets seront
concernées : encombrants, gravats, meubles,
ferraille, déchets verts, cartons et déchets
d’équipements électriques et électroniques
(D3E) », précise Vincent Borel, directeur développement de Sita Centre Est. Les déchets
seront ensuite envoyés dans des unités de
traitement situées en région lyonnaise, pour
être valorisés en nouvelles ressources matières,
organiques ou énergétiques.
À l’arrivée, cet écocentre d’un nouveau genre
apportera des réponses aux nombreux défis
qui se posent aux villes de demain, que ce soit
en matière d’économie circulaire, de transition
énergétique ou encore de logistique urbaine
fluviale. Il démontrera aussi que développement économique et protection de l’environnement peuvent faire bon ménage. Pour
l’heure, Sita, la CNR, la CFT et VNF travaillent
à un « projet démonstrateur » prévu en septembre 2015. Le déploiement de l’écocentre
fluvial est programmé pour 2016.
C’est dit…
« En s’inscrivant pleinement
dans la logique de l’économie
circulaire, l’écocentre fluvial
augmentera le recyclage
de déchets tout en réduisant
les quantités à incinérer. »
Vincent Borel, directeur
développement de Sita Centre Est
ENJEUX
EN
RÉSEAU
Restauration Replantations effectuées sur le site
de Colombiers, dans l’Hérault, en mars 2015.
CANAL DU MIDI - RESTAURATION DE LA VOÛTE ARBORÉE
SE POURSUIVENT
Face à la maladie du chancre coloré, qui décime les platanes du canal
du Midi, VNF, avec le soutien financier des collectivités territoriales et
des dons en provenance du mécénat, poursuit les campagnes d’abattage
des arbres malades tout en accélérant la plantation de nouvelles essences.
200 M €
(HORS FRAIS DE MAÎTRISE
D’ŒUVRE) DE BUDGET
SUR VINGT ANS, SOIT : 54 M€
POUR LES PLANTATIONS,
68 M€ POUR L’ABATTAGE,
72 M€ POUR LA DÉFENSE DES
BERGES ET 6 M€ POUR LES
MESURES DE PROTECTION.
1 000
PLANTS REPLANTÉS DANS
L’HIVER 2014-2015 SUR HUIT
SITES DU CANAL DU MIDI
(MONTRÉAL-DE-L’AUDE,
TRÈBES, MARSEILLETTE,
PUICHÉRIC – LA REDORTE,
HOMPS, PARAZA,
COLOMBIERS, BÉZIERS).
D
epuis 2006, 14 000 platanes
atteints par la maladie
du chancre coloré ont été
abattus le long du canal
du Midi. Cette année encore,
près de 4 000 arbres seront
abattus. La bataille contre le
champignon qui menace la voûte arborée du
canal du Midi n’a jamais été aussi vive.
Une voûte arborée condamnée
Depuis la découverte du premier foyer d’infection, en 2006, la maladie du chancre coloré n’a
cessé de progresser. Sur les 42 000 platanes
qui longeaient initialement le canal entre
Toulouse et Sète, près de 15 000 sont aujourd’hui concernés. Face à ce phénomène,
VNF n’a pas d’autre choix que de couper et de
brûler sur place les arbres malades, comme
l’exige la réglementation.
Cette solution radicale s’explique par la nocivité
du chancre coloré et l’absence de traitement
alternatif. Ce champignon microscopique s’attaque exclusivement au platane. Probablement
arrivée par les caisses de munitions des troupes
américaines à la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette maladie est aujourd’hui incurable,
malgré les programmes de recherche mis en
œuvre en France et à l’étranger. Le champignon
pénètre dans le platane par le biais d’une
blessure. Celle-ci peut être due à des travaux
forestiers – un outil non désinfecté favorise la
contamination – ou causée aux racines par des
bateaux. Une fois dans l’arbre, le champignon
bouche progressivement les canaux de sève de
l’arbre, qui meurt dans les trois à cinq ans.
Sa propagation trouve sur le canal du Midi un
environnement malheureusement propice : les
platanes ont été plantés rapprochés – moins de
8 mètres d’intervalle –, et leurs racines ont pour
particularité de se souder entre elles, ce qui
crée un important réseau racinaire continu. À
plus ou moins longue échéance, l’ensemble des
platanes du canal du Midi semble condamné.
Deux campagnes d’abattage par an
Depuis 2009, deux campagnes d’abattage sont
menées chaque année, la première entre le
15 février et le 15 avril, la seconde du 15 août au
15 novembre. Le choix de ces périodes tient
VNF partenaires
PAGE
11
compte de la biodiversité. En effet, les cavités
des platanes abritent des espèces protégées,
comme le rollier d’Europe, un petit oiseau de
couleur turquoise, et des chauves-souris.
« Nous évitons la période hivernale, durant
laquelle les chauves-souris hibernent dans
les arbres, et la période printanière et estivale,
où la plupart des oiseaux viennent nicher et
se reproduire, explique Évelyne Sanchis, responsable de la mission des politiques environnementales et patrimoniales à la direction
territoriale Sud-Ouest de VNF. En attendant
que de nouveaux arbres viennent remplacer les
platanes, des nichoirs sont en voie d’installation
sur le linéaire. »
© VNF
Un budget de 200 millions d’euros
Sur le plan budgétaire, le projet de reconstitution du patrimoine arboré du canal du Midi
s’élève à 200 millions d’euros. Un financement
assuré en trois tiers. Un tiers par l’État/VNF, un
tiers par les collectivités territoriales et un tiers
par du financement innovant, dans lequel
s’inscrit le mécénat mis en place par VNF.
Émilie Collet, membre de la mission des politiques
environnementales et patrimoniales de la DT Sud-Ouest
de VNF, à la pépinière de Nébias, dans l’Aude.
Avril 2015
Des travaux soumis
à autorisation ministérielle
© VNF
© VNF
À la recherche de l’essence « jalon »
Parallèlement à la coupe des platanes malades,
VNF replante de nouvelles essences conformément au programme de restauration des
plantations lancé par VNF et ses partenaires en
2012, et dont la réalisation s’étirera sur vingt ans.
Compte tenu de l’inscription du canal au Patrimoine mondial de l’humanité et du classement
au titre des Sites protégés du domaine public
fluvial, le projet, qui a nécessité quatre années
de préparation, a été validé en 2012 par la
Commission supérieure des sites, perspectives
et paysages. Cette procédure implique des
autorisations ministérielles annuelles avant
d’engager les travaux (voir encadré).
« Le projet prévoit de replanter une essence
emblématique, dite essence ‘’jalon’’, pouvant
atteindre plus de 30 mètres de haut, raconte
Évelyne Sanchis. Pour la sélectionner, nous allons tester plusieurs essences exotiques durant
dix ans, une expérimentation que nous avons
commencé à faire. L’essence retenue jalonnera
l’ensemble du linéaire, en alternance avec des
essences plus classiques, telles que l’orme résistant, le micocoulier, le pin parasol, le peuplier
blanc ou encore le chêne chevelu, que nous
continuons de planter sur les rives du canal du
Midi. » Pour l’hiver 2014-2015, VNF plantera
près de 1 000 arbres. Près de 2 300 nouveaux
arbres auront ainsi été replantés sur le canal du
Midi depuis 2011.
PARTENARIAT DREAL/VNF
> L’inscription en 1996 du canal
du Midi sur la liste du Patrimoine
mondial de l’humanité par l’Unesco
a entraîné un renforcement
de la protection juridique
du patrimoine du canal en
droit français. De 1996 à 2001,
le domaine public fluvial de
l’ouvrage a été classé par l’État
au titre des Sites. Ce dispositif
réglementaire constitue une
servitude d’utilité publique gérée
par les directions régionales de
l’environnement, de l’aménagement
et du logement (Dreal).
« Dans ce cadre, toute action
d’abattage d’arbres ou de plantation nécessite une autorisation
spéciale de travaux du ministre
de l’Environnement », explique
Muriel Saint-Sardos, responsable
de la division Sites et Paysages
à la Dreal Languedoc-Roussillon.
Les inspectrices des sites de la
Dreal sont chargées de l’instruction
du dossier présenté par VNF.
Elles rapportent le projet devant
la commission départementale
de la nature, des paysages
et des sites (CDNPS), qui émet
un avis, avant la transmission
du projet au ministre, pour
autorisation. « C’est dans ce
contexte que la Dreal et VNF
travaillent en étroite collaboration.
Nous avons réfléchi dans un
premier temps à la définition
d’un cahier de référence interrégional qui programme sur
vingt ans la plantation de nouvelles
essences sur le canal du Midi,
poursuit Muriel Saint-Sardos.
Ce projet est mis en œuvre en
tranches annuelles de travaux.
Nous sommes engagés dans
un travail partenarial de longue
haleine qui mobilise fortement
les équipes de VNF et des Dreal. »
INITIATIVES ET EXPÉRIMENTATION
Chancre coloré,
la recherche se poursuit
Si la plupart des organismes scientifiques
français et étrangers
ont cessé toute
recherche sur
le chancre coloré,
deux initiatives
récentes méritent
d’être signalées.
La première émane
du Centre d’expertise
en techniques
environnementales
et végétales (Cetev),
et vise à tester des
fongicides avec une
nouvelle méthode
d’injection pour ralentir
la propagation de la
maladie. Ce processus,
qui vient de recevoir
le feu vert de l’Agence
nationale de sécurité
sanitaire de l’alimentation, de l’environnement
et du travail (Anses),
est en attente de la
validation du ministère
de l’Agriculture.
Si l’expérimentation
est accordée, VNF
pourra mettre à disposition du Cetev un
certain nombre d’arbres
pour expérimenter
le processus, dont
la durée minimale
est estimée à trois ans.
La seconde provient
d’un groupe de jeunes
chercheurs de l’Institut
national des sciences
appliquées (INSA)
de Toulouse, qui
proposent de travailler
sur la modification
d’une molécule présente
naturellement dans
le platane. VNF leur
a permis, grâce à une
subvention, de présenter
leur projet dans le cadre
du concours IGM au
Massachusetts Institute
of Technology de Boston,
qui l’a récompensé
d’une médaille d’or.
Là, également, les résultats ne sont pas attendus
avant plusieurs années.
Pendant ce temps,
la maladie progresse.
BIODIVERSITÉ :
NOUVELLE PASSE
À POISSONS À
POSES-AMFREVILLE
La nouvelle passe à poissons du barrage
de Poses-Amfreville (Eure) est en cours de
réalisation pour une mise en service au second
semestre 2015. Seront aménagés : une passe
à poissons de 28 bassins successifs et une passe
à anguilles, deux chambres de vision pour
les suivis scientifiques et un aménagement
paysager à l’amont de la passe à poissons.
Ce nouvel ouvrage en rive droite vient compléter
un premier dispositif de franchissement
piscicole situé en rive gauche. Ce projet est
cofinancé par VNF, l’Agence de l’eau SeineNormandie (60 %) et l’Union européenne,
avec le Fonds européen de développement
régional (11 %). VNF a accueilli le 27 février
le député européen Gilles Pargneaux, viceprésident de la commission Environnement,
pour une visite commentée
de l’ouvrage.
60 m
C’est la longueur de la passe à poissons de
Poses-Amfreville (pour 28 mètres de large),
le plus grand ouvrage de franchissement
piscicole jamais réalisé par VNF, pour une hauteur
de chute de 3 à 7 mètres au niveau du barrage.
1er
21
C’est le nombre de passes à poissons en service
à ce jour au droit des barrages sur le bassin
de la Seine (dont six sont la propriété de
microcentraliers). Quatre sont en travaux,
et 31 sont à l’étude par VNF.
VNF/Luc Jean-Marie
obstacle rencontré par les poissons migrateurs,
le barrage de Poses-Amfreville revêt à
ce titre un enjeu particulier puisque son bon
franchissement conditionne l’utilité pour ces
espèces de l’ensemble des passes à poissons
situées sur le bassin de la Seine.
Lettre externe institutionnelle de VNF. 175, rue Ludovic-Boutleux, CS 30820 - 62408 Béthune Cedex / 156, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris. Directeur de la publication : Marc Papinutti.
Rédactrice en chef : Agnès Doitrand-Laplace. Rédacteurs : Mathieu Penez, Angie. Photographies : photothèque VNF/F. Moura ; Philéas Fotos ; Blablapicture/D. Gauducheau ; A. Lebon, M. Spera.
VNLI010. Impression :
ISSN : 2118-6561. Conception-réalisation :