VNF AVRIL 2015 – Nº10 partenaires POUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA VOIE D’EAU ACTUALITÉS 02 Seine-Escaut 2020 Remise du dossier de subvention à l’Europe ÉVÉNEMENT 04 Assises des chargeurs du bassin du Rhin Rencontres et débats pour développer le transport fluvial ENJEUX 08 Transport fluvial en 2014 VNF/FRANÇOIS MOURA La progression de nouvelles filières INITIATIVES 09 Écocentre fluvial Un projet innovant pour le Grand Lyon EN RÉSEAU 10 Canal du Midi Restauration de la voûte arborée : les campagnes de replantation se poursuivent DES FONDS EUROPÉENS POUR DÉVELOPPER LE TRANSPORT FLUVIAL L’Union européenne est devenue un partenaire clé de VNF. Plusieurs programmes de financement européens concourent en effet à la compétitivité de la voie d’eau en permettant la réalisation de projets locaux, nationaux et intraeuropéens. PAGE 06 ÉDITO ACTUALITÉS SEINE-ESCAUT 2020 Stéphane Saint-André (à droite) et (à gauche) Marc Papinutti. Projet stratégique : le concerter et le faire partager Réuni le 13 mars 2015 à Béthune, le conseil d’administration de VNF, présidé par M. Stéphane Saint-André, m’a donné mandat de négocier et de mettre à la concertation le projet stratégique 2015-2020. Dans le cadre de l’évolution générale du contexte fluvial, la stratégie retenue dans ce projet repose sur la satisfaction des besoins des clients et des usagers, en veillant à proposer une offre de qualité, réaliste, correspondant aux besoins réels et s’appuyant sur la construction de nouvelles relations partenariales, pour renforcer l’action de VNF et sa contribution à la préservation de l’environnement et de la ressource, au report modal et au développement économique des territoires. du réseau, de la préservation du patrimoine et de l’aménagement du territoire ; _contribuer au développement des activités au bénéfice du report modal, de l’économie touristique et des territoires ; _construire un établissement socialement et économiquement responsable. Les échanges et les concertations commencent avec les principaux clients, usagers et partenaires de la voie d’eau, y compris les élus et les collectivités locales, ainsi qu’avec les représentants des personnels de l’établissement. Le projet amendé sera définitivement adopté lors du conseil d’administration du 25 juin prochain. Comme l’a annoncé M. Alain Vidalies, Le projet est construit autour secrétaire d’État chargé des Transports, de quatre orientations à l’occasion de sa visite au stratégiques : siège de VNF, le 26 février, _organiser le réseau fluvial les travaux engagés pour la géré par VNF en fonction définition du nouveau projet d’une offre de service stratégique de l’établissement raisonnée qui répond serviront de socle pour établir aux enjeux économiques le contrat d’objectifs et et environnementaux ; _agir avec les acteurs institu- de performance entre VNF et l’État, que nous espérons tionnels et économiques au pour la fin de l’année. bénéfice du développement Stéphane Saint-André, président du conseil d’administration de VNF Le 26 février, à Lens, la France et la Belgique ont acté la remise du dossier de demande de subvention Seine-Escaut 2020 à la Commission européenne. _La France, représentée par Alain Vidalies, secrétaire d’État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, et la Belgique, représentée par Maxime Prévot, ministre wallon des Travaux publics, de la Santé, de l’Action sociale et du Patrimoine, et Léo Clinckers, représentant du ministre flamand des Travaux publics Ben Weyts, ont sollicité le financement par l’Union européenne de 40 % des investissements réalisés sur la période 2014-2020 sur l’ensemble du périmètre du projet Seine-Escaut. Ce dossier s’inscrit dans la continuité de la déclaration de Tallinn d’octobre 2013, cosignée par les ministres des Transports et des Travaux publics des territoires concernés et la Commission européenne. En France, ce projet inclut la réalisation du canal Seine-Nord Europe et les opérations d’accompagnement conduites par VNF en amont et en aval du canal sur la Seine, l’Oise et dans le Nord-Pas-de-Calais. Pour ces opérations, les financements européens obtenus compléteront ceux prévus dans les contrats de plan État-Région 2015-2020 en cours de finalisation. « Après la décision de créer une société de projet chargée de réaliser le canal Seine-Nord Europe (en partenariat avec les collectivités territoriales), adoptée par l’Assemblée nationale fin janvier, le dépôt de ce dossier de subvention auprès de l’Union européenne permet de franchir une nouvelle étape vers la réalisation de ce grand chantier, avec un objectif de lancement des travaux en 2017 et une mise en service à partir de 2023 », a souligné Alain Vidalies. Dans ce cadre, le ministre, qui s’est rendu au siège de VNF quelques heures avant la signature, a indiqué que « l’association de VNF aux instances de gouvernance de la société de projet permettra de garantir la bonne coordination entre les constructeurs et le futur gestionnaire de l’ouvrage, pour confier, au terme des travaux de réalisation du canal, l’exploitation de cet ouvrage à VNF ». Le 25 février, le ministre a approuvé l’avant-projet sommaire modificatif du canal Seine-Nord Europe, permettant à VNF de préparer le dossier d’enquête publique modificative pour fin 2015. © VNF/Blablapicture - D. Gauducheau VNF/Blablapicture Remise du dossier de subvention à l’Europe Marc Papinutti, directeur général de VNF VNF partenaires PAGE 03 EN BREF BASSIN RHÔNE-SAÔNE Les ports renforcent leur coopération _Sous l’égide de Jean-François Carenco, préfet coordonnateur du bassin Rhône-Méditerranée, le Grand Port maritime de Marseille (GPMM), le port maritime de Sète, la Compagnie nationale du Rhône (CNR), VNF et neuf ports fluviaux du bassin Rhône-Saône (Pagny, Villefranche, Chalon-sur-Saône, Mâcon, Lyon Terminal, Valence, Vienne sud-Salaise–Sablons, Avignon-Le Pontet et Arles) ont signé le 21 janvier, au port de Lyon Édouard-Herriot, les statuts d’une nouvelle association : l’Agence de développement Medlink Ports. L’assemblée constitutive s’est tenue en présence de Christine Cabau-Woehrel, présidente du directoire du GPMM, d’Élisabeth Ayrault, présidentedirectrice générale de la CNR, et de Marc Papinutti, directeur général de VNF. Cette signature, après une période d’expérimentation dans le cadre du Comité des ports mis en place par le préfet coordonnateur du bassin, scelle ainsi officiellement la création d’une structure dédiée au quotidien à la promotion et au développement du transport fluvial pour l’ensemble du bassin. Conseil logistique-prospection, services clients mutualisés et coopération technique, actions harmonisées de promotion et de communication : la nouvelle Agence de développement Medlink Ports agira concrètement et uniformément vis-à-vis des donneurs d’ordre et des chargeurs concernés sur le bassin pour que le recours au transport fluvial devienne une évidence. Durant l’année 2015, l’association élargira le partenariat aux acteurs économiques (chargeurs, transporteurs, fournisseurs, associations professionnelles) voulant faire le choix du transport fluvial et du multimodal dans leurs métiers ou souhaitant tout simplement s’associer à la mise en œuvre de projets innovants qui répondent aux attentes sociétales d’aujourd’hui. Dans le sens du travail déjà engagé lors de la période d’expérimentation, VNF et les collectivités continueront de mettre en place des politiques publiques favorisant le recours au transport fluvial et multimodal face aux enjeux de la transition énergétique et à la saturation des axes routiers de la vallée du Rhône, et pour le développement durable des territoires. C’est l’ancien président du Comité des ports, Noël Comte, qui a été élu à l’unanimité président de Medlink Ports. Avril 2015 _D’un coût total de 4,7 M€, les travaux sont en cours pour moderniser les ouvrages de la prise d’eau des Lorrains, sur la rivière Allier, destinés à alimenter en eau le canal latéral à la Loire. Les hausses Aubert ont laissé place à un système de clapets et la passe à poissons a été rénovée. De juin à septembre, les travaux porteront sur la reconstruction du déversoir et sur la construction d’une zone de débarquement des canoës. _La troisième phase du chantier de réfection de l’étanchéité du pont-canal d’Agen, le plus long pont-canal d’Europe en maçonnerie, a commencé cet hiver. Les banquettes et le mur parapet de cet ouvrage bâti en pierre de taille font également l’objet d’une restauration traditionnelle. 1,2 M€ sont investis sur les 4,2 M€ du programme, cofinancé à 50 % par la Région Aquitaine. Econoflu _VNF vient de mettre à disposition des opérateurs fluviaux Econoflu, un nouvel outil de calcul des aides financières à la modernisation du matériel fluvial. Ces aides sont allouées par les énergéticiens dans le cadre du dispositif des certificats d’économies d’énergie. EN SAVOIR + www.vnf.fr/econoflu TOURISME « FLUVESTRE » Signature du contrat de canal du Nivernais Le contrat de canal du Nivernais 2014-2019 a été signé le 22 janvier 2015, à Clamecy, par le conseil régional de Bourgogne (représenté par son président, François Patriat), VNF (représenté par Marc Papinutti, directeur général), le conseil général de la Nièvre et le conseil général de l’Yonne, ainsi que les syndicats mixtes d’équipement touristique de la Nièvre et de l’Yonne. Ce contrat distingue un socle d’opérations majeures destinées à parfaire l’offre de services aux utilisateurs du tourisme fluvestre*. Premier du genre, il est une déclinaison de la « stratégie de valorisation touristique des canaux et des rivières navigables de Bourgogne » adoptée en septembre 2012 par la Région, qui finance 40 % des 8 M€ du programme de contrat de canal. *Activités sur et autour de la voie d’eau. MOBILISATION La pente d’eau de Montech Stéphane Saint-André, président du conseil d’administration de VNF, s’est rendu à Montech le 13 février pour y rencontrer le député-maire Jacques Moignard et réaffirmer l’intérêt de VNF pour la remise en état de la pente d’eau de Montech, un ouvrage de franchissement de grande chute unique au monde. Pour que le projet aboutisse, la mobilisation de tous les partenaires, des collectivités locales et de l’Europe, notamment, est nécessaire. VISITE MINISTÉRIELLE Stéphane Saint-André, président du conseil d’administration, et Marc Papinutti, directeur général de VNF, ont accueilli, le 24 février, Thierry Braillard, secrétaire d’État chargé des Sports. Cette visite fut l’occasion d’une conférence de presse sur la pratique des sports nautiques dans le contexte de l’application depuis le 1er septembre 2014 des nouveaux règlements de police de la navigation. © VNF/Blablapicture - D. Gauducheau © VNF/Philéas Fotos VNF modernise son réseau _VNF modernise et sécurise le barrage de Pont-et-Massène. L’ouvrage sert à réguler et à alimenter en eau le canal de Bourgogne et joue un rôle essentiel dans le captage des eaux potables d’une soixantaine de communes autour de Semur-en-Auxois. D’un coût total de 15 M€, les travaux visent à conforter l’ouvrage et à agrandir son évacuateur de crues. Le démarrage de la remise en eau est annoncé pour novembre. ÉVÉNEMENT ASSISES DES CHARGEURS DU BASSIN DU RHIN POUR DÉVELOPPER LE TRANSPORT FLUVIAL Achevées fin 2014, les Assises des chargeurs du bassin du Rhin, organisées par VNF, ont donné lieu à un an d’échanges pour définir les conditions du développement du report modal. Retour sur une démarche qui a suscité l’intérêt des parties prenantes. 160 © VNF/ Blablapicture - Alexandra Lebon PLUS DE 160 IDÉES OU SOLUTIONS SONT RESSORTIES DES ATELIERS DE RÉFLEXION ORGANISÉS ENTRE AVRIL ET JUIN 2014. L e 2 décembre 2014, dans le grand amphithéâtre de l’ENA, à Strasbourg, quelque 200 participants, dont une centaine de chargeurs, avaient répondu présent au colloque de synthèse des Assises des chargeurs du bassin du Rhin, lancées un an auparavant par VNF. Pour Guy Rouas, directeur de la direction territoriale de Strasbourg de VNF, cette forte participation témoigne de l’intérêt suscité par la démarche : « Au coup d’envoi des Assises, en décembre 2013, il n’y avait que 80 participants, dont seulement une vingtaine de chargeurs. En un an, nous avons réussi à attirer Écluse de Gambsheim L’anticipation des conditions de navigation sur le fleuve est un enjeu majeur du futur Système d’information fluviale Rhin supérieur (SIFRS). toute une communauté d’acteurs économiques susceptibles de devenir des donneurs d’ordre en transport fluvial. C’est par eux que le report modal peut se développer. » Pour cela, VNF leur a donné la parole lors de six ateliers organisés au printemps 2014 : cinq étaient destinés aux chargeurs, regroupés par filières (produits agricoles, matériaux de construction, conteneurs, bois, chimie hydrocarbures), et un aux professionnels du transport. « L’enjeu était d’identifier les freins qu’ils rencontrent au transport fluvial et les pistes de progrès à explorer, poursuit Guy Rouas. En tout, 160 idées ont émergé, que nous avons ensuite traduites en quatre grandes conditions. » Le besoin de renouveler la cale Première d’entre elles, le renouvellement de la cale et la modernisation du financement, de la profession et de la formation. « Pour plusieurs filières, la cale actuelle, de type Freycinet, est ancienne et inadaptée à certains trafics d’aujourd’hui, comme le transport de colis lourds ou de conteneurs. En outre, il n’est pas rare que les chargeurs ne trouvent pas de bateaux pour effectuer leurs transports, explique Guy Rouas. L’émergence d’une cale intermédiaire, de quelques centaines de tonnes, pourrait répondre à ces difficultés. » Pour faire face aux investissements lourds qu’impliquerait ce renouvellement, les petites entreprises du transport fluvial pourraient se regrouper, tandis qu’un traitement particulier serait demandé aux banques. Quant à la formation, elle concerne en priorité les pilotes, en sous-nombre. « Sur le Rhin, il faut un grand nombre de jours de navigation avant de pouvoir piloter. Sans nuire à la qualité de la formation ni à la sécurité de la navigation, il serait intéressant d’encourager les outils de simulation », soutient Guy Rouas. Anticiper les conditions de navigation Autre clause du report modal apparue lors des Assises, l’anticipation des conditions de navigation sur le fleuve, dont les périodes de basses eaux sont fréquentes, et le développement de l’information fluviale. C’est tout l’enjeu du Système d’information fluviale Rhin supérieur (SIFRS) actuellement développé par VNF et EDF. « L’objectif du SIFRS est de donner quasiment en temps réel les conditions hydrologiques du Rhin pour optimiser les VNF partenaires PAGE © VNF 05 Port de Strasbourg Pour améliorer la compétitivité de la chaîne fluviale, intégrer une partie de la chaîne logistique est essentiel. modalités de chargement et de navigation, précise Guy Rouas. L’outil sera mis à disposition des acteurs du transport, mais aussi des ports et des chargeurs, dès 2016. Toute la chaîne logistique peut y trouver un intérêt. » Pour une chaîne fluviale compétitive La troisième condition de la réussite est l’amélioration de la compétitivité de la chaîne fluviale. « La plupart des chargeurs ne sont pas en bord à voie d’eau et doivent utiliser plusieurs modes de transport pour pouvoir recourir au fluvial, sans compter les ruptures de charges. Compte tenu de la complexité de cette chaîne et de la multiplicité des organisateurs, il existe, pour les chargeurs, une réelle incertitude sur les coûts et la qualité, raconte Guy Rouas. L’une des solutions serait d’intégrer une partie de la chaîne : de nouveaux acteurs pourraient faire à la fois du transport routier, de la manutention et du transport fluvial, et permettre ainsi aux chargeurs de se limiter à une seule et même commande. » La dernière condition tient en un mot : communication. L’enjeu du transport de marchandises sur la voie d’eau trouve en effet peu d’échos dans les médias et auprès des hommes politiques qui décident de l’aménagement des territoires. « Nous devons faire du lobbying auprès d’eux pour que le transport fluvial soit mieux pris en compte dans le schéma global des transports des territoires. Il faut faciliter, par exemple, les accès routiers à la voie d’eau », estime Guy Rouas. 80 CHARGEURS ET PROFESSIONNELS DU TRANSPORT ONT PARTICIPÉ AUX ATELIERS DE RÉFLEXION. Une première étape Si les Assises des chargeurs du bassin du Rhin sont aujourd’hui terminées, elles ne représentent toutefois qu’une première étape. « L’objectif est désormais de poursuivre le travail au sein d’instances représentatives », plaide Guy Rouas. C’est tout l’enjeu du futur conseil d’orientation du transport fluvial sur le Rhin, annoncé le 2 décembre par le préfet de la Région Alsace, Stéphane Bouillon, pour qui une telle enceinte permettrait « d’échanger, de lancer des expérimentations et de faire des propositions aux pouvoirs publics locaux, nationaux et européens tout au long de l’année ». VNF a déjà fait des suggestions concernant sa composition et son mode de fonctionnement. « L’idée, conclut Guy Rouas, est d’avoir des collèges qui disposent d’une légitimité pour agir dans le transport fluvial : collectivités territoriales, monde du transport, monde de l’entreprise et services de l’État. » 3 QUESTIONS À/ STÉPHANE BOUILLON, PRÉFET DE LA RÉGION ALSACE « Le conseil d’orientation du transport fluvial sur le Rhin aura un rôle important à jouer. » Avril 2015 _ Le 2 décembre, lors du colloque de synthèse des Assises des chargeurs du bassin du Rhin, vous annonciez la création d’un conseil d’orientation du transport fluvial sur le Rhin, poursuivant la démarche initiée par VNF. Qu’attendez-vous de cette instance ? Ce conseil sera le lieu d’échange entre l’État, les collectivités, les ports et le monde économique. Il sera le relais des préoccupations de chacun en termes de coûts, de développement de l’offre, de réglementation. Il permettra l’accompagnement du fluvial dans le quotidien et dans une perspective stratégique, de faire un point économique, de tester et analyser les projets de réformes pour être un lieu de proposition et de réaction. À l’heure où l’Europe prépare la création de corridors internationaux de transport, le futur conseil aura un rôle important à jouer. _ VNF s’affirme aujourd’hui comme un acteur au service du développement et de l’attractivité des territoires, à côté des acteurs locaux, principalement les collectivités locales. Comment voyez-vous le rôle de VNF et qu’attendezvous de celui-ci ? VNF est un acteur essentiel du territoire alsacien, où l’axe rhénan structure une des plus importantes régions européennes. Il œuvre pour la transition écologique et © Préfecture _ L’année 2014 a été l’occasion de nombreux échanges entre tous les acteurs du fluvial. Que retenez-vous de ce travail et comment va-t-il se traduire concrètement ? Ces échanges ont fait suite aux travaux fructueux sur le schéma portuaire du bassin du Rhin. Je retiens tout d’abord la conclusion des Assises des chargeurs, aboutissement d’une année de travail, qui ont suscité un intérêt marqué dans la profession. Ces travaux ont permis de tirer les conséquences de la complexité du mode, et de nouer le contact avec tous les acteurs intervenant dans le fluvial : un partenariat élargi dont les Assises doivent être un des symboles. énergétique, et en faveur de la massification et de l’amélioration de la compétitivité du fluvial. C’est dans ce cadre que VNF inscrit ses missions de gestion et de développement du réseau, avec notamment la mise en œuvre du volet fluvial du CPER et de ses projets innovants. VNF assurera la poursuite de l’animation et de la coordination des acteurs, en tant que secrétaire du conseil d’orientation, pour définir les stratégies et les aménagements de demain. ENJEUX Saint-Bond Reconstruction du barrage INVESTISSEMENTS POUR DÉVELOPPER LE TRANSPORT FLUVIAL L’Union européenne est devenue un partenaire clé de VNF et un acteur essentiel dans la conduite des missions de l’Établissement. Plusieurs programmes de financement européens concourent en effet à la compétitivité de la voie d’eau en permettant la réalisation de projets locaux, nationaux et intraeuropéens. DOSSIERS DE FINANCEMENT SONT ACTUELLEMENT SOUMIS AU MIE PAR VNF ET SES PARTENAIRES, DONT UN SUR LA LIAISON SEINE-ESCAUT. 111 MILLIONS D’EUROS, C’EST LE MONTANT TOTAL DE L’INVESTISSEMENT QUE REPRÉSENTENT QUATRE AUTRES DOSSIERS. D Financer les « maillons manquants » En premier lieu, l’Union européenne intervient dans la résorption des « goulots d’étranglement » sur le réseau européen de grand gabarit et participe au financement de projets transnationaux, par le biais du nouveau mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE). Adopté en novembre 2013, le MIE doit ainsi accélérer la réalisation des « maillons manquants » en matière de transports, d’énergie et de télécommunications en Europe. Le volet transport est doté de près de 26 milliards d’euros pour la période 2014-2020. Une partie des fonds va cofinancer la construction des infrastructures prioritaires du réseau © VNF/Philéas Fotos 5 ans un contexte budgétaire national parfois tendu, l’Union européenne est un levier puissant d’accompagnement de l’investissement de VNF. « Nous faisons appel à son soutien à la fois pour développer le réseau fluvial pour de nouvelles réalisations, mais aussi pour moderniser et ainsi pérenniser l’existant », confirme Isabelle Andrivon, directrice générale adjointe de l’Établissement. transeuropéen de transport (RTE-T). « Le canal à grand gabarit Seine-Nord Europe ainsi que le réseau à grand gabarit adjacent au nord et au sud, regroupés dans le projet Seine-Escaut, entrent dans ce cadre », précise Isabelle Andrivon. C’est l’accord de Tallinn, signé le 17 octobre 2013 par les ministres des Transports et le com- VNF partenaires PAGE missaire européen concernés, qui définit le périmètre de la liaison Seine-Escaut entre la France, la Belgique et les Pays-Bas. Celle-ci permettra de relier plus efficacement les ports maritimes et les ports intérieurs du nord-ouest de la France, de la Belgique et de l’Europe. Ce projet global, associant un nouveau tronçon à grand gabarit entre les bassins de la Seine et du Nord-Pas-de-Calais et plus globalement du Benelux, assurera la mise à niveau d’un réseau fluvial cohérent et pertinent, tant en France qu’en Belgique, pour le développement d’une logistique alternative fluviale et l’essor de « l’hinterland » des ports maritimes français. Il a donc toutes les caractéristiques requises pour bénéficier d’une aide européenne. « Le dossier du projet Seine-Escaut est coordonné par le siège de VNF, qui prépare les dossiers soumis au titre du MIE en collaboration avec les équipes opérationnelles des deux directions territoriales concernées et avec les partenaires belges et l’État français », ajoute Isabelle Andrivon (voir l’article sur la remise, le 26 février, du dossier de demande de subvention à l’Union européenne pour le projet Seine-Escaut, en page 2). Financer des projets régionaux VNF soumet par ailleurs régulièrement des dossiers aux fonds structurels et d’investissement européens, en particulier au Feder (Fonds européen de développement régional), dont la vocation est de renforcer la cohésion économique et sociale en Europe en corrigeant les déséquilibres entre ses régions. « Les dossiers sont pilotés par nos directions territoriales, qui agissent en liaison étroite avec leurs partenaires locaux. Les demandes sont faites notamment dans le cadre de contrats de plans et de contrats de projets, avec le souci constant de soumettre à l’Union européenne des dossiers robustes et fédérateurs sur les territoires », précise Isabelle Andrivon. Des fonds européens ont ainsi été utilisés pour aménager la ligne droite de Carnon dans le cadre de la modernisation du canal du Rhône à Sète, pour réaliser des postes d’attente sur le périmètre Rhône-Saône, mettre en place des passes à poissons sur la Seine aval (à Andrésy et Poses), rénover les écluses de Vinneuf, Saint-Bond et Villeperrot ou encore reconstruire le barrage de Saint-Bond, dans l’Yonne. « Nous ne sollicitons pas les autorités européennes uniquement pour des projets d’infrastructure, souligne Isabelle Andrivon. Le Feder a par exemple apporté 50 % des financements nécessaires à la création d’un service d’information fluvial homogénéisé et renforcé sur le bassin Saône-Rhône-canal du Rhône, qui permettra de déployer sur l’axe un réseau de télécommunications performant et de sécuriser le transport fluvial grâce à la mise à disposition d’un système d’aide à la navigation. » Soutenir l’innovation La contribution de l’Europe à l’avenir de la voie d’eau ne s’arrête pas en effet aux seules infrastructures. « Elle s’implique également dans des démarches plus prospectives au travers d’études spécifiques ou de démarches fédérées entre acteurs européens pour la recherche et l’émergence de solutions ou de pratiques innovantes pour le transport, indique Avril 2015 3 QUESTIONS À/ DOMINIQUE RIQUET, VICE-PRÉSIDENT DE LA COMMISSION TRANSPORTS ET TOURISME AU PARLEMENT EUROPÉEN « Comment VNF inscrit son action avec les financements européens. » (River Information Service) et des carburants alternatifs. L’enveloppe transport du MIE (26 milliards d’euros) est faible comparé aux besoins d’investissement estimés (500 milliards d’euros) pour le transport en général d’ici à 2020, mais elle représente un levier déterminant. DR © VNF/Blablapicture – Maria Spera 07 _ L’Union européenne affiche une ambition pour les transports avec un budget significatif pour les prochaines années. Quelle est la place du fluvial dans cette politique de grands corridors multimodaux ? Le transport fluvial est clairement l’une des priorités du mécanisme pour l’interconnexion en Europe, le nouveau fonds infrastructure de l’Union. Sur les neuf corridors du réseau central, sept incluent des projets en relation avec ce mode de transport. À ce titre, les études et les travaux peuvent bénéficier d’un cofinancement de 20 à 50 %. Il est aussi prévu de soutenir le développement du système de gestion du trafic RIS _ Quels sont les enjeux pour le secteur fluvial dans les prochaines années ? Comment la France peut-elle contribuer à faire émerger cette politique de réseau que Bruxelles promeut aujourd’hui ? Les enjeux sont multiples. Il s’agit tout d’abord de créer des infrastructures ou de moderniser celles qui existent, pour passer au transport fluvial massifié et standardisé. Nous devons également assurer l’interconnexion logistique avec les grandes plates-formes (ports, plates-formes terrestres) en nous inscrivant dans les grands corridors européens et conduire le renouvellement de la flotte, qui devra s’adapter Isabelle Andrivon. VNF participe ainsi à la plate-forme d’échanges européenne Platina 2, dont les travaux sont financés par la Commission européenne. » À l’origine, il y a Naiades : ce programme européen a été créé en 2006 pour donner un nouveau souffle au développement du transport fluvial, en soutenant notamment des efforts d’innovation technologique. Avec une vingtaine de partenaires venus de neuf pays d’Europe, VNF est l’un des acteurs d’un projet né grâce à Naiades : Platina 2 (Platform for the Implementation of Naiades). « Platina 2 va faciliter l’émergence de transports intelligents, verts et intégrés. Il permet de structurer l’action sur les services d’information, les besoins de modernisation de la cale, d’échanger sur les bonnes pratiques en matière de maintenance des réseaux… Grâce à de tels projets, l’Union européenne renforce l’innovation dans le secteur fluvial », conclut Isabelle Andrivon. aux exigences de volume et d’écologisation. Enfin, il est important de conforter le statut socioprofessionnel des bateliers, d’améliorer leur formation et d’assurer la relève des générations. _ La France, comme tous les pays de l’Union, a des ambitions en matière d’infrastructures et de réseaux. L’Europe saura-t-elle être au rendez-vous de ces projets ? L’Europe est déjà très présente en matière d’infrastructures et de réseaux, notamment via le mécanisme pour l’interconnexion en Europe, les orientations pour le développement du réseau et le plan Juncker. Je m’inquiète plutôt du fait que les États membres, dans leur crise des finances publiques, ont considéré les infrastructures de transport comme une variable d’ajustement. Le retour de la compétitivité, de la croissance et de l’emploi ne sera possible qu’avec une solide politique d’investissement dans les infrastructures, notamment de transport. 3,2 MILLIARDS D’EUROS C’EST LE MONTANT TOTAL DES TRAVAUX ENTREPRIS POUR LA RÉALISATION DU PROJET SEINE-ESCAUT SUR LA PÉRIODE 2014-2020, LA CONTRIBUTION DE L’EUROPE ÉTANT SOLLICITÉE À HAUTEUR DE 40 %. PAGE 08 ENJEUX TRANSPORT FLUVIAL EN 2014 DE NOUVELLES FILIÈRES -2 % BAISSE SUR LE TRAFIC FLUVIAL GLOBAL EXPRIMÉ EN TONNESKILOMÈTRE. UN RÉSULTAT TÉMOIGNANT DE LA STABILITÉ DE L’ACTIVITÉ, COMPARÉ À CEUX DE LA ROUTE ET DU RAIL. L +9,4 % HAUSSE DU TRANSPORT DE PRODUITS AGRICOLES (CÉRÉALES ESSENTIELLEMENT). +4,7 % HAUSSE DU TRANSPORT DE CONTENEURS, REPRÉSENTANT UN TOTAL DE 557 000 EVP1. -10,8 % BAISSE SUR LE TRANSPORT DE MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION, LIÉE AUX DIFFICULTÉS DE LA FILIÈRE BTP. 1. EVP : ÉQUIVALENTS VINGT PIEDS, UNITÉ DE MESURE DU TRANSPORT PAR CONTENEURS. UN CONTENEUR D’UN EVP MESURE 2,591 M DE HAUT (= 8,5 PIEDS) X 2,438 M DE LARGE (= 8 PIEDS) X 6,058 M DE LONG (= 20 PIEDS). e transport fluvial, comme la route ou le rail, est souvent considéré comme un baromètre de l’activité économique. « Dans un contexte global morose, les résultats du fluvial, en légère baisse de 2 %, témoignent de la stabilité de nos activités, déclare Nicolas Brutin, chef de la division des Ports, des Études et de la Stratégie de VNF. Pour autant, ce chiffre global correspond à des évolutions contrastées selon les secteurs. » Un des plus dynamiques est celui des produits agricoles : les quantités transportées ont augmenté de 9 % en 2014, du fait d’une bonne campagne céréalière. Cette filière, qui représente 31 % du trafic fluvial en tonnes-kilomètre, a largement contribué au soutien de l’activité. C’est surtout le marché de grande exportation, principalement vers les ports de Marseille, Rouen et Dunkerque, qui a progressé ; le marché intracommunautaire (bassins du Rhin, de la Moselle, et du Nord-Pas-de-Calais) étant moins actif. Dynamisme retrouvé Le transport de produits métallurgiques, ferrailles pour alimenter les aciéries ou produits semi-finis, a également progressé d’environ 10 %. « Ce bon résultat souligne que le fluvial est toujours un mode de transport adapté aux marchés industriels lourds, et pas seulement aux céréales en vrac, souligne Nicolas Brutin. Cela reste donc un axe de développement important. » C’est le cas également du transport de conteneurs, qui enregistre une hausse de 4,7 %, avec un total de 557 000 EVP1. Ce type de trafic, fortement lié à l’activité des © VNF/Philéas Fotos Dans un contexte économique difficile, le transport fluvial a affiché une relative stabilité en 2014, en comparaison avec les autres modes de transport. La croissance de trois filières – métallurgique, conteneurs et produits agricoles – éclaire le potentiel de développement de l’activité de VNF. ports maritimes, et qui bénéficie du dynamisme actuel du port de Marseille, représente aujourd’hui 11 % du trafic fluvial. Ce sont principalement les bassins rhodaniens et du Nord-Pas-de-Calais qui tirent cette croissance. L’ensemble de ces bons résultats a contribué à compenser la baisse d’activité de certains secteurs moins dynamiques. Le transport de charbon a continué sa baisse et il ne représente aujourd’hui que 5 % du trafic. La conjoncture difficile dans la construction a impacté directement le transport fluvial de matériaux, en baisse de 10 % en tonnes-kilomètre et 5 % en tonnes, le bassin de la Seine étant le plus touché. « Les difficultés dans le BTP pèsent lourdement sur cette activité, précise Nicolas Brutin, le secteur représentant 29 % du trafic, au deuxième rang derrière les produits agricoles. » En 2015, il est peu probable que ces difficultés s’estompent, mais les premiers chantiers du Grand Paris, en 2016, devraient apporter une embellie. « Nous analysons également avec intérêt le développement de nouveaux secteurs, comme le transport de biomasse, conclut Nicolas Brutin, un secteur qui n’existait pas il y a quatre ans. » VNF Partenaires PAGE © VNF INITIATIVES 09 Écocentre fluvial sur les quais lyonnais. DÉVELOPPEMENT DURABLE GRAND LYON : VNF s’associe au projet porté par Sita, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et la Compagnie fluviale de transport (CFT), qui consiste à donner naissance, d’ici à 2016, à un écocentre fluvial sur l’agglomération lyonnaise. Un projet innovant en matière de logistique urbaine, qui répond à de nombreux défis environnementaux. 7 catégories de déchets concernées par le futur écocentre fluvial, qui exclura cependant les déchets ménagers. 1150 tonnes. C’est la capacité du pousseur, sachant que la barge aura un poids de 600 tonnes et qu’elle pourra accueillir 82 bacs de déchets, soit 25 tonnes environ. Avril 2015 S ita, filiale de Suez Environnement, la Compagnie nationale du Rhône (CNR), la Compagnie fluviale de transport (CFT) et VNF ont signé un protocole de partenariat le 2 décembre dernier, à l’occasion du salon Pollutec, afin de réunir leurs expertises pour bâtir un projet innovant d’écocentre fluvial, et proposer à la métropole lyonnaise d’être pilote de cette première expérience en France. Avec ce projet, les quatre partenaires entendent tirer parti des atouts logistiques du territoire dense et traversé par une voie d’eau qu’est le Grand Lyon, pour valoriser ses déchets, tout en privilégiant un mode de fonctionnement sobre en énergie. VNF, de son côté, entend tirer parti de cette expérience pour améliorer globalement l’offre fluviale en réponse aux problématiques de transport des déchets, y compris sur d’autres bassins. Améliorer la collecte de matières valorisables Conçu comme un service de proximité pour les riverains, l’écocentre fluvial viendra s’amarrer chaque jour en un lieu de collecte différent sur les quais du Rhône ou de la Saône. « Les déchets seront ensuite acheminés vers le port Édouard-Herriot par le biais d’une barge dirigée par un pousseur équipé d’un moteur à propulsion 100 % électrique, ne dégageant ni CO2 ni particules fines, et directement inspiré de Promovan, le projet de recherche de VNF en faveur de nouvelles sources d’énergie pour la propulsion des bateaux de charge. Ils seront ensuite envoyés dans des centres spécialisés pour valorisation », explique Cécile Cohas, chargée de mission recherche et innovations à la direction territoriale Rhône-Saône de VNF. « Sept catégories de déchets seront concernées : encombrants, gravats, meubles, ferraille, déchets verts, cartons et déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E) », précise Vincent Borel, directeur développement de Sita Centre Est. Les déchets seront ensuite envoyés dans des unités de traitement situées en région lyonnaise, pour être valorisés en nouvelles ressources matières, organiques ou énergétiques. À l’arrivée, cet écocentre d’un nouveau genre apportera des réponses aux nombreux défis qui se posent aux villes de demain, que ce soit en matière d’économie circulaire, de transition énergétique ou encore de logistique urbaine fluviale. Il démontrera aussi que développement économique et protection de l’environnement peuvent faire bon ménage. Pour l’heure, Sita, la CNR, la CFT et VNF travaillent à un « projet démonstrateur » prévu en septembre 2015. Le déploiement de l’écocentre fluvial est programmé pour 2016. C’est dit… « En s’inscrivant pleinement dans la logique de l’économie circulaire, l’écocentre fluvial augmentera le recyclage de déchets tout en réduisant les quantités à incinérer. » Vincent Borel, directeur développement de Sita Centre Est ENJEUX EN RÉSEAU Restauration Replantations effectuées sur le site de Colombiers, dans l’Hérault, en mars 2015. CANAL DU MIDI - RESTAURATION DE LA VOÛTE ARBORÉE SE POURSUIVENT Face à la maladie du chancre coloré, qui décime les platanes du canal du Midi, VNF, avec le soutien financier des collectivités territoriales et des dons en provenance du mécénat, poursuit les campagnes d’abattage des arbres malades tout en accélérant la plantation de nouvelles essences. 200 M € (HORS FRAIS DE MAÎTRISE D’ŒUVRE) DE BUDGET SUR VINGT ANS, SOIT : 54 M€ POUR LES PLANTATIONS, 68 M€ POUR L’ABATTAGE, 72 M€ POUR LA DÉFENSE DES BERGES ET 6 M€ POUR LES MESURES DE PROTECTION. 1 000 PLANTS REPLANTÉS DANS L’HIVER 2014-2015 SUR HUIT SITES DU CANAL DU MIDI (MONTRÉAL-DE-L’AUDE, TRÈBES, MARSEILLETTE, PUICHÉRIC – LA REDORTE, HOMPS, PARAZA, COLOMBIERS, BÉZIERS). D epuis 2006, 14 000 platanes atteints par la maladie du chancre coloré ont été abattus le long du canal du Midi. Cette année encore, près de 4 000 arbres seront abattus. La bataille contre le champignon qui menace la voûte arborée du canal du Midi n’a jamais été aussi vive. Une voûte arborée condamnée Depuis la découverte du premier foyer d’infection, en 2006, la maladie du chancre coloré n’a cessé de progresser. Sur les 42 000 platanes qui longeaient initialement le canal entre Toulouse et Sète, près de 15 000 sont aujourd’hui concernés. Face à ce phénomène, VNF n’a pas d’autre choix que de couper et de brûler sur place les arbres malades, comme l’exige la réglementation. Cette solution radicale s’explique par la nocivité du chancre coloré et l’absence de traitement alternatif. Ce champignon microscopique s’attaque exclusivement au platane. Probablement arrivée par les caisses de munitions des troupes américaines à la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette maladie est aujourd’hui incurable, malgré les programmes de recherche mis en œuvre en France et à l’étranger. Le champignon pénètre dans le platane par le biais d’une blessure. Celle-ci peut être due à des travaux forestiers – un outil non désinfecté favorise la contamination – ou causée aux racines par des bateaux. Une fois dans l’arbre, le champignon bouche progressivement les canaux de sève de l’arbre, qui meurt dans les trois à cinq ans. Sa propagation trouve sur le canal du Midi un environnement malheureusement propice : les platanes ont été plantés rapprochés – moins de 8 mètres d’intervalle –, et leurs racines ont pour particularité de se souder entre elles, ce qui crée un important réseau racinaire continu. À plus ou moins longue échéance, l’ensemble des platanes du canal du Midi semble condamné. Deux campagnes d’abattage par an Depuis 2009, deux campagnes d’abattage sont menées chaque année, la première entre le 15 février et le 15 avril, la seconde du 15 août au 15 novembre. Le choix de ces périodes tient VNF partenaires PAGE 11 compte de la biodiversité. En effet, les cavités des platanes abritent des espèces protégées, comme le rollier d’Europe, un petit oiseau de couleur turquoise, et des chauves-souris. « Nous évitons la période hivernale, durant laquelle les chauves-souris hibernent dans les arbres, et la période printanière et estivale, où la plupart des oiseaux viennent nicher et se reproduire, explique Évelyne Sanchis, responsable de la mission des politiques environnementales et patrimoniales à la direction territoriale Sud-Ouest de VNF. En attendant que de nouveaux arbres viennent remplacer les platanes, des nichoirs sont en voie d’installation sur le linéaire. » © VNF Un budget de 200 millions d’euros Sur le plan budgétaire, le projet de reconstitution du patrimoine arboré du canal du Midi s’élève à 200 millions d’euros. Un financement assuré en trois tiers. Un tiers par l’État/VNF, un tiers par les collectivités territoriales et un tiers par du financement innovant, dans lequel s’inscrit le mécénat mis en place par VNF. Émilie Collet, membre de la mission des politiques environnementales et patrimoniales de la DT Sud-Ouest de VNF, à la pépinière de Nébias, dans l’Aude. Avril 2015 Des travaux soumis à autorisation ministérielle © VNF © VNF À la recherche de l’essence « jalon » Parallèlement à la coupe des platanes malades, VNF replante de nouvelles essences conformément au programme de restauration des plantations lancé par VNF et ses partenaires en 2012, et dont la réalisation s’étirera sur vingt ans. Compte tenu de l’inscription du canal au Patrimoine mondial de l’humanité et du classement au titre des Sites protégés du domaine public fluvial, le projet, qui a nécessité quatre années de préparation, a été validé en 2012 par la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages. Cette procédure implique des autorisations ministérielles annuelles avant d’engager les travaux (voir encadré). « Le projet prévoit de replanter une essence emblématique, dite essence ‘’jalon’’, pouvant atteindre plus de 30 mètres de haut, raconte Évelyne Sanchis. Pour la sélectionner, nous allons tester plusieurs essences exotiques durant dix ans, une expérimentation que nous avons commencé à faire. L’essence retenue jalonnera l’ensemble du linéaire, en alternance avec des essences plus classiques, telles que l’orme résistant, le micocoulier, le pin parasol, le peuplier blanc ou encore le chêne chevelu, que nous continuons de planter sur les rives du canal du Midi. » Pour l’hiver 2014-2015, VNF plantera près de 1 000 arbres. Près de 2 300 nouveaux arbres auront ainsi été replantés sur le canal du Midi depuis 2011. PARTENARIAT DREAL/VNF > L’inscription en 1996 du canal du Midi sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco a entraîné un renforcement de la protection juridique du patrimoine du canal en droit français. De 1996 à 2001, le domaine public fluvial de l’ouvrage a été classé par l’État au titre des Sites. Ce dispositif réglementaire constitue une servitude d’utilité publique gérée par les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). « Dans ce cadre, toute action d’abattage d’arbres ou de plantation nécessite une autorisation spéciale de travaux du ministre de l’Environnement », explique Muriel Saint-Sardos, responsable de la division Sites et Paysages à la Dreal Languedoc-Roussillon. Les inspectrices des sites de la Dreal sont chargées de l’instruction du dossier présenté par VNF. Elles rapportent le projet devant la commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS), qui émet un avis, avant la transmission du projet au ministre, pour autorisation. « C’est dans ce contexte que la Dreal et VNF travaillent en étroite collaboration. Nous avons réfléchi dans un premier temps à la définition d’un cahier de référence interrégional qui programme sur vingt ans la plantation de nouvelles essences sur le canal du Midi, poursuit Muriel Saint-Sardos. Ce projet est mis en œuvre en tranches annuelles de travaux. Nous sommes engagés dans un travail partenarial de longue haleine qui mobilise fortement les équipes de VNF et des Dreal. » INITIATIVES ET EXPÉRIMENTATION Chancre coloré, la recherche se poursuit Si la plupart des organismes scientifiques français et étrangers ont cessé toute recherche sur le chancre coloré, deux initiatives récentes méritent d’être signalées. La première émane du Centre d’expertise en techniques environnementales et végétales (Cetev), et vise à tester des fongicides avec une nouvelle méthode d’injection pour ralentir la propagation de la maladie. Ce processus, qui vient de recevoir le feu vert de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), est en attente de la validation du ministère de l’Agriculture. Si l’expérimentation est accordée, VNF pourra mettre à disposition du Cetev un certain nombre d’arbres pour expérimenter le processus, dont la durée minimale est estimée à trois ans. La seconde provient d’un groupe de jeunes chercheurs de l’Institut national des sciences appliquées (INSA) de Toulouse, qui proposent de travailler sur la modification d’une molécule présente naturellement dans le platane. VNF leur a permis, grâce à une subvention, de présenter leur projet dans le cadre du concours IGM au Massachusetts Institute of Technology de Boston, qui l’a récompensé d’une médaille d’or. Là, également, les résultats ne sont pas attendus avant plusieurs années. Pendant ce temps, la maladie progresse. BIODIVERSITÉ : NOUVELLE PASSE À POISSONS À POSES-AMFREVILLE La nouvelle passe à poissons du barrage de Poses-Amfreville (Eure) est en cours de réalisation pour une mise en service au second semestre 2015. Seront aménagés : une passe à poissons de 28 bassins successifs et une passe à anguilles, deux chambres de vision pour les suivis scientifiques et un aménagement paysager à l’amont de la passe à poissons. Ce nouvel ouvrage en rive droite vient compléter un premier dispositif de franchissement piscicole situé en rive gauche. Ce projet est cofinancé par VNF, l’Agence de l’eau SeineNormandie (60 %) et l’Union européenne, avec le Fonds européen de développement régional (11 %). VNF a accueilli le 27 février le député européen Gilles Pargneaux, viceprésident de la commission Environnement, pour une visite commentée de l’ouvrage. 60 m C’est la longueur de la passe à poissons de Poses-Amfreville (pour 28 mètres de large), le plus grand ouvrage de franchissement piscicole jamais réalisé par VNF, pour une hauteur de chute de 3 à 7 mètres au niveau du barrage. 1er 21 C’est le nombre de passes à poissons en service à ce jour au droit des barrages sur le bassin de la Seine (dont six sont la propriété de microcentraliers). Quatre sont en travaux, et 31 sont à l’étude par VNF. VNF/Luc Jean-Marie obstacle rencontré par les poissons migrateurs, le barrage de Poses-Amfreville revêt à ce titre un enjeu particulier puisque son bon franchissement conditionne l’utilité pour ces espèces de l’ensemble des passes à poissons situées sur le bassin de la Seine. Lettre externe institutionnelle de VNF. 175, rue Ludovic-Boutleux, CS 30820 - 62408 Béthune Cedex / 156, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris. Directeur de la publication : Marc Papinutti. Rédactrice en chef : Agnès Doitrand-Laplace. Rédacteurs : Mathieu Penez, Angie. Photographies : photothèque VNF/F. Moura ; Philéas Fotos ; Blablapicture/D. Gauducheau ; A. Lebon, M. Spera. VNLI010. Impression : ISSN : 2118-6561. Conception-réalisation :
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