La sclérose latérale amyotrophique ou SLA ou Maladie de Charcot Dr. R. REZNIK Mars 2015 SLA : définition Maladie neurologique, dégénérative et progressive, touchant les motoneurones spinaux et bulbaires, qui va inéluctablement entraîner un affaiblissement de la musculature striée jusqu’au décès. Les motoneurones Les neurones de la voie motrice, dite pyramidale . La voie pyramidale cerveau bulbe Moelle épinière La voie pyramidale CERVEAU Aire motrice primaire Pyramide bulbaire F. pyramidal direct (20 % des fibres) F. pyramidal croisé (80 % des fibres) Corne antérieure N. MOTEUR Muscle Métamère N. MOTEUR Muscle Processus pathologique Dégénérescence du premier et deuxième neurones de la voie motrice ( = entièreté ) Dénervation des muscles striés de : - la langue - les muscles de la mastication - les muscles respiratoires - les membres supérieurs - les membres inférieurs …. La Présentation clinique Atteinte neurogène périphérique (2ème NM) : - atrophie musculaire progressive : perte de volume du muscle , - fasciculations, crampes , - déficit moteur ( perte de force ) d ’évolution progressive, ascendante. Atteinte pyramidale (1er NM) : - hyperréflexie ostéo-tendineuse , - hypertonie spastique : les muscles sont durs et tendus. Absence de troubles sensitifs objectifs, de troubles oculomoteurs ou sphinctériens. Tableau d’amyotrophie fasciculante avec signes pyramidaux, sans déficit sensitif. Diagnostic Electromyogramme (EMG) : - Mise en évidence de signes d’atteinte du neurone moteur périphérique. - VCN normales - Respect des fibres sensitives. - comptage des unités motrices : progression LCR : normal Biologie : normale IRM cérébrale et cervicale : normales Pas d’élément pathognomonique Critères diagnostics de l’Escorial ( 1990) SLA certaine Signes NMC et NMP dans région bulbaire + 2 régions spinales Signes NMC et NMP dans 3 régions spinales SLA probable Signes NMC et NMP dans au moins 2 régions; + signes NMC dans un région rostrale par rapport aux signes NMP SLA possible Signes NMC et NMP dans 1 région Signes NMC dans 2 à 3 régions SLA suspectée Signes NMP dans 2 à 3 régions 4 régions : bulbaire – cervicale – thoracique - lombo-sacrée NMC : motoneurone central NMP: motoneurone périphérique World Federation of Neurology Critères diagnostics Critères positifs : - Signes d’atteinte du NMP Atteinte du NMC Progression des symptômes et des signes - ■ Critères négatifs : - - Signes sensitifs Toubles sphinctériens Toubles visuels Atteinte du SN autonome Dysfonction des noyaux de la base Démence de type Alzheimer ■ Le diagnostic de SLA est supporté par : - - Des fasciculations dans une ou plusieurs régions Des modifications en EMG Des conductions motrice et sensitive normales Absence de blocs de conduction Meilleur critère diagnostic Evolution temporelle. EPIDEMIOLOGIE (1) Incidence : 2 - 4 nouveaux cas / an / 100 000 pers. Belgique : 150 nouveaux cas /an Stable depuis 10 ans ♂/♀ : 1,3 H / 1 F Prévalence : 7 -10 / 100. 000 Belgique : 500 patients Responsable de 1/1.000 décès Epidémiologie (2) Age moyen de début : 43 – 52 ans: dans les formes familiales 58 – 63 ans : dans les cas sporadiques Durée d’évolution : Médiane : 36 mois Extrêmes: 3 mois à 30 ans. La sclérose latérale amyotrophique est une des maladies neurologiques les plus graves et, si sa prévalence est faible, son incidence en fait une maladie neurodégénérative particulièrement fréquente. Importance des facteurs exogènes ? FACTEURS DE RISQUE ENVIRONNEMENTAUX Excito-toxine de la SLA du Pacifique Ouest : Rôle toxique de la BMAA, analogue du glutamate, présente dans la graine de cycade. Guam : 100/100.000 (Chamorros) Exposition chronique au plomb : 200 h – 12 mois – 200 jours : 2-3 fois Exposition aux pesticides/herbicides : travailleurs agricoles : incidence Exposition aux solvants : moins probant Exposition électrique professionnelle – électrocution : incidence 2-3 fois Activité physique : résultats discordants : expl: Footballeurs professionnels: incidence de 3 à 8 fois Tabagisme …… Facteurs environnementaux et SLA Il est probable que les facteurs de l’environnement contribuent à l’apparition de la SLA ; Toutefois, les maladies du motoneurone clairement causées par l’environnement sont l’exception, pas la règle ; Les études épidémiologiques sont très peu concluantes et certaines des corrélations identifiées peuvent être éxpliquées par des facteurs confondants ; Les méthodes sont parfois insuffisantes. A. Ludolph, Stockholm, 11/09/2012 L’histoire ARAN ( 1848) et Cruveilhier ( 1853) ont fait les premières descriptions de la maladie. En 1869, Charcot a définit et identifié la maladie. A cette époque, il a dit que la SLA n’était jamais d’origine génétique. En 1950, Kurland et Mulder reportèrent une série de 58 P, dont 10 % avait une histoire familiale. FORMES FAMILIALES DE SLA Pour certains 5 -10 % des SLA (8.6% en Belgique) ; pour d’autres, la majorité des cas Au niveau mondial : entre 5 % et 23 % des cas seraient des formes familiales, génétiques Pas de différence avec les formes sporadiques pour : sexe, durée, mode évolutif Âge début plus précoce ± 10 ans (50 vs 60) Transmission souvent autosomique dominante (1 enfant – 50% de risque importance du conseil génétique) Dans 20% des cas: mutation du gène SOD1 (chromosome 21) Importance des gènes SLA familiale : 10% SOD 1 TDP – 43 FUS / TLS C9ORF72 VAPB Profilin UBQLN2 SCA2 VCP OPTN Angiogenin Dynactin FIG4 SETX Alsin SLA sporadique : 90 % Vieillisse ment Genes SLA environne ment Les avancées génétiques La SLA familiale n’est pas synonyme de SLA héréditaire La prévalence des formes de SLA familiales rapportées varie entre 1 et 21 % ; 17 gènes et 8 loci sont associés avec le développement de la SLA ; La mutation dans le gène SOD1sont retrouvées dans ~ 5 à 6 % des SLA ; La recherche de SOD1, FUS, TARDBP, OPTN, ALSIN et ANG peuvent confirmer, apporter des informations pronostiques et des conseils génétiques plus précis pour l’entourage. Formes cliniques de début - Début au niveau des membres supérieurs : forme brachiale - Début au niveau des membres inférieurs : forme pseudopolynévritique - Début au niveau du bulbe : forme bulbaire FORMES CLINIQUES (1) Forme commune, brachiale : 40% Début unilatéral, distal avec amyotrophie (main d’Aaran Duchesne ou de singe) Amyotrophie des muscles de la main , creusement des espaces inter-osseux Amyotrophie importante : main de singe FORMES CLINIQUES (1) Forme commune, brachiale : 40% Début unilatéral, distal avec amyotrophie (main d’Aaran Duchesne ou de singe) Evolution ascendante, Atteinte rapide du coté hétérolatéral. FORMES CLINIQUES (2) Forme pseudo-polynévritique : 30 % Déficit distal des membres inférieurs (steppage), Asymétrie , Hyperréflexie souvent absente, Fasciculations, hypertonie pas de signe sensitif objectif. FORMES CLINIQUES (3) Forme bulbaire : 19-35% (B : 20%) Le bulbe Région basse du cerveau - Très importante car elle contient les noyaux des nerfs de la face, de la langue, de la respiration, de l’éveil. - Voie de passage des faisceaux qui vont et viennent au cerveau ( sensitifs et moteurs ). - Sillon bulbo-protubérantiel VI: n. oculomoteur externe VII: n. facial VII bis : n. intermédiaire VIII : n. auditif IX : n. glosso-pharyngien X : n. vague ou pneumogastrique XII : n. grand hypoglosse XI XI: n. spinal SLA bulbaire: présentation clinique - La voix nasonnée devient mal articulée bientôt incompréhensible , - Le trouble phonatoire est compliqué par l’atteinte expiratoire - La langue est ravinée et animée de fasciculations; sa protraction devient impossible - Le voile du palais est flasque - Le flux de salive est important et a tendance à s’écouler par les lèvres, insuffisamment fermées - Les muscles masséters sont atrophiés - La déglutition est d’abord lente et pénible. Les liquides refluent par le nez. Les fausses-routes sont importantes. FORMES CLINIQUES (3) Forme bulbaire : 19 - 35% (B : 20%) Troubles de la phonation et de l’élocution donnant une voix nasonnée Amyotrophie linguale avec fasciculations, Dysphonie, gêne respiratoire, Voile flasque et aréactif Dysphagie qui prédomine pour les liquides Paralysie labio - glosso - pharyngée, Atteinte secondaire des membres supérieurs puis des membres inférieurs. L’ atteinte bulbaire en SLA Atteinte constante Atteinte progressive des noyaux des dernières paires de nerfs crâniens ( X, XI, XII) en épargnant la moitié supérieure du visage Conditionne le pronostic de survie Evolue rapidement. SYMPTOMES VITAUX Toujours en relation avec l’ atteinte bulbaire : Troubles de la déglutition Troubles ventilatoires A savoir ! Les troubles de la déglutition entraînent rapidement une perte de poids qui est un facteur de survie négatif. Quelles autres atteintes ? Jusque très récemment, la SLA était considérée comme une dégénérescence motrice pure bien que le collègue de Charcot, Marie ait décrit des symptômes cognitifs. La présence d’une atteinte cognitive n’a pas été entièrement admise dans la littérature anglophone avant la dernière décade du XXeme siècle. Actuellement, il existe assez de preuves ( neuropsychologiques, épidémiologiques, d’imagerie et de génétique) pour reconnaître un considérable overlap entre la SLA et la démence fronto-temporale. Atteinte des fonctions supérieures Atteinte cognitive : 20 – 50 % des cas Démence de type fronto-temporale : 5 à 15 % des cas. Spectre SLA - démence ALS : sclérose latérale amyotrophique FTLD : démence fronto- temporale Troubles sphinctériens L’atteinte de la sangle abdominale entraîne des difficultés pour l’élimination des selles par insuffisance de poussée. Les muscles sphinctériens peuvent également être atteints. Une incontinence fécale est possible à la période tout à fait terminale de la maladie. Les traitements combattant la constipation peuvent entraîner une incontinence. TRAITEMENT de la SLA 2 axes principaux : Ralentir l’évolution (modifier l’évolution naturelle) Améliorer les symptômes et privilégier le confort. Traitement médicamenteux de la SLA Riluzole (Rilutek ®) : Seule molécule ayant démontré une certaine efficacité dans la maladie. Inhibiteur du glutamate. Mécanismes d’action : mal élucidés Utilisée depuis 1997. 100 mg /j ( en 2 prises) Diminution du risque relatif de décès - 30 % à 12 mois et 18 mois - prolonge la survie d’environ 3 mois après 18 mois de traitement. N.B : les études n’ont pas inclus des patients débutants. Riluzole (Rilutek ®) Effet identique dans formes bulbaires et spinales Remboursé chez les patients avec une CV respiratoire égale ou supérieure à 60 % Effets secondaires : rares : asthénie, nausées, douleurs abdominales, HTA, perturbation des tests hépatiques, .. Traitements symptomatiques Sialorrhée Encombrement bronchique Troubles de déglutition Les troubles de la parole Rires et pleurs spasmodiques Les crampes La spasticité La dépression et l’anxiété L’insomnie et la fatigue L’hypercapnie La perte de force des membres La perte de mobilité Traitements symptomatiques Sialorrhée Encombrement bronchique Troubles de déglutition Les troubles de la parole Rires et pleurs spasmodiques Les crampes musculaires La spasticité La dépression et l’anxiété Insomnie et la fatigue L’hypercapnie La perte de force des membres La perte de mobilité Les rires et pleurs spasmodiques Expression de rires ou de pleurs inappropriée, réflexe. Souvent génantes socialement Traitement : certains anti dépresseurs sérotoninergiques réponse clinique en quelques jours. Les crampes musculaires Définition : contractions involontaires des muscles, souvent douloureuses. Traitement le plus utilisé depuis les années 1930 – 1940 : sulfate de quinine: entre 200 et 500 mg /j Effets secondaires : - allongement de l’espace QT avec troubles de rythme cardiaque, - atteinte des lignées sanguines ( thrombopénie, anémie hémolytique, pancytopénie ) - coagulation intra –vasculaire, … Fin 2006 : la FDA désapprouve ce traitement Symptomatic treatment for muscle cramps ( an evidencebased review) : report of the therapeutics and technology assessment subcommittee of the American Academy of Neurology ( Neurology 2010; 74;691-6 ) : aucune thérapeutique disponible. Traitements des symptômes vitaux Dépistage précoce Suivi adapté tous les 3 mois Discussion claire avec le patient et son entourage à chaque étape La ligne de conduite La prise en charge optimale des patients nécessite un diagnostic précoce et la mise en place de thérapeutiques symptomatiques pour maintenir la qualité de vie. Les intervenants Le malade Objectifs communs Les troubles de déglutition Les troubles respiratoires et ventilatoires La ventilation non -invasive La ventilation invasive La perte de motricité La perte de tonus des muscles du cou Les troubles de la parole et de l’articulation La tétraplégie Les escarres La prise en charge adaptée permet d’améliorer la qualité et la longévité de vie des patients. Fin de vie Il est important de discuter avec le patient des choix thérapeutiques et de leurs alternatives. Une discussion claire est souvent la meilleure approche. Les possibilités de choix de fin de vie doivent être évoquées. Si le patient le souhaite, les informations sur l’arrêt des soins et l’euthanasie doivent être données.
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