DM n° 2 : Lisez les textes et répondez aux questions en faisant des phrases complètes Différentes formes de récits de voyages. Texte 1: La lettre. Le 18 février 1519, Hernan Cortés appareille à La Havane à destination de la côte mexicaine. Commandant la troisième expédition espagnole, il écrit cinq longues lettres adressées à l'empereur Charles Quint rendant compte de la conquête du Mexique. La troisième, datée du 15 mai 1522 de Coyoacan et diffusée à travers toute l'Europe, raconte l'extension de la conquête dans le but de trouver des richesses. Vocabulaire: 1. notices: nouvelles, renseignements. 2. signalé: important. 3. géographe au Moyen Age. 4. avant qu'ils n'arrivent. 5.une lieue = 4.5 kms. 6. personnes originaires d'un lieu (ici le Mexique) 7. récit Lettre troisième. C 1 omme je l'ai déjà dit, Très puissant Seigneur, j'avais reçu quelques notices assez vagues, touchant cette mer du Sud, et l'on m'avait dit, de part et d'autre, qu'elle se trouvait à douze, treize ou quatorze journées d'ici. J'avais fort à cœur de la découvrir, 2 pensant rendre à votre majesté le plus grand et le plus signalé service; car tous ceux qui ont quelque savoir et quelque expérience de la navigation dans les Indes tiennent pour certain que cette découverte entraînerait celle de beaucoup d'îles riches en or, perles, pierres précieuses et épices, sans parler de la découverte de beaucoup d'autres choses inconnues et admirables. Les 3 personnes lettrées et les cosmographes les plus érudits affirment la même chose. Poussé par ce désir et par la grande ambition de rendre à Votre Majesté un service mémorable, j'envoyai quatre Espagnols, dont deux par une province et deux par une autre, en leur traçant la route qu'ils avaient à suivre et leur donnant pour guides des personnes choisies parmi nos alliés indiens. Ils partirent. 4 Je leur recommandai de ne point s'arrêter qu'ils n'arrivassent à la mer, et qu'aussitôt découverte ils en prissent officiellement possession au nom de Votre Majesté. Deux d'entre eux parcoururent plus de cent 5 trente lieues au travers de belles et riches provinces sans rencontrer d'obstacles, atteignirent les rivages de cette mer et prirent possession en érigeant des croix sur ses bords. Ils revinrent avec un rapport sur leur 6 découverte, me donnèrent sur toutes choses les plus grands détails et m'amenèrent divers individus des naturels du pays. Ils m'apportaient aussi de fort beaux échantillons d'or, pris dans les mines de ces provinces, qu'avec d'autres échantillons de même nature j'ai l'honneur d'envoyer à Votre Majesté. Les deux autres Espagnols tardèrent davantage, car ils eurent à parcourir plus de cent 7 cinquante lieues avant d'arriver à la mer dont ils prirent également possession; ils m'apportèrent aussi une longue relation de leur voyage et m'amenaient des naturels de la côte. Je les reçus fort gracieusement, et après leur avoir parlé de la grande puissance de Votre Majesté et leur avoir donné quelques présents ils s'en retournèrent fort satisfaits dans leurs pays. Hernan Cortés, La Conquête du Mexique (1519-1526). Texte 2: Le journal de bord. Nous sommes en 1923. Parti étudier les côtes de Mauritanie comme océanographe, Théodore Monod découvre l'appel du désert. Il décrit ici l'une de ses journées. E n avant. Armé d'un marteau, d'un carnet, d'un crayon – fixé à son propriétaire par un cordon, détail capital – un baromètre en bandoulière, le voyageur se met en route, à pied. 1 A 7h00 TMG , observation météorologique. Les poches se remplissent d'échantillons de roche ou de cailloux préhistoriques. Des collaborateurs bénévoles – européens et indigènes – m'apportent leurs trouvailles, utilisables parfois, souvent sans le plus léger intérêt; aussi ai-je à 2 mon séroual deux poches: d'un côté, celle du muséum, qui a un fond, de l'autre, la poche "à cadeaux", qui n'en a plus; de la sorte, sans froisser l'amour-propre des donateurs, ni décourager leur zèle, je puis, ostensiblement, accueillir leurs découvertes inutiles et, discrètement les restituer au désert par le canal de mon pantalon. Deux ou trois heures de marche à pied au moins, bien davantage souvent. Au bout d'un Vocabulaire: certain nombre de kilomètres, changement de véhicule: on monte. 1. heure universelle de Greenwich. Avant d'escalader cet "alambic à roulettes" dont Claudel ne sait que faire, mais auquel je 2. pantalon bouffant. me fais fort, avec vingt kilomètres de cailloux dans les jambes, de découvrir un emploi de 3. petit pain rond et plat cuit dans 3 courte halte. Casse croûte: un bout de kessera , quelques dattes, des arachides. le sable. 4. soldats d'Afrique du Nord. Et l'on repart. A 14 heures, météorologie. Dans l'après-midi, parfois, nouvelle séance de 5. faire agenouiller un chameau. marche à pied. Le soleil baisse. On commence, après huit ou dix heures de route, à avoir 6. lampe à huile. envie de s'arrêter, et c'est la chasse au "pâturage"; la moindre tache de végétation est jaugée à l'œil: suffira-t-elle à nos animaux? 4 Les goumiers , déjà, au passage, déracinent du bois mort pour le feu de tout à l'heure (qui sait s'il y en aura au lieu où nous 5 camperons?). Enfin, on se décide: Eiwa, nbâtou houn, berek. "Nous allons coucher ici, baraquez ." A 19 heures dernière séance d'esclavage thermobarométrique. Repas du soir: gruau d'orge, riz ou pâtes, thé liturgique. Pour les bêtes et pour les hommes – sauf pour le cuisinier – la journée est 6 finie, point pour le voyageur qui devra, longtemps encore, à la lueur vacillante d'un quinquet , transcrire les notes dans un journal de route, recopier les croquis et les observations météorologiques, étiqueter et emballer les échantillons et reporter leur numéro d'ordre, avec les indications de provenance, dans le catalogue des collections; s'il est topographe, mettre au net l'itinéraire du jour. Théodore Monod, Méharées (1937), Actes Sud, 1989. Texte 3: Le récit recomposé. Vocabulaire. Un jour, nous sommes partis au Sahara car nous habitions à Oran, les vacances de Pâques 1. anciennement le Zaïre, et aujours'annonçaient et nous avions acheté une automobile familiale, une Peugeot. Nous étions d'hui République démocratique du Congo. deux parents et quatre enfants, Jean, Germaine, Gilles et Jeannine. Le cinquième, 2. région montagneuse partagée Philippe, n'était pas là car il naîtrait plus tard. Comme j'étais un petit, et un petit assez entre Iran et Pakistan. agité, on m'a niché sur un strapontin mais, dans les familiales, les strapontins étaient 3 et 4. Périodes de la préhistoire disposés à l'envers et j'ai découvert le Sahara, Méchéria, Aïn Sefra, Tiaret, Colomb5. forme de relief plissé, vallée. Béchar, les oasis, les antilopes, le sable et tout ça, en regardant la Méditerranée. 6. carte marine du Moyen Age J'envahissais l'Afrique en lorgnant l'Europe. Mon voyage fut une marche arrière, une indiquant les ports et les côtes. Géographe français, auteur de culbute. C'était bizarre d'avancer à reculons. Comme mon père pilotait sa première cartes scolaires murales. voiture, je me suis dit qu'il s'était embrouillé avec tous ces leviers de vitesse […] A Oran, je possédais quelques timbres-poste mais je ne les collectionnais pas. Je mesurais que le monde forme un gros chaos, et qu'ordonner les pays dans un album serait une imposture, une lâcheté. Je mélangeais gaiement tous mes timbres. Je les contemplais. A force de fréquenter leurs ananas, leurs oiseaux-mouches, leurs dentelures et les tampons appliqués par des facteurs du Congo 1 2 belge ou du Bélouchistan , je m'étais confectionné un projet de carrière. Je serais exotique. Je cultiverais la géographie et les sciences du voyage. Malheureusement, ma première expérience, ce contact avec le Sahara sur un strapontin monté à l'envers, n'annonçait rien de bon: comment Christophe Colomb aurait-il repéré les Indes occidentales s'il avait navigué à rebours, la lunette pointée sur l'Espagne? (J'ignorais à l'époque que Colomb avait trouvé l'Amérique par étourderie.) […] Nous ne roulions pas dans un pays mais dans une géographie. Pas une géographie régionale ou humaine. Non! Une géographie générale. Elle ne traitait ni de nations, ni de capitales, ni de départements, de ports ou de métallurgie, mais de rochers, d'océans, de quaternaire, de rivières, d'âges glaciaires, de crétacé et de et de dévonien, et de vents, de synclinaux. […] C'est pourquoi ce voyage, malgré le strapontin à l'envers, m'enchantait. Nous roulions sur une mappemonde plutôt que dans des territoires. A la place de l'Algérie s'étendait un formidable portulan bariolé sur lequel je progressais comme une caravelle. Je pataugeais dans les rouges et les violets du Vidal de La Blache. Le premier jour, nous avions quitté le bleu de la Méditerranée et nous avions foncé dans le bistre et l'ocre de l'Atlas saharien où Alphonse Daudet chassait le lion. Ensuite, commencèrent les longs rubans de bronze, de terre de Sienne, entrecoupés ici et là de traces vertes et de filaments bleus. Plus tard, le vert a pâli, nous avons abordé les taches blanches, des pliures brunes, des gris et des mauves et nous avons atteint notre but: la couleur jaune. Gilles Lapouge, Besoin de mirages, Editions du Seuil, 1999. Questions. Texte 1. 1) Qui est l'auteur de ce texte? A quelle personne s'exprime-t-il? 2) Quelle forme de récit a-t-il choisi pour raconter son voyage? 3) A qui s'adresse-t-il? 4) A quel moment l'auteur écrit-il son texte: pendant ou après les événements? Justifiez votre réponse en étudiant les temps grammaticaux. 5) De la ligne 7 à la ligne 18, relevez les verbes dont "je" est le sujet et ceux dont le sujet est "ils". 6) Qui accomplit la majorité des actions? 7) Quel est donc le rôle de Cortés? 8) Dans quelle double intention Cortés rédige-t-il ce texte? 5) Relevez les indications temporelles. Quel rôle jouentelles? Pourquoi trois d'entre elles sont plus précises? 6) A quel moment Théodore Monod rédige-t-il ses notes? 7) D'après tes réponses, quelles sont les caractéristiques de la forme d'écrit choisie par Théodore Monod? Quel intérêt cette forme présente-t-elle? Texte 3 1) Relevez les lieux traversés. Dans quels pays le narrateur voyage-t-il? 2) A quel moment de son existence fait-il ce voyage (Relevez une expression qui le prouve) 3) Observez les prénoms des enfants de la famille et celui de l'auteur du texte. Quel lien peux-tu établir entre le narrateur et l'auteur? 4) Relevez les couleurs énumérées dans les derniers Texte 2. paragraphes. Que représentent-elles? 1) Dans quelle région du monde Théodore Monod voyage-t- 5) Montrez que c'est l'adulte qui décrit le voyage en il? Relevez tous les indices qui vous en informent. utilisant ses souvenirs d'enfant. 2) Montrez en vous appuyant sur le texte que Théodore 6) Cherchez la définition de "recomposé" dans un Monod est un scientifique qui voyage. dictionnaire. Donnez ensuite les raisons pour lesquelles on 3) Soulignez les phrases nominales du texte. Pourquoi peut dire que le récit de Gilles Lapouge est un récit de sont-elles aussi nombreuses? voyage recomposé. 4) Quel temps grammatical l'auteur utilise-t-il? Expliquez 7) Qu'est-ce qui différencie le voyage recomposé du son emploi. journal de bord?
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