GU www.lesoir.be/demainlaterre DEMAIN,LATERRE L’autonomie alimentaire comme idéal DÉVELOPPEMENT DURABLE Le ministre wallon de l'Environnement dévoile sa stratégie habitude. Ce sont des récipients permettant de reprendre chez soi le reste du repas que l’on n'a pas pu finir au restaurant. On négocie avec le secteur horeca pour que leur emploi devienne systématique. Cela devrait opérationnel dans le courant 2016. Des discussions sont en cours avec Test-Achat, qui a une démarche similaire. La stratégie wallonne en matière de développement durable fait peau neuve. Ses objectifs : accroître l'indépendance tant alimentaire qu'énergétique et booster l'économie circulaire. ENTRETIEN À la veille de la soirée inaugurale lançant le deuxième Congrès Interdisciplinaire sur le Développement Durable*, Carlo Di Antonio, ministre wallon de l’Environnement, dévoile en exclusivité au Soir sa stratégie en matière de développement durable. Fruit des dernières consultations menées auprès des secteurs concernés, elle repose sur trois axes : accroître l’autonomie alimentaire et énergétique, ainsi que donner un coup d’accélérateur à l’économie circulaire. Vous entreprenez la réécriture de la stratégie de développement durable de la Wallonie. Sera-ce une énième réflexion? Pas du tout. Je veux un texte pragmatique avec des applications directement concrètes, de terrain. Le premier volet concerne l’autonomie alimentaire, c’est le plus accessible rapidement. C’est ce qui a le plus de sens. Je veux mettre l’alimentation durable à portée du citoyen et créer plus de possibilités pour écouler nos produits locaux. Ce n’est pas du protectionnisme bête et méchant. C’est mieux de consommer local : les produits sont plus frais et plus sains, de plus cela permet de diversifier notre production, de favoriser une agriculture plus respectueuse des sols. Par ailleurs, en privilégiant notre terroir, on diminue les transports mondiaux de marchandises et on épargne les terres malmenées dans des pays lointains. Cela exige de consacrer davantage de terres agricoles wallonnes à la consommation locale. Leurs surfaces spécifiques augmentent de 5 à 10 % par an. On voudrait accélérer cette tendance. C’est pourquoi j’ai demandé à l’APAQ-W de développer un marqueur révélant la proportion d’aliments wallons consommés par nos citoyens. Et concernant la problématique du gaspillage alimentaire? On finalise cette stratégie. Tout d’abord, on veut diminuer drastiquement les pertes à la source. L’idée Comment accélérer la transition ? Ces 20, 21 et 22 mai, le Congrès Interdisciplinaire sur le Développement Durable* coorganisé par l'ULB et l'UCL rassemblera des intervenants de haut niveau autour de cette question. La conférence inaugurale, modérée par Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef au Soir, aura lieu mercredi à 20 heures à l'ULB en présence de Rob Hopkins, père du Mouvement en Transition et de Gunter Pauli, industriel belge pionnier dans l'économie circulaire. Jeudi et vendredi, des débats auront lieu à l'UCL pour faire éclore des approches scientifiques innovantes et interdisciplinaires, impliquant les acteurs de terrain. * pour vous inscrire : http://cidd2015.sciencesconf.org/ Carlo Di Antonio, ministre wallon de l'Environnement veut favoriser la consommation de produits de notre terroir. © P. BOURGUET. est de mettre sur pied une possibilité faire subir une biométhanisation, de récupération des fruits et des lé- ça coûte cher), mieux encore, ils régumes encore trop souvent jetés car cupèrent la TVA de ces produits sur non conformes en termes base d’un papier émanant de taille, de calibre, d’asla banque alimentaire « On négocie de pect. Sans oublier la fin certifiant avoir bien reçu de vie des aliments et les avec le secteur ces denrées. Malheureudates de péremption : on sement, actuellement, on horeca pour veut améliorer cela. Un constate que cette filière texte de loi oblige déjà les que l'usage du est sous-utilisée par les magasins à mettre leurs associations. La pierre 'resto-pack' invendus à disposition d’achoppement, c’est leur devienne d’associations œuvrant organisation qui n’est pas dans l’aide alimentaire. systématique » assez performante. Or, il Cette démarche est inest crucial qu’elles maîtéressante pour les magasins : leur trisent la chaîne du froid et gèrent la quantité de déchets à gérer diminue, logistique d’acheminement vers leurs ils économisent de l’argent (enlever entrepôts. Cela n’empêche, en 2014, l’emballage des déchets avant de leur 20 % de denrées supplémentaires ont été collectées par les banques alimentaires. Mais on peut faire beaucoup mieux. Quid du gaspillage par les citoyens? On va travailler à les conscientiser à acheter des quantités réfléchies via une campagne de sensibilisation aux déchets. Chaque ménage jette 17 kilos de denrées par an. Pour diminuer ce gaspillage, il faut favoriser la seconde vie des mets, comme préparer un repas avec les restes de plat de la veille. Un autre axe concerne le gaspillage au restaurant. C’est-à-dire? On va généraliser les "resto-pack" pour que leur usage devienne une À Anvers, première ferme urbaine productive E Un autre volet de votre stratégie de développement durable concerne l’autonomie énergétique... Vous savez, quand on retire la production, le solde de la biomasse dans les exploitations agricoles est suffisant pour les alimenter en énergie. Cela mérite réflexion ! Mieux valoriser leur biomasse permettrait aux agriculteurs de diminuer leurs coûts. Par ailleurs, les entreprises peuvent quasiment devenir autonomes en énergie en couplant le photovoltaïque, la biomasse et l’éolien. Avec Maxime Prévot, qui détient cette compétence, nous travaillons à changer les règles pour permettre au petit et au grand éolien de s’installer dans les zonings. Cela devrait être finalisé d’ici 6 mois. Envie de penser le monde de demain ? C’est pourquoi notre ferme est n matière de transition une coopérative, non subsialimentaire, la Flandre diée, exclusivement supportée n’est pas en reste. Alors que les par des coopérateurs. Depuis groupes d’achat commun (GAC) le lancement de l’opération y sont bien développés, la preen mars dernier, ils sont déjà mière ferme urbaine productive 125. Prendre des parts dans la a vu le jour il y a peu, à Anvers. ferme, donc s’impliquer dans « Avant ce site était une ferme la production de nourriture, pédagogique pour enfants, mais c’est la condition sine qua non la Ville a coupé les subsides. pour acheter nos paniers bio », C’est alors qu’a germé l’idée d’exexplique Greet. ploiter ses 5 hectares de prairies Et d’ajouter que « On en pour produire de la nourriture connaît tous des projets trop saine pour les Anversois, exidéalistes, sans fondements soplique Greet Heylen, l’une des 4 chevilles ouvrières de ce prolides et qui s’écroulent rapidejet 'Stadsboerderij Antwerpen'. ment. Nous, nous voulons créer une nouvelle façon de faire qui Nous cultivons exclusivement en permaculture. C’est-à-dire En permaculture, on allie bio à l'enrichissement des sols. © D.R. soit à la fois bonne pour nourqu’en plus de produire des rir sainement les gens, bonne fruits et des légumes selon l’agriculture du lien humain ». La ferme a par ailleurs pour les sols et pour l’économie. » À court terme, ils ambitionnent de biologique, nous améliorons la qualité comme projet de remettre à l’emploi des des sols. » Dans une idée de boucle ver- personnes précarisées ou peu qualifiées. coopérer avec des fermes de la camUn beau projet « vert » de plus ? Mais pagne anversoise pour diminuer l’imtueuse, du petit élevage viendra s’ajouter à la culture maraîchère l’an prochain. Le avec les pieds bien ancrés sur terre. pact financier et écologique des transfumier sera utilisé pour nourrir saine- Alors que Greet est issue du mouve- ports, et pour être plus fort au niveau ment de la Transition, le responsable de marketing. « Notre but est de convertir ment les sols. Cette année, 30 % de la superficie la ferme est, selon ses dires, un « vrai au bio des gens qui ne sont pas encore des terres sont exploités, permettant de libéral ». « Mais ce n’est pas contradic- sensibilisés à la nourriture saine. » concevoir jusqu'à 300 paniers hebdoma- toire car une vraie ferme ne doit pas Une volonté similaire anime d’ailleurs daires. La toute première livraison aura avoir besoin de subsides pour vivre. Elle la Ceinture Alimentaire liégeoise, pionlieu ce jeudi. « Deux fois par semaine, les doit pouvoir être bâtie sur une écono- nière dans la fédération des acteurs pépaniers seront livrés en 25 lieux sociaux mie saine, grâce à sa transparence et au riurbains du circuit court alimentaire de la ville, et ce pour favoriser le tissage lien de confiance tissé avec ses clients. en Région wallonne. L.TH. Le troisième axe concerne l’économie circulaire... On veut généraliser l’obligation de passer à la deuxième vie des objets, comme un vélo qui demande à être réparé ou un objet qui trouve une seconde jeunesse grâce au relooking. Pour y parvenir, on pourrait renforcer le réseau des Ressourceries en faisant basculer des moyens financiers comme ceux soutenant jusqu’alors l’incinération. Le montant serait d’environ 30 millions d’euros/an. Je préfère renforcer une filière intéressante pour l’emploi et qui, de plus, favorise la seconde vie des objets. Autre point, on voudrait que la poubelle PMC actuelle fasse peau neuve. Actuellement, on ne recycle que de 30 à 35 % des plastiques, c’est trop peu. On veut que tous les plastiques soient collectés dans la même poubelle et ensuite triés par l’opérateur. Propos recueillis par LAETITIA THEUNIS « Demain, la Terre », récompensé par un prix international Grâce à son projet « Demain, la Terre », Le Soir a remporté un prix international. A New York, l'INMA (International News Media Association) a récompensé l'initiative pour son originalité, sa qualité et son implication concrète dans le développement durable. « Demain, la Terre », concocté au quotidien par notre journaliste Laetitia Theunis et notre documentaliste Renée Vernier, remporte le prix du meilleur projet permettant de créer une nouvelle audience médiatique. Le jury de l'INMA a par ailleurs salué l'action innovante du Soir par la création du "Fabuleux Jardin du Soir". « Nous avons besoin de journaux qui osent sortir de leur zone de confort. Comme le fait Le Soir grâce à son jardin, permettant ainsi la mise en place de solutions concrètes tout en ciblant de nouveaux publics par la compréhension de leurs besoins. » Ce projet est supporté par différents partenaires dont BEBAT (l'une des meilleures associations de collecte et de tri de piles au monde), présente depuis le début. « Ce prix, c'est une belle confirmation. Cela veut dire qu'on est dans la bonne voie pour conscientiser à la protection de l'environnement et au développement durable. Et pour concrétiser le message, le jardin est formidable car il permet d'être proche des gens, explique-t-on chez BEBAT. On n'a qu'une planète, chaque geste compte. » En collaboration avec "Le(s) présent(s) article(s) est (sont) reproduit(s) avec l'autorisation de l'Editeur, tous droits réservés. Toute utilisation ultérieure doit faire l'objet d'une autorisation spécifique de la société de gestion Copiepresse [email protected] " 27
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