Culture, sport & loisirs - Journal des activités sociales de l`énergie

Sommaire
10
7
Éditorial
Dossier
Vivre ensemble
3
Heureux
bénévoles
Soyons clairs !
Par Michel Barthas,
secrétaire général
de la CCAS
Séjours bleus à la
maison familiale
CCAS de Morgat.
Vivre ensemble
4
24 heures colo
À Métabief
Retraite
à plein
régime
De l’utilité de bien
se préparer.
9
La mémoire à brasle-corps
Ateliers du bien vieillir
avec la Camieg.
Ici et ailleurs
18
La dignité au bout
du fusil
11 avril 1945 : le camp
de Buchenwald se libère.
Culture, sport & loisirs
20
22
Moyen métrage,
grand format
Brives, l’autre festival
du cinéma.
Ici et ailleurs
24
Le goût
des autres
26
Cécile Castendet,
une vie dans
les Activités Sociales.
Une expo au boulot
Quand l’art rentre
dans l’entreprise.
En bref
Dans votre espace
culture et loisirs.
Notre monde en question
28
Les transnationales
face aux peuples
Susan George,
présidente d’honneur
d’Attac, s’insurge contre
les « usurpateurs ».
Changez d’air
30
Sweet mobile home
Carte postale.
À lire sur le journal en ligne ccas.fr
INTERVIEW
À DÉCOUVRIR
Après quarante ans de scène et
deux victoires de la musique,
Hubert-Félix Thiéfaine entame
une série de concerts après la sortie
de son album, Stratégie de l’inespoir.
Hubert-Félix Thiéfaine a répondu
à nos questions. Entretien à retrouver
sur le site de notre Journal en ligne.
Un nouvel espace consacré
aux questions énergétiques,
dans toutes leurs dimensions
sociales et scientifiques,
d’ores et déjà ouvert à vos
commentaires et contributions.
LA CCAS ET LES CMCAS SONT SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
CCAS
(page officielle)
@ccas_fr
L’application iPhone et Android
« Ma CCAS » est disponible en
téléchargement.
Éditorial
Soyons clairs !
© SÉBASTIEN COTE
© JOSEPH MARANDO/CCAS
George, auquel se livrent les multinationales de l’énergie à l’échelle
du continent et du monde.
Car si en France, le prix de l’électricité a augmenté de 30 % et le gaz
de 80 % depuis la libération des
marchés, ce n’est pas du fait des
salariés mais bien de la volonté
d’afficher des profits pour les
actionnaires à deux chiffres.
MICHEL BARTHAS,
secrétaire général
de la CCAS
L
23
Culture, sport et loisirs
Golf story
À contre-courant
des idées préconçues.
À retenir
Les Activités Sociales ont pris place sur
l’intranet d’EDF, Vivre EDF on line.
Cet espace, ouvert à tous les salariés
du groupe EDF, leur permet d’accéder
à partir de leur poste de travail à
l’ensemble des offres et prestations
(vacances, assurances, actions sanitaires
et sociales, culture, sport, restauration).
Il propose également des informations
pratiques, telles que les coordonnées
des CMCAS, les chiffres clés
des Activités Sociales ou encore la façon
la plus simple d’obtenir son NIA !
es résultats obtenus par
le Front national et le taux
d’abstention aux dernières élections départementales m’interpellent.
Une fois de plus, l’histoire
se répète. Et pourtant, nous le
savons : cette colère trouve ses
causes principales dans les politiques d’austérité successives
conduites en France et en Europe.
Qui en effet n’a pas dans son entourage un enfant, un ami ou un proche
privé d’emploi qui a du mal à suivre
des études, à se loger, à faire face
à ses dépenses de santé. Que dire
de l’idée même de partir en
vacances ? « Les acquis sociaux ne
sont pas des privilèges de nantis. Le
tarif agent en est le symbole ! »
déclare Cécile Castendet dans les
pages de ce Journal. En effet que
représente le tarif agent – élément
constitutif de la rémunération des
salariés des Industries électriques
et gazières – au regard du gigantesque Monopoly, comme le dit si
bien dans ces colonnes Susan
LES AS, UN BOUCLIER SOCIAL.
C’est dans ce contexte que se sont
ouvertes les rencontres régionales
des Activités Sociales. Dans le prolongement des résultats des dernières élections de CMCAS, l’ensemble de vos élus de CMCAS, des
organismes sociaux et des organisations syndicales débattent,
échangent et réfléchissent jusqu’à
la fin du mois d’avril. Vacances
adultes et familles, colos, restauration et économie sociale et solidaire
font l’objet de riches discussions.
Ce moment est important pour
notre modèle démocratique et syndical. Ces réflexions viendront nourrir et enrichir les débats des prochaines assemblées générales de
SLVie et de CMCAS. Conformément
à nos règles de fonctionnement, les
décisions seront prises à l’automne
prochain lors de l’assemblée des
présidents de CMCAS.
En attendant, je vous invite à vous
plonger dans le dossier de votre
Journal, consacré à ces jeunes et
futurs retraités. Inactifs ? dit-on. Si
le nom est beau car chargé d’histoire, l’adjectif est tout à fait inadapté. Dans les associations, la vie
politique, syndicale ou les Activités
Sociales, ils et elles s’engagent pour
faire vivre notre projet de développement humain et solidaire.
Le journal, mensuel des Activités Sociales de l’énergie. Immeuble René-Le-Guen, 8, rue de Rosny,
BP 629, 93104 Montreuil Cedex. Tél. : 01 48 18 60 00. Directeur de publication : Michaël Fieschi.
Rédacteur en chef : Stéphane Gravier. Rédacteur en chef délégué : François Puthod, Agence Anatome.
Assistante : Laëtitia Rausch. Rédaction : Marie-Line Vitu, Sophie Chyrek, Tiffany Princep, Samy
Archimède, Thierry Marck. Ont collaboré à ce numéro : Stéphane Alesi, Frédérique Arbouet, Noémie
Coppin, Alexandre Courban, Michel Courboulex, Luc Mahler, Anne-Aurélie Morell, Laïla Saïdi. Secrétariat
de rédaction : Agence Anatome. Iconographie : Carole Lhermitte, Florence Hulot. Suivi éditorial et
graphique : Agence Anatome. Design : Shannon/Szentgyörgyi, Design Dept. Direction artistique :
Jérôme Travers. Réalisation graphique : Jeanne Julien, Agence Anatome. Photo de couverture :
Didier Delaine/CCAS. Photogravure : Open Graphic media. Publicité : Agence Comédiance.
Impression, expédition : Rivet Presse/Édition, 24, rue Claude-Henri-Gorceix, BP 1577, 87022 Limoges
Cedex 9. ISSN : 2258-0298. Tirage du no 363 : 317 647 exemplaires. Abonnement : 12,20 € (individuel),
6,10 € (collectif). Site Internet : www.ccas.fr. Pour nous écrire : [email protected]
Vivre ensemble
24 heures colo à Métabief
En février dernier, avec les jeunes de la colo « Free-style et vidéo » dans le Doubs.
Pique-nique ensoleillé au pied des pistes.
Sébastien,
l’un des trois
animateurs,
constate que
cette colo est
exemplaire.
Retour des pistes : goûter, douche,
puis on allume le feu et chacun
contribue aux tâches collectives.
C’est à quelle heure la boum ?
Il manque une assiette.
Super-ambiance
et pas un papier
par terre !
Pendant ce temps, d’autres se racontent
les temps forts de la journée.
Je veux le même !
Le bonnet de Gabriel,
mort de rire ! ! !
À TABLE !
Tout le monde se régale...
Oui, merci.
Tu veux de l’eau ?
Je ne connaissais pas
le mont d’or ! Je fonds…
4 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
Ensemble, la vaisselle
devient un plaisir.
Et ça va plus vite !
Pour le coup
de balai,
les volontaires
se font plus
rares…
… mais Mattis n’aime pas l’injustice.
Bel esprit solidaire ! Ça me plaît
bien le rôle d’animateur.
Quentin,
je te relaie
si tu veux…
Le ménage, avec un bon balai, c’est pas sorcier.
Alors, il envoie un SMS groupé…
… à la surprise générale !
C’est Séb !
Tu captes
le wifi ?
21 heures : briefing
du soir, Séb
aimerait « capter »
leur attention.
Un vrai débat s’installe…
Et c’est ainsi que les portables
terminent la soirée dans les poches.
En groupe, le portable coupe
la communication, vous ne trouvez pas ?
SCÉNARISTE : SOPHIE CHYREK – PHOTOGRAPHE : ÉLISE REBIFFÉ – RÉALISATION : NATACHA BAKALOWICZ/CCAS
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 5
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313, Terrasses de l’Arche 92727 Nanterre Cedex.
Document non contractuel
Conception Boréal
DU MOBILIER DE - 5 ANS
Vivre ensemble
© CHARLES CRIÉ/CCAS
Heureux bénévoles
Deux séjours bleus,
l’un organisé par
la CMCAS Melun,
l’autre par la CMCAS
Finistère-Morbihan,
se sont côtoyés,
une semaine en mars,
à la maison familiale
CCAS de Morgat.
Par leur présence
enthousiaste, les cinq
accompagnateurs
bénévoles ont créé
du lien social.
J
ean-Claude, MarieDominique, Michelle,
Nadine et Paule, engagés dans le réseau solidaire de leur CMCAS,
œuvrent au bon déroulement de ces deux séjours (1) destinés aux bénéficiaires âgés de plus
de 75 ans. « Je ne conçois pas ma
vie autrement. Je me sens absolument engagé. J’apprends beau-
LE RÉSEAU SOLIDAIRE,
terrain fertile de l’engagement.
coup auprès des anciens, cela me
passionne », déclare Jean-Claude
François, bénévole et président de
la commission pensionnés de la
CMCAS Melun. À peine en préretraite, Marie-Dominique Durrance
s’engage déjà dans le réseau solidaire. « Je trouve naturel de m’occuper des personnes qui sont autour
de moi. Quand la CMCAS m’a proposé d’accompagner ce groupe,
j’étais ravie. J’aime la compagnie
des personnes âgées qui n’est pas
du tout monotone. Auprès d’elles,
je reçois beaucoup. »
« J’APPRENDS À DONNER aux
personnes qui en ont besoin. Les
réconforter est précieux », précise
Paule Le Bars qui se souvient
qu’après le décès de son mari elle
a été touchée par l’aide qu’elle a
reçu de la CMCAS FinistèreMorbihan. Femme d’agent inactif
qui encadre durant l’été, Nadine
Périer a intégré le réseau solidaire
il y a trois ans. « Là comme je ne
travaille pas, j’ai besoin d’avoir un
contact social. Accompagner ce
séjour me permet de me rendre
utile en aidant les personnes, en
leur apportant de la joie, de la
bonne humeur. » Depuis qu’elle est
à la retraite, Michelle Lerandy est
active dans le réseau solidaire,
après avoir été une consommatrice
des activités sociales. « La solitude
est une pauvreté. Pouvoir la casser
en échangeant avec les personnes
isolées me donne un équilibre. Voir
les anciens sourirent m’apporte du
bonheur. Tant que j’ai la santé, je
continue avec plaisir. »
Du petit déjeuner au coucher, les
cinq accompagnateurs ne chôment
pas. Ils mettent leur énergie et dynamisme au service de la rencontre
avec l’autre. « Certes c’est fatiguant,
ajoute Michelle, mais nous avons
tout le temps de nous reposer après,
puisque nous sommes à la retraite. »
Quant à Marie-Dominique, toujours
joviale : « Après avoir été la plus
âgée au travail, me voilà la plus
jeune. C’est comme une cure de jouvence. Je suis prête à repartir. »
FRÉDÉRIQUE ARBOUET
(1) Séjour bleu solidaire organisé par
la CMCAS Melun du 1er au 14 mars.
Séjour bleu découverte du 8 au 14 mars
organisé par la CMCAS Finistère-Morbihan.
À découvrir dans
le journal en ligne le reportage
sur ce séjour vacances.
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 7
Vivre ensemble
droits des femmes
Inter-POM
Megévannes
© PHILIPPE MARINI/CCAS
L’outre-mer
au complet
L
’Inter- POM, traditionnel
rassemblement entre
bénéficiaires d’outre-mer, aura lieu
du 14 au 18 mai prochain à la
Martinique, qui organisera dans
le même temps sa fête de CMCAS
(le 17 mai). L’Inter- POM réunira
pour la première fois des
représentants des six CMCAS
ultramarines : Guadeloupe,
Guyane, Martinique, La Réunion,
Mayotte et Saint-Pierre-etMiquelon. Seront également
présents des élus de la CCAS, du
comité de coordination des CMCAS
et de la Camieg. Au programme,
une journée culturelle autour de
la musique « bèlè », un débat sur
© DR/CCAS
P
le thème « Le syndicalisme, une idée
moderne », une matinée sportive et
une soirée de gala. Les Réunionnais,
les plus éloignés des Antilles,
joueront les prolongations
en assistant le 22 mai à la Fête
de l’abolition de l’esclavage.
patrimoine
A
près une phase
de démolition en
novembre dernier, les centres
de vacances CCAS du cap
d’Agde et de Sérignan
(Hérault) sont en chantier
depuis le début de l’année. Sur
place, une centaine d’ouvriers,
répartis sur les deux sites,
s’active pour installer
163 résidences mobiles de
loisirs sur le cap et 120 toiles
« dernier cri » ainsi qu’un
bâtiment principal attractif
SÉRIGNAN
fait peu neuve.
à Sérignan. Confort, qualité,
remise aux normes et respect
de l’environnement, les deux
institutions, dont l’ouverture
est prévue début juillet,
se tournent résolument vers
la modernité. Sous l’égide
de la commission patrimoine
et de ses deux chefs de projet,
dans un département où
le tourisme social n’a pas
vraiment la cote, la CCAS
renforce son rôle majeur dans
ce concept d’avenir.
8 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
© JOSEPH MARANDO/CCAS
NOUVEAUX GÎTES
du cap d’Agde.
© JOSEPH MARANDO/CCAS
Travaux en cours
rès de
180 vacanciers
des centres de
vacances
de Megève se sont
retrouvé le 7 mars au
pied des pistes de
la station de HauteSavoie. Organisée en
partenariat avec l’École
de ski français, cette
journée a réuni le
public pour un moment
festif : descentes de
ski, initiation au yonner,
repas, déguisements
et jeux ont égrainé
le dernier jour des
vacances de février.
Placée sous le thème
de la Marche mondiale
des femmes, cette
initiative a été
l’occasion pour les
vacanciers de se livrer
à plusieurs jeux
autour de la Journée
internationale des
droits des femmes.
Pour Isabelle Famchon
et Luce Gauthier,
bénéficiaires des
CMCAS ChartresOrléans et Dauphiné
– pays de Rhône,
« c’est une très bonne
chose que les Activités
Sociales aient choisi
cette thématique pour
l’année 2015 ». Pour
la défense du droit à
l’avortement, les luttes
contre les violences
faites aux femmes et
la pauvreté, elles se
sont élancées en fin
d’après-midi avec
l’ensemble des femmes
pour une descente
symbolique.
SPF
Solidarité
L
e Secours populaire français a débloqué un
fonds d’urgence de 40 000 € pour venir en aide
aux victimes du Vanuatu dévasté dans la nuit du
13 au 14 mars par le cyclone Pam, qui selon un
communiqué de l’Unicef pourrait être « l’un des
pires de l’histoire du Pacifique ». Le SPF appelle
à la solidarité de tous pour venir en aide aux
victimes. Dès l’annonce de la catastrophe,
l’association a préparé avec ses partenaires locaux
de la région une réponse pour porter secours
(nourriture, eau potable, produits d’hygiène et de
première nécessité), selon les montants collectés,
aux familles qui ont tout perdu. Vous pouvez
adresser vos dons à la Fédération nationale des
électriciens et gaziers du SPF au 40, rue GastonLauriau, 93100 Montreuil.
La mémoire
à bras-le-corps
YASSINE KEBDANI,
de l’association
Siel bleu, anime
les ateliers
de « gym-mémoire »
dans un esprit ludique
et convivial.
© JOSEPH MARANDO/CCAS
Vivre ensemble
En lien avec les CMCAS, la Camieg propose, partout en France, des ateliers
du bien-vieillir, où l’on travaille la mémoire, l’équilibre et la condition
physique, dans la joie et la bonne humeur. Reportage à Moulins (Allier).
T
enir sur un pied le plus
longtemps possible,
marcher tout en jouant
avec un ballon, épeler
des mots en partant de
la fin… Pour les muscles
et les neurones de Mauricette, Claudette, Évelyne, Claude et les autres,
ce jeudi 12 mars, c’est jour de test !
Dans la salle d’activités de la CMCAS
Moulins, sur le superbe site de Fromenteau, ils sont dix bénéficiaires à
participer au premier d’une série de
douze ateliers de gym-mémoire mis
en place par la Camieg en collaboration avec les CMCAS. Cette séance
inaugurale vise à évaluer les aptitudes de chacun en termes de
mémoire et de capacités physiques.
Elle se déroule sous l’œil bienveillant
de Yassine Kebdani, intervenant de
Siel bleu, association spécialisée
dans la prévention de santé.
LES ATELIERS GYM-MÉMOIRE
visent à « développer la mémoire
en utilisant les mouvements, prévenir les chutes, entretenir la puissance des membres inférieurs,
donner le goût des activités physiques sur le long terme et réapprendre les automatismes », précise Yassine Kebdani.
Plusieurs des participants ont déjà
eu l’occasion d’expérimenter ce type
d’ateliers il y a trois ans. C’est le cas
de Claudette : « On s’amuse bien et
on rencontre du monde », résumet-elle. Jeanine Bouleau en garde elle
aussi un excellent souvenir. « J’ai tout
aimé ! Après les douze séances, je
me suis dit : “il faut que je trouve
quelque chose à faire pour bouger”.
Et j’ai trouvé : aujourd’hui, je fais de
la gym tonic dans un club près de
chez moi. »
Diminuée par un accident vasculaire
cérébral quelques années plus tôt,
Évelyne Boistard a repris confiance
en elle en bonne partie grâce à la
gym-mémoire. « Je me suis rendue
compte que j’étais encore capable
de faire des choses. Aujourd’hui, je
peux refaire de la cuisine, du tricot,
de l’ordinateur. C’est énorme ! »
SAMY ARCHIMÈDE
Agir pour bien vieillir
E
N 2014, 56 actions
(ateliers, sensibilisation,
dépistage, etc.) ont été
menées par la Camieg sur
le thème du « bien-vieillir », en
collaboration avec les CMCAS.
Au total, 1 365 bénéficiaires
y ont participé. Ces actions
visent à entretenir la mémoire,
à améliorer l’équilibre,
à dépister les troubles de
l’audition, à développer
l’activité physique et à adapter
l’alimentation des seniors.
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 9
Dossier
Retraite
à plein
régime
Attendu pour les uns, transition difficile pour d’autres,
le passage à la retraite est différemment vécu.
Pour trouver de nouveaux repères dans la vie présente
et future, aucun modèle… mais, parfois, une réflexion
à entreprendre. Vous avez dit inactifs ?
DOSSIER RÉALISÉ PAR SOPHIE CHYREK ET FRÉDÉRIQUE ARBOUET
10 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
L
a retraite n’est plus ce qu’elle
était. À l’heure de ce prétendu
arrêt d’activité, les personnes
sont en bonne santé et leur
séniorité s’apparente à une
seconde vie. Aujourd’hui 15 millions, les plus de 60 ans seront
20 millions en 2030, représentant près du
tiers de la population française. De plus en
plus nombreux, les retraités vivront mieux,
plus longtemps. Ce n’est pas un hasard si,
ces dernières années, les politiques de
santé publique à destination des plus de
60 ans intègrent d’autres dimensions que la
prévention en matière de santé fonctionnelle et physique. Elles s’attachent désormais à promouvoir la qualité de vie (1).
© GEORGE CLERK WWW.GEORGECLERK.COM
LES RETRAITÉS ONT CHANGÉ. Rajeunis
par le fait même de l’allongement de l’espérance de vie, ils sont de plus en plus actifs.
En moins d’une génération, ils sont devenus
des acteurs majeurs du lien social, de l’engagement civique et du maintien des solidarités. Comme le remarque le sociologue
Serge Guérin (2), « sans les retraités actifs, le
secteur associatif, qui permet pour une
large part à la société de tenir, aux liens
sociaux de se développer, à des personnes
démunies de tenir la tête hors de l’eau,
serait en mauvaise posture ». Ces millions de
gestes n’apparaissent dans aucune comptabilité utilitariste mais « tricotent chaque
jour le lien social ».
PRÈS DE 4 MILLIONS d’entre eux se mobilisent dans la sphère privée en aidant un
proche (ami ou parent) atteint d’une maladie chronique. Sans compter leur implication dans bien d’autres causes : 32 %
//
...
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 11
Dossier
//... des maires de nos communes (souvent les
plus petites) sont des retraités. Et bien sûr, ils
œuvrent en nombre dans les associations
culturelles, périscolaires, sportives… Quand
ils ne continuent pas d’exercer leur engagement syndical dans l’entreprise ou en dehors.
Loin des représentations où les seniors
seraient une charge pour la société, ils en
constituent l’un des atouts majeurs. De quoi
contribuer à combattre les idées négatives
sur l’âge. Autre signe : le projet de loi d’adaptation au vieillissement (qui devrait être voté
fin 2015) reconnaît leur rôle d’acteur dans la
société. Un changement de regard qui pourrait permettre de retrouver une reconnaissance sociale parfois malmenée au moment
de l’arrêt de l’activité salariale.
POUR UNE MAJORITÉ, la retraite ouvre
une période libérée des contraintes. Un
après-midi de la vie offrant la possibilité de
réaliser des projets jusqu’alors repoussés.
La transition n’en demeure pas moins
importante, notamment une fois passée la
période d’euphorie relative à ce nouvel état.
Changements financiers, de statut social,
départs des enfants, perte de relations liées
au travail… Vivre pleinement sa retraite estil une évidence pour tous ? Il faut s’y préparer, préconisent bon nombre de spécialistes
de la question.
Lorsqu’il cesse son activité professionnelle,
un retraité a encore un tiers de sa vie à vivre.
Avancer sans objectif ou projet précis peut
être déroutant. La nouvelle vie qui débute
doit pouvoir être mise en perspective sereinement. Et le temps n’a pas prise, assure
Serge Guérin : « À tout âge, on peut aimer,
désirer, inventer. »
(1) Plan national « Bien vieillir » 2007-2009.
(2) Auteur de Silver génération. Dix idées reçues
à combattre à propos des seniors, Michalon, 2015.
Préparatifs
de départ
Comment passer
d’un monde
à l’autre, en évitant
une rupture trop
brutale ou trop
subie ? En
s’y préparant…
U
ne formation pour se
préparer à la retraite ?
Je me suis dit que
c’était une blague.
Mais très rapidement,
je me suis aperçu que
ce n’était pas aussi simple. »
Philippe, auparavant salarié dans
les organismes sociaux, a suivi
cette formation de quatre jours
proposée par l’entreprise. « Plus
j’avançais, plus j’étais heureux d’y
participer, car je sous-estimais complètement les aspects psychologiques, physiologiques et autres. »
Auparavant, les entreprises des IEG
proposaient de manière relativement systématique des sessions de
préparation, étalées sur plusieurs
jours. Retraitée de GDF depuis
2000, Claude Bénard se souvient :
« Les cinq de jours de stage ont été
un remède à l’anxiété de savoir que
l’on ne va plus être utile. » Depuis
une dizaine d’années, le dispositif
En moins
d’une génération,
les retraités sont
devenus des acteurs
majeurs du lien social,
de l’engagement
civique et du maintien
des solidarités.
12 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
’’
semble s’être tari. Quelques unités
proposent néanmoins à leurs salariés et futurs retraités des formations, à l’exemple du CNPE (Centre
nucléaire de production d’électricité)
de Gravelines (Nord). Pour 2015, il a
programmé six sessions de deux
jours. « Dès que les inscriptions sont
ouvertes, les demandes fusent »,
constate Céline Monborren, assistante au CNPE.
UNE SESSION DE FORMATION
se décompose en quatre parties :
une information sur la retraite, l’intervention d’un psychologue, puis
d’un médecin du travail et enfin
d’un notaire. Gilbert Prévost de
l’Institut français en conseil et préparation à la retraite, ancien salarié
des IEG, organise et anime ces
deux journées. « Les participants
viennent sur les conseils de leurs
collègues et se demandent ce qu’ils
vont apprendre. En fin de session,
ravis d’être venus, ils repartent avec
des informations indispensables. »
Chaque année, la Cnieg (Caisse du
régime spécial de retraites des
agents des IEG) envoie une invitation à participer à une réunion
d’information des affiliés (RIA), à
tous les agents des IEG sélectionnés en fonction de la date à laquelle
ils ont un droit à pension (1). Selon
Marie-Dominique, en préretraite,
« cette réunion donne des pistes
pour comprendre les différents
régimes quand on a travaillé aussi à
l’extérieur des IEG ». Ce sont avant
tout des journées d’information à
caractère administratif, au cours
desquelles sont présentés le régime
général et celui des IEG ainsi que
toutes ses spécificités (mode de
calcul, démarches à accomplir,
régimes complémentaires…). « Les
agents, habitués à avoir un service
du personnel qui les gèrent
complètement, découvrent surtout
qu’ils devront se prendre en charge
pour demander leurs différentes
pensions de retraite. Nous leur
conseillons de bien respecter les
procédures prévues dans chaque
régime », commente Philippe
Legault, de la Cnieg.
Le dispositif des RIA ne peut
suppléer à la préparation psycholo giq u e et /ou s o c iale q u e
nécessiterait un départ en retraite.
Ce qui explique le recours de plus en
plus fréquent à des formations
individuelles, proposées par des
organismes privés et prises en
charge au titre de l’ex- DIF (2).
« L’intervention du psychologue
m’a fait prendre conscience que
la rupture avec le travail et son
environnement contraint est un deuil
qui peut durer, selon les personnes,
de dix minutes à dix ans. » La
formation permet de préparer ce
passage en l’anticipant. Passage
qu’il ne faut ni sous-estimer ni
négliger.
(1) Plus d’infos sur www.cnieg.fr.
(2) Le CPF remplace le droit individuel à
la formation (DIF) depuis le 1er janvier 2015.
Les salariés ne perdent pas leurs heures
qu’ils pourront mobiliser jusqu’au
31 décembre 2020.
Plus d’infos à l’adresse suivante : http://
vosdroits.service-public.fr/particuliers/
F10705.xhtml
Paroles d’agents
Ma femme avait cessé de travailler pour
invalidité depuis deux ans, j’ai obtenu une
retraite complète bien avant 60 ans. J’avais
un travail très prenant et je n’ai jamais
vraiment pensé à la retraite. Mes passions
sont si nombreuses que je n’ai eu aucune
difficulté à ce moment de ma vie. J’adore
la musique. Je fabrique des instruments ;
mon garage est un véritable atelier. J’aime
la moto, la pêche, je suis président d’un
groupe de country-club, je skie, et je bricole
énormément. En fréquentant régulièrement
les centres de vacances CCAS, je continue à
avoir des liens avec des collègues de tous
âges. Ma femme fréquente le club de poterie
de la SLVie de Tricastin. On se crée aussi
de nouveaux liens comme ça. En défi nitive,
je suis extrêmement occupé, comme
avant.
’’
JEAN-PIERRE,
retraité d’EDF (chargé d’affaires
dans la construction d’ouvrages électriques).
Habite Avignon.
© DIDIER DELAINE/CCAS
Chaque année, 7 000 agents des IEG partent en « inactivité ».
Comment ont-ils vécu cette transition ? Témoignages à distance.
La retraite ? ça ne me faisait pas très envie. L’image
du retraité n’est pas très positive, car cela évoque
le vieillissement. J’aurai pu continuer plusieurs années, car
j’aimais mon travail, le rythme,
l’ambiance. J’ai suivi une formation
de deux jours qui m’a appris de
petites choses. Aujourd’hui, je fais
partie d’une section informatique et
de la section couture de la CMCAS.
Cela me permet de maintenir le lien
social. Pour être en forme, une
dizaine d’heures de sport par
semaine (gym douce, badmington,
natation, rando en montagne) et
de belles balades avec ma chienne.
J’aime aussi retrouver les collègues
encore en activité autour d’un plat
de diots, une de nos spécialités
savoyardes.
À LA UNE de votre journal,
le groupe The Shanicks
composé de bénéficiaires de
la CMCAS Nord Pas-de-Calais.
’’
LUCETTE CORSON,
retraitée d’ErDF Savoie Technolac
depuis juillet 2013.
Habite Chambéry (Savoie).
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
13
Dossier
Avant de partir, je me suis renseignée sur
l’aide aux personnes âgées, et j’ai discuté
avec des retraités présents dans des
commissions de la CMCAS, en vue de
m’impliquer. En octobre, j’ai suivi une
réunion de retraités organisée par EDF.
Aujourd’hui, j’ai beaucoup d’occupations
concernant le périscolaire dans
ma commune. Chez moi, je bricole
beaucoup, je fais du scrap-booking, de
la carterie, du mail art, je lis, je vais au
cinéma, je fais de la moto avec mon ami.
Et puis je suis grand-mère de sept petitsenfants… Je n’étais pas inquiète à l’idée
de partir à la retraite, car je savais que
je ne manquerais pas d’activités. Mais ça
se prépare, il faut y penser. L’organisation
de la vie est quand même chamboulée.
Un point noir : j’ai eu quelques déboires
administratifs. Je n’ai pas perçu
ma première pension et on m’a retiré mon
tarif agent. On n’est pas bien accompagnés
sur ce plan-là. Mais à part ça, je vis très
bien ma retraite !
’’
JEANNE-MARIE,
retraitée d’EDF Rhône-Alpes
(direction commerciale) depuis mai 2014.
Habite Saint-Cassin (Savoie).
14 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
La retraite, je n’étais pas prêt. Je travaillais
énormément. Je me déplaçais dans toutes
les centrales de France, je voyais beaucoup
de monde. Je n’arrêtais jamais. Passionné
d’électronique, il m’arrivait de retourner le
samedi au boulot faire mes expériences. Bien
avant de partir, je redoutais le regard des autres.
Mais dès que j’ai été en inactivité, à 60 ans,
j’ai décompressé. Les horaires, les contraintes,
les rendez-vous, les réunions, les dossiers…
on coupe très vite le fil. Une autre organisation
se met en place : ce que l’on ne fait pas, on le fera
plus tard. Les enjeux ne sont plus les mêmes,
le collectif disparaît. Aujourd’hui, j’essaie de
rattraper le temps perdu et de passer plus de
temps avec ma famille. J’ai pas mal d’activités :
musique, astronomie, vidéo, photo, sport.
J’ai passé mon brevet de pilote d’ULM en 2012.
Je m’intéresse aux nouvelles technologies.
Continuer à apprendre est pour moi essentiel.
Tout comme rester en forme physiquement.
’’
BERTRAND,
retraité d’EDF (préventeur) depuis avril 2013.
Habite à Bourgoin (Isère).
Rejoindre les Activités Sociales
N
’HÉSITEZ PAS À CONTACTEZ votre SLVie ou
votre CMCAS pour vous renseigner. La formation
« Prenez le relais » permet d’être animateur ou directeur
d’un centre de vacances. Vous pouvez aussi siéger au sein
de la commission pensionnés de votre CMCAS (en fonction
de votre appartenance syndicale). Encadrer des séjours
internationaux et convoyer des colos. De même, dans
chaque région, les réseaux solidaires fonctionnent eux aussi
grâce aux volontaires. Vous aimez lire, écrire, échanger,
participer à un atelier des pratiques amateurs ? rapprochezvous de votre CMCAS sur le blog des PARLE sur ccas.fr.
Rapidement après être entré GRPH Rhône, en 1979,
j’ai encadré des séjours jeunes, et je continue ! À 55 ans,
j’ai abordé ma retraite en sachant qu’après, toute cette
activité extraprofessionnelle allait continuer. Et c’est
le cas. Ce qui a changé ? Je ne me lève plus le matin pour
aller au travail. J’ai le temps de m’occuper de mes petitesfilles et de faire plus de choses en famille. En défi nitive,
ce passage je l’ai vécu au moment où je me suis dit :
je vais pouvoir faire tout ce dont j’ai envie. Mes hobbies
tournent beaucoup autour du sport et de la montagne.
Qu’il s’agisse de séjours ou de rencontres sportives, j’aime
organiser des activités pour les autres et rencontrer
des gens de tous horizons. Depuis 1982, j’ai organisé et
encadré quelque 180 séjours et rencontres sportives…
J’essaie de partager ce que j’aime. Ce qui existe au sein
de nos IEG est unique. Si nous voulons que cela perdure,
il faut s’en occuper.
’’
ANDRÉ BLANC,
J’ai beaucoup aimé mon travail. Mais lorsqu’il y a eu une
possibilité, j’ai fait une demande. Je suis parti à 53 ans et
demi, très progressivement du fait de congés à solder et en
formant un jeune de 19 ans. J’étais d’autant plus content que
mon gendre et l’une de mes filles avaient besoin d’aide pour
construire leur maison. J’ai toujours aimé bricoler ; je sais
à peu près tout faire dans une maison. La retraite ? Je n’y ai
pas vraiment pensé. Je n’ai pratiquement rien changé
à mes habitudes. Je faisais du sport trois fois par semaine ;
aujourd’hui, j’en fais tous les jours. Avant, je me levais à
six heures moins cinq pour regarder les infos avant de partir.
Aujourd’hui je me lève autour de 6 h 30. Je ne me suis jamais
ennuyé. Et je ne regarde pas plus la télé qu’avant…
’’
ROBERT,
retraité d’EDF depuis quinze ans
(exploitation électricité puis agence clientèle).
Habite Le Conquet (Finistère).
© PHOTOS ÉRIC RAZ/CCAS
retraité du RTE Rhône depuis 2011. Habite Lyon.
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 15
Dossier
Psychologue
clinicienne à Paris,
Sophie Muffang
anime et conçoit
des séminaires
de formation à
la retraite.
F
aut-il penser à sa
retraite à l’avance ?
Cela me paraît indispensable. Je préconise de le faire dans
l’année qui précède le
départ, mais les plans de formation
des entreprises ne le prévoient pas
toujours. Certaines personnes
éprouvent le besoin d’y penser
trois ou quatre ans avant. À mon
sens, c’est un peu tôt ; mais elles
peuvent en avoir besoin pour se
rassurer.
Que faut-il se demander ?
C’est la représentation que chacun
a de cette étape de la vie qui
compte. En formation, je propose
un exercice simple : faire un tableau
avec d’un côté ce que l’on imagine
gagner et de l’autre ce que l’on
craint de perdre. Puis on en discute
en groupe, sans chercher le consensuel bien sûr. Il est important d’en
parler, car si certaines craintes
peuvent se traduire en pertes objectives, d’autres sont subjectives. La
vie est bien faite : parler de la joie
l’augmente, parler de la peur la diminue. Mettre des mots peut permettre de relativiser ou d’élaborer
des stratégies. C’est important de
le savoir à l’avance : on peut alors
trouver les ressources, faire des passerelles entre la colonne des gains
et des espoirs et celle des pertes et
des peurs. Dans la colonne gagner,
je m’appuie sur Sénèque : « Il n’y a
de vent favorable que pour celui qui
sait où il va ! » Si vous ne savez pas
où vous voulez aller pendant ces
vingt à trente ans, vous allez
répondre aux sollicitations des uns
et des autres. Et les jeunes retraités
peuvent être très sollicités, car ils
sont bourrés de compétences. Mais
cela ne répond pas à la question de
ce que vous, vous voulez faire.
J’ajouterai que faire partie d’une
grande entreprise peut constituer
une part de notre identité sans que
l’on en soit forcément conscient et
que la retraite peut enclencher la
perte de cette identité. C’est parfois encore plus vrai pour les cadres
supérieurs ou dirigeants, sur-sollicités, voyageant énormément, etc.
Est-il important de faire un pot
de départ ?
Il faut célébrer cette sortie car nous
avons besoin de rites pour nous
relier à d’autres dans le réel comme
dans le symbolique. Un pot au café
d’en face avec quatre collègues un
soir peut être suffisant. Ou bien un
16 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
« CE N’EST PAS
parce qu’on sort de l’entreprise
que l’on sort de la société. »
barbecue le dimanche qui suit. Peu
importe. Il faut pouvoir dire au
revoir, potentiellement merci, ou
même faire la paix, sans rancune,
en étant tranquille, en posant les
choses. Lorsqu’il y a eu souffrance
au travail, j’insiste encore plus :
faites un pot, ne serait-ce qu’avec
deux personnes… Ce n’est pas
parce qu’on sort de l’entreprise que
l’on sort de la société. On y reste,
même si, au regard de la Sécu, il
faudra cocher la case inactif.
Faut-il nécessairement avoir
des projets ?
Vouloir vivre sereinement avec son
environnement peut être un projet.
Un bon projet est concret, réaliste et
réalisable, personnel et cohérent
avec qui je suis et conciliable avec
mon environnement personnel. Et
surtout il doit être renégociable.
Pour avoir un bon projet, il faut aussi
rêver, car la pensée est créatrice.
Pour en savoir plus : La retraite ?
Pas si simple ! Comment passer le cap,
par Sophie Muffang, Ellipses, 2009.
© JULIEN MILLET/CCAS
Mieux
vaut
prévoir
Ici et ailleurs
La dignité
au bout du fusil
Il y a soixante-dix ans, le 11 avril 1945, le camp de Buchenwald était libéré.
Il fut le premier des camps de la mort à tomber intact aux mains des Alliés,
qui découvrirent ainsi l’ampleur de la barbarie nazie. Mais aussi le seul à
s’être libéré seul, par une insurrection patiemment préparée.
L
e camp de Buchenwald s’étendait sur plus de 190 hectares : la
superficie d’un arrondissement
du centre de Paris. Il fonctionnait,
de fait, comme une ville, avec
ses quartiers d’habitation – les
blocks misérables pour les
détenus, les villas somptueuses pour les SS –
ses lieux de travail forcé (usines d’armement,
travaux de terrassement ou d’entretien du
camp) et même son zoo et son cinéma,
réservés bien sûr aux SS.
QUARANTE MILLE hommes y sont détenus
à la fin de 1943. Un an plus tard, ils sont deux
fois plus nombreux. Les nazis évacuent en
effet en urgence, fin 1944, les camps d’extermination de Pologne (en particulier
Auschwitz), que s’apprête à libérer l’armée
soviétique, en de terrifiantes marches de
la mort dans l’hiver glacial. Les conditions
de vie, déjà difficiles dans le camp de
Buchenwald, deviennent épouvantables du
fait de cette surpopulation causée par l’arrivée de nouveaux détenus. Les premiers mois
de 1945 sont les pires qu’aient jamais connus
le camp depuis sa construction, en 1937, par
des prisonniers politiques allemands.
EN MARS 1945, les SS, aux abois, tentent
d’évacuer le camp, devant l’avancée des
troupes soviétiques à l’est, anglaises,
américaines et françaises à l’ouest : illusoire
tentative de conserver, pour un ultime
combat du Reich en passe de s’effondrer,
18 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
cette masse de travailleurs réduite en
esclavage. Car les détenus, qui ne sont plus
que 48 000 tant le typhus, la dysenterie, la
malnutrition et les sévices des SS ont fait des
ravages, sont décidés à s’opposer de toutes
leurs forces à l’évacuation. Ils ont pour eux
une solide organisation clandestine : le
comité international du camp, composé de
délégués de chacune des dizaines de
nationalités que compte le peuple misérable
des déportés.
Les Français sont, avec les Polonais et les
Soviétiques, les plus nombreux avec environ
4 000 ressortissants. Ils ont formé un « comité
de défense des intérêts français » dirigé par
le communiste Marcel Paul (futur ministre de
la Production industrielle en 1945 et 1946,
et à ce titre père de la loi nationalisant EDFGDF et fondant son comité d’entreprise) et
le gaulliste Frédéric-Henri Manhès. Les
deux hommes créeront et dirigeront après
la Libération la Fédération nationale des
déportés et internés résistants et patriotes.
DÉBUT AVRIL 1945, alors que les avantgardes américaines ne sont plus qu’à
quelques kilomètres, le comité international
redoute que les SS décident d’une évacuation
générale du camp, qui se ferait au prix de
terribles marches de la mort. Profitant de la
désorganisation des SS, les déportés ont pu
stocker des armes, dérobées dans les usines
d’armement où travaillent nombre d’entre
eux, et s’organiser. Chaque nationalité a
formé son groupe de combat. Ils n’attendent
que l’ordre du comité international pour
passer à l’action.
Buchenwald connaît dans les premiers
jours d’avril 1945 une tension sans pareille.
« Les provisions s’épuisent. Il reste quelques
jours de vivres. De nouveau, on parle d’évacuation », note dans son journal Christian
Pineau, syndicaliste résistant qui deviendra
ministre après-guerre.
LES DÉPORTÉS ont, de fait, cessé d’obéir
aux SS. Fait sans équivalent dans l’histoire
du camp, les déportés juifs ont refusé de se
rendre à un appel le 5 avril, se cachant dans
les blocks grâce à la complicité des autres
détenus. Mais l’on redoute les représailles
ou les vengeances des SS acculés. Le 8 avril,
le comité international parvient à émettre,
grâce à un poste radio clandestin, un message destiné aux troupes américaines.
« Nous demandons de l’aide. Ils veulent
nous évacuer. Les SS veulent nous exterminer. » Aucune réponse ne parvient et la tension est à son comble. Le 11 avril, vers midi,
retentit dans les haut-parleurs du camp
l’ordre d’évacuation… adressé à ses gardiens SS. Les bourreaux sont en fuite.
LE COMITÉ INTERNATIONAL y voit immédiatement l’occasion à saisir. Les armes
sont sorties de leurs caches et les déportés
© ADAGP, PARIS 2015
BORIS TASLITZKY
Insurrection
à Buchenwald
le 11 avril 1945,
1990.
s’en emparent. « Les gardiens, racontera
Marcel Paul, étaient visiblement accablés,
quelques-uns se battaient, beaucoup se
rendaient et laissaient prendre leurs
armes. » « L’important, c’était de briser, ne
fût-ce que pour quelques heures, la fatalité
de l’esclavage et de la soumission. La
dignité était au bout de nos fusils. C’est
pour cette dignité-là, pour cette idée-là de
l’espèce humaine, que nous avions survécu », analysera, plus tard, l’écrivain Jorge
Semprun, qui participa à l’insurrection.
Les derniers SS des miradors sont délogés
à coups de fusil, puis pourchassés dans
les forêts environnantes. Vers 16 heures,
les premiers blindés des avant-gardes
américaines pénètrent dans le camp de
Buchenwald. Il n’est pas de plus bel hommage à l’héroïsme de ses libérateurs que
de citer le journal de marche de la IVe division blindée américaine en date du
11 avril : « Des groupes spéciaux d’assaut
avaient été organisés pour vaincre les gardiens. Avant notre arrivée, les postes de
garde ont été pris et 125 SS ont été capturés et sont toujours prisonniers du camp.
La direction du camp est entre les mains
d’un comité bien organisé composé de
toutes les nationalités représentées. »
NICOLAS CHEVASSUS
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 19
Ici et ailleurs
Le goût des autres
Depuis 2012, elle répand sa « pêche »
au pays des agrumes. Responsable
principale de la maison familiale CCAS
de Menton, Cécile Castendet incarne
l’engagement au sens propre. Un esprit
militant que cette Bretonne d’origine
s’est forgé au gré de ses expériences
au sein des Activités Sociales.
E
ntre deux discussions avec
les bénéficiaires en séjour
bleu, le point sur les petits
soucis d’entretien avec son
personnel… Cécile prend le
temps de se poser. Sur la
terrasse de L’Annonciata, au
milieu des agrumes, elle est dans son
« jardin ».
Le contact et le verbe aisés, voire innés, c’est
tout naturellement qu’elle réagit au lendemain d’une énième attaque contre le tarif
agent : « Les acquis sociaux ne sont pas des
privilèges de nantis. Le tarif agent en est un
symbole ! Si on y touche, cela aura de
fâcheuses conséquences sur le niveau de vie
de certains retraités, avec leurs pensions
dérisoires, mais aussi sur celui de certains
actifs, dont les salaires sont loin d’être mirobolants. » Le ton est donné !
Cet esprit critique, cette fille d’un père
martiniquais et d’une mère bretonne, aux
opinions politiques diamétralement
opposées, le doit sans doute à cette cellule
familiale « où le débat d’idées était présent
mais pas l’idéologie ». Hasard ou coïncidence,
lorsqu’en 2001 l’étudiante en sociologie et
en sciences de l’éducation cherche un job
d’été, elle décroche un poste d’animatrice
culturelle à la CCAS près de chez elle, en
Bretagne. « J’en garde un grand souvenir. Ce
fut une super-saison. Je travaillais sur le
20 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
thème “Paix et solidarité” et faisais le tour
des centres de vacances adultes et familles
pour des projections de films, des débats, en
organisant aussi des jeux avec les enfants
contre les différentes formes de racisme. »
CONQUISE par les valeurs véhiculées par les
organismes sociaux, Cécile prend surtout
conscience de la réalité. Bien loin « des
caricatures présentes dans les médias » et
sans véritable « culture syndicale », la jeune
femme est « ébahie par ce qu’on peut réaliser
avec cet esprit d’éducation populaire
toujours prégnant ». À tel point que « faute
d’argent pour descendre à Marseille entamer
une formation de médiatrice culturelle », elle
snobe cette option pour intégrer un poste
dans les Activités Sociales à Saint-Brieuc
(Côtes-d’Armor). Neuf mois durant lesquels
elle découvre des gens « engagés, investis et
qui ont un vrai sens de la transmission de leur
savoir ». Celui-là même qu’elle met au service
des autres en 2003, au moment de la réforme
des organismes. « Au plus tu avances dans
les Activités Sociales, au plus ton engagement militant prend du sens et de l’ampleur. »
À cette époque, la création de projets,
d’activités dans la proximité tels que
l’organisation de Rencontres sportives
nationales, les colos, les voyages des
pensionnés, etc., où les notions de solidarité,
de partage et de vivre-ensemble sont
dominantes, finit de dissiper totalement ses
doutes. « J’ai été stupéfaite, par exemple,
lorsque j’ai découvert les séjours pluriels ou
encore les Act’éthiques avec les gens du
voyage. Car ce qui pouvait me paraître être
une utopie s’est dressé devant moi comme
une réalité : oui, le vivre-ensemble ça
marche ! »
« BOURLINGUEUSE » de nature, avide
d’expériences diverses, l’appel du terrain se
fait toutefois ressentir au bout de neuf ans.
La Bretonne quitte alors sa terre natale et
emprunte la diagonale pour rejoindre la
Côte d’Azur. « En arrivant sur Menton, en
étant novice, c’est forcément l’humilité qui
bio express
28 AOÛT 1977
Naissance à Vannes
(Morbihan).
2001
Premiers pas dans
les Activités Sociales en
tant que saisonnière
comme animatrice
culturelle itinérante sur
le secteur opérationnel
Bretagne-Nord.
2002
Assistante de direction
au secteur opérationnel
Bretagne-Nord.
2003-2010
Technicienne études
et développement
à la CMCAS de SaintBrieuc puis à celle
de Haute-Bretagne
(suite à la fusion).
2010-2012
Assistante séjours
activités.
DEPUIS 2012
Responsable principale
du centre CCAS
de Menton.
prime. En tant qu’assistante séjours activités
je prodiguais les bons conseils aux équipes…
Or, sur place, la réalité est autre. Mais une
chose est sûre, on s’enrichit chaque jour
au contact des bénéficiaires et de son
personnel. La monotonie n’existe pas en
centre de vacances ! Il y a tellement de
brassage avec les divers séjours proposés. »
Ce goût des autres, cette envie de partager,
de transmettre, Cécile y trouve notamment
un écho auprès des aînés en séjours bleus.
« Au quotidien, ce public est un régal. Fort
de leur vécu et sans être passéistes, ils font
preuve d’une ouverture d’esprit remarquable,
malgré leur problème de solitude,
d’isolement. Et ce vivre-ensemble est encore
plus primordial à cet âge. En plus, sur quatre
mois on peut tisser de vrais liens. »
À la fin du mois, les séjours bleus se terminent.
La responsable principale aura une fois de
plus le cœur lourd… « À ce moment-là, on est
tous toujours un peu triste… Il te faut un petit
moment d’adaptation et ça repart… »
Engagée depuis plus de dix ans dans les
Activités Sociales, « pour respecter les
orientations de l’organisme – sinon tu fais
autre chose – », Cécile les partage et les
propage tous les jours. Dans un mélange
d’empathie et de pragmatisme.
CÉCILE CASTENDET
travaille au sein
d’un organisme avec
lequel elle partage
totalement les valeurs
d’éducation populaire.
STÉPHANE ALESI – PHOTO JOSEPH MARANDO/CCAS
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 21
Culture, sport & loisirs
Moyen métrage,
grand format
Pendant le festival
du cinéma de Brive,
le bonheur dure
entre trente et
soixante minutes.
P
ex p liq u e B e r na rd M a t hie u,
président de la commission loisirs
passion à la CMCAS Tulle-Aurillac.
DÈS LE PREMIER JOUR des
rencontres, cinq ou six bénévoles
seront à pied d’œuvre pour guider
les bénéfi ciaires dans le dédale
de la programmation. À ne pas
manquer : le ciné-concert du 16 avril,
soutenu par la CCAS et mise en
musique par Ulysse Klotz et sa formation Amour Océan. Le tout en
plein air et pendant la projection de
deux épisodes de Mushishi, série
télévisée d’animation japonaise.
LAÏLA SAÏDI
UNE CENTAINE de projections,
13 fictions, 9 documentaires
en compétition et de nombreux
débats avec des réalisateurs.
© ÉLISE REBIFFÉ/CCAS
or tugal, Au tric he,
Suisse… « Un tiers des
22 films présentés sont
étrangers », précise
Elsa Charbit, déléguée
générale du festival du
cinéma de Brive organisé cette
année du 14 au 19 avril. Pas de quoi
concurrencer Cannes, même si les
Rencontres européennes du moyen
métrage ont réussi à imposer dans
le paysage un format libre compris
entre trente et soixante minutes.
Sans tapis rouge, ni starlettes, mais
avec « des auteurs qui ont une patte,
qui font des propositions fortes
de mise en scène et des choix
audacieux », ajoute Elsa Charbit.
DEPUIS LA CRÉATION du festival
en 2004, bien des cinéastes débutants ont pris le chemin de la Croisette, comme Katell Quillévéré,
cofondatrice avec Sébastien Bailly
de ces rencontres cinématographiques, avec son long métrage
Suzanne. La CCAS, elle, repère les
pépites pour les projeter dans ses
centres de vacances.
Le moyen métrage a trouvé son
public parmi les agents, au point de
faire de la CCAS et de la CMCAS des
alliés de la première heure du festival. La CMCAS remet d’ailleurs le
prix du public doté de 1 500 euros.
« La première année, nous avons été
surpris par le format et les films.
Mais petit à petit, ils se sont révélés
et ils méritent vraiment d’être vus »,
22 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
Culture, sport & loisirs
© CHRISTIAN PETIT/CCAS
Golf story
Qui sont ces individus
capables de passer
des heures sur un green à
taper dans une petite balle
blanche ? D’où leur vient
cette passion singulière ?
Enquête à Deauville.
M
ercredi 18 mars.
Je prends le train
pour Deauville de
bon matin avec
une idée en tête :
percer le mystère
des mordus du gazon. Ma connaissance du golf tient alors en trois
clichés : 1. ça coûte cher ; 2. c’est
pas du sport ; 3. c’est réservé aux
PDG et aux chirurgiens-dentistes.
Me voici donc à l’entrée du golf de
l’Amirauté, sur les hauteurs de
Deauville. Je vais passer l’aprèsmidi avec les bénéficiaires du séjour
passion organisé par la CCAS.
PREMIÈRE SURPRISE : sur le
parking, pas de Cadillac ni de Ferrari.
Arrive mon groupe de bénéficiaires :
une quinzaine de personnes, la
plupart retraitées, habillées comme
à la maison (ou presque). Le golf, un
truc de riches ? « C’est pas plus cher
que le tennis et c’est moins cher que
Blue Green
UN LOISIR DU DIMANCHE
réservé à une élite argentée ?
Pas si sûr…
l’équitation », assure François
Michels, président du Comité départemental de golf du Val-d’Oise, qui
sillonne les greens depuis trentecinq ans.
Si l’on en croit cet ancien ingénieur
EDF de 67 ans, l’âge moyen du golfeur et l’absence apparente de
transpiration sont trompeurs.
« C’est un sport ! s’enflamme-t-il. Et
un sport fabuleux, qui combine
puissance et précision. » J’apprends
qu’une demi-journée passée sur un
green, soit le temps moyen d’un
parcours 18 trous, c’est 6 à 8 kilomètres de marche rapide ! Bref, « le
sport idéal pour préparer le troisième âge », résume Georges Picq,
tout jeune retraité. Mais pour Émilienne, l’épouse de François Michels,
pas question de rester entre sexagénaires ! « Avec des enfants, c’est
encore mieux ! C’est un sport très
formateur pour eux, qui leur apprend
à se maîtriser, à ne pas tricher, à
accepter les échecs. »
Pas de bambins aujourd’hui au golf
de l’Amirauté, mais un jeune agent
francilien, acheteur traitement des
déchets à TIRU (2). Richard Ikni,
27 ans, a découvert la discipline il y
a tout juste un an et demi. Mais il
est déjà accro : « On est en plein air,
le cadre est extraordinaire. Quand
L
A CCAS s’est associée
au réseau Blue Green
pour permettre aux
bénéficiaires de découvrir
le golf et se perfectionner.
Grâce à différentes formules
d’abonnement proposées à
des tarifs avantageux, vous
avez accès à une cinquantaine
de parcours toute l’année sur
l’ensemble du territoire.
Voir ccas.fr (espace
bénéficiaires, rubrique sports).
on joue, on ne pense qu’au golf, ça
vide la tête. » Le virus, François Boineau, l’a attrapé il y a six ans grâce
à des initiations organisées dans
des centres de vacances CCAS.
Ancien technicien d’agence
clientèle à EDF, il est aujourd’hui
président de la section golf de
l’Électricité gaz association sportive (EGAS) de Caen et encadre
cette semaine son douzième séjour
passion. Certainement pas le
dernier. « Ces séjours sont toujours
pleins. Les gens en redemandent ! »
Il est 19 heures, le soleil se couche
sur Deauville. J’ai passé cinq heures
au grand air et j’en suis maintenant
convaincu : le golf est un vrai sport,
que l’on peut pratiquer de 7 à
107 ans sans être millionnaire.
SAMY ARCHIMÈDE, ENVOYÉ SPÉCIAL
(1) Mouvement que fait le club avant de
frapper la balle.
(2) Traitement industriel des résidus urbains.
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 23
Culture, sport & loisirs
Une expo au boulot
Le 8 avril 2014, la CCAS signait la convention « Culture et monde
du travail » avec le ministère de la Culture. L’idée : amener l’art
dans l’entreprise avec des œuvres prêtées par des musées nationaux.
Premier bilan.
D
écembre 2014, Mérignac,
Gironde. Plusieurs œuvres
prêtées par le Centre
national des arts plastiques, dont une de Daniel
Buren, grand ar tis te
contemporain, sont
exposées sur un site d’ErDF. Des salariés
formés par le Frac (Fonds régional d’art
contemporain) deviennent médiateurs et
guident leurs collègues parmi les œuvres.
Trois mois plus tard, Emmanuel Tosas,
président de la CMCAS Gironde, revient sur
l’événement : « Comme on était au début
de la convention, il a fallu convaincre les
employeurs du sérieux de la démarche. On a
réussi, et l’événement s’est très bien déroulé.
Seul regret : le manque d’aménagement
des horaires de travail pour les actifs. Avec
350 agents touchés, on a encore une belle
marge de progression. Cela dit, cet
événement nous a permis de travailler avec
des associations locales, avec le Frac aussi.
On va continuer la démarche en proposant
des activités de visite de musées, des
expositions d’œuvres dans nos restaurants
méridiens, et des animations dans nos
centres jeunes aussi. L’exposition a réussi à
créer une vraie dynamique locale. »
CRÉER UNE DYNAMIQUE, rendre l’entreprise citoyenne, c’est justement le but de
la démarche, comme l’expliquait Aurélie
Filippetti, ministre de la Culture, lors de la
signature de la convention il y a un un :
« Quand vous mettez une œuvre d’art ou un
artiste au milieu d’un milieu professionnel,
ça suscite beaucoup de choses, du débat,
de l’interrogation, donc du dialogue entre
les gens. C’est un bel idéal d’avoir un comité
d’entreprise au service de la culture pour
24 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
tous les travailleurs. La CCAS, comme les
autres comités d’entreprise signataires, sont
les meilleurs partenaires qu’on puisse avoir
pour toucher le plus grand nombre de salariés sur tout le territoire de la République. »
La signature de cette convention est en
effet pour la CCAS une belle reconnaissance
de son action culturelle constante et ambitieuse, comme l’explique Michaël Fieschi,
son président : « Cette convention est une
reconnaissance de ce qu’est la CCAS et de
son rôle culturel dans ce pays. Avec plus de
1 600 interventions culturelles dans nos
centres de vacances chaque année, nous
sommes le premier opérateur de spectacle
vivant en France. On ne pouvait pas imaginer qu’un projet comme celui-là puisse se
passer sans nous, parce que nous avons
l’ambition de poursuivre notre projet
d’émancipation des salariés. »
APRÈS L’ÉVÉNEMENT de Mérignac,
d’autres CMCAS ont suivi. Celle de SeineSaint-Denis, par exemple, en est au tout
début de la démarche. Mais la motivation
est là, comme l’explique Pascal Guérin, son
président : « On veut décliner la convention
localement, sur le site de Cap Ampère, qui
compte 2 500 agents. Parler d’art c’est bien,
faire toucher du doigt, c’est mieux. Pas
besoin d’aller chercher l’art dans un musée,
là, ce sont les œuvres qui viennent directement vous interpeller. C’est un peu comme
la nature : elle n’est pas que dans les parcs,
il peut y avoir de petites touches un peu
partout. Ce qui est intéressant aussi, c’est
que le lieu de travail ne soit plus un sanctuaire. On a déjà des expositions du club
de peinture des salariés, on organise aussi
des sorties aux musées, mais là, c’est
encore plus fort. L’idée que des collègues
deviennent eux-mêmes médiateurs, c’est
important. Les œuvres ne sont pas juste
posées là, il y a un dialogue, un pourquoi et
un comment. »
LA CMCAS LANGUEDOC VA, quant à elle,
proposer une exposition au centre de relation clientèle EDF à Montpellier, en avril.
Laurent Salençon, son président, nous en
dit plus : « EDF a accepté d’accueillir l’exposition sur un site où travaillent 180 salariés.
Courant avril, des œuvres d’art contemporain y seront exposées, avec une médiation
culturelle du Frac. Il y aura aussi, dans la
foulée, la possibilité pour les salariés d’une
visite guidée au musée de Sérignan. Après
les événements tragiques de ce début
d’année, il est urgent d’élargir les horizons,
de se confronter à l’art, à la réflexion, à l’autre.
On espère que d’autres sites, notamment de
GDF Suez et d’ErDF, emboîteront le pas à
EDF. »
Il y a plus de soixante ans, la même expérience
avait été menée par le célèbre peintre cubiste
Fernand Léger. Il exposa dans la cantine de
l’usine Renault à Boulogne-Billancourt
plusieurs de ses œuvres. Alors qu’il termine
son repas et observe une certaine indifférence générale, un ouvrier vient le voir et lui
dit : « Vous êtes le peintre, n’est-ce pas ? Vous
allez voir, ils vont s’apercevoir, mes copains,
quand on aura enlevé vos toiles, quand ils
auront le mur tout nu devant eux, ils vont
s’apercevoir ce que c’est que vos couleurs. »
NOÉMIE COPPIN – PHOTO CHARLES CRIÉ/CCAS
« LA CCAS, comme les autres comités
d’entreprise signataires, sont les meilleurs
partenaires qu’on puisse avoir pour
toucher le plus grand nombre de salariés
sur tout le territoire de la République. »
Aurélie Filippetti, avril 2014.
À voir ou revoir sur la chaîne YouTube
CCASenergies le reportage tourné lors
de la signature de la convention cadre avec
le ministère de la Culture.
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 25
Culture, sport & loisirs
À vous de jouer
PAR LUC MALHER
espace culture et loisirss
Que du beau… oui !
mots croisés no 363
HORIZONTALEMENT I. Tourner la page.
II. Contrôle de niveau. III. Drôle de
palindrome. Aphones. IV. N’a plus les pieds
sur Terre. Glace allemande. V. Du sud, en
général. On l’aime douillet. C’est comme
ça ! VI. Difficulté. Lisses et brillantes.
VII. Plus très frais. VIII. Plus très fraîche
non plus. Pour se mettre d’accord.
IX. Conjonction. Ferai la part des choses.
X. Ville du Morbihan. Vient derrière.
VERTICALEMENT 1. Il a la folie des
grandeurs. 2. Arrondies. De bas étage.
3. Poignard. Possessif. 4. En plein mélo.
Engraissé. 5. Obsession difficile à digérer.
6. Qui finissent à l’eau. 7. Mérite à la fin.
Bouts de temps. 8. Petit morceau de toile.
Fin de soirée. Filet. 9. Elle fait voir rouge.
Petit poème. 10. Nationale. Tamisait.
1
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3
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9 10
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
E
xpo, spectacles, sports et
événements, retrouvez
chaque semaine de nouvelles
propositions dans votre espace
culture et loisirs sur ccas.fr.
Ce mois-ci, la rédaction de votre
journal a sélectionné pour vous :
l’exposition « David Bowie is »
à voir jusqu’au 31 mai à
la Philharmonie de Paris, vous
propose d’acquérir votre billet
d’entrée à « Expo Milano 2015 »,
la prochaine exposition universelle
qui se déroulera en Italie du
1er mai au 31 octobre, mais aussi
de découvrir l’exposition
consacrée au créateur Jean-Paul
Gauthier présentée au Grand
Palais, à Paris, ou de prendre vos
billets pour assister à l’événement
sportif de l’année : la demi-finale
de basket Eurobasket 2015 qui
aura lieu en septembre à
Villeneuve-d’Ascq, près de Lille
(Nord).
à lire
sudoku no 363
COMPLÉTEZ LA GRILLE AVEC LES
CHIFFRES DE 1 À 9, de façon à ce que :
chaque ligne contienne tous les chiffres
de 1 à 9 ;
chaque colonne contienne
tous les chiffres de 1 à 9 ;
chaque carré de trois fois trois cases
contienne tous les chiffres de 1 à 9.
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26 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
Continuer l’histoire
de la CCAS
L
a maison
d’édition
de l’Arbre bleu
spécialisée dans
l’histoire du
mouvement ouvrier
publie ces jours-ci
le dernier ouvrage
de François Duteil,
président de
l’Institut d’histoire
sociale CGT Mines
– Énergie et
membre du Comité
d’histoire des
Activités Sociales
des industries
électriques et
gazières. Il s’agit de
la version remaniée
et augmentée
du livre consacré à
l’histoire de la
CCAS paru en 1986
alors que François
Duteil était
secrétaire général
de la Fédération
CGT de l’énergie
(1979-1992).
Cette contribution
militante est un
appel à la réflexion
et à l’engagement
en faveur des
Activités Sociales
de l’énergie.
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pour des périodes de trois à
quatre jours (70 € la nuit).
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Par ailleurs, les Activités Sociales
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PAR MICHEL COURBOULEX
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à la dure !
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donner ou échanger ses propres
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légalement possible, même si elles ne
sont pas inscrites au sacro-saint
catalogue officiel des semences. Outre
l’économie générée, il semble évident à
ceux qui ressèment depuis longtemps
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ravissant et, s’il est élevé dans de bonnes
conditions, produit à l’âge adulte,
et chaque année, des régimes de petits
fruits sucrés et acidulés qui se mangent
en l’état, en confiture ou en « vin de
palmier ».
Agnès Bihl « La Vie rêvée
V
des autres »
A
surfaçage des plantes d’intérieur
uteur et
interprète,
Agnès Bihl vient de
publier son premier
roman. Invitée
de la rédaction de
votre journal des
Activités Sociales en
mars et présente
lors de la soirée
du 50e anniversaire
de la reprise des
Activités Sociales à
la Géode à Paris en
2014, cette artiste
engagée avait
publié l’an passé
un premier ouvrage
36 heures de la vie
d’une femme (parce
que 24, c’est pas
assez). Avec La Vie
rêvée des autres,
elle nous plonge
dans l’univers
de « Mado, jolie
pépette de 77 ans,
est en maison de
retraite. Seulement
voilà, elle a le
méchant sentiment
de vivre en marge
de la vie, cloisonnée
entre les murs de
cet asile de vieux.
Delphine et Magali,
ses petites-filles,
veillent au grain
mais ses copains
de toujours, Jacky
et Ferdinand,
organisent un plan
pour la faire
évader… »
La Vie rêvée
des autres, éditions
Don Quichotte,
2015, 18,90 €.
os plantes d’intérieur ont eu du
mérite de traverser l’hiver, il faut
les alimenter. Avec une fourchette,
grattez la surface du pot et retirez
le substrat épuisé pour le remplacer par
du compost enrichi en fumier. Arrosez
et attendez la première pluie douce
pour leur offrir une douche.
le nom latin
AQUILEGIA (ancolie), de aquilegium
(réservoir). Allusion à la forme en cornet
des pétales.
solutions partie mots croisés no 363
HORIZONTALEMENT I. Moderniser.
II. Évaluation. III. Gag. Muets. IV. Alunit.
Eis. V. Lee. Nid. Na. VI. Os. Laquées.
VII. Mature. VIII. Avariée. La. IX. Ni. Doserai.
X. Elven. Suit.
VERTICALEMENT 1. Mégalomane.
2. Ovales. Vil. 3. Dague. Ma. 4. El. Lardé.
5. Rumination. 6. Nautiques. 7. Ite. Durées.
8. Site. Ée. Ru. 9. Éosine. Lai. 10. RN. Sassait.
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 27
Dossier
Notre monde en question
Les transnationales
face aux peuples
Dans Les Usurpateurs (1), Susan George, présidente d’honneur d’Attac (2),
s’insurge contre le pouvoir grandissant des multinationales symbolisé
par l’accord de libre-échange en cours de négociation entre les États-Unis
et l’Europe (TTIP).
D
epuis plus
d’un an, vous
menez un
combat contre
l’accord
de libreéchange (TTIP)
en négociation entre les ÉtatsUnis et l’Europe. Quelles
menaces ce traité représente-t-il
pour les citoyens européens ?
Il y a déjà 3 200 traités dans le
monde qui, comme le TAFTA (3),
comportent un chapitre sur l’investissement. Que veulent les investisseurs maintenant ? Pouvoir faire
toutes les lois eux-mêmes. Dans la
plupart de ces traités, il y a une
clause qui stipule que si un investisseur (une entreprise) estime que ses
profits actuels ou futurs ont été ou
vont être entamés par une mesure
quelconque du gouvernement, il a
le droit de porter plainte contre ce
gouvernement devant une cour privée d’arbitrage. Dans certains cas,
les compensations accordées sont
absolument incroyables.
Avez-vous des exemples ?
Oui. Une compagnie pétrolière a
intenté un procès contre l’Équateur.
Celui-ci avait refusé d’autoriser le
forage dans une zone écologiquement protégée. La compagnie a dit
à l’Équateur : « J’avais le droit de
m’attendre à pouvoir forer partout
chez vous. Je porte donc plainte et
je réclame 1,7 milliard de dollars de
compensations. » Ce qu’ils ont
28 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
obtenu ! Autre cas : Veolia a porté
plainte contre l’État égyptien pour
avoir augmenté le salaire minimum.
Et il y a beaucoup d’autres exemples.
Ainsi, les entreprises multinationales
ou transnationales s’accaparent le
pouvoir judiciaire de façon totalement illégitime.
Quels autres moyens les grandes
entreprises utilisent-elles pour
prendre le pouvoir ?
L’autre façon de prendre le pouvoir,
c’est de dicter ses propres règles.
Depuis vingt ans, les compagnies
se rencontrent de part et d’autre
de l’Atlantique pour que les réglementations diminuent jusqu’au plus
petit dénominateur commun. C’est
une usurpation de la fonction législative et même de la fonction exécutive d’un gouvernement quand il
s’agit d’un État petit et faible.
Prenons l’exemple de la Slovaquie,
qui avait privatisé les services de
santé. Il y a eu un tel tollé dans la
population que le gouvernement
suivant a voulu réintégrer la
santé dans le secteur public. Une
compagnie d’assurance hollandaise, qui avait vendu beaucoup
d’assurances au moment de la
privatisation, a alors poursuivi
l’État devant la justice. Cela risque
fort de décourager les petits pays
qui voudraient mieux protéger la
santé, l’environnement, le travail,
lutter contre les OGM ou appliquer
le principe de précaution aux
produits chimiques.
Les services publics de l’électricité et du gaz sont-ils menacés
par le TAFTA ?
Tous les services publics peuvent
l’être, notamment quand les entreprises ont le droit de se plaindre
d’un monopole de fait et du nonrespect de la concurrence. Je n’ai
pas d’exemple précis, car dans
beaucoup de cas nous ne connaissons pas le motif exact de la plainte
déposée par l’entreprise. Les
Nations unies en ont dénombré
plus de 560 à ce jour, avec un
record de nouvelles plaintes l’an
dernier. Elles vont exploser si le
TAFTA est signé. Avec certainement
des attaques contre les services
publics. Le Québec avait signé un
moratoire contre la fracturation
hydraulique. Peu de temps après,
une compagnie qui voulait forer
dans le bassin du Saint-Laurent a
intenté un procès à l’État, demandant 250 millions de dollars.
Les négociations sur le TAFTA
doivent s’achever à la fin de
l’année. Où en sommes-nous ?
Ces négociations sont secrètes.
Même nos représentants élus au
Parlement européen n’ont un droit
d’accès que s’ils font partie d’une
commission X . Mais je crois que
l’Europe a maintenant peur car il y
a eu énormément de protestations.
Plus d’1,5 million de signatures ont
été enregistrées contre le traité lors
d’une initiative citoyenne autoorganisée.
POUR SUSAN GEORGE,
les enreprises
transnationales
menacent notre
protection sociale,
sanitaire et
environnementale.
Comment les citoyens peuventils reprendre ce pouvoir confisqué par les transnationales ?
La connaissance est le premier instrument. Il faut savoir comment les
choses se font, qui intervient à
Bruxelles, quels sont ces grandes
fondations, ces cercles, ces comités, ces grands lobbies qui s’occupent de secteurs entiers comme
l’alcool, l’alimentation, les produits
pharmaceutiques, chimiques, etc.
Sur les 127 réunions préparatoires
aux négociations sur le TAFTA ,
seules neuf ont eu lieu en présence
de syndicats, de consommateurs,
d’environnementalistes, bref avec
ceux qui représentent réellement la
société civile. Toutes les autres se
sont déroulées entre groupes de
pression et très grandes entreprises. Mais nous en savons assez
pour pouvoir lutter contre. Les
conséquences du TAFTA seraient
graves et irréversibles. Voilà pourquoi je passe beaucoup de temps
en ce moment à le combattre.
PROPOS RECUEILLIS PAR
SAMY ARCHIMÈDE
PHOTO JOSEPH MARANDO/CCAS
(1) Les Usurpateurs. Comment
les entreprises transnationales prennent
le pouvoir, Seuil, 2014.
(2) Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne.
(3) Le TAFTA (Accord de libre-échange
transatlantique), dont les négociations ont
débuté en juillet 2013, a été rebaptisé TTIP
(Partenariat transatlantique de commerce
et d’investissement).
Retrouvez l’interview vidéo
sur journal.ccas.fr
Femme
d’Attac
U
NIVERSITAIRE
et militante
franco-américaine,
Susan George
est présidente
d’honneur d’Attac
et présidente
du conseil
d’administration
du Transnational
Institute, un institut
de recherche basé
à Amsterdam.
Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015 29
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V
30 Le journal des Activités Sociales de l’énergie/Avril 2015
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oilà trois jours que nous sommes arrivés au mobil-home !
« Notre petite maison dans la forêt », comme dit Zoé. Et c’est
vrai que nous sommes en pleine nature, des papillons
viennent butiner notre confiture le matin sur la terrasse. Le
mobil-home a tout d’une petite maison, une cuisine superéquipée, il y a même un lave-vaisselle ! Les vraies vacances
quoi ! Zoé et les deux grands ont leur salle de bains, et nous la nôtre. C’est
super ! Le voyage a été plutôt agréable, la pluie a cessé peu de temps
après notre départ et ici le soleil paraît ne pas vouloir se coucher. Nous
avons pu aujourd’hui aller nous promener dans le village médiéval, il y avait
un guide prévu par la CCAS, nous avons appris plein de choses (tu aurais
beaucoup aimé papy !) et c’était si paisible, la fraîcheur des pierres et de
vigne vierge grimpant sur les murs, c’était très beau.
Mais ce que nous adorons, c’est nous retrouver le soir en famille, à jouer aux
cartes sous l’auvent. Nous avions besoin de ça, et la petite maison
nous y aide beaucoup. Ce soir nous allons tous voir un spectacle, avec
de la musique et du cinéma. Nous allons y retrouver un couple très
sympa que nous avons rencontré ce matin à la balade, Zoé est déjà
amie avec leur petite fille. Demain les grands vont faire du bateau,
c’est leur première fois, ils sont tout excités et rêvent de grands
voyages… Bon il n’y a plus de place sur la carte, alors on vous fait tous
de gros bisous ! LÉONTINE ET MARC
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Crédit photo : thinkstock
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samedi de 9h00 à 16h00
Histoire d’image
Q
uatre jours pour faire courir
la vie, quatre nuits pour
soutenir le don d’organes. »
Organisée par l’association
Trans-forme, partenaire de la
CCAS, la 29e Course du cœur
s’est élancée de Paris pour sensibiliser le public
à la transplantation d’organes et donc à la
nécessité du don. En France, 40 000 personnes
vivent grâce à une greffe. Mais près de
19 000 malades attendent de recevoir un organe.
© DIDIER DELAINE/CCAS
18/03/2015