D1 LA MATURATION DE L’ENFANT Deuxième partie ÂGE OSSEUX Incidences thérapeutiques des indices de maturation en O.D.F Dr M. CROCQUET MCU-PH ODF MATURATION OSSEUSE I Le tissu osseux constitue le squelette Portion minéralisée, dure et solide, qui forme la charpente du corps des vertébrés (≠ exosquelette des Mollusques et Insectes) 3 types d’os • Os longs (squelette des membres) • Os courts (squelette de la cheville et du poignet) • Os plats (voûte crânienne, omoplate, sternum) I.1 LE DEVELOPPEMENT OSSEUX Croissance et calcification Age osseux 1.1.1 Croissance et calcification Os longs Os courts Os long Os long Croissance en longueur Cartilage de conjugaison entre épiphyse et diaphyse Croissance en largeur Périostée Os court A partir d’un ou plusieurs points d’ossification Croissance inégale selon les divers diamètres de l’os considéré (modification de la forme) Dates d’apparition des points d’ossification différentes suivant l’os considéré 1.1.2 l’âge osseux Moyenne des âges civils ayant atteint le même degré de maturation Détermination de la maturation osseuse à partir de radiographies Selon l’âge, apparition successive : • des centres d’ossification primaire (os courts, points diaphysaires des os longs) • Des centres d’ossification secondaire (épiphyses des os longs) • Modification de leurs forme et dimension • Soudures diaphyso-épiphysaires I.2 LES DIFFERENTES METHODES RADIOLOGIQUES D’ÉVALUATION Investigation osseuse apparue avec la radiographie Evaluation de la maturation osseuse basée sur : - apparition de noyaux primaires ou secondaires d’ossification - soudure des épiphyses avec leur diaphyse - modifications dans le temps de la forme et du volume des points d’ossification Régions utilisées : - main et poignet (la plus utilisée) - coude - genou - pied - vertèbres - hanches Généralement des articulations Méthodes unisegmentaires Un seul segment choisi en fonction de l’âge Méthodes plurisegmentaires Radiographie du squelette entier (hémi-squelette gauche) Les méthodes d’évaluation sont multiples et diverses Plusieurs catégories classées selon qu’elles se réfèrent : - au nombre total de points d’ossification apparus - aux dates de leur survenue - leur morphologie Dates d’apparition des points d’ossification épiphysaires (moyenne et dates limites pour les 6 articulations principales) D’après R. Debré et M. Lelong Genou (1 à 3 mois) Méthodes quantitatives Méthodes plurisegmentaires - Radiographie de toutes les articulations d’un même coté (gauche) - Dénombrement des centres d’ossification ou d’épiphyses fusionnées - Lecture de l’âge osseux correspondant dans une table ELGENMARK (1946) est un des précurseurs - la majorité des points d’ossification apparaissent avant 5 ans - premières fusions épiphysaires seulement entre 12 et 14 ans Critique de la méthode : - peu utilisable entre 5 et 12 ans - irradiations multiples du sujet Méthodes chronologiques Relevant la présence ou l’absence de points précis d’ossification pour un âge donné - Radiographie de segments choisis en fonction de l’âge civil - comparaison à un tableau référence Chez le nourrisson - Épaule (tête humérale entre 1 et 3 mois) - Genou (point fémoral à la naissance, point tibial à 1 mois) - Pied (astragale et calcanéum à la naissance, cuboïde à 2 mois) Ensuite : main et poignet Prônées à partir de plusieurs segments osseux par PYLE et SONTAG (1943) ELGENMARK (1946) WILKINS (1950) A partir du poignet par STOTT (1955) Plus précises que les méthodes quantitatives Utilisables à partir de la radiographie d’un seul segment Méthode de LEFEBVRE et KOIFMAN (1957) Combine les méthodes quantitative et chronologique sur un tableau en 2 parties A partir des 36 os et épiphyses des 6 articulations principales (poignet, coude, épaule, hanche, genou, pied) D’une part, une étude quantitative par une courbe relationnelle entre âge osseux et nombre des points d’ossification D’autre part, une étude chronologique des âges moyens et extrêmes de survenue des différents points d’ossification pour les deux sexes Méthode quantitative Age moyen d’apparition des points chez la fille et chez le garçon Tableaux de LEFEBVRE et KOIFMAN Méthodes qualitatives Basées sur l’étude de la morphologie des points d’ossification TODD (1937) 1er atlas de radiographies main et poignet Aujourd’hui, GREULICH et PYLE (1950) plus perfectionné et le plus utilisé Radiographies garçons et filles séparées - Tous les 3 mois de la naissance à 1 an - Tous les 6 mois de 1 à 5 ans - Tous les ans de 5 à 19 ans Echantillon américain de 1950 Mise en œuvre longue, difficile et délicate PYLE et HOERR (1955 et 1969) Atlas du genou HOERR (1962) Atlas du poignet et de la cheville LAMPARSKI (1972) Atlas des vertèbres cervicales sur téléradiographie sagittale Applicable entre 10 et 15 ans D’autres auteurs ont aussi publié leur atlas : - DE ROO et SCHRÖDER - SEMPE et PAVIA Méthodes descriptives ou de cotation Dérivées des méthodes qualitatives Coefficient affecté à chacune des phases successives d’évolution Main et poignet • ACHESON (1957), à partir de l’atlas de GREULICH et PYLE • TANNER (1959), révisée en 1972 puis en 1975 Plus élaborée, utilisant 8 à 9 indicateurs de maturation Grande précision, mais longue et difficile à mettre en œuvre Coude En France SAUVEGRAIN (1962), SEMPE (1976) Utilisable chez filles et garçons de 9 à 13 ans Test de RISSER Cotation de 0 à 5 sur 3 ans du noyau d’ossification des crêtes iliaques Radiographie du bassin O 1 Apparition du 1er point vers • 13-14 ans chez la fille 2 • 15-16 ans chez le garçon 3 La fusion totale avec l’aile iliaque marque la fin de la maturation osseuse et de la croissance 4 5 Fin de la maturation osseuse En conclusion Les méthodes de détermination de la maturation osseuse sont nombreuses Les méthodes chronologiques Sont les plus simples, mais aussi les moins précises Nécessitent une exposition radiographique plurisegmentaire Les méthodes qualitatives ou de cotation Sont plus précises, mais d’un maniement plus difficile et plus long Souvent unisegmentaires I.3 LES METHODES UTILISABLES EN O.D.F utilisent les radiographies • de la main et du poignet • du coude • du rachis cervical 1.3.1 Radiographie de la main et du poignet En moyenne, apparition d’un nouveau point d’ossification tout les ans entre 1 an ½ et 7 ans DEPLAGNE Séquences simplifiées de maturation du poignet Chez la fille et le garçon Entre 5 et 11 ans Atlas de SEMPE et PAVIA Observation de 22 indicateurs Emplacement des indicateurs de maturation retenus par Sempé V Observation de 22 indicateurs III IV Ordre de lecture toujours identique Sommation des indices de maturation et lecture dans l’atlas I II Méthode de BJÖRK Utilise l’état de maturation des épiphyses des métacarpiens et des phalanges Intérêt centré sur la période de l’adolescence Stade = Epiphyse même largeur que diaphyse Stade cap L’épiphyse déborde la diaphyse Stade U Soudure épiphyso-diaphysaire 2 3 4 Lecture et abréviations • Les doigts sont numérotés de 1 à 5 à partir du pouce • PP : « Proximal Phalanx » Phalange proximale Phalange • MP : « Middle Phalanx » Phalange médiale Phalangine • DP : « Distal Phalanx » Phalange distale Phalangette DP2 MP2 PP2 1 5 11,7 ans PP2= L’éphiphyse de la première phalange de l’index est aussi large que la diaphyse 12,9 ans MP3= L’épiphyse de la phalange médiane du majeur est aussi large que sa diaphyse 13 ans Pisi H1 R= – Ossification du pisiforme – Début de l’ossification de l’apophyse unciforme de l’os crochu – Epiphyse du radius même largeur que sa diaphyse 13,2 ans H2 S – Apparition du sésamoïde ulnar du pouce – Fin de l’ossification de l’apophyse unciforme de l’os crochu 14,5 ans MP3cap PP1cap Rcap Les 3 épiphyses débordent leur diaphyse 15,6 ans DP3U Soudure de l’éphiphyse de la troisième phalange du majeur à sa diaphyse 16,1 ans PP3U Soudure de l’éphiphyse de la première phalange du majeur à sa diaphyse 16,5 ans MP3U Soudure de l’éphiphyse de la deuxième phalange du majeur à sa diaphyse 17 ans RU Soudure de l’éphiphyse du radius à sa diaphyse (BJÖRK) TAUX DE CROISSANCE Sommet du pic pubertaire MP3cap MATURATION OSSEUSE PUBERTAIRE PP1cap et CROISSANCE STATURALE Rcap CROISSANCE TERMINEE S DP3U MP3= Environ 3ans avant le pic pubertaire PP2= MINIMUM PREPUBERTAIRE INFANTILE (0 à 6 ans) JUVENILE (6 à 11 ans) PP3U PIC PUBERTAIRE MP3U RU ADOLESCENCE (11 à 17 ans) AGE ADULTE Radiographie du coude 1.3.2 Méthode de SAUVEGRAIN et NAHUM (1962) Méthode de cotation péripubertaire Réalisée à partir de 600 clichés d’enfants traumatisés du membres supérieur Trochlée Coude de profil Condyle Tête radiale Coude de face Olécrane Valable de 9 à 13 ans ½ chez la fille de 11 à 15 ans chez le garçon A partir de 2 clichés du coude (de face et de profil) Compare les 4 noyaux épiphysaires • Condyle et épicondyle (considérés comme un seul noyau) • Trochlée • Olécrane • Tête radiale Pour chacun d’eux se déduit une cote La somme des 4 cotes donne une cotation globale La cotation globale est reportée sur un graphique pour obtenir l’âge osseux correspondant, selon le sexe Massif condylo-épicondylien Cote 1 à 9 Trochlée Cote 1 à 5 Olécrane Cote 1 à 7 Tête radiale Cote 1 à 6 Âge 0 2 4 6 8 10 12 14 16 1.3.3 Radiographie du rachis cervical Méthode de LAMPARSKI (1972) Méthode qualitative applicable de 10 à 15 ans Utilisation des vertèbres cervicales sur téléradiographie sagittale Atlas de l’évolution des 3ème, 4ème, 5ème, 6ème vertèbres Basée sur : • Concavité du bord inférieur • Inclinaison du bord supérieur • Hauteur du bord antérieur du corps vertébral • Epaisseur des espaces intervertébraux Difficulté fréquente de lecture et d’interprétation des clichés téléradiographiques des vertèbres Image radiographique du rachis cervical sur la téléradiographie sagittale En résumé, et pratiquement Méthode de SEMPE et PAVIA Très précise, mais longue et difficile à mettre en œuvre Méthode de LAMPARSKI Difficulté de lecture et d’interprétation. Peu précise • Période infantile (1 an ½ à 7 ans) Numération des points d’ossification du poignet • Entre 5 et 11 ans : Méthode simplifiée de DEPLAGNE (poignet) • De 10 à 14 ans : SAUVEGRAIN et NAHUM (coude) • De 12 ans à l’âge adulte : Méthode de BJÖRK (main et poignet) II Utilisation des différents indices de maturation en thérapeutique ODF Les indices de maturation • Dentaires • Osseux • Sexuels permettent d’apprécier l’âge physiologique de l’enfant De nombreux auteurs ont cherché une éventuelle relation entre : • Âge dentaire et âge osseux • Maturation osseuse et croissance squelettique L’existence d’un décalage (asynchronisme) entre les indices de maturation aura des conséquences thérapeutiques en ODF pour déterminer • Le choix du moyen thérapeutique • Le moment du début du traitement II.1 AGE DENTAIRE et AGE OSSEUX Rapport entre âge dentaire et âge osseux Les corrélations - âge civil / âge dentaire - âge civil / âge osseux sont très élevées Par contre, la corrélation âge osseux / âge dentaire est positive, mais faible Totale indépendance des systèmes dentaires et osseux (CAUHEPE) (phylogénique, génétique, embryologique, pathologique) La concordance entre âges osseux et dentaire est rare • 12% des cas sur 91 enfants selon BECK (1939) • 14% des cas sur 150 selon DE COSTER (1938) TAUX DE CROISSANCE Courbe de croissance et stades dentaires éale re lact Dentu Constitution de la denture permanente 1 M1 M2 Denture mixte 3-4 2 MINIMUM PREPUBERTAIRE INFANTILE (0 à 6 ans) CROISSANCE TERMINEE JUVENILE (6 à 11 ans) PIC PUBERTAIRE Denture adulte jeune M3 ADOLESCENCE (11 à 17 ans) AGE ADULTE Incidence thérapeutique L’éruption tardive peut retarder la poursuite d’un traitement orthodontique en cours tandis que la croissance osseuse est alors optimale pour une thérapeutique orthopédique La DDM Est-elle transitoire ou vraie ? II.2 CROISSANCE STATURALE et CROISSANCE FACIALE Croissances faciale et staturale Taux de croissance homothétiques et à peu près synchrones Taux de croissance plus faible pour la face Fin de croissance Plus précoce pour le maxillaire Plus tardive pour la mandibule II.3 AGES THERAPEUTIQUES i La période infantile Prévention, suppression des parafonctions, traitements précoces Succion digitale La « tutute » Correction orthopédique précoce des rapports squelettiques et occlusaux (ROS. Valentine, 4 ans) FRONDE MENTONNIERE LE MASQUE ORTHOPEDIQUE DE DELAIRE La période juvénile Interception, extractions pilotées, suppression des occlusions de convenance, correction des occlusions inversées postérieures, … Suppression de la ventilation buccale ou mixte Le dépistage et la prise en charge par le Pédiatre et l’ORL doivent être précoces Ablation des amygdales pharyngiennes hypertrophiques Interception des dysfonctions linguales Interposition antérieure Interposition postérieure Extractions interceptives et guidage de l ’éruption Agénésie 15 + DDM Extractions 53, 54, 55 Occlusion habituelle en intercuspidation maximale Occlusion en relation centrée Occlusion fonctionnelle en latéralité Suppression des prématurités Rétablissement d’une occlusion centrée La période pubertaire Interception Corrections orthopédiques et orthodontiques Correction des malpositions dentaires Correction des anomalies occlusales Corrections orthopédiques des rapports squelettiques Traction intermaxillaire Force extra-orale La période post-pubertaire Orthodontie tardive Chirurgie orthognathique Découvertes tardives et mise sur arcades des dents incluses Chirurgie orthognathique Chirurgie mandibulaire (OBWEGESER)
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