LES SCIENCES COGNITIVES : DES CLÉS POUR COMPRENDRE LES BESOINS DE L'ÉLÈVE MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 1 SOMMAIRE 1) Introduction à la cognition et au fonctionnement cérébral 2) Un exemple du quotidien 3) Où passent les informations de notre environnement? - Où passent les informations visuelles? - Où passent les mémoires? - Où passe le langage? - Où passent les gnosies? - Où passent les praxies? - Où passent les fonctions exécutives et attentionnelles? 4) Conclusion MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 2 MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 3 INTRODUCTION Pour comprendre les besoins d’un élève présentant un handicap, il faut comprendre son fonctionnement cognitif, avec ses points forts et ses points faibles. Il faut certes mettre en exergue ses difficultés mais également ses capacités afin de s’y appuyer. Nous allons aborder dans un premier temps le développement des différentes fonctions cognitives et leur compréhension lors d’un développement normal. A partir de cette base, nous aborderons les fonctions cognitives dans le cadre d’un handicap avec troubles d’apprentissage. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 4 LA COGNITION: Définition : ensemble des processus permettant d’acquérir des connaissances sur notre environnement - savoir, mémoriser, raisonner et résoudre - afin de le contrôler et le manipuler. Ces processus : Dépendent de l’activité de régions cérébrales, Se développent selon une chronologie, Nécessitent des stimulations adéquates. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 5 Le développement des fonctions cognitives dépend : des phénomènes de maturation cérébrale : multiplication des synapses; sélection synaptique; formation myéline. des caractéristiques de la maturation cérébrale : rythmes de maturation différents selon régions cérébrales. des caractéristiques du fonctionnement cérébral : spécialisations fonctionnelles très précoces > modularité fonctionnement cognitif. Le développement cognitif est calé sur la chronologie de la maturation cérébrale, chronologie propre à chaque fonction mais plus ou moins identique pour tous. Il dépend de l’activité de régions cérébrales définies qui travaillent en réseau. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 6 PLASTICITÉ CÉRÉBRALE • Ensemble des processus visant à développer, améliorer ou constituer des connexions en conformité avec le modèle fixé génétiquement pour chaque espèce. • Capacité du cerveau, et plus particulièrement chez l’Homme de se modifier par l’expérience. • Le cerveau est ainsi qualifié de « plastique » ou « malléable ». • Ce phénomène intervient durant le développement embryonnaire, l’enfance, la vie adulte et les conditions pathologiques (lésions et maladies). • Le cerveau est un système dynamique, en perpétuelle reconfiguration. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 7 LE CERVEAU HUMAIN MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 8 LES FONCTIONS COGNITIVES Les fonctions langagières Les fonctions mnésiques Les fonctions exécutives Les fonctions praxiques Les fonctions gnosiques Les fonctions neuro-visuelles Toutes ses fonctions suivent une ligne directrice identique pour tous. Mais au cours du développement, certaines fonctions peuvent se développer différemment, et expliquent les différences entre individus. La maturation cérébrale dépend du développement neuronal, de l’environnement et des intérêts et motivations. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 9 L’INTRICATION DES FONCTIONS COGNITIVES MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 10 La neuropsychologie C’est la discipline qui traite des fonctions mentales supérieures dans leur rapport avec les structures cérébrales. Effet des lésions cérébrales sur la cognition. Elle va étudier le lien entre les processus cognitifs, le comportement et les substrats cérébraux (structuraux & fonctionnels). MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 11 Le comportement « Ensemble des réactions observables chez un individu placé dans son milieu de vie et dans des circonstances données ». Troubles du comportement : réactions non adaptées au milieu. Lors de lésion cérébrale, en particulier un TC, un trouble du comportement renvoie à une modification par rapport à un comportement antérieur. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 12 MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 13 JE DÉCIDE DE MANGER UNE POMME MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 14 JE DÉCIDE DE MANGER UNE POMME (2) Je me lève et marche vers la table. Je prends la pomme dans la main. Je l’amène à ma bouche. Je croque dans la pomme. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 15 FONCTIONS COGNITIVES MISES EN JEU? La vue : fonctions visuelles . Je vois une forme ; je la compare avec ce que je connais ; j’accède à mon lexique; j’identifie la pomme et la distingue à d’autres objets. Accès à la mémoire sémantique ; je sais que c’est une pomme ; je sais que ça se mange. Le moteur : je me lève du fauteuil, je marche en direction de la table, j’utilise mon bras puis ma main pour amener la pomme à ma bouche, je croque la pomme. Toutes ces fonctions sont dites automatiques (pour un enfant et un adulte). Elles nécessitent pas une pleine conscience pour réaliser l’action. Elle ne sont donc pas « énergivores » ! MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 16 UN NOURRISSON MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 17 FONCTIONS COGNITIVES MISES EN JEU? La vue : fonctions visuelles. Il voit une forme, mais ne peut encore la comparer avec ce qu’il connait. Pas encore accès à la mémoire sémantique. Le moteur : essai de se lever, se tourner, se déplacer vers la table, utiliser les bras pour se hisser, tendre le bras et attraper la pomme. On considère que le nourrisson a déjà la préhension, mais si c’est un nouvel objet, il va devoir orienter sa main correctement pour le saisir (praxies) et corriger si besoin. Toutes ces fonctions ne seront pas automatiques. Elle seront donc « énergivores » ! MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 18 REMARQUES: L’ensemble de ces étapes sont non exhaustives. Plusieurs sont apprises et acquises avec le temps. Lors d’un apprentissage, un effort cognitif sera fourni afin de réaliser la tâche demandée (par exemple apprentissage de la conduite ou de baguettes chinoises). Dès qu’un apprentissage est acquis ou automatisé, il demandera moins d’effort cognitif et laissera la place à un nouvel apprentissage. Par exemple : l’apprentissage de l’écriture, de la forme des lettres, une fois acquis cela permet d’accéder à l’orthographe. Tant que le graphisme n’est pas automatisé, il est difficile de demander à un enfant d’être bon en orthographe. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 19 MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 20 OÙ PASSENT LES INFORMATIONS VISUELLES? MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 21 L’OEIL MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 22 MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 23 EN PREMIER LIEU : Proposer à la famille et à l’enfant, en cas de doute, une consultation médicale auprès d’un ophtalmologue, et le cas échéant à un orthoptiste. Ophtalmologiste : médecin spécialisé en ophtalmologie, autrement dit dans la science qui s’occupe de la structure et du fonctionnement des yeux et des maladies qui les atteignent. Orthoptiste : auxiliaire médical qui évalue et mesure les déviations oculaires, assurer la rééducation des yeux en cas de vision binoculaire : strabisme; insuffisance de convergence…. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 24 LORSQUE LE REGARD N’EST PAS EFFICIENT = ACTIVITÉ ÉNERGIVORE Le balayage visuel se fait naturellement dans notre éducation de gauche à droite et il commence à s’acquérir au moment de l’apprentissage de la lecture. • Par exemple : regarder un paysage pose du regard à gauche. En cours d’apprentissage : l’enfant devra fournir un effort cognitif pour l’acquérir. Il va donc mettre plus de temps qu’un autre enfant ayant acquis le balayage visuel. Ceci lui demandera également plus d’effort cognitif pour faire cette action. La fatigue visuelle peut également apparaître. Une fois acquis : le balayage visuel est dit automatisé, permettant ainsi à l’enfant de passer à autre chose et d’être plus efficient dans le traitement de l’information visuel. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 25 En cas de non acquisition : proposer un code couleur, par exemple le rouge pour la gauche et le vert pour la droite. Délimiter la feuille de travail avec les couleurs choisies. Cela peut aider l’enfant à se repérer sur l’espace feuille. Ou proposer des vignettes de couleurs ou autre sur l’écran ordinateur. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 26 OÙ PASSENT LES MÉMOIRES? MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 27 Il existe plusieurs mémoires en fonction : De la durée du souvenir Mémoire à court terme (MCT) Mémoire à long terme (MLT) Mémoire de travail (MDT) De la nature sensorielle de l’information Auditivo-verbale Visuelle MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 28 Différentes MLT en fonction de la nature du souvenir MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 29 Différents processus Encodage Stockage Récupération MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 30 Les troubles (« énergivores ») Les différents types de mémoire Sémantique vs épisodique MCT vs MLT Les différents processus Encodage vs stockage vs récupération Amnésie Rétrograde vs antérograde MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 31 OÙ PASSE LE LANGAGE? • 2 versants ▫ Productif = expression ▫ Réceptif = compréhension • 2 modalités ▫ Orale ▫ Ecrite • Trouble : aphasie MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 32 OÙ PASSENT LES GNOSIES? Gnosies: Capacités de reconnaissance d’un stimulus Gnosie visuelle Gnosie auditive Fait intervenir les 5 sens Zones postérieures du cerveau Trouble : agnosie Unimodale ou multimodale Du « Quoi » : trouble de la reconnaissance du stimulus (ex : agnosie intégrative ou associative) Du « Où » : trouble de l’appréhension de l’espace / visuo-spatial (ex : héminégligence) MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 33 OÙ PASSENT LES PRAXIES? • Gestion et pré-programmation des gestes intentionnels • Trouble : apraxie MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 34 LE GRAPHISME OU LA FRAPPE Ce sont deux activités qui s’acquièrent et nécessitent un effort cognitif pour l’enfant. avec le temps Le graphisme fait appel à une activité praxique (l’apprentissage d’un geste). Cette activité va s’inscrire dans le cerveau pour devenir automatique. L’enfant va devoir apprendre d’une part à écrire, à former les lettres puis peu à peu à reconnaître la lettre (en lien avec la discrimination visuelle). Puis ensuite, associer cette forme (ex :f ) à un son. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 35 OÙ PASSENT LES FONCTIONS EXÉCUTIVES ET ATTENTIONNELLES Inhibition Flexibilité Manque d’initiative Impulsivité Attention divisée Planification Recherche en mémoire Mise à jour MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 36 Les fonctions exécutives permettent de s’adapter au quotidien, s’adapter sur le plan familial, scolaire et permet de gérer des situations nouvelles. Elles correspondant aux capacités nécessaires pour une personne à s’adapter à des situations nouvelles, c’est-à-dire non routinières, pour lesquelles il n’y a pas de solution toute faite. Situations routinières vs non routinières. Situations familières vs nouvelles. SAS: système attentionnel de supervision. Inhibition; mise à jour; flexibilité; récupération active d’informations en mémoire; attention divisée et planification. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 37 Au niveau cognitif Inhibition Au niveau du comportement Que faire? Travail adapté Expliquer le but Contrat de bonne conduite… MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 38 Au niveau cognitif Flexibilité Que faire? Signaler les changements d’activité. Si persévérations, l’en extraire, ré-orienter son attention. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 39 Au niveau cognitif Impulsivité Que faire? Préciser d’attendre la fin de la consigne avant de commencer. Faire prendre conscience. Recadrer la personne. Essayer de détecter les signes de dérapage. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 40 Au niveau cognitif Manque initiative Que faire? Donner un travail, où les tâches sont répétitives… Donner le départ de chaque étape de façon orale. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 41 Au niveau cognitif Que faire? Planification Laisser le temps de réfléchir. Décrire les étapes de travail. Organiser la tâche avec elle. Faire noter les étapes. Faire cocher les étapes. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 42 Attention divisée Au niveau cognitif Que faire? Donner une seule consigne à la fois. Etablir une liste par ordre d’exécution. Observer que la tâche soit bien terminée avant d’en donner une seconde. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 43 Au niveau cognitif Mise à jour Que faire? Faire répéter la nouvelle information. S’assurer que la personne ait bien entendu. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 44 Au niveau cognitif Récupération Que faire? Faire prendre des notes. Utiliser un agenda; bloc note (en fonction de l’âge) Faire un inventaire de l’emplacement des dossiers… Installer des flèches pour orienter. MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 45 Difficultés pouvant être rencontrées en classe Trouble attention (Distractibilité, inattention) Fatigabilité Troubles du langage (Communication; écrit…) Troubles de la mémoire Troubles praxiques Troubles neuro-visuels Vitesse de traitement MALLET LAETITIA PSYCHOLOGUENEUROPSYCHOLOGUE 46 EN CONCLUSION Le développement des fonctions cognitives suit un rythme non linéaire, mais suit une ligne de développement postérieur-antérieur. Les fonctions exécutives nous permettent de s’adapter à notre environnement, de gérer des situations nouvelles. Ce sont les dernières à se développer au niveau cérébral. Il est important de tenir compte de là où en est l’enfant dans son propre développement pour l’aider dans les apprentissages. Il faut s’appuyer sur ses capacités pour soutenir le développement des autres. Une fonction non mature ne veut pas dire qu’elle ne le deviendra pas. Elle pourra se développer plus tard. 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