Publié par Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac inc. Hiver 2015 No 125 3$ INCLUS DANS LA COTISATION L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 Mot de la présidente Mot de l’animateur spirituel Un espoir inscrit dans la nature et en nous Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac Saint-Benoît-du-Lac (Québec) J0B 2M0 Tél. : 819-843-4080 Fax : 819-868-1861 Courriel : [email protected] Site Internet : http://amissbl.weebly.com/ --------------------Présidente générale Monique Bourassa DOM DOMINIQUE MINIER O.S.B. conseiller monastique Déjà les jours s’allongent, l’obscurité de l’année terminée laisse la place à plus de lumière. Nous le savions pourtant. Il n’y a rien de plus sûr que le retour des saisons. Mais notre être physique est solidaire de ces mouvements de la nature et nous en ressentons les effets. 2 Beaucoup de personnes pourtant y portent plus ou moins attention, occupées qu’elles sont à beaucoup de choses, bousculées par tous les évènements de la vie, sans compter toutes les distractions et la diversité qu’on croit devoir y ajouter. Comment expliquer autrement l’oubli dans lequel nous vivons concernant la marche de notre existence.Toute notre vie terrestre est en fait un automne plus ou moins long, comme une fin d’année où la lumière, pour nous, aussi va en diminuant et où notre force vitale s’épuise peu à peu. Et nous avançons de façon inéluctable vers un resserrement où l’on passe seulement un à la fois, si bien et à tel point que plus rien de matériel n’y passera. Face à cette réalité, de plus en plus nombreux sont ceux, même proches de nous, qui préfèrent se convaincre que tout finira dans cette obscurité.Tout le langage de la nature pourtant, et notre être profond, nous disent qu’une saison nouvelle s’annonce. Or cet espoir s’inscrit dans l’univers matériel et dans notre être personnel, dans la conscience que nous avons de nous-mêmes. La continuité de nousmêmes et la conscience intime que nous en avons, tout En couverture... Photographies: Dom Jacques Côté Photo de la 4e de couverture: statue de saint Joseph dans le cloître Vice-présidents Yvan Cloutier André Drouin cela nous dit qu’à cette nuit de fin de vie succèdera un jour nouveau pour ceux qui portent jusqu’à la fin cette espérance. Or cet espoir inscrit en nous, la foi chrétienne nous invite à en trouver l’accomplissement, la plénitude et le dépassement dans l’être historique de Jésus dont nous avons célébré la naissance et que Noël nous a présenté de nouveau comme la lumière du monde, lumière sans déclin, vie nouvelle qui progressera sans fin. À tous nos Amis et à leurs familles, je souhaite que cette année nouvelle 2015 se déroule dans la lumière de cette espérance chrétienne. SOMMAIRE – No 125 Mot de l’animateur spirituel...................................... 2 Mot de la présidente................................................... 3 Chronique de l’Abbaye............................................4-6 Départ de Soeur Céline............................................. 6 Fête de saint Benoît..................................................7-9 Funérailles Frère Morin...................................... 10-11 Funérailles Dom Léal........................................... 12-13 Dom Côté: moine photographe....................... 14-15 Forum Amitié........................................................ 16-22 École abbatiale...................................................... 23-25 LA VIE DE L’ASSOCIATION : Saguenay Lac-Saint-Jean...................................... 26-27 Sherbrooke............................................................ 28-30 Radio Ville-Marie........................................................ 30 Pensées et nécrologie............................................... 31 Trésorier André Roy Secrétaire Thérèse Cloutier Présidente (ex officio) Louise Rankin Responsable du bulletin Un Nouvel Ami Marielle Chicoine Responsable du site WEB Thérèse Cloutier Conseiller monastique Dom Dominique Minier Les présidents ou responsables régionaux André Couture, Acton Vale Laurent Bilodeau, Saguenay-Lac Saint-Jean Louise Drapeau, Drummondville Louise Fiset Du Plessis, Rive-Sud Mireille Galipeau, Québec Marie-Andrée Houde-Beaudoin, Bois-Francs Jules Larivière, Outaouais René Lupien, Mauricie François McCauley, Sherbrooke David Pagé, Montréal Jean Poitras, Asbestrie Jean-Guy Toussaint, Kamouraska-L’Islet-Montmagny --------------------Comité de rédaction Andrée Castonguay Jules Larivière François McCauley Luc Lamontagne, o.s.b. Dominique Minier, o.s.b. Yvan Cloutier, directeur --------------------Graphisme Nicole Ouellet --------------------Collaboration Jacques Côté, o.s.b (photographies) ---------------------Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada ISSN : 0826-3886 --------------------Postes Canada - Port payé à Sherbrooke Poste-publications - Enregistrement no 10748 No de convention: #40019867 Témoins de la joie de l’Évangile MONIQUE BOURASSA présidente Chères Amies et chers Amis, Jeunes, aurions-nous cru voir se lever, un jour, l’an 2015? Comme c’était loin! Nous voilà déjà au début de cette année-là. Permettez-moi de vous offrir mes meilleurs vœux : cheminons ensemble, remplis d’espérance, sur la route de la liberté, qui fut celle de Jésus, « celle qui fait exister. » Notre pape François ne nous invite-t-il pas à être « des disciples-missionnaires », témoins de la joie de l’Évangile en lisant les signes des temps dans chacun de nos milieux? Je vous souhaite de beaux projets (grands ou petits) qui permettent de garder l’esprit alerte et le cœur ouvert sans se laisser pour autant égarer dans notre monde en effervescence. C’est pourquoi une certaine dose de silence et de solitude est nécessaire. Pour cette raison, notre association a développé, pour tous ses membres et pour toute personne qui se sent interpelée, le projet de l’École abbatiale. Quatorze sessions ont déjà été offertes et, pour en avoir profité, je suis en mesure d’en témoigner l’importance et les bienfaits. Jésus ne revenait-il pas « au désert » ou à la « montagne » quand il le pouvait? Nous avons besoin de ressourcement si nous voulons nous découvrir et chercher Dieu. Savoir se débrancher du bruit du monde pour mieux nous connecter sur l’important de la vie. Il est toujours possible d’avoir les renseignements de ces formations sur notre site des Amis de SaintBenoît. Deux prochaines sessions sont déjà prévues en avril et mai 2015. Je profite de l’occasion pour vous remercier, chers(es) Amis(es) de m’avoir confié la responsabilité de la présidence de l’Association pour un deuxième mandat. Il me fait plaisir de rendre ce service. Soyez assurés que tous les membres de l’exécutif sont toujours à l’écoute de vos besoins et de vos suggestions. À tous les Amis de Saint-Benoît-du-Lac, à tous les moines de l’Abbaye et à toutes les personnes proches de notre Association, je réitère mes meilleurs vœux afin « que nous avancions d’un cœur libre sur les chemins des commandements de notre Dieu ». 3 L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 Chronique de l’Abbaye 150 photos met très bien en valeur entre autres la beauté de l’ensemble architectural et de son environnement naturel. Vendredi 18 juillet : Sœur Céline Roy, PM, au terme de trois mandats (neuf ans) comme directrice, quitte la Villa. Le Père Abbé, la communauté et un groupe d’employées lui font fête cet après-midi et lui expriment chaleureusement leur gratitude et leur amitié. Sœur Denise Charrier qui la secondait lui succède dans sa charge et sera elle-même assistée de Sœur Annette Fullum. Avril à septembre 2014 4 Mardi 8 avril : Le Fr. Flageole, directeur de la fromagerie, informe la communauté qu’au concours annuel des meilleurs fromages canadiens notre Fontina fumé a été primé et a reçu le prix du Meilleur nouveau fromage de l’année. digent un rapport et le présentent à la communauté avec les commentaires appropriés. Mardi de Pâques 22 avril : Arrivée du P. André Ardouin, bénédictin de Ligugé (France). Au cours des prochains jours il effectuera la «Visite économique» prévue par nos Constitutions. Il procédera donc à l’examen de la situation financière et économique et suggérera les modifications jugées opportunes. 21 et 22 mai : Le P. Gagné enregistre un disque d’orgue (un florilège de transcriptions et d’arrangements dont il est l’auteur). Ce disque sera publié et diffusé par la maison « ATMA Classique » et sortira à l’approche de Noël. 26 et 27 avril : Dans le cadre de la formation permanente, Mme Thérèse Nadeau-Lacour donne deux conférences sur sainte Marie de l’Incarnation, fondatrice du monastère des Ursulines de Québec et grande mystique. 28 avril au 1er mai : Onze prêtres de Sherbrooke et sept séminaristes de Montréal font retraite à l‘hôtellerie. Samedi 10 mai : Deux groupes importants (d’une cinquantaine de personnes chacun), l’un de Québec et l’autre de Saguenay, sont accueillis à l’hôtellerie. À chacun le Père Abbé donne un bref récital d’orgue. Du 13 au 20 mai: Visite canonique quadriennale. Les Visiteurs sont les Pères Abbés de Solesmes (Dom Ph. Dupont) et de Randol (Dom B. de Hédouville). Après avoir rencontré tous les moines individuellement et s’être enquis des différents aspects de la vie communautaire, ils ré- Dimanche 25 mai : Notre Fr. Paul-Eugène Morin décède à 03h05 à l’âge de 91 ans. Né à Saint-Georges de Beauce, le sixième d’une famille de douze enfants, il entra dans notre monastère à l’âge de vingt-six ans. Il travailla surtout à la fromagerie et à la cuisine. Son égalité d’humeur, sa bonté et son humour le rendaient particulièrement cher à ses confrères. Du 24 au 30 mai : À l’hôtellerie, monsieur Robert Mercier, Sulpicien, prêche une retraite à dix-sept de ses jeunes confrères venus de neuf pays différents. Ce jubilé est fêté en communauté avec les rites festifs habituels à l’église, au réfectoire et à la récréation du soir. Du 13 au 15 juin : Les Oblats et Oblates de notre monastère viennent nombreux pour leur réunion annuelle. Ils sont accueillis par le P. Gagné, leur nouveau directeur. Samedi, des conférences leur sont données dans la matinée par les PP. Gagné, Salvas et Gilman. Dimanche, L. Gagnon et I. El-Khoury font leur oblation à la Messe. Moines et Oblat(e)s prennent ensemble le repas de midi à l’hôtellerie. Lundi 16 juin : Le Fr. Morissette nous revient de Paris où il étudie la théologie biblique à l’Institut catholique. Il terminera ici son mémoire de maîtrise. Mardi 17 juin : Le P. Salvas, victime d’un infarctus, est conduit au CHU de Sherbrooke. Une opération est jugée urgente, il passe ensuite deux jours aux soins intensifs et le jour suivant peut revenir au monastère pour sa convalescence. Jeudi 3 juillet : Les travaux de construction de l’usine de traitement des eaux usées vont bon train. Des photos et des visites au chantier permettent d’en suivre les étapes : ouverture d’une route d’accès, construction du bâtiment principal, mise en place du réseau de drains, etc. Tout sera terminé avant l’hiver. Samedi 19 juillet : À 14h00 en notre église, dans le cadre du Festival Orford 2014, le Père Abbé (orgue) et Louise Pellerin (hautbois) donnent un concert. Vendredi 1er août : Jubilé d’or d’ordination presbytérale des Pères Garneau et Côté et huitième anniversaire (anticipé) de bénédiction abbatiale du Père Abbé. Ces anniversaires sont célébrés dans une ambiance de joyeuse convivialité avec les rites liturgiques et communautaires d’usage. Dimanche 3 août : Quatorze membres de la Communauté Saint-Jean sont accueillis à l’hôtellerie. Ils seront en retraite jusqu’à vendredi prochain. Mercredi 6 août : Présence à la Messe de Mgr Gaétan Proulx, o.s.m., évêque auxiliaire à Québec. Dimanche 10 août : L’abbé Kabanda, qui nous quittera mercredi, prend la récréation du soir avec la communauté. Il nous parle surtout de son pays, le Rwanda, de la situation religieuse et politique et du retour à la normale après les événements tragiques de 1994. Mercredi 20 août : Une firme de Sherbrooke, Aquatech, va progressivement prendre en charge ce qui a trait à l’eau potable : contrôle de la qualité, entretien du réservoir, stockage et distribution de l’eau, etc. sous la supervision du Fr. Beauchamp. Dimanche 6 juillet : À 14h30 en notre église, début des concerts d’orgue des dimanches d’été (juillet et août) donnés en alternance par le Père Abbé et le P. Gagné. L’entrée est libre. Vendredi 22 août : Nous accueillons le Père Bernard-Marie van Caloen, moine trappiste de Notre-Dame du Mont-des-Cats (France). Il sera notre hôte jusqu’à lundi. Mercredi 27 août : Ces jours-ci, une équipe d’ouvriers procède à la réfection complète du toit du garage. Mercredi 4 juin : Arrivée de l’abbé Théophile Kabanda, prêtre rwandais du diocèse de Kigali, étudiant à l’Institut de formation humaine intégrale de Montréal. Il sera notre hôte jusqu’au mois d’août. Vendredi 11 juillet: Solennité de notre Père Saint Benoît. Les Amis de St-Benoît-du-Lac favorisés par un temps magnifique viennent célébrer leur patron avec la communauté. Mgr P.-A. Fournier, archevêque de Rimouski, et une dizaine de prêtres concélèbrent avec les moines. En après-midi, le P. Blanchet entretient le Amis du prieuré guinéen de Séguéya où il réside depuis quelques mois et sollicite leur aide financière pour cette fondation bénédictine. Samedi 7 juin : Le P. Jean-Marie Cyr célèbre le 60e anniversaire de sa Profession monastique. Lundi 14 juillet : La maison d’édition Bayard-Novalis publie un livre de photos du P. Côté : Au fil des saisons. Regards sur l’Abbaye de Saint-Benoît-Lac. La qualité des Mercredi 28 mai : Le Fr. Georges Picard est de retour après une hospitalisation de six semaines à la suite de problèmes cardiaques. Samedi 30 août : Ouverture du verger au public pour l’autocueillette. Il sera ouvert tous les samedis et dimanches jusqu’à l’Action de grâce (13 octobre). Dix-sept variétés de pommes sont offertes au choix des cueilleurs. Lundi 8 septembre : Le Père Francisco Leal meurt paisiblement dans sa chambre à l’infirmerie peu après minuit. Il était le doyen d’âge (96 ans) et de Profession (76 ans) de notre communauté. Pendant une quarantaine d’années il a enseigné la théologie morale en notre stu- 5 L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 dium. Son ministère pastoral d’accueil et d’écoute permit à beaucoup de retrouver paix, joie et courage. Ses funérailles auront lieu mardi le 16 septembre. René Côté de Québec en est l’animateur et compte 32 auditeurs et auditrices. Mercredi 17 septembre : Le Fr. Claude Ménard qui séjourne à Saint-Wandrille vient passer trois mois avec nous. 21 et 22 septembre : Dom Jean-Daniel Mischler, moine bénédictin de Maredsous (Belgique), donne deux conférences sur l’Eucharistie et son culte dans une perspective historique et théologique. Du 19 au 21 septembre : L’« École abbatiale » présente une session sur le thème suivant : Dieu est-il injuste quand il laisse son allié souffrir ? L’abbé Pierre- 30 septembre : Présence à l’hôtellerie ces jours-ci de Mgr John Selby, évêque anglican émérite du diocèse de Worcester (Angleterre). Il est accompagné de son épouse. PHOTOS: DOM JACQUES CÔTÉ Départ de Sœur Céline Roy p.m. Après près d’une décennie de service à la Maison SainteScholastique et d’accompagnement spirituel auprès des résidentes, Sœur Céline Roy répond à l’appel pour un apostolat directement auprès des membres de sa communauté. Nous la voyons ici quittant l’église abbatiale, lieu des ses offices, oraisons et méditations en union de prières avec les moines, dont elle emporte la spiritualité bénédictine. MERCI Sœur Céline pour votre dévouement et à nos bons souvenirs. 6 Texte et photographie : Mireille Galipeau À droite: Sœur Céline devant la pierre du monastère de Saint-Wandrille transportée de France par les fondateurs de l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac et installée dans le narthex (arrière de l’église abbatiale). LIVRES LUS AU RÉFECTOIRE Dorothy Day : Longue solitude. Cerf. 2014. Philippe Chenaux : L’Église catholique et le communisme en Europe (1917-1989). Cerf, 2009. Paul Dreyfus : Jean XXIII. Le Sarment, 2000. Jean Corbon : Liturgie de source. Cerf, 1980. Michel Pastoureau : Bleu. Histoire d’une couleur. Seuil, 2000. 11 juilletFête de saint Benoît Homélie pour la solennité de saint Benoît Les seuls éléments biographiques que nous ayons de notre Père saint Benoît se trouvent dans les Dialogues du pape saint Grégoire le Grand.Au livre 3e de ses Dialogues, saint Grégoire nous dit que Benoît fut rempli de l’esprit de tous les justes. C’est un bel éloge de la part du grand spirituel qu’était saint Grégoire. Benoît, encore tout jeune, avait quitté le monde parce qu’il aspirait à autre chose qu’aux avantages terrestres, aux plaisirs frivoles. Il avait quitté le monde pour se livrer tout entier à l’Esprit Saint. Peu à peu sa réputation s’est répandue autour de lui de sorte que des disciples sont venus se joindre à lui pour vivre sous sa gouverne. Mais qu’y avait-il de si séduisant chez Benoît pour que l’on vienne se mettre à son école? Ceci sans doute que dans toute sa personne rayonnait la sainteté de sa vie. En se retirant dans la solitude, Benoît s’est livré tout entier à l’Esprit Saint. Assez tôt, il est parvenu à cette liberté intérieure que l’Esprit accorde à ceux qui se livrent à lui et qui les transfigure en l’image du Seigneur (Cf. 2 Co 3, 1718). En s’établissant à Subiaco, Benoît s’est donc livré à l’Esprit Saint, à la prière, à la méditation des Écritures, à l’ascèse, bref au service de l’unique Seigneur et maître de l’univers. Avec la venue de jeunes disciples autour de lui, il a fondé une école, celle du «service du Seigneur». Il leur a donné cette Règle que vous connaissez, chers Amis de SaintBenoît, cette règle qui est pour nous encore aujourd’hui une règle de vie. «Je suis au milieu de vous comme celui qui sert» (Luc 22,27). À lire la Règle des moines, on se rend vite compte que c’est bien ce même esprit de service qui doit animer la vie de chaque moine. Benoît veut que ses disciples soient des serviteurs du Dieu vivant, des serviteurs peut-être inutiles aux yeux du monde, mais des serviteurs humbles et sincères de celui qui les a appelés au désert du cloître. Que ce soit à l’église où les moines doivent accomplir le service du Seigneur dans la crainte (cf. RB 19,3) en vertu du vœu qu’ils ont fait (cf. RB 18,24), ou ailleurs dans le monastère, dans les ateliers, dans les charges qui leur sont confiées, à la cuisine, au réfectoire, à l’infirmerie, à l’hôtellerie, partout les moines doivent se comporter, vivre et agir en serviteurs modestes et humbles, obéissant certes à leur abbé, mais obéissant aussi les uns aux autres, se mettant, par amour, au service les uns des autres (cf. Ga 13), sans cesse attentifs à la présence de leur Père du ciel (cf. RB 4,49). C’est ainsi que le cœur du moine, à l’exemple de saint Benoît et à sa suite, se met à chercher Dieu, s’approche de lui par la prière et commence à goûter la saveur divine. Petit à petit, «prêtant une oreille attentive à la sagesse» (Pr 2,2), il trouve la connaissance de Dieu et toutes les choses qui conduisent au bonheur (cf. Pr 2,5.9). Il trouve non pas une connaissance théorique de Dieu mais il reçoit «une communication mystérieuse d’une puissance divine» (Père Matta El-Maskîne). Chercher Dieu dans ce monastère, dans une société devenue de plus en plus laïcisée où Dieu est apparemment perdu pour tant d’hommes et de femmes, telle est notre vocation, notre mission. Une vocation urgente où il ne doit pas y avoir de place pour la nonchalance, la tiédeur ou l’ennui. Et vous, chers Amis de St-Benoît, qui nous soutenez dans notre vocation, et qui êtes avec nous ce matin pour célébrer notre Père saint Benoît, rendez grâce au Seigneur avec nous de nous avoir donné cette demeure où nous pouvons le servir en servant nos frères, de nous avoir donné ce lieu où nous pouvons demeurer dans la Parole et où la Parole peut faire en nous sa demeure. S’il est une demande que nous pouvons faire tous ensemble ce matin à notre Père du ciel, ce serait celle de ne jamais manquer à notre vocation de moines au cœur de notre Église du Québec. Oui, chers Amis de St-Benoît, demandez cette grâce avec nous ce matin. Un jour le cardinal de Lubac a écrit ces lignes lumineuses : «Les hommes peuvent bien manquer à l’Esprit Saint : L’Esprit Saint ne manquera jamais à l’Église. Nos pires infidélités ne la sépareront jamais de la charité de Dieu qui est en Jésus-Christ. Par son témoignage aussi bien que par ses pouvoirs inadmissibles, elle sera toujours le Sacrement de Jésus-Christ. Par les meilleurs de ses enfants, elle ne cessera d’en refléter la gloire (2 Co, 3, 17-18). Quand elle paraît donner des signes de lassitude, une obscure germination lui prépare de nouveaux printemps, Et malgré tous les obstacles que nous accumulons, «les saints rejailliront toujours». (Méditation…, p. 203) Que l’Esprit Saint ne manque jamais à cette maison; des saints moines surgiront dans nos murs! R.P. Abbé André Laberge O.S.B. 7 L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 11 juilletFête de saint Benoît Hiver 2015 - No 125 11 juilletFête de saint Benoît Soyons solidaires des moines de Conakry (Guinée) Appuyons l’œuvre de Dom André Blanchette O.S.B. Le 11 juillet dernier, nous avions l’occasion d’entendre le Père André Blanchette qui est venu nous entretenir sur le monastère de St-Joseph de Séguéya à Conakry en République de Guinée, Afrique. 8 Ce monastère bénédictin fait partie de la Congrégation de Solesmes. Depuis déjà quelques années, le Père Blanchette y séjourne et s’implique auprès de la collectivité avec les autres moines de ce monastère. Ce pays d’Afrique est un des pays les plus pauvres au monde. L’exposé de Dom Blanchette nous a permis de comprendre comment les cultures, mentalités, traditions, et habitudes de vie sont différentes. Il leur faut faire plus avec presque rien. Tout est à faire dans ce pays, un travail d’accompagnement, d’éducation, de partage de connaissances, de ressources financières. Le salaire pour une journée de travail est 1,00 $... Suite à une réflexion et sur approbation et encouragement de notre Père Abbé, nous avons décidé de lancer une campagne de souscription pour leur venir en aide. Contribution à l’implication de Dom Blanchette O.S.B. Nom : Adresse : Ville : Province : Code Postal : re de : Veuillez émettre votre chèque à l’ord RY) L’Abbaye de St-Benoît-du-Lac (CONAK Don : $ un don de 20$ et plus) (Un reçu pour fins d’impôt sera émis pour ac Secrétariat des Amis de St-Benoît-du-L 2M0 J0B Qc., , -Lac ît-du Beno Saint Nous vous invitons à y participer généreusement. Cette aide sera acheminée directement au Père Blanchette qui nous conseillera pour un besoin particulier. Pourra-t-on leur fournir de l’expertise en matière de développement, de commercialisation de leurs produits, serait-ce l’achat d’un équipement agricole ou autre qui leur ferait grand bien? Tout dépendra bien sûr de votre générosité. Vers la mi-mars, lorsque notre campagne sera terminée, nous élaborerons avec lui un plan de distribution selon ce qui sera jugé le plus opportun. Vous pourrez faire votre chèque à l’ordre de l’Abbaye de Saint-Benoit-du-Lac, en y indiquant PROJET CONAKRY, et le faire parvenir à l’Abbaye. Un reçu sera émis pour tout don de $20.00 et plus. Louise F. Savoie 9 L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 Homélie pour les funérailles du Frère Paul-Eugène Morin « Dans sa vie comme Le samedi 31 mai 2014 « Il est passé en faisant le bien. » il a médité; il a travaillé pour Celui qu’il a aimé par-dessus tout et auquel il n’a voulu rien préférer (Cf. RB 72, 11). Il a vécu pour le Seigneur et il est mort pour le Seigneur (Cf. Rm 14, 8). Il avait mis son espoir dans le Christ pas pour cette vie seulement, mais pour cette vie infiniment meilleure, celle qui surpasse tout désir, dans laquelle il est entré comme sur le pointe des pieds. Il est passé dans la vie bienheureuse un dimanche de mai, mois consacré à Marie pour laquelle notre Frère avait une particulière dévotion. Ses frères moines ont été témoins de la fidélité avec laquelle il a été présent au chapelet du premier samedi de mois et avec quel respect il déposait sur une colonne placée au centre du chapitre la statue de Notre-Dame-de-Fatima. 10 Saint Paul nous dit que, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur (Cf. Romains 14, 9). C’est bien ainsi que notre Frère Paul-Eugène a vécu, donnant l’exemple d’une vie tout adonnée à la prière et au travail. Il était venu au Seigneur à la suite d’un appel intérieur. Le Père du ciel avait voulu qu’il soit au Seigneur Jésus. Et Jésus qui a toujours fait la volonté de son Père, a fait un jour cette promesse merveilleuse de ne perdre aucun de ceux que le Père lui a donnés, bien plus de les ressusciter au dernier jour (Cf. Jean 6, 37.39). C’est donc avec une pleine assurance que nous confions notre Frère au Seigneur, en ce jour marial, en ce samedi où l’Église célèbre la fête de la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth. Dimanche dernier, notre Frère Paul-Eugène est passé de ce monde à celui de notre Père du ciel : il était 3h05. Il est parti doucement le jour du Seigneur, quelques jours seulement avant la solennité de l’Ascension. Notre foi nous invite à croire que le Seigneur ressuscité est venu le cueillir comme un fruit mûr pour le faire entrer dans cette vie éternelle à laquelle notre Frère a aspiré tous les jours de sa vie terrestre. Notre Frère Paul-Eugène fut de ceux que le Seigneur a appelés à se donner à Lui au temps de leur jeunesse. Jésus a voulu le compter parmi ceux que le Père lui avait donnés. Notre Frère Morin a dit OUI. Et pendant 64 ans, devenu moine à Saint-Benoît-du-Lac, il a prié; il a lu; Je le disais tout à l’heure : notre Frère Morin a été un grand priant et un grand travailleur. Il l’a été jusqu’au bout de sa course, jusqu’au jour où nous avons dû nous résoudre à le conduire au CHSLD de Magog, du fait de ses infirmités croissantes. Né à St-Georges de Beauce, dans cette Beauce dont il n’était pas peu fier, dans une famille de douze enfants dont un prêtre, trois religieuses, il a grandi dans une atmosphère chrétienne plus que favorable à l’éclosion de sa vocation qui n’est venue pourtant qu’après une expérience de travail à la ferme de ses parents d’abord, ensuite dans un moulin où l’on filait la laine et finalement dans des chantiers forestiers. dans sa mort, notre Frère a appartenu au Seigneur. C’est à l’âge de 26 ans qu’il est entré au monastère. Il a reçu l’habit monastique le 26 février 1949. Il a fait sa première profession le 29 septembre 1950 et sa profession solennelle le 25 août 1953. Dans les emplois qu’on lui a confiés, il a été d’une régularité exemplaire : obéissant, ardent, d’humeur toujours égale. Il a travaillé à la ferme pendant 11 ans, à la porcherie pendant 3 ans (jusqu’à ce qu’un incendie la détruise), à la fromagerie pendant 20 ans, à la cuisine pendant 11 ans. Après la construction de notre église, notre Frère Morin s’est vu confier l’entretien des planchers de l’église, du cloître, du réfectoire. Il fallait voir avec quel sérieux et quelle fierté aussi il conduisait «sa Zamboni». Ses forces diminuant, il a dû abandonner la nouvelle machine motorisée qu’on lui avait procurée. Ça ne l’a pas empêché de continuer à faire l’entretien de certaines surfaces jusqu’à ce qu’il doive renoncer à tout travail manuel. Notre Frère a été un moine d’oraison et de prière assidue. Il aimait prier devant le Saint-Sacrement. Pendant des années, il a été fidèle à la célébration eucharistique du matin et à la messe conventuelle. Sa dévotion à Notre Dame était confiante et constante. Je le revois encore, c’était un après-midi de Toussaint de 1957 ou 1958, alors que j’étais hôte au monastère, je le revois prier longuement dans ce qui était alors l’oratoire du monastère. Il était là, seul, à genoux, immobile, concentré, paisible. Un bel exemple pour un jeune qui songeait alors à entrer au monastère. L’Office divin a été aussi au cœur de sa vie de prière. Il en a eu le culte et en a fait le centre de sa vie tant que ses forces le lui ont permis. Si notre Frère Morin a été un homme de foi profonde, un moine fervent, il n’a pas été pour autant sans convictions politiques ardentes, bien connues de ses frères moines et qui lui ont valu souvent bien des taquineries qu’il accueillait avec humour et qu’il esquivait avec habileté et non sans une certaine ruse. » Dans sa vie comme dans sa mort, notre Frère a appartenu au Seigneur (Cf. Romains 14, 9). Il a vécu parmi nous pendant plus de soixante ans. Il est passé en faisant le bien. Dans toutes les obédiences qui lui ont été confiées, il a donné le meilleur de lui-même. Il a aimé l’obéissance. L’obéissance a été douce à ses yeux. C’est « sans hésitation, sans retard, sans tiédeur, sans murmure, et sans aucune parole de résistance » (RB 5, 14) qu’il a obéi à ses supérieurs. C’est pourquoi je puis dire qu’il a été agréable au Seigneur qui « aime celui qui donne avec joie » (2 Corinthiens 9, 7). À l’exemple de Marie que nous fêtons en ce jour, notre Frère a été de ceux qui ont cru. Il a cru avec cette humble fermeté qui a été une des marques de sa vie monastique. Il a cru en la puissance de l’eucharistie où il a puisé la force de tenir jusqu’au bout. Que le Seigneur l’accueille dans son paradis de bonheur où il pourra, en compagnie de Notre Dame, de tous les saints et de nos moines défunts, magnifier à jamais Celui en qui il a cru. R.P. Abbé André Laberge O.S.B. 11 L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 Homélie pour les funérailles de Dom Francisco Leal Le mardi 16 septembre 2014 « Même s’il avait beaucoup aimait et qu’il a dû quitter à regret quand il fut trop avancé en âge. Nous portons en terre ce matin notre doyen, notre cher Père Dom Francisco Leal. Il est parti rejoindre son Seigneur aux toutes premières minutes de la fête de la Naissance de Notre Dame, le 8 septembre. Lui qui avait toujours eu une grande dévotion à la Mère du Seigneur, il sera né au ciel le jour de la naissance de la Toute Belle, de la Toute Pure! 12 étudié, notre Père Leal avait conservé une âme de «tout-petit» comme Jésus les aimait. Du côté de l’hôtellerie, il a exercé un ministère très riche et sans doute béni du Seigneur, se faisant tout à tous, prodigue de son temps et de ses conseils. Sa grande bonté lui a attiré beaucoup d’amis. Son égalité d’humeur, sa cordialité, l’espèce de grâce naturelle avec laquelle il entrait en contact avec les gens lui ont gagné le respect et la reconnaissance de tant de personnes qui l’ont connu, même de celles qui ne partageaient pas toujours ses opinions ou ses points de vue. Sa vie fut longue : il allait avoir 97 ans le 10 octobre prochain. Sa vie fut remplie. Mais avant que d’évoquer brièvement ce que fut la vie de notre Père Leal, j’aimerais m’arrêter brièvement sur certains points des lectures que nous avons entendues, car elles me paraissent bien décrire la personnalité de notre doyen : sa bonté, son immense compassion pour les souffrances et les détresses de toutes sortes, son propre courage à traverser «dans la joie de l’Esprit Saint» les épreuves du grand âge et sa grande fidélité au cours de ses 76 ans de profession monastique. Le jeune mexicain qui est entré à Saint-Benoît-du-Lac en 1936 était à la recherche d’une sagesse que les troubles de la société civile de son temps ne pouvaient lui offrir. gesse incarnée et mettre « son orgueil dans le Seigneur » L’Église mexicaine d’alors était aux prises avec de viru(1 Co 1, 31). lentes oppositions voire des persécutions de la part d’un gouvernement hostile et résolument anticlérical. Pour Il a reçu l’habit le 12 décembre 1936, fait profession simple le jeune Francisco épris d’idéal religieux et cherchant la en 1938, profession solennelle en 1941. Il a été ordonné sagesse depuis l’«aurore de sa vie» (Cf. Sg 6, 11), il n’y prêtre le 8 décembre 1944. De 1945 à 1952, il a rempli la avait d’autre solution que de s’expatrier. Des démarches fonction d’hôtelier. De 1952 à 1956, il a été sous-prieur de guidées par la Providence divine l’ont finalement conduit Dom Sylvain, notre premier Père Abbé, en même temps à quitter son cher Monterrey pour gagner les régions froiqu’il remplissait la fonction de Père-Maître des Frères des du Québec. Dans l’ardeur de ses 19 ans et ne pensant convers (1952-1958). Pendant une année, il fut Prieur du qu’à se donner au Christ « puissance de Dieu et sagesse monastère Notre-Dame du Mont Pelé à la Martinique. de Dieu » (1 Co 1, 24), il est donc venu frapper à la porte de De retour au pays en 1958, il a été C’est donc contre vents et envoyé à l’Université Laval pour y notre monastère. faire des études de philosophie et Nous pouvons imaginer ce marées que le jeune Francisco de théologie. De retour à l’abbaye jeune homme résolu, faible sans 1963, il fut professeur de théoloa choisi la vie monastique à en doute aux yeux du monde (Cf. gie morale pendant une quarantaine 1 Co 1, 27), mais décidé à dire d’années. Pour plusieurs d’entre Saint-Benoît-du-Lac. oui à celui qui l’avait choisi. Car nous, il fut un professeur attentif, c’est bien ainsi que Dieu se dévoué, déroutant parfois par cerchoisit parfois des êtres jeunes qui, par leur consécration taines insistances sur des points qui nous paraissaient totale à lui, couvrent de confusion les forts et les sages secondaires : c’était notre «bon Père Leal» que nous resde ce monde (Cf. 1 Co 1, 27). C’est donc contre vents et pections et aimions comme il était. En plus de sa charge marées que le jeune Francisco a choisi la vie monastique de professeur, le Père Leal a été longtemps portier de à Saint-Benoît-du-Lac pour se mettre à l’école de la Sanuit et encore plus longtemps dépositaire, charge qu’il « » Vint la maladie et la faiblesse générale du grand âge qui l’ont bientôt confiné à une cellule d’infirmerie. Ses deux dernières années, il les a passées presque constamment alité, entouré des soins assidus de ses deux infirmiers, d’humeur toujours égale, heureux, abandonné au bon vouloir divin. On le trouvait souvent en train de méditer les textes de la liturgie du jour. Il se disait prêt pour le dernier voyage. Il est parti presque sans bruit, dans les premières minutes de la fête de la Nativité de Notre Dame. Son infirmier de nuit venait de lui faire boire un peu d’eau. Il avait porté le joug du Christ pendant plus de 75 ans. Le Seigneur venait de lui dire : « Cher Francisco, venez à moi, vous […] qui avez peiné sous le poids du fardeau, il est temps d’entrer dans mon repos » (Cf. Mt 11, 28). Même s’il avait beaucoup étudié, notre Père Leal avait conservé une âme de « tout-petit » comme Jésus les aimait. À l’imitation de JésusChrist, il s’est efforcé de vivre « doux et humble de cœur » » (Mt 11, 29) au milieu de ses frères. Notre Père saint Benoît aime voir dans les moines cénobites des combattants qui militent sous une règle et un abbé. Avec le décès de notre Père Leal, nous perdons un combattant courageux qui nous a laissé un bel exemple de fidélité, de persévérance, de longanimité. Il a traversé les épreuves de sa longue vie monastique sans perdre courage. Au milieu des nombreux changements de l’aggiornamento qui a suivi le concile Vatican II, il n’a pas perdu pied. Il a certes vécu des moments difficiles où son espérance a pu connaître des éclipses. Mais il a tenu bon, avec une grande foi en Celui qui l’avait appelé de son lointain Mexique pour vivre dans ce monastère. Que le Seigneur soit béni de nous avoir donné un tel frère! Que du haut du ciel, notre frère veille maintenant sur nous! R.P. Abbé André Laberge O.S.B. 13 « L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Dom Jacques Côté Entretien Un moine photographe : Dom Jacques Côté o.s.b. « Hiver 2015 - No 125 Une invitation à entrer dans l’univers d’un moine 14 N.D.L.R. Dom Jacques Côté est originaire de Québec. Il est entré au monastère de Saint-Benoît-du-Lac en 1955. Il y a occupé plusieurs fonctions dont celle de professeur de théologie avant d’être appelé à servir à Rome comme secrétaire du Père Abbé Primat de la Confédération bénédictine. Il a aussi été membre de l’Alliance Inter-Monastères (AIM) et du Monastic Interreligious Dialogue (MID). Ces diverses obédiences lui ont permis de visiter de nombreux pays. Il a aussi œuvré à la basilique papale de Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome où une communauté bénédictine assure le service du sacrement du pardon. Ce grand passionné de la photo – voir son site http:// www.laudate-deum.ca/ - vient de publier en juillet dernier aux Éditions Novalis un magnifique livre de photos Au fil des saisons : regards sur l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, 24,95$. Yvan Cloutier, oblat Q. Quand a émergé ce projet de publier un livre de photographies sur l’Abbaye de Saint-Benoîtdu-Lac? R. J’ai toujours aimé les monographies illustrées sur des pays, des lieux privilégiés, des événements particuliers … En plus d’un texte explicatif, généralement assez court, les photographies, surtout si elles sont belles, nous rendent le lieu, l’événement, davantage présents. Elles offrent un autre type de lecture. Saint-Benoîtdu-Lac ne méritait-il pas une telle publication ? Ceci dit, le projet lui-même de publication d’un livre ne pouvait naître que si un nombre important de photographies étaient réunies. Q. Comment avez-vous sélectionné et regroupé les photos? R. Ce travail s’est fait au fur et à mesure de la prise des photos, par plaisir, indépendamment même de la publication d’un livre. Je m’apercevais que certains aspects de l’environnement, de l’architecture, de la vie qu’on mène ici au monastère n’étaient pas couverts par ce que j’avais dans ma collection. Alors je m’efforçais de la compléter. Pas toujours facile. Voici une anecdote assez récente : je désirais à tout prix obtenir une photo de la façade de l’hôtellerie caressée par les derniers rayons du soleil couchant. Comme l’hôtellerie regarde le nord, cette photo ne pouvait être prise qu’à la fin de juin, dans un laps de temps d’environ deux semaines et encore, à cause de la présence des arbres, durant une fourchette d’une vingtaine de minutes. Je voulais également des nuages dans le ciel mais évidemment il ne fallait pas qu’il y en ait devant le soleil ! Finalement, un beau jour, les conditions rassemblées, tout heureux, je me présentai pour faire la photo. Je trouvai un camion stationné devant la porte de l’hôtellerie, juste à l’endroit qu’il ne fallait pas. Il n’appartenait pas au monastère. Où trouver alors le chauffeur pour le faire décoller en si peu de temps ? Le pauvre bonhomme, finalement trouvé, un peu trop lymphatique à mon goût, a dû se demander quelle mouche piquait ce moine qui trépignait devant lui. Mais j’ai obtenu ma photo : elle constitue la page couverture du livre dont on parle maintenant. Ce genre d’aventure fait partie du métier. J’avais fait beaucoup de projections de diapositives – c’était le médium à cette époque - sur mon monastère dans différents endroits visités et, instinctivement, j’avais groupé les diapositives au fil des saisons en y rattachant des thèmes qui sont atemporels comme la vie de la communauté : récréation, repas, travail et même, dans une Hiver 2015 - No 125 certaine mesure, liturgie. J’ai fait de même pour le livre en me servant des saisons comme fil conducteur. Pour moi, l’année nouvelle commence au printemps. C’est à ce moment que se réveille la nature. Il est vrai que les jours rallongent dès le début de janvier mais la vie sommeille encore, captive de la tenaille du froid. Le livre commence donc par une photo du lever du soleil le 21 mars (cette année là, il ne fallait pas qu’il y eût des nuages !) et se termine par une mise en terre d’un moine défunt au cimetière alors qu’il y a tempête de neige. La croix du cimetière qui annonce la résurrection du Christ est aussi reproduite à cet endroit. La dernière photo du livre est celle d’une mésange à tête noire. Cet oiseau reste avec nous et nous égaie tout l’hiver. Il symbolise la vie qui continue et fait ainsi le pont entre l’automne, saison des fruits où tout semble vouloir s’arrêter, et le printemps où rebondit la vie. Ce livre raconte une histoire et ne doit pas être lu en commençant par la fin. Q. Vous avez vous-même tenu à faire le montage et choisir le papier et le format carré qui est assez inhabituel? R. Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai fait moi-même le montage. Il ne pouvait pas en être autrement. Cela impliquait évidemment le choix des photos, le positionnement de chacune d’elles, dans la page mais aussi en regard de celles qui suivent et qui précèdent, leur format et leur grandeur. Pour éviter la jalousie, il fallait aussi traiter chaque saison de façon – quant au nombre de pages – à peu près égale. Le format carré du livre m’a été dicté par le fait que j’avais un nombre à peu près égal de photos horizontales et verticales à placer et que ce format tient bien sur les rayons de bibliothèque. J’ai aussi fait des recherches auprès des imprimeurs pour m’enquérir comment éviter les frais surérogatoires. Avant de parvenir à trouver un éditeur, j’ai demandé une soumission à deux imprimeurs différents. Q. Parlez-nous de votre passion de la photographie, des premiers temps, les appareils? R. J’ai toujours eu cette passion, bien avant d’entrer au monastère. A ma rentrée, j’étais absolument convaincu que c’en était fini pour moi de la photographie. Le don était fait. J’avais remis mon appareil à ma sœur. Puis, après des années et petit à petit, en raison des besoins internes, je m’y suis remis jusqu’à même réorganiser et agrandir la chambre noire qui avait servi à l’imprimerie offset que nous avions à l’époque et qui venait d’être abandonnée. C’était au milieu des années 80. J’y faisais surtout de la photo noir et blanc. Pour la couleur, j’utilisais presque toujours le procédé inversible – les diapositives – que je faisais développer à l’extérieur. Puis l’informatique est arrivée qui a révolutionné la photographie. Aujourd’hui, c’est à l’ordinateur que travaille le photographe pour ce qu’on appelle la « postproduction » même si la photo argentique existe encore, mais à peine. Les appareils d’aujourd’hui portent à bord un ordinateur qui les rend différents de ceux d’il y a une génération. De beaucoup de points de vue, le bond en qualité a été énorme. Mon équipement actuel est tout à fait modeste, en équilibre entre coût, qualité et besoins. Q. Si un éditeur vous invitait à publier un autre volume de photographies. Quel serait le thème? R. Ce pourrait être un des thèmes classiques comme les fleurs ou les couchers de soleils, ou une monographie sur certaines villes, Rome par exemple où j’ai longtemps habité. Mais votre question comporte un « si ». En effet, il n’est pas facile de trouver un éditeur et, faut-il ajouter, pour quel marché ? Inévitablement, c’est ce à quoi pense l’éditeur. Dans le cas du livre dont nous parlons Au fil des saisons : regards sur l’Abbaye de Saint-Benoît-duLac, je n’ai cru à sa parution éventuelle que le jour où j’ai reçu de l’imprimeur les premières épreuves. Récemment est paru, à Rome, un nouveau livre sur la basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs. Je suis le principal auteur de la documentation photographique. Est-ce que je pourrai un jour publier des Nouveaux regards sur Saint-Benoît-duLac ??? Q. Vous avez produit un magnifique calendrier de l’Abbaye pour l’année 2015. Avez-vous l’intention d’en produire un pour l’année 2016 Je le ferai avec plaisir. J’attends le feu vert de la Boutique … et du Ministre des Finances ! 15 L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 FORUM AMITIÉ 2014 FORUM AMITIÉ 2014 Puisque tu as fait de nous tes enfants, nous te prions! C’est sous cette thématique que les Amis de saint-Benoit-du-Lac se sont réunis, les 17, 18 et 19 octobre dernier, pour une fin de semaine de réflexions, de prière et de fraternité. Dieu fait alliance pour que l’humain soit humain! 16 Notre relation à Dieu, nous rappelle l’abbé Coté, est fondée sur son initiative. C’est Lui qui se fait proche par une Alliance qui tient à la fois des relations filiale et conjugale. Ces deux types d’alliance, les humains en font l’expérience quotidienne dans toutes les cultures. Dieu s’inscrit donc dans notre humanité en respectant toutes les dimensions de nos existences pour nous manifester « l’abondance de sa grâce ». Causerie inaugurale : abbé PierreRené Coté, oblat de Saint-Benoîtdu-Lac et professeur émérite d’Écritures Saintes (Université Laval), bien connu pour son dévouement inlassable envers le monastère et les Amis. Une alliance, c’est un contrat dont chaque partie connait les règles, devoirs et avantages. Mais c’est surtout, dans le cas de Dieu et du Peuple d’Israël, comme dans le cas de l’Alliance en Jésus-Christ, une relation fondée sur la réciprocité d’un amour qui se donne et qui est appelé à progresser sans rien prendre pour acquis. L’Alliance dans laquelle Dieu veut nous introduire comme ses partenaires, ses amis, son Peuple, est une relation vivante et vivifiante. Dieu appelle Israël, « son fils », son « nourrisson », son « épouse qu’il va séduire ». Jésus va dire de lui-même qu’il est la « poule voulant rassembler ses poussins sous ses ailes ». Mais l’Alliance, comme toute relation vivante, est difficile à vivre dans le quotidien et la longue durée. Dieu souffre des infidélités de son Peuple auquel il envoie prophètes et épreuves (« pour que tu reviennes à moi qui t’aime ») et, finalement, son Fils, « en qui Il se complaît » pour qu’Israël retrouve l’ardeur du premier amour, au temps du long séjour au désert. En effet, par besoin de sécurité et de justification, au lieu d’approfondir les dimensions de confiance et de don de soi sans retour, les croyants, Juifs ou chrétiens, ont souvent la tentation de réduire l’Alliance avec Dieu à un légalisme ou à un ritualisme qui rend stérile. On dit à Dieu : « J’ai fait ma part du contrat! Tu me dois ceci ou cela puisque j’ai obéi! ». C’est alors le « veau d’or », la tentation récurrente de devenir propriétaire de Dieu et de lui imposer nos conditions. Or les rites et les lois, pour prendre leurs sens, ne peuvent être vécus que comme des expressions de l’amour et du don, et non comme des obligations nées d’un caprice de Dieu et imposées de l’extérieur. Dieu ne veut pas nouer avec son Peuple une relation de contrainte légaliste. Tant dans le message de la Loi et des Prophètes que dans le message de Jésus qui accomplit parfaitement l’Alliance, Dieu nous dit qu’il veut que l’humain soit pleinement humain, c’est-à-dire autonome, libre, heureux, épanoui. Il veut un monde et une société favorables à la vie, au bonheur et à la vérité. L’Alliance que Dieu propose à son Peuple, c’est d’entrer avec Lui dans un cheminement de paix, de justice, de vérité et d’amour car Il est bienveillant et ne veut pas la mort du pécheur. Il les veut loin des ornières du mensonge et de l’exploitation des hommes et de la création. Dieu veut des hommes libres et responsables, capables de rêves et d’engagements pour que le meilleur advienne pour tous. L’Alliance de Dieu, c’est de faire de nous des fils et des filles. « Je serai pour vous un père, dit Dieu, et vous serez pour moi des fils ». À nous de dire oui à ce privilège et à cette tâche. Mais si nous acceptons de devenir fils et filles, il nous faut entrer dans une pleine communion de vie et de pensée avec notre Père. Cela suppose que nous agissons comme ses partenaires et ses collaborateurs(trices) en allant, comme Lui, le Miséricordieux de la parabole, au devant des hommes sans espérance et sans recours, en mettant l’amour et la justice au cœur de nos vies, non en discours mais en actes, pour être vraiment porteurs (porteuses) de la Bonne Nouvelle. Nous sommes appelés à la conversion afin de penser comme Dieu en ne faisant pas de compromis avec l’injustice, le mal et le mensonge qui se servent souvent du « légal » pour couvrir l’immoral. Dieu veut faire alliance avec nous, c’est-à-dire qu’il nous fait confiance même si nous sommes ordinaires, limités, impuissants. Tous les prophètes étaient des hommes et des femmes pleins de misères. « Je ne sais pas parler » se défendait un appelé. « Ne dis pas : je ne sais pas parler, réplique Dieu,Va! » Dieu nous dit encore cela aujourd’hui : « Va ! Je serai avec toi. Ne tremble pas devant eux!», même si on sait – et certains en font l’expérience aujourd’hui de par le monde - que se vouloir du coté de Dieu, c’est accepter le rejet, l’épreuve, la persécution que l’Esprit nous fera supporter en solidarité avec « Celui qui nous a aimés le premier ». L’Esprit nous apprend à prier « Quand nous prions, nous Monsieur Denis Petitclerc, bibliste, chargé de cours à dit monsieur Petitclerc, l’Université Laval, père de famille et directeur du Centre nous ne sommes pas seuls. Agapè de Québec (formation chrétienne des 18-35 ans), nous parle de la prière en commentant particulièrement Baptisés en Jésus, nous le texte de Paul aux Romains (8,26ss) : « L’Esprit vient avons reçu son Esprit au secours de notre faiblesse et intercède pour nous par qui nous ajuste, nous des gémissements ineffables». « travaille » pour que nous correspondions à la volonté de Dieu et que nous sachions quoi demander. Dieu met donc en nous son Esprit qui nous accordera à son désir qui est de faire et nous surpassent infiniment mais dans lesquelles nous le bonheur des hommes et des femmes dans la jouissance reconnaissons – même sans les comprendre- le « dessein de son intimité. de son amour bienveillant ». Quand nous disons « Notre Père » nous reconnaissons aussi notre coresponsabilité L’Esprit nous « enligne » donc dans une prière qui est dans l’édification du Royaume. Nous affirmons notre l’apprentissage d’une relation filiale avec le Père. En Jésus, solidarité avec Lui dans la réalisation de son projet. Le son Fils, Il a fait de nous ses enfants et ses héritiers. La Pater n’est pas une suite de vœux pieux dont la réalisation prière chrétienne se fonde depuis 2000 ans sur le Pater reposerait sur les épaules de Dieu seul, il est, pour les que l’Esprit nous permet de dire en vérité. C’est parce croyant(e)s, un engagement. Il est acceptation d’entrer que le Pater nous situe comme enfants de Dieu que nous volontairement dans le travail du Père pour l’épauler, nous tournons vers Lui avec confiance. malgré les épreuves qui seront vécues dans la fidélité et l’espérance. Le « Notre Père » est en nous l’œuvre de l’Esprit mais il est aussi l’œuvre de notre esprit, de notre volonté libre qui Dire « Notre Père », c’est laisser l’Esprit nous configurer accueille ce que l’Esprit veut nous donner gratuitement. au Christ. Il nous apprendra à nous livrer pour que nous Quand, grâce à Lui, nous prions « Notre Père » nous aimions, pardonnions, partagions et vivions à sa manière, accordons nos vues aux vues de Dieu qui nous dépassent Lui dont la volonté était de faire celle de son Père. 17 L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 FORUM AMITIÉ 2014 FORUM AMITIÉ 2014 Prière sponsale * des mystiques Prière de sainte Marie de l’Incarnation (* sponsale veut dire : termes empruntés au mariage et aux relations amoureuses) Madame Alexandra Plesoyano, auteure d’une thèse de doctorat sur le parcours spirituel de Etty Hillesum (une jeune Juive des PaysBas, déportée à Auschwitz et qui y meurt le 30 novembre 1943), est professeure à l’Université Saint-Paul d’Ottawa et s’intéresse au langage utilisé par les mystiques chrétiens pour rendre compte de leur expérience spirituelle. 18 Qu’est-ce que le langage symbolique, demande Mme Plesoyano? C’est utiliser des mots exprimant des réalités concrètes pour les faire déborder de sens en leur donnant une autre signification. C’est les situer dans un autre niveau de sens qui en fait éclater les limites. Les mystiques font une (des) expérience(s) intense(s) de Dieu. Poussés par l’Esprit de Vérité, ils cherchent à l’exprimer en récits. D’abord afin de bien la comprendre euxmêmes, de l’intégrer à leur croissance spirituelle et ensuite afin d’aider les croyants dans leurs propres cheminements spirituels en leur donnant des critères de discernement qui leur éviteront les écueils, les tentations, les illusions, voire l’orgueil spirituel (le pire de tous!). Cette expérience « indicible » mais dont il leur faut cependant parler, les mystiques vont l’exprimer – tout en avertissant les lecteurs que les mots ou images ne rendent pas (ou mal) le « vécu ineffable » dans lequel ils sont entrés – par les moyens limités de leur culture et de leur langue, par des comparaisons puisées dans leur vie et leur milieu. L’expérience spirituelle et son expression seront également teintées par la psychologie de celui ou celle qui la vit car c’est toute la personnalité, corps, âme et esprit, toutes les facultés intellectuelles et la sensibilité qui prennent part à la relation avec Dieu, selon la démarche du Salut dans la Révélation à Israël et dans l’Incarnation du Christ,Verbe de Dieu au milieu de nous. Afin de donner quelques exemples, madame Pleshoyano s’attache au témoignage de Thérèse d’Avila pour montrer comment se construit le langage symbolique des mystiques. Sainte Thérèse vivait dans le « Siècle d’or » espagnol. Le pays était alors, avec ses richesses, sa puissance politique et ses colonies, le royaume le plus important d’Europe. La culture et les arts s’y développaient en même temps que se creusait l’écart entre les couches sociales. Thérèse venait d’une famille aisée, nombreuse et unie. Belle et intelligente, elle avait le sentiment d’être la fille préférée de son père et la sœur préférée de ses frères. Indépendante de caractère, elle avait vu combien était difficile la position des femmes dans la société. Le mariage lui semblait un choix dangereux car sa mère était morte jeune, après plusieurs grossesses. Elle fit donc, à vingt ans, un « mariage de raison avec Dieu », en entrant au Carmel de l’Incarnation. Cela valait mieux qu’un mari! Mais Dieu a plus d’un tour dans son sac et c’est dans ce milieu-là qu’Il va aller la chercher pour transformer son cœur et en faire une grande amoureuse et la « Madre », la grande réformatrice du Carmel. Pour exprimer son expérience d’intimité avec Dieu, Thérèse prend donc les images de son siècle et de son vécu : elle parle de Lui comme d’un Roi, de « Sa Majesté », d’un « Fiancé », mais surtout d’un « Ami ». C’est d’ailleurs le Christ dans son humanité qui est la figure centrale pour Thérèse. Il est « l’Époux et le Maitre ». Dans son incarnation, Il est le « serviteur » sans pour autant cesser d’être le « Seigneur ». Jésus est au puits et demande à boire. Nous sommes la Samaritaine à laquelle il veut apporter l’eau vive qui est Lui-même! Le relation de Thérèse avec Dieu le Père passe surtout par la médiation du Fils. En Lui le « Roi plein de majesté » devient un « ami dont on se sait aimé » et sur qui on peut déposer la tête dans une relation interpersonnelle de plus en plus intime et, d’une certaine manière, de plus en plus égalitaire. Il y a un engagement mutuel de fidélité et de confiance. Le Christ et Thérèse se donnent l’un à l’autre dans une réciprocité radicale qui fait penser à l’engagement matrimonial. Un des critères de discernement qui permet à Thérèse de considérer son expérience comme authentique est la fécondité ecclésiale qu’elle produit. Dieu ne comble pas une âme de ses biens pour qu’elle se contente d’une jouissance égoïste, du genre « pourvu que je fasse mon salut, que les autres se débrouillent! ». Au contraire, elle devient « ardente à faire le bien », missionnaire. La vie mystique authentique imprime un élan qui pousse à œuvrer concrètement pour « la gloire de Dieu et le salut du monde » selon les besoins que l’ont perçoit dans les situations sociales et culturelles. Monsieur Raymond Brodeur a été professeur de théologie à l’Université Laval pendant plus de 40 ans. Il continue d’y œuvrer à titre de professeur associé et de responsable scientifique du Centre d’études Marie de l’Incarnation, dont il fut un des cofondateurs. Il compte de nombreuses publications sur les catéchismes, l’enseignement religieux et Marie de l’Incarnation. Monsieur Raymond Brodeur souligne au départ que Marie de l’Incarnation vit dans la même ville que Descartes à une époque où la représentation du religieux éclate. Son fils, Claude, qui deviendra moine bénédictin, est un contemporain de Pascal. De même que la révolution cartésienne prend son sens dans une expérience que Descartes nous présente dans ses Méditations métaphysiques, nous avons accès à l’expérience intime de Marie avec Jésus-Christ grâce à son fils et à ses directeurs spirituels qui lui ont demandé de relater son expérience spirituelle. La dominante de la prière de Marie est sa très grande familiarité avec Jésus-Christ. Pour elle la prière est relation, élan du cœur, cri. Tout commence par un rêve qu’elle fait à l’âge de sept ans (en 1599 à Tours) et qu’elle raconte à 54 ans. Jésus lui demande « Voulez-vous être à moi? ». Elle répond « oui ». Elle recherche la conversation intime avec Jésus, c’est l’Esprit qui l’y pousse sans qu’elle ne comprenne trop ce qui se passait. Elle se perçoit ainsi très tôt comme une appelée. Mariée, son époux meurt, six mois après la naissance de son fils Claude. « Je suis avec Celui qui est dans la tribulation, écrit-elle ». Le 24 mars 1620, elle vit une grande conversion. Elle a soudain conscience de toutes ses fautes et de ses imperfections. Elle a une vision du sang du Fils de Dieu. Elle saisit que ce sang lui est donné pour son salut. Elle entre alors dans le secret dans l’expérience révélatrice de son Dieu personnel. Elle continue néanmoins à s’occuper de la maison et de la gestion du commerce dans un environnement éprouvant, sans que ces tracas ne la détournent de l’application à la relation intime avec Dieu. Elle se repose dans « une petit paradis » dans lequel elle reçoit des révélations, notamment sur la Trinité. L’expérience de l’abandonne total de son âme à la conduite de l‘Esprit de Dieu va susciter chez elle une prise de parole. Dans ses nombreux écrits, cette grande mystique de l’action témoignera de l’expérience intime de Dieu. 19 L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 FORUM AMITIÉ 2014 FORUM AMITIÉ 2014 Terre des jeunes ! La jeunesse et son imaginaire religieux côtoyons plus au quotidien et, quand nous la voyons au salon funéraire, elle est « maquillée » et ressemble à la vie! On court « se divertir » pour nier ce qui nous attend et on rejette loin de notre conscience tout ce qui pourrait nous y faire penser : les malades (confiés aux hôpitaux), les vieillards (placés dans les maisons de retraite ou les CHSLD), les grands souffrants (pour lesquels on propose l’euthanasie qui nous épargnera de les voir mourir, donc de penser à notre propre mort). Monsieur Jean-Philippe Perreault est doctorant en sociologie religieuse et chargé de cours à l’Université Laval. C’est comme sociologue ouvert à la dimension spirituelle et chrétienne qu’il s’adresse à nous, mais en demeurant dans les limites de sa spécialité, sans faire d’interprétations théologiques poussées. 20 En sociologue, monsieur Perreault s’interroge sur la dimension de la prière chez les jeunes (18 – 35 ans), sur leurs difficultés face à cette réalité et sur les raisons de leur absence dans la plupart de nos assemblées chrétiennes alors qu’il n’y a pas (sauf exceptions) d’hostilité marquée contre le phénomène religieux dans leur groupe d’âge (ce qui a été le cas dans la génération précédente). Pourquoi les jeunes ne sont-ils pas là? Quand on s’intéresse aux jeunes et à la spiritualité le fait-on à partir d’eux, de leurs questions, de leurs expériences de vie, de leurs relations interpersonnelles ou le fait-on dans le but de les « récupérer » et de conserver et perpétuer nos institutions en les y faisant entrer? Qu’est-ce que prier dans l’imaginaire religieux de nos jeunes? Quel fossé les sépare de la prière et est-ce que celle-ci les interroge? Pour notre conférencier, la prière crée un « espace sacré reconnaissable », elle organise « la dimension religieuse de l’humain » au croisement de son âme, de son corps et de son milieu social et culturel. Il faut donc essayer de connaitre et de comprendre cette « géographie » et tenter d’en dresser la « cartographie » en délimitant les « frontières » dans lesquelles les jeunes se trouvent. Leur géographie spirituelle n’est pas celle des adultes et il serait peut-être vain de chercher à les mouler dans ce qui nous a nous-mêmes formé. LES FRONTIÈRES PORTEUSES DE SENS OU DE QUESTIONS DANS L’IMAGINAIRE DES JEUNES. Première Frontière : Mort et Divertissement! La mort a toujours été source d’angoisse pour les humains. Or, en Occident sécularisé, nous assistons à une « lente disparition socio-symbolique » de la mort. Nous ne la Cette situation devrait inciter les croyants à se demander quel message de libération et d’espérance ils peuvent apporter à leurs jeunes contemporains. en contact avec l’éternité. Dans ce temps fractionné qu’en sera-t-il du temps de la prière? La question que cette attitude devrait susciter chez les croyants est celle de l’engagement envers un avenir qui dépassera la satisfaction immédiate et qui, tout en respectant les cheminements personnels et le besoins de se retrouver entre eux, saura les inviter les jeunes à développer une dimension de « gratuité communautaire », de don. Quatrième Frontière : le Lieu et l’Espace! Il n’y a pas si longtemps encore les croyants quand ils pensaient prière pensaient à « l’espace sacré » constitué par l’église (paroissiale ou autre). C’était un endroit solide sur lequel on pouvait compter car on pouvait y aller, s’y retrouver, s’y reconnaitre. L’invitation que cette nouvelle frontière envoie aux croyants n’est-elle pas de savoir sortir du lieu saint pour rencontrer les jeunes dans les espaces dans lesquels ils évoluent selon un cheminement qui leur est propre? En Conclusion! Les religions de tradition comme le christianisme sont effectivement confrontées aujourd’hui à une société qui est « sortie de la religion » et de la reproduction des traditions. Les chrétiens peuvent être tentés par la solution facile de faire « le jeu de la marchandisation » dans « le supermarché des sens » offerts en proposant leurs « produits » comme n’importe quel commerçant recherchant « l’efficacité Immédiate » et comptabilisable. Un hommage à un des piliers des Amis de Saint-Benoît-du-Lac : Gilles Carignan Deuxième Frontière : Jeunesse et Maturité! Conséquence du refus de la mort, la jeunesse devient le nouvel « âge d’or » qu’il faut faire durer le plus longtemps possible. Il faut être jeune, le rester ou en avoir l’air! Et cela à tous prix : chirurgie, botox et entraînement, culte de la santé, régimes miracles et fréquentation des « endroits branchés »! Nous sommes devant un fantasme qui piège les jeunes en les empêchant d’accepter de devenir adultes. Il y a à développer une «éthique de la continuité » afin d’ouvrir le présent à quelque chose de vraiment neuf en se fondant sur les riches expériences du passé qui nous inspire mais qu’on ne cherche pas à reproduire. Troisième Frontière : l’Immédiateté et la Durée! Les jeunes vivent un rapport au temps différent de celui des générations précédentes. Ils ont un agenda hyper-chargé qui leur donne l’impression d’exister pleinement parce qu’ils sont toujours en mouvement alors qu’ils risquent l’essoufflement et la perte des repères. Les religions ont toujours essayé de contrôler le temps principalement par les « récits fondateurs » (les textes sacrés) et par les rites annuels ou hebdomadaires qui situaient les croyants dans un calendrier les reliant au passé et les ouvrant sur l’avenir d’une façon connue et acceptée communautairement, un calendrier qui les mettait aussi L’implication généreuse et efficace de Monsieur Gilles Carignan de Québec a réussi à donner une impulsion à l’association des Amis à des moments très importants. Qui aurait-on pu trouver de mieux que le Père Abbé, Dom André Laberge, pour témoigner du dévouement de Monsieur Gilles Carignan. Dom Laberge a servi quelques années à titre de secrétaire-adjoint des Amis. Les deux hommes ont développé une fidèle amitié dont a témoigné le Père Abbé. Monsieur Carignan commença à faire des séjours annuels à l’abbaye au début des années 60. Membre des Amis depuis 1967, il s’impliquera tant dans les Forums Amitié, que dans les Montées, à titre de président de la région de Québec et à titre de président général de 2002-2004. Tous se souviendront de l’organisation de ces événements majeurs que furent les célébrations du 25e et du 50e des Amis de Saint-Benoît-du-Lac. L’héritage le plus fécond laissé par Monsieur Carignan me semble être l’impulsion qu’il a donné à la revue L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac tant quant au contenu qu’à la dimension graphique. Il a su s’entourer de collaborateurs compétents, notamment le graphiste avec lequel il travailla au montage de la revue pendant des années. La revue actuelle a conservé la même personnalité que celle que lui avait donnée Monsieur Carignan. L’héritage est d’autant plus important que la revue demeure un lien privilégié entre l’association et ses membres. Y.C. 21 L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 FORUM AMITIÉ 2014 Louez le Seigneur depuis les cieux (psaume 148) Madame Mireille Galipeau est présidente des Amis de Saint-Benoîtdu-Lac de la région de Québec, étudiante à la Maîtrise en Théologie et responsable de l’équipe organisatrice du Forum 2014. Au terme de notre Forum, Madame Galipeau nous a proposé une réflexion sur le psaume 148 qui fait l’objet de ses études de maîtrise. Celle-ci est une démarche très particulière et originale ou se rencontrent la théologie, l’art et la psychologie du développement. Ce psaume a toujours été très parlant, très inspirant pour madame Galipeau et elle l’a abordé pour sa recherche en élaborant un cahier d’art communautaire. Les œuvres de différents membres de sa famille (différence d’âge, de sexe, de religion) ont été mises à contribution. Chaque verset est « illustré » par une œuvre (sculpture, peinture, dessin, photo, lettre calligraphiée, etc.) choisie parmi celles qui ont été soumises à madame Galipeau. Chaque œuvre a fait ensuite l’objet d’un commentaire établissant des liens entre le verset du psaume et son illustration, en situant celui-ci dans le développement psychologique qui correspond à celui de son auteur(e). Un commentaire théologique à venir conclura le mémoire de recherche. François McCauley, oblat et ami de St-Benoît-du-Lac 22 La nouvelle évangélisation: À qui? Quel message? Comment? Du 2 au 4 mai 2014 Avec Normand Provencher O.M.I. Dans le cadre le l’École abbatiale de Saint-Benoît-du-Lac, du 2 au 4 mai dernier, Normand Provencher O.M.I. a donné une série de conférences portant sur la « nouvelle évangélisation ». Pourquoi accoler à « évangélisation » le mot «nouvelle»? Selon le Père Provencher, il est devenu urgent et nécessaire de prendre conscience que nous vivons maintenant dans une société différente de celle d’autrefois, elle est devenue moderne et sécularisée. Le père Provencher insiste pour que cette session ne soit pas seulement une suite de conférences qui informent et suscitent de l’inquiétude, au contraire, il souhaite que cette session apporte de l’espérance, et le goût de connaître et de faire connaître l’Évangile avec un air de Pâques; comme il nous l’indique: « Il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques ». Une cure de joie s’impose. : ur de la région de Québec Merci au comité organisate ine Savard-Rheault, Cél , ard Hu e rth Ma riePierre-René Côté, Ma eille Galipeau. Alphonse Rheault et Mir Soirée ave c E. Lebrun le Quatuor Robert sur le thèm M e “Pour n ager, A.Morrissette, ous ouvrir un passage G.Préfontaine, ” Jean-Paul II a employé pour la première fois l’expression « nouvelle évangélisation », lors d’une homélie en Pologne en 1979, ensuite lors d’un discours, le 9 mars 1983. Quant à Benoît XVI, il crée le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, le 12 octobre 2010. Et le 24 novembre 2013, le pape François fit paraître l’exhortation apostolique « La joie de l’Évangile » qui constitue un document de base de l’évangélisation dans le contexte d’aujourd’hui. La nouvelle évangélisation se distingue de l’activité pastorale qui, bien qu’elle puisse être évangélisatrice, vise surtout à entretenir et à développer la foi et la charité d’une communauté chrétienne déjà existante. La nécessité et l’urgence de la nouvelle évangélisation surgissent de la prise de conscience de l’avènement d’un monde nouveau, de plus en plus étranger à l’Église et à l’Évangile. Ce n’est pas seulement l’affaiblissement de la foi dans un monde d’indifférence religieuse que nous devons constater, mais bien la nouveauté de notre univers culturel où la religion ne semble plus intéresser une masse de gens toujours plus grande. La modernité se caractérise d’abord par l’essor et la suprématie de la rationalité, de la science et de la technologie, au détriment de la sagesse, de la contemplation, de la croyance. 23 Depuis quelques décennies, nous constatons toutefois que la modernité est devenue plus lucide, plus humble, et elle laisse davantage de place à l’irrationnel et aux sentiments à l’opposé de la modernité considérée comme trop rationnelle et froide. C’est la postmodernité. La postmodernité semble ouverte et accueillante à l’Évangile, une parole qui promeut l’amour, la liberté et l’intériorité. Il y a une certaine connivence entre les attentes des gens d’aujourd’hui et l’Évangile. Bien que nous ne vivions plus en chrétienté, nous en avons parfois la nostalgie, d’où la tentation pour certains de promouvoir un retour en arrière. Le christianisme doit se délester de cette façon de penser et de s’exprimer, marquée par des cultures d’un autre temps. Par ailleurs, l’Évangile est toujours une source qui n’a pas fini de jaillir et d’apporter du nouveau — si nous le faisons entendre — dans toute sa fraîcheur. Cette rencontre exige de nous, comme pour les missionnaires d’autrefois de quitter nos frontières et de nous aventurer sur des territoires inconnus, avec patience et humilité. Le moment est venu pour l’Église de ne plus bouder la culture moderne et même de s’y insérer sans naïveté, mais avec foi et espérance ! Le « personnel » de l’Église (prêtres, religieux et religieuses, agents et agentes de pastorale) prend de l’âge et ne recrute plus que difficilement. Une institution qui n’arrive plus à recruter ses membres et ses cadres serait-elle ap- L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 pelée à disparaître ? La foi est de moins en moins le fruit d’un héritage et ainsi la «mémoire chrétienne» s’estompe. Notre Église souffre d’aphasie. Son visage n’est pas toujours très attrayant, les divers médias ne font pas tellement d’effort pour montrer ses plus beaux traits. Monsieur Provencher quant à lui, la voit encore comme trop doctrinaire et moralisante. Selon le sondage CROP, mené du 13 au 16 février 2013, réalisé pour l’émission Second Regard de Radio-Canada, au Québec, moins de 60% des Québécois se déclarent catholiques. L’appartenance réelle à l’Église a fondu comme neige au soleil. 17% se déclarent sans religion. 54% des catholiques accordent peu ou pas du tout d’importance à la religion. 24 L’Église est à un tournant, nous n’avons plus le personnel et les moyens pour entreprendre des chantiers d’envergure, mais n’oublions jamais que Jésus a commencé l’Église avec quelques disciples, des gens modestes. Son message s’est répandu parce qu’elle a su s’adapter. Il ne faudrait pas exclure les visionnaires qui dérangent nos façons habituelles de faire et de penser; au contraire, il est nécessaire de les encourager, même si leurs jardins sont modestes. La situation présente de crise et de remise en question ne serait-elle pas une occasion pour nous de retournement vers l’essentiel de nos engagements et de nos œuvres ? Cette recherche de Dieu ne peut être une démarche crispée et volontariste, mais une expérience de vie. Nous n’avons pas à enseigner les dogmes, la théologie; l’héritage doctrinal de l’Église est devenu trop lourd avec les siècles. Un grand ménage est à faire pour retrouver ce qui constitue le cœur du message chrétien. Voulant se donner un nouveau visage à Vatican II, l’Église a beaucoup parlé d’elle-même et du renouvellement de ses structures, c’était nécessaire, mais elle a moins parlé de Dieu et du Christ et c’est ce que déplore notre conférencier. Il explique que trop souvent, nous nous limitons à changer les meubles de place, mais ce sont toujours les mêmes vieux meubles. La question principale doit être posée avec vigueur : « Quel est le Dieu de notre pastorale, de nos œuvres, de nos communautés chrétiennes, de la nouvelle évangélisation ? » Dans nos activités évangélisatrices, il est nécessaire de vivre nous-mêmes et de faire vivre des expériences intérieures aux gens que nous rencontrons. C’est la manière du pape Hiver 2015 - No 125 François, les gens acceptent un message s’ils sont touchés intérieurement surtout les jeunes. L’évangélisateur doit parler de Jésus, présenter son message, sa mort et sa résurrection. Jésus le Christ est la Parole de Dieu faite chair, il n’est pas une idée, mais Quelqu’un. Les autorités religieuses de son temps l’ont condamné à la mort, sous prétexte qu’il troublait les croyants par ses propos sur Dieu et sur le Temple et qu’il dérangeait le système religieux traditionnel. Dieu lui a donné raison en le ressuscitant, en le faisant entrer dans toute son humanité dans la vie éternelle. C’est pourquoi il ne faut pas chercher Dieu au-delà des nuages, dans le merveilleux et la puissance, mais en Jésus; voilà la Bonne Nouvelle ! Dieu est-il injuste quand il laisse son allié souffrir ? Du 19 au 21 septembre 2014 Avec le Père Pierre-René Côté Oblat bénédictin et prêtre du diocèse de Québec Qui fera la nouvelle évangélisation ? On ne peut compter sur le clergé actuel déjà débordé. Mais par le si petit nombre de vocations presbytérales et religieuses, l’Esprit veut certainement nous dire quelque chose; quoi ? Peut-être que les laïcs, hommes et femmes, ne doivent pas seulement exercer des rôles de suppléances et d’auxiliaires ? Que de fois, au cours des âges, l’Église semblait mourante, pourtant, elle ne faisait que changer d’adresse. Sommesnous assez courageux et audacieux pour la faire changer d’adresse encore une fois ? Pour Normand Provencher, nous sommes l’Église de la Pentecôte où Jésus nous est toujours présent, mais invisible. Jésus nous laisse la place pour que nous soyons ses témoins, audacieux et inventifs. En étant présents et lucides face aux enjeux de la société moderne, en nous rangeant du côté de ceux et celles qui souffrent, en nous préoccupant davantage de la cause de l’Évangile que de la survie de nos institutions, nous pouvons contribuer à la nouvelle évangélisation et faire entendre dans des mots nouveaux le message libérateur de Jésus de Nazareth ! Propos recueillis et résumés par Marc Lacroix humains, des prophètes, qui ont leurs forces et leurs faiblesses; Moïse bégayait, Jonas voulait fuir sa mission. Dieu respecte notre liberté, il n’impose pas, il suggère, mais nous pouvons refuser de l’écouter et, nous n’avons jamais la certitude d’avoir bien compris son message. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, mais tous sont responsables, collectivement. La souffrance est inévitable dans la vie humaine et c’est ce dont le Père Côté est venu nous parler dans le cadre de l’École abbatiale de Saint-Benoit-du-Lac, du 19 au 21 septembre dernier. Parler « souffrance », c’est faire référence à l’histoire de Job, le juste, victime d’un pari entre Dieu et Satan. « Dieu a donné, Dieu a repris. » disait Job auquel tout a été enlevé. Venus lui rendre visite, trois de ses « amis » discutent. Rapidement ces trois porteurs de la vérité traditionnelle, à une comptabilité simpliste, accusent Job d’avoir péché et prétendent que ses malheurs ne sont que le juste retour des choses. Job proteste, il n’a rien fait de mal ! Dieu serait-il injuste? Lui qui a fait alliance avec l’Homme le laisserait tomber par caprice ! Notre vision de la souffrance est-elle plus juste que celle des trois amis ? Pour le Père Côté, nous devons regarder, étudier la question en fonction de l’Alliance entre Yahvé et l’humanité. Cette Alliance s’étale sur une période de temps qui n’est pas celle de l’existence humaine. Dieu n’agit pas dans nos vies comme un grand-père barbu va agir dans la vie de ses petits enfants; il agit par l’Esprit, par des médiateurs Dieu s’est incarné et s’est sacrifié pour tous et nous aussi pouvons participer à son sacrifice par notre travail. Hitler voulait redonner la fierté aux Allemands après le Traité de Versailles, humiliant pour son peuple; il le fera — avec les résultats que nous connaissons. Nous sommes faillibles et pouvons commettre des erreurs qui causent des souffrances, à nous et aux autres. Lorsque nous souffrons, nous avons le droit de nous plaindre à Dieu et de prendre des moyens pour échapper à la souffrance; les causes et les effets s’enchaînent... « Nul n’est une île », rappelait Thomas Merton, moine trappiste, citant les paroles du poète John Donne. L’Église de demain se bâtira sur l’amour, la reconnaissance mutuelle des fils et filles de Dieu — sur la compassion par rapport à la souffrance des autres —, même celle des athées. Le mal n’est pas voulu par Dieu, mais le résultat de nos errances collectives. Propos recueillis et résumés par Marc Lacroix 25 L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 Saguenay Lac-Saint-Jean Saguenay Lac-Saint-Jean Montée à l’Abbaye Saint-Benoit-du-Lac Rencontre avec François d’Assise Samedi le 11 mai 2014. Ce matin-là, malgré un temps pluvieux, les 38 pèlerins qui prenaient place dans l’autobus avaient le cœur à la fête. Nous étions attendus à l’Abbaye de SaintBenoît-du-Lac pour vivre un bon moment de ressourcement et de méditation tout en s’inspirant de la vie monastique. Cette activité organisée par le comité régional des Amis de Saint-Benoît permet ainsi aux gens de chez-nous, en quête de spiritualité, de mieux connaître et apprécier l’œuvre de Dieu à travers l’histoire de cette communauté monastique établie sur les bords du Lac Mémphrémagog depuis 1912. Nous exprimons un Dimanche, le 5 octobre 2014, les Ami(e)s de Saint-Benoît de notre région étaient bien heureux de se rencontrer. On aurait dit une soirée du Jour de l’An : ça jasait beaucoup et l’ambiance était bien joyeuse. Après un délicieux brunch, Mme Anne-Marie Minier nous a fait son discours d’adieu comme présidente étant donné qu’elle demeure maintenant à Québec. Elle fut chaudement applaudie pour tout ce qu’elle a fait généreusement pour notre association régionale. M. Laurent Bilodeau a accepté de prendre la relève comme président pour les prochaines années. La vie de l’association 26 La vie de l’association Nous avions invité le Père Michel Gagné, recteur de l’Ermitage du Lac-Bouchette à venir nous parler de la spiritualité de saint François d’Assise et ce fut très intéressant.Voici quelques points forts de son entretien. merci sincère pour l’accueil reçu, spécialement à Dom Minier pour sa présence chaleureuse et son animation tout au long de notre séjour. Michel Desbiens 27 De gauche à droite: Paul-Étienne Tremblay, Père Michel Gagné, Laurent Bilodeau et Michel Gagné. Saint François, on s’en souvient, était proche de la nature et des oiseaux qui ne sèment ni ne moissonnent, mais qui reçoivent à tous les jours du Créateur ce dont ils ont besoin. Il nous faut faire confiance en la Providence : Dieu est là et cela me suffit. François voulait ressembler le plus possible au Christ et les stigmates en furent un signe dans sa chair. Il voulait être le plus pauvre parmi les pauvres, être avec les malades et les laissés pour compte. Ce qu’il voulait vraiment, c’est être un frère pour tous ceux et celles qui croisaient sa route. Connaissez-vous les Fioretti de saint François d’Assise? Pour bien connaître ce grand saint, c’est là que vous le découvrirez vraiment. Je vous recommande en particulier la fioretti intitulée « Comment saint François pacifia le loup avec le peuple de Gubbio ». Le Père Gagné nous l’a lue et nous avons alors compris tout le message encore très actuel de François d’Assise que notre pape François admire tant et qu’il se propose comme modèle à imiter. Laurent Bilodeau, ami de Saint-Benoît-du-Lac Projet d’un Forum-Amitié abrégé en 2015 Maison de la Madone, Cap de la Madeleine Samedi le17 et dimanche le 18 octobre 2015 Projet d’un forum amitié abrégé (durée de 24 heures) avec un contenu très enrichissant et, ce qui a toujours été la marque de ces rencontres, les liens de fraternité. Thème provisoire : elle Église? Quelle(s) famille(s) dans qu teurs. À l’écoute de couples et de pas Trois-Rivières. de ux gie reli Visite d’un site du patrimoine Notre-Dame-du-Cap. Messe au Petit Sanctuaire de bulletin Un nouvel Ami. Informations à suivre dans le L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 Sherbrooke La vie de l’association Montée à Saint-Benoît-du-Lac Sherbrooke La vie de l’association Dom Guy Hubert Le détachement monastique Dom Hubert est né en 1958, à Baie-Comeau et est entré au monastère en 1980. Il a été ordonné prêtre en 1988 et exerce les fonctions de chancelier et de cérémoniaire, en plus d’être, périodiquement, chapelain des moniales de Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Il nous a entretenus de sa vision du détachement dans le cadre de la vie bénédictine. François McCauley, président de Sherbrooke, présente Dom Charles Gilman 28 Le 31 mai 2014, une cinquantaine de membres et nonmembres des régions de Sherbrooke, Victoriaville, Asbestos et Acton Vale se retrouvaient pour vivre une Montée Saint-Benoît. Notre journée a commencé par un arrêt priant dans la petite église d’Austin. Nous avons d’abord écouté des passages du Nouveau Testament et de la Règle de saint Benoît favorisant l’approfondissement du thème de notre journée : « Marcher léger sur les pas du Christ, dans le service, l’humilité et le détachement, afin de ‘’ne rien préférer à l’amour de Dieu’’ (RB 43,3). » Notre petite ‘’communauté ‘’ a ensuite prié les psaumes 121 : « J’étais dans la joie quand je suis parti vers la Maison du Seigneur », et 22 : « Le Seigneur est mon berger ». Ils ont soutenu notre marche silencieuse (2 km) vers le monastère. Nous avons célébré l’Eucharistie avec nos frères moines. Celle-ci revêtait un aspect particulier : on y célébrait les funérailles du frère Paul-Eugène Morin OSB. Pour plusieurs d’entre nous, c’était la première expérience de l’adieu des moines à un des leurs. La dignité de la liturgie, la tombe, ouverte et déposée sur le sol du chœur, la beauté et la sérénité des hymnes en ont impressionné plusieurs. Nous sommes descendus ensuite dans la salle, près de la boutique, afin de prendre notre repas. Chaque personne avait apporté son lunch mais celui-ci a été agrémenté par un grand plateau de fromages et des bouteilles de cidre et de kir. En après-midi Dom Charles Gilman nous a donné, avec une totale confiance, le témoignage de son cheminement « Marcher léger sur les pas du Christ, dans le service, l’humilité et le détachement, afin de ‘’ne rien préférer à l’amour de Dieu’’ (RB 43,3). » spirituel. Celui-ci l’a conduit du protestantisme à la communauté épiscopalienne (après une période d’indifférence religieuse) dont Il a été prêtre pendant 15 ans tout en poursuivant son questionnement religieux qui, au terme, l’a amené à l’adhésion au catholicisme, le 12 mai 2002, puis à la vie monastique, d’abord en Angleterre, et finalement, selon un désir profond, à Saint-Benoît. Il est entré au monastère en y apportant ses vastes lectures, ses expériences pastorales, la psychanalyse et la médiation transcendantale qu’il pratique encore. Dom Gilman a intégré harmonieusement toutes ces avenues diverses en les centrant et en les hiérarchisant autour du Christ et de la vie bénédictine. Il nous a dit avoir trouvé au monastère de Saint-Benoîtdu-lac, essentiellement contemplatif, selon la tradition de Solesmes, le lieu où pouvaient s’épanouir toutes les diverses dimensions de sa vie et de son être, un monastère où la liturgie est à l’honneur et constitue le pôle intégrateur de la vie communautaire. Car il ne voulait pas vivre dans un monastère qui aurait eu charge de paroisses ou de collèges comme cela arrive souvent aux USA. Avant le départ, les membres du groupe ont pu, au choix, se rendre à la boutique ou à la Tour Saint-Benoît pour une visite guidée expliquant la riche symbolique de cette chapelle commémorant le 14e centenaire de décès du Patriarche des moines d’Occident. Le détachement prôné par la Règle de saint Benoît n’est pas la radicale pauvreté franciscaine mais elle n’en exige pas moins une conversion du cœur et de l’esprit qui est le travail de toute une vie. Cette démarche de « retournement du cœur vers Dieu » est assistée par la grâce et soutenue par le Père Abbé et par la communauté des frères qui cheminent eux aussi dans la voie de l’obéissance au Seigneur « qui doit être préféré à tout ». Cette préférence pour le Christ implique une nouvelle façon de voir la propriété et les biens matériels, ainsi que les liens affectifs avec la famille et les amis, et même l’idée et l’estime que l’on a de soi. Le bénédictin, lors de sa profession, fait vœux de « conversion des mœurs et de stabilité dans le monastère ». Le vœu de « conversion » englobe tous les vœux. Saint Benoit ne parle pas expressément de pauvreté dans sa Règle, mais il stipule qu’il faut « déraciner jusqu’aux racines le vice très dangereux de la propriété ». Il insiste pour que le moine ne possède rien en propre, sauf ce que l’Abbé lui permet car, s’étant donné au Seigneur, « [i]l n’est même plus maître de son corps »! Cependant, comme un bon père « qui devra rendre compte au Seigneur des frères qui lui ont été confiés », l’Abbé doit tenir compte des besoins différents des personnes, de leur infirmité, de leur sensibilité, de leur santé et de leur évolution spirituelle qui n’a pas le même pour tous. L’Abbé se doit de garantir à tous ce qui est nécessaire pour vivre sainement mais sans excès « afin qu’il n’y ait pas de murmure dans la maison du Seigneur » et qu’une trop grande austérité n’en vienne a décourager les « faibles ». École du service du Seigneur, la vie bénédictine invite donc celui qui l’adopte à ne pas s’installer sur les lauriers, à ne pas se croire arrivé. Le Seigneur étant le premier servi, il lui faut consentir à des désappropriations qui, pour être libératrices, n’en sont pas moins couteuses. Mais le moine n’est pas seul pour juger des détachements auxquels le Seigneur l’invite. L’Abbé, le confesseur, un ami peuvent l’aider à voir dans sa vie les attachements qui entravent 29 sa progression spirituelle et humaine, les renoncements auxquels il lui faut consentir, les dépouillements qu’il faut assumer pour grandir dans l’amour de Dieu. Il est « tellement facile de garder », nous dit Dom Hubert, « de s’approprier ceci ou cela en invoquant de bonnes raisons », de se consentir des « accommodements raisonnables » ! La vie monastique nous apprend « à nous désapproprier au fur et a mesure de ce qui est superflu. Mais il est vrai que certains réussissent mieux que d’autres », souligne avec humour Dom Hubert. « Dieu est le Dieu du présent », disait un jour le Père Garneau (2e Abbé). Cela aide à considérer les renoncements non comme une montagne infranchissable et écrasante mais comme une série de petites collines qu’il faut gravir au quotidien. Il y a le renoncement aux biens matériels, aux tentations de dire « c’est à moi » ou « je le mérite bien ». On apprend peu a peu à dire « notre, nous, nos », au lieu de « mon, ma, moi ». On apprend à demander la permission au Père Abbé, c’est-à-dire à attendre d’un autre ce que l’on aimerait avoir ou dont on a besoin. Cela enseigne à faire confiance, à dépendre d’un autre alors qu’on aime tant décider, choisir, « être en charge, indépendant ». On apprend à ne pas toujours avoir immédiatement ce que l’on veut, à se défaire du surplus qui nous entrave. Même pour le travail, il y a l’acceptation de ne pas faire sa volonté, « de ne pas avoir de plan de carrière » car les fonctions que le moine exerce dans la communauté sont L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac Hiver 2015 - No 125 Hiver 2015 - No 125 pour le service de celle-ci. « Elles nous sont demandées (après discussion possible), on ne les a pas choisies et on y entre par une obéissance active et volontaire pour le bien de tous ». Le détachement bénédictin me désapproprie doucement du moi en me conduisant à ne pas me mettre toujours en avant et au centre. « C’est ainsi que je peux être plus attentif à autrui, à ses qualités, à ses besoins, à avoir de l’indulgence et de la compréhension pour ses faiblesses qui me renvoient un peu aux miennes ». D’autre part, le moine est aussi appelé à renoncer ou à réorienter ses affections familiales, ses amitiés, ses relations avec autrui qui peuvent aussi être des lieux où se déploie le besoin de posséder, voire de dominer. C’est une part importante du dépouillement de sa volonté propre que de resituer ou restructurer ses relations person- nelles dans la perspective que Dieu en a! Cela ne peut se vivre que dans la foi, dans la confiance que Dieu veut pour nous le meilleur, c’est-à-dire Lui-même! Et certains détachements peuvent être plus douloureux que d’autres. La mort de ses parents (surtout sa mère) a été vécue difficilement, nous avoue Dom Hubert. Il y a des drames affectifs qu’il faut confier au Seigneur. Cet appel à suivre Jésus a retenti tôt chez le Père Hubert. Il y a vu l’invitation lancée au jeune homme riche de la parabole : « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi et tu auras un trésor dans le ciel ». À vingt-un ans Dom Hubert a voulu entrer à Saint-Benoît dans un esprit de détachement : « Me voici, Seigneur, pour faire ta volonté! ». François McCauley, Oblat et ami. Un petit office des Complies sur Radio Ville-Marie In memoriam Le Père Abbé, les moines et les Amis de Saint-Benoît-du-Lac unissent leurs prières pour demander au Seigneur d’accueillir dans son amour ceux et celles de nos amis qu’il est venu chercher. Puissent les familles ressentir la présence réconfortante du Seigneur qui est Résurrection et Vie. Thérèse Beauregard, Saint-Hyacinthe r r r r r r r r r r Antonine Chagnon Miclette, Acton-Vale Réal Côté, Deschaillons De gauche à droite: Antonin Wyss (technicien de RVM), Jacques Saint-Pierre, Gérald Ébacher, Dominique Minier o.s.b., Yvan Cloutier et Marc O’Reilly. Grâce à l’initiative de Monsieur Henri Laban, Radio VilleMarie a enregistré à Saint-Benoît-du-Lac un petit office des complies qui est diffusé du lundi au vendredi depuis septembre à 11h15 sous le titre « Signe de nuit ». Dom Dominique Minier est accompagné de la schola du Chœur grégorien de Sherbrooke, fondé et dirigé pendant plusieurs années par Dom André Saint-Cyr. ADHÉSION / RENOUVELLEMENT FICHE D’INSCRIPTION 2015 Nouvelle adhésion Membre à vie COÛT ANNUEL INCLUANT LA REVUE : 25 $ Je renouvelle pour 1 an Renouvellement Contribution volontaire 2 ans 3 ans 4 ans Nom du membre : __________________________________ Nom du conjoint : _________________________________ Adresse : ______________________________________________________________________ Ville : _____________________________ Province : ____________ Code postal : _____________ Téléphone : ________________________ Courriel : ____________________________________ Montant supplémentaire à titre de don : Don à l’Abbaye __________ Fonds Relève-Jeunesse __________ Un reçu pour fins d’impôt sera émis et posté à votre attention pour tout don supérieur à 20 $. Veuillez faire parvenir le carton d’adhésion et votre chèque dans une enveloppe adressée à : Le secrétariat Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac Abbaye Saint-Benoît, Saint-Benoît-du-Lac QC J0B 2M0 « Tout homme est un peu de moi-même, car je fais partie de l’humanité. Tout chrétien fait partie de mon corps, car nous sommes membres du Christ. Ce que je fais est aussi pour eux, avec eux et par eux. Ce qu’ils font est en moi, par moi et pour moi. Mais chacun de nous demeure responsable du rôle qu’il joue dans la vie de l’ensemble. » Thomas Merton OCSO, Nul n’est une île, coll. « Sagesses », Éditions du Seuil, 1956, p. 17. Maurice A. Chassé, Trois-Rivières 30 Pensées Gilles Faucher, oblat, Sherbrooke Paul Giguère, Shawinigan René Laroche, Saint-Camille Yvan Michaud, oblat, Sherbrooke Laurette Morin Ducharme, Asbestos Jeannine Pépin, Victoriaville André Roy, Mont-Joli « [Ê]tre des lieux d’hospitalité pour Dieu lui-même […]. Je ne dois pas habiter ma propre demeure de façon telle que par mes soucis, mes désirs, mes projets, mes pensées, je l’emplisse toute entière, et qu’elle ne soit que le lieu d’un dialogue avec soi. Il faut ménager en elle du vide, qui correspond à une vacance et à une disponibilité de la pensée et de la volonté, pour que Dieu puisse venir y habiter. » Jean-Louis Chrétien, L’espace intérieur, Les Éditions de Minuit, 2014, p.19. « Tu nous aimes donc dans la mesure où tu fais de nous ceux qui t’aiment. Et nous, nous t’aimons dans la mesure où nous recevons de toi ton Esprit, qui est ton amour, lui qui occupe et possède tous les replis de nos affections, et les convertit parfaitement à la pureté de ta vérité, à la vérité de ta pureté, au plein consentement en ton amour […]. » Guillaume de Saint-Thierry, La contemplation en Dieu, coll. « Sources chrétiennes », Les Éditions du Cerf, p. 101. « [Le] seul but [de la vie monastique] est la recherche de Dieu dans le silence du désert. Elle ne cherche pas à rayonner à l’extérieur, à convertir des incroyants, ou à instruire des ignorants. En réalité, elle l’a fait, et elle continue à le faire, mais presque « per accidens » : elle rayonne dans la mesure où elle reste fidèle à sa règle de recherche de Dieu, de prière, de silence, de retrait du monde. » Jean-Charles Nault, o.s.b., « La liturgie fondement de la vie monastique et religieuse », La Maison Dieu, no 276 (La part des moines), Décembre 2013, p. 32-33. 31 L’AMI DE SAINT-BENOÎT-DU-LAC Publié deux fois par année, en juillet et en décembre par les Amis de Saint-Benoît-du-Lac inc., la revue se fait l’écho, depuis 1962, des activités de l’association et veut contribuer au ressourcement spirituel des Amis par la reproduction d’homélies, de conférences et d’écrits variés. Y trouvent également place des renseignements sur la vie des moines bénédictins de l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac : chronique courante, historiques, événements notables, etc. L’Association des Amis de Saint-Benoît-du-Lac L’Association des Amis de Saint-Benoît-du-Lac est une association à but non lucratif fondée en mars 1952. Son but est de grouper toutes les personnes désireuses de faire connaître le message de saint Benoît, la vie bénédictine à l’abbaye SaintBenoît-du-Lac et les activités de l’Association. La cotisation annuelle est de 25 $, payable au premier janvier de l’année. Chaque membre reçoit la revue L’Ami de Saint-Benoît. Un reçu pour fins d’impôt est émis pour tout don dont le montant est supérieur à 20 $. Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac Inc. Saint-Benoît-du-Lac, QC, Canada, J0B 2M0 http://amissbl.weebly.com/ [email protected] Tél.: 819-580-3449 (boîte vocale) Poste-publication Convention # 40019867
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