Document de préparation des demandes de contrats doctoraux Date limite de dépôt à l’ED par les laboratoires : 18 mai 2015 midi au plus tard Informations / Présentation Intitulé français du sujet de thèse proposé – Dei in colonia. Vie et pratiques religieuses dans les colonies romaines de Thamugadi (Timgad) et de Cuicul (Djemila). Intitulé anglais du sujet de thèse proposé - Rubrique facultative Dei in colonia. Life and religious practices in the Roman colonies of Thamugadi (Timgad) and Cuicul (Djemila). Unité de recherche et l'équipe interne s'il y a lieu – UMR 6298 ArTeHiS –Axe Politeia (Programme Identités) Domaine scientifique principal de la thèse – Histoire antique Domaine scientifique secondaire de la thèse – Histoire de l’art Les nom, prénom et courriel du directeur de thèse – Sabine LEFEBVRE [email protected] Les nom, prénom et courriel du codirecteur/coencadrant éventuel de thèse – Meriem SEBAI (Université de Paris I Panthéon Sorbonne) [email protected] Section CNU : 21e section Membre IUF : oui/non Nombre de doctorants actuellement en direction : 4 doctorants ; 1 doctorant en cotutelle Nombre de contrats doctoraux obtenus au cours des 3 dernières années : Aucun Argumentaire scientifique présentant les enjeux de la thèse - Rubrique obligatoire, limitée à 2000 caractères Les enjeux de ce sujet portent particulièrement sur la cohabitation religieuse dans un monde polythéiste, mais où les pratiques religieuses font partie intégrante de la vie politique, des rapports sociaux, construisant l’identité personnelle de chaque citoyen, mais aussi l’identité de la communauté civique dans son ensemble. A un moment où notre réflexion contemporaine est tournée vers le « comment vivre ensemble », analyser le dossier des interpénétrations religieuses dans un cadre géographique et chronologique défini, en envisageant l’impact sociétal, mais aussi urbanistique, est un moyen de confronter des modes de cohabitation, de réfléchir à la tolérance et à l’acceptation de pratiques privées et/ou publiques. Le choix de l’Afrique du Nord se justifie par l’abondance de matériel disponible, tant archéologique, architectural qu’épigraphique : les deux villes retenues, Timgad et Cuicul n’ont pas été recouvertes par des constructions modernes et les fouilles du début du XXe siècle ont permis de mettre à jour des ensembles quasi complets et cohérents. Mais surtout, les études françaises et européennes sur cette région sont peu nombreuses. Le corpus documentaire pourra être élaboré à partir de la documentation publiée, aucune recherche nouvelle ou en cours n’étant prévue. Comprenant un matériel varié, il permettra de recourir à diverses méthodes d’investigation. Seront sans doute nécessaire des relectures de documents publiés dans la première moitié du XXe siècle, en fonction des travaux actuels portant sur les pratiques religieuses. Proposer à la communauté scientifique un tel outil de travail est l’un des enjeux de ce sujet. Les résultats scientifiques pourront servir d’éléments de comparaison dans le cadre de travaux plus amples, autour des pratiques religieuses ou du fonctionnement des colonies romaines, ces « petites Rome ». Projet de thèse Ce projet de thèse, de 2 pages maximum, doit obligatoirement contenir : Dei in colonia. Vie et pratiques religieuses dans les colonies romaines de Thamugadi (Timgad) et de Cuicul (Djemila). La description du projet Alors que la conquête de l'Afrique par les Romains est terminée, une politique d'organisation du territoire est mise en place par l'implantation de municipes et de colonies principalement à la fin du Ier et au début du IIe siècle ap. J.-C. La plupart de ces sites sont soit déjà valorisés par les Numides et les Maures, soit déjà occupés par les Romains lors de leur transformation en municipe ou en colonie. Sous Nerva et Trajan, Cuicul et Thamugadi sont des colonies romaines créées ex nihilo. Toutes deux se développent sur des sites stratégiques. Cuicul contrôle la liaison est-ouest entre la Numidie et la Maurétanie Césarienne d'une part, et la liaison nord-sud entre la zone côtière et le plateau intérieur de Numidie d'autre part; c'est un carrefour important entre Cirta et Sitifis et entre Igilgili et Lambaesis. Au sud de Cuicul, Thamugadi protège la voie romaine entre Lambaesis et Theueste, et commande l'accès aux grandes vallées de l'Aurès. Les sites de Cuicul et de Thamugadi ont été fouillés dans la première moitié du XXe siècle par des archéologues français; leurs vestiges ont été en grande partie mis au jour et leur plan est bien connu. De nombreux temples ont ainsi été dégagés, dédiés à des divinités romaines et africaines ou destinés au culte impérial. Sans parler du christianisme, qui ne se développe qu'au IVe siècle, la vie religieuse de ces deux colonies est donc riche, variée et complexe. Outre d'importants vestiges monumentaux, les sites ont livré un matériel archéologique et épigraphique particulièrement abondant actuellement conservé aux musées de Djemila et de Timgad. Les recherches sur la vie cultuelle de ces deux colonies sont par conséquent prometteuses. Les deux cités totalisent à elles seules au moins douze lieux de culte, dont le plus important de l'Afrique romaine, le sanctuaire de l’aqua Septimiana Felix à Thamugadi, et plus d'une centaine d'inscriptions religieuses peu commentées et qui attendent à ce jour d'être interprétées dans leurs contextes urbanistiques (ILAlg, II, 2-3). Les vestiges de Cuicul sont bien documentés par de nombreuses études archéologiques, dont les plus complètes sont celles d'Y. Allais, qui y a conduit des fouilles de 1930 à 1952 (Djemila, 1938; Forum sévérien, 1950-1951). L'urbanisme de la ville a ensuite été examiné par P.-A. Février dans Le développement urbain en Afrique du Nord : les exemples comparés de Djémila et Sétif, paru en 1964. Cette étude fait apparaître les difficultés inhérentes aux dégagements des années trente qui compliquent l'étude rigoureuse du tissu urbain et des dynamiques urbanistiques. Bien que très riche, la vie religieuse de Cuicul n'a pas été étudiée, si l'on excepte quelques éléments de réflexion dans la thèse plus large de M. Le Glay sur le culte de Saturne (Saturne africain, 1966). A l'instar de Cuicul, le site de Thamugadi a fait l'objet de dégagements importants. Les publications régulières d'A. Ballu et R. Cagnat, entre 1911 et 1925, des rapports de fouilles dans le Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, Afrique du Nord permettent à S. Gsell puis à Ch. Saumagne de s'intéresser aux modalités de la colonisation à Timgad (Timgad, une colonie romaine en Afrique, 1932 ; Le plan de Timgad, 1933). Le plan de cette colonie fait depuis office de véritable modèle de cadastration coloniale, bien que certaines libertés avec le plan traditionnel soient observables, comme l'implantation du Capitole en dehors du premier tracé de la ville. Cette question pourra faire l'objet d'une réflexion sur les choix des élites locales en termes de réglementation juridico-religieuse. Sur le plan institutionnel, l'histoire des deux cités est bien connue grâce au travail de J. Gascou et Cl. Lepelley (La politique municipale de l'empire romain en Afrique Proconsulaire de Trajan à Septime Sévère, 1972; Les cités de l'Afrique romaine au Bas-Empire, 1981), tandis que les élites, moteur de la vie publique et religieuse, sont examinées par F. Jacques (Le privilège de liberté. Politique impériale et autonomie municipale dans les cités de l'Occident romain (161-244), 1984). Outre la description archéologique des sites, les synthèses sur Cuicul et Thamugadi sont rares et ponctuelles, et aucune recherche d'envergure n'a été entreprise dans le domaine des pratiques religieuses. L'intérêt pour l'histoire religieuse est néanmoins décelable à travers deux études complémentaires d'H. Pavis d'Escurac et de M. Le Glay (La publica religio à Timgad, 1984 ; Un centre de syncrétisme en Afrique: Thamugadi de Numidie, 1990) qui offrent respectivement une étude des cultes et des prêtrises publiques à Timgad et une réflexion sur les interpénétrations culturelles dans la vie religieuse de la cité. Les pratiques religieuses dans ces colonies fondées par Nerva et Trajan en Afrique constituent un sujet complexe qui s'inscrit dans un champ de recherche en plein essor, dans la suite des travaux menés par J. Scheid. L'intérêt de choisir des colonies fondées ex nihilo réside dans le fait que ce sont des cités toutes neuves dont le fonds de population est constitué de colons romains. Ceux-ci importent leur mode de vie, et en particulier leurs pratiques cultuelles, dans une région a priori peu romanisée. Très vite, les cultures, romaine et africaine, se confrontent et se redéfinissent en s'influençant mutuellement. Ce projet a par conséquent pour ambition de montrer comment une colonie romaine, une effigia Romae, rayonne sur la vie religieuse régionale, quelles étaient les pratiques religieuses des colons et dans quelle mesure les pérégrins les acceptent. Il s'agit ainsi d'évaluer les phénomènes d'acculturation qui se sont opéré entre les différentes pratiques religieuses et d'appréhender les multiples formes d'appropriation de celles-ci entre sphères publiques et privées. On peut enfin se demander quel a été l'impact de ces cohabitations religieuses sur l'urbanisme et la définition des espaces publics. C'est donc un projet innovant et pluridisciplinaire qui mêle l'archéologie, l'épigraphie, et l'histoire de l'art avec notamment l'étude des représentations figurées sur les stèles votives cohabitant avec des textes épigraphiques riches. Aucune synthèse n'a été menée sur les pratiques cultuelles à Cuicul et Thamugadi, mais la documentation est suffisamment abondante pour mener ce projet à bien. De plus, en interrogeant les pratiques identitaires résultant de la cohabitation religieuse entre les Romains et les Africains, ce sujet s'intègre au programme Identités de l'UMR 6298 ArTeHiS. Si les espaces sont connus, les axes de recherches proposés sont nouveaux et s'inscrivent dans le cadre des études actuelles en plein développement sur le fait religieux. C'est par conséquent un projet d'avenir qui soulève des problématiques novatrices. Les connaissances et compétences requises Pour répondre à ce sujet, le/la candidat/e doit avoir reçu une formation en épigraphie et en archéologie et histoire de l’art, connaitre le latin, et avoir déjà travaillé sur l’Afrique du nord antique. En effet, la principale source documentaire est constituée d’inscriptions en latin, pour la très grande majorité non traduites, et souvent accompagnées d’un décor complétant le discours textuel. Les provinces africaines, bien que faisant partie de l’Empire, ont par leur passé pré-romain, une identité et une histoire particulières qu’il convient de connaître pour aborder tout sujet de thèse les concernant. De plus, une pratique des travaux récents portant sur la vie religieuse, sur les cultes romains est recommandée : il convient de fait que le candidat ait eu connaissance du renouveau des études, dans la lignée de J. Scheid et de ses élèves. Projet de thèse en anglais - Document facultatif.
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