Cannes sans dormir Notre film du jour L`Ombre des femmes

DAILY 14
JEU
CANNES
Cannes sans dormir
JOUR 1 Par Philippe AZOURY
PHOTOS : JULIEN MIGNOT ; DR ; PATRICK SWIRC ; SIPA
O
n aurait pu faire une fête. A la place, nous
avons préféré faire un journal. Un Grazia Daily Cannes, gratuit, précipité et heureux. Un
journal, au sens intime du terme. Pour faire tenir sur
huit pages toute la contradiction de Cannes : la plus
grande cinéphilie, la farandole continue des films les
plus exigeants du monde. Ceux (nombreux cette année, il faut croire) qui viennent vers nous sourcil froncé, l’air concerné, à fond dans la grande forme, à fond
dans le souci de vouloir dire le monde – on imagine
que les nouvelles ne sont pas jojos. Et puis cette petite
coterie adorée des beaux bizarres, qui en une seconde
entrent en vous pour des mois, murmurant déjà en
mai « été, étrange été. On en sortira à la rentrée ». Là,
sur le papier, à envisager le programme, on imagine
qu’un Apichatpong Weerasethakul ou un Miguel
Gomes sauront nous dire des choses comme ça.
Et face à ça, souriante (ou dédaigneuse – mais à Cannes
c’est pareil), belle à tomber, cette fête, ivre, à l’élégance
stupéfiante. Cannes est la fille la plus belle du monde,
pas une ne saura lui faire de l’ombre durant dix jours.
Il n’existera pas un endroit plus fitzgéraldien sur la
planète Terre, non. Cannes, habillée pour tuer. Habillée pour une heure. Défiant tout, au pied des marches,
au bord de la piscine, dans des rues piétonnes que rien
n’a préparé à cela et qui mettront un an à s’en remettre.
On nous dit : « Cannes, c’est bien vulgaire… » Mais la
vulgarité, c’est toujours l’autre – nous n’aurons pas la
vulgarité de vous le rappeler. Nous sommes cagoles,
tous. Moi, je porte une tunisienne et j’aime manger
dans la rue. Alors, au lieu de râler (« Aux lions, les râleurs »
me souffle Gérard au petit matin), un seul choix : ne
pas dormir, abolir le sommeil pour mieux envisager
Cannes comme une sorte de Frankenstein électrique.
Qui nous attend là, tout de suite, devant la gare, où
commencent les embrassades infinies de gens qui
habitent Paris à l’année et qui sont ravis de ne se voir
qu’ici. Où soudain, on se rappelle qu’on ne se souvient
plus : elle est où la mer ?…
Notre film du jour
L’Ombre des femmes
La Quinzaine ouvre avec
le nouveau Philippe Garrel.
Une comédie cassante.
Où les mecs en prennent
pour leur grade.
Par Philippe AZOURY et Luc CHESSEL
A Cannes, les rumeurs ont la résistance du sable. Ainsi, il a vite circulé que L’Ombre des femmes, le
dernier film en date de Philippe
Garrel, cinéaste réputé poignant,
aurait une légèreté, un air de conte
Rencontre
Un moment sur
un canapé
avec Catherine
Deneuve
page 2
qui devrait autant à Eric Rohmer
qu’au Coréen Hong Sang-soo. On
pourrait tout aussi bien dire l’inverse :
Garrel nous fait une farce. Garrel
nous joue des tours. Et le plus drôle,
c’est que ce film léger est peut-être
aussi son plus amer. En surface : un
film éclairé, d’un blanc éclaboussant.
A l’intérieur, un film blanc cassé,
voire blanc cassant. Entourloupe
à la légèreté ? Oui, et c’est le génie
du film, cette façon complexe et
pleine de contradictions de dire la
lâcheté des hommes – qui se trouvent
toutes les bonnes raisons du monde
de tromper leur femme dans l’ombre,
mais ne supportent pas une seconde
qu’elles leur rendent la pareille.
Garrel, depuis quarante ans et autant
de film décisifs (citons La Cicatrice
intérieure, Les Amants réguliers, La
Jalousie) voudrait que les femmes
et les hommes se parlent à égalité.
Mais ne peut s’empêcher, dès qu’il
en filme une, de la sublimer. Or une
femme sublimée est toujours privée
d’action. Ne bouge pas, merveille,
que je te regarde ! La tristesse soudaine du film, c’est celle de ce constat.
Le héros, tiens tiens, est cinéaste,
documentariste (Stanislas Merhar,
broussailleux). Sa femme est son
assistante (Clotilde Courau, déma-
Qui vient
cette année ?
Les stars que
le tapis rouge
attend de pied
ferme page 7
mai
quillée, vulnérable : redécouverte).
Au détour d’une après-midi de
travail, il séduit une petite nana,
rencontrée sur un centre d’archives.
Il la revoit, goûte à elle, commence
à se prendre les pieds dans son
mensonge. Puis s’abîmera dans la
détestation de soi, et morflera comme
jamais en apprenant que sa femme
voit à son tour un amant. Tout
s’effondre. Tout peut donc recommencer ?
Ce n’est pas spoiler ce film que de
raconter quelque chose de sa fin :
Le héros a passé une année à filmer
le témoignage d’un grand résistant.
Mais apprend à la dernière seconde
que le mec était un imposteur qui
n’a jamais résisté à personne. Un
pauvre type comme un autre, tricotant la vérité comme il veut. Garrel a longtemps hésité à filmer cette
scène. On peut le comprendre : ce
retournement emporte avec lui non
seulement une partie du film, comme
il démolit entièrement ce goût du
premier degré sur lequel a toujours
reposé le cinéma de Garrel. Drôle
de happy end, donc. Celui d’un film
intérieurement fracassé.
L’OMBRE DES FEMMES, de Philippe
Garrel (Quinzaine des réalisateurs),
avec Stanislas Merhar, Clotilde Courau.
GRAZIA DAILY CANNES # 1. Gratuit
Retrouvez tous
les numéros du GRAZIA
DAILY CANNES en PDF sur
Notre coverstar #1 : Sophie Marceau, très élégante en Haute Couture Chanel, hier, juste avant la montée des marches.
JEUDI 14.05.2015 - 1
1
Rencontre
« JE NE ME SUIS JAMAIS FAITE
AU TAPIS ROUGE »
L’impérative Catherine ouvre le bal avec La Tête haute,
d’Emmanuelle Bercot. Confidences sur canapé.
Par Gérard LEFORT et Olivier SÉGURET
P
lus de 30 minutes de retard, la faute à un avion
capricieux à l’aéroport de Nice. Ce qui permet
d’apprécier in situ le luxe de la suite de l’hôtel
Majestic où on l’attend. En compagnie de Dominique
Desseigne, proprio du groupe Barrière et donc du
Majestic, présentement en inspection des locaux.
Qu’est-ce donc qu’une suite de cette espèce ? Un truc
tout en nuances plus ou moins bleu marine avec posters sérigraphiés citant Mélodie en sous-sol d’Henri
Verneuil qui fut tourné à Cannes, et entre autres au
Majestic. Dans l’entrée de la suite, une fébrilité soudaine indique qu’elle va bientôt arriver, qu’elle arrive,
qu’elle est là. Deneuve, notre Catherine. Super pro
pour répondre avec civilité aux compliments d’accueil du taulier et par ailleurs très à l’aise dans un tailleur-pantalon en soie brune d’inspiration orientale.
Elle jette un coup d’œil à travers la baie vitrée qui
plonge sur la Croisette (« Bon, d’accord, il y a la vue »),
s’installe dans un canapé où personne n’a encore
pété, prévient qu’elle est à la bourre, la promo de La
Tête haute commençant à monter en puissance, et
s’enquiert de notre état : « Vous, ça va ? Parce que moi,
ça ne va pas du tout. » Elle veut dire qu’elle est un brin
épuisée rapport au jet lag entre Cannes et Palm
Springs (USA) où, quelques heures auparavant, elle
participait à la promo d’une marque de luxe. On la
sent un rien en pilotage automatique pour répondre à
nos curiosités sur le film d’Emmanuelle Bercot où elle
Critique La Tête haute
Par Gérard LEFORT
L
e nouveau film d’Emmanuelle Bercot, La Tête
haute, ne lâche pas la rampe. Il faut dire que
cette rampe a la solidité de Catherine Deneuve
qui fait don de toute son excellence à un personnage de juge pour enfants, confrontée dix ans durant à
l’adolescence chaotique puis à la fragile maturité de
Malony, un rebelle de toutes les causes. Deneuve
nous tient, impérative et souveraine, et elle tient le
film, scandé par ses rendez-vous avec Malony dans
son bureau de juge. Sa façon notamment d’appeler Malony « jeune homme », qui frise un érotisme pour
le coup hors la loi. Une juge qui a le pouvoir exorbitant, voire écrasant, de diriger « jeune homme » sur la
voix de garage des centres éducatifs ou de l’expédier
2 - JEUDI 14.05.2015
ne joue pas le rôle principal mais un rôle essentiel. Il
est fatal qu’on lui ait déjà demandé de-ci de-là pourquoi elle a tenu à jouer pour la deuxième fois (après
Elle s’en va) dans un film de Bercot, comment elle
s’est préparée pour « habiter » son personnage de juge
pour enfants, etc. Mais elle se prête au rite de l’interview avec une intelligence pratique qui lui fait trouver
des réponses inédites à des questions qui ne le sont
pas. « Ce que j’aime avec Emmanuelle Bercot, c’est sa
volonté inflexible, sa manière de travailler tout le
temps, avant, pendant et après le film, sans pour autant
être une forcenée. Ça me touche énormément cette
maîtrise, et surtout ça me rassure, je peux m’abandonner entièrement. » Première cigarette et zéro cendrier.
Elle se lève, tente d’ouvrir quelques portes, toutes
verrouillées, et laisse poindre un début d’agacement :
« En fait c’est une suite où tout est fermé. »
« ON BOIT QUELQUE CHOSE ? »
En attendant que l’attaché de presse dégotte ce qui
pourrait faire office de cendrier, elle recueille les
cendres dans l’emballage de son paquet de clopes. Le
cendrier arrive sous forme d’un porte-savon en verre
prélevé dans la salle de bain. « Ah ça, c’est idéal. Au
fait, on boit quelque chose ? » Eau plate pour elle, café
et Coca pour nous. Dunkerque maintenant, où furent
tournées toutes les scènes de bureau qui scandent le
film : « Vous connaissez ? C’est pas d’une folle gaieté
Dunkerque. Mais j’ai appris que sur les réseaux sociaux,
on a très mal interprété que j’aie fait part de cette impression. Ce n’est pas du tout mon genre de dire du mal
d’une ville ou d’une région, a fortiori quand elles ont
été massacrées par la crise. C’est quand même dingue
dans le cul-de-sac d’une prison. C’est la part documentaire du film : la Justice ordinaire à l’aune de sa
réalité prosaïque, entre taule forcement brutale et
tentatives exténuantes de resocialisation. Ainsi d’un
long aparté dans une de ces maisons d’éducation surveillée pour le moins isolée où les ados sous pression
de tout (du cul au shit) menacent de faire sauter un
encadrement fatalement dévoué, forcément débordé.
La part fictionnelle du film prend le parti de la table
rase : pas de passé, aucun motif psy pour les personnages. Leur vie est celle de leur rôle pendant le temps
du film : Séverine, la très jeune maman de Malony,
immature et foutraque (Sara Forestier, convaincante) ;
Yann, son éducateur entêté (Benoît Magimel, pur
bloc de mélancolie). Et soleil noir autour duquel ils
gravitent tous, plus ou moins affolés : Malony, boule
de nerfs explosive autant que crève-cœur de notre
ces histoires de réseaux sociaux et de tweets où la
moindre des paroles est instantanément répercutée,
commentée et le plus souvent déformée. J’ai passé
quelques semaines à Dunkerque et le plus dur, ce n’était
pas la ville mais le tournage. Les rendez-vous dans le
bureau de la juge avec Malory, le jeune délinquant, sont
censés s’étaler sur à peu près dix ans. On les a tournés
coup sur coup dans une continuité qui n’a évidement
rien à voir avec cette durée. Pour moi, ce rythme, qui en
plus est très riche en dialogues, était un peu difficile à
soutenir, plus un sprint qu’une course de fond. Le temps
qui manque, c’est un des handicaps majeurs des tournages aujourd’hui. Ce qui nécessiterait huit semaines
de travail est réduit à sept semaines. »
Alors, la préparation du rôle ? « J’ai passé du temps
dans le bureau d’un juge pour enfants. J’ai été sidéré par
la présence, l’attention et le dévouement de ces fonctionnaires de la Justice. » Certes, mais comment arrivet-on a se faire oublier dans un bureau de juge quand
on est Catherine Deneuve ? « La réalité de la justice
ordinaire très prosaïque et souvent rude a eu vite fait de
subjuguer ma présence et même de l’effacer. Les gens
étaient prévenus et avaient donné leur autorisation.
Quand vous êtes dans le bureau d’un juge parce que
votre gamin a fait une grosse bêtise, vous avez vite en
tête d’autres soucis que de savoir ce que Catherine Deneuve fait là. »
LA COURBE DU DÉSIR ?
Deneuve n’hésite pas, ainsi, à nous parler d’un temps
que les moins de 20 ans n’auront jamais connu : celui
où, « plus que les auteurs, c’était les producteurs qui
concevaient, portaient et accouchaient les films ». On
partait d’un casting, on construisait une affiche. Elle a
depuis longtemps emprunté une route différente,
moins confortable mais plus contemporaine : « Je
m’en remets aux cinéastes. Que ce soient eux qui
viennent vers moi ou moi qui aille vers eux ».
Justement, serait-elle en mesure de dessiner la courbe
du désir des cinéastes à son égard ? Comment, avec le
recul, évalue-t-elle l’intensité de l’intérêt qu’on lui
porte dans le cinéma français ? « La courbe du désir ? »,
reprend-elle avec cette malice au débit rapide qui caractérise sa conversation. Deneuve ne souhaite pas se
vanter, mais ce que l’on comprend dans les demimots qu’elle enchaîne alors, c’est qu’elle ne manque
pas de sollicitations et que si la nature de celui-ci a
évolué, le désir que lui manifestent les cinéastes français n’a jamais rétréci ou diminué. Tout est donc pour
elle affaire de choix et cette sélection radicale qu’elle
opère parmi une offre profuse laisse plutôt admiratif :
comme La Tête haute le démontre encore, Deneuve
ne penche pas vers les solutions de facilité.
Et son propre désir de Cannes, où en est-il ? « Plutôt
moyen », concède-t-elle, mais avec une relative indulgence pour le Festival : « C’est facile pour moi qui l’ai
connu dans des circonstances exceptionnelles avec Les
Parapluies de Cherbourg (palme d’or 1964) de trouver
que c’était mieux avant. Mais c’est vrai que les choses
ici ont tellement changé. Je ne me suis jamais faite au
tapis rouge en plein jour. Je trouve ça absurde et parfois
ridicule. Je trouve que le festival devrait revenir aux
projections de gala nocturnes, vers 21 heures et minuit
comme avant » Cela n’a l’air de rien, mais pour elle, la
nuit contribuait à la qualité du glamour mythologique
qui nous fascinait tant et que l’on retrouve dans les
photos de l’époque… Ces photos que, précisément,
la suite du Majestic s’évertue vainement à réanimer.
époque (Rod Paradot, trouvaille sidérante) qui trouvera sans doute sa porte de sortie, son issue de secours
« tête haute », mais dans un happy end faussement
happy : suite à une amourette, il lui vient un bébé,
dont rien ne présage, malgré la douceur du plan qui
le cadre comme une Vierge à l’enfant, qu’il ne lui fera
pas subir les violences qu’il a lui-même endurées.
Nous sommes Malony ?
La Tête haute chronique avec une froideur idoine
bien des déconfitures politiques contemporaines,
mais avec un espoir républicain à la clef, sans doute
un rien optimiste : la Justice française est certes cabossée, mais elle marche encore, et plutôt bien.
LA TÊTE HAUTE, d’Emmanuelle Bercot,
avec Catherine Deneuve, Rod Paradot, Benoît Magimel.
(Sélection officielle, film d’ouverture). En salles.
PHOTO : PATRICK SWIRC/MODDS
GR A Z IA DAI LY C A N N E S
15 MINUTES AVEC…
STANISLAS MERHAR
Il est éblouissant dans L’Ombre des femmes, de Philippe
Garrel, en don Juan à la fois heurté et malicieux. Disnous, Stanislas, comment on joue celui qui fuit la vérité ?
Par Julien WELTER et Philippe AZOURY
Les films de Philippe Garrel
sont toujours secrètement
autobiographiques. Comment
se glisse-t-on dans son univers ?
Il ne peut pas faire autrement : ses
films parlent de lui. C’est toujours
difficile de dire qu’on peut y amener quelque chose à soi. Surtout
si le film raconte une histoire
d’amour. On joue de façon objective : « Ils se quittent, se trompent et
vont peut-être se retrouver », je dois
jouer ça et rien d’autre.
La méthode Garrel (nombreuses
répétitions, séquences tournées
en une seule prise) vous a-t-elle
déstabilisé ?
Philippe est radical. Lorsqu’on se
prépare, il vous dénude, comme
un fil électrique, il répète beaucoup, donc il n’y a plus de tension.
Il vous hypnotise carrément, c’est
un anesthésiant puissant, le Garrel, donc vous faites exactement ce
qu’il veut. On ne peut pas s’échapper, c’est tant mieux. Car une fois
qu’on s’y met, c’est du triphasé !
Diable !
Mais oui, Philippe arrive à ce
qu’on ne se pose plus de question.
On devient le personnage : ce garçon qui rencontre une autre
femme qui lui plaît et trompe la
sienne avec elle, il ne se l’interdit
pas une seconde. Il ne voit pas où
est le problème. Alors que moi, je
ne suis pas du tout comme ça dans
la vie ! C’est beaucoup plus compliqué… (Sourire.)
BITCHY MARIE
Photos : AUGUSTIN DETIENNE/iTÉLÉ ; JULIEN MIGNOT
« ... En version
originale ? »
Les gens sont méchants. Comment expliquer, sinon,
qu’on exige de moi d’endosser le fourreau à traîne de
reine des langues de pute, alors que jamais l’ombre
d’une vilaine pensée ne m’a traversé l’esprit ? Mystère.
Une chose est sûre, selon la divine Bette Davis, les rôles
de salope sont les meilleurs.
On s’en parle, de Natalie Portman à la une de M ? Rappelons que cette splendide actrice, oscarisée pour Black
Swan, est à Cannes pour présenter, hors compétition,
son premier film en tant que réalisatrice, Une histoire
d’amour et de ténèbres, adapté d’Amos Oz. Le titre du
M est intéressant : « Natalie Portman en version originale ». Originale au sens de « d’origine » ? Au vu de la
photo et surtout de photos plus anciennes, on ne retrouve pas clairement cette bouche « d’origine ». On ne
lui jette aucune pierre, d’abord parce qu’elle fait ce
qu’elle veut, Natalie, et ensuite parce que le cinéma
n’est pas toujours sympa avec les femmes. La preuve,
s’il n’y avait pas les séries pour ressusciter ici Jane Fonda, là Lily Tomlin ou encore Jessica Lange, elles seraient
tombées dans un trou sans fond. Oubliés aussi au passage leur talent, leurs oscars mystérieusement devenus
hors sujet. Il suffit pourtant d’une scène d’American
Horror Story, vénéneuse série de Ryan Murphy, où l’on
découvre Jessica Lange vêtue d’un smoking azur, maquillée telle Marlene Dietrich, interpréter Life on Mars
de Bowie, assise sur un nuage de carton-pâte, pour
constater et d’une, qu’elle n’a rien perdu du feu qui la
définissait, et de deux, que son visage est d’origine, et
de trois, qu’elle est belle. Par Marie COLMANT
A vous entendre, le tournage
paraît presque drôle. Le film l’est
aussi, Garrel s’amuse même
parfois avec vos cheveux rebelles !
Je fais des films parce que je suis
mal coiffé ! Et c’est terrible ! J’ai
de vrais problèmes avec ma coiffure. Or, Garrel est très à cheval
sur les cheveux propres, pour être
le plus naturel possible. Je n’ai jamais osé lui dire la triste vérité :
« Je ne peux pas me laver les cheveux et venir ensuite sur le plateau,
je suis infilmable comme ça. »
Il ne vous a pas choisi que pour
vos cheveux, non plus…
Il m’a choisi en raison des films
que j’ai tournés avec Chantal
Akerman.
C’est son premier film depuis
quinze ans sans son fils Louis…
Il m’a dit qu’il n’avait pas très envie de filmer son fils faisant
l’amour à des jeunes femmes dans
des chambres de bonnes. C’est
une bonne raison. Garrel me voulait comme je suis : « Saint-Germain dépressif », un peu hanté, qui
ne peut pas oublier sa femme,
même s’il la trompe.
C’est peut-être ça, le sujet du
film : on n’est rien sans l’autre…
Oui, quand elle n’est plus là, tout
se délite. Ils travaillaient ensemble,
faisaient des films à deux, et puis
après la séparation : plus rien !
L’OMBRE DES FEMMES, de Philippe
Garrel, avec Stanislas Merhar
et Clotilde Coureau.
ENTENDU
« Je fais des films quand ça me brûle,
quand ça me consume trop de rester
chez moi à me branler devant une
photo de Jake Gyllenhaal. »
Xavier DOLAN, membre du jury officiel en compagnie de
Jake Gyllenhaal (Les Inrocks, 1er octobre 2014).
ET AUSSI…
La critique
en anglais
cannois de
Mad Max :
Fury Road
Par Poly GLOTTE
C’est décidément l’année
RACHEL WEISZ ! En
compétition officielle avec
deux films pendant la quinzaine (Youth
de Paolo Sorrentino et The Lobster de
Yorgos Lanthimos), l’actrice jouera dans
Snatchback, le thriller de Pete Travis sur
le trafic d’enfants. Elle est également
à l’origine du projet, et le coproduit.
Hier soir, L’Oréal Paris a
sorti le grand jeu pour
l’ouverture du Festival. En
plus de leurs habituées Julianne Moore,
Liya Kebede, Doutzen Kroes et Fan Bingbing, deux petites nouvelles ont gravi les
marches : NAOMI WATTS et Karlie Kloss.
A leur bras, John Legend, qui travaille sur
un projet spécial avec la marque.
A l’honneur avec Grace de
Monaco qui avait ouvert
le Festival l’an dernier, NICOLE KIDMAN est en pourparlers pour
jouer dans la comédie un peu dingue
How to Talk to Girls at Parties, une sorte
de Roméo et Juliette version punks
contre aliens réalisée par John Cameron
Mitchell, qui l’a dirigée dans Rabbit Hole.
Annoncé au Marché du
Film, SIMON BAKER (aka
le Mentalist), va diriger son
premier film et y interpréter le rôle
principal. Il s’agit d’un thriller dramatique,
Breath, adapté du best-seller de Tim
Winton. Autre bonne nouvelle : le scénario
est signé Gerard Lee (derrière la glaçante
série néo-zélandaise Top of The Lake).
Flesh ! Flesh ! Flesh ! The new
Mad Max movie is all about human
beings treated like flesh. People
there dont really have a « body » :
they are blood reservoirs (men) or
egg makers (women). Oh, and the
famous Max doesn’t have any importance either : it’s much more a
film about Furiosa, a female rebel,
and the five hot women she tries to
save from a very very bad guy with
huge yellow teeth. It’s noisy, too
long and very simplistic, the whole
story consisting in two gigantic
races between funny machines.
Please, give us back Mel Gibson !
MAD MAX : FURY ROAD, de George
Miller, avec Charlize Theron et Tom
Hardy (Hors compétition).
JEUDI 14.05.2015 - 3
G R A Z I A DA ILY C A N N ES
1
Illustration Iris HATZFELD
Trop pas
La chronique de Gérard LEFORT
« AUX LIONS
LES COUINEURS ! »
Mais qu’est-ce qu’ils ont les journalistes, couineurs notoires, à dire
des méchancetés sur le 68e Festival international du cinéma de
Cannes ? Nota bene : « Tara-dzingboum », façon invasion de la Pologne par les Walkyries, c’est cette
alerte symphonique qui se déclenchera automatiquement dans cette
chronique à chaque fois que seront mentionnés tous les titres de
noblesse du Festival. Il n’est pas
interdit non plus de se prosterner,
telle Dame Margareth Rutherford
dans Passport to Pimlico lorsqu’elle
rencontre le dernier descendant
des Dukes of Burgundy : « Your
Grace ! », dit-elle (comme Kelly ?)
Première cible pleine de fléchettes, les membres du jury. A commencer par le président, qui est
deux, ce qui, on peut le concéder,
est plus troublant qu’une faute de
conjugaison. Qui sont qui ? C’est
la question existentielle. Les Coen
argueront qu’ils sont deux parce
qu’ils sont frères. Et qu’ils font
toujours tout à deux (du moins
pour la confection de leurs films).
Mais pourquoi s’indigner de ce
dualisme ? Question trouble
d’identité, on imagine la quintessence du tollé si la présidence avait
échu aux frères Wachowski qui,
comme chacun sait, ne le sont plus
tout à fait, vu que Larry, le cadet
d’Andy, a muté en sister sous le
ravissant prénom de Lana (comme
Turner ?)
Les autres membres du jury sont
tout autant discutés. Comme quoi
Rossy de Palma aurait un grand
nez, même de face. Sophie Marceau (Sophiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie !!!!).
« Quant à Xavier Dolan,
sa présence au jury maintient
la pression d’un festival
de performances capillaires
plus ou moins peroxydées »
Interview express
Albane CLERET
Promo des films le jour, fêtes privées la nuit :
elle règne sur la Croisette. Par Perrine SABBAT
6 - JEUDI 14.05.2015
1
Sienna Miller, un Q.I. plat. Rokia
Traoré (Rokia qui ?). Guillermo
del Toro, une compétence certaine à pédaler dans le guacamole.
Jake Gyllenhaal, une tendance
maniaco-dépressive à se prendre
pour une légende. Et Xavier Dolan, un accent joual à décorner les
caribous.
Comme tout cela est misogyne,
raciste, homophobe, voire débile.
Con. C’est au contraire tous ces
soi-disant défauts qui sont des
qualités. Rossy de Palma a du pif,
accessoire essentiel quand on est
promue dénicheuse de truffes.
Sophie Marceau (Sophie !). Sienna Miller prend son temps pour
réfléchir, et alors ! Rokia Traoré,
chanteuse, est fièrement malienne, alors gaffe au maraboutage des médisants. Guillermo
del Toro a repris des tacos, et
moi-même, je viens de me resservir un litre de mojito. Jake Gyllenhaal a toujours 11 ans et demi
dedans sa tête, ce qui tombe bien
puisque son premier rôle en 1991
dans La Vie, l’amour, les vaches de
Ron Underwood reste à ce jour sa
meilleure performance. Quant à
Xavier Dolan, sa présence au jury
maintient la pression d’un festival
de performances capillaires plus
ou moins peroxydées (cf. le plat
de spaghettis sur sa tête dans Tom
à la ferme). Bref (et tabernacle) :
aux lions les crétins !
Un cliché qui est vrai sur vous-même ?
Je suis un peu une hystérique du
détail.
La chanson qui vous transporte sur
le dancefloor à Cannes ?
I Wanna Be Your Lover de Prince.
J’adore ce titre, il me met instantanément de bonne humeur.
Le disque que vous écoutez trop ?
Keith Jarret, The Köln Concert. Je
l’écoute depuis plus de quinze
ans, ce solo de piano arrive toujours à me détendre.
Votre héros dans la fiction cannoise ?
Guido, interprété par Roberto
Benigni dans le film La Vie est
Belle, Grand Prix du Jury en 1998.
Votre style à Cannes en trois mots ?
Petite robe noire.
Ce qui inspire votre style ?
Mon humeur !
Votre drogue légale favorite ?
L’adrénaline. Quand je reçois un
coup de fil m’annonçant que Leonardo DiCaprio débarque dans
dix minutes, en plein milieu de la
soirée du film Blood Ties de Guillaume Canet, ce qui pourrait être
un énorme stress me stimule encore plus.
Votre geste beauté cannois
quotidien ?
La pommade d’Herve Herau (le
thérapeute de la peau chouchou des
stars, NDLR)
Le lieu idéal pour un RDV ?
Dans la baie de Cannes, sur un
bateau, loin de tout…
Le détail qui tue tout ?
La pluie !
Terrasse By Albane, de 10 à 19 heures
et Club By Albane de minuit à 4 heures.
Rooftop du JW Marriott.
DEMANDEZ
LE PROGRAMME
Jeudi 14
Compétition
Umimachi Diary (Notre petite sœur)
de Kore-Eda Hirokazu
(16 h 00. Grand Théâtre Lumière).
Il racconto dei racconti (Tale
of Tales) de Matteo Garrone
(11 h 30 + 22 h 30. Grand Théâtre
Lumière).
Hors compétition
Mad Max : Fury Road
de George Miller
(8 h 30 + 19 h 30. Grand Théâtre
Lumière).
Un certain regard
An
de Naomi Kawase
(11 h 00 + 19 h 15. Salle Debussy).
Un etaj mai jos (L’Étage du dessous)
de Radu Muntean
(14 h 30 + 22 h 00. Salle Debussy).
Quinzaine
L’Ombre des femmes
de Philippe Garrel
(9 h 00 + 19 h 30. JW Marriot).
Master class de Jia Zhangke
(17 h 00. JW Marriot).
Semaine de la critique
Les Anarchistes
d’Elie Wajeman
(8 h 30 + 20 h 00. Miramar).
Sleeping Giant
d’Andrew Cividino
(11 h 30 + 17 h 00 + 22 h 30. Miramar)
Cannes labo
Par Olivier SÉGURET
Un concept téméraire soutient
cette chronique : le Festival de
Cannes préfigure toujours quel­
que chose. La difficulté consiste à
deviner quoi. Souvent, on ne s’en
rend compte qu’après coup : la
vague bling-bling des années 2000
trouve sans doute une origine solide ici, elle s’est mûrie sur la Croisette à la fin du siècle dernier avant
de devenir une norme internationale. Idem pour le partage du
globe en quartiers médiatiques
auquel se sont livrés les grands
groupes de communication : c’est
à Cannes qu’ils ont expérimenté
une bonne part de leur stratégie.
Pareil pour la mythologie, devenue universelle, du tapis rouge.
Bien sûr, il existait avant et ailleurs
d’autres red carpets, mais c’est le
festival qui en a élaboré les codes,
servant de banc d’essai et de plateforme de lancement aux grandes
marques de la mode et de la cosmétique. Dans un pays peu enclin
au mécénat industriel, c’est encore
UP
SALON DE L’AUTO
Cannes ressemble
toujours à Cannes. Les
looks sont toujours
les mêmes, la Croisette
et la rue d’Antibes aussi.
On a compté 8 Porsche
et 9 Lamborghini en
1 heure. Immuable.
Rassurant.
LE PETIT MAJESTIC
Le seul vrai bar de Cannes,
avec ses bières chaudes et
ses pastis. Le spot parfait
pour commencer les
hostilités. Toujours ouvert
très tard. Fréquenté par
les Anglais, les critiques,
les producteurs, les
travailleurs du festival,
les fêtards.
ARRIVÉE EN TRAIN
La SNCF anticipe toujours
aussi bien le festival.
Compter minimum une
heure de retard par TGV.
As usual. Et les zones
d’arrivée de la gare de
Cannes sont encore
en travaux.
DOWN
Cannes qui a savamment imposé
le modèle du sponsoring, construisant un modèle économique très
particulier, où se mélangent l’apparat républicain et la haute joaillerie, le prestige avant-gardiste et
les capsules à café, les empoignades critiques et le rouge à
lèvres dernier cri, la célébration
de l’art et la consécration du
commerce…
Il y a une leçon à tirer de cette capacité du festival à offrir une anticipation de notre monde : Cannes
existe aussi fort en tant que scène
qu’en tant qu’écran, et c’est sans
doute là le secret de sa puissance
et de sa pérennité. La gigantesque
estrade de la ville n’est pas que
l’écrin des meilleurs films du
monde, elle leur tient tête. C’est
elle que les festivaliers affrontent
dès la projection finie, elle sur laquelle ils sont priés de défiler, elle
dans laquelle ils n’ont d’autre
choix que de s’immerger.
Mais alors, 2015 ? Que peut-on
flairer dans l’air festivalier qui
pourrait se comprendre comme
un message du futur proche ? C’est ce qu’on va voir…
PHOTOS : THEODORA RICHTER ; DR
GR A Z IA DAI LY C A N N E S
Umimachi Diary (Notre petite sœur)
ET PENDANT CE TEMPS-LÀ...
Par Perrine SABBAT
PHOTOS : E-PRESS ; SIPA (1)
Rachel Weisz
squatte la
compétition
officielle avec deux
films : The Lobster
et Youth.
Rédaction : 8, rue
François-Ory, 92 543
Montrouge Cedex
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Carmine Perna
Impression :
Riccobono à Le Muy
(83)
Photogravure :
Arto, Taverny (95)
N° ISSN : en cours
Marion Cotillard
clôturera
la compétition
officielle
avec Macbeth.
Louise
Bourgoin,
dans Je suis
un soldat
(Un certain
regard).
Maïwenn,
l’une des deux
réalisatrices
en compétition
officielle avec
Mon roi.
ELLES VONT
ENFLAMMER
CANNES
Diane Kruger, dans Maryland
(Un certain regard).
Ceci n’est pas un moodboard
fantasmé, mais le casting
rêvé du 68e Festival de
Cannes. Pendant onze jours,
toutes ces actrices ont
rendez-vous sur la Croisette.
Elles viennent pour défendre
un film en compétition,
monter les marches, assister
à des soirées. De tout cela,
on ne perdra rien chaque jour
dans cette page. A demain
pour le début des festivités !
Emma Stone,
Woody Allenisée
pour la seconde fois
dans Irrationnal
Man (L’Homme
irrationnel)
(Hors compétition).
Natalie Portman,
avec son premier
film, A Tale of Love
and Darkness
(Une histoire d’amour
et de ténèbres)
(Séance spéciale).
Emily Blunt,
dans Sicario
(Compétition
officielle).
Golshifteh
Farahani, dans
Les Deux Amis
de Louis Garrel
(Semaine de
la critique).
Cette nuit
à cannes
Soirée Swarovski x The Hollywood
Reporter au Carlton : cocktail au bar
Madame Monsieur à 21 h 30 suivi d’un dîner
dans le Grand Salon à 22 h 30. Guest
d’honneur : Sienna Miller, membre du jury.
2 Soirée L’Oréal uniFrance dans
La Suite L’Oréal au Martinez à 21 h.
On y croisera Naomi Watts, Julianne
Moore, Leïla Bekhti, Liya Kebede…
3 Soirée « Pink and Black » avec
Miranda Kerr et DJ Set de 2 MANY DJ’S
à 20 h sur La Plage Magnum.
4 Showcase de Beau de 19 h à 21 h 30
à La Chambre Noire by Belvedere,
au premier étage du JW Marriott.
5 Set de Thylacine à La Villa
Schweppes, aux Marches.
1
Naomi Watts,
dans The Sea of
Trees (La Forêt
des songes)
(Compétition
officielle).
Rooney Mara
dans Carol, de
Todd Haynes
(Compétition
officielle).
JEUDI 14.05.2015 - 7
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