DAILY 16 SAM CANNES Cannes sans dormir JOUR 3 Par Philippe AZOURY PHOTOS : DR ; JULIEN MIGNOT I l soufflait, hier, un vent à déperruquer un retraité. C’était marrant à voir, tous ces gens sur la Croisette essayant d’avancer à contresens du sirocco. Les plus faibles, des fêtards en retour d’after, avaient du mal à faire trois pas, trop cramés pour lutter. Face à eux, l’affront : des filles gaulées comme des amazo nes, fendant la foule en mode running. C’est le nou veau choc des civilisations : ceux qui sont allés trop loin dans la fête, ont atteint le point de non-retour, ceux que l’âge ne calme pas, qui ne se voient pas envi sager la vie autrement que comme une longue nuit. Et cette nouvelle hygiène magistrale, cet impératif de la performance, ces corps bioniques, en leggings de bon matin, équipés de machins orange calculant en termes abscons cette évidence : faire la Croisette à pas de course, chaussée de tennis, prend sept minutes ; la faire en Louboutin de 12, avec une robe de soirée trop serrée, prend une heure. La remonter à contrecourant du vent en sortant de club ? Compter deux heures, entre les arrêts au café (« Ah non, pas à trois dans les toilettes ! »), et l’instant embarrassant où les filles ont décidé, mais si c’est super, viens, d’aller se baigner en enjambant la barrière d’une plage privée, ou en faisant l’œil doux à un vigile conciliant. On a quand même planté là tout ce petit monde joyeux mais fatiguant. C’est qu’il nous fallait courir pour être à l’heure pour petit-déjeuner avec Arnaud Desple chin. Goûter le plaisir d’entendre enfin un cinéaste parler de cinéma. La cerise sur le gâteau, ou comme dirait Xavier Dolan, le caramel sur le Sundae, fut de voir surgir Gilles Jacob, 85 ans, venu faire la surprise à Desplechin d’un salut immensément respectueux (sous-entendre : « Aux yeux de Jajacobbi (1), ce film devait être en compétition ») et nous demander, une seconde, de garder sa canne pour qu’il puisse faire une photo du cinéaste sur son portable et, aussitôt, la tweeter. Remember : « Monsieur vous n’avez rien contre la jeunesse ? Si, j’aime bien les vieux. » (1) Jajacobbi est son nom de twittos (21 750 followers au moins). Notre film du jour Le Fils de Saul Première réalisation secouante du Hongrois László Nemes, immergé dans l’enfer d’Auschwitz. Filmer enfin l’infilmable. Par Luc CHESSEL et Gérard LEFORT Il y en aura pour crier à l’irrepré sentable, ranimer le débat des images malgré tout. Peine perdue, Le Fils de Saul éclaircit ce point dès le pre mier plan. Le vert d’une forêt floue, le visage d’un homme entre à grands Rencontre 15 minutes de jeunesse avec Arnaud Desplechin page 3 pas dans la zone de netteté, pour ne plus la quitter. C’est la figure qui fait le point. Tout le film se tiendra à cette distance, réglant en force la question de l’infilmable, en ne regar dant, mais avec quelle intensité, que ce qui entre dans son étroit champ de visibilité. Saul Ausländer, l’hom me de ce visage, fait partie des Son derkommandos d’Auschwitz, dépor tés juifs chargés d’un processus que le film suit étape par étape dans les mouvements de son personnage : la destruction par le gaz et le feu des Juifs d’Europe. Il n’y a rien ici que du recadrage, et le travelling n’a que faire de la morale, il traque les gestes, les regards, les bribes d’une endurance inimaginable. Ou jusqu’ici inaudible, tant on a l’impression d’entendre, pour la première fois, le son d’un camp dont on ne peut oublier les images. Rien ne nous parvient qui ne soit à portée de voix, à portée de main, à portée d’œil myope. Le fils du titre est un enfant qui survit quelques minutes à l’asphyxie (fait avéré, aucune « liberté » n’est prise avec la réalité de l’extermina tion), et dont Saul recueille le corps pour lui donner une sépulture et faire prononcer le kaddish. Il s’en Tapis rouge Charlize s’inquiète, mais où est passé Sean ? page 7 mai tête, met les autres en péril, bafoue la solidarité nécessaire à la survie. « Quitte les vivants pour les morts », comme le lui reproche un autre déporté. De là vient (plutôt que de la description de la « solution finale »), l’insupportable dans le film : l’imbé cillité kafkaïenne du personnage, bouleversante, inexplicable. C’est le seul pourquoi d’un film qui se place en-deçà de notre obsession d’expliquer Auschwitz. Un pourquoi sans pourquoi, criant dans un murmure. Comme une bla gue juive, de celles qui ne font pas rire tout le monde. Et comme la langue du film (hongrois, yiddish et allemand), si proche de celle des manuscrits enterrés par des Son derkommandos et retrouvés depuis. Une parole hachée, en survie, un souffle dans le fracas de la mort industrielle. Une langue sans images, pour un film de plans, délesté de la distance des archives en noir et blanc comme de l’effet de proximité in venté par leur colorisation. Une scène recrée la prise d’une célèbre pho tographie, retrouvée dans la terre du camp. « On voit rien, il y a trop de fumée ». On voit, pourtant. SAUL FIA (LE FILS DE SAUL), de László Nemes. Avec Géza Röhrig (Compétition). GRAZIA DAILY CANNES # 3. Gratuit Retrouvez tous les numéros du GRAZIA DAILY CANNES en PDF sur Notre coverstar #3 : Sienna Miller, look Melina Mercouri 1963, après le film de Naomi Kawase (notre critique page suivante). SAMEDI 16.05.2015 - 1 3 matiquement à emprunter la voie la plus consensuelle, mettant souvent son film en danger de ressembler à beaucoup d’autres, le « portrait de vieux » devenant un sous-genre relativement fourni du cinéma asiatique contemporain. Quand parvient tout de même à s’instaurer une tension cinématographique mieux équilibrée, notamment lorsque s’épaissit le mystère humain tapi derrière Tokue et Sentaro, la cinéaste la gâche en balançant de nulle part une musique guimauve franchement indélicate. MANQUE D’AUDACE Critique AN, LE DESSERT DE TROP Empâté, trop sucré et mainstream, le nouveau Naomi Kawase se prend à son propre piège. Par Olivier SÉGURET « Et alors, tu le trouves comment le Naomi Kawase ? » A la question presque mécanique de mon nouveau chef très barbu, je me suis entendu répondre : « A la fois cucul et émouvant ». Et je ne vois pas très bien, depuis, quoi ajouter. J’ai surtout des scrupules à trancher : insister sur l’aspect cucul pourrait donner une idée fausse du projet de An, portrait serré de l’attachante Tokue, 70 ans, condamnée à un statut de paria par une lèpre ancienne. Elle insiste auprès de Sentaro, un ténébreux cuisinier, pour travailler avec lui et lui transmettre, peut-être, le secret de la pâte « An », ingrédient essentiel à la confection des dorayakis, délicieuses pâtisseries traditionnelles nippones. Sous le mélo apparent, concentré, empathique, Kawase tabasse avec méthode les plus graves blocages ou périls de la société japonaise, avec en préoccupation majeure le sort fait aux vieux de son pays. PETITE POMME FRIPÉE Inversement, mettre en valeur la part émouvante du film attirerait l’attention sur une évidence qui n’est pas forcément sa part la plus réussie. Oui, quelque chose touche dans la façon qu’a la cinéaste de nous faire approcher au plus près de Tokue (Kirin Kiki, merveilleuse petite pomme fripée). Mais si Naomi Kawase le fait avec tact, c’est sans grande originalité : on a au contraire le sentiment qu’elle cherche systé- Veste, Chanel Paris-Salzburg. Bague, Chanel Joaillerie. Mise en beauté Chanel. Un peu trop sûrement bouclé sur lui-même et ses personnages principaux (au point que tous les rôles secondaires sont négligemment abandonnés à des interprétations caricaturales), An cherche à raconter une histoire simple en oubliant de surprendre, sinon sur le fond, au moins dans la forme ou l’organisation du récit. Comme on s’en doute dès l’origine, c’est un peu plus qu’une recette culinaire que Tokue cher che à transmettre… Pour expliquer l’oscillation déroutante du film qui balance sans répit de la mièvrerie à la gravité, l’hypothèse la plus probable est que Naomi Kawase n’a pas su trancher elle-même. Une audace estimable l’a conduite sur la voie d’un défi bien plus mainstream que le registre habituel de son cinéma. Elle en a bien le droit, mais la cinéaste semble aussi avoir voulu se punir de cette inclination, élimant les ailes de son film tout en les enveloppant d’une soie charmante mais irrésolue. AN, de Naomi Kawase. Avec Masatoshi Nagase (Un certain regard). Qui êtes-vous ? Courtney EATON A 19 ans, l’actrice australienne, révélation de Mad Max : Fury Road, a mis la Croisette à ses pieds… Par Perrine SABBAT Photo Julien MIGNOT D’où vient-elle ? De Bundury, petite ville de l’Ouest australien. Mannequin à 16 ans, elle est repérée par un directeur de casting pour Mad Max : Fury Road en 2011 : « Je n’avais jamais envi sagé une carrière d’actrice, et main tenant je vis à Los Angeles ! » Où est-elle ? Au casting de la superproduction de George Miller. « C’est fou de me retrouver à Cannes, pour mon pre mier film, après ce tournage apoca lyptique dans le désert namibien, il y a deux ans. » Où va-t-elle ? Démarrer la promo de Gods of Egypt, son second film, avec Gerard Butler. « J’adorerais tourner avec Tim Burton et Woody Allen, mais dans ce milieu, on ne sait même pas ce qu’on fera la semaine suivante ! » 2 - SAMEDI 16.05.2015 MAD MAX : FURY ROAD, de George Miller. Avec Critique Mon royaume pour un cocard L’Etage du dessous, du roumain Radu Muntean, fait d’une dispute domestique le point de départ d’une confrontation inquiétante Par Luc CHESSEL On peut faire un film pour le plaisir de le clore par une bonne droite dans la gueule. On peut voir un film pour le plaisir d’attendre une bonne bagarre finale. L’étage du dessous n’est pourtant pas un film d’action, ni même un film coup-de-poing. Il flotte tout entier dans cette zone calme, cette tension d’abord imperceptible qui, lors d’une mauvaise rencontre, précède le cocard, le laisse venir à son rythme, par paliers. Le genre de conclusion implacablement efficace, et qui ne résout rien, le contraire d’un dénouement. Un matin, Patrascu, qui travaille dans une société de services d’immatriculation de véhicules, promène son chien. En rentrant chez lui, il entend une violente dispute entre la voisine du premier étage et le voisin du deuxième, Vali, qu’il croise sur le palier. Le soir même, elle est retrouvée morte, et Vali commence à se rapprocher de Patrascu, de sa femme et de son fils. Patrascu ne dit rien à la police, Vali ne dit rien à Patrascu. Le reste du film sera leur confrontation silencieuse, un palier après l’autre, jusqu’au contraire d’un dénouement. L’étage du dessous scrute les faits et gestes de Patrascu, son calme maintenu de force, à peine trahi par quelques coups d’œil sombre. Rien, de cette observation sans relâche, ne soulève un quelconque dilemme moral (que dire ?, que faire ?), mais seulement l’inquiétude du personnage devant une situation d’incertitude : celle d’être ou non en danger. C’est l’irritation qui monte, et non la peur, l’impatience et non le suspense. Voici donc le contraire d’un thriller : on attend non pas que les choses tournent mal, mais qu’elles rentrent dans l’ordre quotidien. Ainsi le film se déroule à la manière d’une fable sans signification, d’un apologue sans moralité dernière. Patrascu n’a pas à choisir d’agir ou pas, à peser le bon et le mauvais, à se chercher une bonne conduite. Il n’a qu’à patienter, laisser monter une tension purement physique vers sa délivrance purement physique (une bonne droite dans la gueule, donc, celle de Vali). D’où la beauté libérée de ces quelques plans d’après la lutte : Patrascu rentre chez lui, s’assoit dans la cuisine, un rayon de soleil vient embraser son visage tuméfié, dans la durée radieuse de ce qui se stabilise, des choses qui reviennent à la normale, de la fin d’une épreuve sans héroïsme. Mon royaume pour un cocard. Parole ! Parole ! Ce « mot de passe » que le fils de Patrascu répète pendant ses crises de somnambulisme, se débattant dans des rêves de jeux vidéos, ne nous sera pas donné parce qu’il n’existe pas. L’épreuve est sans but, l’histoire sans clef. C’est un jeu où l’on passe d’un niveau à l’autre au gré des réactions du corps, non au moyen de son contrôle, de ses commandes, de sa conduite. Une bonne bagarre est efficace parce qu’elle ne résout rien d’autre qu’elle-même, elle écrase l’incertitude de la pensée, et projette à terre l’irrésolution absolue, irritante, de la question du comment vivre. Charlize Theron, Tom Hardy, Zoë UN ETAJ MAI JOS (L’ÉTAGE DU DESSOUS), Kravitz. En salles. de Radu Muntean. Avec Teodor Corban (Un certain regard). PHOTOS : DR GR A Z IA DAI LY C A N N E S 15 MINUTES AVEC… ARNAUD DESPLECHIN Arnaud Desplechin n’est pas en compétition. Pourtant, Trois souvenirs de ma jeunesse est peutêtre son plus beau film. Le temps lui donnera raison. Par Philippe AZOURY Photo Julien MIGNOT Pourquoi revenir, vingt ans après Comment je me suis disputé…, sur la jeunesse de vos personnages, Paul et Esther ? C’est drôle, car je ne vois pas ce film comme un retour. C’est pour moi, au contraire, un départ vers quelque chose que je n’avais jamais réussi à faire : filmer la jeunesse. Visiblement, il m’a fallu une certaine maturité pour pouvoir dire à de jeunes acteurs : « Vous pouvez vous appuyer sur moi ». Leur jeunesse a modifié votre approche ? Non, mais elle a ravivé la partie du travail que je préfère : celle où, avec un acteur, on se met à inventer des gestes. Je n’ai pas cherché à ce que mes jeunes comédiens ressemblent à Mathieu Amalric ou à Emmanuelle Devos. Ils partagent des choses. Lou Roy-Lecollinet, qui joue Esther, a cette beauté un peu violente sur laquelle l’œil vient buter. Assez proche de celle d’Emmanuelle. Vous avez demandé à vos jeunes acteurs de voir Comment je me suis disputé… avant de tourner ? Non. Ni mes autres films. Je voulais plutôt apprendre d’eux, apprendre de leur première fois Ce film se souvient de choses intimes. Pour restituer la violence ou l’éblouissement d’un premier BITCHY MARIE PHOTOS : AUGUSTIN DETIENNE/iTÉLÉ ; DR L’ascension du mont Suquet Comment se mouvoir à Cannes ? C’est une vraie question qui se pose en ce week-end de l’Ascension, où il faut désormais compter environ vingt-cinq minutes pour parcourir deux cents mètres à pied. Un exercice pédestre qui relève déjà de l’épreuve olympique de slalom géant, esquivant là une redoutable poussette à trois roues, ici la version cannoise d’Agécanonix en équilibre instable sur sa canne, un groupe compact d’une cinquantaine de touristes chinois se tenant par la main, voire une jardinière de pensées à la terrasse d’un restaurant. Ajoutez à cela l’exaspération suscitée par les types qui vous frôlent en sifflotant sur leurs trottinettes ou autres bicyclettes. Mais pourquoi s’imposer ce chemin de croix quotidien quand il y a tant d’autres possibilités formida bles, et qui vous donneront en plus la satisfaction de rabattre le caquet de tous les agaceurs susnommés ? Mais chérie, nous cette année, on ne se meut qu’en hélico, c’est génial, il y a UberCopter à Cannes. Ah oui, ça coûte combien ? Une misère : 15 000 pour quatre. Hyper intéressant. L’autre solution à laquelle on ne pense jamais assez, c’est le yacht. Oui mais lequel ? On peut tenter quelque chose d’indigne, à la Marilyn, et mettre la main sur cet enfant de 9 ans signalé par Nice Matin qui s’est offert non pas un, mais deux yachts (à 750 000 la pièce). Moi perso, je suis très Jetovator – l’effet Fury Road sans doute –, la moto volant sur l’eau. L’idée c’est que tu pars en trombe et tu montes à 10 mètres. Il faudrait que j’affine mes atterrissages. Par Marie COLMANT baiser, d’une première blessure, d’un premier voyage épique, il me fallait des acteurs qui aient une pudeur extrême face aux événements. Si mon film porte en lui un sentiment de première fois, je pense que c’est multiplié par la jeunesse même de mes acteurs. Ce long-métrage, à fleur de peau est plus proche de Truffaut que de celui qui a toujours été votre maître : Alain Resnais. Oui, mais c’est pourtant à l’enterrement de Resnais que j’ai demandé à Mathieu Amalric s’il ne voulait pas jouer dans ce film que j’étais en train d’écrire. Pendant que j’écrivais le scénario, j’ai revu Outsiders, de Coppola : je me suis intéressé à la manière dont les jeunes fichent les adultes à la porte. Trois souvenirs était attendu en compétition. Il est finalement à la Quinzaine… On a su le mardi que le film ne serait pas en sélection officielle. Ce fut une surprise. Mais peu avant, on avait reçu une belle lettre d’Edouard Waintrop (délégué de la Quinzaine, ndlr), écrite après avoir vu le film. Cela m’a touché. Alors, on s’est tourné vers la Quinzaine et non vers Un certain regard. Il est possible que Thierry Frémaux ait envie d’une année où les films français répondent à des préoccupations liées à l’actualité récente et tragique. Mais j’ai toujours en tête la phrase de Serge Daney : « Le cinéma promet le monde, pas la société. » TROIS SOUVENIRS DE MA JEUNESSE, d’Arnaud Desplechin (Quinzaine des réalisateurs). ENTENDU « Comment se fait-il que les invités ne soient pas tous en Chopard ? C’est une honte ! » La critique UN INVITÉ, outré, à la sortie de la suite du joaillier suisse, au dernier étage du Martinez. ET AUSSI… Olivier Assayas a révélé vendredi soir son prochain projet, tourné à Paris en langue anglaise : Personal Shopper sera un film de fantômes dans le milieu de la mode. Et il aura pour actrice principale rien moins que… KRISTEN STEWART qui avait déjà partagé l’affiche du précédent Assayas : Sils Maria. GRETA GERWIG, Elle Fanning et Annette Bening : c’est la magnifique affiche d’un prochain film de Mike Mills : 2Oth Century Women, dont l’action est censée se situer à l’été 1979 et que Mills envisage comme une ode à toutes les femmes qui l’ont élevé. STÉPHANE BRIZÉ, qui est en compétition avec La Loi du marché, annonce déjà un nouveau projet : l’adaptation d’Une vie, le texte de Maupassant, avec au casting : Judith Chemla, Jalil Lespert, Jean-Pierre Darroussin et Yolande Moreau. Les ventes seront accompagnées par MK2. Harvey Weinstein, le mogul le plus puissant d’Hollywood, est prêt à prendre les paris : JAKE GYLLENHAAL est son poulain pour une prochaine nomination aux Oscars pour son rôle de boxeur dans La Rage au ventre (Southpaw), d’Antoine Fuqua, qui sortira cet été. Egalement au casting : Rachel McAdams. en anglais cannois de Irrationnal Man (L’Homme irrationnel) Par Poly GLOTTE I love Joaquin Phoenix but this is not a good reason to love the last Woody Allen movie, Irrational Man, and that would not be very rational, d’ailleurs. Phoenix plays a philo teacher with a proeminent belly (he is 41 now and not very sportif). He loves Sartre, Beauvoir and fucks with a student, the very agaçante Emma Stone. Bad idea : she does not care about existentialism and will let him fall like an old shit at the first problem (a small one : he kills a judge). Oh, and the most important : this is not a very funny Woody Allen movie… SAMEDI 16.05.2015 - 3 GR A Z I A DAI LY C A N N E S Illustration Iris HATZFELD 3 GR A Z IA DAI LY C A N N E S Trop pas La chronique de Gérard LEFORT LA GRANDE MOUETTE Certains matins à Cannes, on se sent, comment dire ? Toute mouette (« kamone », comme dirait en VO la Japonaise Naomi Kawase). C’est-à-dire rieuse et planant au gré des courants aériens, à la bonne distance, très haut dans le ciel bleu (l’azur ! l’azur !). Whoaou, trop pur. Voix off s’échappant des hauts parleurs de la télésurveillance : « You-hou chéri chou, tu vis comme tu veux mais deux points d’info : primo, tu as un peu trop tendance à confondre le sucre en poudre et la réserve de cocaïne. Deuzio : laisse tomber la mouette et cultive-nous plutôt ton devenir goéland. » Soit. D’autant que, juste après la mouette, nous est venue la vision hallucinogène d’un vrai goéland se goinfrant d’un reste de müesli bio sur la table du petit-déjeuner d’un palace de la Croisette. « Oh my god ! », hurlait une riche cliente californienne, incarnation idoine de ce sens de la mesure qu’expriment physiquement nos amis américains dès lors qu’une forte émotion (accident d’acide botulique, effondrement du Nasdaq) les étreint. Par ailleurs, l’ami goéland nous tend ses grandes ailes de la métaphore en miroir : tel Zouzou le goéland, serionsnous nous aussi prêts à tout pour dévorer les reliefs du festin cannois ? Début de réponse à la fiesta d’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs sur une plage privatisée répondant au doux nom de plage Boa-Boa (ou un truc comme ça). LUNETTES BLANCHES POUR NUITS NOIRES Quoi qu’il en soit, il y avait bien sur place un effet constricteur, tenant moins à la forte affluence à l’open bar, qu’à la découverte serre-kiki de ce qui fait office de produit dérivé pour le film de Philippe Garrel L’ombre des femmes : une paire de lunettes noires, et pourquoi pas, puisqu’il est bien connu qu’à Cannes (mais pas 3 que), les lunettes noires la nuit, ça va à tout le monde, surtout dans cette version protection UV400, ce qui, à deux heures du mat’, fait du bien. Mais le petit plus cannois, « kiss-kiss cht’adore », c’est que ces lunettes sont à monture blanche, conférant à n’importe qui (oui, même à toi, le cageot à roulettes qui ne m’a pas lâché la grappe de toute la soirée), une allure de Zaza Napoli is back in town. Trop trop. A condition cependant de penser à retirer la protection en plastique sur les verres au risque, sinon, de faire dire à un type vraiment pas cool : « On t’a vomi sur la tronche ou quoi ? » Ce qui est bien dans ce genre de fiesta accorte, c’est le lâché de vannes plutôt vulgaires (love !) qui sort de la bouche du moindre des collègues et néanmoins ami(e)s. Par exemple, celle-là qui trouve qu’Isabelle (Isabeeeeelle !) a repris du cassoulet ou cette autre, tout aussi vilaine, qui estime, pourtant fine plume d’un immense support français, que la presse écrite, tu vois, c’est, tu vois, archi-über fini, tu vois. Euh, non, même après une cinquième vodka-gin, on ne voit pas. A la sortie, deux très jeunes gens philosophaient : « A Cannes, ce qu’on voit ne nous regarde pas. » Perso, depuis l’aphorisme 347 du Gai savoir, je n’ai pas entendu quelque chose d’aussi lol. DEMANDEZ LE PROGRAMME Samedi 16 Compétition Mia Madre de Nanni Moretti (8 h 30 + 14 h 30 + 18 h. Grand Théâtre Lumière). The Sea of Trees (La Forêt des songes) de Gus Van Sant (11 h 30 + 21 h . Grand Théâtre Lumière). Hors compétition A Tale of Love and Darkness (Une Histoire d’amour et de ténèbres) de Natalie Portman (18 h 30. Salle Bunuel). Un certain regard Nahid d’Ida Panahandeh (11 h 00 + 16 h 30. Salle Debussy). Maryland d’Alice Winocour (14 h 00 + 21 h 30. Salle Debussy). Quinzaine A Perfect Day de Fernando León de Aranoa (9 h 00 + 20 h 30. JW Marriot). As mil e uma noites - Volume 2, o desolado de Miguel Gomes (11 h 45 + 17 h 30. JW Marriot). Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin (14 h 45. JW Marriot). Semaine de la critique Paulina (La Patota) de Santiago Mitre (8 h 30. Miramar). Coin Locker Girl de Han Jun-hee (8 h 30. Buñuel+ 19 h 30. Miramar). Ni le ciel, ni la terre de Clément Cogitore (11 h 30 + 17 h + 22 h. Miramar). Programme Courts 1 (14 h. Miramar). Acid De l’ombre il y a de Nathan Nicholovitch (11 h. Studio 13 + 20 h. Arcades). UP JOLIS CULS « Colin Farrell a un joli petit cul (tout neuf ?). » Impression à chaud d’une Grazia girl en émoi au photocall de The Lobster, le très attendu film grec de Yorgos Lanthimos. CHASSE AUX MÉGOTS 180 €. C’est le montant, désormais, de l’amende qui frappera au cœur et au portefeuille toute personne qui jette son mégot sur la Croisette. Et même si Catherine jette ses divines Vogue d’un air détaché ? DANS LE VENT Cannes pris dans un impressionnant déluge de tramontane. Plages impraticables, parasols en folie, accréditations qui s’envolent, festivaliers faisant de l’ULM avec leur Grazia Daily Cannes du jour. Tout ça ressemble à une superproduction hollywoodienne. On peut couper les ventilos, là ? DOWN Duel sur red carpet ZOË KRAVITZ VS LIYA KEBEDE Par Perrine SABBAT Par Olivier SÉGURET Robe, Valentino Haute Couture. 6 - SAMEDI 16.05.2015 Robe, Proenza Schouler. Le sentiment d’extraterritorialité qui se développe si vite et presque naturellement chez le festivalier ordinaire tient à la qualité de la bulle cannoise, son étanchéité, son hypnose et ses trompe-l’œil. Lorsqu’on est ici, ce qui est ailleurs paraît lointain non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps. Depuis toujours, cette sphère de cristal (Swarovski) sous laquelle Cannes se protège du monde a été associée à un sabbat frivole, un tourbillon de risible éphémère, parfois un temple du vice, voire du vide. Mais l’air du temps dépose sur ce tableau un teint neuf et étrange. Par un effet de contraste, sans doute, avec le monde tel qu’il tourne mal, s’enflamme, se dérè gle, se disrupte, Cannes apparaît chaque année davantage comme un bloc immuable, un repère solide et pérenne. Certes, le contenu de la scène cannoise reste hystérique, tapageur, écervelé et largement défiguré par un argent obscène, mais le contenant luimême, cette aura protectrice qui tient le monde à distance, frappe d’autant plus par sa solidité que ce monde, lui, ne semble cesser de s’affaiblir. The Dome Le mystère reste entier sur l’allia ge exact avec lequel est fabriquée cette cloison transparente. Doiton cette persistance de Cannes, sa pertinence avérée dans le paysage, à la qualité des films qui continuent d’y affluer ? Aux statuts très particuliers du Festival ? Au talent de ses machinistes ? Et si on ne le devait qu’à nousmêmes ? Le vrai génie du Festival, celui sans lequel il ne se serait jamais rien passé, c’est lui : le festivalier. PHOTOS : E-PRESSPHOTO.COM ; JULIEN MIGNOT Cannes Labo PHOTO : JEFF LANET/CANAL+ ET PENDANT CE TEMPS-LÀ Rédaction : 8, rue François-Ory, 92 543 Montrouge Cedex Pour nous contacter par e-mail : prénom. 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CANNES SEXY ARTY George Clooney ? Non, Vincent Cassel, venu défendre incognito (ou presque) Tale of Tales, de Matteo Garrone. Deuxième jour seulement, et déjà l’embarras du choix la nuit venue. Un show sexy de Miranda Kerr sur la plage Magnum ? Un happening arty chez L’Oréal Paris avec uniFrance ? Un dîner somptueux au Carlton donné par Swarovski et The Hollywood Reporter, où Sienna Miller, invitée d’honneur, a à peine remarqué Harvey Weinstein ? Et dire qu’il reste dix jours. Attention aux accidents en lisant votre Grazia Daily Cannes… Au nom de l’art, et pour célébrer la relève du cinéma français chez L’Oréal Paris, la chanteuse Petite Miller a fait un show olé olé (mais a quand même gardé sa culotte). Liya Kebede songe sérieusement à se reconvertir en Djette. « Mais où est mon mec ? », semble dire Charlize Theron, qui a perdu Sean Penn sur le red carpet (pourtant pas si long). Sienna Miller a faussé compagnie au jury le temps du dîner Swarovski x The Hollywood Reporter. … Meanwhile au Grand Journal Cette nuit à cannes En s’offrant une danse avec le top australien Miranda Kerr, Thomas Thouroude a fait de très nombreux jaloux. C’est certain : l’égérie Magnum en a fait fondre plus d’un hier, sur la Croisette. 1 Yael Naim et Camélia Jordana de 19 h à 21 h 30 à la Chambre Noire by Belvedere, au JW Marriot. 2 Soirée du film Maryland (avec Diane Kruger, Matthias Schoenaerts, Paul Hamy et la réalisatrice Alice Winocour) aux Marches. 3 Soirée Arte x Télérama de 22 h à 1 h sur le Bateau Arte, jetée Albert-Edouard, Port de Cannes. 4 Le meilleur accessoire de Julianne Moore ? Son sourire. Parfois, s’habiller est vraiment simple. Soirée du film Mia Madre, de Nanni Moretti (avec le sémillant John Turturro), à partir de 20 h, sur la plage Magnum. 5 Soirée du film The Sea of Trees (La Forêt des songes) (avec Naomi Watts et Matthew McConaughey) à partir de 23 h. Lieu encore tenu secret. 6 Soirée du film A Tale of Love and Darkness (Une histoire d’amour et de ténèbres), premier film réalisé par Natalie Portman. Lieu encore tenu secret. SAMEDI 16.05.2015 - 7 CHANEL.COM *J'AIME COCO LE NOUVEAU ROUGE ILOVECOCO La Ligne de CHANEL - Tél. : 0 800 255 005 (appel gratuit depuis un poste fixe).
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