Lupus, Myasthénie et nouveau-né Dr Marie-Sophie CHAVET Néonatologie et Maternité Hôpital Trousseau 2014 Lupus Erythémateux Disséminé (LED) et nouveau-né Dr Marie-Sophie CHAVET Néonatologie et Maternité Hôpital Trousseau 2014 LED et nouveau-né Généralités (1) Maladie inflammatoire du collagène ou connectivite Maladie auto-immune non spécifique d’organe Origine auto-immune : Ac anti-ADN et anti-nucléosomes (les + spécifiques) Ac anti-nucléaires solubles : •Anti-SSA 30% des cas •Anti-SSB 10% des cas Ac anti-phospholipides : 40% des cas (associés à un SAPL dans 1/3 des cas) LED et nouveau-né Généralités (2) Traitements : Hydroxychloroquine (Plaquénil®), Corticoïdes, Immunosuppresseurs Maladie fréquente chez la femme en âge de procréer Prévalence : 1 à 10/1000 LED et nouveau-né Risques maternels Poussées lupiques : fréquence (60%) en l’absence de traitement de fond Quand atteinte rénale : aggravation (15-25%) La toxémie gravidique : principale complication (surtout si HTA et/ou atteinte lupique) Pré-éclampsie fréquente (Dg # de poussée lupique) Complications thrombo-emboliques fréquentes (Ac anti-phospholipides ) LED et nouveau-né Risque fœtal et néonatal (1) Répercussions fœtales et néonatales : Etat de santé maternel → Pertes fœtales → Prématurité → RCIU Passage transplacentaire d’anticorps Anti-SSA ou Anti-SSB → Lupus néonatal = auto-immunité passive acquise Effets secondaires éventuels des traitements maternels LED et nouveau-né Risque fœtal et néonatal (2) Pertes fœtales : 8 à 40% (avortements précoces et tardifs, MFIU). Prématurité : 25 à 40% (MAP, RPM, ARCF, HTA ; souvent induite) RCIU : 5 à 10% → Fonction de : Activité du LED maternel : HTA, néphropathie → risque de pré-éclampsie Syndrome des anti-phospholipides associé (1/3 des cas) → troubles vasculaires placentaires LED et nouveau-né Lupus néonatal (1) Le lupus néonatal (LN) : Affection immunologique acquise par transmission passive d’anticorps maternels vers le fœtus Présence d’anti-SSA et/ou anti-SSB obligatoire Manifestations cliniques : Cardiaques Cutanées Hématologiques Hépatiques Le risque d’avoir une manifestation de LN : 22% LED et nouveau-né Lupus néonatal (2) Bloc Auriculo-ventriculaire (BAV) complet association aux Ac anti-SSA (Ro) et Ac anti-SSB (La) : action sur Ag cytoplasmiques du tissu de conduction 1 à 2% des Nnés de femmes anti-SSA ou anti-SSB+ ↗15% si ATCD de BAV 50% : isolé ; 10% : associé à atteinte cutanée Diagnostic in utero ; le plus souvent entre 17-30 SA : si bradycardie fœtale <100 bpm Ou devant un anasarque → ± Bethaméthasone LED et nouveau-né Lupus néonatal (3) Bloc Auriculo-ventriculaire (BAV) complet 15-20% décès : 1/3 in utéro, 1/3 Nné et 1/3 < 3 ans Pace-maker nécessaire si BAV complet Associé parfois à myocardite et à une fibroélastose endocardique Proposition d’IMG BAV incomplet In utero (plus rare) : ± traitement par Betaméthasone A la naissance : ECG systématique si présence anti-SSA ou anti-SSB LED et nouveau-né Lupus néonatal (4) Lésions cutanées 15-20% des Nnés de femmes anti-SSA ou anti-SSB + Isolées dans 40% F>G Apparition : naissance (1/4 des cas) → 3 mois Durée moyenne : 17 semaines Photosensibilité constante ; déclenchement parfois par exposition solaire Guérison spontanée le plus souvent LED et nouveau-né Lupus néonatal (5) Lésions cutanées Papules infiltrées, érythématosquameuses, atrophiques, taille variable Typiquement : en ailes de papillon au niveau du visage Tronc, cuir chevelu Guérison spontanée ± séquelles : cicatrices atrophiques, hypo-hyper-pigmentées possibles, télangiectasies LED et nouveau-né Lupus néonatal (6) LED et nouveau-né Lupus néonatal (7) Manifestations hématologiques : 25% des Nnés de mère anti-SSA + Apparition : 0-9 mois (le plus souvent : 1-2 mois) souvent infraclinique Anémie hémolytique, thrombopénie, neutropénie LED et nouveau-né Lupus néonatal (8) Atteinte hépatique : 9-25% des Nnés de mère anti-SSA + cholestase modérée dans les premières semaines de vie cytolyse modérée vers l’âge de 2 à 3 mois. Le plus souvent infraclinique, régression spontanée. LED et nouveau-né Effets médicaments maternels Hydroxychloroquine : Plaquénil® Prednisone : Faibles doses : RAS Fortes doses(>40mg/j) → insuffisance surrénale Immunosuppresseurs : Azathioprine Passage trans-placentaire ½ vie : 1 à 2 mois Passage dans le lait maternel → Toxicité rétinienne Risque infectieux : réactivation virale Aspirine et HBPM : pas de problème LED et nouveau-né CAT pendant la grossesse (1) Conditions à la grossesse : La grossesse doit être planifiée, à distance d’une poussée lupique (LED inactif depuis 1 an) Arrêt du tabac. Atteinte rénale modérée Surveillance multidisciplinaire de la grossesse Pas d’arrêt du Tt immunosuppresseur LED et nouveau-né CAT pendant la grossesse (2) Prise en charge multidisciplinaire de la grossesse : Consultation pré-conceptionnelle : Dosage Ac anti-SSA, anti-SSB, antiphospholipides en début de grossesse Examens cliniques et biologiques réguliers : 1 fois/mois, gynécologue et interniste en alternance fonction rénale, signes de toxémie, croissance et FC fœtale. Poursuite et adaptation des thérapeutiques maternelles Prednisone : 10 mg/j (ne pas hésiter à ↗ si reprise évolutive) Hydroxychloroquine : 400 mg/j Aspirine : 100 mg/j +/- HBPM (si SAPL) LED et nouveau-né CAT pendant la grossesse (3) Si Anti-SSA ou anti-SSB + → 16-30 SA : échocardiographie foetale /15 jours (si ATCD de BAV : contrôle hebdomadaire) Quand BAV incomplet ou myocardite diagnostiqué pendant la grossesse : traitement par Bétaméthasone précocement LED et nouveau-né CAT à la naissance Examen clinique : cœur, peau… ECG systématique si mère porteuse d’anti-SSA ou anti-SSB ECG : FC, PR, QTc, BAV ( en cas de FC basse pdt la grossesse, naissance à proximité d’une réanimation cardiologique pour pose pace-maker) NFS + plaquettes Prescription : écran total Surveillance : clinique, vision (2 ans) si Plaquenil Allaitement maternel possible sauf doses importantes de corticoïdes Myasthénie et Nouveau-né Dr Marie-Sophie CHAVET Néonatologie et Maternité Hôpital Trousseau 2014 Myasthénie Maladie neurologique auto-immune affectant la jonction neuromusculaire Anticorps anti-récepteurs de l’acétylcholine (85%) (ARAch) Anticorps de type anti Musk retrouvés sur la plaque motrice IgG4 dirigés contre un récepteur postsynaptique : R tyrosine kinase muscle spécifique) Présents dans 40% des myasthénies néonatales sans ARAch Incidence : 1/200 000 adultes ; 60% <40 ans Sex-ratio : 3 femmes /1 homme Myasthénie Signes cliniques : Fatigabilité musculaire fluctuante, aggravée par l’effort et diminuée au repos; prédominant sur la musculature faciale, axiale et respiratoire Traitement : plusieurs étapes Inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (Néostigmine) Thymectomie et/ou corticoïdes Immunosuppresseurs (Azathioprine, Cyclosporine..) Plasmaphérèse et Immunoglobulines IV (phases aigües) Myasthénie et Nouveau-né Risque maternel Effet de la grossesse sur la maladie variable : 1/3 femmes stable, 1/3 s’aggrave, 1/3 s’améliore Les signes cliniques (SC) et le taux d’Ac ne sont pas prédictifs de l’évolution maternelle en cours de grossesse La myasthénie maternelle n’aggrave pas le pronostic de la grossesse Plus de forceps et de césariennes Myasthénie et Nouveau-né Risque fœtal et néonatal (1) Le risque principal est la myasthénie néonatale liée aux Ac maternels transmis passivement au fœtus bloquant la transmission neuro-musculaire Atteinte précoce du fœtus in utero : rare Hydramnios : troubles de la déglutition Immobilisme fœtal : arthrogrypose, scoliose, hypoplasie pulmonaire Récurrence 100% la grossesse suivante → pronostic sévère Myasthénie et Nouveau-né Risque fœtal et néonatal (2) La myasthénie néonatale transitoire : 10 à 20 % des Nnés Peut être suspectée sur un hydramnios ou excès de LA Pas de prédiction possible : ni les Ac, ni l’intensité des SC chez la mère, ni l’absence de SC lors de la grossesse précédente Les Ac ne sont pas toujours retrouvés ni chez le Nné ni chez la mère La thymectomie maternelle ne met pas à l’abri de la forme néonatale L’ancienneté de l’atteinte maternelle pourrait être un facteur protecteur Myasthénie et Nouveau-né Risque fœtal et néonatal (3) La myasthénie néonatale transitoire : Symptômes : Troubles respiratoires : >60% (faiblesse muscles respiratoires, encombrement bronchique par troubles de déglutition) = pronostic vital Difficultés d’alimentation : 80-90% (succion faible, troubles de déglutition, fausses routes) Cri faible, ptosis, mimique pauvre Hypotonie axiale : 70% Myasthénie et Nouveau-né Risque fœtal et néonatal (3) La myasthénie néonatale transitoire : Début : 1ères heures de vie ; parfois retardé (2-3j) Intervalle libre fréquent pour les troubles de la déglutition Guérison : 3 semaines (→ 2 mois) = disparition des Ac Myasthénie et Nouveau-né Risque fœtal et néonatal (4) Si maman myasthénique connue : diagnostic facile Si maman non myasthénique connue, évoquer le diagnostic de myasthénie néonatale devant : Examen neurologique anormal isolé et dissocié : refus de boire, hypotonie axiale, Hypomimie mais bon contact Conscience normale + DR (signes de lutte discrets) Myasthénie et Nouveau-né CAT à la naissance (1) Hospitalisation du Nné en néonatologie pendant 2-3j Traitement symptomatique : Assistance respiratoire si DR Alimentation sous surveillance cardio-respiratoire Sonde gastrique si nécessaire kiné respiratoire Médicaments CI : aminosides et curares Allaitement maternel est possible (mais difficile) Myasthénie et Nouveau-né CAT à la naissance Traitement spécifique: Confirmation du diagnostic : Injection de Prostigmine® 0,25mg en IM ou SC → régression des symptômes en 10-20 min Actuellement pas toujours réalisé Traitement : Prostigmine® 0,1 à 0,25mg IM ou SC /6h Actuellement pas toujours utilisé Myasthénie et Nouveau-né Conclusion Imprévisible Peu de facteurs prédictifs Rarement à début anténatal Vigilance accrue de J0 à J3 Traitement symptomatique Evolution favorable (le plus souvent)
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