Je communique donc je suis - Haute école de gestion ARC

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Mars 2015 | Les livres par HEG Arc
Jérôme Koechlin
Leonard Euler. Mathématicien, physicien et théoricien
de la musique
Xavier HASCHER, Athanase PAPADOPOULOS (Dir)
Éditions du CNRS, 2015, 510 pages, 43.40 francs
ISBN 978-2-271-08331-9
Directeur de communication à l’Union bancaire privée (UBP SA), enseignant à l’Institut des Sciences
de la Communication, des Médias et du Journalisme de l’Université de Genève – Médi@LAB
1989. Reportages autour du monde comme journaliste pour World News Link (New York) Savant d’origine suisse ayant traversé
le 18e siècle, Leonhard Euler dont un
programme pour talents précoces en
mathématiques de l’EPFL porte le nom,
fut tout à la fois mathématicien, physicien et philosophe. L’ouvrage portant
sur son œuvre fait aussi la part belle à
d’autres de ses travaux et particulièrement à ceux portant sur la musique.
L’Afrique noire française. L’heure des indépendances
Charles-Robert AGERON, Marc MICHEL
Éditions du CNRS, 2015, coll. Biblis
790 pages, 18.60 francs
ISBN 978-2-271-08335-7
Quinze États d’Afrique subsaharienne
francophone ont accédé en l’espace de
quelques mois à la souveraineté. Quel
a été le rôle des élites et des peuples
africains dans le contexte politique,
économique et culturel mondial? Une
quarantaine d’historiens et de juristes
de divers pays apportent des réponses
à cette question.
Ce modèle social que le monde ne nous envie plus
Jean-Olivier HAIRAULT
Éditions Albin Michel, 2015, 160 pages, 17.40 francs
ISBN 978-2-226-31274-7
L’idée défendue est que la France
a fait le choix du non-emploi au nom
de l’idéologie «absurde» d’une égalité
introuvable. L’auteur montre les effets
pervers des politiques sociales: disparition progressive de secteurs industriels
entiers, refus de créer des emplois peu
qualifiés jugés «indécents», système
d’allocation qui pousse à l’inactivité…
La vraie révolution du microcrédit
Jean-Michel SERVET
Éditions Odile Jacob, 2015, 260 pages, 42 francs
ISBN 978-2-738-13246-8
Si révolution du microcrédit il y a – deux
millions de personnes y ont accès principalement en Amérique Latine et en
Asie – estime l’auteur, cela ne tient pas
au fait qu’il est adapté aux personnes
sans moyens, mais plus essentiellement parce qu’il engendre une finance
alternative, avec la monnaie et le crédit
comme biens communs.
Dominants et dominés chez les animaux.
Petite sociologie des hiérarchies animales
Alexis ROSENBAUM
Éditions Odile Jacob, 2015, 180 pages, 37.20 francs
ISBN 978-2-738-13235-2
La question de cet ouvrage tient en une
question lancinante: pourquoi y a-t-il
donc dans le monde animal des hiérarchies? L’auteur met en évidence que
les relations de dominance du monde
vivant ont parfois été mal comprises;
il dévoile les multiples dimensions
d’apprentissage et de coopération
qu’elles recèlent.
Plaidoyer pour la fraternité
Abdennour BIDAR
Éditions Albin Michel, 2015, 112 pages, 10.70 francs
ISBN 978-2-226-31621-9
Philosophe, l’auteur est responsable,
depuis la disparition d’Abdelwahab
Meddeb l’année dernière, de l’émission
«Cultures d’Islam» sur France Culture.
Dans ses récentes pages lumineuses, il
appelle à œuvrer à ce que le troisième
élément de la devise républicaine, la
Fraternité, ne soit plus un vain mot.
Libraire conseil: Payot Neuchâtel
et le Journal de Genève.
1995. Haut fonctionnaire d’État pour la Genève internationale.
2000. Entre dans le secteur privé comme spécialiste en communication (Serono, Lombard Odier, UBP, Club Suisse de la Presse).
2003. Doctorat en Sciences économiques et sociales, puis chargé de cours à l’Université de Genève.
2013. Intègre le Médi@LAB de l’Université de Genève comme chargé de cours.
Je communique donc je suis
L’
auteur de cet ouvrage nous invite à maîtriser les
enjeux et les subtilités de la communication où le
message perçu est plus important que le message
émis. Ainsi, la communication correspond pour
lui à un exercice global de comportement face aux
autres et intègre un nombre complexe de dimensions et d’enjeux: le leadership communicationnel, la gestion de
la réputation, la communication intégrée, la communication politique et économique, la communication de crise. L’ouvrage propose au lecteur les clés pour comprendre et maîtriser ces différentes dimensions, accessibles ce faisant grâce à une culture générale
et philosophique sérieuse. Interview.
maîtrise de la communication professionnelle et permet à un
acteur public d’augmenter sa capacité d’influence auprès de ses
publics-cibles. Comme le rappelle Dominique Wolton, l’objectif
de tout communicateur consiste à la fois à partager, à convaincre
et à séduire ses interlocuteurs et ses publics, souvent de manière
concomitante. Savoir que «dire, c’est faire», pour reprendre la fameuse formule de John Austin, en communication stratégique,
permet non pas d’être parfait, mais d’être plus efficace et d’avoir
plus d’impact. En communication stratégique, nous sommes toujours dans une logique conative, qui consiste à vouloir agir sur les
autres et sur ses publics.
Dans le fond, la figure du communicateur n’est-elle pas une nouvelle
figure du rhéteur?
Vous semblez mettre l’accent sur la personnalité et le vécu du communicateur plutôt que sur les techniques: celles-ci sont-elles sans
importance?
JK. Pas tout à fait. Le rhéteur, dans la tradition antique, renvoie
à l’image d’une transmission avant tout orale de l’acte de communication. Or la communication moderne est un exercice à la
fois plus complet et plus complexe, au sens où Edgar Morin l’entend, c’est-à-dire qu’elle doit permettre de relier plusieurs outils
et plusieurs acteurs entre eux dans un espace public avant tout
délibératif et discursif. De la capacité de l’acteur public à structurer son message et à le diffuser via les moyens de communication adéquats et pertinents dépend son efficacité et son influence.
Aujourd’hui, tout le monde s’exprime, mais qui écoute? Il faut
redonner du sens à la responsabilité citoyenne et à l’action rationnelle de la communication, et se rappeler que le message perçu
est toujours plus important que le message émis en ayant la capacité de se décentrer et de comprendre les besoins des électeurs et
des consommateurs. La communication reste un travail d’artisan,
où il faut remettre l’ouvrage chaque jour sur le métier. 
Jérôme Koechlin: Certes, tant le vécu que la personnalité de
tout acteur public sont importants, mais un chapitre entier de
mon livre est consacré aux techniques de communications et à
la communication intégrée. Il est primordial pour un communicateur de maîtriser l’ensemble des outils de communication que
constituent les relations publiques, les relations média, les événements, la publicité, les publications, la communication interne et
le mécénat/sponsoring. Il faut savoir définir les messages-clés et
les diffuser sur les plateformes pertinentes en utilisant les multiples outils à dispositions, qui ne cessent de se développer à l’ère
de la communication digitale. Les outils de communication digitale, de Google à Facebook en passant par Instagram et YouTube,
permettent en effet d’amplifier la stratégie de communication et
de lui donner le plus d’impact possible et de mieux référencer
l’entreprise ou l’homme politique. Pour un communicateur, rien
n’est anodin ni innocent dans l’acte de communiquer et il s’agit
du meilleur équilibre à trouver entre le fond et la forme.
Votre ouvrage fait la part belle aux pensées philosophiques:
qu’apportent-elles à la communication professionnelle?
Propos recueillis par Alain Max Guénette, IMSI, HEG Arc
La communication professionnelle
JK: Les pensées philosophiques permettent d’être plus complet Les clés pour réussir
dans sa manière de communiquer et d’appréhender les enjeux Jérôme KOECHLIN
de la communication moderne. Comprendre l’agir communi- Éditions des Presses polytechniques et universitaires
cationnel de Jürgen Habermas, les actes de parole performatifs romandes, collection Économie+Management
de John Austin, les actes de pouvoir de Michel Foucault ou le 2015, 150 pages, 35 francs
triangle du leadership de Peter Killing apportent une meilleure ISBN 978-2-889-15098-4
La société paradoxante
Il fut un temps où les changements organisationnels pouvaient être compris dans
un mouvement de balancier entre centralisation et décentralisation. Dans les
années nonante, on remarquait que cette
oscillation se grippait et les organisations,
crispées, devenaient prises en tenaille par
un double mouvement de centralisation,
au sommet, et de décentralisation, aux
périphéries. Le mouvement de balancier
ne fonctionnait plus et la contradiction
devenait la marque des organisations modernes. Tel paraît être la toile de fond de
cet ouvrage de Gaulejac et Hanique, deux
auteures critiques dans la veine dénonciatrice pour le premier, analytique pour la
seconde qui a donné dans son ouvrage «Le
sens du travail: chronique de la modernisation au guichet», une des plus fines descriptions des changements affectant le travail au cœur des procès du management et
de l’organisation du travail.
Dans leur ouvrage disponible au tout début du mois prochain, les auteures cher-
chent à rendre compte de l’évolution
depuis plusieurs décennies des effets du
contrat social global que d’aucuns ont
nommé «l’esprit de Philadelphie», avec la
notion de croissance comme finalité plutôt que comme moyen d’assurer le progrès
social. Reprenant leurs critiques antérieures, Gaulejac et Hanique mettent en évidence la façon dont ces vues ont marqué
l’imaginaire social et créé un monde qualifié d’«hypermoderne» dans lequel l’individu est «débordé de sollicitations, sommé
d’être toujours plus performant, talonné
par l’urgence, développant des comportements compulsifs visant à gorger chaque
instant d’un maximum d’intensité, il peut
aussi tomber dans un excès d’inexistence,
lorsque la société lui retire les supports
indispensables pour être un individu à
part entière.» Un monde paradoxant en
somme, schizophrène à la limite – le paradoxe fonctionnant comme une «double
contrainte» qui rend l’action difficile sinon
impossible.
L’ouvrage explore ainsi la mise en œuvre
de l’ordre paradoxal qui marque l’organisation sociale. Dans une première partie,
les auteures explorent les différents processus qui y ont conduit, savoir les révolutions numérique, financière et managériale. Puis dans une seconde partie, ils
pointent les effets et les conséquences sociales et individuelles du phénomène. Enfin, la conclusion interroge celui-ci: est-ce
une simple transition dans une société en
crise ou un nouveau modèle de société? 
Alain Max Guénette
Le capitalisme paradoxant:
Un système qui rend fou
François DE GAULEJAC,
Fabienne HANIQUE
Éditions du Seuil, 2015
260 pages, 32.60 francs
ISBN 978-2-021-18825-7