CHAPITRE G3 DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DE

CHAPITRE G3
DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DE GRANDES AIRES CONTINENTALES
CHAPITRE G3a
L’AMERIQUE : PUISSANCE DU NORD, AFFIRMATION DU SUD
I – Pourquoi les dynamiques d’intégration sur le continent américain se révèlent-elles difficiles ?
A) Comment s’effectue l’intégration du continent américain ?
1) Une intégration à l’échelle continentale peu active
2) Une intégration qui s’effectue surtout à l’échelle des sous-continents : ALENA et MERCOSUR
3) Une intégration à l’échelle régionale qui fragmente le continent au lieu de l’unir ?
B) Quelles tensions persistantes nuisent à une véritable intégration de l’ensemble du continent ?
1) Des tensions liées à la puissance des États-Unis
2) Des tensions liées aux rivalités frontalières
3) Des tensions liées aux trafics existant entre les pays
II – Quelle est la place des deux puissances continentales, États-Unis et Brésil, dans le monde ?
A) Des territoires disposant d’importants atouts naturels et humains
Par la taille de leur territoire, les EU (9,6 millions de km2 ) et le Brésil (8,5 millions de km2) sont
comparables. Ils le sont aussi par l'histoire de la conquête pionnière du territoire : population indigène
exterminée et/ou reléguée, recours à l'esclavage, colonisation progressive à partir du littoral atlantique, choix
de productions spéculatives telles que le coton ou la canne à sucre. En revanche, cette progression s'est faite à
des rythmes différents. Aux Etats-Unis, en à peine plus d'un siècle (1776-1898) le territoire a été intégralement
occupé (si l'on excepte l'Alaska qui demeure encore un espace de front pionnier). La mise en valeur du Brésil
s'est faite par cycles successifs et se poursuit encore aujourd'hui. Il résulte de cette histoire un esprit pionnier
qui est encore perceptible aujourd'hui et qui se traduit aux Etats-Unis dans les médias par la mise en place de
programmes de télé-réalité tels que Mountain men (Seuls face à l'Alaska). Ils entretiennent le mythe du
trappeur ou du colon qui par sa seule volonté a su s'adapter et valoriser les ressources naturelles. Autre
conséquence de cet héritage, la grande mobilité des populations à laquelle il faut ajouter notamment pour les
Etats-Unis une forte attractivité pour les migrants les plus diplômés du monde (Brain Drain).
Cette immensité recèle d'abondantes ressources naturelles. Les deux pays sont riches en minerais
(gisements au Nevada et en Idaho ; fer et bauxite au Brésil) mais surtout en énergies fossiles : charbon des
Rocheuses et des Appalaches aux EU, pétrole dans le Golfe du Mexique, en Alaska, ou au large du Brésil, gaz de
schiste au Texas, en Louisiane ou en Pennsylvanie.
Enfin, ces deux pays constituent des puissances agricoles de premier plan. Fondée sur un modèle
intensif et productiviste, étroitement associée à la recherche et aux innovations techniques (OGM), elle
contribue à être un facteur d'organisation des territoires. Les Grandes plaines du Midwest ainsi que celles du
sud du Brésil et du Mato Grosso sont de véritables greniers à céréales et à oléagineux. Les cultures spécialisées
se développent à proximité des centres urbains et des infrastructures d'exportation : vallée de San Joaquin en
Californie (fruits et légumes), Sudeste brésilien (orange, canne à sucre, café).
B) Des puissances économiques majeures du monde actuel
Brésil et Etats-Unis se livrent une forte concurrence dans le domaine agricole. L’État américain
subventionne largement ses agriculteurs pour qu'ils restent compétitifs sur les marchés mondiaux face à des
agriculteurs brésiliens souvent prêts à casser les prix. Le Brésil est une puissance agro-alimentaire de premier
plan. L'industrie agro-alimentaire représente ¼ du PIB du pays et 40 % des exportations ; en outre, le Brésil se
place au premier rang mondial pour la production de sucre, de café et d'oranges et au deuxième rang pour la
production de soja. Ce succès s'explique par la capacité du Brésil à s'adapter aux évolutions de la demande :
alors qu'il ne produisait pas de soja en 1970, il est aujourd'hui le 2° producteur mondial. A noter également
que le Brésil, depuis le début des années 1990, a accru sa productivité de 140 %.
Les Etats-Unis sont également un géant de la production agricole, mais si le pays est le premier
exportateur mondial de produit agricole, il est aussi le 2° importateur. Ainsi, Brésil et EU fondent une partie de
leur puissance économique sur la production agricole. Ils sont cependant l'objet de critiques pour leurs
atteintes à l'environnement. Ils ont massivement recours aux OGM et sont les premiers producteurs
mondiaux d'éthanol (production se faisant au détriment de productions vivrières).
Les deux pays sont aussi des puissances industrielles. Les firmes américaines dominent l'économie
planétaire dans l'agroalimentaire (Cargill, Kraft Foods) ,l'informatique (Microsoft, Apple, IBM), le pétrole
(Exxon Mobil). Les firmes brésiliennes peinent encore à les concurrencer, mais quelques unes parviennent à se
hisser parmi les 5 première mondiale : Vale est le 2° minéralier mondial et Petrobras est la 4° compagnie
pétrolière mondiale. Les FTN brésiliennes s'affirment cependant de plus en plus notamment en Amérique
latine : elles contrôlent par exemple 1/5 de l'économie bolivienne. Sur le plan commercial, même si le Brésil ne
se place au 'au 22° rang mondial, ses exportations sont en forte hausse. Elles ont été multipliées par 4 entre
2002 et 2012 et elles sont excédentaires (+4% en 2012). e revanche, si les Etats-Unis se placent au 2° rang
mondial pour les exportations, leur déficit est extrêmement important (-51% en 2012).
Enfin, les deux pays disposent d'un vaste marché intérieur qui stimule le secteur des services. La
supériorité des firmes américaines est écrasante dans les assurances (AIG), la grande distribution (Wal-Mart
Stores) et les divertissements (Time Warner, Walt Disney). Ces secteurs sont aujourd'hui en pleine évolution
au Brésil en raison de l'élévation générale du niveau de vie et de l'émergence d'une importante classe
moyenne (même si les inégalités et la pauvreté demeurent importantes).
Cette puissance économique s'incarne dans les métropoles des deux pays. Aux Etats-Unis, New York,
Los Angeles, San Francisco, Chicago ou Washington sont des métropoles majeures en étroite relation avec le
monde. Au cœur de celles-ci, les Central business districts (CBD) avec leurs gratte-ciel prestigieux reflètent
cette puissance économique et l'insertion dans la mondialisation. De la même manière au Brésil, Sao Paulo,
Rio de Janeiro ou Brasilia sont autant de vitrines de la puissance émergente qui a adopté les codes des
métropoles américaines.
C) Des États-Unis qui restent dominants, un Brésil qui s’affirme
Bien que les Etats-Unis et le Brésil soient deux puissances économiques majeures sur le continent
américain et à l'échelle mondiale, leur poids respectifs est à relativiser aussi bien sur le plan économique et
financier que sur le plan politique et diplomatique.
Les Etats-Unis sont la première puissance financière mondiale et détiennent des atouts majeurs : rôle
mondial du dollar, places boursières majeurs (NYSE : New York Stock Exchange, en d'autres termes la bourse
de Wall Street ; Chicago), IDE sortants (32 des 100 premières FTN sont états-uniennes). La Bovespa (bourse de
Sao Paulo) n'est qu'au 48 ° rang mondial en 2012. Cette place majeure des Etats-Unis dans l'économie
mondiale ne doit cependant pas faire oublier qu'ils sont les premiers débiteurs de la planète.
La puissance des EU s'exprime dans d'autres domaines. Ils jouent un rôle politique majeur dans le
monde (hard power) aussi bien au travers de leur influence dans des institutions internationales telles que le
FMI ou l'OMC, que de leur puissance militaire et de leur réseau d'alliance (OTAN).
Grâce à l'influence de leur soft power, les EU restent un modèle attractif. Malgré la crise le pays
continue à attirer 12 % des IDE mondiaux en 2012. La force médiatique du pays et leur maîtrise des NTIC
expliquent la diffusion de l'american way of life : en 2014, McDonald's est présent dans 118 pays.
Le Brésil est la deuxième puissance continentale et apparaît comme un contrepoids à la domination
états-unienne. Le pays mène une politique étrangère indépendante notamment en s'ouvrant à l'Iran, critique
l'impérialisme américain en dénonçant en 2010 l'implantation de bases américaines en Colombie ou en faisant
la promotion d'une intégration latino-américaine (UNASUR), ouverture à l'Afrique lusophone. Le Brésil se
positionne également comme un leader des puissances émergentes en prenant la tête de la fronde des pays
du Sud contre les pays riches au sommet de l'OMC en 2003. Ce rôle mondial a cependant des limites. Bien que
membre du G20, il souhaite obtenir une plus large audience internationale en réclamant un siège permanent
au Conseil de sécurité de l'ONU et une réforme du FMI (en cours).
Ces deux puissances économiques se heurtent à des limites. La prospérité économique de ces deux
pays ne suffit pas à lutter contre les inégalités sociales et la violence. Au Brésil, Recife et Rio figurent parmi les
métropoles les plus violentes du monde et aux EU, les villes les plus frappées par la désindustrialisation et la
pauvreté sont celles où la criminalité est la pus élevée 'Saint Louis, Detroit).
Par ailleurs, les velléités de puissance des EU et du Brésil sont critiquées. L'hyperpuissance des EtatsUnis provoque des réactions de rejet (ALBA), parfois extrêmes (Al-Qaïda). Au niveau continental, ces voisins
(Argentine, Bolivie) dénoncent le néo-impérialisme du Brésil.