Chap IV- La disparition des reliefs BO Tout relief est un système instable qui tend à disparaître aussitôt qu'il se forme. Il ne s'agit évidemment pas ici d'étudier de façon exhaustive les mécanismes de destruction des reliefs et le devenir des matériaux de démantèlement, mais simplement d'introduire l'idée d'un recyclage en replaçant, dans sa globalité, le phénomène sédimentaire dans cet ensemble. Les chaînes de montagnes anciennes ont des reliefs moins élevés que les plus récentes. On y observe à l'affleurement une plus forte proportion de matériaux transformés et/ou formés en profondeur. Les parties superficielles des reliefs tendent à disparaître. Altération et érosion contribuent à l'effacement des reliefs. Les produits de démantèlement sont transportés sous forme solide ou soluble, le plus souvent par l'eau, jusqu'en des lieux plus ou moins éloignés où ils se déposent (sédimentation). Des phénomènes tectoniques participent aussi à la disparition des reliefs. L'ensemble de ces phénomènes débute dès la naissance du relief et constitue un vaste recyclage de la croûte continentale. Objectifs et mots-clés. Il s'agit de montrer que les chaînes de montagnes sont des systèmes dynamiques et disparaissent. Comme les matériaux océaniques, la lithosphère continentale est recyclée en permanence. Les mécanismes sont cependant différents, ce qui explique que la croûte continentale puisse conserver les roches les plus anciennes de la Terre. (Collège. L'eau, agent principal d'érosion, transport, sédimentation ; sédiments, roches sédimentaires.) [Limites. Aucun exemple précis n'est imposé par le programme. La diagenèse n'est pas au programme.] Pistes. Approches quantitatives : flux sédimentaire, réajustements isostatiques, vitesse d'érosion. Convergences. Géographie : altération-climat. Comparaison des chaînes récente et ancienne montre différences d’altitude, de profondeur de la racine crustale, de proportion des roches qui affleurent : massifs altitude Racine crustale Roches I. Récent élevée Profonde (moho à 50 à 70 km) Axe de granitoïdes + roches sédimentaires Ancien faible 30 km Majorité de granitoïdes, roches métamorphiques et migmatites L’érosion Dès leur formation, les reliefs sont soumis à une intense érosion. A- Actions mécaniques : glaciers (vallées en « U », torrents – rivières – ruissellement (vallées en « V »), gel-dégel (arêtes vives en haute altitude). B- Altération chimique : a. Dissolution calcaires : reliefs karstiques sous l’action de l’eau acidifiée par le CO2 CO2 + H2O HCO3- + H+ CaCO3 + CO2 + H2O Ca2+ + 2HCO3b. Altération granites : hydrolyse plus ou moins poussée des plagioclases et des biotites ; subsistent de petits cristaux millimétriques de quartz, non altérés, et de feldspaths encore peu altérés (surtout l’orthose, plus résistante que les plagioclases), sous forme de cristaux millimétriques ou centimétriques blancs ou roses qui forment l’arène granitique. L’eau d’infiltration imprègne en permanence l’arène granitique et poursuit l'hydrolyse des feldspaths. Les éléments chimiques (Si, Al, Fe) libérés par l’hydrolyse des minéraux du granite se recombinent entre eux pour former de nouveaux minéraux, des argiles (phyllosilicates hydratés d’alumine). Les roches subissent une altération physique et chimique dont les produits sont repris par les glaciers et les eaux de ruissellement, et sont entraînés vers les bassins par les cours d’eaux sous forme de sédiments (à l’origine des roches sédimentaires). Ce déblaiement aboutit à terme à la destruction des reliefs ou pénéplanation Correction activité TP: Estimation de la vitesse d’érosion d’un massif L’érosion des Alpes conduit à la production de particules qui vont se déposer en mer : les particules sont transportées principalement par le Rhône et par le Po. Une carte donne la quantité de sédiments issus de l’érosion des Alpes, trouvés en méditerranée. Sed > 4km d’épaisseur Sed > 8km d’épaisseur hauteur de roches arrachée en 50MA : 6.98 km de la vitesse de sédimentation : 0.14mm/an certaines particules issues de l’érosion se sont déposées sur le continent(en début de collision surtout). L’épaisseur des roches supprimées est donc sous-estimée. 24 km d’épaisseur érodés en 38 Ma en réalité 6.4 km d’altitude érodée or Mont blanc fait 5 km ! Comparaison de quelques vitesses d’érosion sur la planète. Le débit de l’Amazone correspond à 35 % du débit total des fleuves du monde. Estimation des taux de dénudations des bassins versants de l’Amazone, du Brahmapoutre et du Rhône. Le Rhône draine un flux de matière en suspension (MES) de 31 Mt/an et de matière dissoute (MD) de 16,8 Mt/an. Les eaux de l’Amazone présentent des concentrations en matière dissoute et en matière en suspension de 44g.L-1 et de 186 g.L-1 respectivement. Les eaux du Brahmapoutre présentent des concentrations en matière dissoute et matière en suspension de 101g.L-1 et de 857g.L-1 respectivement. Sédiments à l’exutoire =MD+MES Masse de matière arrachée au bassin versant par an = (MD+MES) x Débit Masse volumique de la croute de 2700 kg.m-3 Volume de matière arrachée par an au bassin versant = ((MD+MES) x Débit) / ρ ) Epaisseur de matière arrachée par an (taux de dénudation) Td= ((((MD+MES) x Débit) / (ρ x Surface du bassin versant)) Pour l’Amazone le taux de dénudation de 0.1 mm.an-1, pour le Brahmapoutre 0.3 mm.an-1, et pour le Rhône 0.18 mm.an-1 Estimation du temps pour éroder les Alpes (L’altitude moyenne du massif alpin est 1700m) Considérant que les Alpes sont érodées par le Rhône à une vitesse de 0.18 mm.an-1, on érodera les 1700m en t = Altitude/Td = 1700/1.78.10-4=9.4.106 années soit environ 10Ma. Ce calcul prédit qu’en 10Ma, les Alpes ont complètement disparu. Ce calcul est évidemment faux, d’une part il ne prend pas en compte la vitesse de surrection et surtout il ne prend pas en compte le rééquilibrage isostatique. II. Des réajustements isostatiques La croûte continentale flottant sur l'asthénosphère, l'allègement de la zone pénéplanée entraîne une remontée progressive de la racine crustale, portant en surface des roches formées en profondeur, dont les minéraux enregistrent les modifications de pression et de température subies au cours de cette remontée (métamorphisme rétrograde) La baisse d’altitude engendrée par l’érosion est compensée par la remontée isostatique (explique l’altitude élevée des chaînes récentes) Correction activité TP6 : comparaison quantité érodée/ diminution de l’altitude 1. Soit une chaîne de montagnes de 4km de haut. Par érosion, du matériel de la croûte continentale est arraché, ce qui crée un déséquilibre isostatique. (voir schémas) Quelle épaisseur faudra-t-il arracher à la chaîne de montagne pour arriver au niveau 0 ? III. Des phénomènes tectoniques contribuent à l’aplanissement livre p 205 + TP6 Érosion et tectonique contribuent à l’effacement des reliefs. Sous l’effet de la pesanteur, de grands mouvements tectoniques en extension se produisent au cœur de certaines chaînes (Alpes : failles normales récentes) : failles normales qui amoindrissent les reliefs. Ex : Lyon s’éloigne de Turin à 0.5 mm/an IV. Le recyclage de la LC L’ensemble de ces phénomènes débute dès la naissance du relief et constitue un vaste recyclage de la croûte continentale. En surface, une partie des matériaux peut s’incorporer à la chaîne en formation ou retourner en domaine océanique. Dans une moindre mesure, ils peuvent être entraînés en profondeur dans le cadre de la subduction et être intégrés au manteau. Bilan schématique livre (p205)
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