Les écoles pilotes Espérance banlieues Dossier de presse 2014-2015 Table des matières I. Des écoles pilotes au cœur des quartiers sensibles franciliens et marseillais............................................ 2 1. L’école Alexandre-Dumas ........................................................................................................................ 3 a. Une école née d’une rencontre entre acteurs de terrain ............................................................. 3 b. Première année : une croissance exponentielle ! ......................................................................... 4 c. Une pédagogie ambitieuse pour les élèves du 93 ........................................................................ 5 d. L’éducation, préoccupation de chaque instant ............................................................................ 6 e. Un suivi quotidien personnel de tous les élèves .......................................................................... 9 f. Aider chaque enfant à se projeter professionnellement ............................................................. 9 2. Une seconde école pilote : l’école Ozanam à Marseille ....................................................................... 10 a. Priorité aux matières fondamentales grâce à des rythmes scolaires sur mesure ..................... 10 b. De petits effectifs et des méthodes pédagogiques performantes ............................................. 10 c. Une organisation inspirée par les méthodes d’entreprise ......................................................... 11 3. Au cœur de la cité, une intégration par l’école ..................................................................................... 12 4. Un modèle d’école plus économique .................................................................................................... 13 II. Ces écoles intéressent déjà plus d’un élu, d’où l’idée de les modéliser ................................................... 14 1. Les caractéristiques du modèle ............................................................................................................. 15 a. Les méthodes pédagogiques ....................................................................................................... 15 b. L’approche éducative................................................................................................................... 15 c. La vie scolaire ............................................................................................................................... 16 d. Les structures ............................................................................................................................... 16 2. Le financement problématique de ce modèle d’école ......................................................................... 17 3. La Fondation Espérance banlieues au service de ces écoles ................................................................ 18 4. Et à l’étranger, comment ça se passe ? ................................................................................................. 19 5. Deux écoles Espérance banlieues, et après ? ........................................................................................ 19 Contact presse .................................................................................................................................................... 20 1 I. Des écoles pilotes au cœur des quartiers sensibles franciliens et marseillais En bref Alexandre-Dumas est une école pilote implantée à Montfermeil, en SeineSaint-Denis. Ouverte en septembre 2012 pour essayer d’apporter une réponse à l’échec scolaire de masse, l’école couvre le primaire et le collège. Le Cours Frédéric-Ozanam a ouvert en septembre 2014 un primaire pour permettre aux élèves issus des quartiers les plus défavorisés d’intégrer de bons collèges marseillais. Leur statut d’écoles indépendantes leur donne la possibilité d’adapter le recrutement des professeurs comme le choix des méthodes ou des rythmes scolaires aux besoins de leurs élèves. Grâce à leur approche pédagogique innovante et à leur pertinence, ces écoles rencontrent une forte adhésion de la part des familles et des acteurs locaux. Au-delà des clivages politiques traditionnels, ces expériences éducatives intéressent les responsables politiques de droite comme de gauche qui cherchent des solutions pragmatiques pour sauver l’instruction en banlieue. 2 1. L’école Alexandre-Dumas a. Une école née d’une rencontre entre acteurs de terrain Le projet de l’école Alexandre-Dumas est né de la rencontre de professionnels de l’éducation, de la Fondation Espérance banlieues et de la commune de Montfermeil. Préoccupés par l’avenir des enfants de cette banlieue à fort taux d’échec scolaire, ces derniers ont travaillé ensemble pour mettre en place et tester un nouveau modèle d’école. Leur objectif : que Montfermeil devienne synonyme de réussite éducative, non plus d’échec scolaire de masse et de violence urbaine comme ce fut le cas avec les grandes émeutes de 2005. La réussite scolaire permettra à ces jeunes de réussir aussi leur intégration sociale et leur insertion professionnelle. Éric Mestrallet, chef d’entreprise et président de la Fondation Espérance banlieues « Confronté au management et au recrutement dans le cadre de mes activités professionnelles, j’ai acquis la conviction que l’école représente l’enjeu majeur de l’avenir de notre société. Trop de jeunes sont perdus dans le système scolaire actuel et troublés par une pédagogie et une approche éducative inadaptées à leurs besoins réels. 30 % de chaque génération sort du système scolaire sans aucune qualification reconnue ! Il faut innover et trouver des solutions car, privés d’instruction, les jeunes sont condamnés presque automatiquement à l’exclusion sociale. Cette lutte contre ce fléau commence dès les premières classes et c’est la raison pour laquelle la Fondation Espérance banlieues a décidé de s’engager aux côtés des créateurs d’écoles indépendantes en banlieue. Son objectif est de développer un modèle éducatif sur mesure à partir de l’expérience de cette école pilote en banlieue. » Albéric de Serrant, directeur d’Alexandre-Dumas « Grâce à mon expérience dans l’enseignement privé sous contrat, aux Orphelins apprentis d’Auteuil et à l’Eau vive, j’ai forgé une approche éducative propre qui m’a semblé pouvoir réussir aux jeunes de banlieue. Une pédagogie fondée sur le souci d’éveiller le jeune à la beauté de la personne humaine et à sa dignité. Ce qui passe par beaucoup d’exigence et de disponibilité. J’ai rencontré d’autres professionnels de l’éducation désirant aussi s’engager pour instruire les jeunes de banlieue dans les territoires où l’échec scolaire est aujourd’hui le plus fort. Pour réussir notre mission, nous sommes vite tombés d’accord sur le constat qu’il nous fallait la liberté de former des équipes professorales cohérentes constituées de professionnels volontaires. Il nous fallait aussi la latitude de choisir et d’adapter les méthodes aux jeunes tels qu’ils sont, loin de toute recette toute faite imposée d’en haut. La pédagogie est fille de l’observation personnelle. Quotidiennement. Sur le terrain. Et puis, et c’est fondamental, nous partageons l’objectif de mettre notre école au service des familles, avec lesquelles nous devrons avoir des relations fondées sur la confiance et le respect de la parole donnée. Ce sont elles les premières responsables de l’éducation de leur enfant, en banlieue tout autant qu’en centre-ville. C’est de cela qu’est née l’école pilote Alexandre-Dumas. » 3 Xavier Lemoine, maire de Montfermeil « Je sais ce que coûtent à l’État et aux collectivités locales les nombreux dispositifs de soutien scolaire et je sais la galère de trop de nos jeunes qui quittent le système éducatif sans aucune qualification reconnue. Je sais également, pour en avoir personnellement cruellement souffert, qu’il y a plusieurs formes d’intelligence et que toutes n’arrivent pas à s’épanouir dans le système actuel. Alors trop de talents se perdent, trop de souffrances se vivent lorsque les jeunes ne sont pas accueillis et accompagnés dans un cadre plus propice à leur épanouissement. C’est la raison pour laquelle j’ai très volontiers soutenu la création de l’école pilote Alexandre-Dumas. École bien entendu accessible financièrement à toutes les familles, elle ne pratique aucune sélection à l’entrée et surtout adapte ses méthodes pédagogiques de façon pragmatique et souple en fonction des seuls besoins constatés de l’enfant et de sa famille. Les possibilités de choix des familles de ma commune, mais également des communes limitrophes, s’en trouvent accrues notamment pour les années de collège. C’est particulièrement précieux. Il est par ailleurs certain qu’un tel choix permet aux familles de s’intéresser très concrètement à la scolarité de leurs enfants et c’est également sensible dans l’investissement qu’elles manifestent dans l’école. Cette petite école originale, qui a parfaitement fait sa place dans le paysage éducatif, stimule aussi l’ensemble des écoles des environs. Vraiment je pense que ce type d’école répond à de vrais besoins et permet à chacun de trouver ce qui lui convient. C’est gagnant pour tout le monde et cela participe au renouveau éducatif si nécessaire dans certaines communes. En conséquence et à ces conditions, il me semblerait vraiment logique que les collectivités publiques puissent les soutenir davantage d’autant que leur efficience n’est plus à démontrer. » b. Première année : une croissance exponentielle ! Ouverte en septembre 2012 avec 6 élèves, Alexandre-Dumas a connu une très forte progression en cours d’année. L’école a fait sa deuxième rentrée avec 85 élèves en septembre 2013 et sa troisième avec 108 élèves en 2014 ! Pourtant, ses locaux et ses équipements sont des plus simples : de modestes structures modulaires posées sur un parking, non loin d’un bois. Face à un tel succès, l’école double de surface. L’école accueille les enfants de Montfermeil et des communes avoisinantes, sans aucune sélection à l’entrée. Les frais de scolarité fixés sont accessibles à la grande majorité des familles. Des bourses sont mises en place pour celles qui verraient dans les 750 euros annuels un obstacle insurmontable. Seule exigence pour les élèves comme pour leurs parents : respecter le projet pédagogique de l’école. L’école est ouverte aux enfants de tous niveaux et de toutes origines. Sa population reflète fidèlement la population de Clichy-Montfermeil. L’école pousse les plus doués, souvent brimés dans les établissements de banlieue, et soutient sans relâche ceux qui ont moins de facilités pour apprendre. Dans le contexte délicat de la banlieue, les parents qui ont fait le choix audacieux d’Alexandre-Dumas ont voulu donner à leurs enfants « toutes les chances de réussir ». 4 En deux ans, l’école a su tisser de bons liens avec ses voisins, notamment avec la maison de retraite des Ormes qui a organisé des activités conjointes entre les enfants et les personnes âgées. Des débuts prometteurs qui ne demandent qu’à être consolidés. c. Une pédagogie ambitieuse pour les élèves du 93 Une pédagogie exigeante Alexandre-Dumas met l’accent sur les matières fondamentales, et tout particulièrement sur la maîtrise de la langue française. Cette école n’hésite pas à renforcer les horaires en mathématiques et français, à reprendre à la base tout ce qui n’est pas bien assimilé, à faire travailler la mémoire de ses élèves. Dictée, conjugaison, grammaire, calcul mental… tout est enseigné progressivement et rigoureusement et de manière bien structurée. Lorraine MARIE-JEANNE, institutrice « J’ai été très touchée par l’importance des rapports humains dans cette école. Avec des petits effectifs, nous avons vraiment les moyens d’aller chercher l’enfant là où il est et de créer une relation personnalisée avec lui. On prend le temps de faire ressortir le meilleur de chacun d’eux. » Une pédagogie sur mesure pour chaque enfant Si chaque enfant est unique, sa manière d’apprendre l’est tout autant. À Alexandre-Dumas, les enseignants sont partis des besoins de chaque enfant. Grâce à des effectifs réduits, ils adaptent le programme d’étude de chacun à son niveau et à ses besoins pédagogiques propres. Les professeurs font le point sur chaque élève tous les jours en début d’après-midi. Ils sont disponibles pour répondre aux questions des élèves et les aider dans leur travail toute la journée jusqu’à 19 heures. Donner l’habitude de travailler Tous les jours, il y a un devoir sur table noté de trois quarts d’heure et une heure et quart d’étude encadrée par les professeurs. Deux fois par semaine seulement des devoirs sont demandés à la maison. Lila BOULEL, mère d’un élève en primaire « Mon fils est dyspraxique. Dans son ancienne école, malgré toutes les attestations et examens que j’ai fournis à sa maîtresse, personne ne m’écoutait, et je voyais mon fils partir tous les matins à l’école en pleurant. Il était en échec scolaire malgré l’aide que je lui donnais. À l’école AlexandreDumas, le directeur et la maîtresse m’ont reçue, ils m’ont écoutée et se sont adaptés en fonction des besoins de mon fils. Il a fait d’énormes progrès en un an. Mes deux autres enfants rejoignent Alexandre-Dumas à la rentrée ; ils n’ont pas de difficultés particulières mais je tiens à ce qu’ils aient une bonne instruction. » 5 Des résultats au rendez-vous L’école fait passer un test identique en début et fin d’année sur les connaissances fondamentales pour mesurer la progression scolaire de chaque élève. Elle a noté la première année chez la plupart des élèves une nette amélioration en écriture, une endurance dans le travail scolaire, une meilleure lecture et une confiance en soi restaurée voire établie. Des preuves tangibles d’une bonne progression académique des élèves. d. L’éducation, préoccupation de chaque instant L’école a fait le choix de recruter des professeurs qui soient aussi de vrais éducateurs et qui apprécient cette partie de leur métier. Ils sont ainsi à même de comprendre les réactions des enfants et de s’en servir pour les faire progresser. Ce fut par exemple le cas l’an dernier, lorsqu’un élève de 5 e, le premier jour de classe, jeta son livre au visage de son professeur qui lui demandait de lire. Le professeur a vu l’élève seul à seul en fin de cours et ce dernier lui a avoué ne pas savoir réellement lire. Par peur d’être ridiculisé, l’élève avait réagi par la violence. Avec l’aide du professeur, l’élève a travaillé et amélioré sa lecture dans le courant de l’année. Son comportement a profondément changé. Seul un enseignant ayant de vraies compétences d’éducateur peut tourner au profit de l’élève ce type d’incident. Les professeurs sont dans l’école de 7h45 à 18h, constamment à la disposition des élèves. Tous les soirs, lors de l’« avis », le directeur parle aux jeunes et leur donne le goût de progresser dans le respect des autres. Le lien entre le corps professoral et les familles est étroit. Il est très simple de parler aux professeurs. Célia, élève à Alexandre-Dumas « Dans mon ancienne école on me disait souvent que j’étais moche, mais là avec les uniformes, plus personne ne me le dit car on est tous pareils. » L’école a son uniforme. Il est porté par les professeurs comme par les élèves qui y sont très attachés. Il fait partie intégrante du projet éducatif : il se gagne au bout d’un mois d’observation pour les nouveaux. Très simple et adapté au style de la banlieue, il contribue à la cohésion de l’école et à l’intégration des enfants qui doivent en être « dignes ». En cas de problèmes de discipline graves, il peut être retiré provisoirement à l’élève. L’année dernière, le cas s’est présenté et l’enfant, à la fin de sa punition, a dit au directeur : « Merci de vous être occupé de moi. » 6 Photo d’une classe. Les enfants portent l’uniforme. Les mesures de discipline concertées avec les parents Lorsqu’un enfant a un problème de discipline, le directeur décide avec ses parents de la punition à donner, et ce sont eux qui la signifient à leur enfant, dans le bureau du directeur, en présence de ce dernier. Les parents retrouvent ainsi leur autorité parfois perdue, et les enfants comprennent que parents et corps enseignant travaillent main dans la main pour leur éducation, et qu’il n’y aura pas moyen de les opposer les uns aux autres. Mohamed, élève à Alexandre-Dumas « J’aime bien cette école parce que, avant, dans mon autre école, je n’arrêtais pas de m’énerver, je criais sur les maîtres et maîtresses. Maintenant c’est différent, j’aide les autres et tout le monde m’aide aussi, alors qu’avant ils avaient peur de moi. » 7 L’apprentissage de la solidarité et des responsabilités Les élèves sont répartis en groupes interâges sous la responsabilité des plus grands élèves. Les membres de chaque équipe apprennent à collaborer et s’entraider au-delà des différences d’âge et d’origine. C’est notamment un moyen de prévenir les tensions interethniques au sein de l’école. C’est aussi une école de responsabilisation de chacun. En apprenant à être des contributeurs fiables au bon fonctionnement de la communauté scolaire, ils se préparent à être des citoyens utiles engagés dans la vie locale. Une équipe, formée de collégiens et d’élèves du primaire. 8 e. Un suivi quotidien personnel de tous les élèves Il existe un suivi individualisé de chaque élève. Les professeurs font le point ensemble sur chaque élève tous les jours lors de la pause de midi. C’est le « conseil d’école », qui fonctionne collégialement. Le corps professoral corrige et adapte son attitude envers les enfants en fonction de leur comportement mais également de leurs progrès académiques. C’est une pédagogie pragmatique de l’observation et de l’adaptation constante au terrain. Albéric de SERRANT, directeur d’Alexandre-Dumas « Nous avons mis en place depuis un an une classe de soutien. Il n’y a plus d’élèves décrocheurs désormais, ils rattrapent très vite leur retard. Cela aide beaucoup les professeurs à garder un niveau homogène dans leurs classes. » f. Aider chaque enfant à se projeter professionnellement Trop d’élèves de banlieue ne croient pas à leur avenir, n’osent pas s’imaginer avec un vrai métier. Quand un élève est porté par une ambition professionnelle, il travaille mieux à l’école. Alexandre-Dumas organise des témoignages de professionnels au sein de l’école et des stages en entreprise pour aider les jeunes à trouver leur voie. Le corps professoral aide les jeunes à découvrir ce qui les intéresse le plus et à construire un projet professionnel. Il les pousse à être ambitieux pour eux-mêmes, à se fixer un objectif et à se donner les moyens de réussir. Une classe de 3e professionnelle est ouverte depuis la rentrée 2014 ; les élèves, en fonction de leurs projets professionnels, peuvent être orientés tôt vers les filières adéquates. C’est une richesse. 9 2. Une seconde école pilote : l’école Ozanam à Marseille Forte de la réussite de l’école Alexandre-Dumas à Montfermeil, une seconde école pilote a ouvert ses portes à la rentrée 2014 dans les quartiers Nord de Marseille : l’école Ozanam. Portée par une équipe d’enseignants très implantés à Marseille, elle s’appuie sur le modèle d’école établi à Montfermeil. Christophe CERTAIN, directeur de l’école Ozanam « Depuis un an que j’habite avec ma famille au cœur de la Cité des Lauriers (Marseille 13e), je suis frappé par une chose : pas un parent que je rencontre n’a envie d’un avenir sombre pour son enfant. En ouvrant l’école FrédéricOzanam, nous leur proposons de s’engager avec l’école pour la réussite de leur enfant ; et c’est précisément ce qu’ils attendent. Les enfants de ces quartiers “urbains sensibles” ont comme chaque enfant un potentiel infini, et nous souhaitons, en lien avec leurs parents, leur permettre d’épanouir toute leur personne : corps, cœur, esprit. » a. Priorité aux matières fondamentales grâce à des rythmes scolaires sur mesure Les cours fondamentaux sont dispensés le matin avec notamment une dictée et du calcul mental quotidiens. Les études montrent en effet que les élèves sont plus attentifs le matin. Les après-midis sont consacrés à la lecture de contes pour donner le goût de la lecture aux élèves et développer leur vocabulaire. Ces temps sont suivis d’activités physiques ou manuelles. Tous les vendredis une randonnée est organisée avec un temps de jeu. b. De petits effectifs et des méthodes pédagogiques performantes Sur le même principe que l’école Alexandre-Dumas, l’école Ozanam a opté pour des classes de 15 élèves maximum. Cela permet de suivre chaque élève selon son rythme et d’adapter la méthode si besoin. De manière générale, l’école a choisi la méthode syllabique pour la lecture et la méthode de Singapour pour les mathématiques. Mais pour permettre à chaque enfant de réussir, l’école est capable de varier ses méthodes pédagogiques. Ainsi, des outils développés par les pédagogues Montessori ou Nuyts (verbalisation et imagination) par exemple peuvent être utilisés. L’école se distingue aussi par une forte coordination pédagogique entre les professeurs. L’école Ozanam s’intéresse à la formation de l’enfant dans toutes ses dimensions. Elle accorde notamment une grande importance au savoir-être. Rassemblement les lundis et vendredis, éveil corporel et exercices de concentration le matin, avis en fin de journée et conseil d’élèves le vendredi matin sont autant d’outils dont dispose le corps professoral. Les randonnées, les leçons de choses et les sorties métiers sont également des enseignements qui permettent aux élèves de découvrir le monde. L’école a par ailleurs un projet d’orchestre El-sistema qui doit débuter dès 2015. El-sistema (http://www.elsistema-france.org/) est une initiative originale développée dans le monde qui vise à renforcer la performance académique et l’intégration des élèves grâce à leur participation régulière à un orchestre symphonique. Ainsi, les horaires dès 2015 pourraient être prolongés jusqu’à 17h30 chaque jour pour permettre 10 heures de musique par semaine en formation orchestrale. 10 c. Une organisation inspirée par les méthodes d’entreprise L’école Ozanam recourt à des méthodes pratiquées en entreprise pour organiser la coordination et l’efficacité des méthodes de ses professeurs. Un suivi qualité systématique des cours est organisé pour les perfectionner sans cesse. Les élèves sont suivis individuellement tant sur le plan du travail scolaire que sur le savoir-être. L’objectif de l’école Ozanam est de faire accéder ses anciens élèves à des études secondaires et supérieures ambitieuses. Dans cette perspective, des accords avec les meilleurs établissements publics et sous contrat ont été passés. Xavier MERY, adjoint au maire délégué chargé de l’intégration, de la lutte contre l’exclusion et de l’hébergement d’urgence « Cest avec enthousiasme et bienveillance que nous, Ville de Marseille, nous soutenons le projet du Cours Ozanam. À l’inverse de l’idée selon laquelle les familles sont un vecteur d’inégalités et dont l’effet serait “reste ce que tu es”, pauvre ou riche, nous voulons encourager une initiative qui replace les parents dans leur légitime responsabilité. Ils sont la clé de la réussite scolaire et éducative de leurs enfants. Le rôle des intervenants du Cours Ozanam sera d’accompagner chaque famille, chaque jeune à “devenir ce qu’il est”. Notre volonté est d’aider la générosité de ceux qui s’engagent dans ce projet et de soutenir l’espoir qu’il éveille. Nous voulons offrir un avenir plus radieux aux jeunes issus des quartiers défavorisés. » 11 3. Au cœur de la cité, une intégration par l’école À Montfermeil et à Marseille, les niveaux d’échec scolaire, de déscolarisation, d’absentéisme et de décrochage scolaire sont très élevés par rapport à la moyenne nationale. Privés de véritable formation initiale et de solides habitudes de travail, les jeunes sont condamnés au chômage et à la marginalisation sociale. Trop souvent l’école est incapable de leur transmettre les connaissances fondamentales. Quand elle ne joue plus ce rôle, l’espoir des parents pour leurs enfants s’éteint peu à peu. Et le risque de communautarisme grandit. Alexandre-Dumas et Ozanam veulent briser, à leur échelle, ce cercle vicieux et faire en sorte que l’école soit de nouveau un moyen de s’en sortir pour tout enfant. Un ascenseur social, selon l’image consacrée. Un puissant moyen d’intégration dans la culture française, dans le monde socio-économique et dans la vie de la cité. Ces écoles pilotes poussent les élèves à se prendre en main et à repousser leurs limites pour devenir acteurs de leur destin. Elles leur donnent les clés de la culture française. Mme CELLIER, mère d’un élève au collège « Nous n’avons pas tous le même cerveau, l’école doit pouvoir s’adapter à chaque enfant. Sinon c’est la perte de confiance assurée pour ceux qui ne rentrent pas dans le “moule”. » 12 4. Un modèle d’école plus économique Dans nos écoles, avec un taux d’encadrement correct et des locaux aux normes mais sans prétention, Un élève scolarisé dans nos écoles coûte moins cher à la Nation qu’un élève scolarisé dans le public par exemple. Ces écoles sont résolument complémentaires des écoles ordinaires car elles permettent de rattraper des élèves décrocheurs ou au contraire doués, dont les besoins ne peuvent être pris en compte dans des classes à trop gros effectifs. N.B. : L’école Ozanam venant d’ouvrir, nous ne disposons pas encore de données chiffrées sur le coût de scolarité des élèves. Seule l’école Alexandre-Dumas est donc citée sur le graphique ci-dessus. 13 II. Ces écoles intéressent déjà plus d’un élu, d’où l’idée de les modéliser En bref Face au vif intérêt manifesté par les responsables politiques et notamment les élus locaux à la recherche de solutions pour leur propre commune, la Fondation a commencé à modéliser ses pratiques. Ce sont aujourd’hui des écoles pilotes pour l’éducation en banlieue qui pourraient intéresser le ministère dans le cadre de la refondation de l’éducation. À leur demande, des professionnels de l’éducation et de futurs enseignants ont effectué des stages de formation à Alexandre-Dumas, à la recherche de bonnes pratiques. Ces mêmes stages seront effectués à Ozanam dès cette année. Mais si ce modèle innovant d’école n’obtient pas de financements publics, son développement sera malheureusement compromis. 14 1. Les caractéristiques du modèle Alexandre-Dumas et Ozanam développent un nouveau modèle éducatif particulièrement adapté aux défis éducatifs des banlieues à taux élevé d’échec scolaire. L’originalité du modèle porte tant sur les méthodes pédagogiques que sur l’approche éducative, la vie scolaire et les structures. Il sera publié fin 2014 mais en voici déjà les caractéristiques principales : a. Les méthodes pédagogiques Elles sont basées d’abord sur le réalisme. Il s’agit de commencer là où en sont les élèves, à leur niveau réel et non à leur niveau théorique. Les professeurs s’astreignent donc à revoir avec les élèves tout ce qui n’est pas assimilé, jusqu’à ce que les notions soient bien intégrées. Ensuite, la méthode se concentre sur les connaissances fondamentales et en particulier sur la maîtrise de la langue française. Au primaire, les élèves doivent savoir lire, écrire, compter et calculer, tandis qu’au secondaire les collégiens doivent bien maîtriser la langue française, sans négliger bien sûr les matières scientifiques. Enfin, les enfants sont suivis de manière personnelle au niveau académique. Les professeurs leur apprennent à mettre au point un mode de travail personnel en phase avec leur propre fonctionnement cérébral. Ils empruntent à différentes pédagogies et approches (Montessori, La Garanderie…) pour trouver LA méthode dans laquelle l’élève se sentira bien. Les petits effectifs permettent cette personnalisation des pédagogies. b. L’approche éducative Nos écoles pilotes adoptent une approche éducative fondée sur : - un niveau de discipline élevé ; - la lutte contre le communautarisme et le développement de la fierté d’appartenance à la communauté de l’école par le biais de l’uniforme, de cérémonies, des équipes d’enfants interâges qui s’entraident ; - des liens étroits avec les parents ; - des professeurs présents toute la journée dans l’école et disponibles pour les élèves et leurs parents (présence en continu de 7h45 à 19h) ; - des professeurs compétents qui sont embauchés pour être aussi des éducateurs attentifs ; - une place importante donnée aux activités physiques (7 heures par semaine) et au contact avec la nature (2 heures de promenade en forêt chaque vendredi). 15 Soline du CREST, institutrice au Cours Ozanam en CE1/CE2 « À l’école, l’objectif principal est bien sûr d’acquérir les bases scolaires nécessaires : savoir lire, écrire, compter. Mais le Cours Ozanam n’est pas simplement un lieu où sont données un ensemble de connaissances. C’est cela qui m’a plu. Chaque élève est ici accompagné en tant que personne à part entière, dans toutes ses dimensions : intellectuelle, physique et morale. C’est une école d’excellence, qui met en place un cadre de vie structurant et joyeux. Elle donne aux enfants des repères qui leur permettent de reprendre confiance en eux, d’être fiers de leurs réussites. On ose, au Cours Ozanam, leur montrer des modèles de réussite et leur dire que “ non, l’échec n’est pas une fatalité” ! Ici, pas d’horizons rétrécis, pas de morosité, mais une grande espérance en l’avenir. Exercer son métier d’enseignante dans de telles conditions est une vraie richesse. » c. La vie scolaire Le rythme quotidien des élèves est original et constitue sans doute une des clés de la progression académique des élèves. Le matin, ils étudient les matières fondamentales, qui nécessitent le plus de concentration. Ils déjeunent ensuite avec leurs professeurs, à la même table, puis participent par équipes aux services (débarrassage des tables, vaisselle…). Les élèves réalisent ensuite un devoir sur table de trois quarts d’heure tous les jours et bénéficient d’une heure et quart d’étude encadrée avec leur professeur principal. Chaque soir se clôt sur l’« avis », bilan oral de la journée fait par le directeur devant tous les élèves pour les pousser sans cesse à réfléchir à ce qu’ils font et chercher à progresser. L’arrivée comme le départ des élèves sont utilisés pour échanger avec les parents sur l’évolution de leurs enfants. d. Les structures Parce qu’elles ont un statut d’école indépendante, Alexandre-Dumas et Ozanam ont le droit de choisir elles-mêmes leurs professeurs, leurs programmes, leur pédagogie et peuvent donc s’adapter avec souplesse et réactivité aux besoins des élèves, tels que constatés sur le terrain, sans lourdeurs administratives. 16 2. Le financement problématique de ce modèle d’école Ce type d’école, parce qu’il se veut accessible à tous et qu’il demande des frais de scolarité très bas par rapport aux coûts réels, ne peut vivre uniquement des cotisations des familles. Plus de 80 % du budget est apporté par des dons privés. Aujourd’hui, c’est la Fondation Espérance banlieues (voir ci-dessous) qui apporte l’essentiel de ce soutien à ces écoles pilotes. Demain, si des familles, des élus locaux, des professeurs veulent que s’ouvrent ailleurs d’autres écoles du même type, il faudra que des subventions publiques prennent le relais de la Fondation Espérance banlieues. 17 3. La Fondation Espérance banlieues au service de ces écoles Sa mission La Fondation Espérance banlieues, créée en 2012, a pour mission d’apporter une aide financière aux établissements d’enseignement à but non lucratif dans les « banlieues » françaises définies comme des territoires sur lesquels se développent des situations de grande précarité, de faible niveau d’éducation et d’instruction et de misère sociale. Cette aide se traduit par des versements, aux associations gestionnaires des établissements scolaires concernés, de subventions destinées à prendre en charge les coûts de création d’établissement, de fonctionnement et d’investissement. 18 4. Et à l’étranger, comment ça se passe ? Dans de plus en plus de pays, des écoles alternatives se sont développées pour répondre à la problématique de l’échec scolaire. Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, les États ont décidé de mettre en place des systèmes de financements publics permettant à tous les enfants d’accéder à ces écoles. Celles-ci sont libres de leur recrutement, du choix de leur modèle éducatif et notamment de leurs méthodes pédagogiques. Les charter schools américaines sont même gratuites. Ce système est plébiscité par les familles défavorisées : c’est d’ailleurs le Bronx qui est l’arrondissement de New York avec le plus de demandes de places en charter schools, soit plus de 24 000 demandes pour seulement 4 000 places disponibles dans les 44 charter schools qu’il compte. Seth Lewis Levin, le directeur du New Visions Charter High School for the Humanities du Bronx, avec des élèves récemment admis. La demande est telle que l’admission se fait par tirage au sort. (Source : http://www.nydailynews.com/new-york/education/bronx-charter-applications-article-1.1345063) 5. Deux écoles Espérance banlieues, et après ? En France, si copier ce modèle semble compliqué à cause de notre culture, il serait néanmoins intéressant de réfléchir à un troisième type d’école : les établissements qui le souhaitent devraient avoir davantage de libertés. Aujourd’hui, certes les écoles sous contrat ont un « caractère propre », mais elles ne sont pas libres du recrutement de leurs professeurs ni du choix des méthodes pédagogiques. Il leur est donc difficile de développer un projet d’école substantiellement différent et de bénéficier d’une cohérence pédagogique, dans la mesure où les professeurs dépendent de l’inspecteur et non du directeur. Il leur est par exemple très compliqué de mettre en place des méthodes pédagogiques performantes telles que Montessori. Face à ce constat, de nombreux parents s’orientent vers des écoles libres en voyant les difficultés que connaissent leurs enfants à l’école. Au moins pour les 40 % d’élèves en difficulté (estimation du ministère de l’Éducation nationale) il est urgent d’inventer un nouveau système d’école. L’objectif des écoles Espérance banlieues est de mettre au point un nouveau type d’école testé sur les publics des quartiers sensibles, d’en montrer l’efficacité afin que les pouvoirs publics envisagent de prendre le financement de ces écoles à leur charge. 19 Contact presse Fondation Espérance banlieues Nathalie Giusti – Presse et Communication Tél. : 01 82 83 11 87 Port. : 06 51 36 68 40 Courriel : [email protected] Le film sur l’école est disponible sur le site de la Fondation Espérance banlieues : www.esperancebanlieues.org Nous tenons à votre disposition des photos prises dans l’école ainsi que les coordonnées de « témoins » : parents, professeurs ou élèves. 20
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