Vu d`ailleurs_A Katmandou, Madhukar croit dur comme fer au vélo

s avo i r •
L’âge de faire n° 95 • mars 2015
baromètre
Avec 1,1 million d’hectares cultivés,
la France affiche désormais la troisième surface bio d’Europe, derrière
l’Espagne et l’Italie, selon le rapport
annuel de l’Agence bio. 2 000 producteurs ont ainsi rejoint les rangs
l’an dernier. La forte croissance de
l’agriculture certifiée bio se poursuit
donc… mais le chemin à parcourir est
encore long : la surface agricole cultivée en bio ne représente que 5,5 %
des surfaces totales cultivées.
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> Plus de bio
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En Guyane,
des cacaoyers centenaires
sortent de l’oubli
'est le bruit des fèves qui chauffent qui m'a rendu amoureux du travail du cacao. »
Olivier Dummett torréfie le cacao selon une méthode traditionnelle, apprise au Brésil
auprès d'Amérindiens avec qui il a vécu plusieurs années. « Ils avaient une méthode ancestrale de travail du cacao, mais presque plus de matière première, explique le cueilleurchocolatier. Ici c'est l'inverse, nous avions la ressource, mais la méthode s'était perdue. »
Ici ? En Guyane, sur les rives du fleuve Approuague.
Ces cacaoyers du bas-Approuague sont le fruit de la colonisation de la « France équinoxiale » - c’est ainsi
que la Guyane était alors appelée. Au début du XIXe siècle, l'ingénieur hydraulique suisse Guisan fut recruté
pour poldériser (1) les terres marécageuses des bords de ce fleuve. Des colons s'y installèrent et lancèrent des
plantations de cacao, café, roucou, indigo... Avec l'abolition de l'esclavage en 1848, ces exploitations furent
abandonnées. La forêt équatoriale reprit ses droits, mais ces arbres continuèrent à produire du cacao.
La ressource était laissée à l'abandon jusqu'à ce qu'Olivier Dummett, fort de son apprentissage brésilien, s'en
saisisse. Les anciennes plantations, uniquement accessibles en pirogue par le fleuve, ont été gagnées par
une végétation dense. Olivier Dummett en prend son parti et choisit de travailler en agroforesterie. Il se
contente d'éclaircir un peu la forêt entourant les cacaoyers. Il n'en a pas replanté et se contente de ce
que la nature produit d'elle-même.
Il cueille les cabosses qui arrivent à maturité de mars à juin. Il en stocke les fèves et les transforme en chocolat dans son atelier du village de Régina. Olivier Dummett produit un
chocolat certifié bio, en fonction de la demande venant des marchés artisanaux et
de boutiques de Cayenne, le chef-lieu de Guyane. Hélène Ferrarini
1 - Endiguer, drainer et mettre en valeur.
> Chaises contre milliards
La banque HSBC aurait organisé
l’évasion fiscale à une échelle planétaire pour un total de 180 milliards
d’euros, d’après les révélations du
Monde ? Le 12 février, à Bayonne, les
militants du collectif Bizi ! ont décidé
d’opérer une « saisie citoyenne » : ils
ont pénétré dans une agence HSBC et
ont saisi… huit chaises, qui « ont été
mises à la disposition d’associations
et d’ONG luttant contre l’évasion
fiscale », a indiqué l’association.
Bizi ! s’engage à restituer le mobilier
« dès qu’HSBC aura rendu à l’Etat
les 2,5 milliards d’euros qu’elle lui a
dérobé ».
> Loi sur les ondes
La loi encadrant l'exposition du
public aux ondes électromagnétiques (antennes-relais, téléphones
mobiles, tablettes...) a été adoptée
le 29 janvier. Le texte renforce
l’information des consommateurs
et interdit le Wifi dans les crèches
et les garderies… Mais pour le reste,
en particulier l’abaissement du seuil
d’exposition maximal, pas d’avancée.
Les associations militant sur le sujet
réagissent de manière mitigée, et
parlent d’une « première étape ».
> Climato-cynique démasqué
Wei-Hock Soon, astrophysicien
américain de renommée mondiale,
maintient fermement que « le
soleil provoque le changement
climatique », et non les activités
humaines… Greenpeace a découvert
que le chercheur climato-sceptique
a reçu, sans jamais en faire mention,
une enveloppe totale de 1,3 million
de dollars, versée notamment par
l'American Petroleum Institute (API)
qui regroupe les industriels du gaz
et du pétrole. Le chercheur, pourtant
habituellement grand amateur des
plateaux télé, a choisi de garder le
silence.
> Les épines
de la Saint-Valentin
Bon nombre des roses offertes à
l'occasion de la St-Valentin viennent
du Kenya, à 7 000 km de Paris. Le
pays est en effet le premier exportateur de fleurs vers l'Europe. Fortes
pollutions, intoxications sanitaires,
conditions de travail sont
dénoncées chaque année
un peu plus. L’année prochaine, au lieu de le dire
avec des fleurs,
4 dites-le avec les yeux…
vud'ailleurs
A Katmandou, Madhukar croit dur comme fer au vélo
Le vélo vous fait perdre du poids et sauve
votre argent, la voiture vous fait perdre de
l’argent et prendre du poids. » C’est le slogan
que l’on peut lire sur une grande affiche qui orne les
murs roses du petit restaurant que Madhukar, cycliste
népalais convaincu, tient dans la banlieue nord de Katmandou. Avec son groupe Eco-Friendly, Madhukar
œuvre au quotidien pour la promotion du vélo dans
cette ville où règnent poussière, pollution et pauvreté.
LE VÉLO C’EST LA SANTÉ
« Mon père avait un vélo et quand j’étais jeune,
j’avais l’habitude de me déplacer avec, raconte le
restaurateur népalais. Au bout de quelques années,
nous avons acheté une moto et je n’utilisais plus que
ça. Je suis devenu très gros et j’étais malade. Puis je
me suis remis au vélo. C’était il y a 6 ans. Depuis, j’ai
perdu 17 kg et j’ai retrouvé la santé.»
Utiliser son vélo pour aller au travail, faire des
courses, ou pour se promener permet de rester
en bonne santé et de faire des économies.
C’est le message que fait passer Madhukar
tous les jours aux clients de son restaurant et
à ses amis, qui pensent encore que « le vélo
est réservé aux pauvres ».
Mais c’est aussi, selon lui, une solution efficace pour
réduire les graves problèmes de Katmandou. « Je suis
né à Katmandou. A l’époque, la ville était un paradis ! Aujourd’hui, les gens n’utilisent plus que la moto
ou la voiture. C’est devenu très pollué et dangereux
de faire du vélo dans cette petite ville pourtant bien
adaptée à ce mode de déplacement. »
DES CYCLO-ACTIFS
Madhukar est à l’origine de la création du groupe
Eco-Friendly. « On a démarré en 2008 avec six
amis d’école, plus quelques amis qui venaient souvent dans mon restaurant et que j’ai convertis au
vélo. Aujourd’hui on est plus de 300 ! »
L’objectif premier de l’association est de procurer
des vélos aux Népalais qui, avec un salaire moyen
de 45 euros, peuvent difficilement s’en acheter.
Pour cela, le groupe a créé un fond coopératif auquel chaque membre donne une petite participation
financière de 500 roupies par mois, soit l’équivalent
de 4 euros.
Ce fonds permet aussi au groupe de participer à des
rallyes pour redorer l’image du vélo auprès des Népalais, organiser eux-mêmes des rallyes découverte,
et réaliser des actions de sensibilisation dans les
« Le vélo vous fait perdre du poids et sauve votre argent,
la voiture vous fait perdre de l’argent et prendre du
poids ». Ce slogan est affiché sur les murs du petit
restaurant de Madhukar (appuyé sur un vélo
ci-dessus).© AGNÈS THIARD
écoles. EcoFriendly souhaite aussi développer en
parallèle le cyclotourisme au Népal. D’abord pour
les locaux, mais aussi pour les cyclistes étrangers,
avec la mise en place d’un lieu d’accueil dans la
ferme de Madhukar, à l’extérieur de Katmandou, et
l’organisation de circuits dans la vallée.
Agnès Thiard