SEANCE 6 : COMMENT PASSE-T-ON DU SUJET AU CITOYEN ? Documents : Document 1 : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 Document 2 : La loi Le Chapelier Document 3 : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 Document 4 : L’hymne national Document 5 : Le combat d’Olympe de Gouges Document 6 : Les droits de l’homme et l’esclavage OBJECTIFS : Montrer le changement de statut des Français : sujet ou citoyen Montrer le rôle des institutions dans ce changement : séparation des pouvoirs, assemblée nationale, suppression des privilèges Montrer le rôle déterminant des droits de l’homme pour la France mais pour le monde Montrer que le citoyen peut agir sur la politique et créer les clivages politiques d’aujourd’hui Méthode : Mise en relation de plusieurs déclarations donc comparaison possible Faire une synthèse de ce qui apparaît Travail d’analyse des 2 Déclarations des Droits de l’Homme et du Citoyen qui permet de définir les changements institutionnels et le passage du sujet au citoyen Lecture et analyse orale de la Loi le Chapelier et le droit de propriété Connaissances : la DDHC de 1789, les droits, Loi Le Chapelier, Olympes de Gouges, La Marseillaise, droit de vote, droits imprescriptibles, code pénal, département, loi Allarde SEANCE 6 : COMMENT PASSE-T-ON DU SUJET AU CITOYEN ? I. DE NOUVEAUX PRINCIPES QUI DONNENT DE NOUVEAUX DROITS SONT ETABLIS PAR UNE DECLARATION UNIVERSELLE A. Des principes sont établis en 1789 Droits imprescriptibles Forme de la liberté : personnelle, religieuse, expression Rôle de la loi Droits sociaux et politiques de 1793 repris seulement par révolution de 1830, 1848 Garantie des droits : Etat, Nation, Loi, droit de vote Déclaration : à l’origine d’une constitution B.Qui donnent de nouveaux droits La France est découpée en 83 départements, Tous les Français relèvent des mêmes tribunaux et des mêmes peines. Tous payent aussi les mêmes impôts. Le Code pénal de 1791 II. ILS PERMETTENT DE ROMPRE AVEC L’ANCIEN REGIME ET FONT DU SUJET UN CITOYEN A. Ainsi, l’Ancien Régime inégalitaire disparaît La société repose désormais sur de nouveaux principes fixés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. En matière économique, les doctrines libérales triomphent : la loi d’Allarde du 2 mars 1791. La loi Le Chapelier du 14 juin 1791 Dans les campagnes, les propriétaires ne sont plus astreints aux pratiques communautaires.. B. L’article 17 de la Déclaration affirme le caractère «inviolable et sacré » du droit de propriété. Et permet au sujet de devenir un citoyen Le citoyen agit sur la politique par droit de vote, suffrage universel direct (révolution proprement dite) censitaire (1814/1848), universel masculin depuis 1848 donc exclusion des femmes et début de la lutte féministe Mme Murphy-Chanéac, Jeu Sérieux, devenir citoyen Révolution Française, Ressources Page 1 Enfin, la Constitution civile du clergé de juillet 1790 place l’Église sous L’autorité de l’État. En effet, les députés, voulant régler les dettes de l’État, nationalisent les biens du clergé (2 novembre 1789). III. QUI DOIT ACCEPTER DE NOUVELLES REGLES A. Le citoyen s’implique Les citoyens ont remplacé les sujets du roi. En ville, ce sont surtout des petits patrons d’ateliers et de boutiques et leurs compagnons. Ils forment la masse des « sans-culottes », ainsi nommés parce qu’ils ne portent pas la culotte coupée aux genoux mais le pantalon. Le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération, qui réunit autour de Louis XVI des délégations des Gardes nationales de tout le pays et une foule nombreuse, semble marquer la naissance de cette communauté civique. Des clubs apparaissent : Le club des Cordeliers, B. Mais il doit accepter des limites à son pouvoir et des règles de vie communes La loi s’impose Droit au divorce, tutoiement… La place accordée aux femmes. Le contrôle des initiatives populaires : Mme Murphy-Chanéac, Jeu Sérieux, devenir citoyen Révolution Française, Ressources Page 2 I. DE NOUVEAUX PRINCIPES QUI DONNENT DE NOUVEAUX DROITS SONT ETABLIS PAR UNE DECLARATION UNIVERSELLE A. Des principes sont établis en 1789 L’Assemblée constituante élabore une déclaration des « principes simples et incontestables » qui doivent servir de fondement à la réorganisation politique et sociale du pays. Dès juillet, un tel texte apparaît indispensable en réponse aux cahiers de doléances et pour donner une base légitime à l’action des députés et à la Révolution. L’exemple des Etats-Unis est dans toutes les têtes. Une trentaine de projets sont élaborés. La discussion débouche finalement le 26 août 1789 sur le vote de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, un texte jugé à l’époque inachevé, mais qui restera tel quel. La loi est désormais la même pour tous et partout. La déclaration reconnaît que tous les hommes ont droit à la liberté (physique, d’opinion et d’expression), à la propriété, à la sûreté (sécurité), le droit aussi de résister à l’oppression. Le texte proclame l’égalité en droits de tous les citoyens et n’admet que les distinctions sociales fondées sur les vertus, les talents, l’utilité commune. De la reconnaissance de ces droits découle un nouvel ordre politique: La nation est souveraine et « nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ». Ceux qui gouvernent ne sont que ses « représentants ». Une constitution doit assurer aux citoyens le respect de leurs droits, notamment en établissant la séparation des pouvoirs. Au règne de l’arbitraire doit succéder celui de la loi, expression de la volonté générale. Droits imprescriptibles Forme de la liberté : personnelle, religieuse, expression Rôle de la loi Droits sociaux et politiques de 1793 repris seulement par révolution de 1830, 1848 Garantie des droits : Etat, Nation, Loi, droit de vote Déclaration : à l’origine d’une constitution B. Qui donnent de nouveaux droits Un cadre administratif unique remplace les multiples divisions territoriales de l’Ancien Régime : en 1790, la France est découpée en 83 départements, eux-mêmes divisés en districts, cantons et communes. Dans chacune de ces circonscriptions, les citoyens actifs élisent les conseils qui dirigent l’administration. C’est aussi dans ces cadres qu’est rendue la justice. En vertu de la Constitution de 1791, tous les Français relèvent des mêmes tribunaux et des mêmes peines. Tous payent aussi les mêmes impôts : la contribution foncière sur les terres et les immeubles; la contribution mobilière, calculée notamment sur la valeur de location de l’habitation; et la patente, perçue sur le commerce et l’industrie. Ces impôts sont appelés à durer jusqu’à nos jours. Le Code pénal de 1791 garantit le respect des libertés de la personne en cas d’arrestation et de détention: comparution dans les 24 heures après l’arrestation, jugement public, assistance d’un avocat. Au nom de la liberté d’opinion, protestants et juifs deviennent des citoyens comme les autres. La liberté d’expression autorise le Mme Murphy-Chanéac, Jeu Sérieux, devenir citoyen Révolution Française, Ressources Page 3 développement des associations, des réunions politiques et de la presse, bien que la Déclaration d’août 1789 et les lois qui suivent prévoient de punir les abus. II. ILS PERMETTENT DE ROMPRE AVEC L’ANCIEN REGIME ET FONT DU SUJET UN CITOYEN A. Ainsi, l’Ancien Régime inégalitaire disparaît La société repose désormais sur de nouveaux principes fixés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (26 août 1789): les droits naturels* (liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression), l’égalité devant la loi. La Déclaration répond ainsi aux abus de l’arbitraire* royal que dénonçaient les Lumières. Elle satisfait les révolutionnaires et rallie aussi les conservateurs dans la mesure où à chaque article, le texte fait référence à la Loi. Ces derniers y voient une digue qui fixe les limites de l’autonomie individuelle. En matière économique, les doctrines libérales triomphent : la loi d’Allarde du 2 mars 1791 supprime les corporations, associations qui réglementaient l’exercice de la plupart des métiers sous l’Ancien Régime; désormais tout le monde peut créer une entreprise. La loi Le Chapelier du 14 juin 1791 interdit aux patrons de s’entendre pour fixer le prix de leurs produits et défend aux ouvriers de s’associer pour faire grève. La liberté de commerce est établie, les douanes intérieures sont supprimées. Dans les campagnes, les propriétaires ne sont plus astreints aux pratiques communautaires. Cependant, afin de ne pas mécontenter les petits paysans, on maintient le droit de « vaine pâture » qui permet de conduire les bêtes sur toutes les terres après les récoltes. L’article 17 de la Déclaration affirme le caractère «inviolable et sacré » du droit de propriété. Elle s’inscrit dans une vision libérale de l’économie. B. Et permet au sujet de devenir un citoyen Le citoyen agit sur la politique par droit de vote, suffrage universel direct (révolution proprement dite) censitaire (1814/1848), universel masculin depuis 1848 donc exclusion des femmes et début de la lutte féministe Enfin, la Constitution civile du clergé de juillet 1790 place l’Église sous L’autorité de l’État. En effet, les députés, voulant régler les dettes de l’État, nationalisent les biens du clergé (2 novembre 1789). Des billets, appelés assignats, remboursables en propriétés d’Église sont émis. La Constitution civile du clergé prévoit que les évêques et les curés seront élus et devront prêter serment à la Constitution et qu’en échange ils seront salariés par l’État. III. QUI DOIT ACCEPTER DE NOUVELLES REGLES A. Le citoyen s’implique Les citoyens ont remplacé les sujets du roi. Les plus militants ne se contentent pas d’exercer leur droit de vote et de s’engager dans la Garde nationale quand ils sont citoyens actifs. Ils fréquentent les assemblées, participent aux insurrections. En ville, ce sont surtout des petits patrons d’ateliers et de boutiques et leurs compagnons. Ils forment la masse des « sans-culottes* », ainsi nommés parce qu’ils ne portent pas la culotte coupée aux genoux mais le pantalon, Ils sont aux premiers rangs des fêtes organisées « pour entretenir la fraternité entre les citoyens et les attacher à la Mme Murphy-Chanéac, Jeu Sérieux, devenir citoyen Révolution Française, Ressources Page 4 Constitution ». Le 14juillet 1790, la fête de la Fédération, qui réunit autour de Louis XVI des délégations des Gardes nationales de tout le pays et une foule nombreuse, semble marquer la naissance de cette communauté civique. Ces deux années, 1790 et 1791, ont en effet vu naître des mouvements populaires autonomes. La Contre-Révolution populaire se cherche. La Révolution des sans-culottes a fait ses premiers pas. Le club des Cordeliers, qui a d’abord regroupé pêle-mêle des sensibilités très disparates mais acquises à des inventions politiques inédites, s’est fait le porte-parole des exclus de la politique “officielle”: citoyens passifs, pauvres et femmes. La minorité des Jacobins, avec Robespierre, a compris qu’il fallait tenir compte de la détermination populaire après la fusillade du Champ-de-Mars, ce qui est à mettre au compte de l’intelligence politique de ce groupe qui va incarner l’espoir révolutionnaire. A l’inverse, les hommes de l’Assemblée au pouvoir à ce moment-là, Barnave, Lameth, La Fayette, n’ont pas compris que tous leurs soutiens s’effondraient, à gauche comme à droite. B. Mais il doit accepter des limites à son pouvoir et des règles de vie communes Doc. 5. Un calendrier révolutionnaire Gravure de 1796. Paris, musée Carnavalet. L’an I débute le 22 septembre 1792, jour de la proclamation de la République. L’adoption du nouveau calendrier est bien sûr une mesure très fortement symbolique : il s’agit de considérer la naissance de la République comme un événement fondateur, qui incite à repenser le temps. La loi s’impose Droit au divorce, tutoiement… L’exemple de ces difficultés peut être donné par la place accordée aux femmes. La Révolution n’arrive pas à trouver un juste équilibre entre la reconnaissance de leur participation et le contrôle de leurs initiatives. Après avoir refusé plusieurs fois de laisser partir des manifestations à Versailles, les autorités parisiennes suivent, tant bien que mal, les femmes qui s’engagent le 5 octobre 1789 dans une démarche de revendications économiques et politiques. Le tour violent pris dans la nuit par la manifestation et le retour à Paris avec la famille royale, escortée notamment par des femmes armées et des manifestants portant des têtes de gardes du corps sur des piques, provoquent par la suite un refus des interventions féminines. Les demandes ultérieures de reconnaissance d’un quelconque rôle politique sont rejetées, et craintes. Les femmes les plus militantes sont logiquement conduites à adopter des positions de plus en plus marquées et à rallier les factions extrêmes. Le contrôle des initiatives populaires : Dans le même temps, les femmes révolutionnaires sont exclues définitivement de la scène politique, et les meneurs les plus attachés aux utopies communautaires et égalitaires comme Roux ou Leclerc (dernier défenseur des revendications des femmes révolutionnaires) sont emprisonnés, laissant le champ libre aux proches d’Hébert. Les luttes intestines font rage. A partir de septembre 1793, les conventionnels reprennent progressivement le pouvoir, en renforçant la Mme Murphy-Chanéac, Jeu Sérieux, devenir citoyen Révolution Française, Ressources Page 5 centralité gouvernementale autour de la Convention et des comités de gouvernement (comité de Salut public, comité de Sûreté générale...). La proclamation du “gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix” relève de cette logique qui marginalise peu à peu les institutions rivales et les soumet au contrôle de l’Assemblée. L’année 1793 reste cependant marquée par la faiblesse de l’État devant les multiples menaces et l’obligation de l’alliance avec la seule force armée capable de protéger la Révolution, celle des sans-culottes. Le déchaînement des violences qui s’est produit dans de nombreuses régions, dont l’Ouest, est lié à ces surenchères. Mme Murphy-Chanéac, Jeu Sérieux, devenir citoyen Révolution Française, Ressources Page 6 SEANCE 7 : COMMENT SE FAIT L’APPRENTISSAGE DES LIBERTES POLITIQUES ? Documents : Document 1 : Le rôle des sociétés populaires, JP MARAT. L’Ami du peuple n°389 4 mars 1791. Document 2 : «À quoi devons-nous la liberté? Aux émeutes populaires. » JP MARAT, l’Ami du Peuple, 10 novembre 1789. Document 3 : La loi des suspects , Document 4 : La Une de l’Ami du peuple, Document 5 : les électeurs de 1790 à 1800 = le gouvernement des propriétaires , OBJECTIFS : Montrer comment le citoyen devient un acteur politique Montrer les contradictions entre principes et réalité : exemple la liberté d’expression Montrer le rôle des sociétés populaire, clubs, partis politiques Montrer que les libertés politiques sont acquises mais fragiles et demande une implication du citoyen Méthodes : Comparer et déduire Analyse de documents Réalisation d’un plan détaillé Travail de groupe Connaissances : suffrage universel, suffrage censitaire, parti politique, club, société populaire, loi des suspects, presse, censure, les Montagnards, les Jacobins, La Plaine, Girondins I. LE CITOYEN DEVIENT UN ACTEUR POLITIQUE GRACE A LA NAISSANCE DE PARTIS POLITIQUES ET DE GROUPES DE PRESSION A. La presse exprime les aspirations de l’opinion publique Le peuple devient un acteur politique de premier plan avec lequel les dirigeants doivent compter. L’année 1789 a en effet ouvert une période de liberté qui permet au peuple des villes de participer à la vie politique. L’opinion publique* s’informe mais est aussi relayée par la presse. Les journaux, qui ne sont souvent que des feuillets, se multiplient. C’est aussi l’âge d’or de la caricature. Il exprime ses idées par la presse qui prend son essor même si elle existait avant : Père Duchesne, Ami du Peuple, Camille Desmoulins. B. Une vie politique se met en place grâce à la naissance de clubs puis de partis politiques Il agit par l’intermédiaire des clubs : Feuillants, Jacobins, Cordeliers À Paris, les galeries et les jardins du Palais-Royal ne désemplissent pas; c’est là que Camille Desmoulins appelle le peuple à s’armer le 12juillet 1789. Les clubs et les sociétés populaires se multiplient. Le plus important est le club des Jacobins, véritable annexe de l’Assemblée, où se retrouvent de nombreux députés patriotes et l’élite de la bourgeoisie révolutionnaire. Il entretient avec ses filiales provinciales (près de 3 000 à l’été 1792) une abondante correspondance. Le club des Cordeliers, que fréquentent Danton, Marat et Desmoulins, est plus populaire. À partir du printemps 1792, dans les grandes villes, les assemblées de sections, qui regroupent à l’origine les citoyens actifs, ne se contentent plus de se réunir pour l’élection des électeurs du second degré; elles deviennent permanentes. On y commente les derniers événements, on discute des projets de l’Assemblée, on prépare des pétitions. Dès la fin de l’Ancien Régime, des sociétés de pensée s’étaient créées. À partir de 1789, elles se multiplient et prennent le nom de clubs. Ils ne sont pas Mme Murphy-Chanéac, Jeu Sérieux, devenir citoyen Révolution Française, Ressources Page 7 réservés aux seuls députés, beaucoup d’autres membres y sont admis contre le paiement d’un droit d’entrée. On y discute à l’avance les questions qui vont être débattues à l’Assemblée. Ainsi le peuple peut assister et participer au débat. Les principaux clubs s’organisent en groupes politiques comme celui des jacobins* qui compte déjà 1200 membres en juillet 1790 et essaime en province des sociétés affiliées. Le recrutement du club des Cordeliers, où siègent Marat et Danton•, est plus populaire. Il participe au débat politique par la création de parti politiques et la mise en place de la droite et de la gauche : Constitutionnels (législative) ; Girondins (convention) à DROITE Girondins (législative) ; Montagnards (Convention) à GAUCHE Indépendants, Plaine au CENTRE II. GRACE A LA LIBERTE D’EXPRESSION MEME AVEC SES LIMITES, IL PARTICIPE A L’ELABORATION DE PROJETS POLITIQUES. A. La multiplicité des opinions peut être limitée Garantie par les D de HC Les journaux représentent toutes les opinions : aristocrate comme Les Actes des apôtres, démocrate comme Le Patriote français, populaires et appelant sans cesse à la mobilisation comme l’Ami du peuple et le Père Duchesne. En 1790, on dénombre 335 titres à Paris et plus de 400 en province. Leur format est réduit, leur pagination modeste, leur rythme de parution irrégulier. Mais leur audience est d’autant plus grande qu’on les lit en commun, à haute voix, dans les lieux de réunion. Mais avec des limites pour éviter les débordements : censure. Muselée avec la loi des suspects qui interdit toute opposition. L’expression populaire est limitée par la censure dont on use judicieusement selon les périodes B. Le citoyen ne peut pas toujours agir sur le gouvernement Les femmes et 3 millions de citoyens dits « passifs », le petit peuple des campagnes et des villes, les domestiques et les vagabonds, n’ont pas le droit d’élire les représentants de la nation. Ce droit est réservé à une minorité de citoyens dits « actifs » : un peu plus de 4 millions d’hommes, âgés de vingtcinq ans au moins et payant un impôt égal ou supérieur à la valeur de trois journées de travail. Ils élisent des « électeurs du second degré » parmi les citoyens qui acquittent un impôt au moins égal à la valeur de dix journées de travail. Ce sont ces électeurs, moins de 50 000 personnes, qui élisent à leur tour les députés à l’Assemblée législative, choisis parmi les citoyens propriétaires qui paient l’équivalent de cinquante journées de travail. Ainsi le suffrage est masculin, censitaire — il dépend de la richesse — et indirect. L’égalité politique n’est pas réalisée. La montée vers les extrêmes et la diversité des clivages Ces épisodes contribuent à changer la figure politique du pays. Les sensibilités contre-révolutionnaires se sont manifestées librement jusqu’en août 1792 ; elles sont entrées ensuite dans une opposition souterraine, par exemple autour du breton La Rouérie. Ceci a favorisé des explosions de violence sporadiques en août 1792, avant les résistances plus importantes de mars 1793 en réaction à la levée des 300 000 hommes. Cette situation va se Mme Murphy-Chanéac, Jeu Sérieux, devenir citoyen Révolution Française, Ressources Page 8 prolonger jusqu’en 1804, au moins. Les patriotes modérés gardent le pouvoir dans les administrations départementales, et font le gros dos devant l’arrivée au pouvoir des Jacobins, Girondins puis Montagnards à Paris, comme devant la montée irrésistible des courants populaires, qui s’affirment dans de nombreuses villes. La décantation des mouvements révolutionnaires se poursuit et les clivages s’approfondissent. Les sans-culottes deviennent une force autonome, avec des meneurs nationaux et des militants locaux qui réclament l’exercice de droits politiques. Les personnalités, comme Danton, qui avaient pu canaliser à leur profit les revendications collectives se retrouvent isolées entre hommes d’État (ceux qui sont d’abord attachés à la représentation nationale dans les assemblées) et hommes d’appareil (ceux qui sont plus sensibles aux attentes, même contradictoires, des groupes sociaux peu représentés dans les assemblées) ; elles ne réussissent à se maintenir que par leur habileté à proposer des mots d’ordre acceptables par les deux groupes. Les rivalités personnelles sont grandes dans tous les camps. Marat, par exemple, jouit d’un prestige important, mais demeure solitaire dans son écriture journalistique, tandis que certains s affichent à la tête de courants populaires Hébert, Roux, Varlet ou Leclerc. Ce dernier est proche des femmes “révolutionnaires”, comme Lacombe ou Léon, qui sont en train de chasser de la scène parisienne leurs rivales plus “modérées”, comme Keralio-Robert, Méricourt ou Gouges. L’été 1793 s’ouvre sur de multiples guerres, à tous les niveaux, dans tous les espaces, sans que nul ne puisse en prévoir les issues. Mme Murphy-Chanéac, Jeu Sérieux, devenir citoyen Révolution Française, Ressources Page 9
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