Mise en page 1 - Matin Equatorial

Découverte d’un important stock d’armes de guerre au Nord de Libreville
Celle-ci a été l’oeuvre de la marine nationale et des élements de la gendarmerie nationale.
Nous y reviendrons.
MAtin
La psychose !
N°65 du 22 Avril 2015
500F CFA
EquAtoriAl
Journal d’information et d’analyses. [email protected] / [email protected]. Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10
Arrivée au Gabon de la dépouille de Mba Obame :
L
e pouvoir incarné par le ministre de l’Intérieur,
Guy Bertrand Mapangou en première ligne et
son opposition sous le couvert de l’Union nationale et les leaders du Front uni, ont-ils décidé de faire
monter d’un cran le climat politique et social dans le
pays dans l’attente du rapatriement au Gabon de la
dépouille d’André Mba Obame ?
La question mérite bien d’être posée, tout en sachant
que ni l’Avenue de Cointet, ni l’ancienne Sobraga n’y
apportera une réponse positive dans le contexte actuel, les deux blocs se rejetant la responsabilité de l’escalade.
Les services de renseignements, pratiquement en
alerte permanente et très actifs depuis la dernière
présidentielle ne se sont pas montrés sous leur meilleur jour en sous-estimant les possibles débordements des éléments incontrôlés suite à l’annonce de
la disparition d’André Mba Obame au Cameroun. Cet
incident a permis de prendre conscience de l’ampleur de la dangerosité de la situation, et de circonscrire les manœuvres démoniaques du fantôme
d’André Mba Obame dont l’ombre maléfique plane
sur Libreville et une partie de la République depuis le
12 Avril dernier.
Illustration de cette psychose parfois intempestive, les
contrôles à n’en plus finir, des barricades et souricières tendues par des policiers gendarmes et autres
éléments des forces de défense et de sécurité, armés
jusqu’aux dents, qui quadrillent Libreville depuis
quelques jours, alors que du côté de l’opposition, la
volonté de faire des obsèques de leur leader une démonstration de force et de popularité ne faiblit nullement.
C’est du reste le contraire qui aurait surpris. Pousser
le pouvoir à la faute étant la stratégie mise en place
depuis des lustres par le Front uni de l’opposition.
Dans ce climat de tension, Dieu seul sait comment les
choses vont se terminer et surtout dans quel contexte
seront organisées les prochaines consultations électorales, principalement la présidentielle.
Et pendant qu’on y est, et si on parlait un peu de l’héritage politique, économique et social d’André Mba
Obame dans la province du Woleu-Ntem au regard de
sa longévité aux affaires aux côtés d’Omar Bongo Ondimba ? Dans quel état laisse-t-il Meudoune sa terre
natale. ?
Sans faire le procès de l’illustre disparu, qui n’a plus
l’opportunité de se défendre ou de se justifier, ceux de
AMO
Stratège politique
ou fin calculateur ?
L
a disparition d’André Mba Obame marque incontestablement les esprits et laisse peu de Gabonais indifférents, tant par la personnalité de
ce hiérarque du système Bongo, devenu, depuis 2009,
le principal opposant au pourvoir, que son positionnement politique. Il est un fait, c’est que Mba Obame
est apparu- alors qu’il n’était pas l’homme attendu, et
en quelques semaines, depuis son appel de Barcelone- comme le messie tant attendu par les populations du Grand Nord. Cette étiquette, qui avait été
collée, deux décennies plus tôt à Paul Mba Abessole,
a surpris Amo lui-même, porté, en 2009, par une campagne électorale qui l’a fait grandir comme un avatar,
un feu-follet.
L’homme s’était ainsi vu soulevé dans son ambition,
qu’il dut se plier à des exigences sociales et éthiques
auxquelles il ne s’était pas nécessairement préparé, à
l’exemple de ce pardon qu’il adressa publiquement
aux populations, au cours d’un meeting au quartier
Cocotiers de Libreville. Il était conscient, certainement, du fait que son exercice, en qualité de roitelet
au sein du système Bongo n’avait pas été sans blessures autour de lui, y compris et, peut-être, principalement dans son Medouneu natal.
12 mars en différé à Makokou
La colère des femmes du PDG
L
a commémoration du 47ème anniversaire du
Parti démocratique gabonais (PDG) dans
l’Ogooué-Ivindo, notamment à Makokou,
pourrait s’accompagner d’un mouvement d’humeur. Il se dit que les femmes de l’UFPDG, mécontentes du détournement de l’argent laissé lors de la
tournée présidentielle, envisageraient de boycotter
l’événement. En effet, dans un document de quatre
pages, les responsables de l’Union des femmes du
Parti démocratique gabonais (UFPDG) de cette province menacent de boycotter les activités inhérentes à l’organisation de cette fête à Makokou. Les
son temps aujourd’hui tapis dans les rangs de la majorité ou ayant traversé pour se refaire une virginité
devraient se poser la même question et y réfléchir un
peu.n
raisons invoquées sont le détournement des fonds
destinés aux femmes, laissés par le chef de l’Etat lors
de sa récente visite dans la province. Des noms de
hautes personnalités responsables à divers niveaux,
au sein du parti ou d’autres institutions de la République, sont cités. Ce qui provoque l’ire des femmes,
qui entendent leur démonter leur détermination à
ne plus se laisser faire. Dans la foulée, la communauté Kwélé, qui se considère comme exclue du
partage des postes politiques et administratifs dans
la province, entend également faire parler d’elle lors
de ces manifestations politiques.n
Suite en pg.3
Visite d’Ali Bongo dans la Ngounié
Beaucoup de satisfactions
et quelques regrets
A
li Bongo Ondimba, qui effectuait une visite mardi 14 avril dans les départements de la Douya-Onoye, Ndolou et Tsamba-Magotsi, dans la province
de la Ngounié , a jugé satisfaisant l’état d’avancement des travaux exécutés
sur l’axe routier Mouila-Ndendé, les plantations d’Olam Palm et de l’école d’étatmajor de Mandilou. Mais les populations nourrissent bien des regrets. Plus de
deux ans après sa dernière visite du genre dans la province de la Ngounié, Ali
Bongo s’est à nouveau rendu dans cette province du sud du Gabon pour se rendre compte de la qualité et de l’avancement des grands chantiers en exécution,
notamment le tronçon routier Mouila-Ndendé d’un linéaire de 75 km, les plantations d’Olam palm Mouila et de l’école d’état-major de Mandilou. Lire en pg.4
2 Politique
MAtin
EquAtoriAl
L’éditorial de Paul Nzogh Bam
L
a dépouille de l’ancienne présidente du
Sénat, décédée le 10
avril à Paris, revient au pays
ce mercredi, deux mois
après son remplacement à la
tête de l’institution par Lucie
Milébou- Aubusson, épouse
Mboussou, de quatorze ans
sa cadette. Si l’on a entendu
aussi
peu de critiques
concernant la manière dont
Rose-Francine Rogombé a
conduit la mission de président de la République par intérim, qui fut la sienne au
lendemain de la soudaine
disparition d’Omar Bongo en
2009, c’est en raison de trois
traits de caractère qui,
s’étaient harmonieusement
combinés pour faire d’elle
une personnage singulier de
la vie politique gabonaise.
D’abord elle était d’ une
grande piété, valeur fondatrice de son éducation ,
qu’elle conservera toute sa
vie durant, et qui la conduira
, à un âge avancé, à entreprendre des études de théologie, qui seront couronnées
au bout de trois ans par un
diplôme universitaire ; en second lieu, elle avait un caractère bien trempé, auquel sa
carrière de haut magistrat
n’était sans doute pas totalement étranger. Elle appelait
un chat un chat, un langage
peu usité dans le monde politique ; enfin, au-delà de sa
gent dans la bouche. De sa
lointaine enfance, elle avait
même gardé le souvenir des
privations qu’elle avait
connues, et qui lui avaient
laissé un goût irrépressible
pour une gestion parcimonieuse et le sens de l’économie, attitude qui la faisait
passer aux yeux de certains
pour une personne rapiate.
Ce n’était pas le cas.
On ne peut pas évoquer l’illustre disparue sans faire un
retour dans sa bonne ville de
Lambarené, où elle vit le jour
le 20 septembre 1942, et où
elle s’apprête à aller rejoindre son époux et sa mère, qui
l’y ont devancée. Présider
une haute institution comme
le Sénat faisait automatiquement d’elle la doyenne politique non seulement de la
ville du Grand Blanc, mais de
toute la province. Ce ne fut
pas le cas. Rose-Francine Rogombé, flamboyante sous les
ors des palais de la République, ne fut jamais totalement à l’aise dans les
combinaisons politiques de
sa ville natale, encore moins
dans les équations compliquées du Moyen-Ogooué. A
Lambarené, bien qu’héritière
politique de Georges Rawiri,
elle a été tout au long de son
mandat à la tête du Sénat, en
butte à une contestation ouverte à l’intérieur de son
propre camp, le Parti démo-
Une femme intelligente
et courageuse
réserve apparente, qui
n’était qu’un masque, elle
cultivait une simplicité de
bon aloi, qui l’amenait à se
mettre spontanément au niveau de ses interlocuteurs,
fussent-ils de la plus modeste extraction.
Armée d’un tel bagage, la native de Lambarené était
parée pour relever n’importe quel déf . Elle parvint
donc à assurer, du 10 juin au
16 octobre 2009, date de la
prestation de serment d’Ali
Bongo, une transition sans
anicroche ,
évitant les
chausse-trappes,
veillant
scrupuleusement à ne pas
s’écarter de la constitution,
et ayant par-dessus tout à
l’esprit la nécessité de maintenir le Gabon en paix. En
cela, elle bénéficia constamment du soutien de la présidente
de
la
Cour
constitutionnelle, Marie –
Madeleine Mborantsuo, dont
le rôle lors de cet intermède
périlleux n’a pas été suffisamment souligné.
Rose Francine Etomba, à l’inverse de son époux, Jacques,
ingénieur des Eaux-et-forêts
disparu lui aussi il y a
quelques mois, n’était pas
née avec une cuiller en ar-
cratique gabonais. Ceci
l’exaspérait par moments, au
point de lui donner l’envie de
tout laisser tomber .Mais
bien vite, le sens du devoir
reprenait le dessus. Et l’amenait à se raviser.
Le point culminant de ce djihad dont elle fut sans cesse
l’objet, fut l’établissement de
la liste du Parti démocratique
gabonais, candidate aux élections municipales de 2014.
Tout président du Sénat
qu’elle était, son nom n’obtint
que la troisième place. Ceci
aurait dû sans doute lui mettre la puce à l’oreille, mais elle
faisait partie des gens qui
crient dur à leur étoile,
même lorsque celle-ci vient à
pâlir. Rose –Francine, malgré
une santé fragilisée par la disparition d’un mari avec lequel elle avait passé plus de
45 ans, se sentait encore
d’attaque. Elle souhaitait
faire un dernier mandat. Le
sort en a décidé autrement.
Au moment où la nation s’apprête à lui rendre un dernier
hommage, gardons d’elle
l’image d’une femme intelligente et courageuse, qui a
joué un rôle crucial à un moment-charnière de la vie de
la nation. n
N° 65 du mercredi 22 Avril 2015
PIP :
Un an après, quel bilan ?
Instituée sous les feux de la colère des syndicats et des fonctionnaires de
toutes les administrations, la Prime d’Incitation à la performance souffle
normalement sa première bougie ce mois d’avril. Le gouvernement s’exprimera-t-il sur cette question, ou la commission concernée pour dire aux Gabonais, combien a été décaissé, qui sont aujourd’hui les bénéficiaires de
cette prime, a-t-elle un avenir au-delà de juillet 2015 ?
S
F.D
i depuis 2009 l’action du
gouvernement a eu une
tonalité fortement infrastructurelle, l’année 2014 a
marqué un ajustement de cap,
vers plus d’humain et de social.
On a vu naître la PIP et le Pacte
social, entre autres. Mais le
projet PIP, comme celui du
Pacte social, font presque l’objet de sabotage systématique
entre clans aux intérêts complexes à la tête de hautes administrations.
Une coordination toujours
sujette à débats…
Le pilotage de la PIP est resté
un mystère, un an après. Entre
le secrétariat général du gouvernement, le ministère du
Budget, le ministère de la Fonction publique et accessoirement
le
Ministère
de
l’Economie, sans oublier la
Commission interministérielle
chargée de l’instituer, l’on a vu
tout au long de l’année dernière- et cela semble recommencer cette année- des
«attaques » par lettres interposés, des réunions qui ont
tourné court…Un projet présidentiel parti d’une ambition
noble de renforcer la justice sociale en étendant le bénéficie
de cette manne de 100 milliards de Francs CFA à tous les
commis de l’Etat ( de 9000 à
86.000 agents publics, main
d’œuvre non permanente comprise) s’enlise au fil du temps. Il
en résulte aujourd’hui une méfiance entre la commission PIP
et le Ministère du Budget, les
uns et les autres donnant des
chiffres différents d’une même
réalité administrative. Mieux, le
travail de Commission serait
traité même à ce jour de pur
produit d’Excel !!!
On constate une absence de
coordination et un manque de
transparence dans l’allocation
des montants PIP accordés aux
hauts fonctionnaires, qui pourtant perçoivent déjà de fortes
indemnités pour les fonctions
qu’ils occupent, alors que dans
les mêmes temps, la grande
majorité des fonctionnaires
tournent autour de 200.000
FCFA en moyenne. Comment
dans un tel contexte parler de
« transparence », de « méritocratie » ?
Faire évoluer les mentalités
Ona Ondo attend-il un autre soulèvement des fonctionnaires
pour payer la fameuse PIP du premier trimestre ?
dans les services publics
Cependant l’un des avantages
apportés par la PIP est de commencer, petit à petit à faire
comprendre que l’agent qui
vient au travail ne doit pas gagner comme celui qui y vient
quand il veut, entre les grèves
intempestives et ses bricoles
personnelles. C’est aussi le fait
d’avoir imposé le fait qu’un supérieur hiérarchique peut gagner moins que certains de ses
agents quand son rendement
est sanctionné par ceux qui
sont au- dessus de lui. C’est
ainsi que dans les couloirs des
ministères SG, DG et directeurs
se sont vu aux troisième et quatrième trimestre 2014 amputer
de 30 à 50% de leurs émoluments pour avoir eu des notes
de 20 à 30/40. La PIP n’est pas
un sursalaire, encore moins
une indemnité fixe. Elle est censée fluctuer d’un trimestre à
l’autre selon l’évaluation
(notes) de l’agent. Le seul
bémol est que, sans formation
et sans objectivité, les évaluations dans les lycées et services
publics sont portées vers deux
extrêmes : il y a d’une part les
responsables qui estiment
avoir une sorte de droit de vie
et de mort sur leurs collègues,
parce que nommés censeurs ou
proviseurs. Ils s’appuient sur
l’évaluation pour « régler les
comptes » à certains de leurs
collègues en les notant durement. L’autre extrême est la catégorie des
responsables
administratifs ou chefs qui au
lieu de faire le jeu normal
d’évaluer leurs subornés objectivement, accordent à tous la
note de 40/40. Ici, c’est plus
l’appât du gain que la mesure
du rendement de l’agent qui
prime.
Un système à fiabiliser :
effectif, contrôle…
Le plafond budgétaire de 100
milliards fixé l’année dernière
aurait largement été dépassé
(20 ou 30 milliards de plus),
avec en prime un feuilleton judiciaire sur les détournements
de fonds réels ou supposés. Encore faut-il épingler ceux qui se
sont vraiment enrichis quand
les milliards sortaient du trésor
sans véritable traçabilité…Si
aujourd’hui il existe une plateforme de gestion informatisée
de la PIP, le risque de détournement n’est pas totalement
exclu.
Et tout se joue dans les effectifs
des grands ministères comme
l’éducation nationale, les affaires sociales, la santé ou les
TP, où la forte présence de la
main d’œuvre non permanente
défraie la chronique. Mieux, le
système actuel est purement
déclaratif : il suffit de cocher
sur les fiches d’évaluation que
l’on est directeur, chargé
d’études… et l’on se verra appliquer les plafonds de part fixe
et variable de PIP correspondants. Quid de la main d’œuvre
non permanente où des responsables et politiciens pourraient trouver une source
commode d’entretien de leur
électorat local ?
Si l’impact socioéconomique de
la PIP est indiscutable -25 milliards de FCFA injectés chaque
trimestre dans les poches des
fonctionnaires pour renforcer
leur pouvoir d’achat et impacter sur la consommation des
biens et services et donc sur
l’économie et le commerce- la
PIP reste une réforme encore
aux bases étroites (sans cadre
juridique) et peu fiables (système de contrôle des listes).n
Politique 3
MAtin
EquAtoriAl
AMO :
Stratège politique
ou fin calculateur ?
La disparition d’André Mba Obame marque incontestablement les esprits et laisse peu de Gabonais indifférents, tant par la personnalité de ce hiérarque du
système Bongo, devenu, depuis 2009, le principal opposant au pourvoir, que son positionnement politique.
Pierre Ndoumou
I
l est un fait, c’est que Mba
Obame est apparu- alors
qu’il n’était pas l’homme attendu, et en quelques semaines, depuis son appel de
Barcelone- comme le messie
tant attendu par les populations du Grand Nord. Cette étiquette, qui avait été collée,
deux décennies plus tôt à Paul
Mba Abessole, a surpris Amo
lui-même, porté, en 2009, par
une campagne électorale qui
l’a fait grandir comme un avatar, un feu-follet.
L’homme s’était ainsi vu soulevé dans son ambition, qu’il
dut se plier à des exigences sociales et éthiques auxquelles il
ne s’était pas nécessairement
préparé, à l’exemple de ce pardon qu’il adressa publiquement aux populations, au
cours d’un meeting au quartier Cocotiers de Libreville. Il
était conscient, certainement,
du fait que son exercice, en
qualité de roitelet au sein du
système Bongo n’avait pas été
sans blessures autour de lui, y
compris et, peut-être, principalement dans son Medouneu
natal.
Egos
En effet, plutôt qu’une bénédiction, la présence d’André
Mba Obame auprès d’Omar
Bongo avait soulevé des égos
au sein de sa famille la plus
proche. Tout Medouneu en a
souffert, au point, disent cer-
tains, que rien ne pouvait être
entrepris sans la bénédiction
de ce dernier. Le même phénomène, on le reprocha au défunt Georges Rawiri à
Lambaréné et à bien d’autres
piliers du système PDG. S’ils
furent l’incarnation du pouvoir dans leur fief, cette position n’en a pas moins constitué
un frein au développement de
ces localités.
L’observateur constate ainsi
que, malgré tous les mandats
électifs engrangés dans le
Haut-Komo, le département
est resté l’expression de luimême. La meilleure illustration en étant la route, qui
demeure en latérite, alors
qu’elle est la voie la plus brève
pour rejoindre le Woleu-Ntem
au départ de Libreville. Mais
peut-on penser que Mba
Obame ait jamais posé le problème ? Lui-même s’y rendait
bien souvent en hélicoptère.
On peut comprendre qu’à
l’époque, rien ne se faisait sans
la bénédiction du président
Bongo. Il est bien vrai que certains ministres ont profité de
leur passage à certains postes,
pour transformer leurs localités. Mais tous n’ont pas eu
cette possibilité. Au moins,
André Mba Obame a déployé
une action d’une plus grande
envergure, ayant marqué son
passage à l’Education nationale, par la construction
d’écoles et lycées, comme au
ministère de l’Intérieur, par la
modernisation des Forces de
Police nationale.
Peut-être une approche du
André Mba Obame, alors redoutable ministre de l’intérieur sous Omar Bongo Ondimba.
L’opposition et la société civile s’en souviennent toujours.
pouvoir que tranchait avec
cette appropriation des fiefs
que beaucoup assimilèrent à
une forme d’esclavage imposée aux populations. Il était
plus concevable qu’un ministre des Travaux publics s’occupe de la route sur toute
l’étendue du territoire nationale, et qu’il en soit de même
pour un ministre de la Santé
en ce qui concerne la
construction des hôpitaux. En
définitive, la conception du
pouvoir paralysait les élites de
l’époque, personne n’osant
rien faire au risque de faire
ombrage au « Grand Camarade ».
On a pourtant vu l’actuel Premier ministre Daniel Ona
Ondo, construire un grand
nombre d’écoles dans son
Canton Nyè, avec la bénédiction du défunt président de la
République. Ceci peut démontrer que les idées de développement du pays dépendaient
des individus. Le président
Bongo n’était pas non plus
fermé à quiconque de son entourage se portait volontaire
pour faire la promotion de sa
politique dans son giron. Ce
d’autant plus qu’on l’a senti
souffrir du rejet que certaines
circonscriptions politiques
manifestaient à son encontre.
N’avait-il pas coutume de dire
: « Faites-moi de la bonne politique, je vous faire de la
bonne économie ? »
Pardon
On ne peut donc pas dédouaner un seul des hiérarques de
son système que lui-même
qualifiera de « roitelets », c’està-dire, de personnes qui ont
érigé leurs petits royaumes et
qui ont asservi la population,
plutôt que de la libérer et
l’épanouir. Raison-même pour
laquelle le président Omar
Bongo, en guise d’épitaphe, finira par s’écrier : « Dieu ne
nous a pas donné le droit de
faire du Gabon ce que nous en
avons fait. Le moment venu, il
nous demandera des comptes».
Et Dieu sait que de nombreux
projets de développement furent ainsi détournés, qui auraient pu profiter au pays.
Fut-ce le cas d’André Mba
Obame ? Sa demande de pardon peut en dire long et
prouve qu’il n’était rien moins
qu’un homme et un homme
de son époque.
L’apport d’Amo est à trouver
ailleurs que dans le bilan de
cette histoire. André n’a pas
laissé un héritage, fut-il politique. Il a, au contraire, lui, hérité d’un combat politique. Il
s’est levé, à son heure, pour
mener de front la lutte pour la
fin des Bongo au pouvoir. Il est
vrai que lui-même se réclamait de l’héritage Bongo, mais
il n’en portait pas le nom. On a
même vu un Ondimba aller lui
contester l’hégémonie dans le
Haut-Komo. Alors Amo n’allait
pas être un Bongo au pouvoir.
Cette position émane de la lassitude ressentie par la population, qui dut supporter
d’accompagner Omar Bongo
lui-même jusqu’au bout, à défaut de le faire partir par la
voie des urnes. Tout le monde
sait que l’élection présidentielle de 2005, qui le vit plébiscité à près de 80% des
suffrages fut cet énorme compromis. Cela explique aussi le
fait que, dès l’annonce de sa
mort, on assista à de nombreux départs du cercle du
pouvoir.
Un fait certain donc, c’est que
beaucoup voulaient tourner la
page. Dans son magistère, le
président Ali Bongo lui-même
s’est employé à devoir marquer la différence entre son
défunt père et lui. Au point
qu’il déclarera, début 2011,
dans l’hebdomadaire Jeune
Afrique : « Beaucoup n’ont pas
compris que le Gabon a changé
». Autrement dit : Ali n’est pas
Omar.
C’est à ce niveau que les personnalités des deux « frères »
brouillent les pistes. Si Ali
Bongo tient à se présenter
comme l’homme de la rupture
d’avec le passé, Amo aurait-il
été l’homme de la continuité?n
N° 65 du mercredi 22 Avril 2015
4 Politique
MAtin
EquAtoriAl
Chronique politique
« Rumocrologie »
ambiante
D
epuis les annonces
de la disparition de
Rose Francine Rogombé et d’André Mba
Obame, deux dignitaires du
régime Omar Bongo dont le
dernier-cité est passé dans
l’opposition radicale, alors
que le premier aura droit
aux honneurs de la République, il ne passe plus un
jour à Libreville sans qu’on
n’annonce la chute d’un
autre «baobab».
Tandis que les Gabonais
s’interrogeaient encore sur
les causes du décès de Rose
Francine Rogombé, alors
qu’elle venait juste de passer le flambeau à Lucie Milebou Aubusson, et de celui
d’André Mba Obame, une
rumeur, simple au départ, a
pris de l’ampleur jusqu’à se
répandre telle une traînée
de poudre macabre dans le
pays.
Si la disparition de l’ancienne présidente de la République par intérim et
présidente sortante du
Sénat ne pose jusque-là, du
moins officiellement, aucun
problème, il n’en demeure
pas moins que dans les
chaumières, elle fait débat
et les supputations vont
bon train. Sur les raisons de
son départ de Libreville, la
chute accidentelle dont elle
aurait été victime juste
avant son retour, et qui lui
aurait causé la fracture de
deux côtes, l’obligeant à
une hospitalisation jusqu’à
son décès.
Officiellement, aucune annonce n’établit les circonstances de ce décès, au point
que malgré le silence de cathédrale qui prévaut dans
les milieux dont elle est
issue, chacun y va de son
petit latin, et tout cela est
récupéré par les politiques,
devenus depuis peu de véritables
charognards
prompts à se jeter sur n’importe quel cadavre.
André Mba Obame qui venait de rendre l’âme au Cameroun voisin, et dont le
décès est surexploité par
les mêmes charognards de
tout poil et de tout acabit,
au point qu’ils donnent le
sentiment de vouloir embraser le pays, était un ancien pilier du régime Omar
Bongo et un ami de longue
date d’Ali Bongo, l’actuel
chef de l’Etat. Et dans ce
pays, n’est pas ami d’Ali qui
le veut. Au sens réel même
du terme.
Comme dans un temple initiatique, Ali et André sont
pratiquement issus du
même moule. Ils ont été
élevés par le pouvoir et
taillés moralement dans du
fer. Ils se connaissaient
bien, trop bien même, et
ont vraisemblablement des
secrets et des confidences
que ni l’un ni l’autre n’ont
jamais étalés ou n’étaleront
jamais sur la place publique.
Même au plus fort de la
campagne de 2009, Ali a
toujours clamé, à propos
d’André:« lui, il est parti,
moi je suis resté ». André
s’est toujours contenté des
« je dis tout ? », sans plus. Et
quand il poussait le bouchon, c’était pour dire à ses
ouailles qui s’attendaient à
mieux, « Vous ne connaissez
pas Ali, moi je le connais! ».
Depuis 2009, André, par
ambition politique et divergence sur la gestion de
l’héritage politique commun, a traversé. Après
avoir croisé le fer avec son
frère Ali dans le cadre de la
présidentielle anticipée, il
est devenu le principal opposant au régime d’Ali
Bongo. Mais, il n’a pu aller
jusqu’au bout de son combat. Rongé par la maladie, il
avait déserté le « ring » depuis quatre ans. Et tout le
monde le savait au chapitre
de la mort.
Ce qui n’empêche pas que
depuis le 12 avril, date de
son décès, le pays dont
l’unité nationale ne tient
qu’à un fil, avec le spectre
du tribalisme, du repli identitaire et de la xénophobie à
fleur de peau, vibre sous
des rumeurs les plus
consternantes et les plus
folles, au point que nous
sommes tentés de parler de
« Rumocrologie».
Un barbarisme pouvant désigner tout ce qui se colporte dans le pays à propos
de ces deux décès officiels,
mais aussi de ceux d’autres
dignitaires dont le passage
de vie à trépas est annoncé.
Avant que les supposés défunts n’apparaissent, à
l’écran ou lors d’agapes,
pour confondre les auteurs
de telles nouvelles et rassurer les Gabonais qu’ils sont
bien vivants.
Ce ne sont ni Guy Nzouba
Ndama alias « Florent Manaudou », ni Alice Lamou,
Jean François Ntoutoume
Emane, voire Saulnérond
Mapangou, tous donnés
pours morts par la rumeur,
qui nous démentiront. À ce
rythme, ce sont tous les dignitaires qui passeront à la
trappe sans qu’on ne sache
exactement l’objectif visé
par les auteurs et propagateurs de ce nouveau modèle de déstabilisation
politique.n
N° 65 du mercredi 22 Avril 2015
Visite d’Ali Bongo dans la Ngounié
Beaucoup de satisfactions
et quelques regrets
Ali Bongo Ondimba, qui effectuait une visite mardi 14 avril dans les départements
de la Douya-Onoye, Ndolou et Tsamba-Magotsi, dans la province de la Ngounié , a
jugé satisfaisant l’état d’avancement des travaux exécutés sur l’axe routier MouilaNdendé, les plantations d’Olam Palm et de l’école d’état-major de Mandilou. Mais
les populations nourrissent bien des regrets.
P
Mo’Mabike
lus de deux ans après sa
dernière visite du genre
dans la province de la
Ngounié, Ali Bongo s’est à nouveau rendu dans cette province
du sud du Gabon pour se rendre
compte de la qualité et de l’avancement des grands chantiers en
exécution, notamment le tronçon
routier Mouila-Ndendé d’un linéaire de 75 km, les plantations
d’Olam palm Mouila et de l’école
d’état-major de Mandilou.
«Les chantiers qui sont en œuvre
depuis un certain nombre d’années sont en train d’avancer», a
déclaré Ali Bongo au terme de sa
visite des sites, après avoir reçu
les explications générales du
président directeur général
(PDG) de l’entreprise adjudicataire des marchés de la route
Mouila-Ndendé et de l’école
d’état-major de Mandilou, Guido
Sentulo, mais aussi du directeur
des travaux, Mirco Radicchi.
Le linéaire Mouila-Ndendé sur la
Nationale 1 est en train d’être bitumé, et 18 km ont d’ores et déjà
été bouclés, et cinq ponts sont en
cours de finition.
Le retard pris dans l’exécution de
ces travaux routiers est dû à certains «réglages» entre l’Etat et la
société adjudicataire, a-t-on appris sur place auprès des premiers responsables du Groupe
Sentulo Séricom.
Après avoir touché du doigt la situation du chantier routier, le numéro 1 gabonais, décidé à bâtir
l’émergence du Gabon sur des
fondements solides, parmi lesquels l’agroalimentaire, a par la
suite visité les trois plantations
d’Olam Palm Mouila, à savoir les
sites de Moutassou, Mandji et
Doubou. Ali Bongo Ondimba a pu
apprécier l’ambiance agricole
qui y règne. Sur ce projet de
16.000 hectares, Olam Palm emploie 2000 agents des deux
sexes.
L’ampleur de la poussée des palmiers plantés il y a à peine trois
ans est encourageante. Ces
jeunes palmiers portent déjà des
régimes mûrs. Ali Bongo Ondimba a apprécié ce qui se fait
sur le terrain à Olam et attend de
voir l’étape suivante de la production d’huile de palme et d’autres dérivés.
Sur ce site, le président gabonais
a coupé le ruban symbolique du
dispensaire, bien équipé.
«Que les Gabonais soient eux-mêmes producteurs des produits alimentaires de
manière pérenne, et mieux on réduira
l’importation des denrées», a souhaité
Ali Bongo.
L’école d’état-major de Mandilou est
l’étape qui a bouclé cette série de visites
sur site. Réalisée à 80% à ce jour, cette
école de formation dont il reste à mettre en place quelques ouvrages complémentaires tels que le champ de tir,
devrait être livrée en 2016.
C’est sur cette note de satisfaction que
s’est achevée la visite d’Ali Bongo dans
la province de la Ngounié
Quelques regrets nourris
par les populations
Ayant pris d’assaut les différents sites
visités par le président de la République, les populations de la Ngounié
n’ont pas manqué de fulminer entre
elles.
En effet, si le retard accusé dans l’exécution des travaux du tronçon routier
Mouila-Ndendé, dont la livraison était
initialement prévue pour ce mois d’avril
2015, a été élucidé par l’entreprise adjudicataire du marché, quelques regrets
ont émaillé les pensées des populations
de la Ngounié, en tête desquels se
trouve le barrage hydroélectrique des
chutes de l’impératrice Eugénie, dans le
département de Tsamba-magotsi.
Annoncée fin 2013, la production dudit
barrage hydroélectrique (84 MW) se
fait toujours attendre et, pendant ce
temps, le déficit d’électricité continue
de peser bien lourd sur l’économie locale et sur la vie quotidienne des populations du cru. Le délestage qui a frappé
la capitale de cette province, quelques
heures après le départ d’Ali Bongo, faisant foi.
On se rappelle qu’Ali Bongo, excédé par
ces retards de livraison avait exigé à
l’époque en Conseil des ministres que
tout soit mis en œuvre pour achever ces
projets dans les meilleurs délais, d’autant que les financements étaient acquis, notamment auprès de la Banque
africaine de développement, pour 57,5
millions d’euros.
Mais jusqu’ici, cet ouvrage qui va développer une puissance installée de 54
méga-watts, n’a pas vu le jour.n
Forte mobilisation à Tsamba-Magotsi
D
e l’aéroport de Mouila à l’école d’étatmajor de Mandilou, en passant par
les plantations Olam Palm, les populations sont venues nombreuses des départements de la Dola, de la Douya-Onoye, de
Ndolou et de Tsamba-Magotsi pour accueillir Ali Bongo. Mêmes les fantomatiques Guy
Bertrand Mapangou, Jean Norbert Diramba et Hilaire Machima qui étaient aux
abonnés absents sont sortis de leurs tanières pour faire bonne figure.
La palme d’or revenant au département de
Tsamba-magotsi. En effet, Yolande Nyonda,
E
en sa qualité de haut cadre de la province,
mais aussi de conseiller départemental de
Tsamba-magotsi s’est fortement investie
pour la réussite du passage du président
dans son département comme en témoignent les moyens roulants et financiers dégagés pour le transport des populations à
la plantation de Doubou. Le bain de foule
sans pareil pris par Ali Bongo a cette étape
est une parfaite illustration de la mobilisation faite par la tête de liste PDG lors des
dernières élections locales dans ce département..n
Les femmes à l’honneur
n regagnant la ville de Mouila l’aprèsmidi, Ali Bongo Ondimba a accordé un
entretien aux femmes au palais présidentiel. Au cours de cet échange, le président du Sénat, Lucie Milebou- Aubusson, a
apprécié la place de choix que le chef de
l’Etat réserve à la femme gabonaise, estimant que les femmes de la Ngounié sont satisfaites du choix porté sur une femme à la
tête du Sénat.
Aussi, ont-elles demandé que le potentiel des
femmes rurales soit libéré afin qu’elles accèdent à un minimum vital à partir de la
terre, encourageant ainsi le président gabonais sur son ambitieux projet GRAINE initié
il y a quelques mois.
«Nous sommes toutes derrière Ali Bongo
Ondimba et sommes toujours prêtes à le
soutenir dans ses actions pour le pays…», a
déclaré Lucie Milebou-Aubusson, avant de
condamner avec la dernière énergie, toutes
attitudes insurrectionnelles et négatives des
compatriotes, prompts à semer la confusion
et à mettre en danger la cohésion sociale
du pays.
Peu après avoir reçu un présent des mains
des femmes de la Ngounié, Ali Bongo Ondimba a demandé aux femmes d’être unies,
de savoir poser les problèmes, mais également de savoir compter sur lui ainsi que sur
la Première Dame, Sylvia Bongo Ondimba.
Car, a-t-il conclu, «il faut que nous prenions
le temps pour faire les choses, pour éviter
qu’elles soient vite et mal faites».n
MAtin
EquAtoriAl
Politique 5
En images, la visite d’Ali Bongo Ondimba dans la Ngounié
N° 65 du mercredi 22 Avril 2015
6 Société
MAtin
EquAtoriAl
Femmes et politique
Mesdames, soyez plus visibles !
A moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle, les formations politiques de la majorité et de l’opposition
fourbissent fiévreusement leurs armes et élaborent des stratégies, notamment en matière de choix des candidats et des
principales personnes ressources des états-majors de campagne. Si le rôle des hommes n’est plus à démontrer, de nombreux observateurs émettent des réserves sur la capacité des femmes au Gabon à occuper des positions de premier plan.
I
N’Dende A’Ndzik
l y a une évidence que l’on ne
peut nier, celle de nombreux
clichés sur le genre féminin qui,
dans nos sociétés, ont entraîné la
fermeture de la sphère politique
aux femmes. Le prétexte étant que
leur tendance naturelle à être
émotives, à davantage apprécier
les relations de proximité et la famille les rendait inaptes à participer à l'exercice du pouvoir. Jour
après jour, des milliers de personnes de sexe féminin se battent,
partout dans le monde, à faire
mentir ces images figées et rétrogrades. Ainsi, au cours du Forum
des femmes élues locales
d'Afrique, en 2011, Malika El
Rhannoussi, ancienne institutrice
marocaine, entrée tardivement en
politique, faisait cette déclaration
: « Je n’appartiens plus à la cuisine,
j’appartiens à l’espace public ».
Plusieurs femmes ont en effet
montré la voie sur le continent, à
l’exemple d’Ellen Johnson Sirleaf,
présidente du Liberia depuis
2006. Le Sénégal a connu deux
femmes Premiers ministres,
Mame Madior Boye, de 2001 à
2002, et Aminata Touré, de 2013 à
2014. Des pays comme le Rwanda
comptent près de 56% de femmes
au Parlement. La jeune Proscovia
Oromait, en Ouganda, devenue à
19 ans la plus jeune députée de
son pays, est également un modèle
à suivre.
Pour leur part, les vieilles démocraties occidentales avancent à
grands pas vers une meilleure appréciation du rôle leader que la
gent féminine peut jouer en politique. Comme si, lassés par les
échecs, la corruption et les scandales trop répétés chez les
hommes, les électeurs recherchaient un souffle nouveau, de
nouvelles manières de gouverner
à travers la femme. Outre l’Allemagne dont la chancelière, Angela
Merkel, réalise quelques bonnes
performances économiques au
sein d’une Union européenne pratiquement en crise, la grande
Amérique nourrit elle aussi le rêve
de voir une dame, Hillary Clinton,
succéder au président Barack
Obama. Ce sont là des exemples,
parmi tant d’autres, qui illustrent
à suffisance que, depuis quelques
décennies, les femmes portent en
elles un réel espoir de changement
; elles auraient une manière de
faire de la politique à la fois belle,
humaine, douce et altruiste.
Si les cas précédemment cités attestent que la page de la division
primitive du travail est en train de
se tourner définitivement, la problématique de l’exercice politique
par les femmes au Gabon suscite
encore des questionnements,
voire du scepticisme. Selon de
nombreux observateurs et analystes, les dames qui semblent
pour l’heure s’afficher dans ce domaine ne s’affirment en réalité
qu’à travers le « parrainage » des
hommes. Ce sont eux qui créent
les formations politiques et qui
distribuent les rôles. Les femmes
les plus distinguées sont visibles
au sein du Parti démocratique gabonais (PDG), à l’instar de MarieMadeleine Mborantsuo (président
de la Cour constitutionnelle),
Lucie Milebou-Aubusson (président du Sénat), Rose Ossoucka
Raponda (maire de Libreville), Estelle Flore Angangou (présidente
du Réseau national des femmes
députées), Christelle Limbourg
Iwenga (déléguée nationale de
l’UFPDG), entre autres. Si les talents de plusieurs de ces divas
sont reconnus, elles restent cependant membres de formations
politiques mises en place et
conduites par des hommes. C’est
le cas d’Albertine Maganga Moussavou, militante chevronnée du
Parti social démocrate (PSD). Mais
aussi Mme Mébalé, qui a hérité du
Rassemblement des démocrates
républicains (RDR), suite au décès
de son époux. Quant à Victoire
Lasséni Duboze, Anna Claudine
Ayo Assayi ou Yvette Ngwèvilo Rékengalt, candidates indépendantes à la présidentielle de 2009,
le Gabon a enregistré à travers
elles quelques « étoiles filantes »
désormais disparues de la scène
politique nationale et dont les
noms figureront peut-être dans
les livres de l’Histoire du pays.
Pourtant, les efforts des dirigeants
pour rendre visible l’action publique des femmes n’est pas négligeable. Scolarisées au même titre
que les hommes, elles sont dans
tous les secteurs, étant représentées, par exemple, à 15% au Parlement et dans les institutions de la
République. De même qu’elles
sont soutenues par le chef de l’Etat
lui-même qui a exprimé le souhait
de voir figurer sur les listes de
candidatures électorales 30% de
femmes et de jeunes. Mais alors,
est-ce la brutalité du milieu politique qui effraie nos douces et intelligentes sœurs et mères ? Le
manque de solidarité féminine
est-il un des facteurs déstabili-
Lucie Milebou-Aubusson, présidente du Sénat, passée
de l’ombre à la lumière.
sants de leur engagement, ainsi
que le relevait à l’époque MarieAugustine Houagni Ambourouet,
ancien maire de Port-Gentil ?
Le développement de réseaux, de
clubs, de déjeuners entre femmes,
entre autres initiatives, pourrait
leur permettre de mieux échanger
et de trouver, dans un contexte
synergique, des solutions favorables à leur éclosion. Avoir plus de
femmes leaders dans le domaine
politique au Gabon, ce serait,
comme le disait un intellectuel
africain, « une bonne dose de sel,
d’ail, d’oignon et de piment dans
une sauce qui gagnerait à avoir
plus de goût.»n
Entretien avec Jeanne Lebibi, Lauréate du Grand Prix du Président
de la République
« La terre est la richesse de demain »
Jeanne Lebibi est la présidente de l’association Angounou Omanidjala, et lauréate 2014 du Grand
Prix du Président de la République.
«
Blanche
Ce prix, c’est une grande fierté
pour moi ; mais en même
temps ce n’est pas une surprise. Je dirais que c’est la récompense de ma persévérance au fil du
temps, dans le travail mais aussi
dans cette compétition, qui me vaut
cette récompense aujourd’hui ». Ce
sont les premiers mots de Jeanne
Lebibi, quelques instants après
qu’elle ait reçu le Grand Prix du
Président de la République 2015,
un chèque de 25 millions de FCFA.
Une récompense pour son esprit
de créativité dans le domaine de
l’agriculture. Au fil des années, elle
a développé une façon améliorée
de cultiver les tubercules de manioc et de le transformer en farine
(foufou). Ce sont ces deux performances qui lui ont valu de remporter ce prix.
En 2005 déjà, elle s’était présentée
comme candidate à ce Grand Prix
du Président de la République,
mais avec un dossier individuel.
N° 65 du mercredi 22 Avril 2015
En 2009, avec la jeune association
qu’elle avait créée, elle s’est à nouveau présentée, remportant cette
fois le prix d’encouragement. « Au
départ comme je vous le disais
j’étais seule. Ensuite j’ai réuni d’autres femmes de mon village pour
former une association. On fait
dans la culture du manioc, mais
aussi dans sa transformation en farine de foufou. C’est ce projet que
nous avons présenté au ministère
de l’Agriculture pour ce concours ».
La ténacité et la persévérance
étant leur leitmotiv, elle et son association ont remis ça l’année dernière, et ont vu leurs efforts
récompensés. Des qualités qui auront positivement influencé le
jury, et qui sont d’ailleurs celles
prescrites par le chef de l’Etat à
toutes les femmes gabonaises : la
persévérance et la créativité en
vue de l’autonomisation socioéconomique de la femme
Les femmes doivent croire en
elles-mêmes, être leur propre moteur de développement d’activités
créatrices de revenus. Un des mes-
La lauréate du prix 2015 brandissant le chèque de
25.000.000 fcfa attribué à son association.
sages du Président Ali Bongo aux
femmes gabonaises pour cette décennie qu’il a décidé de leur
consacrer. Le message de Jeanne
Lebibi lui est axé dans la même direction. « Ce que je peux dire à la
femme gabonaise, c’est déjà qu’elle
comprenne que le retour à la terre
est important ; qu’elle soit pauvre,
ou riche, ou grande femme, même
si elle travaille au bureau, elle peut
et doit trouver le moyen de retourner faire les champs. Parce que c’est
là la richesse de demain ».n
MAtin
Société 7
EquAtoriAl
La CAN au Grand Nord en 2017
Quel impact politique ?
La rupture entre le pouvoir émergent et le
Woleu-Ntem remonte à
2009 lorsque la province
avait massivement voté
pour l’enfant du pays,
AMO, aujourd’hui disparu.
Pierre Ndounou
L
’attribution de la CAN
2017 au Gabon par la CAF
s’est aussitôt ensuivie
d’importantes annonces politiques, dont le choix de la ville
d’Oyem, capitale du Grand
Nord, parmi les villes qui vont
abriter le grand évènement
sportif. D’autres mesures
connexes ont été ajoutées. C’est
le cas de la construction d’un
stade aux normes internationales à Oyem, dans la zone
d’Amvame, à la périphérie
d’Oyem sur la route de Mongomo (Guinée-Equatoriale). Ce
qui suppose la réfection et la
mise aux normes du stade
d’Akouakam, voire la construction d’autres équipements
sportifs (un deuxième stade
d’entraînement,…). C’est aussi,
parmi les annonces, la revue du
parc hôtelier d’Oyem (hôtel
Mvet Palace) pour abriter les
équipes de la poule, les journalistes, les touristes, et la
construction éventuelle d’hôtels du style Héliconia, la réfection des routes et de la voirie en
général, ainsi que l’éclairage public.
La CAN 2017 va donc ressusciter la ville d’Oyem, qui donnait
l’impression ces dernières années d’être condamnée au sousdéveloppement, avec une
absence de politique gouvernementale en matière d’infrastructures et de transformation
économique, pour réduire le
chômage et améliorer le bienêtre des Oyémois.
Etant un facteur d’unité, le football peut-il permettre d’améliorer l’image du pouvoir au
Nord? La province septentrionale s’est longtemps plainte
d’être
marginalisée.
Les
hommes politiques de tout
bord ont cherché à faire de cet
argument un tremplin pour des
nominations ou pour gérer sans
aucun contrôle des « enveloppes
» destinées à diverses infrastructures…Si la CAN peut attirer de tels investissements
publics et privés sur une courte
période d’un an qui englobe
aussi la période électorale (dernier trimestre 2016), le pouvoir
et le PDG local pourront, enfin,
disposer d’arguments visibles
à faire valoir aux Oyémois et de
manière générale aux Nordistes
pour motiver leur vote en faveur du candidat du PDG.
C’est en clair des emplois qui
vont se créer dans la réalisation
d’infrastructures (stade central
et annexe, complexe hôtelier,
voirie), soit entre 500 et 1000
emplois directs et indirects. Ensuite, les activités économiques
vont subir un coup de fouet. Il
faut s’attendre à au moins 100
milliards d FCFA injectés par
l’Etat ainsi que ses partenaires
(CAF, entreprises privées) dans
le petit circuit économique
local (salaires des ouvriers,
consommation,
infrastructures). Le commerce, les services (transfert d’argent,
internet…), les transports aériens et terrestres (Oyem-Libreville, interprovincial) vont
connaitre dans les mois à venir
des flux importants. Oyem va
donc revivre économiquement
comme cela n’était plus espéré.
Sans oublier que pendant la
CAN, le chiffre d’affaires dans le
tourisme transfrontalier, avec
les visiteurs venant du Cameroun et de la Guinée-Equatoriale, va augmenter pour les
transporteurs, les aubergistes
et les hôteliers.
Politiquement, selon des observateurs, le président Ali Bongo
gagnerait à s’affirmer sur le terrain en se rendant régulièrement à Oyem et dans les autres
capitales
départementales,
pour justifier son choix porté
sur le Woleu-Ntem (en tant réparation d’un « oubli » en
2012), entretenir les populations sur les « changements »
qui entrent en droite ligne avec
sa vision d’un développement
équitable et harmonieux du
pays. Mais qui cadre aussi avec
la lutte qu’il mène contre le Le Woleu-Ntem devrait largement tirer profit de l’organisation
chômage et la marginalisation
de la compétition sur ses terres. Mais quelle sera
des certaines couches des pola contrepartie en 2016 ?
pulations.n
Célébration en différé des agapes du PDG à Oyem
Eboué prend le dessus sur Ona Ondo
Courageusement, François Engongah Owono, l’enfant terrible de Ndamvaga, a pris sur lui, de différer
la célébration des quarante-sept ans du PDG à Oyem, pour cause de décès d’Amo, contre l’avis formel
de Daniel Ona Ondo, qui n’y trouvait pas d’inconvénient, lui. Et c’est Eboué qui a eu raison.
I
Vincent Eyi
l ne manquait plus que cette
pique pour humilier définitivement Daniel Ona Ondo.
Alors qu’Oyem s’apprêtait à célébrer les agapes du quaranteseptième anniversaire du PDG,
sous la houlette du Premier ministre, par-dessus le marché
membre du comité permanent,
François Engongah Owono,
alias Eboué, et présent à cette
réunion préparatoire, a trouvé
indécent de faire la fête alors
que la ville s’apprêtait à accueillir, en même temps, le
corps d’André Mba Obame.
On sait en effet qu’Oyem abritera une partie des veillées
consacrées à l’illustre disparu.
On sait également que le corps
d’Amo arrivera à Libreville le
28 avril, en provenance de
Yaoundé et que son corps sera
exposé à son domicile situé
dans les environs du lycée
d’Etat. Autant d’étapes et autant de douleur pour ses fans,
très nombreux au Gabon et
principalement dans sa province d’origine : le WoleuNtem.
Cela nécessitait une pause politique majeure. Notamment, la
célébration en différé des quarante -sept ans du PDG à Oyem.
Apparemment, personne n’y a
songé parmi les hiérarques locaux. Encore moins Daniel Ona
Ondo qui a annoncé aux
Pdgistes présents à Libreville,
Eboué peut-il tirer son épingle du jeu dans ce jeu macabre?
l’état d’avancement de ces festivités à Nkume Ekiègn.
Un seul, François Engongah
Owono, a eu le réflexe de demander leur report. Comme
d’habitude, le très volubile Daniel a envoyé paître Eboué, allant jusqu’à lui demander
d’aller en parler à Faustin Boukoubi, pensant que cela suffirait à décourager l’enfant
terrible de Ndamvaga, qui a
franchi le pas. L’autre a trouvé
cette démarche sage et les festivités ont été annulées sur
l’ensemble de la province du
Woleu-Ntem.
Ce point marqué par Eboué, est
à inscrire dans les annales politiques d’Oyem. Jamais on
n’aurait pensé cela de lui, le
seul Pdgiste à avoir tenu tête à
Mba Abessole quand celui-ci
radicalisait le Woleu-Ntem
contre l’ex- parti unique. Et
même si Oyem n’est pas encore
tombée dans l’escarcelle du
PDG, on note, chaque fois, un
sursaut qui permet d’être debout.
Grâce justement à un homme
comme Eboué. Aux dernières
sénatoriales, il lui a manqué un
seul conseiller pour terrasser
son adversaire du jour : JeanChristophe Owono Nguéma.
Dans un passé lointain, on se
souvient pourtant de la colère
du même Eboué quand Amo
fut nommé ministre d’Etat. A
cette époque, il y en avait
qu’un par province. « Vous
voyez Medouneu commander
Oyem ? » s’était-il insurgé.
D’autant que le Woleu-Ntem
venait, en effet, de perdre la
vice-Primature. C’est donc
André Mba Obame qui était devenu le chef politique de la province. C’était sous Omar Bongo.
L’expérience n’a pas duré longtemps devant les coups de boutoir des cadres d’Oyem et de
Bitam qui venaient assiéger le
palais pour demander au chef
de l’Etat de revoir sa copie.
A la présidentielle de 2009,
Eboué s’était aligné derrière Ali
Bongo avant de décrocher le
gros lot : Secrétaire général de
la présidence. Aucun woleuNtémois ne l’avait jamais occupé, le poste étant scotché
chez les Myènés depuis l’avènement d’Omar. On a ensuite
accusé le même Eboué d’avoir
servi d’indic au nouveau président pour mater les cadres du
Grand Nord, coupables d’avoir
voté contre Ali Bongo.
Trop de choses séparaient désormais Eboué d’André, naguère
des mousquetaires de la Rénovation. Ils auraient dû être
aussi des émergents si l’autre
n’avait pas fait faux bond. Voilà
que le même Eboué vient de
clouer le bec à ses détracteurs
en obtenant l’annulation des
festivités du PDG à Oyem pour
cause de décès d’Amo. Le peuple du Nord lui sera-t-il un jour
reconnaissant ? Le succès politique tient parfois de peu de
choses.n
N° 65 du mercredi 22 Avril 2015
8 Société
MAtin
EquAtoriAl
Adduction d’eau :
Une préoccupation de tous les jours au CHUL
Le problème d’adduction d’eau au centre hospitalier
universitaire (CHU) de Libreville, en plein travaux de
modernisation, devient une préoccupation quotidienne, tant pour le personnel soignant, que pour les
malades et leurs parents, ainsi que tout autre usager
de cette institution hospitalière, la plus grande du
pays.
Pascal Mabaka
e centre hospitalier universitaire (CHU) de Libreville, en plein travaux
de réhabilitation et de modernisation et dont la mutation
saute déjà aux yeux de tout le
monde, connaît paradoxalement des problèmes récurrents
d’interruption
d’alimentation en eau, dans la
quasi-totalité de ses services.
De la maternité à la traumatologie, en passant par la cardiologie, l’endocrinologie, la
médecine générale, les urgences et surtout les blocs
opératoires, l’on constate partout un manque criard d’eau
potable. Le contrat passé, à
coup de millions de francs
CFA, entre les responsables du
CHUL et une unité de sapeurspompiers, semble inopérant,
dans la mesure où, les programmations d’interventions
chirurgicales ne sont plus respectées ou suivies à cause de
la sècheresse dans les robinets. L’utilisation des toilettes
est désormais interdite, aussi
bien pour les malades et le
personnel médical que pour
tous les autres usagers.
Les sapeurs-pompiers qui
craindraient l’alourdissement
de l’enveloppe budgétaire de
la dette du plus grand centre
hospitalier du pays vis-à-vis
de cette unité de secours, ont
choisi de ravitailler séquentiellement le CHUL.
Depuis pratiquement près de
deux semaines, plusieurs malades programmés pour des
interventions chirurgicales diverses sont simplement renvoyés dans leurs salles
d’hospitalisation ou à la maison, en attendant la normalisation de l’alimentation en
eau. Les médecins et leurs
hommes de compagnie, visiblement dépassés par cette situation,
sont
obligés
d’attendre car, ‘’à l’impossible
nul n’est tenu’’, se console-t-on
quotidiennement, mais impuissant devant les patients et
leurs parents.
Selon certaines indiscrétions,
la rupture de l’alimentation du
L
CHUL en eau, serait liée aux
travaux en cours dans cette
institution. Mais il est tout de
même curieux que la situation perdure, dans une structure chargée de sauver les
vies humaines. Il y a là manifestement un manque de réactivité et de coordination entre
les différents démembrements de la société adjudicataire
(maçonnerie
et
plomberie) et les responsables donneurs d’ordres du
CHUL, en vue de la résorption,
fut-elle provisoire, du problème d’eau dans cette entité,
en attendant la livraison, clés
en mains, du chantier.
La décision des plus hautes
autorités du pays, de moderniser les structures hospitalières de l’ensemble des neuf
provinces du Gabon, en les
hissant aux standards internationaux, répond au souci
permanent du chef de l’état
Ali Bongo, d’assurer à ses
compatriotes une offre de
soins de qualité et appropriée,
s’arrimant avec les objectifs
de l’émergence du Gabon. A
chaque responsable donc, de
veiller à ce que l’on évite des
situations
pénalisantes
comme celle du CHUL, en attendant la finalisation des travaux.n
Rappel des soldes des fonctionnaires
Où en est le gouvernement ?
Réforme phare du gouvernement sous Ndong Sima, le versement des rappels de solde aux fonctionnaires avait été perçu comme un signe de décrispation de la situation financière de milliers d’agents
publics. Entamé après plusieurs années de doute et d’atermoiements, le processus de rappel des soldes
avait battu son plein entre novembre 2013 et janvier 2014.
P
Alban Moussavou
uis après, plus rien. La loi de
finances 2015 présentée
par le gouvernement élude
catégoriquement la question,
alors que des milliers de fonctionnaires, à ce jour, n’ont pas
perçu leur dû après plusieurs années, et parfois jusqu’à 15 ans de
service. Ni la Fonction publique,
ni le Budget n’ont pris le temps
de calculer leur intégration, avancement automatique et encore
moins d’aligner leur prime de logement et de transport.
S’il s’agit bien d’un dossier digne
d’être présenté et étudié dans un
collectif budgétaire en tant que
«dette intérieure », l’on ne peut
que s’étonner de ce que depuis
2014 que l’Etat fait des efforts
pour apurer son passif vis-à-vis
des entreprises, le gouvernement
évacue complètement cette
question. Si officiellement le dossier concerne 50.000 fonctionnaires, ce chiffre pourrait être
inférieur à la réalité (86.000
fonctionnaires). De plus, la publicité de ces rappels avait tellement
MAtin
équAtoriAl
JOURNAL D’INfORMATION ET D’ANALYSES
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Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10
N° 65 du mercredi 22 Avril 2015
pris le dessus que l’on ignore,
parmi les 50.000 dossiers qui
étaient déjà sur la table du Budget, combien avaient effectivement perçu quelque chose et à
concurrence de quels droits.
Ceux-ci, d’ailleurs, ne couvraient
pas, pour la grande majorité des
fonctionnaires, l’entièreté de ce
qui leur était dû. De sorte que la
plupart sont restés à ce jour en
attente de calcul et de paiement
de leurs droits. Au point que finalement, pour le commun des
fonctionnaires, il y a eu plus de
bruit qu’autre chose. Le gouvernement n’a d’ailleurs jamais
rendu public le bilan de cette
première phase : combien ont
été payés ? Quel montant global,
par ministère et type de droit
(intégration, titularisation, avancement automatique, reclassement après un stage, aide au
logement et au transport) avait
été régularisé ? Combien reste à
prendre en compte ? En mot, une
administration moderne ne peut
ne pas, au terme d’une telle opération, s’abstenir de faire un
compte rendu.
Le guichet qui devait être ouvert
Directeur de la Publication:
Madre NGUIMBY
Directeur de la Rédaction:
Paul NZOGHBAM
Rédacteur en Chef:
Roger OKILI
Secrétaire de Rédaction:
pour connaître les « litiges » (réclamations) n’a jamais vu le jour
après Ndong Sima. Où en est-on
aujourd’hui dans le règlement de
ce dossier ? On ne peut légalement pas enterrer une aussi
grande réforme de la fonction
publique gabonaise en voulant
considérer que la PIP, actuellement à géométrie variable et
avec un avenir peu certain, compenserait ce qu’attendent légitimement les fonctionnaires, de
toutes catégories, administrations et corps. Pourquoi depuis
deux ans, ce dossier n’apparait-il
dans aucune loi de finance ou
collectif budgétaire ?
Certains fonctionnaires se souviennent que leur dossier de «
VTR » encore communément appelé « crédit trésor » avait été,
alors que déjà sur bordereau
donc programmé pour le paiement, « annulés » au dernier moment parce que la « priorité »
avait donnée au rappel des
soldes. Un dossier sur lequel les
fonctionnaires gabonais attendent toujours une suite qui tarde
à venir. Une situation qui va
contraindre certains agents pu-
Arthur MBADINGA
Comité de Rédaction :
Vincent Eyi
Roger Okili, Alban Moussavou
Jacques Okeng
Constantin Toukoule-Mè
Jacqueline Mubokianu
blics, ne sachant plus à quel
saints se vouer, à payer encore le
« coca » à des fonctionnaires
proches du dossier pour espérer
avoir quelque.
Si ce projet avait redoré le blason
du gouvernement et renforcé sa
cote de popularité fin 2013, le
gouvernement d’Ona Ondo,
peut-il créer la « surprise » en annonçant aux agents de l’Etat, une
seconde phase d’épurement de
la dette due aux agents de l’Etat
? Une telle action contribuerait à
dissiper une fois pour toutes les
phantasmes qui sont colportées
sur les difficultés de paiement de
la PIP et la situation globale dégradée des finances publiques.
Les nouvelles situations administratives et les dossiers liquidés par la Direction de la Solde
mais sans paiement nécessitent
une programmation budgétaire
effective. Nul doute que les ministres de la fonction publique,
de l’économie et du Budget, attentifs à la situation des fonctionnaires, sauront trouver les
voies et moyens pour résoudre
ce lancinant problème.n
Infographes:
Marcel OLENDEY
Zambo Linus
Impression: MULTIPRESS:
TIRAGE:
5.000 exemplaires
Distribution : SOGAPRESS