Mise en page 1 - Matin Equatorial

MAtin
Faut-il dissoudre
l’Assemblée
nationale?
L
N°69 du 20 Mai 2015
500F CFA
EquAtoriAl
Journal d’information et d’analyses. www.matinequatorial.com / [email protected]. Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10
Parlement/Complot contre Ali Bongo
a charge sonnée par Idriss tielle de 2016, mais aussi de se dans la mise en œuvre du PSGE,
Ngari à l’Assemblée nationale contre le Premier mi- doter d’une nouvelle majorité à et ce faisant de jauger les capacinistre continue d’alimenter les même de mieux l’accompagner tés réelles de l’opposition. Lire en pg.2
commentaires. Qui privilégient
la thèse d’un complot de la majorité parlementaire qui ne ciblait Daniel Ona Ondo que pour
finalement mieux viser le président de la République. En témoignent
les
confidences
troublantes faites par le chef du
gouvernement devant le groupe
parlementaire PDG au lendemain de la passe d’armes du palais Léon Mba, tendant à rendre
Ali Bongo Ondimba responsable
e 16 mai dernier, les mi- locaux du PDG, figure en prede l’échec de ses gouvernements
litants et sympathisants mière ligne Fidèle Pango, le
successifs. D’après des observadu Parti démocratique patron du parti dans la proteurs avertis, cet épisode offre
gabonais (PDG) ont célébré vince, accompagné pour la
avec faste le 47ème anniver- circonstance des membres du
une bonne fenêtre de tir au chef
saire de leur parti, dans une bureau politique Martin
de l’Etat, qui pourrait ainsi saisir
mobilisation populaire sans Moussavou et Léon Nzouba, et
cette occasion pour renvoyer les
précédent qui fera forcément le ministre de la Culture, Rufin
députés devant les électeurs.
date. La célébration improvi- Martial Moussavou. La manisée le 10 mai n’était donc festation est rehaussée par les
Une option qui lui permettrait
qu’un avant-goût. En atten- présences d’autres membres
non seulement de tâter le terdant la démonstration de du bureau politique de la prorain en prévision de la présidenforce du 16 mai dans la même vince, parmi lesquels Serge
cité. Samedi dernier à Mouila, Mboula de Fougamou et Sé12-Mars dans le 4ème arrondissement de Libreville
Mamboundou
les militants et sympathisants bastien
12-Mars en différé à Mouila
La «Ngounié forte» fait
une démonstration de force
L
ABC entretient l’espoir
autour des réformes
A
lexandre Barro Chambrier, député frondeur
du parti au pouvoir, a
appelé le 16 mai 2015 les militants et autres sympathisants venus au stade de
Basket d’Awendjé pour la célébration des 47 ans du PDG à
garder espoir face aux réformes engagées par le gouvernement pour sortir la
population de la pauvreté. «
N’en déplaise aux professionnels de la diversion, nous avons
espoir pour la poursuite des
chantiers ouverts». Lire en pg.6
du PDG, venus cette fois-ci en
masse, ont célébré en grandes
pompes le 47ème anniversaire
du parti créé par Omar Bongo
le 12 mars 1968.
Cette célébration en différé a
eu lieu en présence des hiérarques locaux du parti et des
«camarades» venus d’autres
localités de la province, tous
guidés par «la dynamique unitaire» pour une «Ngounié
forte». Parmi les hiérarques
Mouyama de Malinga, mais
aussi et surtout Yves Fernand
Manfoumbi, en sa qualité de
membre du comité permanent du bureau politique.
D’autres personnalités, en
l’occurrence le ministre délégué à la Santé, Yussuf Sidibé
Nzengue Akassa et le secrétaire général du ministère du
Budget, Yolande Nyonda, ont
tenu à effectuer le déplacement de Mouila.
Lire en pg.5
2 Politique
MAtin
EquAtoriAl
Parlement
Complot contre Ali Bongo : faut-il dissoudre
l’Assemblée nationale ?
La charge sonnée par
Idriss Ngari à l’Assemblée nationale contre le
Premier ministre continue d’alimenter les
commentaires. Qui privilégient la thèse d’un
complot de la majorité
parlementaire qui ne ciblait Daniel Ona Ondo
que pour finalement
mieux viser le président
de la République.
O
Vincent Eyi
n n’a pas fini de supputer sur la charge du général Idriss Firmin
NGari sur le Premier ministre
au palais Léon Mba. Pour certains connaisseurs des arcanes
de
l’Assemblée
nationale, le député du
Nguon n’a été que l’amplificateur ou le porte-voix des
choses qui se disent tout bas
dans ce cénacle. La preuve :
pendant que Ngari dévoilait
sa litanie, les autres députés
de la majorité riaient tous à
gorge déployée et applaudissaient à tout rompre. Même
Nzouba Ndama contenait à
peine son rire.
Si d’aucuns pensent à un
complot ourdi par le président de l’Assemblée nationale
pratiquement soumis à un régime financier sec, pour d’autres il s’agit simplement de
l’expression d'une revendication de 5 millions de f CFA
formulée par les députés du
PDG pour voter la loi de finances modifiée. Pour eux,
cette tradition entretenue depuis Omar Bongo Ondimba
prenne fin.
Après la charge sonnée par
les députés de la majorité à
l'Assemblée nationale lors du
passage du Premier ministre,
le lendemain les députés du
groupe parlementaire PDG se
sont retrouvés autour du
chef du gouvernement au ministère des Eaux et Forêts
pour tirer les choses au clair.
Là encore, le Premier ministre subit les foudres des élus.
Pour construire sa ligne de
défense, le Premier ministre
raconte une anecdote. «Dans
un village, évoque-t-il, un
jeune homme alla un jour se
plaindre auprès de son frère
aîné de la légèreté de la
cuisse de sa femme, qu’il
avait de ce fait décidé de répudier. Le deuxième jour,
N° 69 du mercredi 20 Mai 2015
après avoir exposé le même
problème au même interlocuteur, ce dernier lui
conseille de prendre son mal
en patience. Las de supporter
les humiliations infligées par
les infidélités et autres manquements de son épouse, il
repart le troisième jour avec
cette fois à la clé une menace
de mort. En prenant la parole, l’aîné lui demande si, à
la fin, ce n’est pas lui-même le
problème ».
A travers cette anecdote, le
Premier ministre a voulu, implicitement, établir un parallèle avec le président de la
République, qui se plaint de
l’incompétence de tous ses
Premiers ministres.
En s'expriment ainsi devant
la représentation nationale,
Daniel Ona Ondo a opté de
décocher des flèches en di-
rection du Palais du bord de
mer. Comme pour dire que les
errements que les députent
reprochent au gouvernement
sont en réalité le résultat
d’une mal-gouvernance imputable au premier chef à Ali
Bongo Ondimba.
Une vue que ne partage pas
cet observateur bien imprégné des réalités de la gestion
de l’Etat qui rappelle que les
prérogatives que la Constitution confère au Premier ministre sont sans équivoque et
font de lui le principal gestionnaire de l'administration.
A la vérité, souffle une source,
le
Premier
ministre,
conscient de sa proche éviction, voudrait justifier son départ par la présumée
incompétence qu'on colle à
tous les Premiers ministres
qui défilent au 2-Décembre.
Pour Ona Ondo, il est évident
que ces évictions cachent plutôt les carences du bord de
mer.
Pour éviter beaucoup de cacophonie d'ici la présidentielle de 2016, estime qu’il
est aujourd’hui souhaitable
de dissoudre l'Assemblée nationale. Le départ de Nzouba
Ndama de la présidence de
cette chambre du parlement
laisse les coudées franches au
président de la république
pour la nomination d’un nouveau Premier ministre.
Et la dissolution de l’Assemblée nationale présente beaucoup d'enjeux. D’abord, elle
permet au chef de l'État de
tâter le terrain, afin de savoir
où se trouvent les véritables
poches de résistance. Une
telle option offre la possibilité
de rectifier le tir en attendant
la présidentielle de 2016. Cerise sur le gâteau : la reconstitution d’une nouvelle
majorité à l'Assemblée nationale plus apte et disposée à
accompagner la mise en
œuvre du PSGE.
En outre, en dehors de jauger
les capacités réelles de l’opposition, une telle démarche
permet de traduire en acte le
souci d'apaisement prôné par
le chef de l'État avec en prime
l'opération de charme à l'endroit de la communauté internationale.n
Politique 3
MAtin
EquAtoriAl
Politique/Célébration en différé du 12-Mars à Oyem
Ona Ondo échoue son test de la popularité
Pour cet événement pourtant déjà reporté, le Premier ministre n’a pu rassembler
que 500 personnes le week-end dernier dans la capitale régionale du Woleu-Ntem.
Emmanuelle Massa
L
e décès d’André Mba
Obame a milité en faveur du renvoi de la célébration des 47 ans du Parti
démocratique
gabonais
(PDG) à Oyem. Soucieux de
ne pas paraître comme celui
qui recule devant l’opposition, Daniel Ona Ondo, le leader
autoproclamé
du
Grand-Nord, a imposé le 16
mai
pour
éviter
un
deuxième report. Quitte à
aller à l’encontre de l’avis de
certains hiérarques du PDG,
à l’instar d’Ebooué, plutôt favorables à un second renvoi
imposé par le délai de décence qu’il fallait observer
après les obsèques d’Amo.
Samedi dernier à Oyem, le
Premier ministre a donc pris
la pleine mesure de son option. A la maison du parti, la
mobilisation
populaire
n’aura pas été celle des
grands jours. A peine 400 à
500 militants, d’après des
statistiques de différentes
sources. Et encore, pour parvenir à ce chiffre, il a fallu
l’activisme du secrétaire
communal du PDG à Oyem,
le concours des fidèles d’Ona
Ondo (chargés de missions,
parents, etc.) et de quelques
autres responsables locaux
du parti pour éviter de justesse que les fortes délégations venues de Libreville se
retrouvent seules à la maison du parti au quartier Tougou-Tougou.
Pour justifier ce fiasco populaire, d’aucuns invoquent la
vive tension suscitée par la
disparition d’AMO qui tarde
encore à retomber. Sous prétexte qu’elles portent encore
le deuil de leur leader, les
populations du Woleu-Ntem
et d’Oyem en particulier ne
se sont pas senties concernées véritablement par la
célébration des ‘’Pédégistes’’.
Un argument spécieux, de
l’avis de certains observateurs avertis de la scène politique, qui rappellent que le
Nord, et plus encore Oyem,
n’ont jamais fait mystère de
leur attitude frondeuse à
l’égard du pouvoir et davantage envers le fils du canton
Nyé, Daniel Ona Ondo. Dès
lors, relèvent-ils, mobiliser
400 à 600 personnes relève
déjà d’un « exploit ». Surtout
dans la ville d’Oyem acquise
à l’opposition radicale
(Union nationale). En témoigne la ferveur populaire
qui a marqué les obsèques
d’Amo quelques jours plus
tôt.
Cohésion de façade et
absence de moyens
Certains militants disent ne
pas être surpris par ce peu
d’engouement populaire, au
regard de l’unité de façade
que les « barons » PDG de la
province affichent. Des
sources soufflent que le jour,
ils apparaissent en militants
disciplinés et la nuit appellent leurs troupes à la démobilisation.
Par
cette
duplicité, il s’agit d’éviter
qu’Ona Ondo passe pour
celui qui a pu mobiliser le
Grand-Nord autour du pouvoir émergent.
Même si d’autres cadres du
PDG, pour justifier la démobilisation, accusent le parti
de ne plus mettre plus suffisamment de ressources financières à disposition pour
la mobilisation des militants.
D’après eux, la mobilisation
populaire est tributaire des
efforts financiers consentis.
Toutes choses qui ont aidé le
Premier ministre à rater son
test de popularité dans le
Grand-Nord.n
12-Mars en différé à Oyem
Daniel Ona Ondo dans ses petits souliers
Il était pourtant prévenu depuis Libreville. Mais le Premier ministre n’a pas voulu entendre raison et les quarante-sept ans du PDG en différé, à Oyem, ont été le premier clou dans son cercueil.
Vincent Eyi
U
n signe des temps.
François Engongah
Owono, l’homme qui
a fait annuler les festivités
marquant les 47 ans du PDG
la veille de l’arrivée de la dépouille d’Amo à Oyem,
n’était pas présent aux côtés
de Daniel Ona Ondo ce
week-end à la maison du
parti. Depuis Libreville,
Eboué avait déjà attiré l’attention du membre du Bureau politique permanent
sur la faible mobilisation qui
s’ensuivrait. Et comme lui,
d’autres hiérarques du parti,
réunis ce jour-là à la Chambre de commerce de Libreville, avaient établi le même
constat.
Mais Bill Dany voulait absolument organiser sa fête.
Peu importe qu’elle ait finalement tourné au fiasco, la
maison du parti n’ayant pas
pu faire son plein. L’échec
populaire aurait été plus retentissant, si les organisateurs avaient pris le risque
de jeter leur dévolu sur la
place des fêtes d’Oyem, qui
accueille d’ordinaire de
telles manifestations. Cette
faible mobilisation en dit
long sur le désamour des
Oyémois avec l’ex-parti
unique.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, d’autres
membres du Bureau politique originaires du coin,
ont tout de même effectué le
déplacement d’Oyem. A
l’instar de Christiane Bitougat et François OwonoNguéma,
pourtant
très
réservés à l’issue de la réunion préparatoire de la
Chambre de commerce, le
lundi 11 mai dernier.
Le discours au vitriol contre
les Woleu-Ntémois, coupables de ne porter pas le PDG
dans leur cœur, a sans doute
été le sermon de trop pour
Ona Ondo. Tout indiquait
pourtant que l’échec était
prévisible. Les véhicules réquisitionnés pour transporter les militants des
campagnes en ville rentraient
désespérément
vides.
Et Bill Dany ne pouvait
guère compter sur les citadins d’Oyem à l’indifférence
affichée à l’égard de l’exparti
unique.
Aussi,
l’homme bouillonnait intérieurement de colère. Le
PDG a souvent essuyé des
échecs à Oyem, jamais à ce
point. Et si Ali Bongo devait
le juger à travers ces festivités, le « beau » Daniel devrait plutôt se faire du
mauvais sang. Avec ça, il
vient de planter le premier
clou dans son cercueil
D’autant que la station provinciale de la RTG à Oyem
n’a rien fait pour promouvoir la communication du
PDG, son chef ayant exigé
10.000 francs par diffusion.
Tant et si bien qu’à l’intérieur du département, très
peu étaient au courant des
festivités décrétées par le
Premier ministre. Et comme
un malheur n’arrive jamais
seul, le décès à trois jours de
la fête de Gabriel Ndong
Mbeng alias Gaby, grandfrère de Christiane Bitougat,
a été vécu comme le deuil de
trop.
Gaby était aussi un membre
influent du PDG à Oyem.
Certains ne comprenaient
donc pas qu’on n’ait rien fait
à cette occasion, pour plutôt
célébrer les agapes en différé du parti. Autant dire un
mauvais concours de circonstances. Bill Dany assumera. Il a même commencé
à en avoir l’habitude depuis
l’affaire Amo, lui qui était capable de marcher sur son
cadavre pour tenir sa fête,
de peur de croiser le regard
du « distingué camarade ».
Faustin Boukoubi lui-même
avait justifié le report de la
première manche par le
décès d’Amo. Le chef de
l’Etat ne lui en a pas tenu
grief. Le secrétaire général
du parti pouvait accorder
une seconde rallonge si Ona
Ondo avait expliqué que la
douleur était encore trop
vive à Oyem et que les festivités des 47 ans du PDG
pouvaient
attendre
quelques jours de plus.
« Qui va prendre la responsabilité d’un second report,
Faustin Boukoubi étant absent de Libreville !» s’était
exclamé le Premier ministre,
qui donnait ainsi l’impression que sa vie en dépendait.
Ce
qui
était
probablement le cas. Maintenant qu’il a échoué, il ne
lui reste plus qu’à se mettre
en robe de bure devant Ali
Bongo et implorer sa pitié.n
N° 69 du mercredi 20 Mai 2015
4 Politique
MAtin
EquAtoriAl
Chronique politique
Et maintenant ?
L
e rideau tombe progressivement sur les manifestations marquant le 47e
anniversaire de la création du
plus vieux parti de la République
: le Parti démocratique gabonais,
au pouvoir depuis 1968.
L’opinion reconnaîtra, et à l’unanimité, que jamais depuis sa
création, et surtout de l’instauration de la décentralisation dans
la tenue de cette célébration à
travers la République, ces cérémonies qui se veulent toujours
comme une période festive exceptionnelle et de réjouissances
populaires, n’ont été aussi
longues et surtout éprouvantes.
Longues, parce qu’u moment où
nous mettions sous presse, la
fête, initialement programmée
pour le 12 mars pour se terminer en avril, bat toujours son
plein, avec tout ce que cela comporte comme moment de joie,
mais aussi de perspective politique dans le temps , donc dans
la durée, dans certains coins de
la République.
Et cela, commence non seulement à agacer l’opinion, mais
aussi à amuser et à donner l’impression de« folkloriser » malheureusement une date
pourtant historique, avec des
symboles et des moments clés
pour l’histoire de la République.
Eprouvantes, parce que malheureusement, ces moments de joie
ont été entachés de deuil, tant
pour le parti au pouvoir que
pour son opposition, qui ont
perdu à tour de rôle qui un dignitaire qui aura marqué la République, qui un leader
charismatique dont la disparition sème encore la panique
dans les rangs de sa famille politique.
Deux évènements intervenant
dans un climat d’incertitude et
de grogne sociale qui interpellent la République. Des symboles
et des signes qui interpellent surtout les « politiques de la République », hier encore sous la
bannière de la pensée unique.
Une tare politique dont certains
ont du mal et de la nostalgie à
s’en départir, et surtout à s’adapter au nouveau concept de
l’Emergence parfois galvaudé,
mais désormais en cours au
Gabon sous l’ère de la démocratie renaissante ou retrouvée. Des
politiques de tous bords qui
sont, à la lecture des faits et des
évènements, les plus concernés
par ce qui se trame actuellement
dans le pays.
Au regard du spectacle que nous
offre le voisinage, et des conséquences que la haine, le rejet de
l’autre ou le refus de toute
concertation ou de toute concession engendre, en lieu et place
des manifestations festives et
onéreuses, nombreux sont les
Gabonais à penser que le parti au
pouvoir qui joue à se faire peur
depuis le congrès d’avril 2013,
gagnerait à recentrer le débat en
son sein.
A discipliner ses troupes au niveau de sa base qui s’effrite
chaque jour, et à recadrer ses cadres dans un élan commun vi-
sant à trouver des solutions
justes et équitables aux problèmes qui les divisent et compromettent sérieusement les
victoires prochaines. A commencer par la prochaine présidentielle qui se joue maintenant
et non demain.
La politique, faut-il le répéter, et
surtout en démocratie, c’est
avant tout l’art du « compromis».
Des « concessions », même dans
la douleur. De l’application judicieuse de la stratégie universelle
du « donné et du recevoir ». C’est
à ce prix que les grands esprits,
et les grands hommes d’Etat ont
construit leurs empires politiques ou préservé leur pouvoir
parfois en déclin.
Rarement les « irréductibles » et
autres adeptes de la « bunkérisation » du pouvoir à des fins personnelles, notamment l’égoïsme
dans tout système politique, fûtil fort ou dominant, survivent ou
l’emportent dans la durée. Dans
tous les cas, ils sont toujours rattrapés par l’histoire. Leur histoire.
D’où la nécessité de cultiver pour
tout pouvoir, qui vient avant tout
de Dieu, et par Dieu seul, en
consolidant en même temps
l’entente, la cohésion, la paix et à
la tolérance, gage de stabilité et
de tout développement harmonieux de la République. Et le
Gabon, quels que soient les aléas
politiques, économiques ou sociaux du moment, reste un et indivisible.
C’est donc l’occasion de s’interroger, au moment où les lampions vont s’éteindre sur les
fameuses manifestations du
parti présidentiel, sur ce que le
militant de base retiendra de ce
12-Mars qui aura été dans bien
des provinces de la République
«cauchemardesque », à l’exemple
certainement de la situation
dans laquelle se trouve structurellement et sociologiquement le
parti démocratique gabonais luimême.
Depuis six ans en effet, c’est au
su et au vu de tous, que le phénomène rétrograde et rampant du
«complot permanent », des « intrigues » et autres « chaussetrappe» que l’on croyait enfouis
dans nos lointains souvenirs, et
surtout de l’époque révolue, reviennent en surface. Ils n’ont
donc nullement connu de « rupture ».
Ils sont plutôt comme entretenus.
Ont repris du service qui n’a jamais été interrompu mais suspendu le temps de s’installer, et
prennent depuis quelque temps
le pas sur les préoccupations légitimes des populations, qui attendent leur heure pour
s’exprimer et les dénoncer.
Que dit le parti au pouvoir au regard du constat fait dans la Ngounié et le Woleu-Ntem, voire
l’Estuaire qui en sont aujourd’hui
l’illustration parfaite de cette situation des plus déplorables?
Que dit Faustin Boukoubi, face à
ce qui ressemble à s’y méprendre
à de la trahison, alors que les auteurs, pour ne pas dire les traîtres,
sont clairement identifiés?n
N° 69 du mercredi 20 Mai 2015
PDG/Guerre de leadership
Quand la Ngounié fait des émules
La situation qui prévaut dans la Ngounié est sujette à deux lectures. La première se
fait l’écho de l’instabilité notoire des cadres de la province, qui se déchirent pour le
contrôle politique de la province et surtout pour la domination de certains au détriment d’autres.
Alban Moussavou
A
première vue, cette manière de voir renvoie à
l’inconsistance, à l’indiscipline, à la fragilisation et à l’affaiblissement du parti sur le
plan local. Mais, à y regarder de
près, au-delà de l’aspect sensationnel ou conflictuel, l’on arrive
à comprendre qu’il y au fond de
vrais enjeux qui, ailleurs, doivent faire des émules.
Autant le PDG a souvent été critiqué de favoriser une culture
politique prônant une hégémonie de la hiérarchie, qui seule
décide et impose au reste du
parti et des démembrements
ses résolutions, autant il faut reconnaître que l’on assiste depuis quelques années à un
mouvement de démocratisation
du parti (sélection des candidats aux scrutins législatives,
municipaux et sénatoriaux par
la base), mais aussi et surtout à
la « professionnalisation » de la
politique. Qu’entend-on par là ?
Il fut un temps où il suffisait de
savoir applaudir, d’avoir un
nom, des bonnes affinités avec
un ou des hiérarques du parti
pour être « parrainé » à une
élection au sein du PDG, pour
briguer un poste au bureau politique ou au gouvernement. De
même, quelles que soient leur
impopularité et leur faible ardeur militante, des individus accédaient à des postes de
confiance et de responsabilité
au sein du gouvernement et du
parti.
Mais lorsque le PDG affrontait
des crises ou des tensions, ces
militants de la 25è heure répondaient aux abonnés absents.
Tout comme la hiérarchie du
parti constatait qu’elle a misé
sur les mauvais chevaux
lorsqu’arrivait le moment de
montrer ce qu’on lui a apporté
en retour. Sous son magistère,
c’est davantage Omar Bongo qui
a fabriqué la plupart des
«hommes politiques ». Très peu
d’entrepreneurs politiques pouvaient alors se targuer d’être entrés dans le parti ou en politique
par conviction et sans avoir au
préalable reçu une ‘’enveloppe’’
bien garnie censée susciter la
‘’vocation’’.
De même, d’autres, après avoir
vu leur vie transformée par «
décret » du président de la République « au titre des mesures
individuelles du conseil des ministres », se montraient radins
envers le parti et la base. Aucun
investissement local (marchés,
dispensaires, routes, écoles, infrastructures collectifs ou économiques), quand bien même ils
étaient aux affaires et en profitaient
personnellement. Cette époque
semble aujourd’hui révolue.
Dans l’environnement politique actuel, marqué par l’existence d’un
côté d’une opposition radicale, de
l’autre d’une société civile tout
aussi radicale et qui brille par un
activisme débordant, appelant parfois ouvertement à l’alternance, le
PDG ne peut plus se permettre de
continuer à promouvoir des personnalités qui ne lui assurent pas
un retour sur investissement.
En d’autres termes, la promotion à
de hautes fonctions tant au sein du
parti que dans l’appareil de l’Etat
des militants du PDG doit s’accompagner d’actes concrets prouvant
son soutien au projet de société du
président de la République. Ces actions en faveur du développement
socio-économique du département,
du village, du canton, etc. du ministre ou du haut fonctionnaire constituent
l’argument
massue
susceptible de conduire à l’adhésion des populations à la politique
du chef de l’Etat.
Dès lors, les luttes de leadership, au
lieu d’être le levain de la division,
devraient plutôt stimuler une saine
concurrence. Concrètement, deux
personnalités d’une même localité
se disputant le contrôle d’une province doivent recevoir l’onction du
parti au regard de leur capacité de
mobilisation des masses, condition
sine qua non de la popularité du
parti dans cette localité. Le leadership doit échoir à celui dont les actions réalisées dans l’intérêt
socioéconomique des populations
et du développement de cette localité constituent un témoignage éloquent de sa force et de ses qualités
de meneur d’hommes. La promotion ne devrait donc pas être une
prime à l’affinité ou aux spécialistes
des intrigues et autres coups bas.
De ce point de vue, la célébration en
différé des 47 ans du PDG dans la
Ngounié constitue une parfaite illustration. L’on aura assisté à
Mouila à deux célébrations du « 12Mars » aux facettes différentes.
D’un côté une qui a connue une faible mobilisation, et de l’autre une
manifestation organisée le weekend dernier qui a tourné en une véritable démonstration de force : des
navettes terrestres et aériennes
pour convoyer depuis Libreville et
localement les militants et populations intéressés par l’évènement,
l’achat des pagnes, la restauration,
un concert géant…Et, cerise sur le
gâteau, une organisation qui n’a pas
attendu le financement du parti, et
qui a déployé des moyens largement au dessus de la subvention
politique accordée par le PDG.
Cette entreprise politique de la
Ngounié forte devrait faire tache
d’huile. Tant elle démontre qu’on
n’est pas « général politique » dans
l’hémicycle de l’Assemblée nationale, ni dans un bureau de « DG » ou
de ministre à Libreville, loin des
contingences villageoises et locales.
Mais par des sacrifices financiers
personnels, la proximité avec les
jeunes, les femmes, les chefs de villages et de communautés, la réalisation d’actions d’intégration
socioéconomique contribuant significativement et durablement à
l’amélioration locale des conditions
de vie des populations de sa circonscription politique.
A la lumière de cet exemple, il importe d’augurer véritablement l’ère
de la ‘’professionnalisation’’ de la
politique au sein du PDG, en permettant une hiérarchisation et une
sélection (promotion) politique objective des cadres sur la base de
leur investissement local, de leur
capacité réelle de mobilisation des
populations derrière le président
Ali Bongo Ondimba.n
Politique 5
MAtin
EquAtoriAl
12-Mars en différé à Mouila
La «Ngounié forte» fait
une démonstration de force
Le 16 mai dernier, les militants et sympathisants du Parti démocratique
gabonais (PDG) ont célébré avec faste le 47ème anniversaire de leur parti,
dans une mobilisation populaire sans précédent qui fera forcément date.
L
Mo’Mabike
a célébration improvisée
le 10 mai n’était donc
qu’un avant-goût. En attendant la démonstration de
force du 16 mai dans la même
cité. Samedi dernier à Mouila,
les militants et sympathisants
du PDG, venus cette fois-ci en
masse, ont célébré en grandes
pompes le 47ème anniversaire
du parti créé par Omar Bongo
le 12 mars 1968.
Cette célébration en différé a
eu lieu en présence des hiérarques locaux du parti et des
«camarades» venus d’autres
localités de la province, tous
guidés par «la dynamique unitaire» pour une «Ngounié
forte». Parmi les hiérarques
locaux du PDG, figure en première ligne Fidèle Pango, le
patron du parti dans la province, accompagné pour la circonstance des membres du
bureau politique Martin
Moussavou et Léon Nzouba, et
le ministre de la Culture, Rufin
Martial Moussavou.
La manifestation est rehaussée par les présences d’autres
membres du bureau politique
de la province, parmi lesquels
Serge Mboula de Fougamou et
Sébastien
Mamboundou
Mouyama de Malinga, mais
aussi et surtout Yves Fernand
Manfoumbi, en sa qualité de
membre du comité permanent du bureau politique.
D’autres personnalités, en
l’occurrence le ministre délégué à la Santé, Yussuf Sidibé
Nzengue Akassa et le secrétaire général du ministère du
Budget, Yolande Nyonda, ont
tenu à effectuer le déplacement de Mouila.
Une ferveur militante
En ouverture de ces festivités
marquant la célébration du
47ème anniversaire du PDG, les
militants et sympathisants du
parti de masse, qui ont pris
d’assaut le carrefour militaire,
le point de rassemblement,
ont battu le bitume sous un
soleil de plomb, dans le sens
carrefour militaire-Place de
fêtes, où a eu lieu les discours
de circonstance et les prestations des groupes d’animations.
Telle une vague déferlante sur
la ville de Mouila, la marche
militante a sans aucun doute
donné des sueurs froides au
bouvier de Moutassou, qui
n’avait plus vu pareille mobilisation des pédégistes depuis
son exploit aux locales 2013.
Une mobilisation qui passe
pour un camouflet à certains
cadres du parti à Mouila, qui
voient d’un mauvais œil l’irruption des jeunes sur un terrain qu’ils tenaient pour leur
chasse-gardée.
Tous derrière Ali Bongo
Le dénominateur commun de
tous les discours prononcés
par les différents orateurs à la
place de fêtes est bien entendu le vibrant appel au resserrement des rangs autour
d’Ali Bongo Ondimba en vue
des prochaines joutes électorales. En prenant la parole en
premier, le membre du bureau politique Martin Moussavou a invité les militants et
sympathisants du PDG de
Mouila à «construire un socle
au distingué camarade Ali
Bongo à partir de l’unité».
Même son de cloche chez l’autre membre du bureau poli-
tique de Mouila, Léon Nzouba,
qui a exhorté les militants «à
se mobiliser derrière le distingué camarade Ali Bongo».
Leur emboîtant le pas, le ministre Rufin Martial Moussavou a demandé aux Molvilois
de prendre exemple sur les
aînés que sont Alfred Mabika
et Léon Nzouba. Un duo qui
donne des cauchemars à leurs
rivaux politiques dans la province. Et ce n’est pas Pierre
Claver Maganga Moussavou
qui dira le contraire.
A leur tour, les femmes ont été
exhortées tour à tour par Yolande
Nyonda,
Solange
Mbondzi et Solange Itsitsa à
se mobiliser derrière le PDG
et son illustre chef. Tout en saluant les efforts inlassables
d’Ali Bongo Ondimba en faveur de l’épanouissement de
la femme gabonaise et de la
femme de la Ngounié en particulier, ces dernières ont invité leurs sœurs à soutenir la
politique d’Ali Bongo qui s’emploie chaque jour un peu plus
pour que cette décennie soit
celle de la femme gabonaise.
Bouclant la série d’allocutions, Yves Fernand Manfoumbi, cheville ouvrière de
cette mobilisation tous azimuts, a tout d’abord invité ses
frères et sœurs à réaliser que
«la Ngounié est présente au
gouvernement et au parlement», avant d’ajouter que
«nous devons rendre l’ascenseur au distingué camarade Ali
Bongo Ondimba».
Ainsi, tels des «canoniques»
mandatés par le parti, Yves
Fernand Manfoumbi et les
siens ont donné une leçon de
mobilisation
aux
«apocryphes» qui se sont essayés
une semaine plutôt. Après
Mouila, Ndendé attend de
faire sa démonstration populaire au moment de boucler
les manifestations commémoratives du 12-Mars en différé
dans la province de la Ngounié.n
La colonne sème la zizanie
dans la maison du père
A
M.A
phone depuis que la
colonne qui part de
Mandilou, pour Lébamba, en passant par
Mouila et dont les tentacules atteignent désormais Nzenzélé et Mimongo
a décidé de marcher sur
ses plates-bandes, Yves
Fernand
Manfoumbi
(Manf ’10) a rompu le mur
du silence samedi dernier
en répondant à ses détracteurs, en tête desquels Guy
Bertrand Mapangou, affectueusement
appelé
«Guy-B» par ses sbires.
«Notre politique ne doit
pas être orientée contre le
parti, contre la province
mais plutôt contre la division», a scandé Manf ’10
avant de déplorer que
«matin, midi et soir, on
sème la zizanie et la distraction dans la maison du
père». En effet, en décidant d’organiser des ma-
nifestations parallèles à
celles prévues par les instances dirigeantes du
parti, Guy Bertrand Mapangou, imbu de ses qualités de ministre de
l’Intérieur et de membre
du comité permanent du
Bureau politique du PDG,
et ses sbires ont défié, par
cet acte, Ali Bongo et Faustin Boukoubi.
Et c’est sa motivation qui
est le plus à déplorer dans
cette aventure de la colonne. Comme tout observateur
averti
peut
aisément s’en rendre
compte, Guy-B et sa fratrie
ne luttent que pour sauver
des strapontins pour certains et un retour grâce
pour les autres. Toute
chose qui milite contre
celui qui détient la clé de
leurs
petits
calculs
égoïstes, c’est-à-dire Ali
Bongo Ondimba qui les
traîne désormais comme
un boulet.n
N° 69 du mercredi 20 Mai 2015
6 Société
MAtin
EquAtoriAl
12-Mars dans le 4ème arrondissement de Libreville
ABC entretient l’espoir autour des réformes
Alexandre Barro Chambrier, député frondeur du parti
au pouvoir, a appelé le 16 mai 2015 les militants et
autres sympathisants venus au stade de Basket
d’Awendjé pour la célébration des 47 ans du PDG à
garder espoir face aux réformes engagées par le gouvernement pour sortir la population de la pauvreté.
Bound Moussavou
«
N’en déplaise aux professionnels de la diversion, nous avons espoir
pour la poursuite des chantiers ouverts». Déclaration
du membre du comité permanent du PDG qui, a saisi
l’occasion de la célébration
des 47 ans du Parti démocratique gabonais (PDG)
pour inviter le gouvernement a mieux définir sa stratégie de résorption du
chômage des jeunes, qui
touche une partie importante de cette frange de la
population.
Pour mieux édifier l’assistance sur les perspectives
prometteuses des réformes
engagées, l’agrégé d’économie a relevé quelques points
positifs contenus dans la
stratégie d’investissement
humain. Cette politique sociale est, selon lui, appropriée pour lutter d’une
manière efficiente contre la
précarité et la pauvreté. Il a
invité tous les Pédégistes à
se constituer en coopératives afin de bénéficier de
certains avantages octroyés
par le Fonds national d’aide
sociale (FNAS).
Cette rencontre avec les militants de son fief politique a
aussi offert à ‘’ABC’’ l’occasion de faire un violent réquisitoire contre certains
Pédégistes qui, à son goût,
s’illustrent
uniquement
dans « la course aux postes
ou au maintien à des positions de pouvoir dans l’ap-
pareil de l’Etat». Or, souligne-t-il, le pragmatisme
impose aujourd’hui que la
priorité soit accordée aux
préoccupations des populations. Car, précise-t-il, 2016
qui marque l’heure du bilan
pour le pouvoir, approche à
grand pas.
L’homme politique a toutefois reconnu qu’il y a encore
du temps pour achever certains chantiers qui touchent
directement le quotidien
des populations. Il s’agit notamment des équipements
structurants et socio-collectifs, du logement qu’il souhaite plus social, de
l’adduction à l’eau et à l’électricité, des soins de santé
pour tous et la suffisance alimentaire avec « trois repas
par jour ».
Pour mieux redistribuer les
fruits de la croissance,
Alexandre Barro Chambrier,
ancien ministre du Pétrole, a
proposé à l’Etat de recréer
un climat de confiance vis-àvis des entreprises et des salariés. Il a ainsi mis en
évidence le rapport du
Fonds monétaire international (FMI) sur l’encours de la
dette publique, passé de 16
% en 2011 à 28 % en 2013.
Même si la dette est en nette
croissance, notamment en
raison du lancement de plusieurs projets structurants
gourmands en financements, reste que le Gabon
est encore loin d’atteindre
les ratios prudentiels prescrits par les normes communautaires et les institutions
de Bretton Woods.n
N° 69 du mercredi 20 Mai 2015
Canton Ogooué-Avale
Régis Immongault en quête
d’hégémonie du PDG
Le chef politique du département de Mulundu,
Lastoursville effectue le
week-end prochain pour
remobiliser les populations les populations autour du projet de société
d’Ali Bongo Ondimba.
H.D.M.
R
égis Immongault Tatangani a parcouru les cantons
Ogooué-amont,
Lassio-sébé, Poungui et Léyou
en 2013 et 2014, pour fixer ses
repères politiques. Le weekend prochain, le membre du comité permanent du bureau
politique du Parti démocratique Gabonais (PDG) va boucler par le canton Ogooué-avale
ses tournées organisées dans
l’optique de s’assurer de l’adhésion des populations de ces
cantons au projet de société du
chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba.
L’on devine bien que, comme ce
fut le cas dans les premiers cantons visités, le ministre de
l’Economie aura droit à un accueil de la notabilité pour la remise des clés du canton. Un acte
symbolique qui ouvrira inéluctablement la voie aux manifestations socioculturelles, ainsi
qu’à des audiences qui serviront de cadre au membre du
gouvernement pour recueillir
les principales doléances des
Ogvalloises et Ogvallois.
Au centre des échanges, figureront entre autres le projet d’hydraulique villageoise qui n’est
pas encore arrivé à son terme,
la sécurité sanitaire, les dévastations permanentes des plantations par des éléphants
protégés par la réglementation
gabonaise. Les populations de
l’Ogooué-Avale pourront aussi
joindre leurs voix à celles de
leurs compatriotes des autres
cantons et de la commune,
pour demander la matérialisation de la promesse faite par le
chef de l’Etat lors de la session
du conseil des ministres délocalisé de Koula-Moutou en
2012, en vue de la création à
Lastoursville d’une zone économique spéciale pouvant
constituer un réel espoir pour
la résorption du chômage dans
le coin.
Tout en saluant cette initiative
qui présente l’avantage de les
mettre en contact avec les décideurs, les populations se demandent
cependant
si
effectivement leurs doléances
sont effectivement transmises
à qui de droit. L’interrogation
semble d’autant plus légitime
que ces populations restent
dans l’attente de la concrétisation des recommandations des
journées de réflexion sur le développement de Mulundu tenues en 2010, juste après
l’entrée au gouvernement de
Régis Immongault Tatangani.n
MAtin
Economie 7
EquAtoriAl
Environnement
Le Centre national anti-pollution
entretient une trésorerie parallèle
Cette caisse est alimentée par le fruit des amendes infligées à des présumés pollueurs en dehors de toute procédure légale.
Hortense De Méka
O
mniprésents sur le terrain ces dernier jours à
Libreville, les agents du
bureau des inspections du
Centre national anti-pollution,
un démembrement du ministère de la Forêt, de l’Environnement et de la Protection des
ressources naturelles, recouvrent d’importantes amendes
auprès des présumés pollueurs. Mais d’après nos
sources, cet argent ne serait
pas reversé au trésor public.
De quoi se demander où va
alors tout cet argent collecté
par les agents de ce centre
situé au carrefour STFO?
Le mode opératoire est simple
: des convocations assorties
parfois de mises en demeure
pour infraction au code de
l’environnement en République gabonaise sont adressées aux présumés pollueurs
qui très souvent sont sans défense.
Sur le terrain, les inspecteurs
se font accompagner, soit par
gendarme soit par un agent
des corps habillés, en tout cas
par un agent des forces de sécurité requis pour intimider
les personnes enquêtées. Une
fois au bureau des inspecteurs,
les personnes convoquées, généralement des ressortissants
étrangers, sont soumises à une
parodie
d’entretien
qui
s’achève presque toujours par
une menace de transmission
du dossier au tribunal qui devrait statuer sur la gravité du
délit et l’importance des
amendes à payer.
Souvent pris de panique et de
peur de se voir attribuer d’autres infractions par le parquet,
les présumés pollueurs se résolvent à négocier un règlement à l’amiable du différend.
A Mindoubé, non loin de la décharge publique, dans le 5ème
arrondissement par exemple,
un certain Samaké, de nationalité malienne, s’est vu infliger,
la semaine dernière, une
amende de 200 000 francs à
payer à la caisse du bureau du
Centre national anti-pollution
qui conditionne la délivrance
de la quittance de paiement au
versement intégral de ladite
somme.
A plusieurs autres ressortissants maliens, accusés d’incinération de déchets toxiques
et dangereux à l’air libre, toujours à Mindoubé 1 et un cer-
tain Fofana, exerçant derrière
l’église de Nkembo, il a été
exigé des paiement d’amendes
de 600 000 francs et 100 000
francs respectivement, sous
peine d’interdiction de leurs
activités sur le territoire Gabonais.
La société Averda, héritière de
Clean Africa, pourrait également passer à la trappe des
inspecteurs de la CNAP, à
cause de la pratique d’incinération à ciel ouvert des ordures de tous genres, à la
décharge de Mindoubé, exposant ainsi les riverains de ce
quartier à la menace de pollution.
Selon les articles 149, 152,
153 et 154 de la loi 007/2014
relative à la protection de l’environnement en République
gabonaise, les personnes
prises en flagrant délit de violation de cette loi s’exposent à
de lourdes peines d’amendes
et d’emprisonnement ou de
l’une de ces deux peines seu-
lement.
L’article 149, alinéa 3 , indique
que «sont punis d’une amende
de cinq cent mille francs CFA à
quinze millions de francs CFA
et d’un emprisonnement de
trois à six mois ou de l’une de
ces deux peines seulement, les
auteurs d’un non-respect des
dispositions relatives à la prévention de la pollution de l’air
et de l’atmosphère ».
L’article 154 ajoute que le fait
de ne pas se conformer à la
mise en demeure adressée
(après trois convocations) par
l’administration en charge de
l’environnement est réprimé
d’une peine maximale de six
mois d’emprisonnement et
cinquante millions de francs
d’amende ou de l’une de ces
deux peines seulement.
La brigade anti-pollution
opère sans doute conformément à ses missions. Mais le
bât blesse lorsque les différentes interventions se font
sans ordre de missions. De
plus, les agents de cette institution jugent eux-mêmes de la
flagrance du
délit, sans
concertation avec les autres
administrations concernées et
surtout les infractions sont retenues sans enquête préalable. Le comble, c’est quand le
fruit du paiement des
amendes n’est pas reversé au
trésor public.
Pourtant, les instructions présidentielles interdisant l’incinération des herbes et
d’ordures de tous ordres à l’in-
térieur du périmètre urbain
de Libreville sont encadrées
par des mesures d’accompagnement, qui prévoient notamment l’utilisation des
recettes
provenant
des
amendes au tiers.
Une situation qui interpelle la
Cour des comptes, qui devrait
se saisir de ce dossier afin de
s’assurer de l’orthodoxie de la
gestion de ces ressources. Surtout aussi que, en principe, de
ces statistiques devrait dépendre le paiement de la PIP.n
Sécurité routière
Des passages pour piétons, passages pour la mort à Libreville
A cause notamment de l’incivisme des automobilistes, ces endroits sont devenus mortels pour les piétons.
H.D.M.
I
nitialement, ils ont été
conçus pour assurer la sécurité des usagers de la route,
en particulier les piétons. Mais
aujourd’hui les passages horizontaux pour piétons érigés
devant chaque établissement
scolaire ou milieu à grande
concentration humaine sont
considérés comme des endroits plus accidentogènes que
sécuritaires.
En témoigne le nombre d’accidents de circulation enregistrés
sur ces lieux, qui se comptent
par centaines par an. Une triste
réalité favorisée aussi par le déficit de passerelles pour piétons, notamment sur les voies
à très grande circulation automobile.
Sous d’autres cieux, en dehors
de la signalisation horizontale,
il est installé, aux passages
pour piétons, des poteaux de
feux d’interpellation des automobilistes sur la nécessité de
prioriser la traversée des piétons. En Allemagne par exemple, certaines voies de Berlin
sont dotées d’une sorte de
cloutage automatique, permettant aux automobilistes de ralentir systématiquement à
chaque endroit prévu pour la
traversée d’enfants et autres
piétons et la présence dissuasive des forces de sécurité y est
obligatoire.
En dépit de l’incivisme de certains automobilistes, qui se
croient très souvent seuls usa-
gers de la route à Libreville, les
autorités du ministère des
Transports, très présentes sur
les lieux de contrôles routiers
déployés çà et là comme
planches à billet, pourraient
également, comme en France
qui nous inspire, instituer des
permis à points ou toutes autres mesures visant à mettre
hors d’état de nuire tous les apprentis ou chauffeurs n’ayant
aucune notion de respect du
code de la route.
Dans des endroits à grande
concentration humaine et de
traversée périlleuse, comme à
l’armée de l’air, lac bleu, deux
poteaux, plein ciel, Fopi, Sogatol, IAI, maternité Joséphine
Bongo, carrefours SNI et Sétrag, Bananier, Sobraga et
Douanes sur le fameux boulevard périphérique devenu très
mortel, des graves accidents de
circulation, avec dégâts corporels ou mortels, contribuent
malheureusement à l’augmentation du taux de mortalité des
citoyens valides pour le développement du pays.
Cette situation interpelle les
autorités gabonaises jusqu’au
plus haut niveau pour une
prise des mesures adéquate.
Les pouvoirs publics pourraient par exemple réexaminer
la possibilité de pérenniser les
brigades scolaires à chaque
sortie des cours ou envisager la
construction des passerelles
appropriées à la traversée des
piétons dans la capitale gabonaise.n
N° 69 du mercredi 20 Mai 2015
8 Société
MAtin
EquAtoriAl
Fin d’année scolaire
Les incertitudes d’un avenir sans la Pife
De gros nuages s’amoncellent à nouveau dans le
ciel scolaire avec la probable suspension du
payement de la PIP et de
la Pife, à deux mois de la
fin officielle de l’année
scolaire.
C
Paul Beyémé
’est le genre d’annonce
qui fait froid dans le
dos. Mais le porte-parole de la présidence de la
République a pris le risque
afin que nul n’en ignore : la
prime à la performance et
celle relative à l’’incitation à
la fonction enseignante’’ sont
supprimées pour être refondues dans le nouveau système de rémunération des
agents de l’Etat. Et pour être
plus précis, le gouvernement
se propose de faire entrer la
nouvelle grille en vigueur dès
juillet. C’est-à-dire, dans trois
mois.
L’affaire est suffisamment
préoccupante au point de
susciter des inquiétudes. Les
agents de l’Etat attendaient la
PIP, commune à tous les
fonctionnaires, pour fin
mars. Après le premier choc
consécutif au retard de versement du quatrième trimestre de l’année 2014, on
s’attendait à une accélération
du mode de paiement de
cette prime en 2015.
Début mars, on apprenait du
reste que des listes étaient
formalisées dans chaque département ministériel pour
le premier trimestre : celui
qui courait de janvier à mars,
justement. Les agents publics sont surpris de ne pas
être payés jusqu’à ce jour.
Mais l’espoir demeure. Dans
les bureaux, les collègues se
sondent pour savoir si c’est
fait. La réponse, chaque fois,
tombe tel un couperet : « Il
n’y a encore rien ».
Voilà que jeudi dernier, dans
sa conférence de presse hebdomadaire, le porte-parole
de la présidence ruine les
derniers espoirs des fonctionnaires : «Il faut mettre
définitivement un terme à
cette histoire de PIP, le gouvernement ayant promis de
mettre en valeur le nouveau
mode paiement des agents de
l’Etat ». Ce qui sous-entend
que celui-ci sera suffisamment avantageux afin que
tout le monde trouve son
compte.
Seul problème, le gouvernement n’a pas communiqué
sur la question. Mais le
porte-parole de la présidence de la République étant
Menace sur les examens ?
L
P.B
a présente année scolaire
a certes été prorogée
jusqu’en juillet, voire en
août, pour tenir compte des
longues pauses consécutives
aux grèves qui ont paralysé
notre système éducatif, mais la
menace n’est toujours pas
levée. La période qui pointe à
l’horizon est particulièrement
propice aux arrêts de cours,
pour exiger le payement de la
Pife (prime d’incitation à la
fonction enseignante). C’était
déjà le cas l’an dernier à l’approche des examens de fin
d’année (CEP, BEPC, bac). Un
remake ne serait donc pas
exclu.
Et pour cause, s’agissant de la
PIP (prime d’incitation à la
performance), le porte-parole
de la présidence de la République a jeté un pavé dans la
mare à l’issue d’une de ses récentes conférences de presse
en affirmant que cette prime
est purement et simplement enterrée. Billié-By-Nzé se référait
au nouveau mode de rémunération annoncé par le chef de
l’Etat.
Mais comme chacun sait, cette
nouvelle grille ne prendra effet
qu’en juillet prochain. Déjà, les
ayants droit commencent à
s’agiter et à l’approche des examens, c’est tout, sauf un bon
signe. Pour la PIP, ils font valoir
la non-rétroactivité de la loi, la
MAtin
équAtoriAl
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N° 69 du mercredi 20 Mai 2015
grille en gestation ne pouvant
abroger celle qui existe qu’une
fois actée sa mise en application.
« Que faisons-nous en attendant
? » s’est interrogé un agent de
l’Etat.
Pour la Pife, c’est plus compliqué. Les enseignants font valoir
que cette prime sort du cadre de
la PIP en ce qu’ils la touchaient
depuis plusieurs années. Elle
avait été négociée sous Omar
Bongo et c’est désormais un ac-
Directeur de la Publication:
Madre NGUIMBY
Directeur de la Rédaction:
Paul NZOGHBAM
Rédacteur en Chef:
Roger OKILI
Secrétaire de Rédaction:
quis irrévocable pour eux. Et
c’est justement à dessein qu’ils
ont fixé à mai de chaque année
le paiement de cette prime
afin de mieux tenir le gouvernement.
Cette année, les enseignants
peuvent être tentés de remettre ça et des rumeurs dans ce
sens commencent à circuler.
Selon eux, ils peuvent lever le
pied sur la PIP, mais jamais sur
la Pife. Voilà pourquoi il est
probable qu’un retour à la
case départ soit observé dans
un avenir proche. Les enseignants sont retournés dans les
salles de classe tout juste pour
mieux piéger le gouvernement. Alain-Claude a dit que la
prochaine étape, après la mise
sous bons de caisse et la suspension, sera la radiation. On
semble tendre irrémédiablement vers cette solution. La
pause actuelle pourrait être le
prélude à un mouvement
beaucoup plus corsé si le pouvoir ne joue pas plus serré.n
Arthur MBADINGA
Comité de Rédaction :
Vincent Eyi
Roger Okili, Alban Moussavou
Jacques Okeng
Constantin Toukoule-Mè
Jacqueline Mubokianu
dans le secret des dieux, nul
doute que sa parole pèse désormais autant qu’un arrêt de
la Cour administrative. La
question de savoir pourquoi
le cabinet Ona Ondo ne va
pas lui-même au charbon en
devient presque sans objet.
Toujours cette rivalité sans
fin entre le palais et le 2-Décembre. En d’autres circonstances, c’est le porte-parole
du gouvernement qui serait
venu annoncer la mauvaise
nouvelle. Pourquoi, dans une
affaire aussi sensible, c’est
celui de la présidence de la
République qui a pris les devants? Le mutisme du gouvernement
vaut-il
approbation tacite? Autant
de questions qui taraudent
les esprits au moment où les
agents de l’Etat attendent de
toucher la PIP.
Les raisons invoquées par le
porte-parole du palais pour
justifier les coupes sombres
dans certains chapitres budgétaires sont plutôt de nature
à jeter de l’huile sur le feu, si
cela ne ressemble pas à de la
provocation. Depuis que le
chef de l’Etat a institué cette
prime, elle fait désormais
partie du salaire du fonctionnaire qui l’attend fiévreusement tous les trois mois. Le
premier trimestre est passé
alors que le second est déjà à
son beau milieu.
En réalité, le plus délicat est à
venir. Il s’agit de la Pife
(Prime d’incitation à la fonction enseignante) que touchent les enseignants au
mois de mai. De peur d’être
floués, ils ont fixé son paiement à cette date qui précède
la tenue des examens.n
Infographes:
Marcel OLENDEY
Zambo Linus
Impression: MULTIPRESS:
TIRAGE:
5.000 exemplaires
Distribution : SOGAPRESS