MAtin N°67 du 6 Mai 2015 500F CFA EquAtoriAl Journal d’information et d’analyses. [email protected] / [email protected]. Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10 Frilosité au sommet de l’Etat La bourde d’Issoze Ngondet C e document que nous publions n’est pas un faux. Il occupe une place de choix dans les informations qui circulent sur la toile. Il est signé du probable futur Premier ministre de la République si, comme cela se murmure, le trophée ne revenait pas dans la province de l’Estuaire pour calmer les Fangs aujourd’hui très remontés contre le pouvoir depuis l’affaire Mba Obame et la perte de l’électorat du Grand Nord. Ce qui choque le plus dans la prose du Premier ministre par intérim, qui commence certainement mal son apprentissage, c’est qu’il est loin de servir de fusible dès l’entrée en matière. Emmanuel Issoze Ngondet sera donc loin d’être une bonne tête à claques, comme l’est Daniel Ona Ondo qui sait avaler les couleuvres et se cantonner à l’inauguration des chrysanthèmes. Ici, ce n’est pas le gouvernement dont Ona Ondo est le chef qui fait le constat que toute l’administration a déserté les bureaux par crainte, par manque de moyens de transport, ou pour aller accueillir- parce que constituée de militants ou sympathisants de l’opposition- la dépouille d’André Mba Obame, mais le chef de l’Etat en personne. Curieux futur Premier ministre que ce très proche du chef de l’Etat.n A-t-on enterré la République à Medouneu ? L a photo circule dans les réseaux sociaux. Elle fait le tour du monde. Le cercueil d’André Mba Obame a été enfoui sous terre lundi dernier à Medouneu, recouvert du drapeau Gabonais. Ce qui a surpris plus d’un observateur présent sur les lieux de l’inhumation de l’opposant dont la disparition a plongé le pays dans un climat d’inquiétude, d’incertitude et drapé de mysticisme, les versions les plus invraisemblables entourant la mort de l’opposant. Aussi la question qui est posée est celle de savoir s’il était juste et légal, au regard de son statut que l’on enterrât Mba Obame avec le drapeau Gabonais, et à quelles fins ?n 2 Economie MAtin EquAtoriAl L’éditorial de Paul Nzogh Bam S i les populations sont venues de divers horizons ethniques, linguistiques, sociaux et même politiques pour marquer leur hommage à AMO, il reste aussi que les populations originaires du Grand Nord et de l’Estuaire, c’est-à-dire les Fang, ont massivement répondu présent. Ceuxci constituant l’ethnie la plus nombreuse du Gabon , la question à laquelle personne ne peut échapper, en particulier la classe politique gabonaise et tout ce qu’elle recèle d’experts en stratégies électorales, est de savoir si cet important vivier électoral a d’ores et déjà tourné le dos au candidat de l’émergence, ou s’il a simplement manifesté un mouvement d’humeur passager ? Cette mobilisation confirme, tout d’abord, la configuration socio-électorale de 2009 qui avait largement donné AMO gagnant sur les terres tique . C’était également par réalisme politique, afin d’intégrer cette tranche importante de la population à sa politique et la faire mieux adhérer à sa vision. Les choses resteront ainsi jusqu’en 2009, date de sa disparition. Sans véritablement rompre avec cette « géopolitique », le président Ali Bongo, nouvellement installé au pouvoir, va reconduire la « coutume politique » voulant qu’un Fang soit à la primature, en désignant Paul Biyoghe Mba. A la suite du schisme électoral de 2009 et la mobilisation inédite des Fangs derrière le principal opposant, AMO, le régime émergent jeta son dévolu sur le Woleu-Ntem, où il débusqua d’abord Raymond Ndong Sima, comme PM en 2012, bien qu’ayant tout juste adhéré au PDG, après une longue histoire avec l’opposition, et après lui Ona Ondo, la « perle rare », en 2014. Pour autant, et malgré L’Emergence et le Grand Nord fangs, mais elle tend aussi à signifier qu’électoralement, 2016 pourrait s’annoncer plus compliquée si l’opposition ou l’un de ses démembrements vient à présenter un candidat fang d’envergure. Il y en a deux ou trois. Estimée autour de 30% de la population gabonaise, cette communauté a toujours été une équation politique particulièrement complexe à gérer. Dans la durée, elle apparaît comme ancrée dans l’opposition ou la contestation, depuis la période pré-indépendance, au temps où Léon Mba et Jean Hilaire Aubame s’affrontaient, jusqu’à nos jours. Si le président Omar Bongo a créé le poste de Premier ministre en 1975 pour le donner aux Fangs, ce n’était pas simplement une forme de reconnaissance envers Léon Mba, qui fut son mentor poli- cette sollicitude politique vis à vis du Grand Nord, le constat est clair que six ans plus tard, le Woleu-Ntem se considère toujours à l’écart de l’émergence. Il estime en être sinon le « parent pauvre », avec un bilan en termes d’acquis économiques, infrastructurels et sociaux peu visible. . S’ils sont venus de Makokou, de Lambarené, pour joindre leur voix à celles du Nord et de l’Estuaire, c’est que les Fangs de toutes origines actualisent aujourd’hui, comme il y a soixante ans, l’idée selon laquelle leur communauté tient toujours tête à l’émergence. Il ne s’agit pas d’un simple marchandage politique, mais de quelque chose de beaucoup plus profond. Le Woleu-Ntem, dès lors, est-il perdu pour Ali Bongo en 2016 , et avec lui tout l’espace vital fang?n N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 Hommage populaire à AMO : Les absents et les présents… une unité de façade de l’opposition ? Arrivant les uns après les autres, les responsables de l’essentiel des forces politiques de l’opposition ont massivement répondu aux abonnés présents, soit depuis l’aéroport, soit au stade de Nzeng-Ayong pour rendre hommage à AMO, secrétaire exécutif de l’UN, tête de pont de l’opposition sociologique au régime émergent. S AGB i tous les partis d’opposition, certains avec ces gerbes de fleurs estampillées de phases « AMO, repose en paix », « regrets éternels » ou encore la « nation reconnaissante », etc. ont massivement pris part à ces obsèques, quelques-uns ne se sont pas fait voir. C’est le cas de l’UPNR, du MORENA de Bengone Nsi, etc., quoique certains se soient rattrapés en se rendant le lendemain à l’hommage organisé au siège de l’UN à l’ancienne SOBRAGA ou encore ou à la Cathédrale Sainte-Marie. L’hommage au stade de Nzeng-Ayong aura été le véritable point culminant de ses obsèques à Libreville. Du coté des présents, il faut dire que les partis politiques sont arrivés selon leur configuration actuelle. C’est le cas de l’UPG, venue avec deux délégations, conduites respectivement par Bruno Ben Moubamba et Mathieu Mboumba Nziengui ; le cas aussi du MORENA de Mendou par rapport au MORENA de Bengone Nsi. Les présents… job Divungui Di Dinge, invisible dans les écrans radars depuis un certain temps, a fait le déplacement… Si l’opposition, qu’elle soit « radicale » ou « responsable » a affiché carton plein, c’est pour deux raisons, explique un politologue. La première évidente est que la disparition d’AMO est un séisme politique dans ce camp. Etre présent à ces obsèques c’est d’une part témoigner une forme de solidarité à ce courant de l’opposition, histoire de faire politiquement correct, mais d’autre part, montrer à ce qu’on appelle le « peuple du changement » sa fidélité au courant de l’opposition. Parce que ne pas être à NzengAyong, pour ces figures principales de l’opposition citées, c’était montrer son allégeance au pouvoir et avoir peur des conséquences éventuelles. Parmi les présents aussi, l’on notait celle d’Engonga Owono dit Ebooué. Le prince de Ndamvaga est-il venu par solidarité communautaire aux obsèques de « mong y’adzè » ou au contraire, a-t-il par là voulu signifier au pouvoir et à l’opposition, sa sortie définitive des rangs du PDG ? Dans le même registre, le fils de Yefè, l’ex.-PM Ndong Sima, que l’on dit proche de cette opposition, n’a pas non été visible à Nzeng-Ayong, absence au pays ou volonté de ne pas franchir trop tôt le Rubicond ? Cela va se savoir. Tout le quota de l’Union Nationale a affiché son carton plein des grands jours : Oyé Mba, Paulette Missambo, la famille Myboto, Mike Joktane, Eyeghe Ndong…ainsi que le mouvement national des jeunes de l’UN. Dans ce bal, il faut signaler la présence de Jean Ping, visiblement préoccupé durant Le syndrome de l’UPG posttout le cérémonial, ainsi Réné Mamboundou va-t-il atteinNdemezo’o, Paul Amoughé dre l’UN post- AMO? Mba, Kombila Koumba, Manganga Moussavou, etc., et Did- La disparition du fils du Woleu-Ntem consacre également la vacance de deux « postes » : d’abord au sein de l’UN, le leadership va désormais échoir à qui ? Ensuite, au sein de Front uni et plus largement de l’opposition, le départ du «candidat de l’interposition » en 2009 laisse vacant le poste de chef de file de l’opposition au régime émergent. Quand Mamboundou décède en 2012, il y avait un bicéphalisme entre lui et AMO. Les deux ayant été presque ex-aequo au scrutin de 2009 selon les résultats officiels rendus par la cour constitutionnelle et qu’ils avaient toujours contestés. Seulement à sa mort, le « vide » ne fut pas énorme au sein de l’opposition en général, sinon dans son camps où depuis lors, c’est le chaos avec des feuilletons mystico-politicojudicaires à n’en point finir. Le syndrome UPG va-t-il aussi atteindre l’ « héritage » d’AMO à l’UN et au front uni ? Une question qui n’est pas sans intérêt quand on sait aujourd’hui que Ping, les souverainistes, le lobby fang, le lobby Nzebi, le courant Mike Jocktane, etc…s’activent au sein du parti pour assurer chacun son contrôle après AMO. Certains observateurs estiment que l’UN s’habituait déjà petit à petit à vivre sans AMO, du fait de son absence prolongée. Et que la survenance de sa mort, plonge certes le parti présidé par Zacharie Myboto dans une affliction et des incertitudes incontestables, « mais l’UN devrait normalement tenir bon », estime un connaisseur des affaires de ce parti.n Interview 3 MAtin EquAtoriAl Obsèques d’AMO : Une mobilisation qui interpelle le pouvoir émergent… Scandant les chansons en l’honneur de la figure de proue de l’Union nationale et de l’opposition gabonaise en général, André Mba Obame (AMO), une foule immense, estimée à plus de 50.000 par les organisateurs de l’UN,-chiffre qui n’a été ni confirmé ni contesté jusqu’ici par les organes officiels- a envahi mardi 28 avril dernier l’aéroport international Léon Mba et le stade de Nzeng-Ayong, afin d’accueillir l’arrivée de la dépouille mortelle du secrétaire exécutif de l’UN. S Alban Moussavou i la tension était palpable depuis deux semaines, la rencontre entre le président Ali Bongo et quelques membres de la famille du disparu introduits au cabinet présidentiel par Monseigneur Basile Mvé Engone, archevêque de Libreville, semble avoir baissé la pression entre les deux camps, (pouvoir et opposition). L’on a vu à cet effet la presse gouvernementale (RTG1 et L’Union) mettre de l’eau dans leur vin. Résultat, la diffusion lundi d’un court reportage sur le parcours politique d’AMO, la consécration de quelques articles et de deux Unes, dont mardi et mercredi, à l’incontestable évènement politique qu’est la disparition de l’opposant numéro au régime émergent. Dans le même temps, les militants de l’Union Nationale et tous les sympathisants ont eu des attitudes moins provocatrices ou peu susceptibles, de l’aéroport au stade de Nzeng-Ayong, à l’égard de l’important dispositif sécuritaire (terrestre et aérien) déployé par le pouvoir pour éviter d’éventuels gnal fort envoyé au pouvoir troubles à l’ordre public. émergent dans la perspective de 2016. La disparition Une mobilisation pour d’ AMO n’efface pas dans la envoyer des messages au conscience de larges franges pouvoir de la population le désir de C’est d’ailleurs l’un des changement avant ou d’ici grands enseignements des 2016. Alors que sur certains journées de mardi 27 et de réseaux sociaux et par des mercredi 28 avril 2015 mar- SMS, les informations circuquant à Libreville les ob- laient et tendaient à demansèques d’AMO. Les der aux populations de ne échauffourées, violences sur pas s’y rendre parce que les personnes, destructions l’opposition (UN) préparait de biens d’autrui, troubles à des actes de violence voire l’ordre public et parfois… une action insurrectionmort d’homme n’arrivent nelle, et en dépit de la mobique lorsque dans les deux lisation des forces de camps de l’opposition et du sécurité, qui ont manifesté gouvernement, l’on laisse une présence dissuasive, il y des ultra- zélés aux com- a eu une mobilisation monst3re. Cette foule de 40 mandes. Libreville a retenu son souf- à 50.000 Gabonais- selon fle jusqu’au bout pour voir certaines sources non comment allait se dérouler confirmées officiellementces obsèques. Il y aura eu fi- toutes ethnies confondues , nalement plus de peur que qui n’incluent ni ceux qui de mal. Et tant mieux ainsi. sont restés chez eux, dans Le second message est un si- les bars ou campés devant TV Plus et internet pour suivre « en direct » l’hommage populaire à AMO, quoi que l’on fasse pour elle d’ici là, ne changera pas si évidemment que cela de point de vue. C’est elle que certains confrères appellent « le peuple du changement » et qui reste mobilisée à affronter dans les urnes comme dans la rue le régime émergent. Et les discours lus, les slogans n’ont d’ailleurs pas manqué de souligner « on ne vous a pas donné 10.000 F ou un tee-shirt pour être ici, c’est le cœur qui vous a conduit… ». A moins de 20 mois de l’élection présidentielle, c’est un message qui signifie que l’opposition, avec ou sans AMO, reste réelle au sein de larges franges de la de la population gabonaise. En absence de pragmatisme économique, infrastructurel et surtout social, 2016 pourrait s’annoncer plus compliquée que prévu. Des objectifs organisationnels atteints… Du coté de l’opposition, les objectifs essentiels de l’organisation à Libreville de la disparition de leur compagnon de lutte ont été atteints. Il s’agit notamment de lui rendre un hommage populaire « mérité » par rapport à la dimension nationale et internationale qu’ils ont reconnue en lui, mais aussi de démontrer au pouvoir que la popularité d’AMO était restée intacte. Et c’est le sens de la mobilisation populaire qui est partie de l’aéroport Léon Mba jusqu’au Stade de Nzeng- Ayong et qui malgré une longue nuit de veille rythmée par des discours, des chorales chrétiennes et des artistes de divers horizons linguistiques du pays n’a pas faibli. Dans un stade qui a refusé du monde, ils étaient à même le sol, sur les chaises, les plus forts étaient agrippées au mur du stade, d’autres aux alentours du stade à telle enseigne que la circulation était quasiment impossible dans le périmètre du stade toute la journée. L’ambition a été aussi à son comble car ambivalent entre cris, pleurs, mais aussi slogans , chants mondains populaires. L’on a assisté à un deuil, mais aussi à une sorte de «liesse populaire » que les organisations sur place ont placée fièrement dans le sens de l’espoir qui reste présent malgré le départ physique vers l’au-delà. Dans le camp présidentiel, certains auront beau jeu de sous-estimer l’ampleur de cette mobilisation, pour n’avoir pas ensuite à chercher la réponse à y apporter, à moins de 20 mois de la future présidentielle. D’autres, mesurant une réalité qui jusquelà était mal connue, puisque l’opposition n’a pas toujours eu la possibilité de défiler, se rendent bien compte qu’il y a quelque chose à faire, si l’on veut faire revenir « au bercail » une bonne partie de cette population, qui manifestait autant par conviction politique que pour manifester un mécontentement passager. Lequel des deux camps réussira à avoir l’oreille du « distingué camarade» ?n N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 4 Politique MAtin EquAtoriAl Chronique politique A l’heure des comptes Visite des chantiers à Libreville Ali Bongo : la course contre et des mécomptes E t maintenant ? C’est certainement la question que se posent aujourd’hui les Gabonais au terme des obsèques, en plein cœur de Medouneu dans le septentrion, de l’opposant André Mba Obame après la foire d’empoigne regrettable et frisant l’ignominie entre un gouvernement de plus en plus frileux et une opposition qui trouvait là, l’occasion de monter en puissance et de faire douter l’adversaire . Mba Obame n’est certes plus de ce monde physiquement, mais son esprit, son souvenir et son aura planeront toujours sur le ciel politique gabonais et particulièrement dans les milieux politiques des deux camps. Mais c’est dans le Woleu-Ntem que l’exploitation stratégique ou malveillante de sa disparition risque d’avoir des conséquences positives ou négatives, toujours pour les deux bords politiques. Et à l’heure des comptes et décomptes, nombreux sont les observateurs de la vie politique au Gabon qui prédisent des lendemains difficiles pour le parti au pouvoir dans le septentrion. Cette tendance, à les croire, pourrait s’étendre à tout l’espace vital fang, encore appelé caricaturalement « Unifang » dans le jargon politique. Il ne fait donc l’ombre d’aucun doute que c’est sur ce théâtre des opérations que l’opposition, dont les principaux leaders s’observent toujours pour l’éventuelle désignation d’un candidat unique contre Ali Bongo, concentre son travail. Il se dit du reste depuis le 12 avril dernier, qu’au regard du traitement supposé ou réel réservé à la dépouille de l’un des leurs, et malgré les apparences, l’électorat fang, quel que soit la province, n’aurait pas du tout apprécié et aura donc sociologiquement du mal à se prononcer pour le candidat naturel du parti au pouvoir si le vote avait lieu en 2015. Donc cette année. Que se passera -t-il lors du vote en 2016 ? Bien entendu quelques hypocrites, comme d’habitude s’empresseront de souffler le contraire à Ali Bongo, comme pour lui dire que la situation est sous contrôle, totalement maitrisée, et que notre analyse est un grossier mensonge. Que ses courtisans qui ont choisi les salons feutrés des somptueuses résidences de la capitale se souviennent simplement du scrutin d’août 2009 et des zones de victoires du candidat Ali Bongo sur la carte électorale, et ils tiendront un tout autre discours que celui qu’ils s’apprêtent à distiller. Après tout, si les choses marchent mal, ils n’auront pas à en payer le prix.. D’où la nécessité de faire les comptes et les décomptes, principalement pour le parti au pouvoir et sa majorité au sein de laquelle on perçoit des craquements, œuvre des partis alliés qui expriment en sourdine leur frustrations et plaintes face au traitement de misère qui leur est réservé par le parti dominant, qui n’aurait besoin de leur services et soutien qu’en période de crise. Le même regard et la même attention devraient s’orienter vers le front social dans son ensemble .Il est en ébullition depuis plus d’un an sans que le gouvernement ne semble trouver les solutions aux problèmes posés, optant plutôt pour la politique du bâton, en lieu et place de la négociation et la concertation. Ici encore, il n’est pas évident que si le scrutin présidentiel avait lieu cette année le vote des enseignants serait favorable au candidat du parti au pouvoir. Certes Ali Bongo s’investit grandement dans le domaine des infrastructures et de la lutte contre la pauvreté. Ce qui est déjà considérable et en d’autres périodes et circonstances qu’il n’y aurait pas match, comme le clament ses partisans. Il se trouve que la rancœur, la haine, le rejet de l’autre, le repli identitaire et le vote tribal s’invitent déjà au débat. Ces tares sont tellement enracinées dans les mentalités de l’électorat gabonais qu’il serait imprudent de ne pas faire des comptes et des décomptes après les obsèques de Mba Obame. Nous sommes revenus à la case départ. Il faut tout reconstruire.n N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 la montre ! Un peu moins de vingt mois avant la fin de son septennat, consacré à une meilleure redistribution des richesses entre la totalité des Gabonais, le président Ali Bongo vise un objectif précis à l’échéance 2016: redresser et consolider l’économie gabonaise. Dans ce sens, parviendra-t-il à implanter les équipements nécessaires au développement du Gabon ? Arrivera-t-il à débarrasser le pays de ses pesanteurs administratives et de ses turbulences politico-judiciaires ? « Mo’Mabike J'ai bien compris qu'il y avait urgence d'agir vite pour redonner confiance et favoriser l'émergence d'un nouvel espoir. L'espoir de voir disparaître le chômage, la précarité et toutes les inégalités (...), l'espoir d'aller dans de bonnes écoles, se faire mieux soigner, d'être bien logé, de circuler sur nos routes en toutes saisons, de recevoir sa juste part des fruits et des richesses», déclarait Ali Bongo lors de son discours d’investiture le 16 octobre 2009. Cinq ans et six mois après cette déclaration, le numéro un gabonais a abattu un travail de titan, englobant presque la totalité des secteurs économiques gabonais, par rapport à l’état structurel dans lequel le pays se trouvait déjà à son arrivée au pouvoir. Aujourd’hui, il multiplie encore les visites sur les différents sites et chantiers pour s’enquérir de leur évolution et du rythme de travail imposé par les entreprises adjudicataires des marchés. Car, il le sait très bien, beaucoup de ses promesses restent encore à satisfaire. Donc, après Port-Gentil et Mouila, le tour est revenu, le 28 avril dernier, à Libreville. Dans la capitale, Ali Bongo a tenu à toucher du doigt la qualité des travaux effectués sur le tronçon routier PK5-PK13. Une extension qui permettra de fluidifier la circulation des personnes et des marchandises, des provinces vers la capitale et vice versa. L’objectif, à terme, étant de partir du PK 0 pour l’intérieur du pays sans trop de difficultés. Ali Bongo qui sait que le temps ne joue pas en sa faveur a, depuis quelques semaines déjà, repris la main autour des chantiers afin de se rendre personnellement compte du niveau d’exécution des travaux. Les structures sanitaires ne sont d’ailleurs pas en reste, comme le Centre hospitalier universitaire de Libreville où le chef de l’Etat est descendu lui-même sur le terrain. De nouveaux bâtiments de cet hôpital public devraient bientôt être livrés dans le but d’en accroître les capacités d’accueil. Dès l’entame de son mandat, de 2009 à 2012, Ali Bongo avait déjà été au four et au moulin, notamment avec la construction du stade de l’amitié sino-gabonaise qu’il avait presque porté à bout de bras. Le chantier avait été livré en temps et en heure, avec en prime le développement de la commune d’Akanda qui l’abrite. Aujourd’hui, l’édifice sportif fait la fierté de tous les Gabonais. Le talon d’Achille Sauf mauvaise foi, il faut reconnaître qu’Ali Bongo a cravaché dur pour élargir le réseau routier gabonais et le rendre praticable en toute saison. Il a œuvré au renforcement des capacités d’accueil des hôpitaux, en construisant de nouveaux centres hospitaliers à défaut de pouvoir les réhabiliter. Les prestations sociales ont nettement été améliorées, plusieurs rappels d’agents de l’Etat apurés, etc. Même si l’attente dans l’exécution de plusieurs chantiers fait encore gémir de douleur de nombreux Gabonais. Le cas notamment de la justice et de la lutte contre la corruption sont souvent cités dans ce registre. «Je veux un Gabon exempt de la corruption et de l'injustice. Je veux un Gabon où les élites circulent et se renouvellent. Je veux un Gabon où la justice est au service de tous», martelait Ali Bongo lors de son discours d’investiture, «je veux un Gabon où les plus méritants sont récompensés et où la sanction juste est infligée à ceux qui commettent des fautes», poursuivait-il alors. Seulement, à un an et quelques mois de la fin de son mandat, les Gabonais n’ont pas en mémoire que les lignes aient bougé de ce côté. En effet, les auteurs des crimes économiques et financiers, ainsi que rituels, restent impunis et continuent de déambuler dans les artères de nos villes sans être inquiétés. Du dossier Fodex au crime rituel perpétré sur un militaire au village Nanga, en passant par l’affaire Julien Nkoghe Békale, etc., la justice reste aphone et atone, alimentant ainsi au sein des populations un regain d’insatisfaction. Il est donc plus que temps, à l’instar des autres chantiers du Gabon émergent, que le président de la République donne un coup de pied dans cette fourmilière. D’une part, pour rendre justice et établir la vérité en faveur des nombreuses familles ayant perdu des proches réduits à l’état de «pièces détachées» et, d’autre part pour remettre de l’ordre dans cet Etat désormais détroussé d’une bonne partie de sa richesse par des budgétivores tapis dans l’ombre et que la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) n’effraie même pas.n suppléMEnt éConoMiE MAtin N°67 du 6 Mai 2015 500F CFA EquAtoriAl Journal d’information et d’analyses. [email protected] / [email protected]. Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10 Les petits pas de la simplification : L’APIEX et l’e-taxe L 'administration gabonaise et son mode de fonctionnement font l'objet de critiques tant de la part des entreprises que des particuliers. L’organisation, le rôle et les missions de nos administrations doivent en effet être repensés et adaptés à un contexte économique en pleine mutation. C’est sur les administrations gabonaises que les investisseurs et les entreprises qui portent l’émergence économique de notre pays d’ici 2025 doivent s’appuyer. La crise actuelle du choc pétrolier sera-t-elle le leitmotiv d’un mouvement national de simplification administrative tous azimuts ? L'administration gabonaise a connu depuis 2009 quelques réformes audacieuses. Des expériences innovantes sont menées dans de nombreux domaines en termes de simplification. Le processus reste porteur même s’il est balbutiant. C’est le cas de l’APIEX et de l’e-taxe. Sommaire Pacte national de compétitivité : La crise, une opportunité pour se réveiller Lire en pg. II Sortir du saupoudrage et des ajustements budgétaires Lire en pg. II Contrer les obstacles au PNAC : Changer d’approche et réunir les parties prenantes Lire en pg. III Economie La lourdeur des procédures, un frein au développement du secteur privé Lire en pg. IV Le sillage d’un nouveau cadrage macroéconomique du PSGE Lire en pg. V Lutte contre le chômage : Vers l’adéquation formation-emploi Lire en pg. VI Lire en pg. VII Promouvoir et systématiser les normes Qualité « made in Gabon » L uxe ou effet de mode ? La réponse peut paraître bizarre de dire ni l’un, ni l’autre. Et pour cause ? Le Gabon vit de l’exportation de ses matières premières. Le vent de diversification insufflé depuis 2009 par le président Ali Bongo va dans le sens d’augmenter les produits (biens et services) des entreprises opérant au Gabon. Dans une économe fortement concurrentielle, où il nous faut attirer les investisseurs et les clients (asiatiques, européens et des pays du continent), la qualité ne saurait ne pas être au rendez-vous. « Made in Gabon » ou « je suis fabriqué » doit être la marque qui promeut de la qualité, de la fiabilité du Gabon. D’autres pays comme le Rwanda font figure de « bons élèves » auprès des leurs. Lire en pg. VIII II économie MAtin EquAtoriAl Pacte national de compétitivité : La crise, une opportunité pour se réveiller De 1986 à 2010, ce ne sont pas moins de quatre plans d’ajustement structurel que l’économie gabonaise a connus sous les auspices du Fond monétaire international (FMI). En réalité, les politiques, en dehors de la vague des privatisations de la décennie 1996-2006, n’ont pas suffisamment tiré les leçons du passé pour réinventer le modèle économique du pays. C P.N ela fait plus de vingt ans que l’on parle de la « diversification de la base productive » ou de «la diversification économique », mais sans véritablement engager au fond une telle démarche, si ce n’est ces six dernières années. Ce ne sont pourtant pas les diagnostics qui ont manqué avec les cabinets privés, les plans sectoriels, l’ancien haut commissariat au plan...Le Plan Gabon 2025, ou le Document spécial de réduction de la pauvreté et de la croissance, daté de 2005, ainsi que plus tard, le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) ont posé des diagnostics sans complaisance et surtout, notamment dans le PSGE et ses « annexes sectorielles » (infrastructures, industries) ont développé des pistes de transformation économique du pays. Peu appropriés par tous et finalement peu mobilisateurs de tous, la plupart de ces « plans » ont pêché dans leur exécution : retard, report, financement, adhésion des administrations et de la société civile...Mais tout n’est pas encore perdu. Si la crise mondiale du secteur pétrolier est une mauvaise nouvelle dans le temps court, les ressources et atouts économiques du Gabon restent intactes. La boussole nationale vers le développement, le PSGE, est plus que jamais d’actualité. Avec la mise en œuvre effective du PNAC, les gains attendus sont à court et moyen termes: l’amélioration de la notation des agences, et donc la possibilité d’emprunts à l’extérieur plus souples pour le pays, l’amélioration des classements dans les rapports (Doing business et autres) et donc des IDE plus évidents rapidement, etc., une croissance des entreprises avec des effets directs sur l’emploi et le PIB, des recettes fiscales en augmentation pour l’Etat, etc. Or, c’est la première fois qu’un « plan » concocté localement par l’administration et le gouvernement sort des tiroirs pour faire face à la crise de la baisse des prix du baril de pétrole. Comme d’autres pays, le Gabon ne l’a pas vu venir et en a sous-estimé l’importance, malgré quelques mises en garde, en 2014, par les agences et places financières internationales. Le gouvernement avait été trop optimiste, au dernier trimestre 2014, en élaborant une loi de finance sans véritablement envisager une baisse de plus de 50% de la valeur, à l’époque, du baril de pétrole. Mais, dès janvier, l’on découvrait la profondeur de cette crise et ses conséquences sur le budget, l’ordre social (promesses faites aux travailleurs sur les salaires, et aux populations vulnérables sur l’institution de revenus solidaires) et économique (confiance des investisseurs sur la signature du Gabon, pour relancer les projets et chantiers structurants connaissant un ralentissement ou un arrêt depuis plus d’un an). L’on attend donc un « choc » des réformes sur l’impôt, les procédures administratives, le droit du travail et la formation professionnelle, des mesures urgentes à caractère économique et financier pour les PME/PMI gabonaises et les majors, pour protéger la crois- sance et donner un coup de pouce à l’emploi. C’est aussi renforcer la compétitivité de l’économie gabonaise par des mesures dans certains secteurs de l’économie (forêt/bois, BTP, services). Le Plan national d’ajustement de la Compétitivité doit mettre le gouvernement et les gabonais au travail.n Sortir du saupoudrage et des ajustements budgétaires L'absence d'un réel débat sur la crise pétrolière actuelle et le système financier pour financer la diversification de l’économie est un remède dont on se passe inutilement. Que ce soit au sein du parti au pouvoir, le PDG, dans l’opposition, ou même au parlement, il semble que la question de la crise reste du seul ressort du gouvernement. O P.N r, cela est faux. Il ne s’agit pas d’un enjeu politique, au sens que cela ne concerne que l’exécutif qui doit trouver les remèdes à y apporter. C’est un défi que le pays doit relever dans toutes ses composantes. C’est donc aussi une question de construction de la démocratie au Gabon. Si l’opposition-voire la déclaration de Casimir Oyé Mba- a effleuré le problème, il faut une démarche portée par les politiques, la société civile et les médias pour que les Gabonais, qui s’imaginent que le Gabon est riche de façon illimitée- une utopie inconsciemment entretenue- soit contradictoirement édifiés sur la réalité de l’économie et des finances publiques. Demande de hausse de salaire par là, demande de primes par ci, tout y passe parce que « mon peuple meurt à cause de l’ignorance » pour reprendre, en substance, les écritures bibliques. Si le plan national d’ajustement de la compétitivité est une proposition gouvernementale, a-til été disséqué par le parlement, l’opposition, et la société civile ? Cette question N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 est d’autant plus importante qu’il faut se demander comment, de façon concrète, audelà de la loi de finance rectificative, le Gabon va-t-il faire ? Ce que le pétrole à 100 dollars le baril n’a pas pu permettre de faire, le gouvernement le peut-il aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr. L’on attend donc de celui-ci de sortir de la « rigueur », sinon de l’austérité budgétaire (mise à disposition par tranche de 15 à 25% du budget de l’Etat, avec un « gel » des dépenses d’investissement) pour durablement aller vers de véritables réformes structurelles. Et ce, quand on sait les lacunes en matière de répression des fraudes fiscales et des malversations financières... A quand donc, sur la base du plan d’ajustement de la compétitivité, aura-t-on enfin une « grande loi » de relance économique et de l’emploi, pour boucler le septennat actuel avec un fléchissement de la courbe du chômage et des marges budgétaires plus consistantes ? En effet, l’on est dans un système de coupes sombres dans le budget. L’on se trouve en cette année 2015 plus dans une logique de suppression de postes de dépenses qu’à la recherche de création de richesses; avec des moyens réduits pour des administrations ne disposant pas toujours au départ de l’équipement de base (ordinateurs, encre ,papier, mobilier), la réduction sur les budgets de fonctionnement, comme technique de réalisations des économies est conjoncturellement acceptable, mais elle ne garantit pas la performance des administratives censées appliquer la BOP cette année, ni la pertinence pour attirer des investissements nouveaux pour financier l’économie . Si cette méthode paraît urgente, ne risque-t-elle pas d'aboutir, par les effets de contraction induite, à une baisse des budgets publics en réalité plus importante et à de véritables difficultés à mettre en œuvre des politiques publiques (pacte social, atteinte des résultats sectoriels, niveaux de recettes fiscales recherchés) ? Enfin, à part les secteurs sensibles, l’Etat ne modifiera pas substantiellement cette année sa politique de gel des recrutements suivie depuis 2012. La création de nouveaux postes dans plusieurs ministères paraît difficile à mener avec un tel cadrage macroéconomique et budgétaire. n économie III MAtin EquAtoriAl Contrer les obstacles au PNAC : Changer d’approche et réunir les parties prenantes Passer de la culture de la rente à la culture de la production, pour libérer les énergies nationales, s’extraire du carcan de l’or noir, tel est l’objectif du plan d’ajustement pour la compétitivité (PNAC) arrêté lors du séminaire gouvernemental de la Pointe-Denis les 25 et 26 février 2015. L Vincent Eyi e PNAC se veut, face aux dangers qui guettent la sécurité économique et budgétaire du pays, une réponse pragmatique au besoin d’accélération des réformes nécessaires à la diversification économique. Le PNAC porte sur cinq grands volets : la simplification des procédures, la rationalisation fiscale, la réforme du droit du travail et de la formation professionnelle, la mise en place d’une cellule de facilitation des investissements publicsprivés, et le développement des normes de qualité dans les secteurs privé et public. En partant des 5 niveaux de développement économiques identifiés par le Forum économique mondial (niveau 1 : économie extractive, transition de 1 à 2, niveau 2 : économie productive, transition de 2 à 3, niveau 3 : économie innovante), le Gabon se situe actuellement au niveau ‘‘transitoire’’ de 1 à 2. Les mesures du PNAC visent donc à le monter au stade 2, c'est-à-dire au niveau des économies qui produisent. Si le niveau 1 regroupe l’ensemble des pays africains (Benin, Burkina, Burundi, Cameroun, Tchad, Ethiopie, Ghana, Guinée Conakry, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Tanzanie, Zambie), il est étonnant de voir qu’en dépit des difficultés structurelles, le Gabon est classé, dans l’ensemble africain, au stade ‘’transitoire’’ entre le niveau 1 et 2 avec l’Algérie, le Botswana, l’Egypte et la Libye. Le niveau 2 regroupe le Cap Vert, l’Ile Maurice, le Maroc, la Namibie et l’Afrique du Sud. L’enjeu du PNAC n’est pas simplement une question d’amélioration du classement du Gabon parmi les économies africaines, mais essentiellement de débloquer les secteurs qui ont freiné au cours des dernières décennies, le décollage économique du pays. Les freins dans l’offre de formation, dans le financement des entreprises et de l’industrie, dans le fonctionnement des structures administratives (lourdeurs et complexité des procédures), le système fiscal. C’est aussi lever l’étonnant manque entre le potentiel des res- Le cadre macroéconomique et budgétaire du Gabon : Le regard extérieur est plutôt critique Bien que dans la plupart des rapports officiels des agences et d’autres organismes, la situation économique du Gabon soit globalement présentée avec des « perspectives stables », il n’en demeure pas moins que le regard de ces agences (Ficht Ratings, Mood’ys, Standards and Poor) et des partenaires financiers (FMI, BAD, BM) est plutôt critique dans le fond. P.N Les principaux griefs L’évolution de nos politiques économiques et budgétaires, croisées aux dépenses d’investissement public, sociales et de la dette, tendent à remettre en cause la viabilité à court terme des finances publiques, et à créer des tensions budgétaires. Ce qui contraint au recours systématique à l’endettement pour « boucler » les budgets et « tenir ». L’ajustement budgétaire qui avait pris fin en 2010 avait permis de diminuer progressivement le niveau de la dette publique gabonaise (extérieure et intérieure). En 2010, après une longue période de croissance économique médiocre, le président Ali Bongo lançait le Plan Stratégique Gabon émergent (PSGE), pour transformer le Gabon en une économie de marché émergente et diversifiée à l’horizon 2025. L’engagement de l’Etat qui s’en est suivi, à travers les projets et chantiers structurants, a permis de relancer la croissance du PIB entre 2011 et 2014. Celle-ci est passée de -1% avant 2009 à +5 ou +7% du PIB selon les sources, pour les années suivantes. Le choc produit par la chute du prix du baril de pétrole va avoir une incidence directe sur les caisses de l’Etat dès 2015. De quoi susciter quelques inquiétudes quant à la capacité de l’Etat à faire face à la demande sociale actuelle. Selon certains scénarios, masse salariale et dépense sociale (PIP, revenus sociaux solidaires, AGR, gratuité de l’électricité pour les familles économiques faibles), pourraient, si l’on y prend garde, connaître une forte augmentation. Il faut donc s’attendre à des difficultés économiques relativement importantes. Car, avec des recettes budgétaires plus faibles ou des excédents extérieurs courants moins élevés par rapport aux projections du gouvernement avant la crise, l’on s’achemine, inéluctablement, vers une augmentation considérable des indicateurs d’endettement, bien au-delà du plafond de 35 % du PIB communément admis par les institutions financières internationales (28% du PIB actuellement). Ce qu’il faudra faire d’après les observateurs économiques... Pour Standard and Poor’s, sur la période 2015-2017, la croissance du Gabon ne devrait pas dépasser le seuil de 5,8%. De plus, la dégradation de la note crédit (capacité à rembourser) du Gabon n’est pas exclue. Un contexte économique qui s’explique par la baisse des cours du pétrole. Le cap doit être mis sur la diversification avec notamment l’appui au secteur nonpétrolier : foresterie, extraction minière (manganèse, or et fer), dans lesquels les opérations à valeur ajoutée ne cessent d'augmenter. Pour Fitch Ratings, les politiques économiques et budgétaires du Gabon doivent aller dans le sens de la réduction de la dette publique ou une accumulation d’actifs souverains, afin de fournir un coussin contre les chocs des prix des produits de base. Mais il faut, d’autre part, aller vers l’amélioration de la gestion des finances publiques et l’amélioration plus large dans les niveaux de gouvernance et de transparence, et dans la diversification de l’économie sur le long terme. Ces réformes sont urgentes pour réellement tenir à long terme face au choc des prix du pétrole. Quant à l’agence Moody’s, elle a établi une lecture moins brutale. Elle souligne un bilan financier solide et un cadre monétaire prudent et effectif (endettement modéré à 28% du PIB) avec de solides perspectives de croissance (plus de 5 % en 2015) et une vulnérabilité réduite aux chocs externes, en raison notamment de l'appartenance du pays à la zone CFA. Mais, dans son diagnostic, elle revient sur la nécessité d’améliorer le cadre institutionnel, en particulier en ce qui concerne la gouvernance privée et publique, ainsi que l'environnement des affaires, la diversification de la base productive de l'économie. Elle insiste aussi sur la nécessité de réduire les inégalités de revenus. Pour le FMI, le Gabon doit aller vers trois pistes de réforme : la politique budgétaire, les politiques structurelles et le secteur financier. En matière budgétaire, le Gabon doit, selon lui, adopter d’urgence une série cohérente et intégrée de mesures portant notamment sur la compensation de la perte des recettes pétrolières par l’élargissement de la base d’imposition (fin des niches fiscales), la maîtrise de la masse salariale, et la suppression progressive des subventions aux carburants, le changement de cap en matière d’investissement en ciblant désormais la « qualité » des projets à prioriser. Concernant les politiques structurelles, le FMI conseille de créer une croissance qui allie lutte la contre la pauvreté et le chômage. Les réformes structurelles qu’il préconise concernent l’élimination des goulets d’étranglement infrastructurels, surtout dans le secteur des transports et de l’électricité, ainsi que l’amélioration du climat des affaires, en rehaussant la qualité de l’éducation et de la formation professionnelle pour que les qualifications correspondent mieux à la demande, et en réformant le cadre légal et réglementaire de manière à soutenir la création d’emplois dans le secteur privé. Enfin, en matière financière, ce qu’il faut faire, selon le FMI, c’est d’éliminer les blocages auxquels les PME/PMI et les ménages gabonais sont confrontés pour avoir accès aux services financiers (DAT, garanties hors de portée, taux de remboursement très coûteux), et cela en améliorant l’environnement institutionnel du crédit. Si le Gabon veut continuer à être ‘’fréquentable’’ par les bailleurs de fonds, et surtout à en attirer d’autres pour concrétiser sa stratégie d’industrialisation et tenir face aux pressions sociales, le PM Ona Ondo et son gouvernement, disposent là, en plus du PNAC, de toute une série d’utiles orientations et conseils.n sources économiques du pays, le portefeuille projet actuel du PSGE et l’absence d’une « pluie » de financements d’origine étrangères (IDE) comme en bénéficient d’autres pays comme la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Sénégal auprès de banques internationales, de partenaires bilatéraux et d’institutions internationales (BAD, FMI, BM). Si des initiatives comme le PNAC n’ont pas manqué par le passé (PAS, Gabon 2025, DSCRP), un facteur déterminant pour leur implémentation leur a cependant fait défaut : leur appropriation par les acteurs et la synergie dans leur mise en œuvre. Comme le souligne le Coordonnateur génaral du Bureau de Coordination du PSGE, Yves Fernand Manfoumbi, avec le PNAC aujourd’hui, «L’enjeu est d’offrir les conditions d’un engagement plus important du secteur privé dans la stratégie d’émergence ». Le but est de fédérer, structurer les acteurs économiques et industriels afin de créer des synergies. Cette union autour d’un objectif permettra au Gabon, pendant la mise en œuvre du PNAC, de présenter un nouveau visage économique sur le moyen terme, et donc de devenir plus compétitif, autrement dit davantage capable de capter des aides et financements directs étrangers, et de créer des emplois nouveaux. L’on va donc vers un nouveau pacte national entre le secteur public et le secteur privé au Gabon, qui s’engagent mutuellement à s’impliquer pour une réussite commune dans le cadre de la stratégie d’émergence. Le PNCA prévoit, pour la première fois, un Haut conseil de l’investissement, qui mobilise, autour du président de la République, les parties prenantes public-privé pour la réussite des réformes. A l’intérieur de celui-ci, il faut s’attendre à ce que les questions fiscales, de TVA, d’embauche, de financement, etc. soient discutées rapidement dans une première phase de mise en œuvre pour lancer le PNAC.n N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 IV économie MAtin EquAtoriAl La lourdeur des procédures, un frein au développement du secteur privé La lourdeur des procédures administratives est un frein important au développement des activités du secteur privé. Pour y remédier, le Plan national d’ajustement de la compétitivité a retenu un programme dédié à la simplification des procédures administratives. Pierre Ndoumou C omprendre la portée de ce plan suppose au préalable de connaitre les points faibles de notre appareil administratif et l’impact financier (coût) de la lourdeur et de la longueur des procédures administratives. Le programme du PNAC en matière de procédures administratives a pour objet de faire du Gabon l’un des pays les mieux classés en Afrique centrale pour la rapidité et le prix modéré des démarches administratives. C’est dans le classement du Doing Business du FMI que le PNAC a puisé sa stratégie. C’est donc la prise en compte d’un diagnostic accablant de notre administration. En effet, à titre d’exemple, il ressort que le Gabon est le pays de la CEMAC où il faut compter le plus de temps pour obtenir un permis de construire (209 jours), comparé au Tchad (207 jours), à la République centrafricaine (200 jours), à la République du Congo (168 jours), au Cameroun (158 jours) et à la Guinée Equatoriale (144 jours). Le classement global relativement bon du Gabon (84ème pays/189) s’explique par le faible coût du permis de construire relativement au re- venu/habitant. Mais, dans le quotidien, cela reste un vrai parcours du combattant. Dans le secteur fiscal, la lourdeur des procédures administratives fait perdre à notre pays un certain attrait et donc en compétitivité. Les investisseurs qui se rendent au Gabon n'ont jamais cessé de remettre en cause le fonctionnement du système fiscal des incitations. Ce constat ressort aussi des Type de procédure Durée Classement du Gabon Enregistrement de la propriété foncière Création/modification juridique d’une entreprise Obtention d’un permis de construire 6 procé165e /189 pays dures/103 jours 7 procé1125e /189 pays dures/50 jours 11procé84e /189 pays dures/209 jours prises de position des organismes patronaux (CPG, PME/PMI). En effet, les différentes mesures fiscales prises jusqu'ici n'ont pas été aptes à soutenir l'investissement de manière durable. Non pas parce qu’elles n’étaient en soi pas adaptées aux besoins des opérateurs économiques, mais à cause de la lourdeur et de la longueur des procédures administratives, qui vont de paire avec la faible médiatisation de ces mesures et le pouvoir discrétionnaire des services concernés. Limitant ainsi l’accès des opérateurs pour accéder à l’un des régimes fiscaux incitatifs ou privilégiés auquel ils peuvent être éligibles. Aussi, notre système fiscal actuel continue de faire l'objet de certaines insuffisances, sinon de vives critiques. n Les procédures d’urgence à simplifier d’ici 2016 La simplification des formalités et des procédures administratives prévue dans le Pacte national d’ajustement de la compétitivité (PNAC) consiste en une série de mesures pragmatiques et concrètes destinées à faciliter les procédures et formalités administratives des entreprises et des particuliers. L A.M e PNAC vise à terme l’harmonisation des modalités et des délais des procédures administratives prioritaires (économiques), le développement de l’administration électronique (dématérialisation), et la création d’un guichet unique. Les objectifs d’ici à 2016 Le programme de simplification du PNAC doit permettre au Gabon d’avoir un avantage comparatif dans la sous-région, en termes notamment de gain de temps et d’argent pour les entreprises et particuliers, mais également pour l’administration. Il va dans le même temps accroître l’attractivité de l’économie gabonaise, qui attirera de nouveaux investisseurs en limitant leurs éventuelles réticences à venir se confronter à un système administratif complexe. Types de procé- Action de Impact classement dures priorisimplification Gabon en 2016 taires visées Doing Business Enregistrement de la propriété foncière 1 procédure unifiée 15 jours 1er pays d’Afrique centrale Création juridique d’une entreprise 1 guichet unique 1 semaine +50 places Obtention d’un permis de construire 1 guichet unique 1 mois +15 places La méthode de mise en œuvre Concrètement, il va s’agir pour le gouvernement de prendre une ordonnance cadre de la simplification des démarches administratives. Celle-ci fixera les principes, ciblera les procédures et formalités administratives visées N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 par la réforme. Ce dispositif nouveau de simplification va tourner autour des guichets uniques. Ces guichets uniques seront créés pour les procédures d’enregistrement des droits de propriété foncière, de demande de permis de construire, d’enregistrement d’une entreprise. Ils seront dotés de solutions technologiques qui simplifieront et fiabiliseront les processus de traitement des demandes, ainsi que le suivi de ce traitement par les usagers. Les délais et coûts de ces procédures seront réduits, et l’attractivité du Gabon s’en trouvera améliorée tant pour les entrepreneurs nationaux qu’internationaux. Par ailleurs, les processus fonctionnels des agences et administrations en charge de délivrer les actes administratifs vont être revus et optimisés pour plus de rapidité et de facilitation pour l’obtention des pièces.n économie V MAtin EquAtoriAl Le sillage d’un nouveau cadrage macroéconomique du PSGE Le Gabon récolte bien souvent des éloges à l’extérieur pour la qualité de ses « plans », « stratégies » et autres « documents-cadre ». Mais tout le problème du développement du pays n’est pas résolu avec l’élaboration de ces « papiers », quelle qu’en soit la pertinence. Il faut aller à l’essentiel, c'est-à-dire aux actes. L Pierre Ndoumou es Gabonais continuent de penser que leur pays disposant d’importantes ressources naturelles, cela signifie qu’il a forcément beaucoup d’argent. Or une telle déduction est fausse, parce que la valorisation de ces ressources a été faible, elle s’est cantonnée, et continue encore de se cantonner à quelques secteurs historiques (mines, pétrole, bois). L’effort de diversification économique exige aujourd’hui de rechercher à mieux « vendre » le Gabon auprès des bailleurs de fonds, pour attirer l’argent nécessaire à la transformation de ces ressources naturelles en croissance, et donc en richesses à partager entre tous les Gabonais. Et même les gouvernements successifs de l’émergence, 6 ans plus tard, n’ont pas appliqué à temps le schéma initial fixé dans le PSGE, c'est-à-dire l’élaboration d’une politique de promotion des projets structurants du Gabon émergent et du cadrage macroéconomique avec des objectifs pluriannuels à atteindre. L’on a voulu tout faire et en même temps. Mais, comme dit l’adage, « mieux vaut tard que jamais », le PNAC a prévu la mise en place d’une unité chargée des financements et des PPP. Cette unité, dont la mise en place est en cours, a pour mission de faciliter les investissements publics et privés. Dans ce sens, elle a notamment pour charge d’analyser le portefeuille projet du PSGE, les modalités d’intervention des bailleurs de fonds et grands investisseurs, et surtout la préparation d’un plan de financement détaillé avec des échéances précises. Structurer d’urgence le portefeuille projets du PSGE C’est une mission qui va consister à faire une revue large des projets d’investissement retenus de façon sectorielle ou transversalement dans le PSGE. Son travail consistera aussi à recueillir l’ensemble des informations pertinentes sur leurs caractéristiques (impact économique et social, caractéristiques techniques, retour sur investissement, comparaison avec des projets similaires à l’étranger). Dans ce volet, il est question d’arrêter, au bénéfice de toutes les administrations et opérateurs sectoriels (agences), une méthodologie référentielle pour hiérarchiser et classer les projets selon les catégories définies en termes de priorité et de mode de financement. C’est à ce niveau aussi que les projets pouvant être mis en œuvre dans le cadre de partenariats public-privé seront identifiés. Connaitre les modalités d’intervention des bailleurs et grands investisseurs Pour obtenir les financements des bailleurs de fonds, l’on doit s’arrimer à leur méthodologie de présentation et de validation des projets, gage de l’efficacité. Le Gabon doit faire le lobbying comme les autres pays qui ont « compris » depuis longtemps que pour travailler étroitement avec les bailleurs de fond, il faut identifier des personnes ressources auprès des bailleurs actifs et ceux encore non actifs présentant un intérêt pour le Gabon. La Cellule va donc réaliser un planning de rencontres avec les bailleurs de fonds intervenant au Gabon ou ceux pouvant y intervenir. Entre la prospective des conventions de financement de projets et les rencontres préalables, la Cellule devra élaborer un recueil sur les politiques d’intervention des bailleurs, les domaines de concentration des financements, les processus de sélection de projets, la préparation et la validation des projets, l’approbation des contrats et les mécanismes de suivi. L’objectif est simple : permettre aux directions générales et agences de savoir dans quel esprit travaillent ces bailleurs de fonds à la fois pour mieux utiliser les financements débloqués par eux, et donc s’astreindre aux justifications et contrôles y afférents. Ce recueil les aidera aussi à mieux présenter les demandes de projets destinés à l’examen de ces bailleurs de fonds. Ce support va donc révolutionner la façon de travailler de nos administrations et renforcer leur contribution au développement économique et à la compétitivité du pays. Des plans de financement détaillés des projets phares du PSGE en vue Le plan de financement est un tableau crucial du prévisionnel financier. Il permet de s’assurer de l’équilibre financier d’un projet en récapitulant, d’une part, l’ensemble des besoins financiers du projet à satisfaire et, d’autre part, les ressources apportées. Avec cet instrument, le PNAC inaugure, au-delà des outils de gestion et de planification prévus avec la BOP (PTM, PAP, CDMT), un vrai cadrage macroéconomique du PSGE. Il va permettre, quelque soit l’origine des financements (publique/privée) d’éviter les tensions budgétaires d’antan et de prévoir, au cas par cas, des dépassements budgétaires.n Quid de la dématérialisation des procédures ? La réforme de l'État, permanente, doit désormais concilier l'adaptation des procédures administratives aux urgences et besoins réels du monde économique et même des ménages. A.M I l en va de la compétitivité de notre économie. C’est se mettre aux standards des pays émergents. Avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, il est désormais possible de faire à distance, certaines procédures administratives. Il faut aujourd’hui se défaire du carcan administratif (queues, piles de papiers). C’est un volet de la modernisation de l’administration pris en compte par le PNAC. Il est un élément de simplification administrative. Entre les procédures douanières, fiscales, foncières, judiciaires et techniques (marchés publics, autorisations), il existe aujourd’hui un flux important de procédures. La complexité et le nombre trop important de ces procédures administratives rendent peu attractif le Gabon en termes de facilitation de la « vie » des opérateurs économiques et d’attraction des investissements étrangers. Dans la modernisation de l’économie nationale, le PNAC entend faire des « nouvelles technologies de l'information » un outil capital dans la simplification de ces procédures administratives. L'administration va donc devoir se lancer dans une opération rapide de mutation pour être un partenaire adapté aux besoins des entreprises : paiement des droits et taxes douanières, des impôts, passation des marchés publics, enregistrement foncier, etc. Illustration de la procédure de dédouanement A titre illustratif, la dématérialisation des procédures de dédouanement et des formalités du commerce extérieur va permettre non seulement de réduire les délais et les coûts mais également d’améliorer le contrôle. La dématérialisation des procédures douanières va réduire d’environ 70% la durée de la procédure actuelle, passant en moyenne de 58 à 18 jours. La plateforme de déclaration et de gestion va interconnecter les administrations et entreprises (sociétés de transit) et générer par étape les supports et informations : déclaration, paiement, services, archivage, etc. Concrètement, via une procédure d’enregistrement préalable, les entreprises et particuliers se voient attribuer une e-signature qui leur permet d’effectuer leurs démarches en ligne, de procéder à l’instruction puis au paiement du dossier. Du côté administratif, le suivi, le traitement et l’archivage des dossiers gagnent en efficacité et en célérité. Ce type de solution ne coûtera pas forcément de l’argent au budget de l’Etat gabonais, le coût d’installation pouvant être reporté sur les paiements effectués par les usagers pour l’utilisation de ce type de solution dématérialisée. n N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 VI économie MAtin EquAtoriAl Les petits pas de la simplification : L’APIEX et l’e-taxe L'administration gabonaise et son mode de fonctionnement font l'objet de critiques tant de la part des entreprises que des particuliers. L’organisation, le rôle et les missions de nos administrations doivent en effet être repensés et adaptés à un contexte économique en pleine mutation. S.M.E. C ’est sur les administrations gabonaises que les investisseurs et les entreprises qui portent l’émergence économique de notre pays d’ici 2025 doivent s’appuyer. La crise actuelle du choc pétrolier sera-t-elle le leitmotiv d’un mouvement national de simplification administrative tous azimuts ? L'administration gabonaise a connu depuis 2009 quelques réformes audacieuses. Des expériences innovantes sont menées dans de nombreux domaines en termes de simplification. Le processus reste porteur même s’il est balbutiant. C’est le cas de l’APIEX et de l’e-taxe. La création de l’ANPI Créé pour améliorer l’envi- ronnement des affaires au Gabon et rendre le pays plus attractif et plus compétitif pour les investisseurs étrangers, l’APIEX vient d’être absorbée, dans le cadre de la simplification des procédures et formalités pour plus d’efficacité dans le traitement des dossiers, le gain de temps et d’argent pour les usagers, avec deux autres structures administratives. Il s’agit de Centre de développement des entreprises (CDE, guichet unique) et de l’agence Promogabon (PME/PMI). C’est une fusion qui va impacter aussi, outre les procédures et formalités administratives à travers un guichet unique, mais aussi les coûts de fonctionnement de ces anciennes entités autonomes (rationalisation des emplois fonctionnels et non fonctionnels, des budgets). L’e-taxe Les télé-procédures sont été développées depuis février 2014 par la direction générale des Impôts(DGI), pour permettre aux usagers de s’acquitter de leurs obligations fiscales par voie électronique. Les télé-services fiscaux sont actuellement ouverts aux entreprises rattachées à la direction des Grandes entreprises qui ont un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de FCFA, mais aussi aux entreprises rattachées au Centre des impôts des Moyennes entreprises d’Owendo (CIME). En quelques clics, un opérateur économique ou un investisseur a aujourd’hui la possibilité de télédéclarer et télépayer ses impôts, simple- ment depuis son espace personnel. Dès janvier 2015, les services des impôts ont renforcé l’offre de services aux entreprises via le portail internet dédié. Il concerne les procédures et formalités suivantes : taxe sur la valeur ajoutée, acomptes et solde de l’impôt sur les sociétés, redevance obligatoire à l’assurance maladie (ROAM), taxe sur les transferts de fonds et droits d’accise.n Le diagnostic du système fiscal gabonais Le problème du système fiscal gabonais ne provient pas tant du taux de charge fiscale qui est relativement modéré par rapport aux voisins de la CEMAC (43,2% du bénéficie brut, contre 55,8% en République du Congo ou 72,4% au Tchad…). Vincent Eyi L e mauvais classement relatif du Gabon s’explique essentiellement par des questions de longueur et complexité de la procédure de règlement des impôts et taxes. Concrètement, les entreprises sont tenues à 26 paiements en moyenne par an. Ils consacrent 488 heures par an rien que pour le règlement des taxes et impôts en moyenne. Au final, le Gabon est classé 153ème pays sur 189. La complexité du système fiscal incite à rester dans l’informel ou à frauder le fisc. Un système fiscal complexe génère des risques de non-recouvrement de l’impôt. Rationaliser le dispositif fiscal est bénéfique tant au contribuable qu’à l’Etat percepteur. Le PNAC en fait un des axes majeurs de la réforme. Un dilemme pour l’Etat Aujourd’hui, l’Etat est à la croisée des chemins, à l’heure des choix difficiles. D’un coté les Assises nationales sur la fiscalité ont confirmé le cap du gouvernement d’aller vers l’élargissement de la base fiscale du pays afin de tenter de compenser la chute brutale des recettes pétrolières ; de l’au- N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 tre coté, il faut rendre l’économie compétitive non seulement en simplifiant les procédures fiscales, mais aussi en incitant les investisseurs à s’installer au Gabon. Dans le contexte actuel, il est donc essentiel pour le Gabon de revoir sa politique fiscale (niches, abus d’exo- nération). C’est un engagement du pays vis-à-vis des partenaires au développement, que d’adopter un certain nombre de mesures allant dans le sens du renforcement des capacités de mobilisation des ressources fiscales internes. En conséquence, l’on va vers un « dé- périssement » progressif des régimes fiscaux dérogatoires et leur remplacement par des incitations dégressives, plafonnées et limitées dans le temps pour un rendement fiscal accru et une fiscalité allégée. Les sources de la complexité fiscale Le système fiscal gabonais est gangrené par plusieurs causes structurelles qui ont un impact réel sur les manques à gagner, « tuent » parfois l’initiative économique et in fine compromettent la compétitivité de l’économie du pays. L’on dénombre grosso modo 6 facteurs bloquants : une multiplicité des bases de calcul du ratio d’imposition pour une même assiette fiscale ; des procédures de déclaration des impôts longues et avec un faible suivi du traitement du dossier fiscal ; un manque de lisibilité des mesures fiscales existantes ; un processus de paiement long ; un processus de réclamation et de traitement des litiges inefficace ; une instabilité dans le temps des dispositifs fiscaux.n économie VII MAtin EquAtoriAl Pour une amélioration du remboursement du crédit TVA aux entreprises Quelque soit son régime d’imposition, toute entreprise d’importation peut prétendre au remboursement de la TVA. De quoi s’agit-il concrètement ? La TVA à reverser à une entreprise par l’Etat est calculée par différence entre la TVA collectée sur les ventes (consommateur final) et celle déductible sur les charges (cycle de production). E V.E lle est payée normalement le 20 du mois suivant. A titre d’exemple : pour le mois de mars 2015 (déclaration mensuelle déposée en avril), une entreprise constate un crédit de TVA égal à 2 000 000 F CFA. Sachant qu’elle aura de la TVA à payer pour le mois d’avril (déclaration en mai), elle décide de reporter son crédit pour l’imputer. Ainsi, sur sa déclaration déposée en mai, le montant de la TVA à reverser pour avril s'élève à 3 000 000 FCFA. Elle utilisera son crédit pour s’acquitter en partie de cette TVA. Elle n’aura alors à reverser que 3.000.000 – 2.000.000 = 1.000.000 FCFA. C’est un mécanisme que l’on retrouve presque partout dans le monde. Lorsque la TVA à déduire est supérieure à celle perçue sur ses ventes ou prestations de service, l'entreprise possède alors ce qu’on appelle un ‘‘crédit de TVA’’ que les services de l’impôt doivent lui reverser. Même une entreprise qui n’a pas encore réalisée des ventes ou prestations soumises à la TVA peut demander le remboursement de son crédit TVA. Dans ce cas, la demande de remboursement porte sur l’ensemble de la TVA déductible sur les frais engagés pour le lancement de son activité. En revanche, il faut souligner que le remboursement n’est pas obligatoire. Selon un expert comptable, « l’utilisation du crédit de TVA est laissée à l’appréciation de l’entreprise qui peut choisir soit l’imputation (report de son crédit TVA pour le déduire sur le montant de la TVA qu’il devra verser le mois suivant), soit le remboursement (pour des raisons de trésorerie ». En effet, sous réserve des conditions à remplir, l’entreprise peut choisir, ce qui est généralement le cas, de se faire rembourser tout ou partie de ce crédit de TVA. La procédure actuelle de remboursement de la TVA par la DGI. La DGI « s’efforce » de rembourser les crédits de TVA des entreprises en 30 jours. Car dans la pratique, les arriérés de l’Etat aux entreprises s’étalent aujourd’hui sur plusieurs mois voire des années. Ils atteignent des montants pharamineux : 240 milliards de FCFA rien que pour le secteur du Bois en juin 2014. Ce qui contri- bue à alimenter les difficultés de trésorerie de ces entreprises. La procédure est que l’entreprise en fasse explicitement la demande, qui est étudiée dans un délai de 20 jours. Puis au bout au bout de 5 jours, elle doit se faire établir un « Avis de remboursement » par le Receveur des impôts des Grandes entreprises. L’étape suivante est l’approbation de cet avis de remboursement. En définitive, l’établissement et l’émission des titres de remboursement dûment signés par la Recette des impôts de la DGE se fait sous 2 jours. Les paiements interviennent par bons du trésor ou par virement bancaire. L’apport du PNAC pour endiguer les retards de remboursement Un audit réalisé sur les retards de remboursement de la TVA a montré plusieurs points d’accrochage. L’amélioration en cours permettra aux entreprises de ne plus vivre la situation de ces dernières années avec des retards importants dans le remboursement. Cet audit a notamment mise en exergue : l’absence de référentiel commun pour le traitement, par les services des Impôts, des demandes de remboursement de crédit de TVA ; la pratique des « suspensions » sans base légale ni réglementaire dans le traitement des demandes de remboursement de TVA et le manque à gagner potentiel en raison de l’absence d’encadrement légal et réglementaire du processus d’octroi des exonérations. Pour y remédier, il est prévu dès cette année, dans la mise en œuvre du PNAC, d’harmoniser la gestion des demandes de remboursement de TVA par la formalisation des procédures y afférentes, mais aussi de renforcer le cadre réglementaire en vigueur régissant le processus de demande de remboursement de crédit de TVA en mettant un terme au procédé de suspension de traitement. De même, le PNAC prévoit le renforcement du contrôle du droit à déduction de la TVA dans la perspective d’amoindrir le risque de fraude attaché au processus déclaratif y relatif. Ces mesures concrètes sont de nature à améliorer l’environnement des affaires au Gabon et à crédibiliser l’Etat.n Lutte contre le chômage : Vers l’adéquation formation-emploi Aujourd’hui, les principaux éléments du diagnostic du système gabonais d’éducation et de formation-emploi sont connus et largement par toutes les forces vives de la nation (patronat, PME, administrations, associations et même partis politiques. Vincent Eyi L es connaître, dans leur urgence et dans leurs multiples facettes, n’a malheureusement pas suffi pour les dépasser, puisque l’éducation et la formation professionnelle, malgré les efforts budgétaires consentis, ne s’alignent pas aux besoins de l’économie et de l’entreprise et de surcroît, comptent parmi les secteurs les moins performants (taux de réussite) et très instables (grèves récurrentes). Les produits de ce systèmes (étudiants, apprenants) sont peu « comestibles » par l’entreprise. Il en résulte un taux de chômage fort et une faible propension des jeunes à l’entrepreneuriat privé. La réforme le droit du travail et du dispositif de formation professionnelle, telle que prévue dans le PNAC, va donc s’appuyer sur trois leviers : la réforme du dispositif de financement de la formation professionnelle, la réforme du cadre légal d’embauche des apprentis et stagiaires et le renforcement des capacités et de la qualité des programmes pédagogiques des centres de formation. Un nouveau dispositif de financement Elaboré avec les acteurs publics et privés concernés, un décret va préciser les modalités pratiques de versement de la taxe professionnelle, jadis devenue caduque faute d’application depuis 2000. Il va également arrêter le mode opératoire du dispositif de formation professionnelle. Un cadre légal d’embauche des apprentis et stagiaires Il s’agit d’un autre décret précisant les modalités de versement de la taxe professionnelle et le mode opératoire du dispositif de formation professionnelle. Renforcement des capacités et de la qualité des programmes pédagogiques des centres de formation Ce troisième volet de la réforme se réalisera autour de deux dispositifs. D’abord, à court terme, un plan d’investissement dans le renforcement des capacités des centres de formation professionnelle doit être élaboré. Il s’agit à la fois des capacités humaines autant que celles des structures de formation. Ensuite, l’implication des entreprises dans les conseils pédagogiques va permettre de réorienter complètement les formations proposées. Il va s’agir de sortir des programmes théoriques pour adopter une approche plus pragmatique et simple dans les « petits métiers » (conducteurs d’engin industriels ou de BTP, métiers d’exécution dans les secteurs comme les mines et les hydrocarbures), menuiserie, imprimerie, mécanique, froid, soudure...La qualité des programmes pédagogiques doit permettre également de « convertir » les chômeurs de longue date bardés de diplômes de Master pour leur donner des profils adaptés à l’entreprise.n N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 VIII Politique MAtin EquAtoriAl Augmenter de 50% le volume des IDE d’ici 2016 Si l’on note une augmentation nette des investissements privés (IDE) au Gabon ces dernières années, ceux-ci restent cependant insuffisants au regard des besoins du PSGE. A titre d’exemple, le montant des investissements directs étrangers attirés en 2013 est de 489 milliards de FCFA, soit +49% d’IDE entre 2009 et 2014. C Aristide Bidza ’est pourquoi le PNAC a été bâti avec la conviction selon laquelle un dispositif national de mobilisation des financements privés et des partenariats public-privé efficient doit impérativement voir le jour, afin d’augmenter d’au moins 50% le montant des investissements privés à partir de cette année 2015. L’objectif 2016, +50% d’IDE est-il réaliste ? La stratégie du PNAC vise à augmenter d’au moins 50% le montant des investissements privés entre 2015 et 2016. Le pouvoir émergent compte dès cette année faire de l’économie la priorité de son action, à moins de 20 mois de la présidentielle de l’année prochaine. Il compte donc mobiliser tous les leviers en sa possession pour accélérer certaines réformes. D’abord, c’est la faisabilité financière de chaque projet qui constitue à coté de la stabilité politique et sociale dont jouit le pays, et du succès du lancement des premiers grands projets (OLAM, ZES de Nkok depuis 2009), les facteurs clés appréciables par les investisseurs. Ensuite, que ce soit la dette extérieure comme la dette intérieure (marchés, tva, etc.), l’Etat devra davantage soigner sa crédibilité. Il s’agit comme l’affirme le DG de la Dette, Thierry Minko, de faire du remboursement de la dette un point d’honneur : « Voilà pourquoi beaucoup d’investisseurs continuent de témoigner une grande confiance à l’Etat gabonais». Les réformes à mener dans le PNAC A partir de la mise en place de la cellule chargée des mobilisations des financements du Bureau de coordination du PSGE, un travail de fond et préalable sera mené. Il consiste au recensement et cadrage macroéconomique de tous les projets susceptibles d’être montés en mode PPP. Il va s’agir d’aller vers la mise en place des partenariats forts avec l’Etat entre 2015 et 2016. Des grands projets de concession et de PPP devraient sur cette base voir le jour. Un cadre amélioré de promotion de l’investisse- ment et un dispositif spécifique de développement des PPP sera en parallèle mise en place : simplification, dématérialisation, régimes économique, fiscal et financier adaptés et en cohérence avec la stratégie interne de viabilisation des finances publiques à court, moyen et long termes. « Ce sont les seuls types de projets dont la rentabilité financière est vraiment garantie», assure un expert. Plus concrètement, l’on va aller vers l’organisation de «rounds » ou sessions ad hoc de négociations avec les bailleurs de fonds pour fixer leurs stratégies d’intervention au Gabon, afin de mieux asseoir la diversification économique portée par ces projets sectoriels du PSGE (industries, énergie, infrastructures). L’agenda de travail s’annonce donc très serré dès cette année, pour vite aménager les préalables. Ce qui n’est pas sans poser le problème de l’attelage politico-administratif qui doit œuvrer pour qu’on y aille vite.n Promouvoir et systématiser les normes Qualité « made in Gabon » Luxe ou effet de mode ? La réponse peut paraître bizarre de dire ni l’un, ni l’autre. Et pour cause ? Le Gabon vit de l’exportation de ses matières premières. Le vent de diversification insufflé depuis 2009 par le président Ali Bongo va dans le sens d’augmenter les produits (biens et services) des entreprises opérant au Gabon. tionnels d’ici la fin de cette année. Ce qui suppose que les compétences et l’expertise nécessaire à la normalisation (certification) des secteurs économiques (services, industries, etc.). A.B. D ans une économe fortement concurrentielle, où il nous faut attirer les investisseurs et les clients (asiatiques, européens et des pays du continent), la qualité ne saurait ne pas être au rendez-vous. « Made in Gabon » ou « je suis fabriqué » doit être la marque qui promeut de la qualité, de la fiabilité du Gabon. D’autres pays comme le Rwanda font figure de « bons élèves » auprès des leurs. Une exigence pour la compétitivité du pays Un plan national d’ajustement de la compétitivité qui se veut sérieux doit aussi indiquer aux opérateurs économiques et aux services de l’Etat, l’importance de la démarche qualité. Non seulement, elle a trait à la lutte contre la contre- façon, la contrebande, la piraterie, et d’autres actes illégaux (falsification, braconnage de la faune et de la flore, etc.), mais elle renvoie à la qualité de nos administrations économiques et financières (rapidité, fiabilité et sécurité des procédures). La démarche qualité va donc donner une valeur ajoutée supplémentaire aux biens et services « made in Gabon » et donc à l’attractivité de notre pays. Elle témoigne également de l’arrimage de notre N° 62 du mercredi 1 Avril 2015 économie aux technologies actualisées dans divers domaines économiques. De plus, cela veut dire que le Gabon aussi, à ses portes terrestres, aériennes et maritimes, va devenir plus regardant sur les produits qui sont importés dans l’optique d’assurer la santé, et le bienêtre des consommateurs, et partant des populations. Aujourd’hui, plusieurs pans de l’économie gabonaise ne sont pas régis par des normes Qualité, ce qui nuit à la compétitivité de nos marchés de biens et services. L’élaboration de ces normes, leur diffusion, appropriation par les acteurs concernés, puis le contrôle rigoureux par l’administration, devrait tirer vers le haut l’ensemble du tissu économique et distin- guer le Gabon dans la sousrégion. C’est à ce pari que le PNAC tente de répondre en prévoyant, au titre des réformes à engager par le gouvernement cette année, la promotion et la systématisation des normes qualité. La réforme de l’AGNOR en ligne de mire. L’Agence gabonaise de normalisation (AGANOR) est l’organe dédié à la création et à la promotion des normes Qualité au Gabon. Cette agence va être renforcée pour mener à bien sa mission, indispensable à l’amélioration de la compétitivité du Gabon. Concrètement, les 24 comités sectoriels, qui préfigurent des secteurs clés de la croissance et de la compétitivité du Gabon, vont devenir opéra- L’alignement de l’administration publique aux normes qualités La normalisation vise les activités économiques de production et de transformation, mais aussi le secteur public, à travers la certification des procédures et l’authentification des actes, notamment à caractère prioritaire (passeport, identité, agrément technique, permis de conduire, fiscalité, douane, etc.). L’administration gabonaise devra montrer l’exemple et s’appliquer elle-même des critères de qualité de service. Un référentiel de qualité de service, notamment d’accueil, que l’on pourrait appeler le « référentiel Mbolo », serait élaboré et diffusé. Les agents publics seraient sensibilisés à la question, formés aux nouveaux préceptes, puis contrôlés et évalués sur cette grille dans le cadre de leur évaluation performance. L’exemplarité de l’Etat sera un signal fort au secteur privé pour qu’il adopte les critères Qualité.n Politique 5 MAtin EquAtoriAl Infrastructures Il y a des chantiers qui avancent, fort heureusement ! Même si les Gabonais sont souvent râleurs et jamais satisfaits, à l’exemple des Français à qui l’on ressemble parfois trop, même si tout ne marche jamais au rythme souhaité, la pire des erreurs serait l’immobilisme. Le président de la République, soucieux de voir les choses évoluer, est régulièrement sur le terrain pour constater de visu, comme il y a quelques semaines, que plusieurs chantiers, à Port-Gentil, Mouila et Libreville, avancent à un rythme qui permet d’être optimiste. S N’Dende A’Ndzik ous quel angle faut-il souvent apprécier les choses de la vie ? Le verre est-il à moitié vide ou la carafe estelle a moitié pleine ? Tout dépend, nous semble-t-il, de la psychologie de celui qui regarde le récipient, mais aussi des objectifs qu’il veut atteindre. Il en est de même de ceux qui voient le pays reculer, contrairement aux autres qui estiment que le Gabon avance. En tout cas, bon an mal an, audelà de la crise économique qui touche de nombreuses nations, au-delà de la baisse des cours du pétrole qui a des répercussions directes sur le budget des pays comme le nôtre, le chef de l’Etat tient à garder le cap. « Les chantiers en œuvre depuis un certain nombre d’années sont en train d’avancer », a-t-il déclaré, satisfait de l’évolution des travaux dans la Ngounié, particulièrement dans les départements de la DouyaOnoye et Tsamba-Magotsi, sur l’axe routier Mouila-Ndendé. Ali Bongo Ondimba a ainsi pu constater à quel rythme les engins de l’entreprise Giudo Sentulo Séricom s’activaient à assurer le bitumage, sur la Na- tionale 1, du linéaire MouilaNdendé, long de 75 km. Avec plus de 18 km du tronçon déjà bouclés, les ouvriers achèveront bientôt les travaux sur cinq ponts. C’est également dans le cadre de cette descente sur le terrain que les trois plantations d’Olam Palm Mouila, projet de 16.000 hectares, ont été visitées, notamment au niveau des sites de Moutassou, à 17 km du cheflieu de la Ngounié, Mandji, au nord-ouest de la province, et Doubou, à 20 km de Mouila. Le chef de l’Etat, tout en appréciant l’ambiance particulièrement joviale entre les travailleurs, a noté avec satisfaction la croissance des palmiers plantés il y a à peine trois ans. Le périple présidentiel s’est achevé à l’Ecole de formation des militaires de Mandilou qui, selon les responsables, sera livrée en 2016. Les chantiers entamés dans la capitale économique du Gabon figuraient pareillement dans l’agenda du président de la République. La première étape était la visite guidée des travaux de l’aéroport international de Port-Gentil, avec une forte ambition de développement économique et d’ouver- ture au monde. Ensuite, les chantiers d’Ozouri A et B, situés dans les environs d’Omboué, où est construite la route Port-Gentil - Omboué, longue de près de 91 km, et dont les ponts provisoires de l’Ogooué, du Nkomi et de Booué, ainsi que les pieux des ouvrages définitifs ont été posés, dans le respect des orientations du Schéma national d’infrastructures. Dans sa stratégie nationale de développement économique et social du pays, le chef de l’Etat compte permettre l’accélération des échanges entre la presqu’île enclavée qu’est la province de l’Ogooué-Maritime et les autres provinces du Gabon, en réalisant sa connexion au reste du réseau routier national. L’enjeu majeur est l’écoulement par voie terrestre des marchandises, des denrées et autres produits, les populations pouvant enfin, dans un sens comme dans l’autre, se mouvoir avec plus de liberté. C’est par ailleurs au cours de cette même visite que le chef de l’Etat a lancé le début des travaux d’assainissement des bassins versants de la ville de PortGentil, travaux confiés à la société Acciona. Au niveau de la capitale gabonaise, le chantier du stade Omnisports est aussi inscrit parmi les priorités, lorsqu’on sait que la Coupe d’Afrique des Nations se jouera à Libreville en 2017. Selon les ouvriers d’Entraco, cette structure imposante sera prête pour offrir aux Gabonais des moments de joie et de détente pendant la CAN. L’on peut également retenir qu’à la suite de la restauration du Centre hospitalier de Libreville, la construction des Centres hospitaliers universitaires (CHU) d’Angondjé, Lambaréné et Owendo, les bâtiments de la nouvelle fondation Jeanne Ebori, dédiée à la mère et l’enfant, sortent peu à peu de terre. D’une superficie de 15.450 m² et d’une capacité d’accueil de 120 lits, c’est un cadre qui abritera bientôt des services dotés d’équipements technologiques de dernière génération (imagerie, pédiatrie, urgences, traumatologie, maternité, rééducation fonctionnelle, etc.). De quoi garantir une meilleure prise sanitaire des populations concernées.n N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 6 Economie MAtin EquAtoriAl Woleu-Ntem : Les bons points de l’agriculture A la traîne depuis 2008, le Pacte national du Programme détaillé du développement de l’agriculture africaine (PDDAA) avait finalement été relancé en mai 2013 par le gouvernement et les partenaires au développement (Banque Mondiale, FIDA, CEMAC). Alban Moussavou P artant du constat que le développement de l’Afrique a pour base l’agriculture, le PDDAA a été conçu par le gouvernement afin de pallier les insuffisances agricoles du pays. Pour le Gabon qui exporte plus 25 milliards annuels en produits agricoles, le PDDAA apparait comme la première et véritable riposte du gouvernement en matière de sécurité et d’autosuffisance alimentaire. L’exécution de ce projet s’est déclinée sous l’appellation PDAR (projet de développement agricole et rural) ; une approche territoriale ci- blant, pour chaque province du pays, les cultures cibles, c’est-à -dire les plus habituellement produites en vue d’aboutir à des rendements plus performants pour stopper à terme l’importation de ces victuailles. Le PDAR, un projet structurant Le projet de développement agricole et rural fonde son action sur deux objectifs spécifiques : d’abord développer les filières prioritaires porteuses que sont le manioc, la banane plantain et l’arachide. Ensuite veiller à renforcer les capacités des différents acteurs de ces filières prioritaires et de leurs organisations et celles institutionnelles en matière de ser- vice d’appui au monde rural. Ces axes sont en harmonie avec le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), et les autres programmes sectoriels de développement (Nouvelle politique agricole du Gabon (NPAG), Politique agricole de sécurité alimentaire et de croissance (PASAC), Programme national de sécurité alimentaire (PNSA), Plan directeur de développement intégré de la pêche artisanale (PDDIPA), Stratégie nationale et le plan d’actions pour le développement du secteur des produits forestiers non- ligneux). L’expérience Woleu-Ntémoise fait école... Au niveau du Woleu-Ntem, le projet a concerné 17 villages sur 30 ciblés initialement. Ces villages bénéficient depuis trois ans de l’appui technique et fi- Ecole des mines et de métallurgie de Moanda Sur le rail de l’émergence Du 28 au 30 avril dernier, à travers un séminaire animé à Libreville, le gouvernement a enclenché le processus d’élaboration des contenus pédagogiques de la future Ecole des mines et de métallurgie de Moanda (EMMM). L Mo’Mabike e plus grand producteur de manganèse du Gabon, la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), inaugurait en août 2014 la toute première usine de transformation du minerai au Gabon. Ce qui constituait une avancée importante pour la politique économique du pays qui vise à faire du Gabon, non plus un simple exportateur de ressources naturelles brutes, mais une économie reposant sur une industrie à valeur ajoutée. Pour en faire un package complet, Ali Bongo avait procédé, en octobre 2012, à la pose de la première pierre de l’École des mines et de métallurgie de Moanda, située à une dizaine de kilomètres de la cité minière, sur l’axe menant à Franceville. «L’Ecole des mines et de la métallurgie de Moanda est un projet important qui s’inscrit dans la politique du Gabon émergent initiée par le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba», déclarait à l’époque Régis Immongault Tatangani, ministre en charge de l’Energie et des Mines. Ainsi, la nouvelle école qui formera des techniciens supérieurs et des ingénieurs dans des spécialités telles que la géologie, les mines, la minéralur- gie, l’hydrométallurgie, la pyrométallurgie, a fait l’objet d’un séminaire de validation de ses contenus pédagogiques du 28 au 30 avril dernier à Libreville par le ministre des mines, avec en ligne de mire la fourniture de profils adaptés à la demande dans le secteur minier. Au terme de ce séminaire, les experts ont statué sur les modalités de sélection des étudiants, les diplômes d’ingénieur de spécialisation et de licence professionnelle. Des experts de l’Ecole nationale supérieure de Nancy ainsi que ceux de l’Ecole N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 nationale supérieure des industries chimiques de France ont participé à ces travaux. Encore en construction, l’établissement se déploiera sur une superficie de 40 ha comprenant des bâtiments administratifs, et d’autres destinés à la dispensation des cours, avec un campus équipé d’infrastructures informatiques à très haut débit qui permettront la tenue de cours à distance. La gabonisation de la main d’œuvre industrielle L’intégration d’un volet indus- triel dans tous les projets relatifs aux ressources naturelles, conjuguée au développement d’instituts de formation spécialisés dans plusieurs secteurs clés parmi lesquels l’institut du pétrole et du gaz de Port-Gentil, l’école supérieure des métiers du bois de Boué et l’école des mines et de métallurgie de Moanda qui devrait ouvrir ses portes l’année prochaine, contribueront non seulement à accroître la capacité de production nationale, mais aussi à créer les emplois qui seront systématiquement occupés par la main d’œuvre locale qualifiée, sortie de ces instituts spécialisés. Les efforts consentis par le chef de l’Etat Ali Bongo s’inscrivent dans une stratégie globale de diversification connue sous le nom de Gabon émergent. D’autre part, de nombreuses initiatives restent possibles pour conduire résolument le pays à la gare de l’émergence. C’est le cas, notamment, des projets de création d’usines d’engrais chimiques à Port-Gentil, de diversification de l’industrie de transformation du bois et d’intensification de la production agro-industrielle qui viendront améliorer l’état de santé de nos agrégats économiques et les conditions de vie des Gabonais.n nancier de ce programme. Une étude du ministère de l’Agriculture a permis de dégager les enseignements et le bilan à miparcours de ce programme qui doit se terminer en 2017. Treize de ces villages ont eu un bénéfice direct, et quatre autres de façon indirecte. Concrètement, l’impact du PADAR au Grand Nord se présente ainsi : une augmentation du nombre de plantations, qui sont passées de 2802 en 2010 à 2855 en 2014 ; du point de vue de la production du manioc, par exemple, 58% des femmes interrogées ont déclaré avoir enregistré également une augmentation dans ce domaine. Pour la production de la banane, 35,2% des femmes ont enregistré une hausse alors que 33,9% disent avoir plutôt connu une stagnation en ce qui concerne ce produit. En revanche, c’est la production d’arachide qui a plutôt stagné, selon 43,0% des femmes interrogées, voire diminué (pour 38,7% de ces femmes). Seules 18,3% des femmes interviewées ont dit avoir enregistré une augmentation de la production d’arachide. L’effet positif du PDAR s’est également traduit par une hausse de commercialisation : le taux de commercialisation, en effet, est passé de 38% en 2010 à 59,3% en 2014, soit une hausse de 21,3 points par rapport à 2010. D’ici 2017, le PADAR doit permettre dans ces villages, la construction d’infrastructures rurales permettant de doper la commercialisation des produits issus des groupements encadrés par le PDAR et tous les autres producteurs agricoles. Ce qui exige une approche plus globale au regard du réseau interdépartemental difficile à pratiquer en toute saison et des marchés municipaux.n MAtin Société 7 EquAtoriAl Présumé détournement des fonds destinés aux logements des enseignants Jean Rémy Yama dans le viseur du parquet Moins percutant depuis que plusieurs d’entre eux, notamment les enseignants, ont été mis sur bons de caisse au mois de mars, la Dynamique unitaire est en passe d’encaisser un nouveau coup de massue qui risque de signer définitivement l’acte de décès de ce regroupement d’agents publics et de retraités civils et militaires. L M.M e modérateur actuel du mouvement syndical Dynamique unitaire a reçu une convocation de la police judiciaire le 27 avril dernier. L’assignation qui est à mettre à l’initiative du parquet fait suite aux publications récentes du quotidien l’Union impliquant ce leader syndical dans une affaire de détournement de trois milliards de francs CFA, destinés aux logements des enseignants-chercheurs. C’est au sein de l’université Omar Bongo que Jean Remy Yama, modérateur de la Dynamique unitaire, a tenu un point de presse le 30 avril dernier pour informer l’opinion nationale sur la question. La convocation ne fait l’objet d’aucune plainte et est le fait d’une mesure du parquet qui a décidé de s’autosaisir de l’affaire des trois milliards de francs CFA alloués à la Société civile immobilière Serpentin pour des travaux sur le site d’Angondjé, d’une superficie de 36,71 hectares. Si la rencontre a finalement été reportée à une date ultérieure, des interrogations persistent sur les réelles motivations de cette convocation. «Je suis surpris que la convocation ait été annulée. Mais je suis également surpris de la procédure. Parce que l’argent public, la seule façon de vérifier la bonne utilisation de l’argent public, c’est de faire une expertise des travaux effectués», a souligné le mis en cause. Jean Remy Yama déplore de ce fait la focalisation qui est faite sur sa personne. C’est la raison pour laquelle il invite vivement le procureur et le gouvernement à faire un tour sur le chantier des logements des enseignantschercheurs. Pour lui, s’il y a une insistance faite sur sa personne, «c’est que les motivations sont ailleurs. Mais je répondrai toujours aux convocations. Sauf que je n’irai jamais seul. J’irai avec mes camarades enseignantschercheurs, travailleurs, pour entendre ce qu’ils ont à me reprocher», a-t-il déclaré. Au cours de ce point de presse, le modérateur de la Dynamique unitaire n’a pas manqué de rappeler que les fonds qui font l’objet de sa convocation à la police judiciaire étaient destinés à la viabilisation du site d’Angondjé et non à la construction des logements. Ils ont été utilisés comme tel. C’est pourquoi, au lieu de se limiter aux propos qu’il qualifie de «mensongers», publiés par le quotidien l’Union, le parquet gagnerait à commettre une expertise des travaux déjà réalisés. Toutefois, nombreux sont ceux-là qui voient en cette convocation une machination du gouvernement dans le but de museler l’action syndicale portée par ce mouvement. D’ailleurs, pourquoi le 30 avril ? Sans doute parce que gardé à vue pour nécessité d’en- quête, Jean Remy Yama n’aurait pu recouvrer la liberté que le jeudi 6 mai, pour la simple raison que les 72 heures conventionnelles de garde à vue ne prennent pas en compte les jours fériés et week-end. Toute chose qui aurait empêché le modérateur d’animer l’AG prévue pour le lundi 4 mai et désormais renvoyée au lundi 11 mai. Rappelons que le modérateur n’est pas à sa première interpellation du genre. Au tout début de la montée en puissance de ce mouvement syndical, l’ancien SG de l’USTM, d’ailleurs révoqué de ses fonctions récemment, avait été accusé de faux et entendu par le procureur du tribunal de Franceville, avant que cette affaire ne soit classée.n Grève à Gabon Télécom Le silence complice du gouvernement Depuis le 24 février 2015, le Synatel (Gabon Telecom) observe un mouvement d'humeur. Après près de deux mois et demi de grève, avec des motifs connus du gouvernement Daniel Ona Ondo, aucun début de dénouement ne pointe à l’horizon. L M.M e mouvement qui dure depuis plusieurs semaines déjà est la conséquence de différentes situations générées par la privatisation de Gabon Télécom, il y a huit ans. En 2007, lorsque Maroc Télécom rachète Gabon Télécom, la société est divisée en deux. Une direction qui manage le service du téléphone fixe et de l’Internet, et une filiale qui s’occupe de la téléphonie mobile. Sur les 1 800 employés, 1 400 sont limogés et 380 conservent leur poste. Les Marocains fusionnent Gabon Télécom et sa filiale Libertis. Apparaît alors une première difficulté : le déficit criard de personnel. À cela s’ajoute la différence entre les salaires perçus par les agents de Libertis et ceux de Gabon Télécom .Le personnel de l’ex-Libertis est mieux payé. Des injustices que le Syndicat national des télécommunications souhaite corriger. Il invite alors les dirigeants à leur payer la prime relative à la mutualisation des deux entités, Gabon télécom et Libertis, intervenue depuis 2007, à harmoniser les grilles salariales entre Gabon télécom et Libertis suite à la fusion des deux administrations, et à rendre effectif l’acte de cession des 5% des parts d'action au personnel de Gabon Télécom, qui aurait dû prendre effet à partir de 2008, conformément au pacte d'actionnaires signé entre le groupe Maroc Télécom et l'État gabonais. Le paradoxe dans cette affaire est l’aphonie du gouvernement Ona Ondo qui, conformément au principe de continuité de l’administration, aurait dû prendre cette affaire à bras-le-corps au lieu de détaler sous prétexte qu’il n’a pas science des dessous de l’affaire. Surtout que l’agonie dans laquelle est plongé ce secteur, capital pour l’économie et l’ouverture au reste du monde, fait planer le risque d’une nouvelle suspension des fournitures des réseaux téléphonique et internet. Pis, plusieurs chefs de famille sont aujourd’hui sans salaire pour avoir réclamé leurs droits, contrairement à l’article 351 du code du travail en République gabonaise. Une attitude du gouvernement qui ne cadre pas avec la justice sociale prônée par le chef de l’Etat et dont il détient pourtant la feuille de route. Menace de suspension des fournitures des réseaux téléphonique et internet Abandonnés à eux-mêmes, les agents grévistes membres du Synatel ont jusque-là respecté la loi en matière de grève, en mettant en place un service minimum permettant aux nombreux abonnés de Gabon Télécom et de Libertis de téléphoner et de naviguer sereinement. Dans un proche avenir, ces derniers envisagent de prendre d’autres mesures qui risquent d’aboutir à la perturbation des services de téléphonie mobile et d’internet. Les agents grévistes qui estiment avoir respecté la procédure, conformément au code du travail gabonais, fustigent l’attitude arrogante et désinvolte de la direction générale qui foule au pied la loi en matière de règlement des conflits, en suspendant les salaires des agents grévistes depuis deux mois. Ainsi que la sourde oreille expressément entretenue par le gouvernement face à leur mouvement de grève.n La prime de la mutualisation engloutie par la « mafia » gabonaise ? M ême si les dirigeants de Gabon Télécom restent muets comme des carpes sur la quasi-totalité des revendications des agents grévistes, ils sont plutôt bavards en ce qui concerne la prime relative à la mutualisation des deux entités Gabon Télécom et Libertis en 2007, qu’ils disent avoir déjà épongée. «Il n'est pas concevable que la direction générale nous rabâche tous les jours que la mutualisation a été payée depuis 2011, alors qu'aucun agent de Gabon Télécom n'est jamais entré en possession de cet argent», dénonce un membre du Synatel. Or, quoiqu’ils ne cessent de seriner que la prime de la mutualisation a été payée en 2011, les dirigeants de Gabon Télécom n’ont toujours pas dit à qui ils ont versé cet argent, puisque les ayants-droit s’égosillent à dire qu’ils ne l’ont pas perçu. Il suffirait donc que la direction générale révèle à qui elle a remis cet argent, avec les preuves y relatives. Surtout qu’une plainte pour faire la lumière sur cette affaire a déjà été déposée au tribunal. Et si certains pensent que les déclarations des dirigeants ne sont que des mensonges, d’autres se risquent à dire que cet argent a pu être détourné par ceux qui estiment en avoir plus besoin que les ayants-droit. Surtout que les détournements sont devenus monnaie courante dans la République et que les auteurs de tels crimes ne sont pas souvent inquiétés par la justice, encore moins par la commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) qui, à ce jour, reste une cellule d’enregistrement, sans plus.n N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 8 Société MAtin EquAtoriAl Journée mondiale de la liberté de la presse Célébration en différé au Gabon C’est sous le thème « Laissez la presse prospérer ! Vers une meilleure couverture de l’information, l’égalité des genres et la sécurité des médias à l’ère du numérique » que les festivités liées à la journée mondiale de la liberté de la presse ont finalement eu lieu le lundi 4 mai dernier à Libreville. Paola Mbandeonga O rganisée par le ministère de la Communication, des relations avec les institutions constitutionnelles, porte-parole du Gouvernement, la journée mondiale de la liberté de la presse a réuni à la maison Georges Rawiri à Libreville, les professionnels et patrons des médias, tous supports confondus. Trois sousthèmes ont servi, autour du thème central, de catalyseur pour les divers exposés et débats qui ont suivi. La Gouvernance de l’Internet et le journalisme L’exposant, Cyriaque Didier Kouma, directeur général de la promotion de l’économie numérique, a tenté d’expliquer et de séduire les uns et les autres sur la nécessité et les procédés de l’in- ternet dans le cadre du traitement et de la diffusion de l’information sur l’ensemble du territoire et au-delà. Cependant, il aura du mal à justifier certains choix gouvernementaux de «censure» ou de « suppression» du réseau internet, à des moments bien précis et plutôt bouillonnants de l’actualité nationale. La question de la gestion de la fibre optique par un seul fournisseur a été également évoquée, sachant que l’exclusivité de la distribution confère à ce dernier un statut indispensable et incontournable en cas de grève ou d’autres manifestations d’humeur. Pour sieur Kouma, le débat sur la gouvernance de l’internet et le journalisme devrait contribuer à booster les hommes des médias gabonais, dans cet univers concurrentiel à désormais très large spectre. Ce, afin de donner à chaque fois une information toujours plus crédible. L’Inévitable question de l’égalité des genres Le sacro-saint débat sur l’égalité hommes-femmes dans la pratique du journalisme a assurément été l’un des points culminants de cette rencontre. La conférencière Félicienne Nyangono n’aura pas réussi à faire l’unanimité sur le fait que la femme est elle-même à l’origine de sa « marginalisation » dans la presse gabonaise. Entre la volonté politique et les lourdeurs sociologiques, il lui reste pourtant sa volonté propre de parvenir à se faire considérer autant que ses confrères masculins. L’exemple occidental a d’ailleurs été L’ère du numérique et ses corollaires Le dernier sujet à débattre portait sur « la sécurité du journaliste et la préservation des sources à l’ère du numérique ». Aujourd’hui, il n’est pas inhabituel d’apprendre qu’une radio ou une chaîne de télé- à l’instar de TV 5 ré- Consommation L’urgence d’assainir le réseau de distribution des aliments Face à la consommation des produits alimentaires à la dangerosité avérée sur la santé des populations, la sécurité sanitaire est un impératif catégorique au Gabon. M A.G.B. élanie, 30 ans, continue de ruminer son malheur quelques semaines après le repas de noces qu’elle a offert à ses convives. Elle avait acheté dix cartons de poissons avariés, et c’est au moment de les écailler qu’elle s’en était rendu compte. Alors qu’elle croyait certains poissons mangeables, plusieurs invités ont dégusté des morceaux pourris et ont crié au scandale. Comme cette femme, de nombreux Librevillois achètent chez les épiciers, dans les magasins et dans les marchés et consomment souvent à leurs risques et périls des congelés et surgelés corrompus. « J’ai acheté deux kilogrammes d’ailes de dinde pourries, imaginez ma gêne au moment de servir le repas à mon époux et à mes enfants», s’indigne une ménagère. Les consommateurs souvent désabusés restent impuissants, sans véritablement savoir à qui se référer pour mener quelques actions de représailles. Et du coup, le commun des Gabonais s’interroge sur la provenance, le conditionnement et surtout la qualité de ces viandes et poissons qui se retrouvent sur nos tables et achèvent leur course dans nos palais. Comment ces produits avariés parviennent-ils à être vendus sans être au préalable soumis au contrôle qualité ? Que fait le service phytosanitaire de nos ports et aéroports pour laisser tant de personnes se mourir à petit feu ? Que dire donc d’autres aliments que nous consommons au quotidien dans un coin de rue : fruits non lavés, eaux saumâtres, gâteaux poussiéreux, volaille cuite dans des conditions d’hygiène douteuses ou catastrophiques… Selon les estimations de l’organisation mondiale de la santé (OMS), Les aliments insalubres sont à l’origine de deux millions de décès par an. Parmi ceux-ci, de nombreux enfants. Les aliments contenant bactéries, virus, parasites ou des substances chimiques sont responsables de plus de 200 maladies, allant des diarrhées aux cancers. Ainsi, la célébration de la journée mondiale de la santé le 7 avril dernier sous le thème : « Sécurité sanitaire des aliments » tombait à pic, dans un contexte gabonais et précisément à Libreville, où ce problème se pose avec acuité. Selon l’OMS, de nouvelles menaces pour la sécurité sanitaire des aliments apparaissent sans cesse. «Les changements qui interviennent dans la production, la distribution et la consommation des aliments, les chan- MAtin équAtoriAl JOURNAL D’INfORMATION ET D’ANALYSES [email protected] [email protected] Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10 N° 67 du mercredi 6 Mai 2015 gements environnementaux, les agents pathogènes nouveaux et émergents, la résistance aux antimicrobiens posent autant de problèmes aux systèmes nationaux de sécurité sanitaire des aliments. Le développement des voyages et du commerce accroît la probabilité d’une propagation internationale de la contamination. » A ce sujet, l’Organisation gabonaise des consommateurs (OGC), Ibrahim Tsendiet Mboulou, a indiqué que «les gens doivent être informés et éduqués sur les dangers encourus à manger des aliments malsains». Problème d’éducation et surtout de civisme, on en convient, mais surtout le problème lancinant de la baisse du pouvoir d’achat ou de la précarité ambiante. Il est impérieux que les uns et les autres prennent véritablement conscience des dangers encourus par une alimentation malsaine. Les pouvoirs publics devraient adopter un arsenal réglementaire répressif contre la vente et la distribution des produits présentant des risques sur la santé des populations. Des brigades mixtes de contrôle doivent ratisser dans les quartiers et infliger de lourdes amendes aux contrevenants car les vies de nombreux Gabonais en dépendent.n Directeur de la Publication: Madre NGUIMBY Directeur de la Rédaction: Paul NZOGHBAM Rédacteur en Chef: Roger OKILI Secrétaire de Rédaction: évoqué en comparaison. De l’autre côté de la Méditerranée, les femmes journalistes ont fini par obtenir le droit d’être envoyées en mission sur des terrains de guerre. Elles sont par ailleurs désormais aussi nombreuses, sinon plus, à occuper des postes de responsabilité dans des entreprises de média. cemment- a été piratée par des hackers. Idem pour des adresses électroniques ou comptes virtuels. François Ndjimbi, directeur du site d’actualités Gabon Review, a laissé entrevoir dans les échanges qui ont suivi son exposé, les multiples possibilités qui existent via le numérique et qui permettent de se protéger et de protéger ses sources d’informations. À l’ère où le numérique et internet semblent avoir pris le contrôle, l’information aussi se doit d’évoluer. La notion de scoop est désormais révolue dans le contexte national, seules la valeur ajoutée et l’expertise dans des domaines précis de l’actualité comptent.n Micro-trottoir Pensez-vous que la presse soit libre au Gabon ? Jean Pascal Ndong, Président de l’Union de la presse francophone/Gabon « Nous constatons qu’au niveau du cadre juridique, des éléments ont été mis en place pour que la liberté de la presse soit effective. On vous dira par exemple qu’au Gabon le journaliste est libre d’écrire sur n’importe quel sujet, parce que la constitution lui accorde cette liberté. Mais dans les faits, dans la pratique de tous les jours, c’est plus ou moins le contraire. Nous le vivons au quotidien et je puis même vous dire que dans ce domaine précis de liberté de la presse, nous sommes en train de reculer. Pourtant, il y a quelques années, nous évoluions dans un univers plus ou moins propice. Mais à l’heure actuelle, du moins en ce qui me concerne, je crois que nous avons considérablement rétrogradé». François Ndjimbi, Directeur de Publication Gabon Review « Dans mon site, nous nous permettons des choses, nous avons une liberté de ton qui est connue de tous. Je ne pense pas que nous ayons connu jusque-là une entrave. On a bien connu quelques procès parce Arthur MBADINGA Comité de Rédaction : Vincent Eyi Roger Okili, Alban Moussavou Jacques Okeng Constantin Toukoule-Mè Jacqueline Mubokianu que ce n’est pas une science exacte que nous faisons, le journaliste peut se tromper et il peut arriver qu’une personnalité se fâche. Mais à part cela, je crois qu’il y a une réelle liberté de la presse au Gabon. Nous avons bien quelques journalistes en exil, mais nous ne comptons aucun journaliste en prison au Gabon. Nous avons bien des journaux comme « Faits divers » ou encore « Echos du Nord » qui paraissent sans problème. Donc je voudrais dire qu’en terme de liberté de la presse, le Gabon n’est pas si mal noté, même si au vu du classement régulièrement fait par Reporters sans frontières, il n’occupe pas toujours le meilleur rang ». Nina Massounga, technicienne de prise de vue, Téléafrica Pour moi la liberté de la presse passe par la liberté du journaliste d’abord. Et au Gabon, le journaliste n’est pas ce qu’on peut appeler libre. Il est contraint, de façon directe (par son employeur), ou indirecte d’écrire ce qui va dans le sens voulu par le pouvoir en place. L’information ne peut être traitée en toute objectivité par crainte de censure, ou de sanction, selon le cas.n Infographes: Marcel OLENDEY Zambo Linus Impression: MULTIPRESS: TIRAGE: 5.000 exemplaires Distribution : SOGAPRESS
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