Fruits et Légumes KIWI PSA sur Hayward : des raisons d'espérer... epuis trois ans, le PSA (Pseudomonas Syringae Actinidiae) cause des dégâts importants sur les vergers de kiwi du Sud-Ouest. L'élimination des parcelles les plus atteintes (Hort 16A, Summer...) et la généralisation d'une protection cuprique rigoureuse semble redonner espoir pour le verger de Hayward... D En France, la bactérie est présente dans toutes les zones de production. Elle est toujours particulièrement virulente dans les Landes du fait de conditions climatiques très favorables. Les fortes pluviométries de cet hiver y ont encore provoqué une recrudescence des dégâts en ce début d'année, sur de nombreuses parcelles de Hayward. En Tarn-et-Garonne et en Lot-et-Garonne, la situation, bien que loin d'être réglée, paraît moins explosive. Les variétés les plus sensibles (Summer, Hort16A,) ont pratiquement disparues suite à des arrachages ou à des recépages. Et sur Hayward, la situation semble plutôt plus encourageante que ces deux dernières années, au prix de gros efforts réalisés par les producteurs, notamment en matière de protection cuprique.. Une bactérie virulente au printemps et à l'automne La bactérie responsable du PSA, comme la plupart des bactéries, contamine le végétal à partir de “portes d'entrée” qui peuvent être les blessures de taille, les cicatrices liées à la chute des feuilles, à la récolte, les plaies suite à des grêles, des gelées, la floraison... Ensuite, la bactérie se multiplie et circule dans le système vasculaire de l'arbre à partir de ces points d'infection. Deux périodes semblent particu- lièrement favorables à la multiplication de la bactérie : le printemps et l'automne, notamment s'ils sont frais et humides. Et ces deux périodes sont également favorables aux contaminations (floraison, chute des feuilles, récolte, gelées...). En général, la population de bactérie diminue en été, quand les températures dépassent les 20°C. La bactérie se propage d'un verger à l'autre essentiellement par le vent. Les insectes, et notamment les abeilles, sont également certainement des vecteurs de la bactérie, tout comme l'homme et le matériel. Le pollen est également un vecteur de la bactérie, par contre pas les fruits. Ceci dit, le principal vecteur pour l'introduction de la maladie sur la région a certainement été le matériel végétal. Les principaux foyers ont démarré autour de jeunes plantations réalisées depuis 2008 avec des plants en provenance d'Italie. Jusqu'à 2012, l'absence de passeport phytosanitaire sur le kiwi permettait la circulation de plants contaminés. Depuis 2013, les pépinières sont contrôlées et un passeport phytosanitaire européen garantissant l'absence de PSA est délivré pour permettre au plant de kiwi d'être commercialisé et de circuler dans l'Union Européenne. Des symptômes caractéristiques A la sortie de l'hiver, la présence d’exsudat rouge brique qui s'écoule des troncs ou des charpentières, même s'il n'est pas spécifique au PSA, est sans doute le symptôme le plus caractéristique des parcelles fortement contaminées. Au printemps, on observe des débourrements irréguliers sur certaines cannes. Un peu plus tard en saison, ce sont les pousses de l'année qui se dessèchent et à la floraison, on Débourrement régulier. peut observer un brunissement et un avortement de la fleur. Au printemps et en été, on peut observer des symptômes sur feuilles : taches nécrotiques entourées d'un halo jaune. En pelant l'écorce avec un couteau, au niveau des symptômes, on observe une zone nécrosée plus ou moins importante ; à l'analyse, la bactérie se retrouve généralement à la limite entre la zone saine (verte) et la zone nécrosée (marron). Éliminer les gros foyers... Il y a 2 ans (hiver 2012- 2013), au vue des connaissances que nous avions de la bactérie, du développement foudroyant de la maladie sur certaines parcelles, et des préconisations des services officiels, priorité a été donnée à la prophylaxie. Certains producteurs, particulièrement touchés sur leur verger, ont réalisé de gros efforts d'assainissement : les parcelles les plus touchées ont été arrachées quand il s'agissait de variétés très sensibles (Summer, Hort16A), ou recépées quand il s'agissait d'Hayward. Sur les parcelles moins affectées, les organes infectés (cannes, charpentières) ont été éliminés et brûlés ou enfouis. L'objectif premier de cette prophylaxie était de limiter la pression de la bactériose pour sauver les parcelles de Hayward environnantes. En parallèle, une lutte chimique à base de cuivre a été généralisée aux périodes les plus critiques que sont le printemps et l'automne. L'année suivante (printemps 2014), malgré des conditions climatiques en automne et en l'hiver favorables aux contaminations, nous avons observé une évolution encourageante de l'état sanitaire de certaines parcelles. ...et continuer à produire avec le PSA Nous avons notamment observé, au printemps 2014, des débourrement réguliers sur des parcelles touchées en 2013, et ce malgré la présence de dégâts sur les charpentières et les troncs. Cela semblait signifier que, un peu comme pour le feu bactérien sur pommier, un arbre de Hayward contaminé puisse continuer à produire à condition toutefois de protéger la pousse par des traitements au cuivre. On a également observé, sur des parcelles fortement amputées suite à une prophylaxie rigoureuse (ablation de charpentières, recépages) des départs très vigoureux qui se sont avérés sensibles aux contaminations par le PSA. Toutes ces observations ont amené un aménagement des stratégies de lutte pour la variété Hayward en insistant d'avantage sur la Nécroses sur fleur protection cuprique et en limitant la sévérité de la prophylaxie. L'idée étant de se limiter, si nécessaire, à la coupe de cannes contaminées mais de ne pas toucher aux charpentières ni au tronc. Au printemps 2015, la situation évolue plutôt favorablement dans les parcelles touchées qui ont suivi un programme de traitement rigoureux au cuivre. On observe encore de petits écoulements sur charpentières mais quasiment pas sur les troncs et le débourrement est régulier avec des cannes en très bon état sanitaire. Ces parcelles ont eu une récolte quasi normale l'an passé et semblent repartir pour une belle récolte. La question se pose toutefois du devenir de certaines charpentières fortement touchées. Des chancres, bien cicatrisés, se sont formés au niveau des anciens écoulements, réduisant parfois fortement la zone vivante de la charpentière. Dans ces situations, il semble nécessaire de penser au renouvellement de certaines charpentières avec des cannes bien placées. On observe également des jeunes plantations de 2 ans, dans un environnement très contaminé, et absolument indemnes de bactériose. Tout cela nous conforte dans nos préconisations pour ce qui est de la variété Hayward en insistant d'avantage sur la protection cuprique tout en limitant la sévérité de la prophylaxie et en adaptant certaines pratiques culturales. Renforcer la protection cuprique Comme pour toutes les bactérioses, la lutte chimique repose sur des applications de cuivre. C'est au printemps et à l'automne que la bactérie est la plus active et c'est également à ces deux périodes que les portes d'entrée pour des contaminations sont les plus fréquentes. Chancre cicatrisé sur charpentière. C'est donc au printemps et à l'automne que la lutte chimique sera concentrée. Du débourrement à la floraison : protection préventive en fonction des risques de pluie avec du cuivre (250 g/ha de cuivre métal) et (ou) avec du BION. L'objectif étant de protéger les nouvelles pousses. Soit 3 à 6 traitements au cuivre. De la floraison à la récolte : reprise des traitements cupriques (250 g de Cu métal à l'ha) si risque de pluie avec des températures inférieures à 20°C. Chute des feuilles : 1 à 3 traitements au cuivre en fonction des conditions climatiques. Après taille et après récolte : traitement au cuivre dans les 24 heures. Bien évidement, ces traitements sont à moduler en fonction de la pression de la bactériose (présence de foyers, sensibilité de la variété, conditions climatiques …) Raisonner la prophylaxie Suite aux observations de ces deux dernières années, il semble que la prophylaxie sur Hayward doive se limiter à la coupe des cannes contaminées. En effet, les prophylaxies plus sévères qui nous ont parfois amené à amputer des charpentières, voire à recéper au niveau des troncs, ont généré des excès de vigueur et ont pu sensibiliser les jeunes pousses à la bactériose. De plus, ce type de prophylaxie sévère est très lourd à mettre en œuvre (il faut éliminer les bois coupés sans contaminer les parcelles avoisinantes) et très traumatisant pour le verger. Et adapter les techniques culturales Certains producteurs fortement confrontés à la bactériose ont adapté certaines de leurs pratiques culturales dans l'objectif de moins sensibiliser l'arbre au PSA. Cela concerne essentiellement la fertilisation azotée et la taille. “Sur les jeunes plantations, on ne met plus d'azote les deux premières années” nous confie Christian Capayrou, producteur de kiwi à Castelsarrasin. Le même sevrage est pratiqué sur les parcelles recépées dans l'objectif de limiter la vigueur, très favorisante du PSA. La taille de formation a également évolué, avec le souci de faire moins de plaies de taille pendant les périodes de forte activité de la bactérie.. “On ne taille les jeunes plantations qu'en été” confirme le producteur. Certains producteurs ont également réorganisé leurs chantiers de récolte et de tailles pour pouvoir réaliser les traitements au cuivre dans de bonnes conditions et traiter chaque soir les arbres récoltés ou taillés dans la journée. Jean-Louis Sagnes Chambre d’Agriculture 82 Nathalie Rivière Chambre d’Agriculture 47 Cette action de diffusion est cofinancée par l’Union européenne avec le fonds européen agricole pour le développement rural en Midi-pyrénées et par l’Etat au travers du CasDar
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